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Introduction à la quatrième partie

p. 189-


Texte intégral

1En vivant dans les communautés du Nord Potosi, ma propre expérience m’avait ainsi servi de porte d’entrée pour comprendre la façon dont les habitants cohabitaient avec des entités saqra. Mais qu’en était-il des lik’ichiri ? Il semblait évident que la relation que nouaient mes compagnons avec ces prédateurs était très différente, précisément parce que les lik’ichiri sont des humains. Ils pouvaient donc difficilement « ne pas y croire » pour ne pas les interpeller : contrairement aux manifestations des entités de l’inframonde, celles des personnes soupçonnées d’être des lik’ichiri n’étaient pas des énoncés de croyance que mes interlocuteurs pouvaient choisir d’actualiser ou non dans leur vie sociale. Je me demandais ainsi comment ils « s’arrangeaient » avec ces prédateurs potentiels certes, mais bien visibles. Allaient-ils essayer de les courtiser et de les contraindre à l’échange ? Allaient-ils plutôt résister, lutter, combattre ? Les couples prédation/neutralisation, domination/résistance mais aussi exploitation/échange ne sont-ils pas en effet tous imbriqués les uns aux autres ? Ce n’est qu’au bout de longues semaines que j’ai pu commencer à apporter quelques réponses à ces questions en considérant un autre genre du discours plus ancré dans la vie locale et quotidienne : le ragot. L’étude des liens entre rumeurs, maladies, commérages et accusations me permit ainsi de saisir une autre façon de s’adapter à la prédation dans la communauté d’Urur Uma, une façon étroitement liée à l’implantation du pentecôtisme.

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