1 La
transition entendue comme le long
processus nécessaire pour arriver à une
démocratie pleine, réalité encore
inachevée au Chili du fait de ce que Garretón appelle
les « enclaves autoritaires » : des
attaches institutionnelles, symboliques
ou culturelles héritées d’un régime
précédent. « Revisando las transiciones
democráticas en América Latina », Revista Nueva
Sociedad, n° 148, 1997, p. 20-29.
Quarante ans après le coup d’État, les
traces de 17 ans de dictature restent
toujours visibles dans le tissu
sociopolitique chilien, comme bien le
démontre cette œuvre.
2 « El
impacto de los programas de televisión
enmarcados en los 40 años del golpe
militar », La
Tercera, 6 septembre
2013.
3 La
chaîne de télévision Canal 13 appartenant
à l’université catholique du Chili
pendant les premières saisons de la
série, a été rachetée par l’entrepreneur
Andrónico Luksic, détenteur d’une des
plus grandes fortunes du pays. Pendant
les années sous l’influence de l’Église
catholique, elle était reconnue comme
une chaîne au contenu social
important.
4 Les
indices d’audience pour chaque saison :
21,1 pour la première (12 octobre 2008 à
21 décembre 2008) ; 25,5 pour la
deuxième (18 octobre 2009 à 27 décembre
2009) ; 27,0 pour la troisième
(17 octobre 2010 à 19 décembre 2010) ;
29,9 pour la quatrième (16 octobre 2011
à 20 décembre 2011) ; 25,9 pour la
cinquième (23 septembre 2012 à
16 décembre 2012) ; et 23,3 pour la
sixième (13 octobre 2013 à 12 janvier
2014). Source des indices d’audience de
Time Ibope. La
population statistique provient des
communes du Grand Santiago, Antofagasta,
Valparaíso, Viña del Mar, Concepción,
Talcahuano et Temuco, soit un total
approximatif de 1,9 million de
foyers.
5 Los 80, produite par
Wood Producciones et réalisée par Boris
Quercia pour ses 5 premières saisons et
par Rodrigo Bazaes pour la sixième, a
bénéficié du financement du Conseil
national de télévision en 2010, 2011 et
2012. La série a reçu des prix tels que
l’Altazor, le prix d’excellence du CNTV,
le Copihue de Oro et le prix TV
Grama.
6 L’expression
reprend le titre d’un documentaire du
cinéaste Patricio
Guzmán.
7 La
notion de « mémoire collective », noyau
dense en tant que catégorie d’analyse,
provient dans ce cas des institutions de
l’État qui proposent leur propre
narration partant du présent chilien, en
lui-même complexe. Le type de « mémoire
collective » envisagé ici émerge
directement du contexte de production
d’une série comme Los
80, réalisée dans une démocratie
néolibérale et sur une chaîne de
télévision particulière.
8 Pour
mieux comprendre les intentions de
l’équipe de production de la série,
l’analyse a été complétée par un
entretien avec le scénariste Rodrigo
Cuevas réalisé à Santiago en
novembre 2013. Nous avons utilisé
également des chiffres d’audience et des
articles de presse.
9 Commémoré
dans plusieurs pays d’Amérique latine à
200 ans de l’indépendance des colonies
espagnoles. Les célébrations ont culminé
au Chili en septembre 2010.
10 Pour
une réflexion plus approfondie sur ce
moment voir Bengoa
José, La
comunidad reclamada, Santiago,
Catalonia, 2006, notamment
p. 68-77.
11 Quelques
exemples : Flor de
país, Recomiendo Chile, Santiago no es
Chile, Canción Nacional.
12 Série
de fiction réalisée par Cristián Galaz
qui aborde dans chaque épisode la vie de
divers personnages de l’histoire du
Chili : Bernardo O’Higgins, José Miguel
Carrera, Manuel Rodríguez, entre
autres.
13 Interview
Rodrigo Cuevas, Santiago
2013.
14 Pour
la première fois au gouvernement depuis
le retour de la démocratie, la droite a
dû assumer son passé pinochetiste : les
factions plus libérales ont essayé de se
démarquer de cette filiation (ils ont
même créé de nouveaux partis politiques
en dehors de l’Alianza
por Chile), tandis que la droite
« dure », conservatrice et profondément
autoritaire, insiste pour défendre ce
qu’ils appellent « l’œuvre du
gouvernement
militaire ».
15 Voir
Belletante,
Séries et Politique.
Quand la fiction contribue à l’opinion,
Paris, L’Harmattan,
2011.
16 Amigo, La telenovela desde la
recepción : la identificación
espectatorial como dimensión de uso de
la ficción, Santiago, U. Católica
de Chile – INTERCOM, 2007.
17 Voir
la discussion autour des définitions
employées dans les textes scolaires au
Chili, « Le Chili de Pinochet,
“dictature” ou “régime militaire” », L’Express, 6 janvier
2012.
18 Ceci
dans une critique ouverte du modèle
télévisuel qui régnait. D’après Cuevas :
« Teníamos un modelo
de televisión súper aspiracional,
asentado en ese paradigma de que la
televisión y [sus] programas tenían que
mostrarle a la gente un mundo
idealizado, un mundo que era
supuestamente lo que ellos querían para
su vida. Nosotros rompimos ese paradigma
con esta familia », Santiago,
2013.
19 Le
but de cet article n’est pas d’analyser
l’importance de la famille dans le
discours dictatorial, en tant
qu’institution centrale pour la
consolidation de l’« idéal » de « nation
chilienne ». Cependant, il est légitime
d’ajouter que, puisque la série est
conçue en 2008, elle s’érige comme une
stratégie de création d’une mémoire qui
revendique un modèle familial différent
de celui prôné par les dictatures en
Amérique latine. Cette perspective
expliquerait même l’évolution de
certains personnages de la série, comme
Claudia.
20 Ce
point de vue est partagé par le
scénariste de la série qui dit, à propos
de cette époque-là : « Lo normal era este
silencio afuera, nadie se atrevía a
decir las cosas abiertamente, todo había
que cuidarse, se bajaba la voz, todos
estábamos entrenados [...] tal vez no la
gran mayoría tuvieron familiares que
fueron golpeados por la dictadura, pero
sí todos crecimos en un ambiente donde
estábamos obligados a callar [...] había
una agresión, de la cual éramos todos
objeto », Santiago,
2013.
21 Esquenazi, Les séries télévisées :
l’avenir du cinéma ?, Paris, Armand
Colin, 2010.
22 « Aprendan chiquillos,
estudien, pero ningún profesor, ningún
oficial, les va a enseñar lo que está
bien, lo que es correcto, porque eso
señor, lo aprendieron en esta casa, con
esta familia. »
23 « C : No sé realmente qué
piensa usted. En este minuto hay gente
que está siendo detenida, hay gente que
está siendo torturada. Hay gente que
suben arriba de un auto y nunca más
vuelven a sus casas. J : No necesita
decirme eso mija, yo lo tengo muy claro.
C : Entonces pues papá, por que hacemos
como si nada de eso estuviera
pasando. »
24 Le
réalisateur chilien Andrés Wood a
utilisé une ressource similaire dans le
film Machuca en
abordant le sujet du coup d’État chilien
du point de vue d’un enfant.
25 Esquenazi, ibid., 2010,
p. 37.
26 « Siempre tuvimos cuidado
de, si bien abordábamos [los temas
sensibles] con honestidad y valentía,
paralelamente matizábamos de alguna
manera para que el tono general de la
serie no resultara tan oscuro, tan
triste. » La stratégie narrative,
selon le scénariste, a été précisément
de ne pas rester dans un seul sentiment,
de ne pas insister sur l’angoisse que
vivent les personnages sous une
dictature, mais plutôt de faire
coexister, dans la trame, des histoires
diverses : la vie dure d’un chômeur et
la vie d’un adolescent, par
exemple.
27 Amigo, op. cit., 2007,
p. 7.
28 « Los 80 : más que una
moda. »
29 Esquenazi, op. cit.,
2010.
30 Site
en ligne de la série [http://www.13.cl/programa/los-80-t6/formularios/envia-tu-foto-en-los-80].
31 Victor
Jara, Eduardo Gatti, Schwenke y Nilo,
Congreso, Sol y Lluvia, Los Jaivas, Los
Iracundos et Armando Manzanero, Silvio
Rodriguez, Leonardo Favio, José Luis
Perales, entre autres.
32 Par
exemple Los Prisioneros, Emociones
Clandestinas et les argentins Soda
Stereo et Virus.
33 Chanson
originale de Fernando
Ubiergo.
34 Esquenazi, op. cit.,
2010.
35 « Una nube de
exitismo », Santiago,
2013.
36 Rappelons
que, pour les dictatures du cône sud
d’Amérique latine, le football était une
technique grâce à laquelle elles
pouvaient renforcer l’idée de
« nation ».
37 Un
« sapo », dans le
sociolecte de l’espagnol chilien de
l’époque.
38 Un
membre du Frente
Patriótico Manuel Rodríguez, acteur
principal de la stratégie militaire du
Parti communiste chilien.
39 Teleanálisis
(1984-1989), boîte de production de
vidéos et média alternatif de
l’opposition à Pinochet, lié à la revue
Análisis.
40
« Y con esa familia ir
haciendo este camino paulatinamente,
para llegar al punto que estamos hoy
día, en que todos los Herrera son
opositores a la dictadura »,
interview Rodrigo Cuevas, Santiago,
2013.
41 Pinochet
a convoqué un référendum en 1988. Dans
le plébiscite, le « SI » était pour sa
continuation au pouvoir, et le « NO »
était pour des élections présidentielles
avec des partis politiques. L’opposition
à la dictature s’est réunie pour la
campagne du « NO » ; c’était les débuts
de l’alliance politique aujourd’hui
connue comme la « Concertación de
Partidos por la Democracia ».
42 Les
(re)lectures de 2013 sur ces années
présentent un recul plus critique,
favorisé par les activités de
commémorations des 40 ans du coup
d’État. A cet égard, même si le
référendum est présenté comme un moment
d’espoir, on ressent un discours de
méfiance vis-à-vis des processus
politiques et sociaux à
venir.
43 L’article
de Nathalie Jammet-Arias dans
ce même ouvrage est consacré à la série
en question
(N.D.E.).