Précédent Suivant

De golpe a golpe — Histoire croisée des commémorations du 11 septembre dans Le Monde et El País (1973-2013)

p. 95-107


Texte intégral

1En 1973, un sentiment de fin de dictature régnait en Espagne mais une répression impitoyable avait repris après l’attentat du 20 novembre contre l’amiral Carrero Blanco, conséquence pour les plus durs de l’« ouverture » du régime. Le coup d’État chilien du 11 septembre a été vécu par la presse critique espagnole comme une répétition du 18 juillet 1936. Les événements du Chili ont permis à cette presse de déjouer la censure et de parler de l’Espagne grâce à un discours métonymique ou métaphorique1. La mort de Pablo Neruda, témoin des deux rébellions de l’armée qui avaient mis fin à deux moments d’espoir : la Seconde République et l’Unité populaire, renforçait le parallélisme. Les liens entre les deux dictateurs sont nombreux et, malgré le décalage temporel, peu avant sa mort, Franco les a reconnus en accordant au général Pinochet la grande croix du Mérite militaire d’Espagne -annonçait Le Monde le 1er octobre 1975- alors même qu’il refusait de gracier les derniers condamnés à mort.

2En Amérique latine, la lutte armée, inspirée de la révolution cubaine, avait été mise à mal par l’exécution de Che Guevara en octobre 1967 en Bolivie. En France – comme dans d’autres pays européens – la gauche rêvait d’union, alors que le dénouement des événements de 1968 avait signifié la fin de l’espoir d’un changement de société et conforté la droite au pouvoir depuis 1958. La même année, l’écrasement du printemps de Prague mettait un terme au « socialisme à visage humain » d’Alexander Dubček. Dans ce contexte, l’Unité populaire (4 novembre 1970-11 septembre 1973) incarnée par Salvador Allende2 a été vécue comme un nouveau modèle de révolution pacifique. De nombreux Français se sont rendus au Chili et l’Unité populaire a inspiré le programme commun de gouvernement – qui était en cours de négociation – signé en 1972 par François Mitterrand entre le Parti socialiste, le Parti communiste et les radicaux de gauche. Le coup d’État a eu un impact particulier en France, au-delà de la solidarité de gauche, comme le soulignait en 2009, Ricardo Parvex, correspondant de presse, président de l’association des ex-prisonniers politiques chiliens réfugiés en France, militant du MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire) en 1973, arrêté alors puis expulsé :

« Pour quelles raisons deux présidents français, tous deux de droite, Georges Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing ont pris des dispositions pour venir en aide aux exilés chiliens qui fuyaient la dictature mise en place par le général Pinochet ? Pourquoi l’opinion publique française a-t-elle montré une telle réceptivité au drame chilien3 ? »

3Pour ce travail j’ai retenu trois dates clés avec des exemples représentatifs : 1973 et la sanglante répression qui a suivi, les années 1980 avec la promulgation d’une Constitution qui prétendait institutionnaliser le régime puis le déclin de la dictature et les années 2000 qui révèlent les lacunes de la transition et qui se caractérisent par une demande croissante de mémoire et de justice. Dans ce cadre, je montrerai comment les deux quotidiens de référence – hostiles aux dictatures – Le Monde et El País (qui ne commence à paraître qu’en 1976 mais qui multiplie alors les articles comme pour se rattraper) ont rendu compte de la situation au Chili. Le Monde a été le modèle pour El País, tous deux ont été créés en période de transition quand une presse libre était à construire : 1945 à la fin de la Seconde Guerre mondiale le premier, 1976 quelques mois après la mort de Franco le second. Tous deux se sont rapprochés du Parti socialiste, ce qui oriente leur présentation des événements. Le choix de la date anniversaire du 11 septembre implique également un certain type de discours qui contribue à la création de l’événement tout en soulignant l’évolution des enjeux4. L’autosatisfaction des putschistes, la dénonciation du péril marxiste et l’omniprésence de Pinochet visant à « rassembler » vont de pair avec une polysémie de lecture en raison de la permanence de la lutte contre la dictature et l’émergence de la figure d’Allende.

4L’information est à resituer dans le contexte des trois pays : fin du franquisme et Transition en Espagne, victoires socialistes en France (1981), en Espagne (1982) et au Chili (2000), retour de la droite dans les trois pays (1995 en France, 1996 en Espagne et 2010 au Chili). L’alternance a été interprétée comme un signe de maturité politique au Chili et en Espagne. Le contexte international influe lui aussi sur le cours des événements et ses relectures – comme pour l’Espagne des années 1930 –, de la chute des vieilles dictatures en Europe à celle du mur de Berlin en 1989 avec la fin de la guerre froide, qui avait contribué à l’hostilité des États-Unis à l’égard de Salvador Allende5. Dans un premier temps, les deux quotidiens retiennent l’omniprésence de Pinochet commémorant le 11 septembre comme Franco l’a fait pour le 18 juillet 1936 : une commémoration qui suppose la présence et l’exaltation du chef afin de faire oublier l’acte de rébellion militaire à l’origine du régime. Comme Franco, Pinochet se pose en sauveur de la patrie face au péril marxiste. On assiste ensuite à son effacement progressif et à la récupération croissante de la figure de Salvador Allende accompagnée, toutefois, de violentes manifestations à partir des années 1980 jusqu’à aujourd’hui.

Le coup d’État et la répression

5Après 1968, l’espoir de la gauche de voir la société se transformer rapidement sous la poussée de « révolutions » pacifiques s’étant envolé, la victoire de l’UP a cristallisé un nouvel espoir de changement aussi le coup d’État a-t-il été vécu, en France et en Espagne, comme un drame national. La presse qui a ce double rôle de former l’opinion mais aussi de s’en faire l’écho a témoigné d’une émotion à la mesure de l’espoir soulevé, avec de nombreux reportages et témoignages d’exilés qui mettaient l’accent sur la brutalité de la répression. En septembre 1973, Marcel Niedergang spécialiste de l’Espagne et de l’Amérique latine a pris le relais de Pierre Kalfon correspondant du Monde expulsé du Chili6. Il propose de longs articles d’analyse et des témoignages de personnalités en provenance du Chili comme celui du valencien Juan Garcés, secrétaire particulier de Salvador Allende, resté à ses côtés au palais présidentiel de la Moneda et qui a réussi à échapper aux militaires et à quitter le pays grâce à son passeport espagnol7. Le 16 septembre 19748, Jean-Pierre Clerc, nouveau correspondant du Monde au Chili, constate que, depuis juin, le général Pinochet président de la junte, est devenu chef suprême de la nation pour une durée indéterminée. Un comportement – notons-le – qui rappelle celui de Franco avec le même discours anticommuniste : « tirer le pays du chaos où l’a plongé le marxisme ». À partir de juin 1977, la démocratie consolidée en Espagne par les premières élections libres depuis 1936, les articles des deux quotidiens se caractérisent par une condamnation sans appel de Pinochet. En septembre, El País, qui se confond avec le processus de changement, consacre de longs reportages au « sanglant coup d’État » du 11 septembre 1973. L’Espagne, redevenue un interlocuteur écouté notamment dans le cône Sud, joint désormais sa voix à celle des autres démocraties en organisant des manifestations de solidarité politiques et culturelles.

6Lors des commémorations, la parole est donnée aux témoins. Pour le 5e anniversaire, le 12 septembre 1978, l’écrivain Jorge Edwards, qui a été ambassadeur de Salvador Allende, nuance dans El País à partir de sa propre expérience, une vision simplifiée à l’étranger entre les partisans d’Allende et ceux de Pinochet, souvent même manichéenne puisqu’elle se base sur les témoignages de la répression et l’exil de nombreux Chiliens9. À son retour au Chili après 7 ans d’absence passés en Espagne : il a rencontré des déçus des deux camps. Il dénonce la répression politique et le taux de chômage très élevé qui lui semblent échapper au regard des visiteurs. Cependant, les éditoriaux des deux quotidiens restent critiques même s’ils reconnaissent une amélioration économique. Un an après la promulgation en décembre 1978 de la Constitution espagnole, garante d’un système démocratique, un éditorial de El País du 11 septembre 1979, intitulé « Six ans de Pinochet », établissait la filiation idéologique entre Franco et le dictateur chilien. Tout en reconnaissant le succès des disciples de Milton Friedman et de l’École de Chicago qui étaient parvenus à réduire l’inflation galopante à la fin de l’Unité populaire (1 000 %), il mettait en évidence son coût social élevé10. Les tentatives d’« ouverture » lui semblaient répondre uniquement aux pressions de la société civile. Elles lui rappelaient l’échec qu’avait connu la tentative d’institutionnaliser le franquisme en lui donnant un « visage humain » mais en maintenant un système autoritaire. Si l’histoire des deux pays a des points communs, l’éditorialiste considérait que le contexte au Chili n’était pas celui de l’Espagne des années 1930 et une dictature de 40 ans ne lui paraissait pas imaginable.

7Des moments forts sont à distinguer dans ces anniversaires : comme celui de la « consultation » sur l’adoption de la Constitution en 1980 marqué par la résistance de l’opposition à ce référendum proposé par Pinochet. L’ancien président démocrate-chrétien Eduardo Frei et son parti retrouvaient alors un rôle politique11. Le 11 septembre, jour du référendum, l’éditorialiste de El País12 soulignait que « le référendum est une des armes favorite des tyrans » (Franco n’a pas manqué de l’utiliser). Dans un entretien accordé au même quotidien, Frei comparait la situation à celle du franquisme à la fin des années 1960 quand phalangistes et technocrates luttaient entre eux pour le pouvoir mais rivalisaient dans leur fidélité à Franco. La Chambre des députés de Madrid s’associait aux protestations internationales pour condamner le plébiscite13. Les hésitations de l’UCD (Union de centre démocratique), au pouvoir, face à de possibles représailles économiques ont cédé devant le risque de paraître bloquer une condamnation de la dictature chilienne. On peut penser que certains, qui avaient d’abord fait carrière dans l’administration franquiste, ne souhaitaient pas que cela soit rappelé et ternisse leur image de modernité et une évolution incontestable dans le cas du chef du gouvernement Adolfo Suárez. Toutefois – comme le soulignait la citation ci-dessus de Ricardo Parvex – il y a eu consensus parmi les dirigeants de droite en France comme en Espagne, après 1975, pour condamner la dictature et appuyer les exilés.

8Le 13 septembre 1980, un nouvel éditorial dans El País dénonçait « La farce du Chili », une « grossière tentative de légitimation populaire d’un système né d’un coup de force ». Il comparait la situation avec l’Espagne de l’après-guerre où Franco s’était appuyé sur les militaires et l’Église jusqu’aux années 196014. Si la Guerre civile reste en arrière-fond du discours sur le Chili c’est que tout n’est pas réglé comme l’a montré la tentative de putsch de Tejero le 23 février 1981. Cependant, le 11 septembre 1981 coïncide avec l’annonce du retour du Guernica de Picasso en Espagne, tableau peint pour le pavillon de la République espagnole à l’exposition universelle de Paris de 1937 et qui, selon la volonté du peintre, ne devait revenir dans la péninsule qu’avec le rétablissement de la République. Le caractère démocratique de la monarchie de Juan Carlos a été jugé suffisamment convaincant après le 23-F. qui l’a renforcée pour que soit autorisée sa venue en Espagne après plusieurs décennies passées au Museum of Modern Art (MoMA) de New York15 : l’éditorialiste de El País titrait : « La guerre est terminée ».

La gauche au pouvoir en France (1981) et en Espagne (1982)

9Le Monde comme El País, dans de nombreux éditoriaux – ce qui montre un intérêt qui ne faiblit pas – mais aussi dans des articles de différentes rubriques, ont condamné le général Pinochet et défendu le régime légal de Salvador Allende. La majorité des ouvrages sur le Chili allaient dans ce sens dans les deux pays. Or le 12 septembre 1983, Jean-Pierre Clerc dans Le Monde notait à propos de la publication par Georges Dupoy – ancien correspondant du Figaro au Chili – de La Chute d’Allende, qui proposait une lecture comparative critique du programme d’Union de la gauche en France et du Chili de l’UP : « sans doute, en français, la première narration de tonalité hostile à l’Unité populaire qui ait le mérite d’être très bien informée ». D’ailleurs – soulignait-il – l’auteur n’est pas plus tendre pour la Démocratie Chrétienne que pour Pinochet qu’il qualifie de « fourbe ». L’hostilité à la gauche au pouvoir en France du journaliste peut expliquer cette lecture comparative qui établit des similitudes entre le slogan de la gauche française « changer la vie » et ce qu’il qualifiait de « méthodes marxistes » de l’Unité Populaire. Jean-Pierre Clerc mettait en garde contre le danger en Histoire de ces grands rapprochements souvent anachroniques16.

10On note une attention particulière portée à l’opposition de plus en plus active alors que commencent, en septembre 1983, les manifestations contre Pinochet devenues rituelles jusqu’à aujourd’hui17. Les deux quotidiens sont particulièrement sensibles aux manquements à la liberté d’expression et au sort des journalistes. El País se fait l’écho, en 1983, des protestations d’envoyés spéciaux auprès des autorités chiliennes après l’interdiction de laisser entrer au Chili leur confrère José Luis Martín Prieto. Ils dénonçaient une atteinte aux droits fondamentaux à une information libre18. Un an plus tard, le 4 septembre, Jacques Desprès dans Le Monde guette les moindres signes d’une « ouverture » alors qu’apparaissent de fragiles espaces de liberté que concrétise une presse d’opposition combative. Cependant, l’appui de l’armée et le soutien actif des classes aisées font que Pinochet lui paraît difficile à renverser d’autant plus que l’opposition est divisée. Ce 11e anniversaire marque un durcissement avec un nouveau bilan tragique de neuf morts, de dizaines de blessés et de centaines d’arrestations19. El País, également attentif aux signes de changement, note que les réunions politiques et syndicales se multiplient malgré les tentatives d’intimidation20. En 1984, les forces politiques espagnoles assurent à nouveau de leur solidarité l’opposition chilienne21 tandis que Pinochet affirme son intention de rester au pouvoir22 et que des centaines de personnes se rendent sur la tombe de Salvador Allende. En septembre 1986, la tentative d’attentat contre le dictateur donne un coup d’arrêt à cette pseudo « ouverture23 » : des militants de gauche sont arrêtés tandis que des perquisitions sont effectuées dans les quartiers ouvriers. Face aux mesures d’exception, des protestations ont lieu le 10 devant 4 consulats du Chili en Espagne tandis que, le même jour, Pinochet annonçait un référendum afin de prendre des mesures pour en finir avec le terrorisme. Le ton devient plus dur pour évoquer la permanence du caractère sanguinaire du régime après la découverte, à la périphérie de la capitale du corps du journaliste chilien, José Carrasco, éditeur de la revue d’opposition Análisis, arrêté par la police et retrouvé avec dix impacts de balles dans la tête. Le 13, Pinochet réitère sa volonté de rester au pouvoir tandis que la capitale est occupée militairement « comme le 11 septembre 1973 » notent les correspondants sur place24. Les jours suivants, le quotidien espagnol met l’accent sur la solidarité en Europe et sur l’unanimité des partis en Espagne pour participer à des manifestations « pour la liberté et la démocratie au Chili » avec à leur tête des membres du gouvernement socialiste25. Plus surprenant – quand on entend son discours actuel de ministre de la Justice visant à interdire l’avortement – Alberto Ruiz Gallardón, alors nouveau secrétaire général d’Alianza Popular26, créée par d’anciens franquistes dont Manuel Fraga Iribarne, ex-ministre de Franco, demande aux militants et sympathisants d’y participer : « son parti ayant toujours été contre les dictatures quelles qu’elles soient »...

11El País – particulièrement sensible aux réactions des militaires – relève des signes de division au sein de l’armée : le 12 septembre 1986, Pinochet renonce au plébiscite annoncé face à l’opposition publique d’un des membres de la Junte, l’amiral José Toribio Merino, tandis que la 5e Division de l’armée à Punta Arenas demande une enquête sur la mort du journaliste José Carrasco27. Dans son discours Pinochet s’attaque à l’opposition et au marxisme tandis que la répression se poursuit mais ces fractures au sein de l’armée sont décisives.

12En 1987, la tension semble être retombée avec le retour d’une trentaine d’exilés comme l’ancien sénateur socialiste Erich Schnake qui a la double nationalité espagnole et chilienne. D’abord refoulé, il a pu revenir grâce à la pression internationale, en particulier de l’Espagne dont le ministre des Affaires étrangères Francisco Fernández Ordóñez a convoqué l’ambassadeur pour lui signifier que de tels actes allaient à l’encontre des déclarations du gouvernement chilien de rétablir les libertés28. Toutefois Pinochet semble peu décidé à abandonner le pouvoir29. Cet anniversaire de 1987 se caractérise par un nombre de manifestants moindre mais par la radicalisation des protestations dans les quartiers populaires et de violents incidents avec 3 morts dont 2 carabiniers le 13. En Espagne, seule l’extrême droite affirme ponctuellement sa solidarité avec Pinochet : le 12 septembre 1988, est signalée sans commentaires dans El País une manifestation devant l’ambassade du Chili à Madrid d’un groupe appelé Union Patriotique pour appuyer le oui au référendum afin que Pinochet reste au pouvoir. Son slogan « Toute l’Espagne avec Pinochet » est accompagné d’acclamations à Franco et de l’hymne phalangiste Cara al sol. Son communiqué final conclut sur l’état du pays « qui a besoin, comme le Chili, d’un Pinochet pour freiner le marxisme30 ». Avant la chute du mur en 1989, le discours d’extrême droite reste sous le signe de l’anticommunisme.

13La récupération de la figure de Salvador Allende se fait plus forte d’année en année, le 12 septembre 1988, se transforme à Viña del Mar en une manifestation pour le « non » au référendum avec des affrontements violents31. À partir de cette date qui annonce le départ du pouvoir de Pinochet, le nombre d’articles sur la situation chilienne diminue avant de susciter un nouvel intérêt avec les tentatives de la Justice internationale puis nationale de le juger.

Mémoire et justice

14Depuis le milieu des années 1990, en Espagne et au Chili, est dénoncé l’oubli de la répression, voire l’amnésie et, à partir des années 2000, à la demande de mémoire s’est ajoutée celle de Justice. Pourtant, Pinochet, surpris par les résultats du plébiscite qu’il avait lui-même décidé reste une personnalité dominante. La comparaison avec Franco est fréquente dans Le Monde qui avait suivi avec attention la longue agonie du dictateur :

« Franco est mort, dans son lit, en 1975, à l’âge de quatre-vingt-trois ans. Pinochet, sauf accident, est en train de s’installer dans la peau d’un Franco chilien. Il y a bien des analogies. Il a écarté ou neutralisé, lui aussi, ses rivaux de la junte ; il est le seul dans l’armée à détenir le rang de capitaine-général, le plus haut grade. Et, dans cette armée à la discipline de fer, il a aujourd’hui vingt ans de plus que tous les généraux qui le suivent. Un atout décisif, ajouté au prestige du vainqueur de 197332. »

15El País limite alors les comparaisons comme pour éviter de réveiller de vieux démons et rappeler qu’en Espagne la justice n’est pas encore rendue33 tandis qu’au Chili, deux mois après l’abandon forcé du pouvoir par Pinochet remplacé par le président démocrate-chrétien Patricio Aylwin, la création par décret le 9 mai 1990, de la commission Vérité et réconciliation présidée par Raúl Rettig pour faire la lumière sur les violations des droits de l’homme commises entre septembre 1973 et mars 1990, semblait ouvrir la voie à la Justice pour permettre de dépasser cette période traumatique. Le décret stipule que « seule la vérité permettra de satisfaire aux exigences élémentaires de la justice et de créer les conditions indispensables à une véritable réconciliation nationale ». Le rapport recense les méthodes de torture de la police politique de Pinochet, la DINA, et la participation de médecins. Toutefois, Jean-Claude Buhrer dans Le Monde soulignait les limites :

« Le mot “dictature”, pour désigner le régime précédent, est cependant soigneusement évité et personne n’est mis nommément en cause. [...] Si le constat de la commission Rettig est sans appel, il se borne à cela : aucun responsable des faits décrits n’est nommément cité et il n’a pas entraîné de suite judiciaire au Chili34. »

16Les résultats de l’enquête sur les exactions de la DINA n’ont pas entraîné de poursuites judiciaires laissant un sentiment d’insatisfaction parmi les familles. On retrouve la même prudence dans la plupart des processus transitionnels ce qui explique les rebondissements au cours du temps. Alors qu’au niveau international la lutte pour les droits de l’homme est devenue une priorité, l’arrestation à Londres de Pinochet (au pouvoir de 1973 à 1989), le 16 octobre 1998, à la demande du juge Baltasar Garzón – qui a accepté, en 2008, les plaintes des familles de disparus du franquisme (1936-1952) avant d’être suspendu de la magistrature à 57 ans, en 2012, pour 11 ans ce qui revient à l’exclure définitivement – a constitué un tournant. Même si le général a réussi à quitter l’Angleterre de son amie Margaret Thatcher, cette date marque la fin de l’impunité pour les dictateurs. Depuis le milieu des années 1990, des voix s’élèvent dans les pays qui ont subi des dictatures pour demander de revenir sur un passé laissé dans l’ombre pendant les transitions sous prétexte de ne pas mettre en danger les acquis démocratiques. La demande de justice prime dans cette nouvelle étape : l’arrestation de l’ex-dictateur a provoqué une avalanche de plaintes d’anciennes victimes ou parents de victimes de la dictature dans différents pays qui ont fait pression sur la justice chilienne. Ces dix dernières années des procès de collaborateurs de la dictature, responsables de tortures et d’assassinats, se sont multipliés au Chili, en France et en Argentine. Nous retrouvons ce scénario en Argentine et aujourd’hui en Espagne où, par un étrange retournement de situation, des familles de victimes du franquisme se tournent vers la Justice argentine35. À partir de 1998, le 11 septembre devient un jour férié controversé et un an plus tard la commémoration du coup d’État a été supprimée. Toutefois, la tentative de faire du premier lundi de septembre le jour de « l’unité du pays » s’est heurtée au désintérêt. Le 11 septembre 2001 avec les attentats aux États-Unis a encore plus brouillé la situation : que commémore-t-on et dans quel but ?

17Le 30e anniversaire, en 2003, année de l’hommage aux victimes, a donné lieu à un énorme déploiement médiatique. Le 12 septembre, Le Monde publiait un dossier avec un titre choc : « Chili, 11 septembre 1973 : la démocratie assassinée ». El País se montre sensible à la récupération de la mémoire historique – écho des débats péninsulaires – notamment de Salvador Allende. Dans les deux quotidiens s’impose désormais l’image du héros qui a préféré mourir les armes à la main plutôt que de se rendre tandis que Pinochet passe au second plan. Le quotidien français se fait alors l’écho d’une partie de la presse chilienne qui déplore qu’à l’extérieur, le Chili soit toujours perçu à travers ce passé, alors que son bilan économique et son retour à la démocratie n’ont pas d’équivalent. Le journal libéral La Tercera rappelle que son pays n’a pas pu compter, comme l’Espagne, le Portugal et même la Grèce sur l’appui de la Communauté européenne et n’a pas eu de Juan Carlos. Trois ans après l’ouverture de la première fosse de « victimes » du franquisme, le 23 octobre 2000, à Priaranza del Bierzo (León) qui a ouvert la voie à la création de l’Association pour la Récupération de la Mémoire historique (ARMH), le quotidien espagnol prête une attention particulière à la récupération de l’espace, là où le dictateur a tenté d’effacer les traces [comme Franco] : « Le président Lagos rouvre la porte “Morandé 80” par où est sorti le cadavre du président trente ans plus tôt36. »

18De 2001 à 2006, sont signalées les convocations par la Justice de l’ancien dictateur notamment pour l’Opération Condor le 24 septembre 2004, devant le juge Guzmán Tapia qui l’avait interrogé en 2001 sur la « Caravane de la Mort ». Le 9 septembre 2006, la Cour suprême lui retire, à 90 ans, son immunité et il n’est plus associé aux cérémonies37. En 2006, après la victoire à la présidence de Michelle Bachelet dont le père général resté fidèle à Allende, est mort en prison en 1974 des suites de ses tortures, a lieu un hommage aux victimes. Cependant, le retour des socialistes au pouvoir n’arrête pas les troubles dans les quartiers les plus pauvres lors des commémorations qui ont eu ce caractère double : exaltation de la victoire par les militaires putschistes et, à partir de 1983, émergence des protestations des opposants qui affrontent les carabiniers, pillent des boutiques et provoquent des coupures d’électricité. Les manifestants sont des jeunes qui ont appris la stratégie aux côtés de leurs parents qui protestaient contre la dictature38. La présidente condamne le vandalisme mais ces groupes sont incontrôlables et les gouvernements démocratiques qui refusent de céder aux pressions de la droite, favorable à une répression plus dure, ont des moyens limités. Manuel Délano, correspondant de El País au Chili, reprend l’argument des sociologues qui expliquent que les plus pauvres, exclus d’une économie prospère, s’en prennent aux symboles de l’État dans un pays où la répartition de la richesse reste une des plus inégalitaires d’Amérique latine39. C’est le défi que devra relever Michelle Bachelet pour son deuxième mandat.

19En 2007, El País, peu après la mort de Jesús de Polanco qui a joué un rôle primordial pendant 35 ans de la fondation du quotidien jusqu’à la présidence du groupe PRISA (Promotora de Informaciones Sociedad Anónima40), change de format et cesse de s’appeler « Journal indépendant du matin » pour devenir « Journal global en espagnol » ce qui définit son évolution. Le quotidien qui a joué un rôle de défenseur de la démocratie depuis sa fondation jusqu’à son rôle essentiel lors de la tentative de putsch de Tejero le 23 février 1981 (23-F.), se situe désormais dans le cadre de la globalisation qui n’est pas sans répercussion sur les médias et nos démocraties modernes. Le Monde n’échappe pas aux difficultés liées à ce nouveau contexte : en 2005 le Groupe PRISA entrait dans son capital et était sur les rangs en 2010 pour une nouvelle recapitalisation qui est passée finalement par trois millionnaires de gauche français : Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse. La porosité entre le capital et la politique concerne les deux quotidiens dans un monde globalisé où l’indépendance de la presse, ses liens avec les politiques et l’évolution du journalisme font problème.

20En 2008, alors que le débat sur le retrait des symboles franquistes faisait rage en Espagne après le vote de la « Loi sur la mémoire historique » en décembre 2007, le quotidien espagnol s’est montré à nouveau sensible à la récupération de lieux symboliques. Pinochet, après le bombardement du palais présidentiel de La Moneda, en avait fait changer l’organisation lors de sa reconstruction pour effacer les traces d’Allende et de la résistance, comme le rappelait Michelle Bachelet, en rendant hommage au président de l’Unité populaire. Des condamnations d’anciens collaborateurs de la dictature sont désormais associées aux dates anniversaires. Le 7 septembre 2008, l’ancien chef de la DINA Manuel Contreras reconnu responsable de l’assassinat de l’ancien commandant en chef Carlos Prats et de sa femme dans un attentat à Buenos Aires, le 30 septembre 1974, est condamné à 15 ans de prison pour enlèvement. Le Monde et El País suivent avec intérêt un processus judiciaire41, qui n’est pas encore terminé42. Après la victoire en 2008 du candidat de droite Sebastian Piñera – Michelle Bachelet ne pouvant juridiquement se représenter –, les deux médias sont restés vigilants d’autant plus que treize agents du régime de Pinochet, responsables de la disparition de quatre Français après le putsch de 1973 au Chili ont alors été condamnés par la Justice française43 signe de l’internationalisation de la Justice. L’utopie d’une révolution pacifique qu’a pu incarner l’Unité Populaire a cédé la place à celle d’une Justice universelle en quête de réparation. Les deux quotidiens se sont montrés sensibles en septembre 201344 à la demande de pardon aux victimes de juges chiliens et d’hommes politiques et à une « renaissance » de la mémoire qui ne passe pas toujours par la division droite/gauche. Ainsi, 40 ans après le 11 septembre, Le Monde commentait :

« Les déclarations du président de centre droit, Sebastian Piñera, qui a dénoncé les “complices passifs” de la dictature militaire (1973-1990), montrant du doigt la justice, la presse et la société civile, ont provoqué un tollé dans son camp. »

21Elles ne lui ont pas pour autant permis une commémoration dans l’unité comme il l’espérait. Christophe Deloire (secrétaire général de Reporters sans frontières) et Benoît Hervieu (bureau Amériques de Reporters sans frontières) soulignaient dans Le Monde : « À défaut de justice, l’heure est aux repentances45 » (qui permettent d’éviter de poser les problèmes de fond). L’Europe n’y échappe pas et défend désormais les « victimes » lors des différentes commémorations même si on peut regretter que le terme occulte trop souvent leur engagement46.

22Les 40 ans du coup d’État ont clôturé une année 2013 riche en « mémoire historique ». Christine Legrand, envoyée spéciale du journal Le Monde, au Chili a insisté sur la dimension symbolique de l’élection présidentielle qui, par une étrange ironie de l’Histoire, opposait deux femmes héritières directes de ces déchirures du passé ce qui peut expliquer un intérêt inhabituel pour ce passé récent dans le grand public47 ; Cependant elle concluait avec une certaine amertume : « Augusto Pinochet est mort le 10 décembre 2006 au Chili sans avoir été condamné par la justice de son pays. »

23L’Unité populaire tout comme la guerre d’Espagne et le franquisme ont fortement marqué la mémoire collective en France et en Espagne. Le choix des deux quotidiens de référence48, figures de proue de la presse française et espagnole créés tous deux comme défenseurs de la démocratie, au discours proche a orienté la vision tout comme celui des dates anniversaires. Les commémorations, qui supposent une rhétorique convenue, sont sensibles au culte des grands hommes mais elles contribuent aussi à la construction d’une mémoire nationale encore divisée au Chili comme en Espagne. Toutefois, elles permettent de comprendre les enjeux liés aux événements en suivant l’évolution des représentations du 11 septembre. La situation intérieure des trois pays a pesé (23-F. en Espagne, victoire socialiste en France...) mais aussi le contexte international qui a rebattu les cartes après la chute du mur en 1989. Les références à Franco souffrent de l’effet de loupe lié à l’analyse de presse, il s’agit d’ailleurs souvent d’un discours implicite pour un public averti, capable de lire en filigrane deux histoires proches liées à un coup d’État militaire dont la violence a été masquée dans son étape finale par l’image de grand-père débonnaire que l’on a voulu donner de Pinochet. Franco n’ayant jamais cédé le pouvoir et n’ayant pas gracié les derniers condamnés de son régime est mort avec le retour de l’image de la dureté du premier franquisme, brouillée par une longue agonie.

24L’arrestation de Pinochet à Londres en 1998 a relancé l’intérêt pour le Chili et mis la justice au premier plan. Le Monde et El País se sont montrés sensibles aux lignes de fracture du passé et aux réactions de militaires, peu enclins à laisser juger certains des leurs. La dernière commémoration en septembre 2013 a donné lieu à une énorme quantité d’articles où la figure de Salvador Allende est revenue au premier plan parallèlement à une demande de justice insistante que l’on retrouve en Espagne – alors que les derniers acteurs disparaissent – et qui oriente aujourd’hui la lecture des événements49.

Bibliographie

Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.

Baby Sophie, Compagnon Olivier, González Calleja Eduardo (ed.), Violencia y transiciones políticas a finales del siglo XX. Europa del Sur – América Latina, Madrid, Casa de Velázquez, 2009.

10.3917/bipr.027.0181 :

Baby Sophie, « ¿ Latinoamérica : un desvío necesario ? Baltasar Garzón, de Pinochet a Franco », in Sophie Baby, Mona Huerta, Severiano Rojo Hernández (coord.), Memorias de la Guerra Civil española : transmisión, reapropiación y uso, Europa – América latina, Amnis. Revue de civilisation contemporaine Europes/Amériques, n° 11, 2011/2 [http://amnis.revues.org/1476].

10.4000/amnis.1485 :

Bianchini María Chiara, Chile, memorias de La Moneda/la (re)construcción de un símbolo político, Madrid, UAM Ediciones (Universidad Autónoma de Madrid), 2012.

Capellán de Miguel Gonzalo et Pérez Serrano Julio (ed), Sociedad de masas, medios de comunicación y opinión pública, Logroño, IER Instituto de Estudios Riojanos, Historia del Tempo Presente, 2008.

Carvajal del Mar Zunilda, « Les manquements du pouvoir judiciaire chilien pendant le régime militaire d’Auguste Pinochet », in Justice et mémoire historique en Espagne : enjeux actuels, Marie-Claude Chaput (coord.), Matériaux pour l’histoire de notre temps, Revue de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC), Nanterre, 2013.

10.3917/mate.111.0054 :

Chaput Marie-Claude et Taillot Allison, « Le franquisme face à la Justice », in Justice et mémoire historique en Espagne : enjeux actuels, op. cit.

10.3917/mate.111.0039 :

Compagnon Olivier, « Chili, 11 septembre 1973 : un tournant du xxe siècle latino-américain, un événement-monde », Revue internationale et stratégique, n° 91, automne 2013, p. 97-105.

Cruz Seoane María, Sueiro Susana, Una historia de El País y del Grupo Prisa/De una aventura incierta a una gran industria cultural, Barcelona, Plaza Janés, 2004.

Dupoy Georges, La chute d’Allende, Paris, Robert Laffont, 1983.

Eeno Patrick, Le journal Le Monde, une histoire d’indépendance, Paris, Odile Jacob, 2001.

Garcés E. Joan, Allende y la experiencia chilena. Las armas de la política, Madrid, Siglo XXI, 2013 (rééd.).

González Martínez Carmen, Procesos de construcción de la democracia en España y Chile, Revista Ayer, Madrid, Marcial Pons Ed., n° 79, 2010.

Hermet Guy et Santiso Javier, « Entre justice et raison politique. L’affaire Pinochet », Critique internationale n° 3, printemps 1999, en ligne, consulté en septembre 2013.

10.3406/criti.1999.1589 :

Kalfon Pierre, Chroniques chiliennes, Paris, Demopolis, 2008.

Kornbluh Peter, Pinochet : los archivos secretos, Barcelona, Editorial Crítica, Memoria crítica, 2004.

Milos Hurtado Pedro, « L’historien et les usages de la mémoire au Chili », in Guy Zelis (dir.), L’historien dans l’espace public/L’histoire face à la justice et au politique, Loverval Belgique, Éd. Labor, 2005, p. 25-43.

Nora Pierre (dir.), Les lieux de mémoire, Paris, Gallimard, 1984.

Roitman Rosenmann Marcos, Tiempos de oscuridad historia de los golpes de Estado en América Latina, Madrid, Ediciones Akal, 2013.

Notes de bas de page

1  Voir l’article de Martin Siloret dans le même chapitre de cet ouvrage.

2  Le documentariste Patricio Guzmán soulignait en septembre 2013 dans un entretien avec le journaliste du Monde Paulo A. Paranagua : « [Allende] admirait Cuba, le Front populaire français et la République espagnole » (autant de mythes fondateurs de la gauche française), 5 septembre 2013.

3  « L’expérience chilienne et la France », Le Monde, 12 septembre 2009.

4  Voir notamment la partie « Commémorations », in Pierre Nora (dir.), Les lieux de mémoire, I La République, Paris, Gallimard, 1984, p. 379-591.

5  Sur le rôle des États-Unis et les liens avec les dictatures du Cône Sud, voir : « Des archives confirment le rôle de la CIA dans le renversement de Salvador Allende », Le Monde, 16 novembre 2000 et El País « Nuevos archivos de Nixon y Kissinger revelan que querían evitar la llegada al poder de Salvador Allende », 11 septembre 2008, mais aussi la presse conservatrice : Patrick Bèle, journaliste chargé de l’Amérique latine, intitulait son article dans Le Figaro du 8 janvier 2014 : « Kennedy avait envisagé d’intervenir militairement au Brésil » et ABC « El Cóndor pasa sobre EE.UU », Anna Grau correspondante à New York, 18 avril 2010.

6  Kalfon Pierre, Chroniques chiliennes, Paris, Éd. Demopolis, 2008. Il reprend dans cet ouvrage ses articles de l’époque.

7  « Le jour même du coup d’État militaire Allende devait annoncer un plébiscite sur le maintien des institutions démocratiques », Le Monde, 29 septembre 1973. Voir Garcés Joan E., Allende y la experiencia chilena. Las armas de la política, Madrid, Siglo XXI, 2013 (rééd.).

8  « Étrange et tragique jeu d’échecs. »

9  « Tribuna libre/El quinto año de la Junta chilena ». Traductions personnelles.

10  Article en ligne : Hermet Guy et Santiso Javier, « Entre justice et raison politique. L’affaire Pinochet », Critique internationale n° 3, printemps 1999, consulté en septembre 2013.

11  Ceberio Jesús, « Aumenta la oposición al plebiscito propuesto por el presidente Pinochet/Intensa actividad de la oposición chilena en vísperas del referéndum », 10 septembre 1980.

12  « El referéndum de hoy en Chile ».

13  « Condena del Congreso español de los Diputados », El País, 12 septembre 1980.

14  « Ese atroz desprestigio de la figura del dictador ».

15  Sur l’épopée du Guernica voir : Bessiere Bernard, La culture espagnole : Les mutations de l’après-franquisme (1975-1992), Paris, L’Harmattan, 1992, p. 88-89.

16  Dupoy Georges, La Chute d’Allende.

17  Desprès Jacques, « Le dixième anniversaire du coup d’État au Chili Le général Pinochet est résolu à demeurer au pouvoir », 13 septembre 1983.

18  « Protesta de periodistas españoles », 11 septembre 1983.

19  Éditorial : « Trágico aniversario chileno », 10 septembre 1984.

20  « La oposición chilena prepara la huelga general que vivirá el país en los 11 años de dictadura militar », 13 septembre 1984.

21  Caño Antonio, « 11 años de dictadura en Chile/Solidaridad de las fuerzas políticas españolas », 12 septembre 1984.

22  Del Río Alejandro, « 11 años de dictadura en Chile/El general Pinochet advierte que las fuerzas armadas no piensan abandonar el poder », 12 septembre 1984.

23  « Tras el atentado a Pinochet Chile tendrá que esperar », 10 septembre 1986.

24  Caño Antonio, « Santiago amaneció ayer ocupada militarmente como el 11 de septiembre de 1973/Tres de los coches dañados en el atentado contra Pinochet, expuestos ante el palacio de la Moneda », 12 septembre 1986.

25  « Represión bajo la dictadura/España, unida sobre Chile », 13 septembre 1986.

26  Parti conservateur créé en 1977 par la fusion de plusieurs partis de droite devenu Partido Popular en 1989.

27  Caño Antonio, « La Quinta División del Ejército pide que se investigue el asesinato del periodista José Carrasco », 12 septembre 1986.

28  Délano Manuel, « El Gobierno autoriza a Erich Schnake su regreso a Chile », 10 septembre 1987.

29  « Pinochet dice que cuenta con el apoyo de la mayoría para seguir adelante en el poder », 12 septembre 1987.

30  « El futuro de una dictadura/España necesita, un Pinochet », 12 septembre 1986.

31  Délano Manuel, « El futuro de una dictadura/Allende, presente/La conmemoración de la muerte del presidente se transformó en un acto por el “no” », 12 septembre 1988.

32  « Augusto Pinochet toujours là/L’ancien dictateur chilien devrait fêter ses quatre-vingts ans le 25 novembre/Toujours commandant en chef de l’armée, il multiplie les mises en garde et reste un personnage central de la vie politique dans une société que les rumeurs des casernes inquiètent », 22 novembre 1995.

33  Il l’a fait à d’autres moments et a accordé notamment une large place aux révélations de Wikileaks : Peregil Francisco, « Estados Unidos considera que Chile afrontó la muerte de Pinochet mejor que España la de Franco/Washington celebró la forma en que Chile afrontó la muerte del dictador, en oposición al caso de España », 27 janvier 2011.

34  Buhrer Jean-Claude, « Affaire Pinochet/Le document qui accuse la dictature », 14 novembre 1998.

35  Voir Chaput Marie-Claude et Taillot Allison, « Le franquisme face à la Justice », in Justice et mémoire historique en Espagne : enjeux actuels, Matériaux pour l’histoire de notre temps, Revue de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC), Nanterre, 2013.

36  « Chile : Allende eclipsa a Pinochet en el 30 aniversario del golpe militar en Chile ».

37  « Chile recuerda sin Pinochet el aniversario del golpe militar de 1973 ».

38  Délano Manuel, « Grupos de vándalos protagonizaron los disturbios más violentos de los últimos años », 13 septembre 2007.

39  Délano Manuel, « Chile celebra el primer aniversario sin Pinochet del golpe contra Allende », 12 septembre 2007.

40  Cruz Seoane María, Sueiro Susana, Una historia de El País y del Grupo Prisa/De una aventura incierta a una gran industria cultural, Barcelona, Plaza Janés, 2004.

41  Le 27 mai 2008, le juge Víctor Montiglio avait ordonné l’arrestation de 98 de ses anciens agents, « Un juez chileno ordena procesar y detener a 98 ex agentes de la DINA ». Le Monde annonçait le 29 : « Chili droits de l’homme. Arrestation d’une centaine d’anciens tortionnaires de la dictature chilienne ».

42  Voir Carvajal del Mar Zunilda, « Les manquements du pouvoir judiciaire chilien pendant le régime militaire d’Auguste Pinochet », in Matériaux..., op. cit.

43  Le Monde, 19 décembre 2010.

44  El País, 5 septembre 2013.

45  Le Monde, 12 septembre 2013.

46  Cf. El Kenz David, Nérard François-Xavier, Commémorer les victimes en Europe (xvie-xxie siècles), Champ Vallon, coll. « Époques », 2011.

47  « Quarante ans après, les Chiliens se penchent sur les années de plomb ».

48  En 2009 la diffusion de El País a été de 383 426 exemplaires et celle de Le Monde de 319 026 en 2010, il faut ajouter le lectorat qui lit les quotidiens sans les acheter et celui des éditions électroniques. Avec la crise, le nombre de lecteurs de la presse en Espagne a baissé sensiblement, El País reste le plus lu : le 22 avril 2013 il annonçait « El País, líder con 1 862 000 lectores » et Le Monde aurait une audience de 1 895 000 lecteurs. Sur l’audience en 2012 voir : [http://blog.lefigaro.fr/philippe-bailly/2013/02/ojd-2012-le-monde-les-echos-et-liberation-top-3-pour-la-diffusion-numerique.html].

49  Si certains détracteurs de l’Unité populaire et des quotidiens de référence insistent sur les divisions de la gauche – réelles tant en Espagne qu’en France mais à resituer dans les contextes des années 1930 et 1970 – le choix de la date-anniversaire explique leur absence dans ce travail.

Précédent Suivant

Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.