Chapitre VI. Le dogme petit de Julleville
p. 101-118
Texte intégral
1Dans le roman de Raymond Guérin, L’apprenti1, le héros est invité chez un collègue de travail qui lui montre avec fierté la collection complète de cette Histoire du théâtre en France. Dans le roman de Guérin, posséder ces ouvrages de Petit de Julleville, achetés toutefois à la brocante, est la marque du conformisme petit bourgeois que rejette précisément le jeune héros. Cela m’avait amusée et un peu inquiétée lorsque j’avais rencontré Petit de Julleville chez Guérin lors de ma lecture dans les années 70. Je travaillais déjà sur le théâtre des mystères et déjà Petit de Julleville était pour moi la Bible. Qui d’entre nous n’a pas écrit en effet en notes de bas de page « P de J, page n » ? Pour nous tous, peut-être plus encore pour les spécialistes des mystères, « Petit de Julleville » est le manuel de référence, celui où l’on est sûr de trouver quelque chose sur le manuscrit, la pièce, la représentation qui nous occupe.
2Occulté pour nous, en tout cas pour moi, par ses livres, qui est Louis Petit de Julleville 2 ? que connaît-on de son milieu social, de sa famille, de ses relations ? qu’a-t-il écrit en dehors des ouvrages que nous connaissons par cœur ? et pour ceux-ci, comment a-t-il travaillé ? Enfin comment envisage-t-il le théâtre à la lumière de ses écrits ? et comment a-t-il produit ces ouvrages qui sont notre dogme ?
Sa carrière
3Louis, Eugène, Casimir Petit de Julleville3, 1841 (18 juillet)-1900 (28 août), était parisien. Il est né à Paris et a fait ses études et toute sa carrière à Paris : il est entré à l’École normale supérieure en 1860 – en plein second empire –, a obtenu l’agrégation de lettres en 1863. Il a soutenu son doctorat ès-lettres en 1868 avec une thèse sur l’École d’Athènes au ive siècle avant J.-C. Il a été membre de l’école d’Athènes. À son retour de Grèce, il a été successivement professeur de rhétorique au lycée de Saint-Étienne (1863-1864), professeur de rhétorique au lycée de Caen (1867), professeur de rhétorique au collège Stanislas (1868), professeur suppléant à la faculté des lettres de Nancy (1872), enfin professeur d’histoire dans cette même faculté, avec une leçon inaugurale consacrée à l’histoire de la colonisation française aux Indes et en Amérique jusqu’à la révolution de 17894. Il fut ensuite nommé professeur de littérature française à la faculté des lettres de Dijon en 1876, puis maître de conférences à l’École normale supérieure (1879-82), suppléant de Lenient5 à la faculté de lettres de Paris (1882-86), avant d’être nommé professeur de littérature française du Moyen Âge et d’histoire de la langue française à la Sorbonne en 18866. Il succède à Arsène Darmesteter mort jeune, qui avait inauguré la chaire en 1883, à la biographie duquel il consacre sa leçon inaugurale7.
Ses publications
4Ses premières publications8 sont effectivement consacrées à la Grèce : il publie sa thèse9 en 1868. Il publie en 1875 Histoire de la Grèce sous la domination romaine10 et une note sur les manuscrits de Saint-Jean de Patmos. Retenons tout de suite qu’il a vu et pratiqué les manuscrits grecs.
5Ses publications suivantes sont consacrées au théâtre. En 1880, il publie Les Mystères, deux volumes de 457 et 618 pages, soit 1 000 pages, le format d’une thèse11. Les Mystères ne sont que la première étape d’une « Histoire du théâtre en France » qui « se composera », est-il prévu sur la page de garde desdits Mystères, « de plusieurs parties distinctes qui seront publiées séparément. Les trois premières parties comprendront : I. Les Mystères, II. Le Théâtre comique au Moyen Âge, III. L’histoire du Théâtre au temps de la Renaissance ».
6Petit de Julleville suit plus ou moins le plan de publication. Le Répertoire du théâtre comique en France au Moyen Âge paraît en 1886 (409 p.). Il publie en outre les Comédiens en France au Moyen Âge, en 1885. Et aussi Histoire du théâtre en France. La Comédie et les mœurs en France au Moyen Âge, en 1886. L’auteur de sa nécrologie comprend l’organisation de ces publications :
La suite [des Mystères] parut sans appareil d’érudition, sous une forme plus appropriée aux goûts du grand public. Les comédiens en France au Moyen Âge [...] La comédie et les mœurs en France au Moyen Âge [...] L’indication des sources et la bibliographie étaient données dans le Répertoire...
7Le théâtre au temps de la Renaissance n’est apparemment jamais sorti12. En revanche, il a publié une histoire générale : Le théâtre en France. Histoire de la littérature dramatique depuis ses origines jusqu’à nos jours, en 1889, vaste fresque qui a eu un énorme succès. Petit de Julleville prévoyait apparemment de publier un « recueil général des farces » « que nous avons promis de donner un jour » à la Société des Anciens Textes Français dit-il en 189813 et que sa mort en 1900 l’a empêché de mener à bien.
8Dans les années 80, il se fait linguiste et publie Notions générales sur les origines et sur l’histoire de la langue française, Paris, Jules Delalain, 1883, ouvrage qui connaît jusqu’à cinq rééditions. Les années 1890 voient Petit de Julleville devenir le directeur de l’Histoire de la langue et de la littérature française des origines à 1900 : huit volumes sont publiés chez Colin, Le Moyen Âge en 1896, xvie siècle en 1897, xviie siècle en 1897, xviiie siècle en 1898, xixe siècle, en 2 volumes, 1800-1850 Période romantique et 1850-1900 Période contemporaine, en 1899 et 1900.
9C’est surtout cette monumentale histoire de la langue et de la littérature française publiée chez Colin qui a fait sa notoriété. Il est entouré de nombreux collaborateurs, entre autres Léon Gautier, Alfred Jeanroy, Joseph Bédier, Ernest Langlois, Charles-Victor Langlois14. Gaston Paris15 écrit la préface, ce qui ne le dispense nullement d’écrire un compte rendu particulièrement assassin dans la Romania en 1896, portant sur les deux tomes consacrés au Moyen Âge. Dans cet ensemble, Petit de Julleville écrivit dans le tome consacré au Moyen Âge le chapitre I, « Poésie narrative et religieuse. Origines, Vies des saints en vers, contes pieux16 », le chapitre VII, « Les derniers poètes du Moyen Âge. Les conteurs. Antoine de La Salle » et le chapitre VIII, « Le théâtre ». Dans le volume consacré à la Renaissance, il rédigea l’introduction et, avec Alfred Rébellian, le chapitre sur « Théologiens et prédicateurs (Calvin, saint François de Sales, le cardinal du Perron) ». Dans le premier volume du xviie siècle « Les poètes (Malherbe, Racan, Maynard, Régnier, Théophile, Saint-Amant, Godeau, Benserade, Brébeuf) », et le chapitre sur « la Fondation de l’académie française. Les premiers académiciens ». Dans l’unique volume consacré au xviiie siècle, il a rédigé « Montesquieu et Les poètes. André Chénier » ; enfin dans le premier volume consacré au xixe siècle (t. VII) « Lamartine ». Petit de Julleville a donc beaucoup écrit dans les sept tomes consacrés à la littérature française qu’il a dirigés.
10Petit de Julleville a publié en outre des textes pour les élèves et étudiants : il a publié des Morceaux choisis des auteurs français, poètes et prosateurs, des origines à nos jours (Moyen Âge et xvie siècle, xviie siècle, xviiie siècle, xixe siècle), 812 pages, chez Masson, publié en 1886, livre qui a connu de multiples rééditions de 1901 jusqu’en 1915. Petit de Julleville était donc le « Lagarde et Michard » de la fin du xixe siècle. À ce titre, une sorte d’opprobre devait peser sur celui qui imposait aux collégiens et lycéens la lecture des auteurs français.
11L. Petit de Julleville « professeur à la faculté des lettres de Paris » a aussi publié des extraits d’auteurs dans les classiques français chez Delagrave, comme ce Montaigne, Essais. Lettres-journal de voyage. Extraits publiés conformément au texte original avec une introduction, un lexique et des notes (1881).
Ses idées politiques ?
12La carrière de Petit de Julleville s’est déroulée pendant les trente premières années de la IIIe République entre 1870 et 1900. Élève de l’École normale supérieure, membre de l’école d’Athènes, professeur à la Sorbonne, dans ces années de mise en place de la République, Petit de Julleville portait forcément des idées politiques assez nettes.
13Il habite Paris et plus précisément Auteuil. Il est en effet vice-président de la « Société historique d’Auteuil et de Passy », fondée en 1892. Les autres vice-présidents sont Paul Meyer, membre de l’Institut et Eugène Manuel, membre du Conseil supérieur de l’Instruction publique et inspecteur général. Il appartient à une famille où la religion compte. Il écrit en 1895 L’idée de Dieu et la poésie à Paris chez J. André dans une collection qui se nomme « Ligue contre l’athéisme », n° 18, 16 pages. Il publie une Jeanne d’Arc – qui est un joli petit (par le format) livre d’histoire sur Jeanne d’Arc, publié juste après la canonisation, en 1894, de « Jeanne la bonne Lorraine qu’Anglais brûlèrent à Rouen » (ainsi que la nomme François Villon, que Petit de Julleville cite d’ailleurs, comme il cite ses sources en note : les minutes du procès ou Christine de Pisan). Ce livre a eu un succès phénoménal puisqu’en 1928 on en est à la dix-neuvième édition.
14Si l’on regarde sa famille, on découvre le groupe social dans lequel vivait Petit de Julleville. L’épouse de Petit de Julleville est Marie-Rose Marty (1849-1929), fille de Charles Marty-Laveaux (1823-1899), grammairien, historien de l’orthographe, archiviste paléographe (promotion 1847), qui fut bibliothécaire de la bibliothèque de l’Institut. Sa fille Marguerite17 épouse en 1895 à Auteuil Jean Guiraud, professeur d’histoire qui n’est autre que le futur rédacteur en chef du journal La Croix. Louis Petit de Julleville a eu cinq enfants, quatre filles et un fils unique Pierre Petit de Julleville18 (1876-1947), qui fut évêque de Dijon de 1927 à 1936, puis archevêque de Rouen et enfin cardinal en 1945.
15La biographie du cardinal Pierre Petit de Julleville nous donne des pistes pour connaître Louis Petit de Julleville son père. Le biographe évoque « un milieu de large culture, de distinction grave, de dignité sans orgueil, de réserve sans froideur, tourné vers le commandement des hommes, le maniement des idées avec un goût prononcé pour leur discussion, vers les carrières libérales plutôt que vers les affaires. Etranger à tout snobisme ou préjugé de classe, cette famille accueillera dans son sein ou parmi ses amis, tous ceux dont l’élévation du cœur et de l’esprit s’allieront à une foi chrétienne simple et profonde et estimée comme la seule valeur essentielle de la vie. Ce nom ne recouvre d’ailleurs pas la fortune mais une simple aisance19 ».
16Mgr Petit de Julleville évoque son père « un chrétien selon l’évangile » et sa « mère ardente et discrète ». Louis Petit de Julleville est célèbre : parce que professeur à la Sorbonne et surtout et encore (comme chez Raymond Guérin) à cause de la monumentale Histoire de la littérature française – encore en usuel à la Bibliothèque universitaire à Rouen ! Les connaissances de Mgr Petit de Julleville étaient « honorées par ce nom qui porte tant de grandeur, de culture et de simplicité20 ». Le cardinal parle de la foi de sa famille : « une famille catholique de foi et de pratique. La foi y est solide, la piété forte sans aucune mièvrerie ». Si à l’inverse on peut prêter au père les qualités du fils : notons que Pierre Petit de Julleville fut apparemment un « honnête homme », dont l’accession au cardinalat récompense une vie politique sans faute. Il devient prêtre à 22 ans, il commence une thèse sur la prédication franciscaine au xiiie siècle (il avait une licence d’histoire et avait préparé l’agrégation avant de se tourner vers la carrière ecclésiastique), qu’il ne termina pas. Professeur à Saint-Sulpice, il est mobilisé en 14-18 comme aumônier de la Division Marchand. Une photo le représente barbu, l’air profondément triste, lui autrement avenant et l’air ouvert et sympathique. Il est gazé pendant la première guerre. Il devient évêque de Dijon en 1927. Il construit le Sacré-cœur de Dijon21. Puis en 1936, il est promu archevêque de Rouen, chef d’une très grande province. Il reste à Rouen pendant toute la deuxième guerre, plutôt favorable aux résistants, très réservé avec les Allemands (qu’il fait sortir de l’évêché alors qu’ils recherchaient un jeune résistant) ; il refuse d’adhérer à la Légion des volontaires français qui lui demandait d’en devenir président d’honneur22. Il reste dans sa ville bombardée, son évêché en ruine, les quartiers en flamme. Pour cette raison, il est promu cardinal par Pie XII en 1945. On met en avant sa « fière indépendance ».
17Mais revenons à son père Louis. Celui-ci est historien de la langue, ce qui revêtait un caractère politique, surtout après 1870, dans le climat de rivalité avec l’Allemagne. Le travail de Petit de Julleville comme de ses contemporains Gaston Paris23, Paul Meyer24, Michel Bréal, Antoine Thomas25, se comprend en les replaçant dans ces débuts de la IIIe république26. La France a été battue en 1870 et la défaite devant les Prussiens est encore dans toutes les têtes. Petit de Julleville rappelle en 1883, dans ses Notions générales..., que les « Barbares germains, envahirent la Gaule romaine » et influèrent sur le développement de la langue française27.
18Gaston Paris écrit la préface de l’Histoire de la Langue et de la Littérature française dirigée par Petit de Julleville et indique ainsi :
C’est ainsi que nos deux grandes périodes littéraires, celle du Moyen Âge et celle des temps modernes, se ressemblent par leur histoire extérieure autant que par beaucoup de leurs caractères intimes, et quelque séparation qu’ait mise entre elles la rupture de la tradition immédiate, ne doivent pas être séparées par ceux qui veulent surtout étudier dans une littérature la manifestation du génie national. Et c’est pour cela que le directeur et les collaborateurs de l’œuvre à laquelle ces pages servent de préface ont eu en l’entreprenant une conception digne de tout éloge et auront bien mérité non seulement de la science, mais de la patrie28.
19Petit de Julleville a écrit, lui, la conclusion, rappelle qu’il a voulu « raconter l’histoire littéraire d’une langue au cours de neuf cents années » et remercie ses collaborateurs d’avoir su « mettre en commun leur sincère amour de la France, de sa langue et de sa littérature29 ». Il ajoute que « le sentiment national a besoin de se renouveler et de s’élargir en s’appuyant sur la recherche scientifique ».
20Petit de Julleville partage donc les idées patriotiques de ses collègues et il appartient à un milieu bourgeois et conservateur. Les chartistes Paul Meyer ou Gaston Paris étaient, semble-t-il plus libéraux que lui, en tout cas Meyer30. Dans les lettres à son père, sa fille mentionne l’épisode Boulanger. Elle s’en amuse d’ailleurs et n’est aucunement boulangiste. De plus le journal La Croix31 était lors de sa fondation en 1880 un journal fortement à droite. En 1886, le journal publie une série d’articles antisémites. Le journal se proclame « le journal le plus antijuif de France, celui qui porte le Christ, signe d’horreur aux Juifs ». Or le gendre de Petit de Julleville, Jean Guiraud, devint dans les années 90 rédacteur à La Croix. La seule question qui reste pendante est de savoir quel était le parti de Petit de Julleville lors de l’affaire Dreyfus. Était-il du côté de Gustave Meyer ? il partageait avec lui son appartenance à la société d’Auteuil ou encore à la Société des Anciens textes français. A priori, il aurait plutôt été anti-dreyfusard mais les positions prises par tous dépendaient d’un grand nombre de facteurs aléatoires32.
Petit de Julleville et le théâtre
21Petit de Julleville pour nous, c’est avant tout Les Mystères « qui reste son meilleur ouvrage » d’après sa nécrologie.
C’est un travail de première main, facile à lire et à consulter, qui malgré les publications dont les mystères ont été l’objet dans ces dernières années, donne encore une idée très exacte de notre ancien théâtre religieux principalement pour la période qui s’étend du xive siècle au xvie siècle. C’est, à bien des égards, un ouvrage d’érudition33
22Le premier volume comprend une description chronologique : les drames liturgiques, le théâtre au xiie siècle, le jeu d’Adam, Jean Bodel, Rutebeuf, le théâtre au xive siècle, les miracles de Notre Dame, les mystères (1400-1550). Puis il étudie le sens du mot mystère, les mystères mimés et les cycles dramatiques, la composition dans les mystères, le style et la versification, les auteurs des mystères, les acteurs et entrepreneurs des mystères, la mise en scène et les spectateurs, les confrères de la Passion, et enfin la décadence et la fin des mystères. Le deuxième volume, le fameux second volume, comprend des fiches qui décrivent chaque pièce ainsi que l’histoire chronologique des représentations, avec un double classement par pièce et par lieu, la liste des ouvrages à consulter sur les Mystères et un glossaire des mots difficiles d’ancien français cités dans les deux volumes. C’est en effet un beau livre qui est resté sans équivalent jusqu’à la mise en ligne de la base de données mise en œuvre par le groupe de D. Smith, G. Parussa et J. Koopmans34. Malheur à la pièce qui n’est pas citée dans Petit de Julleville, tel le Jeu de Pierre de La Broce, sur lequel travaille Marie Bouhaïk-Gironès35, qui est passé inaperçu pendant près d’un siècle.
Comment a-t-il travaillé ?
23Petit de Julleville a vu toute la bibliographie, ainsi que les archives notamment pour retrouver mention des représentations. Il a vu aussi les manuscrits, ce qui est remarquable pour un « littéraire ». Il est vrai qu’il avait travaillé sur des manuscrits lorsqu’il était à Athènes36.
24Son discours à la Société des Anciens Textes Français en tant que président en 1898 est intéressant car il nous montre ce qui le motivait à étudier le Moyen Âge et surtout, il parle de l’édition de texte37. Il commence par annoncer la publication de deux volumes, ceux de 1895 et 1896, en 1897, avec du retard donc et il donne des raisons à ce retard. Il explique que l’édition de texte est un art difficile et qui peut s’avérer fort long, plus long qu’on ne l’imagine. La SATF en est alors à 69 volumes. Elle compte 330 adhérents (alors qu’elle en comptait 470 en 1881). Petit de Julleville déplore le manque d’« éditeurs sérieux » (éditeur au sens scientifique). Il constate qu’il faudrait pouvoir payer ces « jeunes érudits ». Il dit à ce propos : « faire aimer aux jeunes érudits les besognes austères qui ont leur récompense en elles-mêmes, c’est à nous de leur enseigner qu’on n’a jamais perdu son temps ni sa peine quand on apporte ne fût-ce qu’une seule pierre, à l’édifice de la science, toujours grandissant, toujours inachevé ; quand on éclaire, ne fût-ce qu’un seul point obscur des annales de nos pères ; quand on ajoute une ligne de vérité à l’histoire de notre pays ». Mais il déplore que « la France est le seul pays au monde où l’on rencontre une foule de gens instruits et même lettrés » qui ignorent le Moyen Âge. Et il continue : « préférer son temps à tout autre est fort légitime ; mais tout homme qui pense un peu, sait bien que l’ignorance du passé jette d’étranges ténèbres sur l’intelligence du présent ». Superbe affirmation ! La SATF, elle, « travaille à restituer quelques pages de l’histoire vraie du passé de la France ». Il s’étonne du peu de goût du public pour le Moyen Âge en notant que dans la SATF se trouvent de « bons titres », en disant que le « charme du Moyen Âge » est « une infinie variété », tout en déplorant aussitôt après « le manque de goût du Moyen Âge », qui n’a conservé que peu de manuscrits de Rutebeuf et des quantités d’auteurs « verbeux ». Il conclut son discours en évoquant la mémoire des sociétaires morts dans l’année, rien moins que le duc d’Aumale, Anatole de Montaiglon et Léon Gautier. L’éloge de celui-ci vaut d’être cité (il avait écrit le chapitre sur l’épopée nationale dans l’Histoire de la langue et de la littérature française) : « M. Léon Gautier avait la plupart des qualités qui font les apôtres : la foi d’abord, le dévouement, même un certain emportement généreux, le dédain des sceptiques, nul respect humain des railleurs. Avec cela, on remue des montagnes. » Et il cite comme action de gloire le fait d’avoir fait inscrire au baccalauréat la chanson de Roland, dont Petit de Julleville avait publié une traduction « rythmée et assonancée »38.
25L’intérêt des propos de Petit de Julleville consiste dans sa description de l’érudition à cette époque qui constitue le moment de l’invention de la philologie romane. N’oublions pas que le dictionnaire de Godefroy39 n’existait pas encore. Il fut publié de 1881 à 1902. Dans l’Histoire de la langue et de la littérature française, les chapitres sur la linguistique sont de Ferdinand Brunot.
26Petit de Julleville a fait œuvre d’historien dans Les Mystères. Nous pouvons toutefois aujourd’hui y trouver des défauts. Que lui reprocher ? d’abord un grand dédain pour certaines pièces, dédain surtout à l’égard de la qualité littéraire de la langue. Pour prendre l’exemple du Mystère de saint Crépin et saint Crépinien40, voici ce qu’il en dit : « quoique le mystère de saint Crépin et de saint Crépinien soit l’un des premiers qui aient revu le jour dans notre siècle (il a été publié dès 1836), on peut douter qu’il méritât cet honneur. C’est une œuvre prolixe, comme beaucoup de mystères ; mais en même temps monotone et vide. Le drame a deux héros tout à fait indistincts ; cette dualité rend l’action traînante et multiplie les répétitions ». Plus loin, il compare avec des vers de Polyeucte de Corneille. « Quoi qu’on ait souvent abusé de ces rapprochements littéraires qui n’ont rien que de fortuit, on ne peut s’empêcher en lisant ces vers de se rappeler ceux que Polyeucte adresse à Pauline » :
Le mystère de saint Crépin et saint Crépinien :
« Hélas ! se vous saviés les biens
et le povair qu’il a en luy
jamaiz vous ne diriés cecy ;
mais l’ennemy vous tient en lasse
par quoy vous ne povés la grace
ne le povair de lui savoir ».
Polyeucte :
Si vous pouviez comprendre et le peu qu’est la vie
et de quelles douceurs cette mort est suivie
Mais que sert de parler de ces trésors cachés
à des esprits que Dieu n’a pas encor touchés ? »
27Évidemment pour Petit de Julleville, Corneille écrit beaucoup mieux que l’anonyme auteur du mystère de saint Crépin et saint Crépinien. Il écrit comme s’il n’aimait pas la littérature médiévale. À propos de l’image « une Vierge pure et monde/comme soleil parmy voirriere/passe et adès demeure entiere » : « nous trouvons là encore une fois cette comparaison dont le Moyen Âge a abusé41 ». Plus loin, sur le mystère de saint Fiacre42 il juge : « le style est généralement faible et rempli d’allitérations pénibles ». Pour les mystères de sainte Geneviève, « il n’y a dans cette suite de tableaux détachés ni unité ni composition ; mais l’ensemble est intéressant, qualité assez rare dans le théâtre sacré du Moyen Âge43 ». À propos du mystère de saint Genis44 : le manuscrit « très maltraité a dû servir à une représentation », des barres transversales indiquent qu’on a voulu abréger la pièce, « il est vrai qu’elle est semée de longueurs ». Enfin à propos du saint Dominique45 : « le style et la versification sont détestables [...] le fond est aussi faible que la forme [...] L’œuvre est d’un bout à l’autre ennuyeuse ». Quelques pièces toutefois trouvent grâce à ses yeux : dans saint Laurent46 « les morceaux passablement écrits ne sont pas rares dans ce mystère. Le pape Sixte, menacé par Décius, lui répond dans un langage ferme et hautain qui ne manque pas d’éloquence ». Il préconise la publication du mystère de saint Remi47 qui « offrirait quelque intérêt pour l’histoire, ou du moins pour la légende nationale ». Même intérêt pour le mystère du siège d’Orléans : « du point de vue du style, ce mystère a peu de valeur », mais il a un intérêt historique. Au fond ce qu’il déplore dans les mystères, c’est l’absence de poésie.
28Il compare en effet les mystères à la tragédie, au théâtre classique et notamment à Corneille. Les mystères n’ont pas de composition – critique empruntée à Sainte-Beuve, « manquent de charpente48 », sont inférieurs au théâtre moderne. Pourtant il reconnaît qu’il n’y a pas de meilleur sujet que la Passion de Gréban, mais 35 000 vers c’est trop long. Il concède pourtant que la scène de Jésus et sa mère dans le mystère de la Passion de Gréban49 « s’élève sans action, sans incident, sans surprise, par la seule sublimité des sentiments et la seule force de l’expression, à une hauteur véritablement tragique », « elle est comme le morceau capital de tout le poème ». Il considère en outre que les mystères sont anachroniques et il est choqué par les scènes violentes et cruelles50. Le chapitre sur le style et la versification touche au paroxysme du déchaînement : « une déplorable licence, née de l’oubli complet de la nature de notre versification française, permettait au poète de faire tomber la césure au 4e pied du vers décasyllabique sur une syllabe muette51 ». L’auteur se permet « une licence moins fâcheuse, celle de l’enjambement52 ». Il loue au passage Victor Hugo puis reprend : « on connaît le mauvais goût général des poètes du xve siècle et même du commencement du xvie »53. « Malgré tous ces défauts, la versification dans les mystères demeure très supérieure au style », « les auteurs des mystères n’avaient aucune idée du ridicule, soit dans le style, soit dans la pensée54 ».
Notre temps qui a beaucoup restauré, dans l’ordre artistique et remis en honneur et en pratique l’architecture du Moyen Âge, s’est abstenu (sagement peut-être) de réhabiliter le théâtre du Moyen Âge contemporain de nos cathédrales55.
29Toutefois, il fait la liste des pièces religieuses jouées dans les années 1810-1830. Sa conclusion résume sa pensée :
Ainsi rien ne meurt entièrement de ce qui a vécu, et tout existe au moins en germe avant de paraître à la vie. On trouverait dans le plus haut Moyen Âge, les premiers essais et les premiers bégaiements du théâtre classique moderne imité de l’antiquité. D’autre part, le théâtre religieux du Moyen Âge après trois siècles d’oubli public, subsiste encore dans d’obscurs débris56.
30On en vient à plaindre ce pauvre Petit de Julleville d’avoir du passer plusieurs années de sa vie à lire ces textes qu’il trouvait si mauvais et si contraires au bon usage. Et malgré tout, il nous a laissé ces Mystères, le deuxième volume notamment, qui nous indique l’état de l’art en 1885.
31On retrouve les mêmes idées, dans la conclusion de l’Histoire de la langue et de la littérature : la part importante faite au Moyen Âge ne tient pas « à une prédilection particulière pour le Moyen Âge. Nous croyons apprécier à sa juste valeur cette vigoureuse enfance de notre littérature, nous en aimons l’abondance, la fraîcheur, la vivacité, mais nous en connaissons les défauts. Elle a grandi trop vite et beaucoup de fruits en ont avorté ». Plus loin : « la langue est souvent excellente, le style n’existe guère ». Mais la France moderne plonge ses « racines » dans le Moyen Âge : « Racine lui-même est plein de choses qui à son insu lui viennent de Chrétien de Troyes. »
32En ce qui concerne le théâtre comique, dans l’introduction à la Comédie et les mœurs en France : « nos farces, nos moralités, nos soties ne sont pas des œuvres littéraires », mais elles sont intéressantes pour connaître le Moyen Âge qui y est dépeint. Mais « elles troublent la pudeur et offensent les chastes oreilles ». Elles sont obscènes. Mais elles sont gaies et « il ne faut pas trop médire de la gaieté ». Il définit les genres du théâtre comique en les comparant avec ce qu’ils sont devenus. Le plus grand, pour Petit de Julleville, c’est Molière, le maître de la « vaste comédie, nationale et humaine », qui n’a pas d’égal. La Moralité devient la grande comédie de mœurs (comme le Misanthrope), la sotie est la comédie politique, la farce, la « petite comédie en un acte, preste, vive, amusante » et le monologue reste le monologue.
33Il est bien clair que pour lui la littérature est celle du xviie siècle : « nos classiques français, ce sont les écrivains du xviie siècle » et encore « gardons soigneusement le culte de nos maîtres français : Corneille et Descartes, Pascal et Bossuet, Racine, Molière, La Fontaine, La Rochefoucauld, La Bruyère57 », enfin « tel est bien le caractère saillant des grands écrivains du xviie siècle : on les admire, on les étudie, on s’en pénètre, on s’en nourrit, sans cesser d’être soi-même ». Le Moyen Âge n’est pas le seul siècle méprisé. Du xviiie siècle, il dit : « Ils ont beaucoup pensé », « beaucoup remué de pensées » mais « le xviiie siècle, en tant que siècle littéraire paraîtra de plus en plus négligeable entre le xviie et le xixe siècle ». Les seuls rescapés toutefois sont les poètes André Chénier ou plus tard Lamartine.
34Citons pour finir cette curieuse « vision » de Petit de Julleville : « quand on correspondra exclusivement par le télégraphe et par le téléphone, la littérature épistolaire aura vécu », quand « le cinématographe sera devenu l’expression de la société », « le théâtre en tant que genre littéraire aura vécu ».
35Au fond pour nous spécialistes du théâtre médiéval, Petit de Julleville demeure la base. Ses Mystères sont excellents. Son répertoire du théâtre comique un peu moins. Sa Comédie et les mœurs, assez bon58 : le titre est intéressant : il étudie la Comédie (c’est-à-dire, pour nous le théâtre « comique ») dans sa relation aux « mœurs », on dirait aujourd’hui l’histoire des mentalités. Petit de Julleville n’a pas inventé les « genres » du théâtre médiéval. Il a hérité des historiens précédents et plaque généreusement les genres du xviie siècle sur le Moyen Âge. Mais il en fait toutefois une description exacte et intéressante et qui ne clôt pas la discussion sur l’identité de la moralité de la farce, des soties ou des monologues. Le plus faible serait peut-être, Les comédiens en France au Moyen Âge59, encore qu’il ait bien vu la filiation entre les jongleurs et les autres types d’acteurs. Sa description est là aussi très fine. Mais c’est là certainement que l’on peut découvrir de nouvelles choses. Un dernier élément très positif est l’utilisation novatrice de l’iconographie. Dans l’Histoire de la langue et de la littérature, des planches iconographiques ont été insérées et proposent ainsi pour le théâtre du Moyen Âge un fac-similé d’une page du manuscrit fr. 819 ou de la Passion de Valenciennes60.
Qui était finalement Louis Petit de Julleville ?
36Un professeur de langue et de littérature médiévale qui sait ce qu’est l’histoire qu’il a enseignée au début de sa carrière, qui sait ce qu’est un manuscrit mais qui reste toutefois ancré droit dans ses bottes sur ce que doit être le beau langage, la bonne poésie. Un homme qui cherche aussi dans le théâtre, ainsi que généralement dans la littérature médiévale les « racines » du monde contemporain, les racines du « génie national »61, ses propres racines peut-être ? Parmi les philologues et les historiens de la littérature médiévale, il est un peu à part : il est normalien (comme Bédier et Jeanroy) quand G. Paris et P. Meyer qui ont fondé la Romania (en 1872) et la Société des Anciens Textes Français (en 1875) sont archivistes paléographes et membres de l’Institut.
37Louis Petit de Julleville était certainement un excellent professeur : « doué d’un véritable talent de parole, [qui] occupa cette chaire avec éclat pendant trois ans » dit sa nécrologie62. Je me demande si ce « talent de parole », de même que sa profonde foi, n’a pas joué un rôle dans le fait qu’il ait particulièrement aimé la poésie et étudié sinon apprécié le théâtre religieux médiéval.
Bibliographie
Bibliographie de Louis Petit de Julleville
Note sur les manuscrits d’auteurs anciens qui se trouvent dans la bibliothèque du monastère de Saint Jean à Patmos, P. Decharme et P. de J. Paris, A. Lainé et J. Havard, 1866, 52 p.
Quomodo Graeciam tragidi poetae Graeci descripserint, Thorin, 1868.
Histoire de la Grèce sous la domination romaine, Paris, E. Thorin, 1875 (2e éd. 1879.).
Histoire grecque, Paris, Lemerre, [1875].
Cours d’histoire. Leçon d’ouverture. Considérations sur la chute de l’indépendance politique en Grèce, éd.
Université de Nancy, 1872. Nancy, Crépin-Leblond, 1872, 20 p.
Histoire du théâtre en France. Les Mystères, Paris, Hachette, 1880, t. I, 457 p. t. II, 618 p.
Histoire du théâtre en France. Les Comédiens en France au Moyen Âge, 1885.
Histoire du théâtre en France. Répertoire du théâtre comique en France au Moyen Âge, Paris, Hachette, 1886, 409 p
Histoire du théâtre en France. La Comédie et les mœurs en France au Moyen Âge, L. Cerf, 1886.
Le théâtre en France. Histoire de la littérature dramatique depuis ses origines jusqu’à nos jours, Colin, 1889 (4e éd. 1897).
Notions générales sur les origines et sur l’histoire de la langue française, Paris, Jules Delalain, 1883 (jusqu’à 5 rééditions).
Histoire de la langue et de la littérature française des origines à 1900 : 8 volumes63, Paris, Colin : Le Moyen Âge 1896 (Compte rendu Gaston Paris sauf indications contraires, Romania, 1896, XXII, p. 593.).
I. Poésie narrative et religieuse. Origines, Vies des saints en vers, contes pieux Petit de Julleville.
(CR P. Meyer).
II. L ‘épopée nationale. Léon Gautier (CR Charles-Marc Des Granges.)
III. L’épopée antique. Léopold Constans.
IV. L’épopée courtoise. Léon Clédat. (« inepte » d’après le CR de Romania).
V. Les chansons. A. Jeanroy.
t. II. I. Les fables et les Romans de Renard. L. Sudre.
II. Les fabliaux. Joseph Bédier.
III. Le Roman de la Rose. Ernest Langlois.
IV. Littérature didactique. Arthur Piaget.
V. Sermonnaires et traducteurs. A. Piaget.
VI. L’historiographie. Ch-V. Langlois.
VII. Les derniers poètes du Moyen Âge. Les conteurs. Antoine de La Salle. P. de J.
VIII. Le théâtre. Petit. de Julleville.
xvie siècle, 1897.
xviie siècle, 1897.
xviiiesiècle, 1898.
xixe siècle en 2 volumes.
1800-1850 Période romantique et
1850-1900 Période contemporaine en 1899 et 1900.
Morceaux choisis des auteurs français, poètes et prosateurs, des origines à nos jours (Moyen Âge et xvie,xviie,xviiie,xixe), 812 p, Paris, Masson, 1886 (rééditions jusqu’en 1915).
« Cours de littérature française du Moyen Âge et d’histoire de la langue française. Leçon d’ouverture 29 avril 1889. Arsène Darmesterter, mai 1889 », Revue internationale de l’enseignement, p. 3-19.
Histoire de la littérature française I. Des origines à Corneille. II. De Corneille à nos jours, Masson, 1900.
La bienheureuse Jeanne d’Arc, Paris, J. Gabalda, 1909 (14e éd. 1919). Sainte Jeanne d’Arc, Paris, J. Gabalda, 1928.
« L’idée de Dieu et la poésie », Paris ; chez J. André 1895 [« Ligue contre l’athéisme », n° 18] 16 pages.
Éditions
Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence. Introduction et notes, Paris, Delagrave, 1887, 278 p.
Les tragédies de Montchrestien, nouvelle édition d’après l’édition de 1604, avec notice et commentaire de Petit de Julleville, Plon, 1891.
La chanson de Roland. Histoire, analyse, extraits avec notes et glossaire, Colin, 1902, 122 p.
Extraits d’auteurs dans les classiques français chez Delagrave, Hachette, colin
Montaigne, Essais. Lettres-journal de voyage. Extraits publiés conformément au texte original avec une introduction, un lexique et des notes, 1881.
Extraits des chroniqueurs français du Moyen Âge (Villehardouin, Joinville, Froissart, Commines). Notices biographiques et notes grammaticales, Colin, 1893, 408 p.
Le Cid, Hachette, 18e éd. s. d.
Horace, Hachette, 1887.
Théâtre choisi de Corneille, Hachette, 1907 (rééd.).
Premières leçons d’histoire littéraire, littérature grecque, littérature latine, Alfred Croiset, R. Lallier et P. de J. Masson, 1889.
Préfaces
Édition : La précellence du langage françois (Henri Estienne, 1528 ?-1598), réimprimé avec des notes, une grammaire et un glossaire par Edmond Huguet, Paris, Colin, 1896.
Lexique de Ronsard par Louis Mellerio, Plon, 1895.
Ronsard, Œuvres complètes par Prosper Blanchemin, Plon-Nourrit, 1895.
Nouvelles lectures littéraires, Eugène Bauer et E. de Saint-Étienne, Masson (17e éd. 1923).
Syntaxe française du xviie siècle, (trad. M. Obert) de A. Haase, Picard, 1898.
Notes de bas de page
1 R. Guérin, L’apprenti, Paris, Gallimard, 1946. Raymond Guérin, 1905-1955. L’apprenti est le concentré de son expérience de stagiaire comme apprenti dans différents palaces parisiens. Les Poulpes publié en 1953, deux ans avant sa mort, a été conçu quand il était prisonnier en Allemagne pendant la guerre.
2 K. Fresco, « Le Moyen Âge de Petit de Julleville », L’influence d’un livre : l’histoire de la langue et de la littérature française (1896-1899), Louis Petit de Julleville, architecte de l’héritage linguistique et littéraire français, Y. Portebois et P. Swiggers (éd.), Leuven, Peeters, 2008. Orbis/supplementa, p. 167-183.
3 J.-P. Saint-Gérand, Biographies en ligne. Et « Nécrologie de L. Petit de Julleville », Romania, 1900, p. 625-6.
4 L. Petit de Julleville, L’histoire de la colonisation française aux Indes et en Amérique jusqu’à la révolution de 1789. Leçon inaugurale, 1873.
5 Une mention le dit maître de conférences à l’École normale de Sèvres en 1885
6 Dans sa nécrologie, la date est 1886, mais la date de la leçon inaugurale publiée est 1889. « Nécrologie », Bibliothèque de l’École des Chartes. J.-P. Saint-Gérand, Connexions et réseaux rhétoriques au xixe siècle, en ligne, Toronto
7 Faculté des lettres de Paris. Cours de littérature française du Moyen Âge et d’histoire de la langue française. Leçon d’ouverture 29 avril 1889. Arsène Darmesteter. extr. Revue internationale de l’enseignement, 15 mai 1889, Paris, Colin, 1889 (à la BnF, l’exemplaire est celui envoyé par Petit de Julleville à Léopold Delisle)
8 On se reportera à la bibliographie générale publiée en annexe.
9 L. Petit de Julleville, Quomodo Graeciam tragidipoetae Graeci descripserint. Thesim facultati litterarum parisiensi proponebat, Petit de Julleville, Paris, E. Thorin, 1868, 139 p. (67 p. publiées) (en microfilm à la BnF).
10 Histoire de la Grèce sous la domination romaine, Paris, E. Thorin, 1875 (2e éd. 1879,) (en microfilm à la BnF).
11 L. Petit de Julleville, Les mystères, paris, hachette, 1880, t. I, 457 p., t. II, 618 p
12 G. Dotoli, « Petit de Julleville et la Renaissance », Studi di letteratura francese, 2000, t. 25, p. 11-24.
13 L. Petit de Julleville, Discours prononcé à l’Assemblée Générale de la Société des Anciens Textes Français le 16 février 1898par Petit de Julleville président, Extrait du Bulletin de la SATF, Le Puy, 1898.
14 Voir leurs noms dans la bibliographie plus bas. M. Wilmotte dans le compte rendu qu’il fit pour Le Moyen Âge, 1898, p. 67-77, distingue plusieurs générations parmi les collaborateurs, ceux dont la méthode appartient encore à l’ancienne rhétorique, les philologues de la première génération (G. Paris, L. Clédat) et les jeunes romanistes (E. Langlois, A. Jeanroy, J. Bédier, A. Piget). Léon Gautier et Louis Petit de Julleville appartiennent à l’ancienne génération. Voir aussi Charles Ridoux, « La nouvelle école de philologie romane et sa perception de la littérature médiévale », Cahiers de recherches médiévales, 1996, p. 191-207. Sur Léon Clédat, voir Jacques-Philippe de Saint-Gérand, « Léon Clédat, historien, patoisant et réformiste (1850-1930). Entre histoire de la langue et linguistique historique du Français », en ligne http://www.chass.utoronto.ca/.
15 Sur Gaston Paris voir note plus bas.
16 Compte rendu dans Romania, t. 22, 1896, p. 593. P. Meyer rédige le compte rendu de ce chapitre.
17 Marguerite Petit de Julleville (1871-1927), épouse de Jean Guiraud (1866-1953). Marguerite et Jean Guiraud eurent dix enfants. Elle convertit son mari à l’idée de l’instruction féminine. (Colloque de Cerisy, 2006, « Archive épistolaire et Histoire », http://www.fondationlaposte.org/ CHAN 362 AP 200, dossier 1 [fonds AP Jean Guiraud]).
18 R. de La Serre, Le cardinal Petit de Julleville, Paris, Plon, 1935, 341 p. ; R. Brain, Le cardinal Petit de Julleville, Paris, Librairie du Centre de documentation sacerdotale, 1948.
19 R. Brain, op. cit.
20 « Ils avaient professé pour le père dont ils avaient été élèves une vive admiration ; ils se plaisent à souligner qu’ils en retrouvent les motifs dans les qualités d’esprit et de cœur du fils », R. Brain, op. cit.
21 Peinture monumentale représentant Mgr Petit de Julleville offrant au Sacré-cœur l’église qu’il vient de construire à Dijon. Datant de 1937, cf. http://www.patrimoine-de-France.org.oeuvres.
22 Ces deux histoires sont rapportées par une de ses biographies qui, rédigée après la guerre, pourrait fort bien être une hagiographie. À accepter avec prudence donc.
23 Gaston Paris (1839-1903), promotion de l’École des chartes 1862 avec une thèse sur Du rôle de l’accent latin dans la langue française. Il est le fils de Paulin Paris, professeur au Collège de France. Nécrologie dans BEC, 64, 1903, p. 202-209 et 65, 1904, p. 141-173.
24 J. Monfrin, « Paul Meyer (1840-1917) et la naissance de la philologie moderne », L’École nationale des chartes. Histoire de l’École depuis 1821, Thionville, Gérard Klopp, 1997, p. 63-71. Paul Meyer (1840-1917 ; promotion de l’École des chartes 1861 ; nécrologie, BEC, 78, 1917, p. 429-446 et 80, 1919, p. 230-248). Paul Meyer est dit « libéral » (Bertrand JOLY, « Les chartistes et la politique », ibidem p. 174). Il est connu bien sûr pour avoir délivré (ainsi que Giry et Molinier) une expertise favorable à Dreyfus, alors qu’il était directeur de l’École des chartes.
25 Antoine Thomas (1879-1935), promotion École des chartes 1879. Nécrologie BEC, 96, 1935, p. 433-437.
26 Sur les historiens de la langue du xixe siècle : J. P. Saint-Gérand, Aux miroirs de l’histoire, http://www.chass.utoronto.ca/epc/langueXIX/urbana/urbana_1.htm.
27 L. Petit de Julleville, Notions générales sur les origines et sur l’histoire de la langue française, Paris, Jules Delalain, 1883, p. 4.
28 L. Petit de Julleville, Histoire de la Langue et de la littérature françaises, p. IV-V.
29 L. Petit de Julleville, Histoire de la Langue et de la littérature françaises, t. VIII, p. 885 et p. 907.
30 « P. Meyer est baptisé mais sceptique », L’École nationale des chartes, op. cit., p. 314 note 64. Paul Meyer « qui s’est investi dans la cause dreyfusarde, totalement, jusqu’à en mourir », Fr. Vieillard, « L’enseignement de la philologie romane » p. 57.
31 M. Winock (dir.), Histoire de l’extrême droite en France, Paris, Le Seuil, 1994, p. 72-77 (pro-boulangiste, antisémite en 1889), p. 80, 88 (soutient Maurice Barrès, Charles Maurras antidreyfusards, antisémites, 1898), p. 89, p. 91, p. 111, p. 114, p. 119, p. 136.
32 Cependant, le nom de Louis Petit de Julleville figure dans la liste des membres fondateurs de la Ligue de la patrie française, reproduite par les journaux Le Soleil et Le Temps du 1er janvier 1899. Antoine Compagnon, Connaissez-vous Brunetière ? Enquête sur un antidreyfusard et ses amis, Paris, Le Seuil, 1997, p. 176-177 ; U. Bähler, Gaston Paris dreyfusard. Le savant dans la cité, Paris, CNRS éditions, 1999, p. 205 n 76.
33 C’est moi qui souligne.
34 Base de données « Théâtres et performances en France au Moyen Âge », CNRS, Lamop, Groupe d’étude du Théâtre Médiéval : http://www.vjf.cnrs.fr/theatre/login.php.
35 M. Bouhaïk-Gironès, « Qu’est-ce qu’un texte de théâtre médiéval ? Réflexions autour du Jeu de Pierre de La Broce (xiiie siècle) », Drama, Performance and Spectacle in the Medieval City : Essays in Honor of Alan Hindley, C. Emerson, M. Longtin & A. Tudor (dir.), Louvain, Peeters, sous presse.
36 Cf. L. Petit de Julleville, Note sur les manuscrits d’auteurs anciens qui se trouvent dans la bibliothèque du monastère de Saint Jean à Patmos, P. Decharme et P. de J. Paris, A. Lainé et J. Havard, 1866, 52 p. Il a aussi écrit la préface de l’édition : La précellence du langage françois (Henri Estienne, 1528 ?-1598), réimprimé avec des notes, une grammaire et un glossaire par Edmond Huguet, Paris, Colin, 1896.
37 Discours prononcé à l’Assemblée générale de la SATF le 16/02/1898 par Petit de Julleville président. Extrait du Bulletin de la SATF, Le Puy, 1898. La Société des Anciens Textes Français a été fondée en 1875 par P. Meyer et G. Paris.
38 Nécrologie.
39 L’École des chartes, Fr. Vieillard, « L’enseignement de la philologie romane », p. 56. Voir également : Frédéric Godefroy : actes du Xe Colloque international sur le moyen français, organisé à Metz du 12 au 14 juin 2002par le Centre Michel Baude, littérature et spiritualité et par l’ATILF, UMR 7118, Fr. Duval (éd.), Paris, École des chartes, 2003.
40 L. Petit de Julleville, Les mystères, p. 499.
41 L. Petit de Julleville, Les mystères, p. 503.
42 Idem, p. 515.
43 Idem, p. 520.
44 Idem, p. 521.
45 Idem, p. 521.
46 L. Petit de Julleville, Les mystères, p. 526.
47 Idem, p. 526.
48 Idem, p. 243.
49 Idem, I, p. 213.
50 Comme les scènes avec le fou L. Petit de Julleville, Les mystères, p. 268 ou la scène des juifs aveuglés Ibidem p. 274.
51 L. Petit de Julleville, Les mystères, p. 283.
52 Idem, p. 284.
53 Idem, p. 292.
54 Idem, p. 296.
55 L. Petit de Julleville, Les mystères, p. 456.
56 Idem, p. 457.
57 Histoire de la langue et de la littérature française, p. 895.
58 Table de La comédie et les mœurs : Introduction, Les origines, Le théâtre comique au xiiie siècle et au xive siècles, Adam de la Halle, Les genres comiques, Moralités, Farces, Soties, Monologues, Moralités religieuses, édifiantes ou pathétiques, L’Histoire de France au théâtre, Satire des divers états, Satire de l’amour, des femmes et du mariage, La Renaissance et son influence sur le théâtre comique.
59 Table : les jongleurs, les fous, les puys, les confréries, les Basochiens, les Enfants sans souci, les sociétés joyeuses, les associations temporaires, les écoliers, les comédiens.
60 Histoire de la langue et de la littérature française, p. 400-444. Parmi l’iconographie se trouvent à côté des serments de Strasbourg ou du premier feuillet du Roman de la Rose, Renard sur la roue de Fortune du manuscrit fr 372, Tristan et Iseut fr 103 ou encore le miracle d’une femme gardée de la mer par Notre Dame au Mont saint Michel (BnF ms. fr 8199).
61 Dans Le théâtre en France, « Le théâtre n’est guère moins ancien en France que la langue elle-même et la nationalité française » p. 1. Table chronologique (pour le Moyen Âge, un chapitre sur les Mystères, un chapitre sur Moralités, farces et soties).
62 Nécrologie, Romania, 1900, p. 625-626.
63 Compte rendu dans Romania, XXII, 1896, 330. Et M. Wilmote dans Le Moyen Âge, 1898, p. 67-77. E. Stengel, Zeitschrift für Französische Sprache und Litteratur, 1897.
Auteur
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