Introduction
p. 17-18
Texte intégral
1La biologie est au cœur de tous les débats de l’histoire coloniale et postcoloniale, et par histoire j’entends aussi l’histoire littéraire. La nouvelle grille de lecture proposée ici a pour objectif une vision de la littérature autre, et s’ajoute aux possibilités déjà variées et riches d’enseignement que présentent les études en littérature anglo-indienne et indo-anglaise. La biologie est le lien entre toutes ces possibilités et doit nous permettre de mieux appréhender le phénomène colonial dans son rapport à la biologie : son origine et ses conséquences. Composée de cinq chapitres, cette étude, prise dans son ensemble, entend explorer les positions narratives anglo-indiennes et indo-anglaises dans une perspective trancontinentale. Il s’agit, d’une part, d’observer les dérives discursives du biologique au culturel et leur prolifération. À cet effet, le principal point de départ est le xixe siècle, dont la célèbre année 1857, date de la révolte des cipayes, et période décisive, marquée par une fixation sur la biologie, utilisée pour faire entendre des arguments visant à justifier un certain type de comportements liés à la « race ». D’autre part, et en parallèle, nous pourrons examiner les réponses et les réactions que fournit la fiction indo-anglaise face à l’arsenal des arguments coloniaux. Quelles stratégies utilise t-elle ? Quel est son mode d’emploi ? Quelles sont ses visées ? Au sens métaphorique, la biologie permettra d’articuler les systèmes complexes des représentations romanesques coloniales et postcoloniales. La formation des discours, leur maintien et leur récupération, à travers les siècles, constitue l’essentiel de l’argumentation présentée ici.
2Dans le premier chapitre, j’expose les arguments en faveur d’une nouvelle appellation pour ce que l’on nomme habituellement « théorie postcoloniale ». Ainsi, le terme de littérature, d’écriture et de théorie transcoloniale supplante le précédent. Le deuxième chapitre vise à démontrer l’utilisation de la biologie, en tant que science, dans la construction des discours sur un Autre, différent de soi, et donc « inférieur », et à comprendre comment ces discours se sont peu à peu imposés, dans l’intention délibérée de justifier la colonisation. De ce type de discours, un rapport de cause à effets entre biologie et culture ou biologie et aptitude fut établi. Avec le troisème chapitre, nous entrons dans le domaine de la biologie au sens métaphorique : de quelle façon les idées se transmettent, de quelle façon elles se propagent, comment elles deviennent complices et se consolident selon une logique similaire aux lois de la biologie et de la génétique, selon une logique épidémiologique. La transmission par la répétition est le fil rouge de cette partie. Nous verrons comment, par le discours, l’Occidental a fixé, de façon durable, l’Oriental dans sa biologie. Dans un quatrième temps, j’envisage le roman transcolonial sous l’angle de la symbiose, une notion vouée à remplacer, dans cette étude, celle de métissage. La symbiose, ici, est utilisée comme moyen de résistance à la pensée unique. Ce chapitre rend compte de la mise en écriture des conséquences logiques des constructions évoquées dans les deux chapitres précédents, du résultat de la symbiose, de l’enchevêtrement des discours et de ses conséquences, du risque et des limites sur le plan de la création littéraire. Le concept de transmission est à nouveau débattu, mais en d’autres termes et pour un résultat opposé à celui du troisième chapitre. Enfin, le cinquième et dernier chapitre propose un gros plan sur le personnage littéraire hybride, point de jonction du biologique et du culturel, tel qu’il circule à travers la ficion coloniale, postcoloniale et transcoloniale.
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