La part maternelle dans l’éducation des garçons au XVIIIe siècle
p. 46-61
Texte intégral
1Pendant longtemps les mères n’ont pas été un objet d’histoire. Cet oubli a été réparé avec la publication en 1980 du livre d’Yvonne Knibiehler et Catherine Fouquet, Histoire des mères du Moyen Âge à nos jours 1. La même année, Elisabeth Badinter publiait un ouvrage destiné au grand public, L’amour en plus histoire de l’amour maternel 2. Onze ans plus tard paraissait l’Histoire des femmes en Occident dont les différents volumes, et en particulier le tome III, xvi e-xviii e siècle 3, n’oubliaient pas les mères. En consacrant quelques pages à la mission pédagogique assignée aux mères des classes dominantes au xviii e siècle, période qui nous intéresse ici, ces ouvrages attiraient l’attention des lecteurs sur une des fonctions maternelles : l’éducation des enfants. Mais, et il convient de le souligner, cette question était traitée en prenant comme point de départ une problématique fort réductrice dont ce propos de Catherine Fouquet donne une idée : « Normalement, à l’âge de sept ans, les garçons entraient dans la société des hommes. Les mères en charge de l’éducation des filles doivent les préparer à leur rôle de femme, de maîtresse de maison et de chrétienne.4 » Suivent deux développements, le premier « sur les discours qui, au siècle classique, consacre les rôles masculin et féminin dans leur inévitable partage », le second sur l’éducation des filles par les mères5. De son côté, Elisabeth Badinter écrit : « Quand il revient de chez sa nourrice, l’enfant des classes aisées est aussitôt remis entre les mains d’une gouvernante jusqu’à sept ans. Après quoi, si c’est un garçon, on le confie à un précepteur6. » Si on en croit Yvonne Knibiehler7 et Elisabeth Badinter8, c’est au xix e siècle que les mères se rappellent qu’elles ont des fils et en viennent à se préoccuper de leur éducation. On retrouve la même problématique dans les pages qu’Olwen Hufton écrit sous le titre La mère et l’éducation dans le tome III de l’Histoire des femmes en Occident xvi e - xviii e siècle : « La petite enfance passée, le rôle de la mère devenait celui d’une éducatrice. » Mais à qui se consacrait-elle ? À ses filles et seulement à ses filles9. Pour en terminer avec ce bref rappel historiographique, j’ajouterai que le chapitre consacré par Martine Sonnet aux Leçons paternelles dans l’Histoire des pères et de la paternité peut conforter l’idée selon laquelle les mères sont absentes de l’éducation des fils10.
2Une longue fréquentation des sources d’archives me conduit à m’inscrire en faux contre cette vision. Je me propose donc de montrer en un premier temps que le discours sur la vocation naturelle des mères ne se réduit pas à les considérer comme devant se limiter à l’éducation des petits enfants, puis des filles. En un second temps, je décrirai à l’aide d’exemples précis la part prise par des mères dans l’éducation de leurs garçons arrivés à l’âge de fréquenter le collège. Sans doute moins visible que celle des pères, elle n’en est pas moins réelle, en particulier dans les milieux favorisés pour lesquels nous disposons de sources.
Les sources
3Deux types de documents seront utilisés : les discours académiques d’un noble artésien, Dubois de Fosseux, un de ces obscurs pédagogues de province dont la seconde moitié du xviii e siècle a été si riche, en second lieu des correspondances.
4Ferdinand-Marie-Antoine Dubois de Fosseux, né le 14 décembre 1742 à Fosseux, près d’Arras, perd son père à l’âge de dix ans11. Son éducation est alors prise en mains par sa mère dont il dira plus tard qu’elle était « une femme de tête et une bonne chrétienne ». Au terme de bonnes études au collège jésuite d’Arras, il s’installe à Paris avec sa mère en 1759 pour y parfaire son éducation mondaine en prenant des leçons de danse, de chant et de musique tout en suivant des cours au collège de Navarre. Écuyer à la Cour de 1760 à 1765, il résigne sa charge pour revenir en Artois et y gérer le domaine familial. Quatre ans plus tard, en 1769, il épouse la fille d’un riche gentilhomme qui lui donne trois fils et trois filles de 1771 à 1779. Son existence de gentilhomme campagnard ne tue pas en lui l’amour des lettres qu’il avait quand il vivait à Paris. Reçu à l’Académie d’Arras le 27 novembre 1772, il y prend régulièrement la parole à partir de 1778. En 1781, il décide de devenir le précepteur de son fils aîné, Antoine dit Vacquerie, âgé de dix ans, et de sa sœur, Jeannette, âgée de neuf ans. Quelques années plus tard, il commente cette expérience de précepteur en ces termes :
Il m’a passé par la tête de faire une entreprise courageuse et peut-être insensée d’être l’instituteur de tous mes enfants et de leur apprendre ce que je sais. Pour cela, j’ai quitté l’agriculture, il m’a paru impossible d’élever en même temps des veaux et des enfans. Je me suis donc mis dans le rudiment jusqu’au col. J’apprends le latin à mes filles ainsi qu’à mes garçons12.
5À lire cette lettre, on pourrait croire que Dubois de Fosseux réserve la fonction préceptorale aux pères. Il n’en est rien. C’est avec l’assistance de son épouse qu’il se fait l’instituteur de ses enfants. Fort de cette expérience, mais aussi de ses lectures, il théorise cette fonction de la mère éducatrice dans deux discours (?) prononcés devant l’Académie d’Arras, De l’utilité de la langue latine pour les femmes en 1782, et Des femmes et de l’éducation en 178313.
6Si les sources permettant de décrire avec précision l’éducation des garçons ne sont pas abondantes, il en existe au moins une que les historiens ont explorée depuis quelques années, les correspondances familiales, et en particulier les correspondances échangées entre les responsables des pensions et les parents des pensionnaires, entre ces mêmes parents et leurs enfants. Maurice Garden14, Dominique Julia15, Deirdre Dawson16 et moi-même17 avons montré tout le parti qu’il était possible d’en tirer. Mes recherches m’ont permis de constituer un vaste corpus de lettres comprenant :
- la correspondance échangée entre les parents des pensionnaires du collège de Lille et le principal de cet établissement en 1768-1770 et 1774-1780. Elle comprend 149 lettres en provenance de soixante-quatre correspondants résidant pour la plupart dans les Provinces-Unies et les Pays-Bas autrichiens qui fournissent un fort contingent de pensionnaires au pensionnat lillois. C’est évidemment fort peu quand on sait que le pensionnat a fonctionné sans interruption d’octobre 1767 à septembre 1789 accueillant en moyenne de quinze à vingt-cinq pensionnaires chaque année. Précisons encore que sur ces soixante-quatre correspondants, quarante-sept sont les pères, trois sont des tuteurs, treize sont les mamans et un la sœur aînée d’un pensionnaire.
- la correspondance de Jean Baptiste Joseph Carpentier, administrateur de biens seigneuriaux résidant à Lille, relative à l’éducation de ses trois garçons, soit 174 lettres sur un total de 5 904 recopiées dans de grands registres.
7Ces deux correspondances ont fait l’objet de plusieurs publications mettant en évidence les attentes éducatives des parents et leurs réactions devant les problèmes qui peuvent naître d’un séjour au pensionnat18. J’ai donc décidé de reprendre ce dossier, et en particulier la correspondance adressée au principal du collège de Lille, à la lumière de la problématique développée plus haut.
« La mère institutrice de ses enfants »
8Fondant sa problématique sur le partage des rôles sociaux qu’impose la nature, Dubois de Fosseux pose en principe que, dans le monde des élites, les pères n’ont guère de temps à consacrer à l’éducation de leurs enfants :
On vante partout l’éducation paternelle… Mais on finit presque toujours par gémir sur ce qu’elle est presque toujours impraticable. L’homme est destiné par l’usage de la société à remplir tous les emplois. Il tient la balance de Thémis ou l’épée de Mars, il vit dans un camp ou dans le sanctuaire de la justice, il défend ou il juge ses concitoyens. Il est impossible que tous ces pères de famille puissent s’attacher à la fonction assujettissante d’instruire eux-mêmes leurs enfants19.
9En revanche, les mères sont naturellement programmées par la nature pour éduquer et instruire leurs enfants : « Elles ne possèdent aucune charge qui puisse les distraire de ce devoir. Tous ceux qu’elles ont à remplir sont à l’intérieur de la maison ; rien ne les attire au dehors, elles peuvent veiller en tous tems sur leurs élèves20. »
10Prévoyant les objections que certains auditeurs, voire tous ses auditeurs, peuvent opposer à cette thèse de la mère institutrice de ses enfants21, Dubois de Fosseux juge bon de prouver que les femmes possèdent « assez de génie pour diriger une éducation ». Cette affirmation le conduit à passer en revue tous les éléments constitutifs de ce génie qu’il rassemble dans un véritable manifeste :
Quelque chose de plus que ce qu’on appelle du bon sens, un peu de ce qu’on appelle de l’esprit, beaucoup moins que ce qu’on appelle le génie, un certain nombre de connaissances, une façon de parler délicate, une patience à toute épreuve, du tact, de la finesse, du discernement, de la fermeté, surtout de la douceur, voilà ce qu’exige l’éducation et voilà ce que nous trouvons aisément dans les femmes22.
11Cette capacité des mères à instruire leurs enfants vaut aussi pour la religion :
Ceux qui s’intéressent à la religion me demanderont sans doute si les femmes seront capables de donner sur cette partie de l’éducation des instructions suffisantes à leurs élèves. Je suis loin de vouloir que les femmes tiennent écoles de théologie. Et pourquoi ne seraient-elles pas capables de conduire leurs élèves puisqu’il est devenu aussi nécessaire pour elles d’être munies de ce préservatif23.
12Cependant pour répondre pleinement à leur vocation naturelle d’institutrices de leurs enfants, les mères doivent apprendre le latin24. Elles auront ainsi les connaissances nécessaires pour devenir les institutrices de leurs enfants ou surveiller les maîtres qui seraient chargés de leur éducation :
Et alors même que la faiblesse de la santé ou d’autres considérations, le défaut de volonté même, empêcheront une femme instruite de la langue latine de se charger elle-même de procurer la même connaissance à ses enfants, elle aurait encore un avantage inestimable, celui de pouvoir veiller sur leur éducation, de connaître leurs progrès et de voir par elle-même si les maîtres qu’elle leur aura donnés sont dignes de sa confiance25.
13À la fois épouses, mères et institutrices, les femmes contribuent à l’égal de leurs époux au bonheur du foyer, à la régénération des mœurs et à la prospérité de l’État. La mère institutrice se voit ainsi assigner une mission civique dont Dubois de Fosseux précise l’intérêt dans une réponse aux réflexions d’un lecteur sur son premier discours publiées dans une gazette lilloise :
J’ai pensé que l’étude de la Langue Latine prouverait aux Femmes la facilité de se charger elles-mêmes de l’éducation de leurs enfants, de là comme d’une source féconde, j’ai vu couler la paix dans les ménages, l’intelligence entre les époux, l’attachement réciproque entre les enfants et leurs parents, l’amour de la vérité, l’ordre dans les familles, la tranquillité dans les villes, le patriotisme dans tous les cœurs, le bonheur et la prospérité de l’État26.
« J’ai l’honneur de vous remettre mon fils et de le recommander en vos soins paternels »
14L’analyse des lettres montre que la décision de placer un fils au pensionnat fait l’objet d’une concertation, voire de négociations au sein du couple. Les mères ne sont pas mises devant le fait accompli. Voici les Carpentier. Ils résident à Anvers et ils ont deux fils. L’aîné est pensionnaire au collège de Lille depuis son ouverture en 1768. Satisfait des résultats obtenus, le père souhaite faire suivre la même voie au cadet. Il en informe le principal, mais conclut sa lettre avec cette phrase : « Je sonderai la maman et vous ferai part de ma réussite ou de ma défaite27 », soulignant ainsi le rôle tenu par son épouse dans le choix du projet éducatif envisagé pour le cadet. Trois mois plus tard, la décision n’est toujours pas arrêtée et le papa écrit : « Il n’y a pas moyen de lui faire entendre raison pour le cadet, mais j’espère toujours de gagner quelque chose quand elle verra son aîné28. » En vain ! Le retour à Anvers du pensionnaire pour les vacances d’été ne suffit pas à vaincre les réticences de cette maman qui conclut une lettre à son fils aîné par cette formule : « Croiez moi toujours, Mon très Cher fils, Votre très affectionnée mère29 » Finalement, l’enfant reste à Anvers.
15Une fois arrêtée la décision de placer l’enfant dans un pensionnat, il reste à choisir l’établissement. Dans la quête d’informations, les mères tiennent leur place. François Vanden Cruyce signale : « À tout moment, toutes ces dames viennent chez nous pour s’informer et ne voudraient placer leurs enfants sans l’avis de mon épouse qui paraît être protectrice des enfants.30 » Ce rôle de conseillère tenue par Madame Vanden Cruyce est mis en lumière dans une lettre où elle confie au principal du collège : « J’attends au premier jour la comtesse Dassenede pour prendre des informations du collège que je donnerai en toute justice.31 »
16Quant à Madame Van Ceulen, elle espère que « son fils saura mettre à profit les bonnes instructions pour pouvoir le montrer à son retour comme un exemple aux personnes qui inclineraient à vous confier leurs enfants32 ».
17Rien ne lui serait plus agréable que « de gouter la satisfaction que son dit fils par son avancement concoure à vous adopter plus des élèves et que par conséquent le nombre s’en agrandisse33 ».
18Si le choix du pensionnat résulte d’un accord au sein du couple, on observe le même consensus quand il est question d’en retirer l’enfant. « Ni moy ni mon épouse ne sont dans l’intention de le renvoyer », écrit François Vanden Cruyce. On observera que tous les pères n’ont pas le courage d’informer le principal de cette décision et en laissent le soin à leur épouse. Louis Castel, après avoir informé son épouse qu’il a payé tout ce qu’il devait encore pour le dernier quartier de pension de son fils, lui signale qu’il n’a plus envie de le faire étudier. C’est son épouse qui, approuvant cette décision, prend la plume pour annoncer au principal que l’enfant va se présenter au collège avec son domestique pour en retirer tout ce qui lui appartient34.
19À lire les lettres, on s’aperçoit que les premiers jours de séparation sont une dure épreuve et une source d’inquiétudes pour les mères, sans doute encore plus pour celles qui sont veuves et attendent du principal qu’il remplace le père défunt. À cet égard, la première lettre de « la veuve Van Ceulen » écrite au principal du collège de Lille pour l’informer de l’arrivée imminente de son fils est exemplaire :
En l’espérance que vous recevrez celui-ci dans une parfaite santé, j’ai l’honneur de vous offrir mon fils et de le recommander dans vos soins paternels. Je ne doute point que vous le prendrez comme un fils sous votre protection. Après vous l’avoir bien recommandé à votre attention, je reste avec tout respect, Monsieur, votre très humble servante35.
20Les mamans craignent les difficultés d’acclimatation de leur progéniture. Voici le jeune Louis Carpentier, de Lille. Il a douze ans quand il entre au pensionnat du collège de Courtray, le 27 septembre 1775. Il ne connaît pas un seul mot de flamand. Dès le 4 octobre, le papa écrit à celui qui doit devenir le correspondant de Louis : « Sa maman qui m’a vu revenir fort triste est fort inquiette de savoir si son fils s’accoutume et s’il cesse de pleurer36. » Cinq jours plus tard, une lettre du principal du collège arrive qui rassure le papa et surtout la maman. « L’enfant a repris sa gayeté ordinaire et remplit ses petits devoirs à la plus grande satisfaction de ses maîtres. » La réponse du père est intéressante car elle marque la place de la mère dans le couple :
La lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 6 du présent mois a causé à moi et à mon épouse la plus grande joye. Nous étions tous deux dans la plus grande impatience de savoir comment notre jeune enfant a pu s’accoutumer dans une maison étrangère. Votre lettre, Monsieur, a dissipé nos craintes et nous avons appris avec une sensibilité indéniable que l’enfant par vos soins avait retrouvé sa gayeté ordinaire et remplissait avec plaisir ses petits devoirs37.
21À peine reçues, ces premières informations appellent des réponses. Les mamans prennent la plume, font part de leur joie, mais aussi de leurs inquiétudes persistantes. Et surtout, elles réclament d’autres nouvelles. Du 24 octobre 1769 au 4 janvier 1770, Madame Van Ceulen adresse cinq lettres au principal du collège de Lille38. À ce même principal qui s’inquiète du silence d’une mère, celle-ci répond avec une certaine véhémence : « Non Monsieur une mère ne peut pas abandonner son enfant et surtout moi qui aime tant le mien. Que je ne vous aye pas écrit plutot croyez moi Monsieur qu’il y a eu des empechements bien forts39. »
22Une autre maman justifie son long silence – deux mois – par les ennuis de santé de ses autres enfants :
Vous aurez été surpris peut être de ce que j’ai différé si lontems a vous donner de mes nouvelles, je vous dirai que l’embarras où je me suis trouvé par la petite verolle qu’ont eu mes quatre enfans en est partie la cause40.
23Les lettres des enfants sont attendues avec encore plus d’impatience que celles du principal. Dès leur réception, elles suscitent des réponses qui sont l’occasion pour les mamans de donner des nouvelles de toute la famille et de rappeler à leurs enfants qu’ils ne doivent pas oublier d’écrire :
Mon très Cher fils
Il me fait plaisir d’apprendre par votre dernière lettre que vous continuez a vous bien porter ; nous jouissons aussi grâce a dieu d’une santé parfaitte ; nous partons demain pour la campagne pour y passer trois ou quatre jours avec votre cousin jan carpentier ; je crois qu’il arrivera aujourd’hui… Je vous recommande d’être exact a ecrire le jeudy comme vous etes accoutumé. Votre sœur et frere vous font mille compliments et vous embrassent en idée ce que je fais de même et vous donne ma bénédiction adieu mon cher enfant portés vous bien et croyez moi toujours Mon très Cher fils Votre tres affectionnée Mere41.
24Si le courrier des enfants tarde à venir, les mères, mais aussi les pères, les rappellent à leur devoir : écrire une lettre au moins une fois par semaine. Retenu à Paris pour y débrouiller les affaires du prince Louis de Salm, Jean-Baptiste Carpentier accompagne l’envoi de vêtements à ses deux garçons de cette admonestation : « Je vous invite à profiter de cette occasion pour donner de vos nouvelles ainsi que celles de votre frère à Madame vôtre chère Mère qui est surprise de ce que vous ne lui avez pas encore écrit. » Il lui recommande de rappeler à son frère cadet qu’il doit « aussi donner de tems en tems des nouvelles à Mad. Sa chère maman42 ».
25Si l’absence de nouvelles est parfois attribuée à la paresse des enfants, elle est, le plus souvent, interprétée par les mamans comme la possible conséquence d’une maladie. Les il y a déjà longtemps que je n’ai reçu aucune nouvelle de mon fils, je commence à être inquiète de sa santé sont fréquents dans leurs lettres.
26Indiscutablement, l’hygiène, la santé et la maladie sont trois soucis majeurs pour les mamans. Toutes exigent d’être informées immédiatement des accidents de santé qui peuvent survenir. L’éloignement renforce l’inquiétude qui grandit quand les nouvelles tardent à venir. À la lecture de cette lettre d’A. Carpentier :
Les fréquentes absences que j’ai faites depuis peu ont été cause que je n’ai point répondu plutot a la lettre par laquelle vous me mandiez l’incommodité de mon fils. Quelle alarme pour la maman mais Dieu merci le calme est revenu depuis qu’il a mandé qu’il est entièrement rétabli. Je vous auré beaucoup d’obligation de vouloir me mander au juste chaque fois qu’il pourrait se trouver incommodé. Par la, la maman se tranquillise car vous ne sauriés imaginer combien elle idolâtre ses enfans43,
27on devine le désarroi et l’amour d’une mère.
28L’inquiétude des mamans les conduit à multiplier les mises en garde, les conseils et les recommandations. Madame Van Ceulen accepte que son fils ait une chambre chauffée, mais :
ce n’est point pour y être toujours puisque j’ai déjà trouvé que quand il est toute la journée dans un appartement chaud, sa maladie de peau est encore pire que quand il reçoit journellement de l’air : je vous prie pour cela quand les autres Messieurs ont leur tems de plaisir que vous lui permettiez s’il fait son devoir d’y être présent, car l’exercice du corps lui est fort utile pour la santé44.
29La comtesse de Ligny dont le fils souffre d’humeurs à la tête, attribuées aux suites d’une petite vérole, et momentanément guéries par des saignées, s’en remet aux bons soins du chirurgien du collège. En même temps, elle manifeste ses craintes des railleries dont son fils risque d’être l’objet de ses camarades. Elle s’en explique en ces termes :
Puisqu’elles reprennent le même cours il n’y a autre chose a faire que de lui couper les cheveux et de suivre les avis de M. Chatenay. Du reste si cela demande des soins qui vous serait à charge ou qui exposerait l’enfant à quelques mortifications de ses compagnons je ne trouverais pas mauvais que vous me le dissiés. Quant à la perruque ayez la bonté de l’ordonner comme vous le jugerez à propos et par qui vous voudrez. Je ne saurai mettre en meilleures mains l’exécution de cette facheuse nécessité il conviendrait Monsieur qu’il ait sous sa perruque une calotte de papier45.
30Quelques jours plus tard, toujours inquiète, elle annonce l’envoi d’une pommade qui avait eu des effets bénéfiques quelques mois auparavant.
31Quand les signes de guérison tardent à se manifester, en accord avec les idées du temps, les mères proposent un changement d’air :
Maintenant que les vacances sont proches je vous prie de lui accorder la permission de les venir passe chez moi, je crois qu’un changement d’air lui est nécessaire pour récupérer la santé qui est médiocre, je vous dirai même qu’elle me cause de grandes inquiétudes. Vous me feriez plaisir de le laisser partir le plus tot possible46.
32Voici le jeune Vanden Cruyce qui souffre d’une humeur aux yeux. Si la maman témoigne de sa satisfaction devant les soins qui lui sont donnés : « J’ay appris avec plaisir que vous avez eu l’attention de faire prendre à mon fils pendant quelques jours du petit lait et ensuite une médecine afin de lui faire passer l’humeur quil a gagnée aux yeux », elle n’en ajoute pas moins :
Vous ne me dites pas l’effet que cela a produit ce qui me fait croire quils sont toujours dans le même etat, etant ainsi et que celle-ci dure encore quelque tems, je suis resolu de le faire revenir afin de faire passer cette humeur47.
33Les mères sont aussi sensibles au confort de leurs enfants. C’est ainsi que Madame d’Ostrel de Saint Marcq envoie un ouvrier de Tournai à Lille pour vérifier le type de lit de son « petit ». Elle exprime sa satisfaction de savoir que son émissaire juge les lits du pensionnat « très bien pour des jeunes gens48 ».
34Les mères ont-elles des vues précises sur les études de leurs fils en les plaçant dans un pensionnat ? On pourrait le croire à la lecture des lettres de Madame Van Ceulen. L’entrée de son fils au collège de Lille est précédée d’un courrier précisant ses attentes :
Ma plus grande intention est qu’il apprenne la langue française et qu’il retienne aussi bien son ecrire et chiffre et que vous ayez la bonté de lui procurer un bon maître à chanté et pour faire les armes, au reste ce que vous jugez le plus à propos pour les exercices de l’école49.
35Trois semaines après les premiers pas de son fils au collège, elle reprend la plume pour renouveler ses demandes :
Je n’épargne rien en honnetteté pour qu’il reçoive une bonne education, que vous lui soignez un precepteur docte, zélé et éclairé, qu’il lui donne des lumières nécessaires car je desirerai fort qu’il se perfectionne dans la langue française, l’arithmetique et l’ecriture50.
36Cinq semaines plus tard, nouvelle lettre qui rappelle au principal que l’enfant doit « s’approfondir dans la langue française, l’aritmetique et l’ecriture qui lui sont essentiel a savoir51 ». Enfin, le 27 février 1769, nouvelle lettre pour insister à nouveau sur l’apprentissage du français « qui lui sera plus utile que le latin ». Cette insistance de Madame Van Ceulen se comprend à la lumière du projet professionnel destiné à son fils :
Je pense qu’après deux années qu’il puisse profiter de vos instructions le placer dans un comptoir pour pouvoir suivre le commerce52.
37Madame Van Ceulen qui, faut-il le rappeler, est veuve, constitue une exception. En effet, toutes les autres lettres de notre corpus traitant du contenu des études ou de l’avenir professionnel sont écrites par les pères. On se gardera de conclure hâtivement à un partage des rôles sur cette question. Les correspondances étudiées par Maurice Garden, Dominique Julia et Deirdre Dawson montrent que de nombreuses mères donnent leur avis sur ces sujets53.
38En revanche, nos mamans sont beaucoup plus loquaces dès qu’il est question de la conduite et des défauts de leurs enfants. Madame C. J. Lombaert, informée de l’amélioration de la conduite de son fils qui laissait quelque peu à désirer, écrit au principal pour s’en féliciter tout en lui indiquant la conduite à suivre :
Plus il est grand et avancé et agé en étude, plus je vous prie, Monsieur, de faire vigiler sur sa conduite et l’honorer de vos sages réprimandes quand il s’ecartera de ses devoirs ou manquera d’obéissance à ses Maîtres. Je l’exige d’autant plus que quand une jeunesse semblable à l’arbrisseau n’est point liée et réprimandée en son temps, bientôt croissant en age l’autorité des parens n’a plus d’impression sur elle et ne vise a son tour qu’a se decharger d’un fardeau qui lui semble difficile a porter. L’exemple qui n’en est que trop frequent parmi nous au deplaisir de plusieurs nous enseigne en les contemplant la route que nous devons entrer, et dont vous, Monsieur, qui me remplacez comme supérieur de votre college ne devez point vous ecarter pour la discipline de vos jeunes élèves54.
39Une autre maman prend la plume pour manifester son désarroi devant la conduite de son fils qui s’est enfui du collège :
J’ai l’honneur de vous écrire ces lignes pour vous tirer d’inquiétude et vous donner part que mon fils étais arrivé chez moy avant votre lettre, il est arivé mardy le soir le 8 du courant. Je vous promet que ma surprise etais extreme lorsque je le vois. Comme je n’ajoute point foi a un deserteur je vais tenir des informations a lille pour etre informée de la verité et si elles ont fausses je vous le renverrai tout de suite. Je suis au desespoir de ce qui est arrivé55.
40Si on en croit un père conseillant au principal du collège de Lille de ne pas se laisser impressionner par les mamans qui « n’entendent rien en matière de bonne éducation et voudraient qu’on perfectionne leurs enfans en leur faisant leurs petites volontés. Si on a la fermeté nécessaire ; cela s’appelle chez elles dureté et tyrannie. Suivé vos bons principes avec les petits ménagemens qu’exige absolument le tempérament du pays56 », celles-ci seraient enclines à se soumettre aux caprices de leurs fils.
41Il est incontestable que, dans certaines circonstances, nos pensionnaires préfèrent s’adresser à leur mère plutôt qu’à leur père. C’est à sa maman que le jeune Demonge écrit pour le renouvellement de sa garde-robe. L’affaire se fait dans le plus grand secret. Le papa informé par le principal écrit :
J’ignorais totalement que Madme Demonge avait contribué a procurer un habit et un chapeau neuf, j’en suis vrayment content… Vous m’auriez beaucoup obligé de me mander la somme que Madme Demonge vous a adressé pour lui57.
42C’est aussi à sa maman que le dernier fils de Jean-Baptiste Carpentier dont les médiocres résultats scolaires ont suscité quelques mercuriales paternelles écrit pour avoir un précepteur58. C’est encore à la maman que le fils aîné Louis, souffrant d’engelures aux mains, s’adresse pour obtenir de revenir à Lille en décembre 1782 pendant les vacances de Noël. Excédé, son mari écrit à son épouse :
Vous êtes bien la maîtresse de faire venir Louis pour les vacances de noël. Si l’engelure était un mal qui empêche d’étudier, peu d’écoliers frequenteraient les classes […] Quant à Louis vous le ferez venir ou lui direz de rester59.
43Madame Carpentier, toujours, « oublie » d’informer son époux « des places et des prix » que les trois enfants « ont pu remporter60 ».
44Ces quelques exemples semblent donc donner raison à ce père qui dénonce la faiblesse des mères. La réalité est plus complexe. En effet, que montrent les lettres ? C’est en premier lieu qu’elles veulent comprendre les raisons qui peuvent motiver les jugements portés par les responsables de l’éducation de leurs enfants. Au principal qui se plaint de son fils, une maman répond sur le champ :
J’aÿ reçu avec surprise la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’ecrire touchant le caractaire de mon fils. Il faut qu’il soit bien changé depuis quil demeure chez vous puisque ses maîtres m’ont toujours dit quil etait un bon garçon qu’on pouvait plier avec bonté… J’aÿ eu quatre filles à Marquette et les maîtresses m’ont dit que si toutes leurs pensionnaires etaient de ce caractere elles auront lieu d’être contentes et j’ai eu deux fils a Tournay et n’en ai jamais eu de plaintes… je suis fort sensible de l’entendre du plus jeune61.
45Ce souci de comprendre, voire d’absoudre l’enfant indiscipliné, s’accompagne d’un refus chez les mères, comme chez les pères aussi, de toute rudesse disciplinaire. Elles n’hésitent pas à le faire savoir au principal du collège comme en témoigne une longue lettre de la comtesse de Ligny qui se fait l’écho des plaintes de ses enfants :
La crainte de vous être importune me retienderais si la confiance ne l’emportait. Comme ayant toute authorité et ne pouvant encore connaître tous vos sujets, permettez Monsieur que je vous expose les larmes et les plaintes de mes enfans contre leur maître de quartier. Je ne sais rien de particulier mais ils me prient de vous en faire part ce qui vous donne une grande idée du respect et de l’amour qu’ils vous portent. Je vous prie Monsieur d’avoir la bonté de prendre connaissance des punitions déplacées qu’il exerce avec eux. Je connais le caractere de mes enfans. Ils n’ont besoin que d’une fermeté douce et sans rigueur. Je ne les crois pas capables à moins qu’ils ne soient entrennés à une désobéissance qui puise irriter un maître62.
46C’est aux parents, et aux parents seuls, qu’il appartient de corriger leurs enfants si cela est nécessaire conclut une autre maman qui réclame qu’on traite son fils « avec un peu plus de douceur ».
47Le séjour au pensionnat représente un investissement important63 dont les mamans sont fort conscientes. Au principal du collège de Lille qui lui suggère de prendre un précepteur pour son fils moyennant une rétribution supplémentaire de 400 livres, Madame Van Ceulen répond : « J’ai vu entre autres que vous me dites de prendre un précepteur pour mon fils ce que je ne peux approuver puisque je trouve que s’il veut profiter de son tems qu’il peut aussi bien apprendre que les autres Messieurs qui sont avec lui64. »
48Néanmoins, les difficultés d’adaptation de son fils et ses médiocres résultats lui font rapidement comprendre la nécessité d’en passer par cette dépense supplémentaire :
D’abord qu’il soit pour son mieux, comme je m’en flatte, je n’épargne rien pour qu’il reçoive une bonne education que vous lui soignez un precepteur docte, zélé et éclairé, qu’il lui donne les lumières nécessaires65.
49On ne sait pour quelles raisons, ce précepteur est renvoyé. Madame Van Ceulen ne manque pas de faire part de son étonnement :
Comme j’ignore les raisons qui vous ont fait prendre cette partie et que j’ai abandonné mon dit fils a votre sage prudence et zelée direction, je ne peut qu’approuver tout ce que vous y avez jugé de faire, mais sur ce que premierement, vous m’aviez meme conseillé d’en donner un a mon fils, et qu’alors il aurait encore mieux eu son instruction et même plus des secours que d’etre au rang des autres, c’est ce qui m’a fait resoudre que vous lui en donniez un dit precepteur […] et que par votre presente lettre vous detruisez tout a fait, ce qui fait que je ne comprend pas trop bien ce qu’il en est, enfin c’est une chose conclue, je la laisserez la66.
50Si les mères acceptent de faire des sacrifices pour « la bonne éducation » de leurs fils, elles souhaitent en même temps qu’ils se montrent économes. Aussi n’hésitent-elles pas à leur rappeler que la pension coûte cher et qu’il n’est pas question d’abuser des dépenses extraordinaires. Elles sont particulièrement attentives aux dépenses d’argent de poche dont elles blâment le gaspillage. Madame Van Ceulen, inquiète des dépenses de son fils qu’elle juge immodérées, s’en plaint vivement auprès du principal :
Ce qui me choque dans mon fils c’est la dépense qu’il fait. Je suis surpris et ne peux le comprendre à quoi va son argent de poche. Vous me ferez plaisir de m’en donner part s’il vous est connu.
51Cependant soucieuse d’expliquer, voire d’excuser, cette prodigalité, elle met en cause les fréquentations de son fils :
Je ne puis lui en donner tout le tort. Mons. Gilles en est cause en partie et ce qu’il lui a dit l’ont porté à agir ainsi de telle sorte, de quoi j’ai bien du deplaisir car la jeunesse est toujours portée a la dépense sans qu’on la lui presche fussent ils fils de roi
52tout en décidant de faire preuve de fermeté :
Enfin, j’ai taxé les menus plaisirs de mon fils par semaine et ai prié Monsieur Deebroek de porter mon fils a l’economie contraire aux maximes que M. Gilles lui a voulu inspirer67.
53Toutes les mamans ne font pas preuve de la même fermeté si on en croit une fois encore les remarques des pères. L’un d’eux signale : « Entre nous la maman lui a envoyé par la voiture deux écus68. »
54Enfin chez nos mamans, le souci de l’âme n’est pas un souci majeur. Les questions touchant à l’éducation religieuse et à la première communion n’apparaissent pas dans leurs lettres alors qu’elles sont présentes dans celles des pères. On n’en conclura pas qu’elles s’en désintéressent totalement comme le montre cette remarque du beau-père du petit Vanden Cruyce au principal du collège de Lille :
Sa mère ny moy ne s’en mellent plus, nous nous reposons en vos soins ordinaires et quand les maîtres trouveront à propos de luy faire faire sa première communion, nous seront charmés qu’il la fasse chez vous69.
55 Conclusion
56Au terme de cet examen des discours de Dubois de Fosseux et des lettres échangées entre les mères de pensionnaires et les principaux de collèges que pouvons-nous retenir ? C’est tout d’abord le vibrant plaidoyer de Dubois de Fosseux pour faire de la mère l’institutrice de ses enfants. Les mères, tout au moins celles qui appartiennent aux catégories supérieures de la société peuvent et doivent à l’égal des pères revendiquer la fonction préceptorale pour diriger les études de leurs enfants. Quant aux lettres, elles montrent que les mères, comme les pères, ne sont pas des êtres insensibles qui voient dans le pensionnat le moyen de se débarrasser de leurs garçons. Les mamans que nous rencontrons dans la correspondance témoignent d’une grande sensibilité et d’une attention permanente à l’avenir et au sort de leurs garçons dès lors qu’ils sont remis entre des mains étrangères pour parfaire leur éducation. Sans doute, cette attention est-elle encore plus grande quand la mère, veuve, est seule pour prendre des décisions qui engagent l’avenir du fils chéri. Mais comme le montre notre corpus, les veuves ne sont pas les seules à prendre la plume et à décider de l’avenir des fils.
57Les quelques exemples que nous avons rassemblés infirment l’idée d’une rupture brutale, telle qu’elle était suggérée par Y. Knibiehler et C. Fouquet, dans la relation mères-fils70. Dès l’Ancien Régime, les mères que nous avons rencontrées s’investissent dans l’éducation de leurs fils. Il n’y a ni rupture ni innovation, mais une continuité encore mal connue. L’histoire des mères au xviii e siècle, toujours focalisée sur la relation mères-filles, gagnerait donc en profondeur en cessant d’occulter la forte relation mères-garçons que les correspondances familiales nous révèlent.
Notes de bas de page
1 Y. Knibiehler, C. Fouquet, Histoire des mères du Moyen Âge à nos jours, Paris, Éditions Montalba, 1977.
2 É. Badinter, L’amour en plus, histoire de l’amour maternel (xvii e - xx e siècle), Paris, Flammarion, 1980.
3 —, Histoire des femmes en Occident [III], xvi e - xviii e siècle, Paris, Plon, 1992.
4 Y. Knibiehler, C. Fouquet, Histoire des mères…, op. cit., p. 106.
5 Ibid., p. 107-119.
6 É. Badinter, L’amour en plus…, op. cit., p. 119.
7 Y. Knibiehler, C. Fouquet, Histoire des mères…, op. cit., p. 192-198, « Mères et fils ».
8 É. Badinter, L’amour en plus…, op. cit., p. 195-237, « La nouvelle mère »
9 O. Hufton, « La mère éducatrice », N. Zemon Davis, A. Farge, (dir.), Farge A. (dir.), Histoire des femmes., op. cit., p. 54-59.
10 M. Sonnet, « Les leçons paternelles », Jean Delumeau, Daniel Roche (dir.), Histoire des pères et de la paternité, Larousse, 1990, p. 259-278.
11 Sur Dubois de Fosseux, voir L.-N. Berthe, Dubois de Fosseux, secrétaire de l’Académie d’Arras, 1785-1792 et son bureau de correspondance, Arras, 1969, p. 431.
12 Lettre au docteur Terrède, 6 juin 1786, citée dans L.-N. Berthe, p. 77.
13 Je remercie M. Ludovic de Fosseux et sa famille qui m’ont permis d’exploiter les archives de leur ancêtre en cours de classement. Une première étude de ces discours a été présentée dans P. Marchand, « Propos d’un noble artésien sur l’éducation. Les discours de Dubois de Fosseux 1782-1783 », R. Grevet, P. Marchand (dir.), Les débuts de l’École républicaine (1792-1802), Actes du colloque organisé par l’URA CNRS 1020, 23-25 novembre 1995, Revue du Nord, tome LXXVIII, octobre-décembre 1996, p. 695-708.
14 M. Garden, « Pédagogie et parents d’élèves au collège de la Trinité (Lyon, 1763-1792) », Cahiers d’histoire, t. XIV, 1969, p. 31-392.
15 D. Julia, « « Je vous ai confié ce que j’ai de plus cher… », Le famiglie degli allievi scrivono alla scuola di Tourno », Quaderni Storici, 19e année, n° 57, décembre 1984, p. 819-856. D. Julia, « La correspondance entre le supérieur du collège de Tournon et les parents des pensionnaires à la fin du xviii e siècle », Actes du Colloque du 28 mai 2005 Correspondances de l’École Royale militaire de Tournon au xviii e siècle, Revue du Vivarais, tome CIX, n° 3, juillet-septembre 2005, p. 147-193. Version remaniée et élargie de l’article de 1984.
16 D. Dawson, « « Chère Maman » : Lettres de deux des derniers « élèves du roi » au collège militaire de Tournon à l’époque de la Révolution (1786-1791) », Actes du Colloque du 28 mai 2005 Correspondances de l’École Royale militaire de Tournon au xviii e siècle, Revue du Vivarais, tome CIX, n° 3, juillet-septembre 2005, p. 195-218.
17 P. Marchand, « Les parents et l’éducation dans les collèges de la France du Nord : des parents écrivent 1768-1780 », Livre et Lumières dans les Pays-Bas français de la Contre-Réforme à la Révolution, Publication du Cercle Archéologique de Valenciennes, t. X, volume I, Valenciennes, 1987, p. 29-50.
18 P. Marchand, « Depuis les Pays-Bas autrichiens et les Provinces-Unies, des parents écrivent au principal du collège de Lille 1768-1780 », LIAS Sources and documents relating to the early modern history of ideas, XII/1, 1985, 193-243. P. Marchand, « Un père et ses enfants au xviii e siècle. Lettres, 1768-1787, de Jean-Baptiste Carpentier (1731-1788) », LIAS Sources and documents relating to the early modern history of idea, 1996, 23/1 et 2, p. 99-260.
19 De l’utilité…, op. cit., f°19-20.
20 Ibid., fo 21.
21 « Je m’attends à des objections et je vais les prévenir » (De l’utilité…, op. cit., fo 23).
22 Des femmes et de l’éducation…, op. cit., fo 24-25.
23 Ibid., fo 20-21.
24 Dubois de Fosseux est un ardent défenseur du latin : « Cette langue sera toujours nécessaire dans l’éducation des hommes à moins qu’on ne change toutes nos institutions, tous nos usages, tous nos principes et même notre religion » (Ibid., fo 22).
25 Ibid., fo 22.
26 Dubois de Fosseux, « Réponse aux deux Lettres de M. le Marquis de Fosseux, insérée dans les n° 70 et 71 des Feuilles de Flandres », Feuilles de Flandres, 17 mai 1782.
27 Archives départementales du Nord (ADN), D 614/44 lettre datée de Regelsbrugge, 24 septembre 1769, signée A. Carpentier.
28 ADN, D 614/4, lettre datée d’Anvers, 21 décembre 1769, signée A. Carpentier.
29 ADN, D 614/4, lettre datée d’Anvers, 9 octobre 1769, signée T. Carpentier née Goris. Nous respectons scrupuleusement l’orthographe des lettres.
30 ADN, D 615, lettre datée de Gand, 26 mars 1769, signée François J Vandencruyce.
31 ADN, D 615, lettre datée de Gand, 29 avril 1769, signée B Vandencruyce née Depotter.
32 ADN, D 615, lettre datée d’Amsterdam, 27 février 1769.
33 ADN, D 615, lettre datée d’Amsterdam, 24 octobre 1768, signée La veuve Ad. Van Ceulen.
34 ADN, D 615/16, lettre datée de Roubaix, 22 septembre 1769, signée femme de Louis Castel.
35 ADN, D 616/16, lettre datée d’Amsterdam, 4 octobre 1768, signée La Veuve d’AD. Van Ceulen née E. Van de Putte.
36 ADN, Cumulus 584, lettre datée de Lille, 4 octobre 1775.
37 ADN, Cumulus 584, lettre datée de Lille, 10 octobre 1775, signée J.-B. Carpentier.
38 ADN, D 615/16.
39 ADN, D 615/16, lettre datée d’Amsterdam, 7 septembre 1769, signée Votre tres humble servante Me Sanders de Negret.
40 ADN, D 615/16, lettre datée de Gand, 3 décembre 1769, signée B. Vanden Cuyce née Depotter.
41 ADN, D 615/16, lettre datée d’Anvers, 9 octobre 1769, signée T. Carpentier née Goris.
42 ADN, Cumulus 497, lettre datée de Paris, 20 octobre 1778.
43 ADN, D 614/44, lettre datée d’Anvers, 21 décembre 1769, signée A. Carpentier.
44 ADN, D 615/16, lettre datée d’Amsterdam, 24 octobre 1768, signée La veuve Van Ceulen.
45 ADN, D 615/16, lettre datée de Ligny, 14 juin 1768, signée Le Clément de Ligny.
46 ADN, D 615/16, lettre datée d’Anvers, 28 juillet 1776, signée La veuve de Jérôme Van Wamel.
47 ADN, D 615/16, lettre datée de Gand, 29 avril 1769, signée B Vandencruyce née Depotter.
48 ADN, D 615/16, lettre datée de Taintegnies, 6 août 1768, signée d’Ostrel de Saint Marcq.
49 ADN, D 515/16, lettre datée d’Amsterdam, 4 octobre 1768, signée La veuve d’Ad. Van Ceulen.
50 Ibid., 10 novembre 1768.
51 Ibid., 28 décembre 1768.
52 Ibid., 26 décembre 1768.
53 Cf. note 13.
54 ADN, D 615/16, lettre datée d’Anvers, 20 août 1774, signée L’épouse de C. J. Lombaert.
55 ADN, D 615/16, lettre datée de Gand, 10 ( ?) 1770, signée Baston née Della Faille.
56 ADN, D 615/16, lettre datée de Tournai, 3 janvier 1769, signée De Harne.
57 ADN, D 615/16, lettre datée de Bergues, 22 juin 1769.
58 ADN, Cumulus 500, lettre datée de Lille, 14 octobre 1782.
59 Ibid., lettre datée d’Ellezeeles, 28 décembre 1782. Louis est alors étudiant à Douai.
60 Ibid., lettre datée d’Isques, 12 septembre 1782.
61 AdN, D 615/16, lettre datée de Gand 28 juin 1769, signée I P D’Hooghe épouse de François de Vliegher.
62 ADN, D 615/16, lettre datée de Ligny, 20 juin 1768, signée Le Clément de Ligny.
63 Le coût de la pension est de 333 livres pour le régime le plus simple (nourriture, lumière, service de la chambre et étrennes aux domestiques), 480 livres pour le régime le plus onéreux comprenant outre les prestations citées la fourniture du mobilier de la chambre, le blanchissage et l’entretien complet du linge et des vêtements, le matériel scolaire, le perruquier et le maître de danse.
64 ADN, D 615/16, lettre datée d’Amsterdam, 10 novembre 1768, signée La veuve d’Ad. Van Ceulen. Elle paie 1 500 livres pour la pension de son fils logé dans une chambre particulière. Il est probable que cette somme comprend le logement et l’entretien d’un domestique particulier attaché au service du jeune Van Ceulen.
65 Ibid.
66 Ibid., 26 décembre 1768.
67 Ibid., 26 octobre 1769. Monsieur Gilles est un condisciple. Deubroeck est le correspondant lillois du jeune Van Ceulen.
68 ADN, D 615/16, lettre datée d’Anvers, 9 octobre 1769, signée A. Carpentier.
69 ADN, D 615/16, lettre datée de Gand, 5 janvier 1769, signée François Vandencruyce.
70 Y. Knibiehler, C. Fouquet, Histoire des mères…, op. cit. Cf. dans la deuxième partie de l’ouvrage le développement « Mères et fils ».
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