Révéler l’obscur, inventer la vie : trois Vies imaginaires de Marcel Schwob (Erostrate, Clodia, Cecco Angiolieri)
p. 157-169
Texte intégral
1L’œuvre de Marcel Schwob tire son origine de la vaste érudition de l’auteur pour qui l’écriture est intimement liée à ses lectures. Dans Vies imaginaires, Schwob s’appuie sur des sources littéraires ou historiques qui lui servent à élaborer la vie de ses protagonistes. Rien de plus naturel, en effet, que de prendre en considération les témoignages véhiculés par la tradition pour raconter l’existence – fût-elle fictionnelle – de personnages ayant réellement vécu. Ainsi, un tiers environ des Vies imaginaires consiste en la réécriture d’une biographie préexistante : vies de philosophes d’après Diogène Laërce, de peintre d’après Vasari, de pirates d’après Defoe. Mais, dans la plupart des cas, les témoignages sur les individus choisis par Schwob sont rares, inconsistants ou bien très lacunaires. À partir des Vies d’Erostrate, de Clodia et de Cecco Angiolieri, nous souhaitons présenter trois pratiques mises en œuvre par l’écrivain pour pallier la carence d’informations sur ces personnages peu connus ou inconnus et construire leur existence à partir d’autres textes. L’étude de ce substrat hypotextuel dévoile à la fois l’importance de l’obscurité dans la création des Vies imaginaires et l’art du faussaire qui accroît le caractère fictionnel des protagonistes de cette œuvre.
Construire une Vie : l’inventio schwobienne
2Erostrate, Clodia et Cecco Angiolieri appartiennent à ces figures obscures dont l’Histoire n’a transmis que le nom, la légende ou les vers. Faute de témoignages circonstanciés, la vie de l’incendiaire qui embrasa le temple d’Artémis à Ephèse est totalement inconnue. Les rares documents sur la matrone romaine ne permettent pas davantage de se faire une idée précise de l’existence réelle de la sœur du tribun Clodius. Quant au poète italien, peu de renseignements nous sont parvenus sur ce contemporain de Dante, dont la biographie ne fut reconstituée qu’à partir de son œuvre1. Pour reconstruire leur destinée, l’écrivain conjugue au principe de fiction, fondateur de la vie imaginaire, une apparence de réalité qui consiste à utiliser les biographèmes d’individus appartenant à la même sphère spatio-temporelle que ses protagonistes ou bien les informations sur eux transmises par leurs contemporains ou encore, pour les écrivains, les données fournies par leur œuvre. Ainsi, les Vies d’Erostrate, de Clodia et d’Angiolieri illustrent chacune une pratique particulière par laquelle le biographe a pu réinventer leur vie.
3Le paradigme de la construction d’une existence à partir de la biographie d’un autre personnage est la vie imaginaire de « Frate Dolcino », qui se nourrit des actions et des idées de l’un des précurseurs de l’hérétique, Gherardo Segarelli, dont l’existence est mieux connue2. Ce procédé est ébauché trois mois auparavant dans la « Vie d’Erostrate ». Pour pallier l’insuffisance des documents sur ce dernier, Schwob élabore sa biographie en s’inspirant de celle d’un autre personnage antique, Héraclite, présenté dans la « Vie d’Erostrate » comme le maître à penser de l’incendiaire.
4L’appartenance à la même cité ainsi que l’importance du feu dans le système philosophique de l’un et dans le destin de l’autre expliquent le rapprochement entre les deux hommes par Schwob. Ajoutons qu’à la date à laquelle la « Vie d’Erostrate » est publiée dans Le Journal (4 octobre 1895), Schwob a déjà utilisé le recueil de biographies de Diogène Laërce pour écrire les Vies d’Empédocle (29 juillet) et de Cratès (25 septembre) et que cette dernière précède immédiatement l’écriture de la Vie de l’incendiaire. Ces relectures des Vies et doctrines des philosophes illustres ont probablement engendré chez le biographe l’idée de convoquer Héraclite dans la biographie d’Erostrate, une des marques principales de l’originalité de ce récit.
5Schwob construit son protagoniste à partir du caractère du philosophe, dont il est un double encore plus excessif. Héraclite apparaît bien comme le modèle d’Erostrate : même misanthropie, même caractère dédaigneux, même désir de solitude. Diogène Laërce rapporte qu’« il était d’esprit hautain, plus que personne, et méprisant […] », qu’« il prit les hommes en haine, et vécut à l’écart dans les montagnes, se nourrissant d’herbes et de plantes3 ». C’est l’image même d’Erostrate, exilé « au flanc du Koressos, dans un caveau creusé par les Anciens » (p. 3754). Le caractère d’Erostrate souligne l’outrance de son comportement, notamment à travers l’affirmation péremptoire de sa supériorité et son dédain à l’égard de l’argent et des femmes. Mais Erostrate trahit l’enseignement du maître qu’il s’est donné, lorsque ses excès se muent en hybris, faute capitale pour les anciens. Héraclite pensait, en effet, qu’« il faut éteindre la démesure plus encore qu’un incendie5 ». Pour s’être autoproclamé dieu, avoir incendié un temple et voulu provoquer par ce geste l’ékpyrôsis, l’embrasement du monde, signe de la fin d’un cycle temporel, le coupable ne pouvait qu’être châtié à la mesure de son acte, à la damnatio nominis.
6Pour élaborer la « Vie de Clodia », Schwob recourt à une autre formule en utilisant l’œuvre de contemporains du protagoniste, présents dans sa vie imaginaire. Schwob a déjà exploité ce procédé dans un récit antérieur : la biographie fictionnelle de Pocahontas consiste pour une grande part en une traduction de fragments du dernier récit de voyage6 de John Smith, dont le témoignage est capital en raison de son intimité avec la princesse indienne. De ce point de vue, l’explorateur britannique joue le même rôle dans l’écriture de la Vie de Pocahontas que Catulle et Cicéron dans la « Vie de Clodia », tous deux ayant été des proches de la matrone.
7Nous limiterons notre examen des sources de la « Vie de Clodia » à la dette de l’écrivain envers Catulle, dont des bribes de poèmes viennent étayer la fiction schwobienne7. Excepté quelques noms de personnages, les emprunts aux poèmes de Catulle ne concernent que les passages purement inventés par Schwob, au début et à la fin de la « Vie de Clodia », comme si la fiction schwobienne se nourrissait avant tout d’une œuvre d’imagination, non plus d’Histoire mais de littérature.
8On ignore tout des premières années de Clodia avant son mariage. C’est l’occasion pour Schwob de présenter sa famille et les occupations des six frères et soeurs. L’un des divertissements de Clodia et de sa fratrie consiste en une parodie du mariage qui s’achève dans un rapport incestueux : Clodius est lié « sous les seins avec une ceinture souple » et recouvert « d’un voile couleur de feu » (p. 386), puis il se met au lit avec ses sœurs. À Rome, lors d’une union conjugale, la future épouse revêtait un voile de cette couleur, le flammeum, utilisé pour ses vertus fécondantes. Cette réalité historique est décrite dans le poème 61 des Poésies de Catulle, qui apparaît comme une source indéniable de la « Vie de Clodia ». Plusieurs éléments de ce poème, en effet, sont réutilisés par Schwob : le « voile couleur de flamme » (« flammeum », v. 122), « la ceinture » liée « sous les seins » (« Zonula soluunt sinus », v. 53) que dénouent les vierges, les « noix » données aux enfants (« da nucespueris », v. 131). Ainsi, le voile de la mariée et la ceinture des vierges sont affectés au déguisement de Clodius tandis que les noix évoquent les jeux de ses frères. Ici, les expressions de Catulle permettent d’étoffer la biographie de Clodia et de lui donner une couleur locale, gage de réalisme.
9D’autres détails de la « Vie de Clodia » sont aussi empruntés aux Poésies de Catulle, cette fois à la fin du récit. Ainsi, « les carrefours et les passages étroits » (p. 388) où erre la matrone, traduisent l’expression « in quadruuiis et angiportis » du poème 58 de Catulle, qui évoque la prostitution de Lesbie-Clodia. Les emprunts au poème 37 sont moins visibles et mélangent crypto-citations et transformations de l’hypotexte :
37. [...] namque totius uobis/Frontem tabernae t sopionibus t scribam./Puella nam mei, quae meo sinu fugit,/[...] Consedit istic. [.., ]/Omnes pusilli et semitarii moechi ;/Tu praeter [...]/Egnati, opaca quem bonum facit barba/Et dens Hibera defricatus urina8.
10Dans la « Vie de Clodia », la « taverne » (p. 388) fréquentée par la matrone et son frère est un souvenir de la « taverne lubrique » (« salax taberna », Poésies, 37, v. 1) dans laquelle se rendent Lesbie et la jeunesse galante de Rome. Malgré les sarcasmes du poète, ce lieu de plaisir n’est pas pour autant malséant pour la matrone et ses courtisans. Chez Schwob, au contraire, la taverne se présente comme un lieu interlope peu digne d’une dame du rang de Clodia. L’atmosphère de bestialité connotée par la pilosité et l’odeur forte des hommes est à la fois inspirée par l’image des boucs (« hircos », Poésies, 37, v. 5) et par la barbe et l’urine associées à Egnatius9. Quant au « fronton […] barbouillé de charbons » (p. 388) de la taverne, il porte la marque du geste menaçant de Catulle, mais le biographe interprète « sopionibus10 », non comme « inscriptions obscènes » mais comme « barbouill[age] de charbons ». De façon générale, Schwob gomme systématiquement les obscénités du texte de Catulle. Dans la « Vie de Clodia », le gribouillage du fronton au moyen de charbons désigne les graffitis que Catulle projetait d’y inscrire. En même temps, l’expression choisie par Schwob recouvre et masque celle du poète. Aussi nous accordera-t-on de voir dans ce « fronton […] barbouillé de charbons » (p. 388) une image de Schwob au travail, dissimulant sa source dans son palimpseste biographique. Autre fait remarquable : la référence au « fronton barbouillé » révèle que Schwob a retenu un des vers les plus obscurs du poète, eu égard au sens mal établi de « sopionibus » et aux différentes versions de ce mot dans les éditions du texte. Nous touchons là une des singularités de l’écriture de l’écrivain : l’inclination de Schwob pour les œuvres obscures le porte parfois, en effet, à propos d’un passage au sens indécidable, à l’utiliser particulièrement dans l’élaboration de la vie imaginaire, tant pour lui l’obscurité sémantique est suggestive et propice à l’invention11.
11L’apport personnel de Schwob est nettement plus important dans les biographies d’Erostrate et de Clodia que dans la « Vie de Cecco Angiolieri », pour laquelle Schwob puise davantage dans la source principale qu’il exploite. La vie imaginaire du poète italien illustre une troisième pratique qui consiste à utiliser l’œuvre d’un auteur pour reconstituer son existence12. À la différence des autres Vies d’écrivains du recueil, la biographie fictionnelle d’Angiolieri pose avant tout la question de l’édition que le biographe a utilisée et son impact sur l’écriture de sa Vie.
12Si l’on s’en tient à la chronologie, Schwob a pu lire l’article écrit par Ancona en 1874 ou sa réédition en volume en 1880. Le critique italien ne lui était pas inconnu car il possédait un de ses ouvrages dans sa bibliothèque13. Mais Schwob fait référence à des vers qu’on ne trouve pas dans la monographie d’Ancona, qui ne cite au demeurant que de courts extraits des poèmes d’Angiolieri. Peut-être le biographe a-t-il consulté l’importante anthologie de la poésie toscane médiévale en quatre volumes, la Raccolta di Rime Antiche Toscane, parue en 1817, qui offre un choix de sonnets d’Angiolieri. En réalité, il a eu accès à l’œuvre du poète par un autre livre qu’il possédait dans sa bibliothèque, une anthologie de poèmes italiens traduits en anglais par Gabriel Dante Rossetti14, ce qui lui a permis de connaître une partie de l’œuvre de son protagoniste et de réinventer sa vie. Il est fondamental de se référer à cette édition particulière de la poésie d’Angiolieri et non à une autre, plus moderne ou plus complète, car les emprunts de l’écrivain ou les libertés qu’il prend à l’égard de cette œuvre ne doivent s’interpréter qu’au regard de la sélection opérée par Rossetti, de l’ordre des poèmes dans son anthologie, et enfin de la traduction et de l’interprétation (Rossetti leur adjoint une phrase explicative en exergue) qu’en a donné l’écrivain anglais.
13Dans l’anthologie de Rossetti, l’œuvre d’Angiolieri est assez bien représentée, avec un choix de vingt-trois poèmes. Parmi cet ensemble, six pièces seulement n’ont pas été exploitées par Schwob dans la vie imaginaire du poète. Le livre de Rossetti s’ouvre sur une brève introduction sur chaque auteur, avec des commentaires sur le contexte littéraire et historique dont Schwob s’est servi pour créer l’arrière-plan de son récit.
14L’œuvre d’Angiolieri tient une place éminente dans la biographie écrite par Schwob de par le postulat adopté par l’écrivain de l’identité de l’homme et du poète, principe déjà retenu par Rossetti. Ainsi, les principaux biographèmes constitutifs de la Vie d’Angiolieri sont inspirés de ses sonnets : son amour malheureux avec Becchina, sa pauvreté, la haine de son père, sa repentance, ainsi que sa rivalité avec Dante. Les emprunts de Schwob aux poèmes d’Angiolieri se présentent sous des formes diverses : crypto-citations, reprise de biographèmes, mention de personnages, respect des étapes de l’évolution intérieure du poète instaurée par l’ordre des poèmes de l’édition de Rossetti. Considérer l’ensemble des reprises aux poèmes d’Angiolieri appellerait de trop longs développements. Limitons-nous à un seul emprunt remarquable qui illustre l’influence déterminante de la traduction de Rossetti sur les citations faites par le biographe.
15Schwob compose la « Vie de Cecco Angiolieri » en y greffant des vers tirés des textes du poète ou en leur empruntant des images. L’exemple le plus manifeste est l’utilisation du poème le plus connu de l’auteur, S’i’fosse foco, ardere’il mondo, largement reproduit pour rapporter les pensées du protagoniste. La comparaison du texte de Schwob et du sonnet du poète montre que l’écrivain traduit les deux quatrains, sans altération notable à l’exception de l’élimination de deux hémistiches, ainsi que le premier vers introduisant les deux tercets, soit en tout l’équivalent de neuf vers sur quatorze. D’un point de vue sémantique, Schwob ignore l’invective contre la mère du poète, critiquée dans une plus faible mesure dans l’œuvre d’Angiolieri, et déforme la signification du poème en élaguant sa fin. Remarquons surtout que les emprunts de Schwob constituent une traduction du texte en anglais et non du poème en italien :
If I were fire, I’d burn the world away ;/If I were wind, I’d turn my storms thereon ;/If I were water, I’d soon let it drown ;/If I were God, I’d sink it from the day ;/If I were Pope, I’d never feel quite gay/Until there was no peace beneath the sun ;/If I were Emperor, what would I have done ?/I’d lop men’s heads all round in my own way./If I were Death, I’d look my father up ;/If I were life, I’d run away from him ;/And treat my mother to like calls and runs./If I were Cecco (and that’s all my hope),/I’d pick the nicest girls to suit my whim,/And other folk should get the ugly ones15.
16Il est incontestable que le biographe traduit le texte de Rossetti et non l’œuvre originale : chez Schwob, l’expression « il n’y aurait plus de paix sous le soleil » (p. 400) est un décalque de « Until there was no peace beneath the sun », alors que ce vers est censé traduire « Ché tutti’cristïani embrigarei ; » [« car je tracasserais tous les chrétiens16 ; »]. Dans le cas présent, la transposition de ce vers en anglais est assez fidèle à l’idée qu’a voulu exprimer Angiolieri, mais c’est loin d’être toujours le cas. La traduction de Rossetti modifie souvent le sens du texte original. Un exemple pris dans le même sonnet en donne une idée : le vers « If I were Cecco (and that’s all my hope), » véhicule un sentiment de résignation teintée de désespoir, absente du texte italien17, que Schwob reprend à son compte. En effet, la citation du début du dernier tercet (« Si j’étais Cecco. voilà tout mon espoir. », p. 400), qui ampute la clausule du poème, entraîne une profonde transformation du sens et de l’effet de celui-ci. Autant le sonnet d’Angiolieri se termine par une dérobade plaisante contrastant fortement avec la violence de ce qui précède, autant la citation inachevée de ce poème vise à faire concevoir le désespoir et l’impuissance du poète.
17Le texte de Schwob se révèle donc plus proche de la version de Rossetti que du vers original : la citation d’une œuvre à travers le filtre d’une traduction est déjà une recréation. Associée ou non à la déformation volontaire du sens des poèmes d’Angiolieri, la traduction d’un texte constituant lui-même une traduction renchérit sur le détournement du sens de l’œuvre et donc de la vie dont elle est censée être le miroir.
Portrait du biographe en faussaire
18Les trois pratiques que nous avons mises en évidence constituent donc un moyen de remédier à la quasi-absence de renseignements biographiques sur les personnages choisis par Schwob. En outre, elles confèrent à leur Vie son caractère fictionnel, non seulement par une expérimentation intertextuelle qui leur dénie toute vérité, mais en raison aussi de la nature des sources utilisées. Pas plus que les Vies et doctrines des philosophes illustres de Diogène Laërce, sujettes à caution pour leurs informations contradictoires, leurs anecdotes invérifiables et leurs biographèmes fallacieux, les propos diffamatoires de Cicéron et de Catulle ou les affabulations romanesques de Plutarque (comme la jalousie de Térentia) relèvent de la fable18. Mais la vie imaginaire est autant fictionnelle par le caractère légendaire de ses sources que par les falsifications intentionnelles du biographe, maître en l’« art du mensonge ».
19Le cas de la « Vie de Cecco Angiolieri » est exemplaire à cet égard. La référence à la traduction des poèmes d’Angiolieri, à leur ordonnancement et aux hypothèses de Rossetti sur son existence, ne fait qu’accroître le caractère fictionnel de la vie imaginaire du poète italien.
20La sélection des sonnets et leur mise en ordre offrent déjà une interprétation de la biographie du poète. Dans l’anthologie de Rossetti, six poèmes consacrés aux déboires amoureux d’Angiolieri dévoilent les étapes de la relation de Cecco et de Becchina selon un déroulement très conjectural19. Scwhob construit la relation des deux jeunes gens à partir de ce canevas, mais il modifie la chronologie proposée par Rossetti : dans son anthologie, le baiser (sonnet VII) précède la brouille (sonnet IX) ainsi que la séparation définitive due au mariage de Becchina (sonnet XVIII), alors que dans le récit de Schwob, c’est une fois mariée que Becchina offre sa bouche à Cecco et ce baiser est sans conséquence sur leur relation. Cette scène aux allures de vaudeville dans laquelle Becchina trompe son mari rejoint la veine réaliste du protagoniste de Schwob par son côté burlesque. Le biographe fait de Becchina une anti-Béatrice par excellence, en grossissant les traits parodiques de son modèle et en supprimant toute référence à l’amour courtois.
21Dans son introduction, Rossetti s’explique peu sur l’ordonnancement des sonnets à l’exception de celui dans lequel Angiolieri déclare que s’il était moine, il demanderait au pape de partir en croisade contre les fils indignes (sonnet XXII). Rossetti imagine que ce poème aurait été une « amende honorable20 » que lui auraient imposée les frères mineurs. Redoutant à propos de ce sonnet une nouvelle expression de la licence et de l’hypocrisie du poète, Rossetti préfère lui accorder le bénéfice du doute en plaçant significativement ce poème en dernier, après la mort du père de Cecco, comme s’il voulait donner au poète l’occasion de se racheter. Schwob infléchit le sens de ce sonnet en faisant écrire réellement Cecco au pape, alors que ce dernier est seulement évoqué à l’intérieur du poème d’Angiolieri. Mais le biographe reste fidèle malgré tout à l’interprétation globale de l’existence du poète induite par l’ordre des sonnets proposé par Rossetti, reconstitution subjective d’une vie où la haine laisse place au repentir supposé, où l’appel à la croisade contre les mauvais fils succède immédiatement à la disparition tant espérée d’un père honni.
22Les détournements que Schwob fait subir aux sonnets d’Angiolieri trouvent la plupart du temps leur origine dans les commentaires du traducteur, dans ses conjectures ou dans ses difficultés à saisir le sens de tel passage. Le poème XXI apporte enfin à l’auteur la nouvelle tant espérée du décès de son père. Dans les tercets, le poète demande à son sonnet de lui apporter un testament et le charge de lui confirmer une prospérité désormais acquise et éternelle. En outre, il évoque un séjour passé de Cecco dans une abbaye et un personnage mystérieux, Frère Henri, à demi disparu :
[...] Make haste to Cecco, Sonnet, with a will,/To him who no more at the Abbey dwells ;/Tell him that Brother Henry’s half dried up./He’ll never more be down-at-mouth, but fill/His beak at his one beck, till his life swells/To more than Enoch’s or Elijah’s scope21.
23Parmi d’autres emprunts non exempts d’altérations de l’hypotexte, l’épisode de la « Vie de Cecco Angiolieri » relatif à la vie monastique du protagoniste trouve sa source dans ce poème et résulte d’une interprétation erronée de la part de Rossetti. En vérité, pour saisir la signification de ce poème, il faut comprendre que le poète adresse son sonnet à un ami, Cecco di Fortarrigo, afin de le réconforter en lui prophétisant la mort prochaine de son propre père et une longue vie pour lui-même22. Rossetti ayant compris le patronyme « Fortarrigo » comme la contraction de « Frate Arrigo », il l’a traduit naturellement par « Brother Henry », Arrigo étant le nom qui correspond à Henri au Moyen Âge. Une note explique son interprétation de la fin du sonnet sur la mort du père :
It would almost seem as if Cecco, in his poverty, had at last taken refuge in a religious house under the name of Brother Henry (Frate Arrigo), and as if he here meant that Brother Henry was now decayed, so to speak, through the resuscitation of Cecco23.
24La confusion des deux Cecco a conduit Rossetti à imaginer le passage momentané d’Angiolieri dans l’état monastique. Schwob a donc utilisé une conjecture du traducteur pour construire la vie imaginaire du poète : il a repris le nom de Frère Henri qu’il a attribué à son protagoniste et qu’il traduit un peu plus loin en langue vernaculaire : « il était frate Arrigo » (p. 400). On mesure à quel point la construction de la « Vie de Cecco Angiolieri » doit à la note de Rossetti sur la résurrection du poète à travers son changement de nom et d’état. Malgré son ignorance probable du texte italien, Schwob a pu percevoir l’erreur d’interprétation du traducteur à propos du poème consacré à la mort du père d’Angiolieri. En effet, une remarque de Rossetti déclarant ce poème « desperately obscure24 » ainsi que l’absence de clarté de sa traduction ont dû alerter le biographe. On peut donc supposer que Schwob s’est plu à reprendre intentionnellement ce qui n’est qu’une hypothèse chez Rossetti et enraciner sa biographie fictionnelle dans le terreau incertain de sa source. Seule certitude, Schwob s’est délibérément inspiré ici du poème d’Angiolieri le plus délicat à saisir, au demeurant souligné comme tel par Rossetti, comme si l’indécision du sens était potentiellement créatrice. L’obscurité est bien pour Schwob une des ressources de la création.
25Les allusions de Schwob aux trois sonnets d’Angiolieri adressés à Dante déforment également leur signification en validant une autre supposition de Rossetti, la rivalité entre les deux poètes. Celle-ci, considérée aujourd’hui comme du « roman », a été inspirée à Schwob par les commentaires de Rossetti en exergue des sonnets, ainsi que dans son introduction. Dans le sonnet I, sous couvert de mettre au jour une contradiction dans le dernier sonnet de la Vita Nuova, Angiolieri se moque des raffinements de la poésie courtoise du Dolce Stil Nuovo. Dans la « Vie de Cecco Angiolieri », Schwob amplifie les critiques du poète vis-à-vis de Dante. Mais surtout, la relation qui lie les deux artistes n’est plus du tout la même : le blâme du poème de Dante, présenté comme une première réponse de Cecco aux railleries de Becchina, est motivé par la jalousie à l’égard du grand poète. Rien de tel dans la traduction de Rossetti, fidèle ici au sonnet original, où le Siennois insiste sur son amitié et son allégeance (fussent-elles exprimées sur un mode ironique) pour le Florentin. Schwob ne suit donc pas la lettre du poème d’Angiolieri mais utilise cette pièce pour étayer la rivalité imaginée par Rossetti entre son protagoniste et Dante.
26L’invention de Schwob est plus patente encore lorsqu’il fait écrire à deux reprises à son protagoniste des « vers d’insulte à Dante » (p. 400). Cette affirmation renvoie aux deux autres poèmes adressés à l’auteur de la Vita Nuova. Le sonnet XXIII est assurément caustique vis-à-vis du poète florentin, mais Schwob fait preuve d’exagération manifeste en le qualifiant en ces termes.
27Le sonnet X, en revanche, semble confirmer l’hostilité de Cecco à l’égard du grand poète. Dans la traduction de Rossetti, Dante est effectivement pris à partie, pour ne pas avoir loué les envois d’Angiolieri à Becchina et pour avoir recueilli l’admiration de la jeune fille. Schwob passe sous silence la substance de la charge contre Dante mais reprend tous les autres éléments et les essaime dans son récit. Le « dédain » (p. 400) de Dante pour la poésie d’Angiolieri lui a été suggéré par le commentaire liminaire de Rossetti : « He rails against Dante, who had censured his homage to Becchina25. » Cependant, on voit mal ce qui autorise Rossetti à formuler un tel jugement, aucune lettre de Dante à Angiolieri n’ayant été conservée. Il est d’ailleurs très difficile de statuer sur la relation entre les deux artistes, en l’absence du moindre document précisant sa teneur exacte. Au demeurant, la lecture du poème original montre l’ampleur du contresens de la traduction du poète anglais : s’il est vrai que Dante est le destinataire de ce sonnet, ce n’est pas lui l’objet de la satire d’Angiolieri mais un certain « Maréchal » de leur connaissance. Seulement pris à témoin, Dante n’est aucunement la cible des attaques d’Angiolieri, pas plus qu’il n’est celui que le poète entend dénoncer à Charles II, comme la traduction de Rossetti le fait croire. Influencé par ce dernier, Schwob opère à son tour un déplacement de la satire d’un tiers sur le destinataire du poème. Par une note de Rossetti, l’écrivain était pourtant averti du caractère incertain de la traduction de ce poème, fondée sur deux versions imprimées d’un texte fort corrompu. Cette démarche consistant à privilégier les incertitudes et les conjectures de sa source, constante dans l’écriture de la « Vie de Cecco Angiolieri », explique l’empressement de Schwob à reprendre la légende de la rivalité entre le « poète haineux » et Dante, échafaudée par Rossetti.
28En utilisant l’œuvre du poète pour élaborer sa Vie, Schwob a donc choisi de recourir d’entrée à une fiction pour raconter l’existence de son protagoniste. Mais au lieu de rester fidèle à « l’image poétisée » qu’Angiolieri construit de lui-même, l’écrivain se plaît à remodeler ses vers dans des crypto-citations approximatives, à falsifier le sens de ses poèmes et à dénaturer la figure du poète qui se donne à lire dans son œuvre. Le caractère fictionnel de la « Vie de Cecco Angiolieri » ne s’arrête pas là : les vers du poète utilisés par Schwob sont également médiatisés par le filtre d’une traduction (de surcroît retraduite de l’anglais en français) et interprétés par un traducteur qui n’hésite pas non plus à se référer à la fiction pour expliquer les motivations d’Angiolieri. Vie construite à partir de l’œuvre du scripteur, œuvre déformée à dessein, poèmes accessibles seulement à travers les écrans successifs d’une traduction et de commentaires qui en modifient la forme et en pervertissent le sens, la « Vie de Cecco Angiolieri » est une excellente illustration de la fabrique de la fiction dans la biographie imaginaire.
29L’examen des vies imaginaires d’Erostrate, de Clodia et de Cecco Angiolieri a permis d’éclairer trois expérimentations intertextuelles, auxquelles Schwob a recouru aussi pour réinventer l’existence d’autres protagonistes de son recueil : référence à la biographie d’un autre personnage, recours aux témoignages d’un ou plusieurs de leurs contemporains présents dans le récit, reconstruction à partir de leurs propres écrits pour les Vies d’écrivains. Au regard de l’étude de l’utilisation de ces sources, deux conclusions s’imposent : leur exploitation par Schwob ne signale pas un manque d’imagination mais participe plutôt d’une démarche créatrice révélatrice du goût de l’écrivain pour les mystifications. Si la vie imaginaire se nourrit de fictions, elle entretient aussi une relation intime avec l’obscurité, qu’elle soit thématique (choix des protagonistes, dialectique récurrente de l’ombre et de la lumière) ou sémantique (les difficultés d’interprétation des sources). De ses recherches sur Villon à l’écriture des Vies imaginaires, Schwob n’a cessé de s’intéresser à des individus obscurs et à des œuvres dont l’élucidation pose problème. Source de fascination et moteur de création, l’obscurité trouve aussi un écho dans l’imaginaire personnel de l’écrivain qui manifeste son désir de les faire re-connaître : à travers la métaphore de la pyromanie, Schwob cherche à faire revivre ces oubliés de l’Histoire, désireux d’incendier le monde avec leurs yeux (Clodia), leurs torches et leur haine (Erostrate, Angiolieri, Tourneur), quitte à les transfigurer par son art, au mépris de la morale et de la science.
Notes de bas de page
1 L’édition de Vies imaginaires par Jean-Pierre Bertrand & Gérald Purnelle, GF Flammarion, Paris, 2004, renseigne sur les principaux témoignages sur Erostrate et Clodia. La première monographie consacrée à Angiolieri fut publiée en 1874 par Alessandro d’Ancona, un des premiers universitaires italiens à redécouvrir le poète : Alessandro d’Ancona, « Cecco Angiolieri da Siena, poeta umorista del secolo decimoterzo », Nuova Antologia, XXV, 1874, p. 5-57 ; repris dans Studi di critica e storia letteraria, Bologna, Zanichielli, 1880, p. 107-215.
2 Voir Elettra Bordino, « Schwob, l’écriture des Vies imaginaires », Annali di Cà Foscari, XXXIII, n° 1-2, 1994, p. 79-97.
3 Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, « Vie d’Héraclite », IX, 1 et 2.
4 Marcel Schwob, Œuvres, édition établie et présentée par Alexandre Gefen, Les Belles Lettres, 2002. Toutes nos références entre parenthèses renvoient à cette édition.
5 Fragment cité par Diogène Laërce, op. cit., IX, 2.
6 Schwob possédait The Adventures and Discovrses of Captain Iohn Smith, sometime president of Virginia, and admiral of New England newly ordered by Iohn Ashton, Londres, 1883 (n° 571 du Catalogue de la bibliothèque de Marcel Schwob).
7 Catulle est un des auteurs latins préférés de Schwob, avec Pétrone et Apulée. Schwob a traduit une partie de l’œuvre du poète, traduction restée inédite car considérée comme médiocre par Pierre Champion. Ce dernier a recueilli, en revanche, dans le volume des Écrits de jeunesse l’« Avant-propos à une Traduction de Catulle en vers marotiques », daté approximativement des années 1883-1886, dans lequel l’auteur théorise pour la première fois sa conception de la traduction, selon « l’analogie des langues et des littératures aux mêmes degrés de formation », Œuvres complètes de Marcel Schwob, éditées par Pierre Champion, vol. I, Écrits de jeunesse, Bernouard, Paris, 1927, p. 85-86.
8 « […] Je couvrirai d’inscriptions obscènes toute la façade de votre taverne. Cette femme qui s’est échappée de mon sein [...] est allée s’asseoir là ! vous êtes tous de pauvres hères et des galants de ruelles ; toi surtout, […] Egnatius, qui dois tout ton mérite à ta barbe touffue et à tes dents frottées avec de l’urine hibérienne. », Catulle, Poésies, 37, v. 9-20, texte établi et traduit par Georges Lafaye, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Budé », 1923, 13e tirage revu et corrigé, 1996.
9 Ce dernier est un des personnages des Poésies de Catulle (objet de railleries dans les poèmes 37 et 39) qu’on retrouve dans la « Vie de Clodia ». Il n’est pas le seul : Mamurra, autre victime des invectives du poète, est désigné par le sobriquet obscène de Laverge (« Mentula », poèmes 29 et 57). Licinius Calvus (poème 50) et Caelius Rufus (poèmes 58 et 100), destinataires de poèmes de Catulle, sont également repris dans la biographie écrite par Schwob. On remarquera la co-présence dans la « Vie de Clodia » de deux de ces personnages et d’éléments empruntés précisément aux poèmes 37 et 58 où leur nom est mentionné.
10 « Sopionibus [sopio désigne le sexe masculin] est remplacé dans certaines versions par scipionibus (scipio : bâton) ou par scorpionibus (scorpio : catapulte, machine de jet). Dans les trois cas, la connotation sexuelle ne fait aucun doute. », Le Livre de Catulle de Vérone, traduit du latin, présenté et annoté par Danièle Robert, Paris, Actes Sud, « Thesaurus », 2004, note n° 42, p. 322.
11 « Je me suis décidé pour les œuvres obscures, parce qu’on peut y voir tant de choses. » confie l’écrivain lui-même ; lettre de Schwob à Mirbeau, 23 janvier 1893, datée par erreur de 1892 dans J. A. Green, Marcel Schwob, Correspondance inédite, Genève, Droz, 1985, p. 126.
12 Schwob utilise ce procédé pour élaborer les Vies de Lucrèce, de Pétrone (voir Agnès Lhermitte, Palimpseste et merveilleux dans l’œuvre de Marcel Schwob, Paris, Champion, 2002) et de Cyril Tourneur (voir Evanghélia Stead, « “Des graines pleines d’une essence violente” dans Vies imaginaires : Marcel Schwob et les Elisabéthains », Fictions biographiques, xixe-xxie siècles, coll. « Cribles », Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2007, p. 157-175.
13 Il correspond au n° 362 du Catalogue de sa bibliothèque : Ancona, Studi sulla Letteratura italiana de primi Secoli, Milan, 1871, livre qui ne renseigne en rien sur Cecco Angiolieri. Schwob acheta cet ouvrage en raison de l’article qui y est consacré à Jacopone da Todi, poète mystique au sujet duquel le biographe envisagea d’écrire une vie imaginaire.
14 Gabriel Dante rossetti, Dante and his circle with the Italian poets preceding him (1100-1200-1300), Ellis & White, London, 1892 (n° 374 du Catalogue de la bibliothèque de Marcel Schwob), réimpression de l’édition originale parue en 1874. Nos citations renvoient à cette première édition du texte.
15 Ibidem, sonnet XIII. « Si j’étais feu, je brûlerais le monde ;/Si j’étais vent, je lui enverrais mes tempêtes ;/Si j’étais eau, je le submergerais aussitôt ;/Si j’étais Dieu, je le ferais sombrer de la face du jour ;/Si j’étais Pape, je ne serais jamais vraiment joyeux/Tant qu’il n’y aurait plus de paix sous le soleil ;/Si j’étais Empereur, que ferais-je ?/Je couperais les têtes à la ronde ;/Si j’étais la Mort, j’irais trouver mon père ;/Si j’étais la Vie, je le quitterais vite ;/Et pareillement traiterais ma mère./Si j’étais Cecco (et voilà tout mon espoir),/Je cueillerais les plus belles filles pour réaliser mes désirs,/Et les autres devraient se contenter des laides. » Nous traduirons à chaque fois les citations du texte de Rossetti.
16 Cecco Angiolieri, Sonetti/Sonnets, édition de Antonio Lanza, introduction, traduction, commentaire, notes et index de Gérard Genot, Paris, Champion, coll. « Translatio », 2003, sonnet LXXXII, v. 6, p. 116-117.
17 « S’i fosse Cecco, com’i’sono e fui, » [« Si j’étais ce Fanchet, que suis et fus »], ibidem, sonnet LXXXII, v. 12, p. 116-117.
18 Nous renvoyons à l’édition de Vies imaginaires établie par J.-P. Bertrand et G. Purnelle, op. cit., qui fait le point surtout sur les emprunts à Cicéron et à Plutarque.
19 L’édition italienne de référence des sonnets d’Angiolieri par Antonio Lanza propose un ordonnancement différent et, par là même, reconstruit un autre parcours biographique pour le poète.
20 Rossetti, op. cit., « Introduction to part I », p. 23, en français dans le texte.
21 Ibidem, sonnet XXI, v. 6-14. « [...] Sonnet, hâte-toi avec un testament vers Cecco,/Vers lui qui ne demeure plus à l’Abbaye,/Dis-lui que Frère Henri s’est quasiment évaporé./Qu’il ne sera plus jamais abattu,/Et qu’il ne manquera jamais de rien jusqu’à ce que sa vie dépasse/En espérance celle d’Hénoch et d’Elie. »
22 Nous suivons ici l’interprétation de Gérard Genot, auteur de l’unique traduction intégrale en français de l’œuvre du poète ; voir Cecco Angiolieri, Sonetti/Sonnets, op. cit., introduction, p. 20. Le Decameron (IX, 4) fait état de l’amitié de Cecco Angiolieri et de Cecco Fortarrigo et de leur antipathie à l’égard de leur père respectif. Schwob, qui affectionnait particulièrement ce livre, n’emprunte rien cependant à l’histoire racontée par Boccace, à la différence de Rossetti qui utilise cette fiction pour construire une biographie du poète dont il ignore tout de l’existence réelle. Nous nous limitons à restituer le sens du texte, non sa forme poétique et ses très nombreux jeux de mots.
23 Rossetti, op. cit., note p. 224. « Il semblerait presque que Cecco, alors qu’il était pauvre, avait enfin trouvé refuge dans une maison religieuse sous le nom de Frère Henri (Frate Arrigo), et qu’ici il voulait dire que Frère Henri avait désormais disparu, pour ainsi dire, à travers la résurrection de Cecco. »
24 Ibidem, « Introduction to part I », p. 23.
25 Ibid., commentaire liminaire du sonnet X, p. 213. « Il se répand en injures contre Dante, qui avait blâmé son hommage à Becchina. »
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