Le juste et l’écrivain au milieu des vautours : l’autobiographie de Grillparzer
p. 171-184
Texte intégral
1Il n’est plus guère que les germanistes pour se souvenir de Franz Grillparzer. Rappelons donc que Grillparzer était un dramaturge qui vécut, longuement, de 1791 à 1872, emplissant quasiment tout un siècle, riche à nous faire honte, dans tous les domaines des arts, des lettres et des sciences. Il est né et mort à Vienne et à sa mort, on a pu dire de lui qu’il était le plus grand écrivain de langue allemande. Les quelques rares données objectives de sa biographie pourront être confrontées à l’image qu’il donne de lui dans une série de très courtes autobiographies, dont une que lui avait demandée l’éditeur Brockhaus mais qui est demeurée à l’état embryonnaire, faute d’accord avec celui-ci, et surtout à son Journal, beaucoup plus épais, détaillé et instructif1 Nous considérerons naturellement le Journal comme l’écriture de soi par excellence, en plein accord avec le revirement tardif de Philippe Lejeune2. Devant l’abondance des sources, nous devrions tout savoir de la vie de Grillparzer. Il en va rarement ainsi avec un écrivain.
2Les premières pages du Journal sont de 1808 et remontent donc au tout début de la période retenue pour notre étude. Grillparzer a tout juste dix-sept ans quand il écrit ses premiers souvenirs ou confessions qui tranchent sur les notations souvent fragmentaires des années de la maturité. Celles-ci deviennent de plus en plus rares et laconiques dès que Grillparzer atteint à la consécration dans les années 1830. Nous lisons en 1832 cette constatation, qui en dit long : « Depuis combien de temps n’ai-je pas remué ces feuilles ! Pour une part, je les avais oubliées, pour une autre, il n’y avait rien à noter3. » Il est révélateur que les auteurs d’autobiographies se fassent beaucoup moins diserts quand le succès leur enlève des raisons de se plaindre décemment. Le Journal témoigne néanmoins d’une certaine franchise, voire d’un parfait cynisme, par exemple quand Grillparzer se laisse aller à parler des Juifs, dévoilant ainsi des convictions qui ne transparaissent pas avec pareille netteté dans l’œuvre dramatique. Son témoignage est donc précieux, tant en ce qui concerne la personnalité de l’écrivain que la mentalité dominante de l’époque.
3Grillparzer était le fils d’un avocat viennois de mœurs plutôt rigides à la mort duquel en 1809 il abandonna ses études de droit pour faire office de précepteur auprès de jeunes aristocrates, avant d’entreprendre une carrière de fonctionnaire qui ne l’attirait guère et le mena à la Bibliothèque Impériale, où son passage fut bref, et aux archives du Ministère des Finances. Il en devint le directeur en fin de carrière, fut honoré du titre prestigieux en Autriche de conseiller aulique. Parallèlement, il mena une carrière d’auteur dramatique qui lui tenait à cœur.
4Nous avons déjà là l’origine de deux insatisfactions et même de deux aigreurs, sinon d’une véritable souffrance. Grillparzer affirme que, dans sa carrière de fonctionnaire, ses mérites ne furent pas reconnus suffisamment tôt à leur juste valeur par le fait de la malveillance de certains supérieurs – bien qu’il ait bénéficié aussi de la sollicitude de protecteurs dévoués qui n’étaient pas mal placés – et que cette injustice fut la source de ces difficultés matérielles qui nuisent au travail de l’écrivain. Cela n’est certainement pas faux, encore qu’il faille s’interroger aussi sur les raisons de cette hostilité larvée dont il a souffert. D’autre part, Grillparzer accuse aussi les critiques de n’avoir rien compris à son œuvre et de l’avoir dénigrée malgré l’accueil extrêmement favorable du public, ce qui est exact, au moins pour certains de ses drames, et fut, là encore en partie seulement, la cause de problèmes d’argent, ses droits d’auteur n’étant pas en proportion du succès des pièces. Enfin le pouvoir, politiquement, se méfia longtemps de lui. On se demande un peu pour quelles raisons, Grillparzer étant un auteur conservateur. Mais, comme beaucoup de ses semblables, il enrageait en présence du conservatisme quand il advenait que celui-ci ne faisait pas bon ménage avec son esthétique. A cela s’ajoutait, il est vrai, la défaillance de la foi qui s’inscrivait dans la tradition du joséphisme, mais n’était plus de mise sous Metternich. Quoi qu’il en soit, cette hostilité larvée à son égard jusqu’à ce qu’il fut reconnu comme une figure représentative de l’Autriche, de sa tradition et de ses valeurs, n’était nullement négligeable, sous Metternich et François-Joseph, sous un régime encore despotique et pour longtemps.
5De tout cela, Grillparzer tire une conclusion que nous schématisons en essayant de ne pas lui être infidèle : je n’ai pas eu de chance et le monde a été injuste envers moi. Comme la plupart des auteurs d’autobiographies, Grillparzer a une conscience de mal aimé. Dès l’adolescence, il a été sous l’emprise d’un besoin immense d’être reconnu. La reconnaissance est venue trop tard pour le fonctionnaire et l’écrivain. Elle n’a pu lui être véritablement utile sur le plan matériel, qui n’est nullement secondaire pour lui– comme pour les écrivains contemporains, dont on a tendance à idéaliser le désintéressement– trop tard aussi pour le rassurer et lui confirmer qu’il était un grand homme et un grand écrivain, ce dont il est difficile de ne pas douter, au moins de temps en temps, quand le monde ne semble pas partager votre avis. Nous sommes en présence d’une attente impossible à satisfaire, car elle exige d’être comblée entièrement et dans l’instant.
6Venons-en brièvement, dans la recherche des causes, qui ne se veut pas l’étiologie d’une pathologie, au tableau de son enfance et à ce que nous considérerons comme un traumatisme inavoué. Dans une de ses très brèves autobiographies, Grillparzer note très simplement et de manière énigmatique : « Une vétille, et la sévérité de mon père, firent de moi un esclave, rien qu’une vétille.4 » La phrase et cette première de ses autobiographies s’arrêtent là, dramatiquement, sans un signe de ponctuation. Dans une autre, Grillparzer nous rapporte un épisode curieux que l’on ne peut qu’associer à la confidence précédente. Devant réciter des vers latins lors d’un examen, le jeune Grillparzer, qui confesse par ailleurs souffrir ou plutôt avoir souffert dans son enfance d’un défaut de prononciation5, comme Démosthène, précise-t-il, ne parvient pas à se souvenir du mot « cachinnum », éclat de rire tonitruant, et se sent ridicule. Il n’en dit pas plus, comme si l’incident n’avait eu aucune conséquence significative6. Mais la scène se reproduit sous forme de fiction, avec le même trou de mémoire du personnage principal, portant exactement sur le même substantif, dans une nouvelle, Le Pauvre musicien des rues, et donne lieu à une colère noire du père blessé dans son orgueil qui juge désormais son fils incapable d’entreprendre des études sérieuses et de réussir dans la vie7. Il n’est pas possible de ne pas mettre en symbiose l’autobiographie avouée et l’autobiographie cryptée. Nous avons un exemple comparable de traumatisme de l’enfance, dont la gravité paraît inversement proportionnelle à la cause, chez Flaubert, dans Madame Bovary. Timide et gauche, le jeune Charles, invité à décliner son nom, se montre incapable de l’articuler de manière intelligible et déclenche un fou rire général dans la classe. Flaubert laisse entendre qu’il en est définitivement traumatisé, mais aussi que l’incident est révélateur d’une faiblesse de la personnalité de son personnage, ce qui est aussi la conviction de l’auteur du Pauvre musicien des rues quand il nous relate les mésaventures du malheureux violoneux, marginalisé par une pureté qui n’a plus droit de cité dans le monde.
7Le bilan que trace Grillparzer de son enfance est accablant. Il a été marqué pour la vie. La grande demeure où il a passé son enfance et son adolescence était sinistre. Son père ne l’aimait pas, bien qu’il ait été considéré, nous rapporte-t-il, comme son fils préféré. Lui-même ne l’aimait pas, ce qu’il avoue sans se faire prier. Il témoigne en revanche d’un profond attachement à sa mère, qui est bonne musicienne et forme ainsi une sorte de contrepoids à la raideur paternelle. Ses réactions à sa mort, sa souffrance et la maladie qui s’ensuit attestent une fixation peu compatible avec l’attachement durable à une femme chez l’adulte. Grillparzer se plaint encore que la plupart de ses maîtres aient été dépourvus de tout sens psychologique et que les connaissances nécessaires à l’exercice de leur métier fissent de surcroît cruellement défaut à certains. L’adolescent ne doutait pas qu’il était incompris et que sa vocation poétique était jugée incongrue, ce qu’il reproche amèrement à son père. C’est au point qu’il nie la paternité de ses premières productions poétiques en les accompagnant de la mention « Traduit de l’anglais » ou « Traduit du français »8.
8À cela s’ajoute que le temps ne serait pas propice au génie, ce que Grillparzer ne dit pas avec outrecuidance, mais avoue pourtant avec une tranquille assurance. Une confidence censée résumer le malheur de sa destinée en témoigne. Devant le mauvais accueil réservé par la critique à ses premières pièces, Grillparzer écrit : « Mon âme était aigrie. Je voyais bien que j’étais le dernier poète à être venu dans une époque prosaïque. » Il s’en explique en se comparant aux plus grands : Schiller est mort et Goethe se consacre désormais à la science9. En 1849, alors qu’il a près de soixante ans et devrait être mort depuis longtemps si ses sombres pronostics s’étaient vérifiés, Grillparzer croit faire une constatation au-dessus de tout soupçon : « Cela me rend triste d’échouer en tout dans ma vie10. » Or, à défaut de se croire l’égal du sage de Weimar, il n’est plus possible à l’écrivain de se prétendre méconnu. Il nie objectivement son succès, comme précédemment il a rendu le monde entier responsable de ses déboires, travers ou affection chronique dont il ne se délivrera jamais totalement. Mais succès et échec sont choses subjectives qui dépendent des critères de chacun et plus encore d’un état d’âme, d’une psyché personnelle, dont toute autobiographie reçoit sa couleur. Quand Grillparzer commence à réussir dans sa carrière de fonctionnaire et que sa vocation d’écrivain n’est plus contestée, il s’interroge sur l’échec de sa vie personnelle, ce qui pour lui, comme pour tout un chacun, revient à dire qu’il n’est pas heureux. Dans les avatars de sa carrière d’auteur dramatique, Grillparzer extrait l’échec, celui notamment de Malheur à celui qui ment, à partir duquel, en 1838, il ne fera plus représenter les nouvelles pièces qu’il écrit. Il oublie le succès d’autres pièces, l’admiration des plus grands écrivains de son temps, dont Stifter, et l’hommage, plus tardif, des autorités du pays.
9Nous sommes dans une situation typique de l’autobiographie. Parmi de nombreux exemples, nous citerons les plus illustres, ces grandes œuvres que sont Anton Reiser de Karl Philipp Moritz, l’autobiographie de Strindberg, en particulier la première partie, Le Fils de la servante, les quelques petits volumes de l’autobiographie passionnée de Thomas Bernhard11. Dans tous les cas, nous constatons une privation affective, la conviction douloureuse d’être victime de l’injustice et de n’être pas reconnu à sa juste valeur, l’acharnement du destin, auquel les créatures les plus viles prêtent la main, toutes les circonstances fortuites de l’existence semblant n’avoir d’autre but que d’entraîner l’échec du malheureux. Nous sommes donc dans une situation d’autodisculpation et d’accusation globale de la famille, de la société, de l’époque dans son ensemble, que Circé change en troupeau de boucs émissaires, et des valeurs qu’ils représentent et imposent. Evidemment, ce tableau appelle quelques nuances. Grillparzer n’est pas, si nous le comparons aux quelques écrivains que nous venons de citer, en réunissant pour chacun d’eux les données objectives dont nous disposons, celui qui a le plus de raisons de se plaindre de son sort. Il n’est pas non plus perpétuellement virulent, comme Strindberg ou Thomas Bernhard, envers ce qui s’oppose à ses projets et ambitions mais, plus aristocratiquement, amer, dédaigneux et désabusé. D’autre part, le travail d’écriture propre à l’autobiographie par le retour sur soi-même qu’il implique, voire par l’examen de conscience qui l’accompagne souvent et n’est pas l’apanage des autobiographies religieuses, s’accompagne presque fatalement d’une interrogation sur le parcours de sa vie qui peut déboucher sur une auto-accusation. L’autobiographie tend à être l’histoire du mal d’être dont elle est issue.
10Le bref commentaire d’un fait divers, sans doute glané dans une gazette viennoise, mérite d’être lu comme une parabole : « À ce que l’on dit, les vautours de Schönbrunn sont très mécontents du gardien préposé à leur service parce qu’il leur a donné de la viande fraîche, alors que la charogne est leur mets préféré. Ils disent, et certes à bon droit, qu’il aurait dû tenir compte de leur goût12. » Voilà ce qui arrive à l’écrivain qui crée une œuvre véritablement nouvelle, tandis que les critiques ne goûtent que les vieilles recettes qui ont perdu toute force et toute beauté au point d’en être méconnaissables, à force d’avoir trop servi. Mais l’on conclura aussi que la société et les hommes dans leur ensemble sont à l’image des vautours, dont ils ont la cruauté et le manque de délicatesse. Comme la plupart des auteurs d’autobiographies, comme la presque totalité des grands écrivains dans la période qui nous occupe, Grillparzer est pessimiste. Nous avons perdu toute raison de croire à « la perfectibilité de l’humanité, à la soi-disant éducation du genre humain », Lessing et les Lumières étant désavoués, sans être désignés nommément, par la formule intelligible à tous. Le monde se révèle « pire et plus bête qu’il ne le fut jamais. Il laisse même apparaître très précisément les phénomènes propres à une culture en déclin ou en voie de décomposition13 ». Une philosophie de l’histoire pessimiste accompagne le désarroi inhérent au récit de la vie.
11Cette conscience malheureuse affleure constamment chez Grillparzer, comme chez les auteurs que nous venons de citer, notamment dans son Journal, qu’il qualifie de « confession de sa faute », comme si sa vie entière n’était qu’un seul péché, le Journal tenant lieu d’une confession à laquelle personne n’apportera l’absolution, pas même lui, car l’écrivain est suffisamment lucide ou habile pour ne pas se disculper définitivement14. Cela est d’ailleurs la marque de son autobiographie. Grillparzer y est toujours maître de sa matière, même quand il nous fait part de son accablement ou de son asthénie. Nous rencontrons encore cette auto-accusation sous la forme d’une interrogation sur son état de santé mental :
Si jamais je devais en venir – mais je ne le ferai jamais – à consigner l’histoire de la succession de mes états d’âme, on croirait lire l’histoire de la maladie d’un fou. L’incohérence, les contradictions, les humeurs, les emportements chaotiques dépassent toute imagination. Aujourd’hui la glace, demain le feu. […] Il en fut aussi toujours de même avec ce que d’autres gens appellent amour15.
12C’est le tableau d’un personnage cyclothymique, bien que les moments de doute et d’accablement soient infiniment plus longs dans son existence que les rares moments d’excitation, mais qui prend soin de se contrôler suffisamment pour ne pas sombrer dans la maladie, ou devoir se sacrifier à un autre. Sa vie sentimentale en fera les frais.
13Il est des épisodes de la vie de Grillparzer particulièrement révélateurs. L’écrivain a cru être persécuté à partir d’un incident dont il souffrit injustement. Ce n’est pas la malveillance en soi qui pose problème – elle paraît établie – mais son interprétation et le jugement que l’on porte sur soi-même, pour Grillparzer, comme pour d’autres auteurs, ou n’importe quel homme qui souffre d’être frappé pour une faute qui lui est étrangère :
Je ne suis pas le fou qui rêve de persécutions pour se donner de l’importance ; mais je sais qu’il existe une conjuration contre moi, qui en ce moment même travaille à m’éloigner du service de l’Etat. […] Je suis un être inoffensif16.
14La disculpation et l’acquittement ne sont jamais bien loin de l’acte d’accusation, avant de déboucher sur un nouveau procès. Grillparzer par son appréciation de soi-même se disculpe existentiellement et essentiellement. Sa nature n’est pas ce que l’on pense. A l’en croire, il ne ferait pas de mal à une mouche… Mais l’instant d’après, il détaille à nouveau ses défaillances.
15L’explication qu’il donne de l’événement malencontreux, en rapport avec la censure tatillonne de l’époque, est l’indice de sa solitude mentale, sinon d’un fort solipsisme, dont le jeune homme, trente ans plus tôt, ne se sent nullement coupable dans les premières pages du Journal : « Je suis né sous une mauvaise étoile. Je ne peux pas trouver d’ami ! » Il serait né au contraire, insiste-t-il, pour « les sentiments de l’amitié la plus ardente et la plus intime17 ». Il nous dira plus tard être l’objet d’une inimitié constante, qui lui ronge l’âme, sans se demander si occuper une position en vue à la fois dans les lettres et dans la fonction publique ne l’expose pas fatalement, comme tous les hommes dans sa situation, à avoir quelques concurrents ou ennemis. Cela nous rappelle Rousseau, qui n’a pas inventé toutes les tracasseries dont il eut à souffrir. Il semble que Grillparzer n’ait pas lu les Confessions avant l’âge de trente ans, trop tard pour déterminer une vie et des états d’âme déjà très semblables à ce que sa lecture lui découvrait. Immédiatement, Grillparzer s’est reconnu en Rousseau et n’y a pas vu un présage heureux : « Je lis les Confessions de Rousseau et je m’effraye de m’y voir moi-même18. »
16Bien qu’il émerge à maintes reprises, le complexe de persécution n’est cependant pas la dominante du psychisme de l’auteur. Celle-ci est une sorte de neurasthénie ou d’état vaguement dépressif, de vide intellectuel, dont il ne se délivre que pour retrouver l’insignifiance d’une vie qui ne lui inspire que du dégoût19. Grillparzer ne cesse de se plaindre de ces symptômes récurrents, dont il surestime sans doute le caractère pathologique en déplorant que tout ce qu’il écrit lui semble aussitôt « insupportable ». Cette forme de dépression chronique, cette constante lymphatique qui s’arrête aux frontières de la mélancolie irrémédiablement destructrice, sinon mortifère, accompagne son sentiment d’« insuffisance », l’un et l’autre se renforçant mutuellement20. Grillparzer décrit un sentiment de vide absolu : « Aucun homme, aucune jouissance, aucune pensée, aucun livre ne m’intéresse. J’aurais peut-être cherché à mettre fin à tout cela, si je ne tenais pas cela pour lâche dans ces circonstances21. » L’explication, que Schopenhauer a mise sous forme théorique, est une dérobade trop compréhensible, mais le dégoût de l’existence est au-dessus de tout soupçon.
17À l’image de tant d’écrivains de son temps, tout particulièrement en France, Grillparzer a l’impression de dérouler interminablement des jours où tous les événements se ressemblent, tout en notant sagement que l’ennui dans la répétition le protège de la dispersion qu’il est tenté de cultiver par nature22. Là encore nous n’échappons pas au cadre familier de la typologie autobiographique. Des expériences relativement banales sont censées attester une originalité extrême dont il ne déplaît pas à Grillparzer de souligner le caractère maladif. Tout cela reste très ambigu. Des expériences qu’il nous présente comme un signe d’hypocondrie congénitale pourraient être interprétées comme la conséquence d’un immense orgueil qui n’atteint jamais à une satisfaction durable. Un voyage à Weimar est la cause d’un accablement quasi désespérant : « J’ai eu l’impression que les esprits de tous ceux qui y étaient morts ou y vivaient encore s’insurgeaient contre l’idée que je voulais m’installer parmi eux23. » Les égards qu’on lui prodigue lui paraissent « terribles », tant il se sent indigne. Grillparzer explique cet état d’âme délétère en soutenant qu’il a toujours eu conscience de son « insuffisance ». Il est sans aucun doute sincère mais il faut se souvenir qu’il mesure cette « insuffisance », le terme revenant comme un leitmotiv dans les épisodes dépressifs qu’il nous narre, à l’aune d’une immense ambition, être l’égal de Schiller et de Goethe. S’il a certes le bon goût de ne pas l’avouer expressément, cette aspiration ressort pourtant clairement du bref récit de son voyage.
18Avant de connaître la célébrité, Grillparzer s’est interrogé sur les causes psychologiques d’un échec qu’il était tenté de juger irrémédiable, au moins en de certains moments de retour accusateur sur soi-même. Il ne s’est pas dissimulé le caractère chronique de son hypocondrie, en 1836, entre autres, pendant un voyage qui l’a conduit en France et en Angleterre : « Mon hypocondrie revient ». Mais il ajoute aussitôt qu’il a « froid dans le dos à l’idée de retourner chez lui24 ». Cela revient à dire qu’il ne se sent nulle part chez lui. L’ambiguïté extrême de ces remarques incisives est, là encore, caractéristique du personnage autobiographique et non pas seulement des déceptions personnelles de l’auteur de Médée. Se souvenant de son voyage à Rome en 1819 et de l’ambition qu’il nourrissait alors, l’écrivain note, quelques années plus tard :
Tous les espoirs étaient permis, bien peu se sont réalisés. Un poète était né au monde et la prose l’a tué. Je suis tout près de croire que cet enthousiasme était purement physique et qu’il s’en est allé en même temps que ses causes physiques25.
19La prose que Grillparzer accuse n’est pas celle de ses propres œuvres en prose, peu nombreuses, en comparaison de ses œuvres dramatiques. Il ne peut s’agir que du caractère prosaïque et trivial de l’époque, coupable tout désigné, si bien que la mise en évidence de ses faiblesses, opérée avec une certaine lucidité, n’en débouche pas moins sur un procès attenté au monde, à la société, à la perpétuation du système de Metternich, qui le disculpe à ses yeux.
20Cependant le Grillparzer ambitieux du voyage en Italie, où l’accompagnait le souvenir de Goethe, est déjà un homme de trente ans, ce qui est plus en 1819 qu’aujourd’hui, et l’on ne peut que constater dans ses perpétuelles interrogations le retard de la maturité affective sur l’intelligence et le génie créateur. Les remarques mélancoliques qui rythment ses carnets de route sont aussi le signe que les voyages en terre étrangère sont une fuite de la réalité autrichienne mais surtout de soi- même, qui toujours se conclut par un échec. De même Grillparzer confesse bien volontiers sa misanthropie : « Je suis perdu pour la société », mais c’est pour en tirer aussitôt un trait moralisateur à son avantage. Il parle volontiers aux gens qui méritent sa sympathie et préfère n’avoir rien à dire à un honnête homme que de goûter une conversation spirituelle avec un individu douteux26. Autant dire qu’il serait un homme sociable si la société en valait la peine, qu’elle est donc responsable de sa misanthropie, et qu’il a été condamné à la solitude – très relative au demeurant – par sa vertu et son honnêteté. Nous avons vu que l’adolescent ne disait pas autre chose. Il est rare que l’autobiographie d’un auteur révèle une réorientation fondamentale de son existence, sauf quand elle est portée par l’irruption d’une grande foi, révélation bouleversante et véritable renaissance, comme chez Augustin. Cette incapacité à s’insérer socialement, au demeurant plus proclamée que vécue puisque Grillparzer dînait rarement seul mais, il est vrai, à l’en croire, jamais aussi seul qu’en compagnie, n’a rien de nouveau depuis Le Misanthrope de Molière et nous pourrions, une fois de plus, évoquer le souvenir de Rousseau.
21La relation de Grillparzer avec les femmes est comme le révélateur d’un enfermement psychique. L’écrivain croit avoir de bonnes raisons de se plaindre d’elles. Je ne vois guère que Casanova parmi les auteurs d’autobiographie pour se vanter de ses bonnes fortunes. Car l’on croit difficilement au malheur d’un homme qui erre de couche en couche. Grillparzer ne ferait pas sienne la fanfaronnade de Rousseau : « Je suis fâché de faire tant de filles amoureuses de moi27. » Elle serait chez lui trop lourde de sens. Semblable en cela à la plupart des écrivains pessimistes, Grillparzer est misogyne. On croirait entendre Schopenhauer, ou Strindberg, qui avait au moins de bonnes raisons de se plaindre des actrices qu’il avait aimées. Comment choisir une épouse parmi ces « créatures maniérées, insipides, dégoûtantes, toujours en train de caqueter », dont « le sein est gonflé de coquetterie et de vanité28 » ? Grillparzer a dix-neuf ans quand il écrit ces lignes à propos de Charlotte, jeune femme de ses relations, qui vient de rompre avec son ami. Rien dans son comportement ultérieur ne donne à penser qu’il aurait changé d’avis sur les femmes.
22Retrouvons l’écrivain à l’âge adulte. Charlotte est dans un état désespéré :
Hier après-midi, j’étais auprès de Charlotte, qui est malade, presque condamnée, et ressemble déjà à une morte. A un moment où personne d’autre n’était dans la chambre, elle se tourna vers moi et dit : je préférerais ne pas vivre que d’être la cause d’un tel état. Toute cette scène ne me toucha pas particulièrement29.
23Quand la mort survient, il ne voit plus en Charlotte la femme prétendument coquette et superficielle qui l’avait agacé dans sa jeunesse, et il lui réserve maintenant une drôle d’élégie funèbre :
Je l’ai quittée, maltraitée. Je fus peut-être une des causes de sa mort. Mais Dieu sait que je ne m’imaginais pas que cette passion avait de si profondes racines. Le seul trait poétique de sa vie fut cette passion – et elle en est morte30.
24Pour un peu, Grillparzer ajouterait qu’elle a eu bien de la chance de le connaître. C’est exactement ce qu’il pense, il n’est pas possible d’en douter devant pareille confidence.
25Pourtant Grillparzer est assez lucide pour déplorer dans le même fragment son absence de douleur, de toute compassion et la froideur d’une intelligence qui tue le sentiment. Il serait trop intellectuel pour laisser place au sentiment et à la vie en général : « Produire, au fond, ne m’intéresse plus en rien. Je n’ai qu’un besoin : m’enivrer d’idées. La manière dont cela arrive et ce qui en sort m’est indifférent31. » C’est exactement ce qu’il reproche à Rousseau, chez lequel le sentiment serait toujours le résultat de l’idée32. Ce qu’il déplore, sans être capable d’en souffrir vraiment et sans prononcer de jugement moral, comme une fatalité, c’est une absence d’humanité qu’il exprime en parodiant le Faust de Goethe : « Il y a deux âmes en moi. L’une est révoltée de voir l’autre aussi insensible. » La cause de cette constatation sans appel est le spectacle des enfants de Charlotte participant en compagnie de leur belle-mère à un bal d’enfants. Encore une fois, Grillparzer s’étonne de son absence totale d’émotion33. Il ne peut même pas se donner le change quand il tente d’éprouver des sentiments qu’il n’a pas et tente pitoyablement de se convaincre qu’il existe un soupçon d’espoir dans ses pauvres efforts pour ressembler aux autres hommes, car sinon, conclut-il sa brève évocation douloureuse, il ne serait plus possible de vivre. L’apostrophe initiale conserve toute sa vérité : « Menteur, menteur, abominable menteur ! A quoi bon simuler des sentiments que tu n’as pas34 ? »
26Jusqu’à présent, Grillparzer nous offre une typologie de l’écrivain qui éprouve le besoin d’écrire une autobiographie à usage personnel certes, mais aussi et surtout destinée à la postérité. Il n’y a guère que les autobiographies marquées par une foi provoquant une véritable conversion de tout l’être qui révèlent, comme celle d’Augustin, une véritable volonté d’échapper à l’enfermement solipsiste. Mais chaque personnage autobiographique n’en conserve pas moins son originalité, celle-ci devrait-elle se limiter à l’interprétation des déterminismes envers lesquels il est si complaisant. Grillparzer a une justification toute prête qui le disculpe entièrement. Sa vie personnelle ne compte pas. Il s’est sacrifié à la littérature dans laquelle il ferait preuve de la plus parfaite honnêteté, sinon de la plus pure candeur :
Pour moi, il n’y eut jamais d’autre vérité que la littérature. Je ne m’y suis jamais permis la plus petite tromperie, le plus petit oubli de la matière. Elle a été ma philosophie, ma physique, mon Histoire et mon Droit, mon amour et mon affection, la pensée et le sentiment35.
27L’idée chez cet admirateur de Calderón est que la vie se réduit à une succession de hasards inconsistants auxquels seule la littérature est capable de donner un sens. La vie vécue est un théâtre d’ombres. La poésie nous fait don de la vérité. La réalité est dans l’œuvre du poète, qui a le droit, sinon le devoir, de sacrifier la vie avec les êtres qu’il côtoie à son exigence. Grillparzer pose un véritable problème à la fois existentiel et poétologique. Une existence inauthentique et privée de toute sensibilité est-elle le prix qu’il faut payer pour produire une œuvre porteuse de vérité et de nécessité ? L’insensibilité de la vie vécue serait le prix à payer pour l’évocation fidèle du sentiment dans l’œuvre de fiction. La vie n’est plus un songe quand elle est représentée sur la scène ou dans un livre. On pourrait certes soutenir que pour beaucoup d’écrivains, Goethe en premier lieu, Balzac et Stendhal aussi certainement, la vie a une fonction ancillaire vis-à-vis de la littérature. Elle lui fournit sa matière – nullement désagréable parfois –, qui deviendra œuvre à la fois fictionnelle et vraie par un métabolisme mystérieux. En proclamant que la vie n’est rien et ne vaut rien, qu’en quelque sorte, elle a besoin d’être appelée à la vie par la création de l’écrivain, Grillparzer va au-delà de cette pratique utilitaire. Le corollaire de cette thèse devrait être que seule importe la vie du poète et de lui uniquement, ce qu’il ne va pas jusqu’à affirmer, tout en agissant comme si cela allait de soi. Grillparzer invoque sa nature « végétale », donc déterminée par les lois de la nature, pour rendre compte de son comportement et le justifier.
28Un de ses nombreux retours sur soi-même nous donne la clef de cette existence dite « végétale », mais nullement soumise aux caprices du temps. Grillparzer s’avoue « inconséquent » dans le détail des choses particulières, mais d’une « logique de fer » dans la totalité de l’existence. Si incertain qu’il paraisse dans l’instant, assure-t-il, on le retrouve égal à lui-même des années plus tard, exactement au point où il se tenait, « si instable en apparence, depuis le commencement36 ». Après avoir exprimé son dégoût face à l’absurdité de la vie quotidienne, Grillparzer ajoute en une autre circonstance, ce qui pourrait passer pour l’explication du malheur de ceux, ou plutôt de celles, qui ont croisé sa route : « Si quelqu’un en venait à me reprocher : tu ne te maîtrises pas !, je lui répondrais : personne ne se maîtrise plus que moi37. » Que ce soit par nature ou par calcul, ce qu’il concéderait moins volontiers, Grillparzer gère son existence pour ne pas souffrir, quoi qu’il puisse en coûter à ses proches. Sentant venir la mort, il crut faire une bonne action ou s’acquitter d’une dette en proposant à Kathy Fröhlich, son amie fidèle de longue date, de l’épouser le lendemain, à 6 h. du matin, à la Stephanskirche !, pour qu’elle puisse hériter de sa pension. Elle lui répondit en larmes, en présence de témoins navrés du manque de délicatesse de l’écrivain, que « ce serait apposer le sceau de la trivialité sur le sacrifice de toute une vie. Je ne suis pas la vieille cuisinière d’un conseiller aulique38. » Pour ne pas susciter pareille indignation, il aurait suffi à Grillparzer de se souvenir du jugement implacable qu’il portait sur Rousseau, cet égoïste, « qui, pour avoir ses aises, conservait comme maîtresse la femme qui lui était tellement attachée, au lieu de la rendre heureuse en faisant d’elle sa femme39 ». Le célèbre écrivain avait oublié que, quarante ans plus tôt, il avait eu envie de jeter à la rue un cadeau de Noël – nous n’apprenons pas sa nature – que lui avait offert cette même Kathy, et qui aurait été la preuve d’un mauvais goût insupportable. Résistant à cette envie, Grillparzer s’était loué avec une naïveté quasiment autiste de la noblesse des sentiments qui lui avaient permis de surmonter sa répulsion40. L’évocation de la cause ne laisse pas non plus de surprendre. Schubert aimait fréquenter le salon de l’amie dévouée de l’écrivain qui avait pour réputation d’être belle, sensible, intelligente, et en plus excellente musicienne. Quand il lui légua par testament, dès 1848, la gestion de ses œuvres déjà publiées mais aussi de celles qui ne l’étaient pas, Grillparzer ne doutait certainement pas de ses qualités.
29On est également frappé par le ton extrêmement moralisateur de Grillparzer quand il traite de la littérature française41 ou, plus généralement, de la mentalité de l’époque. Il n’y a pas de grand homme qui survive à une autobiographie écrite jour après jour, au long des ans. Confession et dissimulation intimement confondues, plaidoyer et auto-accusation se succédant rituellement concourent à démystifier leur auteur. Il reste le talent, peut-être le génie, que l’on ne peut feindre, et la souffrance qui est bien réelle. Les visiteurs de Grillparzer dans les dernières années de sa vie étaient frappés de voir combien elle avait ravagé l’expression de son visage. En économisant ses sentiments pour les autres, en ignorant leur détresse, en se préservant à tout prix, Grillparzer était devenu sa propre victime dans la pleine conscience de son échec. Le sacrifice des autres avait été aussi le sien.
Notes de bas de page
1 Cf. Franz Grillparzer, Sämtliche Werke Ausgewählte Briefe, Gespräche, Berichte, 4. Band, München, Carl Hanser, 1965, volume qui renferme Anfänge zu einer Selbstbiographie (« Prémices d’une autobiographie »), Selbstbiographie (« Autobiographie »), Autobiographische Notizen (« Notes autobiographiques »), Erinnerungen (« Souvenirs »), Tagebücher (« Journaux »), ces derniers « Journaux » remplissant à eux seuls plus de quatre cents pages. L’ordonnancement des textes n’est pas toujours satisfaisant.
2 Philipe Lejeune, Signes de vie Le pacte autobiographique 2, Nouvelle édition augmentée, Paris, Le Seuil, 2005, p. 92 : « J’avais donc choisi l’autobiographie contre le journal […]. Pendant des années, j’ai partagé sur son compte les préjugés les plus triviaux. Puis j’ai mûri, changé, et suis revenu, mieux armé, aux pratiques de mon adolescence, et j’ai su apprécier la souplesse du journal, son honnêteté, ses ressources créatrices. » On ne peut qu’être sensible à la franchise de l’auteur, tout en s’interrogeant sur les raisons mystérieuses qui feraient du journal un témoignage par définition plus honnête que la confession autobiographique. Un écrivain célèbre sait bien qu’à sa mort les critiques n’auront qu’une hâte, celle de se plonger avec gourmandise dans son Journal, et il ne peut pas l’oublier, quelle que soit la pureté de ses intentions. Evidemment il en est tout autrement d’une jeune collégienne.
3 Grillparzer, op. cit., Tagebücher (N° 1986, 20 janvier 1832), p. 480.
4 grillparzer, op. cit., Selbstbiographie, p. 12.
5 Ibidem, p. 35.
6 Ibid., p. 39.
7 Der arme Spielmann in Grillparzer, Sämtliche Werke, op. cit., 3. Bd., p.160.
8 [Anfang einer Selbstbiographie ], op. cit., p. 18.
9 Selsbstbiographie, op. cit., p. 80.
10 Tagebücher, op. cit., p. 718 (N° 4026, 1849).
11 Karl Philipp Moritz, Anton Reiser, 1790 (trad. Georges Pauline, Anton Reiser, Fayard, 1986) ; August Strindberg, Le Fils de la servante (1886), Le Plaidoyer d’un fou (1887), Inferno (1897), Seul (1903) mais l’on pourrait aussi citer Mademoiselle Julie (1888) dans une œuvre où l’autobiographie s’immisce constamment ; Thomas Bernhard, Das Kind ( L’Enfant, 1982), Der Atem (Le Souffle, 1978), Die Kälte (Le Froid, 1981), Die Ursache (La Cause, 1975), brefs ouvrages qui se succèdent mais ne sont que les fragments d’une même autobiographie, à laquelle vient de s’ajouter, à titre posthume Meine Preise (Mes Prix littéraires), Suhrkamp, 2009.
12 Grillparzer, op. cit., Tagebücher, p. 643 (N° 3343, 1838).
13 Ibidem, p. 719 (N° 4042, 1850).
14 Ibid., p. 480 (N° 1939, 27 décembre 1831).
15 Ibid., p. 433 (N° 1616, 1827).
16 Ibid., p. 642 (N° 3327, janvier 1838).
17 Ibid., p. 228 (N° 13, 1808).
18 Ibid., p. 365 (N° 991, 1822).
19 Ibid., p. 438 (N° 4405, 1827 ?).
20 Ibid., p. 452 (N° 1730, 1829), p. 439 ; cf. également p. 430 ( N° 1622, 1828).
21 Ibid., p. 398 (N° 1434, avril 1826).
22 Ibid., p. 450 (N° 1720, 1829).
23 Ibid., p. 452 (N° 1730, 1829).
24 Ibid., p. 526 (N° 2901, 16 avril 1836).
25 Ibid., p. 417 (N° 1518, 1826).
26 Ibid., p. 526 (N° 2903, 1836).
27 Rousseau, Les Confessions, Paris, Gallimard, Folio classique, 1973, p. 193.
28 Tagebücher, op. cit., p. 259 (N° 95, 28 juin 1810).
29 Ibid., p. 431 (N° 1613, 1827).
30 Ibid., p. 432 (N° 1615, 16 septembre 1827).
31 Ibid., p. 439 (N° 1621, 1828).
32 Grillparzer, op.cit., Bd. 3, p. 386 : « Tel est l’état de l’homme totalement dominé par ses pensées. Rousseau croyait l’être par ses sentiments, mais c’était le contraire, car ceux-ci naissaient d’abord de celles-là, ou plutôt uniquement de celles-là ».
33 Tagebücher., op. cit., p. 453 (N° 1736, 1829).
34 Ibidem, p. 430 (N° 1584, début 1827).
35 Ibid., p. 432 (N° 1614, 1827).
36 Ibid., p. 444 ( N° 1634, 1828).
37 Ibid., p. 438 ( N° 4405, 1827 ?).
38 Grillparzer, op. cit., Nach der Erzählung von Klotilde Benedikt (D’après le récit de Klotilde Benedikt), 1914, p. 984 sq. L’éditeur de Grillparzer croit pouvoir affirmer que Kathy ne fut pas la maîtresse de Grillparzer. Les biographes savent de ces choses…
39 Grillparzer, op. cit., Bd. 3, p. 385 sq. (N° 1115, 1822).
40 Grillparzer, op. cit., Bd. 4, Tagebücher, p. 480 (N° 1940, 1832).
41 Grillparzer, op. cit., Bd. 3, p. 373-406.
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