Conclusion
p. 207
Texte intégral
1La douceur de vivre que ce livre a cherché à circonscrire pourrait se résumer à la formule que le philosophe Pierre Hadot utilise dans son beau livre sur Plotin : faire remonter ce qu’il y a de divin en soi jusqu’à ce qu’il y a de divin dans l’univers ; cela suppose une perméabilité de l’intérieur de l’individu – alors lieu de vertu – à ce qui lui est extérieur, qu’on appelle au xviiie siècle la nature. Cette remontée est proprement l’expérience de la grâce, qui suppose une beauté du monde et en prolongement une possible beauté de la personne dans son esprit et dans son corps, que les peintres ont tenté de représenter. Les sens permettent de toucher l’espace, mais il est aussi un contact en dehors des sens, comme celui qu’imagine Du Bos, qui fait saisir le beau. Ces manières d’être qui furent les grâces de l’Ancien Régime, arts de peindre, de construire, de se promener, de converser – autant d’exercices spirituels – supposent une confiance dans la nature, d’où vient la douceur. Mais à la fin du siècle, que sont la personne, la nature, la vertu ? Ce dernier mot ne désigne plus une réserve de spiritualité arrachée aux lois physiques et sociales dans l’enclos de la personne. On parle d’individu et la dimension physique des corps triomphe ; c’est une enquête généralisée sur l’âme, qui finira, bien plus tard, par emmener du côté de l’abstraction, et d’une esthétique de l’inachèvement, tout ce qui est le contraire de la grâce. L’individu désormais ne fait plus qu’assister avec étonnement au spectacle du monde.
2Pierre Hadot dans un autre livre, parlait de l’expérience indicible par laquelle il naît à la philosophie : lorsque la nuit était venue, que les étoiles brillaient dans le ciel immense, une angoisse à la fois terrifiante et délicieuse l’avait envahi, « provoquée par le sentiment de la présence du monde, ou du Tout, et de [lui] dans ce monde ». En ce cas, la philosophie comme manière de vivre serait aussi une douceur de vivre et une idée de la grâce.
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La douceur de vivre
Ce livre est cité par
- Losfeld, Christophe. (2022) Abhandlungen zur Medien- und Kulturwissenschaft Der Wert der Konversation. DOI: 10.1007/978-3-662-65188-9_6
- Losfeld, Christophe. (2023) The Value of Conversation. DOI: 10.1007/978-3-662-67200-6_5
La douceur de vivre
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