Synopsis
p. 405-417
Texte intégral
Première partie
Nations et démocraties en crise
1Gabriele Hayden
2Situating Latin America within U. S. Modernism : Others’s Spanish American Avant-Garde – L’Amérique latine et le modernisme états-unien : l’avant-garde latino-américaine dans Others
3Publiée entre 1915 et 1919, la revue Others représente une contribution importante au développement du modernisme aux Etats-Unis. Ses fondateurs, Alfred Kreymborg et William Carlos Williams, promurent l’innovation formelle et aidèrent des écrivains comme Marianne Moore, Mina Loy et Wallace Stevens à débuter leur carrière. Si Others a récemment fait l’objet d’une excellente monographie, en revanche son numéro d’août 1916 n’a pas été pris en compte. Pourtant, ce numéro dédié aux poètes d’Amérique latine contribue à affirmer à la fois l’avant-gardisme de ces poètes mais aussi l’avant-gardisme des échanges entre états-Unis et Amérique latine : ce numéro anticipe notamment les futures déclarations de Waldo Frank et William Carlos Williams selon lesquelles les Amériques gagneraient à être comprises comme un tout, marqué par l’histoire coloniale française, espagnole et anglaise.
4Rachel Farebrother
5Nationalism and Internationalism in The Crisis – Nationalisme et internationalisme dans The Crisis
6Au-delà des approches critiques actuelles qui tendent à mettre en avant soit le nationalisme de la Harlem Renaissance, soit son pan-africanisme, cet article met en lumière les tensions entre nationalisme et internationalisme qui émergent dans les pages de The Crisis. Du Bois, le fondateur et rédacteur de The Crisis entre 1910 et 1934, s’intéresse ainsi particulièrement au nationalisme indien, élevé au rang de référence pour la résistance afro-américaine. D’où une relation dynamique entre internationalisme et nationalisme dans la revue, Du Bois empruntant et adaptant le modèle indien pour formuler son propre nationalisme. Cependant, la lecture que fait Du Bois de la résistance indienne n’est pas exempte de tensions : elle est en effet marquée par un colonialisme et un orientalisme qui limitent sa définition de « l’internationalisme noir », limitation qui a des conséquences aussi importantes que méconnues sur la production textuelle de la communauté afro-américaine.
7Christophe Ippolito
8Naissance d’une nation : La Revue Phénicienne au Liban en 1919 – Birth of a nation : La Revue Phénicienne (Lebanon, 1919)
9Published in Lebanon in 1919 and written in French, La Revue Phénicienne was founded just a few months before the creation of “Great Lebanon” by France in September 1920. This magazine is first and foremost a plea for recognition and a propaganda tool that mostly tries to define the Lebanese identity and specificity, but also the territorial and economic viability of what will become modernist, pro-Western, Phoenician and even non-Arab Lebanon. Thus, what is at stake in those 288 pages is not just the Phoenician search for identity, but the birth of a modern nation and state.
10Sonia de Puineuf
11Les revues de l’avant-garde slovaque et la question de l’identité nationale – Slovak avant-garde magazines and national identity
12Gathering the Czech and Slovak nations, Czechoslovakia was born in 1918 as a result of the Treaty of Versailles. From then on, the issue of national identity came to the front in the progressive literary and artistic circles in Bratislava. Torn apart between two major political tendencies–“Czechoslovakism” and “autonomism”–, and considering neither of them satisfactory, young writers addressed the issue of national identity first by emphasizing the local specificities of rural Slovakia in Dav magazine in the 1920s, and then by turning their attention to cosmopolitan urban life, with multilingual magazine Nová Bratislava published in the 1930s. The Slovak avant-garde referred to other European avant-gardes to show how similar their formal solutions were. On the eve of the war, local traditions were further rejected, but the tragic political events stifled the voices of the most progressive artists.
13Adrienne Leavy
14Reading the Literary and Cultural Nationalism of Early Twentieth-century Ireland : Samhain, The Irish Review and The Klaxon – Nationalisme littéraire et culturel dans l’Irlande du début du xxe siècle : Samhain, The Irish Review et The Klaxon
15Trois revues permettent de mieux comprendre les enjeux des intenses débats littéraires, culturels et socio-économiques qui agitèrent l’Irlande du début du xxe siècle : Samhain, (1901-1908), The Irish Review (1911-1914) et The Klaxon (1923-1924). Chacune de ses revues, à des degrés divers, manifeste le désir d’établir une identité culturelle irlandaise dégagée de l’influence coloniale britannique, et soulève des questions intéressantes quant à l’interaction du modernisme, du nationalisme et de la tradition. Samhain, dirigée par Yeats, participa à la naissance d’un théâtre national en publiant des œuvres de Yeats, Synge et Douglas Hyde. Autre exemple des liens entre culture et nationalisme, The Irish Review est le résultat du travail de collaborateurs et de rédacteurs dont beaucoup furent directement impliqués dans l’Insurrection de Pâques 1916. Enfin, la revue avant-gardiste The Klaxon proposa une autre piste en fustigeant le conservatisme irlandais et en tentant de se rapprocher du modernisme international : cette attitude scella son destin, puisque la revue ne publia qu’un numéro.
16Ulrike Stroeder
17Die Literarische Welt et son positionnement politique à la fin des années vingt – Die Literarische Welts relation to politics at the end of the 1920s
18At a time when most German avant-garde magazines displayed radical political ideas, Die Literarische Welt (“The Literary World”), a weekly magazine published between 1925 and 1933 under the direction of Willy Hass, opened its columns to writers and critics coming from various political horizons ranging from national conservatism to communism. A study of the collaborators reveals that Die Literarische Welt published a group of the writers called “Gruppe 1925” but also defended foreign writers and more traditional or lesser-known German artists. After the spectacular rise of the national-socialists in the 1930 parliamentary elections, the magazine urged German intellectuals to gather against Nazism, but eventually fell victim to the violent mass movement.
19Margery Palmer McCulloch
20Modernism, Politics, and Little Magazines in Interwar Scotland – Modernisme, politique et petites revues dans l’Ecosse de l’entre-deux-guerres
21Les petites revues ont joué un rôle important dans la renaissance culturelle et politique de l’Ecosse insufflée entre les deux guerres par Hugh MacDiarmid. L’intérêt pour la révolution moderniste va de pair avec une réflexion sur une identité culturelle nationale remettant en question le statut britannique de l’Ecosse acquis suite à l’union politique avec l’Angleterre en 1707. Plusieurs revues participent à ce renouveau : The Scottish Chapbook présenta le programme de ce qui allait être connu sous le nom de « Renaissance écossaise » et accueillit les premières contributions du poète moderniste écossais. Dans les années 1930, puis juste avant la Deuxième Guerre mondiale, The Modern Scot et The Voice of Scotland poursuivirent et étendirent cette action, contribuant ainsi à la modernisation de la littérature écossaise.
22Micheline Cellier-Gelly
23André Chamson et Vendredi, « l’hebdomadaire du Front populaire » – André Chamson’s Vendredi, the Front Populaire’s weekly
24Vendredi (1935-1938) was a weekly magazine created by André Chamson (a radical) and directed by Jean Guéhenno (a socialist) and Andrée Viollis (a communist) who wished to fight the conservative press and offer a large and efficient tribune to the left. Interestingly enough, its birth and death coincided with the dates of the Front Populaire. The magazine gathered most of the intellectuals from the Left, from Jacques Maritain to Paul Nizan, André Gide and Jules Romains. Anxious to fight the rise of fascism and nationalism, they contributed to the debate that eventually led to the emergence of the Front Populaire. However, the magazine remained independent and distanced itself from Blum’s government as early as November 1936 when restrictions were imposed on workers and above all when non-intervention was chosen in the Spanish war. The question of pacifism divided the editors and the magazine ceased publication soon afterwards.
25Noëlle Cuny
26De la « démocratie » dans les petites revues de l’après-guerre (Angleterre, 19181923) – On « Democracy » in the Small Magazines after the War (England, 1918-1923)
27What becomes of democracy when there is no reliable language in which to conduct debate, and when words are so overburdened with tendentious meanings that they no longer have a reality of their own ? Among the damage caused by the First World War, the adulteration of language was most keenly felt by those whose vocation it was to keep it alive. Propaganda, heroic lyricism, and a general inflation of great Words used as flags and mottos had aroused mistrust among those trying to safeguard the truth-telling imperative of discourse or the creative potential of the English language. Now, with the War coming to a close at last, it was time to burst the bubble, to show the heroic and idealistic stance for the fallacy it had become. For example : how was it that the word “democracy” had been made to sound like Whitman’s “drum-taps” ? And what greedy, man-eating monster lay hidden under the well-composed mask of the Liberal state ? These questions inspired much of the poetry, the prose and the art in little magazines such as The New Age, Coterie, The Word, and The Adelphi, themselves among the most valuable products of liberal democracy.
Deuxième partie
Esthètes et citoyens
28Henry Mead
29A New Age Philosophy : A. R. Orage and T.E. Hulme – Philosophie du New Age : A R. Orage et T E. hulme
30Classer The New Age parmi les revues modernistes invite à reformuler notre définition du modernisme, dans la mesure où cet hebdomadaire politique à l’identité socialiste marquée semble bien différent des petites revues habituellement associées au mouvement : difficile en effet de rapprocher The New Age de l’esthétique de plus en plus élitiste de Pound, par exemple. Cependant, les écrits de son rédacteur, A. R. Orage, et de T. E. Hulme, font état de collaborations liant la revue aux évolutions de Hulme, de la philosophie vitaliste au classicisme moderniste. La transition de The New Age d’un anti-étatisme libertaire à la défense d’une « société organique » fut un processus cohérent, qui n’a pas généré de contradictions internes. L’étude de The New Age permet donc de voir que le modernisme embrasse des penchants apparemment contradictoires pour des expressions romantiques et un classicisme impersonnel.
31James Dempsey
32The Radical and the aesthete : Randolph Bourne, Scofield Thayer, and The Dial – Le radical et l’esthète : Randolph Bourne, Scofield Thayer et The Dial
33The Dial, tel qu’elle paraît sous la direction de Scofield Thayer et du docteur James Sibley Watson, entre 1920 et 1929, est rarement considérée comme une revue politique. Au contraire, on cite souvent la revue pour son esthétisme marqué, qui ressort d’autant par contraste avec la nature politique de certaines de ses contributions sous la direction antérieure de Bourne (disparu en 1918). Cependant, il semble plus juste d’envisager The Dial de Thayer et Watson non pas comme une revue apolitique, mais comme une revue conjuguant esthétisme et politique, dans une synthèse qui tient aussi bien de la philosophie personnelle de Thayer, infléchie par sa formation auprès de George Santayana, que du pacifisme de Bourne.
34Marc Duvilller
35The Mask (1908-1929) de Edward Gordon Craig : de la mise en scène de l’espace scénique à celle de la politique – Staging Politics : The Mask (1908-1929)
36Edward Gordon Craig’s The Mask, a magazine that he published and wrote almost by himself in Italy between 1907 and 1929, played a crucial role in the European movement of theatrical reform that marked the first half of the 20th century. A stage director and a theoretician, Craig’s few concrete achievements were less influential to stage directors and architects than his writings, sketches and engravings. Together, they suggest disturbingly monumental stage spaces in which human beings are completely crushed. The study of Craig’s texts and images show that they inspired the architecture of the Nuremberg Gatherings designed by Hitler’s architect Albert Speer.
37Hélène Lecossois
38The Mask : de l’art a-politique du théâtre ? – The Mask : On the apolitical Art of Theatre ?
39For theatre practitioners and theoreticians, The Mask (1908-1929) was one of the most influential little magazines of the early twentieth century. Seemingly concerned with dramatic aesthetics and theory exclusively, the metaphor of the mask nevertheless suggests other hidden meanings, and invites us to consider the magazine’s true designs as well as its narrative and editorial strategies. The fascist political stance of The Mask has often been pointed out, but has never been analysed in detail. This chapter aims to shed light on the magazine’s fascist ideology by means of a discussion of one of the key concepts of Craigian aesthetics and theory : that of the Übermarionnette.
40Julie Miraucourt
41Michel Leiris et les revues modernistes : surréalisme, ethnographie et politique – Michel Leiris and modernist magazines : surrealism, ethnography and politics
42Little magazines always played an essential role in Michel Leiris’s artistic life. With Intentions, La Révolution surréaliste and Clarté, Leiris developed his interest in literature, ethnography and politics, actively opposing the rise of fascism. Created by Georges Henri Rivière and Georges Bataille, Documents represented a further step in Leiris’s relations with little magazines, since he worked as an editor of the magazine and Documents proved crucial to his intellectual evolution and his participation in the Dakar-Djibouti mission.
43Anne Reynes
44Reading the Manifesto as a “vérité de mensonge” : Politics and Aesthetics in transition Magazine (1927-1932) – Lire le manifeste dans sa “vérité de mensonge” : politique et esthétique dans la revue transition (1927-1932)
45Cet article interroge la position supposément apolitique du magazine transition en montrant comment ses manifestes construisent la « vérité de leurs mensonges ». Le discours éditorial de son directeur Eugène Jolas, la posture avant-gardiste de transition, ainsi que certaines expériences visuelles permettent de mettre en évidence la politisation graduelle de certains contributeurs de la revue.
46Nathalie Gibert-Joly
47La Quinzaine critique (1929-1931) de Pierre de Lescure – La Quinzaine critique (1929-1932) : between culture and politics
48Pierre de Lescure founded La Quinzaine critique in 1929. Over three years, its collaborators discussed recently published books and magazines. Even though it was a small-circulation magazine, La Quinzaine critique quickly became a milestone in the intellectual landscape of the time. While concentrating its efforts on a precise analysis of the literary, artistic and scientific innovations of the time, the magazine managed to carry a political agenda, thus positioning itself at the crossroads of culture and politics.
49Richard Parker
50“The most disliked periodical in England” : Ezra Pound in Ronald Duncan’s Townsman – “La revue la moins aimée d’Angleterre” : Ezra Pound dans le Townsman de Ronald Duncan
51À la fin des années 1930, Pound exerce sur Townsman une influence ambivalente. D’une part, il fait profiter à son directeur, Robert Duncan, de ses contacts et de son expérience, comme il l’avait fait auparavant pour Blast et les vorticistes, les imagistes ou les objectivistes. D’autre part, il introduit des idées et des tendances qui vont progressivement menacer la publication : l’antisémitisme de Pound, sa défense implicite du fascisme et son ton revendicateur imprègnent la revue, qui parallèlement développe un intérêt pour l’agrarianisme et se place de plus en plus à droite du spectre politique.
52Stephen Rogers
53The Individual and [the] World Crisis : Laura Riding’s Epilogue (1935-1938) and politics – L’individu et la crise mondiale : le politique dans Épilogue de Laura Riding (1935-1938)
54Cet article s’intéresse à la façon dont Riding réagit aux débats politiques des années 1930. La Guerre Civile espagnole eut des conséquences directes sur la communauté artistique qu’établirent Riding et Robert Graves à Majorque, et Épilogue permit à Riding de développer l’idée d’une responsabilité politique de l’individu et de discuter des liens unissant politique et poésie. Ces débats transparaissent notamment dans « The World and Ourselves », publié dans le quatrième numéro de la revue, en 1938, où les « solutions » qui émergent échappent à la dichotomie « Droite/Gauche » pour s’enraciner dans une expérience culturelle et historique.
Troisième partie
Groupes et mouvements
55Peter Nicholls
56Life Among the Surrealists : Broom and Secession Revisited – “La vie parmi les surréalistes” : une relecture de Broom et Secession
57Broom et Secession, revues “américaines” d’exil nées à peu près en même temps sur le sol européen (1921 pour Broom, 1922 pour Secession), témoignent d’un dialogue culturel complexe entre Europe et Etats-Unis, fait de reprises et de distorsions. Fondée par Munson (bientôt rejoint par Josephson), Secession reflète une fascination pour la modernité européenne qu’incarnent le dadaïsme, puis le surréalisme, loin de la modernité américaine considérée comme bassement matérialiste. Broom, fondée par Loeb bientôt rejoint par Kreymborg, exprime davantage un intérêt pour la culture américaine – ou plutôt pour ceux de ses objets qui fascinent les Européens – qui leur semble en avance sur le dadaïsme. Paradoxalement pourtant, Broom comme Secession n’appréhendent le dadaïsme, puis le surréalisme, qu’à travers le filtre des États-Unis : Josephson est davantage attaché à l’énergie des avant-gardes d’après-guerre qu’à leur contenu précis, tandis que Loeb et Kreymborg se méfient de leur extrémisme, leur préférant la vitalité américaine reflétée dans le miroir déformant que tendent les Européens aux États-Unis.
58Stamatina Dimakopoulou
59Politics and Paradigms for Art in America : Reframing Radicalism in the Little Review (1914-1929) – Politique et paradigme de l’art aux Etats-Unis : la notion de radicalisme dans la Little Review (1914-1929)
60Lieu unique du dialogue entre les États-Unis et les avant-gardes continentales, la Little Review créa un espace intellectuel où radicalisme politique et radicalisme culturel tantôt convergèrent, tantôt divergèrent. Au sein de la Little Review se développèrent les sympathies anarchistes de Margaret Anderson, la « politique littéraire » de Pound, ou encore la veine Dada de Jane Heap. Mais au-delà de l’éclectisme culturel initial de Margaret Anderson et de sa tentative de concilier le radicalisme des avant-gardes continentales et de la politique américaine, et au-delà des tensions entre élitisme moderniste et radicalisme avant-gardiste, la Little Review fait état d’une tentative de dialogue entre l’Amérique et l’Europe, un dialogue reposant sur l’idée que la nouveauté des avant-gardes continentales était fondée sur un radicalisme qui ne pouvait finalement pas prendre en charge un rêve collectif, qu’il soit européen ou américain.
61Véronique Elefteriou-Perrin
62Contre “Hollywood” : Close Up et ses combats – Against “Hollywood” : Close Up’s struggles
63Published between 1927 and 1933, Close Up changed the cultural topography of the magazines devoted to cinema by promoting cosmopolitanism and a reflection on form, and by defending the independence of art as well as the political responsibility of the media. Against the commercial values of the Hollywood film industry, Close Up denounced the logic of mass production, distribution and consumption that threatened the freedom of creation and circulation of avant-garde films on the two sides of the Atlantic. Its editors supported new forms of local activism such as film societies and alternative screening spaces that ensured the visibility of films considered as non-profitable or politically committed.
64Douglas Brent McBride
65Performing the Body Politic : Sorelian Discourse in Periodicals of Italian Futurism and German Expressionism – Le corps politique : le discours sorélien dans les revues du futurisme italien et de l’expressionnisme allemand
66Cet article s’intéresse au traitement des idées syndicalistes de Georges Sorel dans les grandes revues de l’expressionnisme allemand et du futurisme italien de l’avant Première Guerre mondiale. Sont proposées notamment des lectures de poèmes en vers libres de deux figures importantes, mais aujourd’hui largement oubliées, des revues de l’époque, René Schickelé et Enrico Cavacchioli. Leurs poèmes s’appuient sur un discours sorélien pour montrer comment, dans l’acte de protestation publique, se forme un sujet politique collectif. Finalement, on peut dire que si le discours sorélien séduisit tant les modernistes – contrairement à la démocratie libérale et à ses institutions parlementaires –, c’est parce qu’il s’appuyait sur une conception pragmatique, et non procédurière, de la vie politique.
67Anne Ollivier-mellios
68The Seven Arts et la formation d’un milieu intellectuel new yorkais – The Seven Arts and the formation of a New-York intellectual network
69This article focuses on The Seven Arts, a small magazine which was published in New York between November 1916 and October 1917. Critics have often viewed The Seven Arts exclusively as a literary magazine which started to publish political articles only after May 1917, when Randolph Bourne began to pen his anti-war essays. It seems, on the contrary, that art and politics were constantly intertwined in the twelve issues of the magazine ; indeed, the editors of The Seven Arts, James Oppenheim and Waldo Frank, were not only interested in the creation of a truly American culture, but they constantly addressed more political issues, questioning the nature of the American nation and assessing the impact of American immigration or the universalism of American values. More generally, one cannot grasp the role played by The Seven Art in the formation of an intellectual network that was to influence the next intellectual generation without taking into account the wider context of the Progressive Period and the larger “geographical landscape” of the New York small magazines.
70Eliane Elmaleh
71The Masses (1911-1917) : magazine radical entre avant-garde et conformisme – The Masses (1911-1917) : a radical magazine between avant-gardism and conformism
72The aim of this article is to give a brief panorama of the American magazine The Masses while trying to define what it might have represented for an important number of intellectuals at the beginning of a cultural and social revolution. The Masses being at a crossroads of several trends of thought and action, the author shows that it became not only an important organ of revolt against the establishment, but also a tool for the defence of the proletariat and freedom in arts and literature. She also analyses the impact of the magazine and shows that the editors were the precursors of a certain kind of political and cultural press which served as a role model to many of its successors. Special attention is paid to the editorials, articles and drawings on racism and religion which enabled The Masses to be both a precursor of the American protest movements of the 20th century and a defender of more traditional values.
73Michael Rozendal
74“rusting America you reunite” : The Left, and Thirties Limits on Aesthetic Coalition – « Américains de l’acier... ré-unissez-vous » : The Left et les limites de la coalition esthétique dans les années 1930
75Entre le krach boursier de 1929 et 1933, le début des années 1930 vit l’éclosion de nombreuses petites revues éphémères explorant aussi bien des voies artistiques que politiques. Ces revues font preuve de radicalisme au double sens qu’elles adhèrent à la recherche du « nouveau » tout en cherchant à ancrer leur esthétique mouvante dans la tradition des petites presses des décennies précédentes. En 1931, The Left rassemble des écrits engagés, tant formellement que politiquement, pour former une large coalition culturelle. La revue permet ainsi un dialogue esthétique et politique riche, comme le montre en particulier l’étude du premier numéro de la revue qui réunit des poèmes en hommage à Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti, écrits par des figures aussi diverses que Louis Zukofsky, Lola Ridge ou Joseph Kalar. Malgré ce succès initial, The Left, en proie aux limitations politiques de la période, ne réussit pourtant pas à développer une avant-garde engagée.
76Céline Mansanti
77The “moderns” and the formation of an. American political avant-garde at the turn of the 1920s and 1930s (transition, New Masses, Contact) – Les « modernes » et la formation d’une avant-garde politique américaine à la fin des années 1920 et dans les années 1930 (transition, new masses, Contact)
78Cet article s’intéresse au rôle des acteurs de l’avant-garde moderniste dans la formation d’une avant-garde prolétarienne américaine. Trois revues, représentant chacune trois moments de cette histoire collective et trois conceptions différentes du rapport entre politique et littérature, sont envisagées. transition (Paris, 19271938), revue globalement apolitique, est la revue de la crise : tandis que l’Europe ne répond plus aux attentes des exilés, les Etats-Unis sont encore associés au puritanisme, au conformisme et au matérialisme. Fondée en 1926, New Masses cristallise une nouvelle étape, marquée par le retour physique et symbolique des exilés au pays, et un engagement politique ouvert qui se traduit souvent par une affiliation au parti communiste. Enfin Contact (New York, 1932) postule que seule la littérature est en mesure d’exprimer un engagement politique. Au-delà de leurs différences, les trois revues suggèrent que l’avant-garde politique qui se développe aux Etats-Unis prend forme en réaction à l’Europe, et se présente comme une façon de construire une identité spécifiquement américaine, mêlant « virilité » et culture de masse. Pourtant, il existe des liens forts entre transition l’Européenne et ses consœurs : un fil court, au fond de l’Atlantique, entre les deux avant-gardes, le modernisme et l’avant-garde prolétarienne, qui témoigne de la richesse des échanges interculturels dans les années 1920 et 1930.
79Françoise Bort
80John Lehmann’s New writing in Wartime : A Foreword to Postmodernism ? – New writing de John Lehmann : avant-propos au post modernisme ?
81Le magazine New Writing, dirigé par le poète John Lehmann, connut une longévité exceptionnelle de quatorze années qui correspondent à la période du modernisme la moins étudiée et la plus difficile à analyser, celle qui constitue la transition entre le haut modernisme et le post modernisme. De 1936 à 1950, au fil des soixante-et-un numéros que compte la revue, John Lehmann s’est attaché à définir l’œuvre d’art à venir. La revue constitue à ses yeux un instrument privilégié, capable de révéler l’œuvre d’art attendue et de rassembler le lectorat susceptible de l’accueillir. Peu après la guerre, Lehmann prend conscience de l’échec de son entreprise. Les essais et avant-propos qu’il publie dans New Writing, tout au long des années 1940, apparaissent a posteriori comme la chronique d’une attente déçue, mais aussi et surtout comme une image au ralenti des mutations inaperçues du modernisme. La déception largement argumentée de Lehmann, loin de signaler une rupture entre deux périodes, ou une faillite de la production littéraire, semble au contraire préfigurer la hantise post moderne de la fin de l’art.
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