À propos du colosse de Rhodes : quelques considérations sur un monument commémoratif
p. 135-156
Texte intégral
PROLOGUE
« Eh ! Ami, il [César] enjambe cet étroit univers comme un colosse ; et nous autres, hommes chétifs, nous passons sous ses jambes énormes et nous furetons partout pour trouver des tombes déshonorées2.»
1Cet extrait d’une réplique de Cassius, tirée du Jules César de Shakespeare, faisant allusion au Colosse de Rhodes n’est qu’un exemple parmi d’autres de la fortune dont cette statue continua à jouir bien après qu’elle eut disparu. C’est parce qu’elle avait eu le privilège d’être retenue pour figurer dans la liste des sept merveilles du monde que de nombreux artistes, à partir du XVIe siècle, s’emparèrent du sujet. Le premier fut Jean Cousin qui, en 1556, réalisa 34 gravures pour illustrer la « Cosmographie du Levant » d’André Thévet, publiée à Lyon. L’une d’elles reproduisait la célèbre statue rhodienne3. À de rares exceptions près4, le Colosse était représenté tel que Shakespeare nous le décrit dans sa pièce de théâtre, enjambant le goulet du port de Rhodes5. Depuis les travaux d’Albert Gabriel en 19326, cette posture invraisemblable a été définitivement invalidée, mais les clichés ont la vie dure et l’on a continué à représenter jusqu’à ce jour le Colosse rhodien les jambes écartées7. Il suffit pour s’en convaincre de parcourir les ruelles touristiques de Rhodes dont les boutiques continuent à proposer des reproductions du Colosse faisant le grand écart. L’origine de cette représentation remonte au moins à la fin du Moyen Âge, au temps de l’occupation hospitalière de l’île. Nous la trouvons mentionnée dès 1394-1395 dans le récit de Martoni, un pèlerin italien. Selon lui, la statue enjambait le port de Mandraki, un des pieds se trouvant donc à l’emplacement de l’actuel fort Saint-Nicolas qui avait lui-même succédé à une église byzantine homonyme. Cette localisation se retrouve dans l’« Obsidionis Rhodie Urbis Descriptio » de Guillaume Caoursin, publiée à Ulm en 1496, ainsi que dans le «De Bello Rhodio » publié à Rome en 15248. Il n’est d’ailleurs pas impossible que cette représentation fantaisiste de la célèbre statue rhodienne soit apparue à l’époque de la présence latine dans l’île, sachant que les sources littéraires antiques et byzantines sont soit divergentes soit muettes sur ce point.
2À la décharge de Jean Cousin, inventeur graphique du Colosse enjambant l’entrée du port de Rhodes, il faut admettre que la documentation antique sur cette statue est très imprécise quant à son apparence, si ce n’est pour nous dire qu’elle représentait le dieu poliade des Rhodiens Hélios, ou Sol pour les auteurs latins. Seule source littéraire à évoquer l’aspect de la statue, Philon de Byzance nous apprend que l’« on identifie le dieu à ses attributs », ce qui ne nous avance guère9. Partant de là, nombreux sont ceux à avoir cherché à restituer plus ou moins raisonnablement le Colosse de Rhodes. Wolfram Hoepfner10, auteur de la dernière mise au point sur le sujet, a proposé un nouvel avatar du Colosse en s’appuyant sur des images d’Hélios apparaissant sur divers artefacts d’époque impériale : statuettes, gemmes et monnaies principalement. Le résultat est séduisant mais fragile sachant que la comparaison porte sur des objets dont la nature, la localisation et l’époque nous éloignent du Colosse lui-même. Il est par contre certain que son souvenir s’était maintenu comme paradigme du gigantisme dans l’art de la sculpture, mais également comme symbole de la cité rhodienne, et c’est bien entendu ce second point qui retiendra plus volontiers notre attention.
3L’élévation par les Rhodiens d’une statue d’Hélios d’environ 31 mètres11 (70 coudées ou 105 pieds) de hauteur s’inscrit dans une démarche d’autocélébration de leur cité, après que Démétrios Poliorcète eut levé le siège de Rhodes au bout d’une année de vains efforts. Il convient cependant de revenir d’une part sur le contexte historique qui aboutit à la mise en œuvre de cette statue hors du commun, d’autre part sur la contribution du géant rhodien à la fabrication par la cité grecque d’une mémoire civique. Nous souhaiterions enfin explorer la question des rapports mémoriels qui semblent s’être tissés autour du Colosse entre Rhodes et les souverains lagides.
RHODES VERSUS DÉMÉTRIOS
4Pline l’Ancien et une épigramme de l’Anthologie Palatine nous disent les raisons qui amenèrent les Rhodiens à élever dans leur ville une statue colossale d’Hélios, dieu poliade d’une cité dont les contours coïncidaient avec ceux de l’île depuis le synœcisme de 408 av. J.-C. Il s’agissait de célébrer la levée du siège de Rhodes entreprit en 305 av. J.-C. par les rois Antigone le Borgne et Démétrios Poliorcète, sous la direction du second12. Diodore de Sicile, qui est notre principale source sur les événements qui aboutirent à cet insuccès de Démétrios, y voit la conjonction de trois causes : l’esprit de résistance des Rhodiens, la lassitude des assiégeants et l’émergence de soutiens extérieurs à la cause rhodienne parmi lesquels nous trouvons Ptolémée ier, particulièrement intéressé par l’issue de ce siège13. Par ailleurs les opérations militaires menées par Cassandre en Grèce depuis 307 av. J.-C.14 pouvaient également inquiéter Antigone qui, de ce fait, rappela les armées de son fils et fit la paix avec Rhodes. Précisons toutefois que ce sont les Rhodiens qui demandèrent la paix à Antigone et non l’inverse15.
5Le principe consistant à gratifier une divinité, dont on estime qu’elle est grandement à l’origine d’une victoire ou, dans le cas rhodien, qu’elle a permis d’éviter un désastre annoncé, compte tenu de l’écrasante supériorité numérique et matérielle des Antigonides, n’a rien de surprenant. La tradition ne rapportait-elle pas qu’en 491 av. J.-C., lors de la grande opération de soumission des cités grecques égéennes, puis continentales, voulue par Darius ier, l’armée perse de Datis aurait échoué à s’emparer de Lindos du fait de l’intervention miraculeuse de la déesse poliade Athéna lindienne16. De la même manière, en 304 av. J.-C., les Rhodiens durent considérer qu’ils devaient leur salut à Hélios comme le souligne l’épigramme votive du Colosse17 :
« C’est pour toi seul, Soleil, que les habitants de Rhodes la Dorienne ont dressé vers l’Olympe ce colosse tout en bronze quand après avoir apaisé les flots de la guerre, ils ont paré leur ville des dépouilles de l’ennemi. Ce n’est pas seulement sur mer, c’est aussi sur terre qu’ils ont, en l’élevant, fait resplendir la lumière éclatante d’une liberté qui ne se laisse pas asservir ; car aux descendants d’Héraclès appartient, comme l’héritage de leurs pères, la souveraineté des terres et des mers. »
6Plutôt que d’évoquer les origines mythologiques héliaques de la cité, l’auteur de cette épigramme choisit de faire allusion à l’Héraclide Tlépolèmos qui, ayant dû quitter Argos, trouva refuge dans l’île de Rhodes sur laquelle il fonda les trois cités originelles de Ialysos, Lindos et Kamiros18. Pour le reste, il est clairement fait allusion au siège de la ville, à l’échec de Démétrios Poliorcète ainsi qu’à l’abandon des machines de guerre, parmi lesquelles la fameuse helepolis construite par Épimachos. Cette tour de neuf étages, qui mesurait 31 mètres (70 coudées) de hauteur pour 21 mètres (48 coudées) de côté à la base, avait été mise hors d’usage grâce à un stratagème de Diognétos de Rhodes, à qui avait été confiée la mise en défense de la ville19. Ces machines de siège laissées sur place par Démétrios servirent indirectement à l’érection du Colosse. Pline l’Ancien nous rapporte que les 300 talents issus de la vente de ces machines furent utilisés dans ce but20. A contrario Vitruve21 et Plutarque22 nous rapportent une tout autre tradition. Pour le premier, Diognétos, principal artisan de la victoire, se serait vu accorder l’helepolis comme part de butin. Après quoi, il l’aurait offert à sa cité en la plaçant sur l’agora de la ville. Plutarque de son côté attribuait la même démarche à Démétrios lui-même. Ne faudrait-il pas voir dans cette anecdote, assez invraisemblable, une forme d’allusion au Colosse dont on nous dit qu’il fut financé par les machines du Poliorcète ? D’ailleurs, plutôt que d’envisager la mise en place par Rhodes d’une « grande braderie » du matériel de siège, ne pourrait-on pas concevoir que les Rhodiens aient plus simplement recyclé les matériaux constituant ces machines, métaux et bois, nécessaires à la réalisation de la statue du dieu23. Ainsi pour reprendre les termes de l’épigramme ce furent bien, d’une manière ou d’une autre, les « dépouilles de l’ennemi » qui, à travers le Colosse, parèrent la cité victorieuse. Ajoutons que Démétrios n’avait aucune raison de laisser in situ la totalité de son arsenal. Seules les machines de siège endommagées ou trop lourdes à transporter – ce fut certainement le cas de l’helepolis – durent être abandonné. Il est donc possible de concilier la version plus historique de Pline l’Ancien avec celle plus allégorique de Vitruve et Plutarque. C’est pourquoi nous pensons que la colossale helepolis dressée par Diognétos ou Démétrios sur l’agora rhodienne préfigure symboliquement la non moins colossale statue d’airain qui sera érigée dans la ville et ce d’autant plus qu’elle aura, ce qui ne saurait être un hasard, la même hauteur que l’helepolis. Ce rapprochement nous amène d’ailleurs à suggérer une possible localisation du Colosse sur l’agora rhodienne qui se situe au sud-ouest de l’antique port commercial. Notons que la statue en bronze de Zeus de 18 mètres (40 coudées) de haut que Lysippe avait réalisé à Tarente se trouvait également sur l’agora de cette ville24. Or Charès de Lindos, qui fut désigné pour réaliser le Colosse, était un disciple de Lysippe25. Nous reviendrons plus avant sur la difficile question de la localisation de la statue.
7La notice de Plutarque pose un autre problème car Démétrios y est présenté comme un adversaire vertueux26, ce que souligne l’anecdote à propos d’une œuvre du peintre Protogénès, représentant Ialysos, qui se trouvait exposée aux fureurs du siège et que le Macédonien s’engagea à épargner27. L’existence d’une tradition favorable à celui qui avait voulu réduire la liberté de Rhodes, une cité plutôt en faveur chez les Anciens, est révélatrice des relations complexes existant entre cette cité et ses puissants voisins. Plus personne aujourd’hui ne soutient la thèse d’une alliance politico-militaire originelle entre Ptolémée et Rhodes28. Si l’échec de Démétrios contre Rhodes s’inscrit bien dans un plus vaste conflit opposant Antigone au Lagide, l’existence de traités entre l’Égypte et la cité grecque n’est mentionnée qu’à la veille du siège29. Précisons en outre qu’ils ne semblent pas revêtir un caractère offensif. Le premier acte de résistance de la part des Rhodiens vis-à-vis d’Antigone n’apparaît véritablement qu’en 307 av. J.-C., à la veille du déclenchement du conflit avec Ptolémée30. Encore convient-il de préciser qu’il s’agissait pour la cité grecque de ne pas contrevenir à la politique de neutralité qu’elle semble avoir sagement adoptée après la mort d’Alexandre le Grand. Ayant vaincu Ménélaos, frère de Ptolémée, à Salamine de Chypre en 306 av. J.-C., Antigone le Borgne et Démétrios, qui avaient pris le titre de roi, s’emparèrent de cette île menaçant directement l’Égypte désormais exposée à une opération de débarquement. En arrêtant in extremis à Péluse l’offensive antigonide, Ptolémée avait diminué les risques immédiats qu’avait entraînés la perte de Chypre, mais la situation n’en restait pas moins délicate. C’est donc dans ce contexte tendu que l’année suivante Antigone sollicita à nouveau l’alliance des Rhodiens contre Ptolémée. Devant un nouveau refus poli de la part de ceux-là, Antigone lança ce qu’il convient d’appeler un ultimatum en exigeant que les ports de Rhodes passent sous son contrôle ainsi que la remise de cent otages31. C’est à ce moment que pour la première fois sont mentionnés, par Diodore de Sicile, ces synthèkai, passés avec Ptolémée sans que soient précisés d’une part l’époque à laquelle ils avaient été contractés, d’autre part leur contenu. Les clauses de l’accord de paix passé en 304 av. J.-C. entre Rhodes et les Antigonides, après la levée du siège, permettent peut-être de déterminer la nature de ces synthèkai égyptorhodiens32. En opposition avec le triomphalisme de l’épigramme du Colosse, les termes de cet accord obligeaient les Rhodiens à renouveler leur alliance avec Antigone, garantie par la remise de cent otages n’exerçant aucune magistrature dans la cité. Une clause capitale était ajoutée : l’impossibilité pour Antigone le Borgne de solliciter cette alliance dans le cas particulier d’un conflit le mettant aux prises avec Ptolémée, comme il s’y était efforcé en vain l’année précédente. Tout cela pourrait ressembler à un retour à un statu quo ante mais lequel ? Hans Hauben33 estime que Rhodes avait établi un traité d’amitié avec tous les diadoques, incluant donc Antigone et Ptolémée, un moyen pour la cité insulaire de préserver sa neutralité et ce faisant sa liberté. Ainsi la résistance de Rhodes en 307 et 305 av. J.-C. serait justifiée par le refus de la cité grecque de briser les traités passés avec l’Égypte ou, si l’on préfère, de faire prévaloir l’alliance antigonide sur toute autre. C’est en cela que l’accord souscrit après le siège peut être considéré comme un retour à la situation antérieure. Les autres diadoques n’étant pas directement en guerre avec Antigone, il n’était donc pas utile de les mentionner dans le traité. De ce point de vue, la posture neutraliste de Rhodes sortit renforcée du conflit. Nous suivons ici Édouard Will34 qui défend l’idée que Rhodes avait opté pour cette politique depuis 323 av. J.-C., tout en admettant qu’impliqués malgré eux à deux reprises dans un conflit opposant Antigone et Ptolémée, les Rhodiens furent parfois conduits à composer avec ses deux puissants voisins et surtout avec le plus proche et le plus agressif d’entre eux : Antigone le Borgne. Partant de là, il en vient à considérer que l’installation de chantiers navals antigonides à Rhodes et la participation navale rhodienne au siège de Tyr en 315 av. J.-C., de même que la présence des Rhodiens lors d’une campagne d’Antigone le Borgne en Grèce en 312 av. J.-C., ne sauraient être interprétés comme les signes d’une alliance privilégiée de Rhodes avec Antigone, même s’il est alors fait mention d’un traité35. Ces différents événements démontrent simplement que, confrontés à une pression extérieure, les Rhodiens pouvaient assouplir leur credo neutraliste. C’est bien ce qui semble se passer en 305 av. J.-C. lorsque, répondant négativement à l’exigence d’Antigone d’un engagement naval de Rhodes contre Ptolémée, la cité vota des honneurs en faveur du roi macédonien, espérant ainsi l’amadouer36. C’était en effet une manière habile de reconnaître le charisme politique d’Antigone sans prendre parti pour l’un ou l’autre camp. Mais la véritable raison de ce qu’il faut bien appeler une politique extérieure neutraliste et pragmatique de Rhodes semble avant tout justifiée par les liens économiques et commerciaux avec l’Égypte37. Ce sont les raisons invoquées par Diodore38 pour justifier le refus catégorique des Rhodiens de passer sous les fourches caudines des exigences antigonides. On supposera qu’il en était allé de même en 307 av. J.-C. à cette différence près qu’Antigone, réservant ses forces pour la conquête de Chypre, n’insista pas. Mais l’année suivante, le rapport de force n’était plus le même, la défaite navale lagide de Salamine, la conquête de Chypre et la restauration du titre royal par Antigone et son fils Démétrios étant passées par là. Fort de ses succès, Antigone le Borgne crut qu’il pourrait cette fois imposer son autorité aux Rhodiens. La détermination des assiégés et le relatif soutien des autres diadoques à la cité assiégée lui donnèrent tort.
8Il convient cependant de définir la part des uns et des autres dans ce qu’il faut considérer comme un coup d’arrêt à la politique expansionniste des Antigonides en Méditerranée orientale. Si les interventions de Cassandre sur le théâtre grec peuvent expliquer la décision prise par Antigone de traiter avec les Rhodiens, le récit que fait Diodore de Sicile du siège de Rhodes ne plaide pas en faveur d’une aide massive des autres diadoques aux assiégés39. Au demeurant, Cassandre et Lysimaque40 pouvaient trouver avantage à la situation qui, d’une certaine manière, détournait Antigone des affaires égéennes. Mais que penser de l’engagement mesuré de Ptolémée pourtant plus directement concerné par le siège41 ? Le même Diodore nous apprend que peu de temps avant la levée du siège par Démétrios, le souverain lagide avait écrit aux Rhodiens pour leur annoncer son intention d’envoyer à nouveau des grains ainsi qu’un renfort de 3 000 hommes, tout en incitant la cité insulaire à chercher un compromis diplomatique avec Antigone42. C’est, semble-t-il, ce qu’il advint aux conditions que l’on sait. Étrillé deux ans auparavant à Salamine de Chypre, on supposera que cette posture très circonspecte de Ptolémée ait pu être liée au fait que la flotte égyptienne n’avait pas encore été reconstituée ou que le roi n’avait pas voulu la risquer à nouveau dans un affrontement naval. C’est donc sur les conseils de Ptolémée et des Étoliens que les Rhodiens traitèrent avec un Antigone pas trop mécontent de se dégager de cet interminable siège43. Ainsi les deux protagonistes sauvaient les apparences. Sur un plan strictement militaire, il n’y avait ni vainqueur ni vaincu, sur un plan diplomatique, ce fut, comme nous l’avons vu, un retour à la situation antérieure. Seule la remise d’otages par Rhodes faisait au final pencher la balance du côté des Antigonides, mais cela était bien peu au regard des termes de l’ultimatum de 305 av. J.-C.
9Cette résistance inattendue de la cité insulaire face à Démétrios consacra comme nous le verrons, le prestige de Rhodes. Elle permet de mieux comprendre la démesure de la statue héliaque et le souvenir plutôt favorable d’un Démétrios gratifié pour la postérité du surnom de Poliorcète, non par dérision, mais parce que l’ampleur des moyens déployés pour prendre la ville renforçait d’autant l’exploit des Rhodiens. C’est ainsi que l’helepolis qui devait prendre la ville se métamorphosa chez Plutarque et Vitruve en un ex-voto civique, avatar colossal de la spectaculaire offrande que les Rhodiens offrirent à Hélios : le colosse de Rhodes.
L’AUTOCÉLÉBRATION HÉLIAQUE DE RHODES
10C’est surtout par Pline l’Ancien que nous connaissons approximativement la brève histoire du Colosse de Rhodes44. Si les ultimes vestiges de la statue ne disparurent que lors du sac arabe de l’île par Mu’âwiya en 654. La statue s’était auparavant effondrée entre 229 et 225 av. J.-C.45. Suivant une inscription retrouvée à Iasos et mentionnant un important séisme, ce tremblement de terre particulièrement dévastateur aurait eu lieu dans le courant de l’année 22846 av. J.-C. Une mauvaise transcription du texte de Pline l’Ancien donne 66 ans d’existence à la statue, mais il convient en fait de restituer 56 ans47. La construction ayant duré 12 ans, nous arrivons au résultat suivant : une mise en chantier en 296 av. J.-C. pour une inauguration en 284 av. J.-C.
11Il est intéressant d’observer que les travaux n’ont débuté que huit ans après la fin du siège de Rhodes. Mais faut-il vraiment être surpris par ce hiatus chronologique ? Il est tout à fait possible que le projet ait été envisagé après le siège, mais il est également vraisemblable que les magistrats de la cité eurent jugé qu’il y avait d’autres priorités. L’interruption des activités portuaires durant un an, les dégâts matériels provoqués par les machines de siège et la surmortalité sont autant d’éléments qui peuvent expliquer ce retard. Diodore de Sicile souligne en guise d’épilogue au siège de 305-304 av. J.-C. que les Rhodiens entreprirent de reconstruire le théâtre, les pans de muraille effondrés et d’autres édifices endommagés. À cela s’ajoutaient l’aménagement d’un Ptolemaion et l’érection de statues en l’honneur de Lysimaque et Cassandre48. Il est bien évident que ces différents chantiers ont dû s’étaler sur quelques années, même s’il n’est pas à exclure que les trois diadoques aient participé au financement des travaux. Diodore de Sicile évoque une contribution de Cassandre et Lysimaque pour le salut de la cité, sans que soient précisés la nature de ces contributions et le moment où elles furent prodiguées49. C’est somme toute après la levée du siège que les diadoques pouvaient le plus facilement manifester leur soutien matériel ou financier. Nous sommes donc enclins à penser que le Ptolemaion et les statues de Lysimaque et Cassandre pourraient être des marques de gratitude des Rhodiens pour leur soutien diplomatique, militaire et logistique durant le siège. Le fait que le Colosse ne soit pas mentionné par Diodore dans cette liste des constructions d’après siège tend à confirmer l’érection beaucoup plus tardive de la statue d’Hélios. Ajoutons à cela qu’Antigone et Démétrios présentaient toujours une menace potentielle. La Méditerranée orientale et l’Égée restaient en état de guerre. Si Antigone disparut après la bataille d’Ipsos en 301 av. J.-C., Démétrios Poliorcète se maintint à Chypre jusqu’en 294 av. J.-C., année durant laquelle, profitant de son départ en Grèce deux ans auparavant,
12Ptolémée Ier lui ravit l’île. On remarquera qu’il y a une coïncidence entre l’éloignement du danger antigonide des eaux rhodiennes et la mise en chantier du Colosse. Débarrassés de leur principal adversaire, les Rhodiens purent ériger en toute quiétude leur colossal ex-voto célébrant leur héroïque résistance à des Antigonides très affaiblis désormais. Les Rhodiens ne semblent pas avoir participé aux ultimes soubresauts opposant les Diadoques. Ayant relevé ses ruines et disposant des moyens financiers nécessaires, la cité de Rhodes pouvait désormais élever un monument à sa gloire et à celle d’Hélios.
13Si les informations font cruellement défaut concernant l’aspect de la statue nous disposons par contre d’une présentation très précise des techniques qui furent mises en œuvre pour sa réalisation sous la direction du sculpteur rhodien Charès de Lindos. Moins réputé que son maître Lysippe de Sicyone, ce sculpteur est mentionné par Strabon et Pline l’Ancien comme étant le concepteur du Colosse50. Nous laisserons de côté la notice étiologique fantaisiste de Festus faisant état d’un certain Calénos51. Constatons d’abord qu’il avait existé des liens privilégiés entre Lysippe et Rhodes. C’est à ce sculpteur que l’on attribue la paternité d’un quadrige d’Hélios, dont on peut supposer qu’il se trouvait à Rhodes52. Nous savons en effet par Dion Cassius que, lors du pillage de Rhodes par Cassius Longinus en 42 av. J.-C., celui-ci épargna un quadrige d’Hélios qui devait être celui de Lysippe53. La réputation de ce groupe sculpté explique sans doute la confusion commise par Ampélius dans sa liste pléthorique et fantaisiste des merveilles du monde qui cite avec le Colosse de Charès, un quadrige en cuivre invraisemblablement placé au sommet d’une colonne de 44 mètres (100 coudées)54. Il pourrait s’agir là encore d’une allusion à cette célèbre statue. Soulignons enfin que Lysippe avait lui-même réalisé une statue colossale de Zeus pour les Tarentins, un précédent qui a pu inspirer son élève Charès de Lindos, voire susciter chez les Rhodiens une émulation dans la volonté de dépasser en hauteur la statue de Lysippe, jusqu’alors la plus haute jamais réalisée dans le monde grec55. La découverte au pied de la grande acropole de Rhodes, d’une fosse de fonte contemporaine du Colosse, pour une statue d’une dizaine de mètres de hauteur semble indiquer que ce type de réalisation n’était pas isolé dans l’île56. C’est ce que semble par ailleurs souligner Pline l’Ancien57, évoquant la présence d’une centaine de colossi minores, parmi lesquels cinq divinités réalisées par le sculpteur Bryaxis58, un contemporain de Lysippe. Si le gigantisme de la statue nécessita l’utilisation d’une technique particulière bien décrite par Philon de Byzance, il est plus que probable que Charès bénéficia de l’expérience acquise à Tarente par son maître Lysippe. Quant à la posture et aux attributs du Colosse, ils nous échappent totalement. Les comparaisons que l’on peut faire avec tel ou tel artefact représentant Hélios, aussi intéressantes soient-elles demeurent des hypothèses. Même la couronne radiée, attribut majeur du dieu, n’est pas toujours présente sur les monnaies rhodiennes à l’effigie de la divinité59. En revanche nous souscrivons à l’idée, déjà émise par Albert Gabriel, d’une statue assez hiératique, posture rendue nécessaire par les dimensions du Colosse. À ce sujet, Georges Roux a évoqué la signification initiale du mot Kolossos qu’il met en perspective avec le mot Kion utilisé par le chroniqueur byzantin Nicétas Choniatès60 pour désigner le Colosse de Rhodes et que l’on retrouve chez Pausanias à propos de la statue de Zeus amycléen61. La statue géante de Charès avait donc moins à voir avec un athlète lysippéen qu’avec une idole archaïque ayant la rigidité d’un pilier. Comme Jean-Pierre Adam l’a bien montré, l’esthétique ne fut pas le critère déterminant pour ceux qui établirent la liste des sept merveilles du monde : c’est avant tout la prouesse technique qui prévalait et, de ce point de vue, le colosse de Rhodes entrait parfaitement dans cette catégorie62.
14Les Anciens ne nous informent pas non plus sur la localisation du Colosse. Albert Gabriel dans son étude fondatrice sur le colosse rhodien proposait l’extrémité du môle oriental du port de Mandraki, généralement identifié comme étant le port militaire de Rhodes. La pièce à conviction était, selon lui, un bloc de marbre légèrement convexe de 1,90 mètre de long qui aurait pu appartenir à la base de la statue, dont nous savons seulement qu’elle était en marbre63. En extrapolant la courbure de ce bloc, on atteindrait un socle de 17 mètres de diamètre, une dimension plausible pour cette statue de 31 mètres de hauteur, si nous la comparons à celle du colosse néronien à Rome dont la base parallélépipédique mesurait 17,60 mètres sur 14,75 mètres64. D’autres remplois antiques autour du fort Saint-Nicolas pourraient, selon Gabriel, avoir appartenu au piédestal du Colosse. Reconnaissons que les indices sont maigres dans la mesure où les Hospitaliers, dont la ville fortifiée n’occupait qu’une partie de la Rhodes antique, n’avaient que l’embarras du choix pour s’approvisionner en remplois. Nous voudrions également souligner l’étroitesse de ce site, par ailleurs extrêmement exposé aux intempéries et aux tempêtes, sachant que la statue a dû nécessiter un coffrage dont le volume devait être considérable. Un autre problème est celui de la prise au vent du Colosse. Pline l’Ancien mentionne à propos du Zeus lysippéen de Tarente, la construction à proximité de la statue d’une colonne pour briser le souffle du vent65. Rappelons à ce propos qu’Ampelius évoque lui-même une colonne de 44 mètres (100 coudées), improbable support d’un quadrige66. Peut-être pourrait-on y voir un dispositif comparable à celui de Tarente ? Retenons en tout cas l’insistance de Pline l’Ancien qui mentionne deux fois le danger qu’une tempête pourrait faire peser sur la stabilité de ces statues colossales. Nous voudrions formuler une dernière remarque critique au sujet de la traditionnelle localisation du Colosse sur le môle oriental du port de Mandraki. Sachant que les vestiges de la statue restèrent in situ durant 882 ans, il serait étonnant que les Rhodiens aient laissé les débris de la statue perturber les activités portuaires, qu’il s’agisse du môle oriental ou du goulet du port de Mandraki67. L’insistance de nombreux auteurs à vouloir restituer le Colosse à l’entrée du port ne repose-t-elle pas finalement sur une confusion originelle, associant le Colosse de Rhodes au phare d’Alexandrie ? L’épigramme du Colosse elle-même faisant allusion au rayonnement de la statue, a pu conduire dès l’Antiquité à une certaine confusion entre les deux réalisations situées dans deux villes entretenant des relations suivies. Nous trouvons cette association chez Lucien qui, faisant s’exprimer le philosophe Ménippe de Gadara, associe les deux constructions, plus pour leur gigantisme il est vrai que pour leurs fonctions68. Une mosaïque provenant de Qasr El Lebya en Cyrénaïque, datée de 539, reflète peut-être cette confusion69. On y voit grossièrement représenté le phare d’Alexandrie au deuxième étage duquel apparaît une statue colossale surdimensionnée par rapport au phare. Elle porte une couronne radiée et tient dans la main droite un timon à mi-hauteur. Le timon n’étant pas un attribut héliaque, nous pensons que cette statue pourrait reproduire un autre colosse fameux, celui de Néron à Rome. De fait une monnaie de Gordien III représente un colosse radié tenant un timon dans la main droite mais reposant sur le sol, ce qui semble plus plausible pour une statue de 35 mètres de haut (119 à 120 pieds)70. Nous aurions donc ainsi une double confusion, d’une part entre le phare d’Alexandrie et le colosse de Rhodes, d’autre part entre le colosse rhodien et celui de Rome. C’est ainsi que Pausanias, évoquant la consécration par l’empereur Hadrien de l’Olympeion d’Athènes, compare la grande statue chryséléphantine de Zeus aux colosses de Rome et de Rhodes, tous les deux associés comme paradigme de la statuaire colossale71. La comparaison vaut là encore pour les dimensions considérables de ces deux statues, les plus grandes jamais réalisées dans les mondes grec et romain. De toute manière, où qu’il soit placé, le colosse de Rhodes dépassait nécessairement tous les édifices de la ville et devait par conséquent être visible de la mer à une certaine distance, mais nous ne pensons pas que cet ex-voto ait été conçu d’abord pour être ne serait-ce qu’un amer. Parmi les localisations possibles, nous avions évoqué l’agora, mais il est plus probable qu’une telle statue se soit trouvée, de par sa nature même, dans le sanctuaire d’Hélios qui se trouvait peut-être sur la petite acropole antique de Rhodes, là où les Hospitaliers construisirent le palais du grand-maître de l’ordre72. Dominant le port, tout en étant à l’écart du cœur économique et politique de la cité, les débris de la statue posaient probablement moins de problèmes dans ce quartier. On peut rapprocher la démarche des Rhodiens de celle des Athéniens qui choisirent de placer la statue d’Athéna Promachos, symbole de la force des armes athéniennes, sur l’Acropole, derrière le « Vieux Temple ». À propos de cette statue de 9 mètres de hauteur auxquels s’ajoutaient les 30 mètres de la colline de l’Acropole, Pausanias73 précise que les navigateurs apercevaient la pointe de la lance et l’aigrette du casque depuis le Cap Sounion. Si cette notice est fantaisiste, elle est cependant révélatrice de ce pourquoi la statue avait été élevée : symboliser la gloire et le rayonnement, au sens figuré, de la cité et non favoriser l’orientation des marins.
15Pour toutes ces raisons, la localisation traditionnelle du Colosse ne nous semble pas convaincante, mais nous reconnaissons cependant l’impuissance dans laquelle nous sommes, au stade actuel de nos connaissances. C’est donc dans une autre direction que nous allons nous engager maintenant, celle de la place du colosse rhodien dans la mémoire historique de Rhodes et des Lagides.
MÉMOIRE RHODIENNE ET MÉMOIRE PTOLÉMAÏQUE
16Nous avions souligné la très bonne réputation de Rhodes, louée pour l’excellence de sa gestion politique des affaires civiques, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Pour s’en convaincre il suffit de lire la préface de Diodore de Sicile sur Rhodes à la veille du siège74 ou bien l’aparté de Polybe sur le séisme de 228 av. J.-C. qui clôt anachroniquement son livre V75. Paul Pedech pense que ce passage, évoquant le généreux évergétisme des rois et dynastes hellénistiques contemporains du tremblement de terre, a surtout pour objet de dénoncer la pingrerie des monarques grecs de son temps76. Cette image vertueuse de la cité doit certainement beaucoup aux Rhodiens eux-mêmes. Cela nous amène à évoquer le « Roman d’Alexandre » du Pseudo-Callisthène77 et, plus particulièrement, le soit disant testament d’Alexandre le Grand qui faisait des Rhodiens les premiers et plus légitimes héritiers du conquérant macédonien. Il s’agit d’un véritable hymne à la liberté de la cité auquel s’ajoute toute une série de privilèges économiques et politiques. Le point d’orgue est atteint avec l’anecdote sur Olympias qui créait un lien particulier entre Rhodes et les Argéades, et la mission de médiation diplomatique insulaire confiée à la cité. On a coutume de voir dans ce récit fantaisiste la trace d’une tradition forgée a posteriori dans les milieux rhodiens, probablement à la suite du siège de 305-304 av. J.-C. Si nous lisons entre les lignes, ce testament d’Alexandre brosse anachroniquement un portrait idéalisé de Rhodes après 323 av. J.-C., à commencer par le départ bien réel de la garnison macédonienne qui avait été installée après la soumission de la cité à Alexandre en 331 av. J.-C. Il convient de rappeler que Rhodes avait soutenu Darius III jusqu’à cette année-là et que Memnon qui dirigeait la flotte perse en Méditerranée était d’origine rhodienne. Ainsi l’apparente sympathie manifestée par Alexandre pour Rhodes dans son pseudo-testament permettait de réécrire l’histoire dans un sens « philoalexandrin ». Comme les diadoques, Rhodes, en tant qu’héritière privilégiée d’Alexandre, pouvait ainsi se prévaloir d’une légitimité quasi « royale », susceptible de garantir son indépendance, comme on peut le lire à propos de possibles ingérences dans les affaires de la cité : « Car il n’est permis de rien faire sans l’aveu des Rhodiens78. » Enfin, devenant l’arbitre des cités insulaires par la volonté d’Alexandre, les Rhodiens faisaient ainsi prévaloir leur droit d’arbitrage en Méditerranée face aux velléités hégémoniques des grandes monarchies hellénistiques79. En invoquant les dernières volontés du conquérant macédonien élevé au rang d’un dieu, les Rhodiens légitimaient leur attitude neutraliste et leur résistance victorieuse à l’agression antigonide, ce qu’exprimait d’une autre manière l’image colossale d’Hélios, comme le souligne clairement la dédicace.
17Durant le IIIe siècle av. J.-C., Rhodes ne fut que très rarement impliquée dans les grands affrontements opposant rois, ligues et cités grecques. Cette posture de non-engagement revendiquée par les Rhodiens en 305 av. J.-C. semble avoir porté ses fruits, ce que le terrible séisme de 228 av. J.-C. va confirmer de manière éclatante. Polybe évoque longuement l’élan « humanitaire » qui s’empara alors du monde grec80. L’unique récipiendaire connu, Rhodes, se vit offrir argent, matières premières, produits manufacturés et main-d’œuvre qualifiée pour qu’elle puisse restaurer sa flotte et reconstruire la ville. L’historien grec mentionne les principaux donateurs ayant répondu aux sollicitations de la cité sinistrée : Hiéron ii, Ptolémée iii, Séleucos ii, Prusias Ier, Mithridate ii, Olympichos d’Alinda ainsi que Lysanias et Limnaios, deux dynastes microasiatiques inconnus par ailleurs. Commettant une erreur chronologique, Diodore de Sicile81 évoque plus brièvement cet épisode, ne mentionnant que l’aide syracusaine, ce qui s’explique par la perspective « sicilienne » de la « Bibliothèque Historique ». Polybe présente cet élan de générosité comme un succès de la diplomatie rhodienne, qui sut avec talent apitoyer le monde grec sur son sort82. Sans remettre en cause la force de persuasion dont surent faire montre les ambassadeurs rhodiens, nous pensons que cet élan de solidarité reflète surtout l’efficacité et la réussite d’une politique extérieure pondérée. Cela va nous ramener vers le Colosse abattu par le séisme et dont nous savons, par Strabon, que seules les jambes furent épargnées83. Selon Polybe, Ptolémée iii offrit 3 000 talents84 pour réparer le colosse rhodien. Ce nombre pose problème car il ne correspond pas aux données fournies par Philon de Byzance, au sujet de la quantité de métal utilisée lors de la fonte de la statue : 500 talents de bronze et 300 talents de fer85. Dans sa globalité, la contribution lagide, bien que citée en seconde position après celle de Syracuse, est de très loin la plus considérable, mais ce qui va retenir plus particulièrement notre attention maintenant c’est l’intérêt spécifique manifesté par Ptolémée iii pour le Colosse86.
18Mémoire de la résistance rhodienne lors du siège de 305-304 av. J.-C., le Colosse de Rhodes symbolisait également la dissipation du risque d’invasion de l’Égypte par Antigone ou si l’on préfère une victoire par procuration de Ptolémée Ier. Nous pensons que la proposition de Ptolémée III étaye peut-être une possible participation lagide à la réalisation du Colosse. Diodore de Sicile souligne qu’après le siège les Rhodiens honorèrent de manière magistrale Ptolémée Ier en allant consulter l’oracle d’Ammon dans l’oasis égyptienne de Siwah pour déterminer s’il convenait d’honorer le Lagide comme un dieu. La réponse de l’oracle ayant été favorable, les Rhodiens édifièrent dans leur ville un Ptolemaion87. On ne peut que comparer cette démarche avec celle entreprise par Alexandre le Grand lors de son séjour égyptien en 331 av. J.-C.88. C’est d’ailleurs après cette consultation qu’il avait pris la décision de fonder Alexandrie, futur siège du pouvoir lagide89. Bien entendu, la qualité pharaonique du satrape, puis roi, Ptolémée faisait déjà de lui un dieu vivant pour les Égyptiens. La démarche rhodienne créait quant à elle, un culte royal dans la cité grecque renforçant ainsi la légitimité du souverain lagide. Cette relation privilégiée entre Rhodes et Ptolémée est également présente dans le pseudo-testament d’Alexandre qui plaçait la cité sous la protection du souverain lagide90. Elle allait bien au-delà des simples intérêts commerciaux communs qui avaient pour une bonne part justifié le refus des Rhodiens d’entrer en conflit avec l’Égypte. Seules les épreuves militaires des années 306-304 av. J.-C. et leur issue inattendue permettent de saisir une fois l’épreuve passée, cette communion politico-idéologique entre Rhodes et Ptolémée. C’est pourquoi nous postulons que le Colosse, prestigieux monument emblématique de la mémoire civique rhodienne a pu également être un symbole mémoriel pour les Lagides, durant une certaine période tout au moins91.
19L’entente cordiale entre Lagides et Rhodiens semble avoir connu une éclipse au temps de Ptolémée II à l’occasion de la deuxième guerre de Syrie l’opposant à Antiochos II92. En 260-259 av. J.-C., Ptolémée II lança une expédition navale sous les ordres de son fils Ptolémée vers les littoraux de la Carie et de l’Ionie. S’étant emparé d’Éphèse, Ptolémée voulut rompre avec son père, mais il périt assassiner par ses propres soldats. Peu après la flotte lagide commandée par Chrémonidès fut vaincue par les Rhodiens, qui contribuèrent ainsi à la reprise d’Éphèse par les Séleucides. Cet épisode est le seul cas de conflit connu entre Lagides et Rhodiens qui semblent par la suite avoir entretenu de bonnes relations. La connivence entre Rhodes et Ptolémée ier au temps du siège de Rhodes et surtout dans les années qui suivirent fut un moment historique exceptionnel, comme le montre bien a contrario la crise des années 260-259 av. J.-C. L’intervention de Rhodes aux côtés des Séleucides dans les eaux éphésiennes contre son ancien allié fut une réponse à ce qui dut être jugé comme un acte inamical, de Ptolémée II, susceptible de bouleverser les équilibres géopolitiques régionaux et donc la liberté d’action de la riche cité marchande. Cette brouille ne semble plus être d’actualité au moment du séisme de 228 av. J.-C., si l’on prend en compte la grande générosité de Ptolémée III. La contribution considérable dévolue au relèvement du Colosse révèle peut-être de la part du souverain lagide la volonté de renouer ostentatoirement avec un moment idéologiquement important de l’histoire de la dynastie lagide en général et du règne de son grand-père en particulier. À cela s’ajoutait bien entendu la qualité du Colosse, dernière réalisation entrée dans la prestigieuse liste des sept merveilles du monde.
20Jean-Pierre Adam présente cette liste comme une création de l’entourage d’Alexandre le Grand93, ce qui ne peut être le cas pour le Colosse élevé bien après la mort du conquérant, ce qui laisserait entendre qu’il a pu se substituer à une autre réalisation spectaculaire. Le Musée d’Alexandrie fondé par Ptolémée et Démétrios de Phalère aura peut-être favorisé la promotion du Colosse, un monument qui avait d’évidents rapports avec les premiers pas de la dynastie lagide et qui s’inscrivait dans ces guerres des diadoques au cours desquelles on avait souvent convoqué les mânes d’Alexandre le Grand dans l’un ou l’autre camp. Antoine Hermary94 remarque que les tétradrachmes rhodiens à l’effigie d’Hélios, contemporains du Colosse, reprennent les traits d’Alexandre le Grand. Pourrait-on par conséquent envisager que la statue de Charès ait eu cette apparence ? À une époque où la référence à Alexandre est incontournable et où les souverains grecs n’hésitaient pas à usurper son visage, les Rhodiens ont pu prêter ses traits à leur divinité poliade, une démarche qui s’inscrit bien dans la continuité du testament d’Alexandre, justifiant l’indépendance de Rhodes face aux appétits des diadoques. Nous allons voir que le colosse élevé par Néron95 dans le vestibulum de la Domus Aurea pourrait corroborer en partie cette hypothèse. Réalisée par Zénodoros après l’incendie de 64, la statue représentait l’empereur96. Pline l’Ancien97 évoque également cette ressemblance tout en précisant que la statue était, de son temps, consacrée à Sol, l’équivalent romain d’Hélios. Nous pouvons en déduire qu’elle avait subi une damnatio memoriae au temps de Vespasien. Nous savons que, plus tard, Hadrien chargea l’architecte Decrianus de déplacer la statue pour permettre la construction du temple de Vénus et de Rome98. La statue fut installée à dessein devant le nouveau temple. Selon Claudia Lega, le Colosse aurait été alors consacré à Roma aeterna ou à l’Aeternitas Augusti sans pour autant perdre son apparence héliaque originelle, ce dont témoigne une monnaie de Gordien III99. Par ailleurs les bolli des briques indiquent une mise en chantier du sanctuaire de Vénus et de Rome en 123-124100. Sachant que le déménagement du colosse néronien a nécessairement eu lieu pour des raisons pratiques, au début du chantier, c’est donc dans ces années-là que Décrianus a dû déplacer le Colosse. L’« Histoire Auguste » évoque par ailleurs, dans la Uita Hadriani, un projet confié à Apollodore de Damas101 : la réalisation d’une autre statue colossale représentant Luna mais qui ne fut jamais menée à bien. Or, si l’on suit Jean Malalas, cette réaffectation du colosse néronien par Hadrien pourrait avoir conduit cet empereur à projeter la reconstruction du Colosse de Rhodes102. Le chroniqueur syrien affirme même que la tâche fut menée à son terme, ce dont nous nous permettrons de douter. Nous savons qu’Hadrien a séjourné à Rhodes en 124, c’est-à-dire au moment où l’on déplaçait le colosse néronien103. Ce projet hadrianique, faisant écho à celui mis en œuvre à Rome, peut être mis en perspective avec l’achèvement par cet empereur de l’Olympeion d’Athènes, dont nous savons qu’il a largement inspiré la conception du temple de Vénus et de Rome104. Contrairement à une idée reçue concernant le colosse de Néron, rien ne permet d’affirmer que la dédicace de la statue par Vespasien a été suivie d’une substitution de tête. Il est vrai que les Anciens entretiennent la confusion à ce propos. Suétone laisse entendre que le colosse aurait fait l’objet d’une restauration au temps de Vespasien, sans préciser s’il s’agit de la tête105. De son côté, Dion Cassius106 parle d’un déplacement de la statue au bord de la Voie sacrée, sous le règne de ce même empereur, à la suite de l’achèvement du Forum de la Paix. De manière plus surprenante, il signale deux traditions quant à l’identification du colosse : Néron ou Titus. On n’a pas suffisamment tenu compte de cette source faisant état d’un premier déplacement antérieur à celui d’Hadrien, peut-être provoqué par la construction du Forum de la Paix. Quant à la confusion avec Titus on pourrait la mettre en rapport avec l’arc dédié à cet empereur par son frère Domitien, près duquel se trouvait ou se retrouvait le Colosse. D’après une épigramme de Martial107, cet empereur aurait peut-être à son tour élevé un Colosse sur le Palatin. Après l’opération de déplacement conduite au temps d’Hadrien, le colosse aurait connu une ultime et éphémère transformation au temps de Commode qui, d’après l’« Histoire Auguste108 » aurait substitué à la tête de Néron la sienne. Plus précis, Dion Cassius109 ajoute qu’une massue et une léontée auraient complété cette nouvelle métamorphose. Cela nous ramène au projet initial du colosse néronien que Jean-Louis Voisin associe au programme idéologique de la Domus Aurea auquel il appartenait110. Consacrée à Néron-Hélios, il n’est pas certain que la statue ait été un portrait stricto sensu de l’empereur. Si la dédicace de la statue mentionnait certainement Néron, le choix du visage a pu être tout autre. Une simple modification de la dédicace ou la substitution d’un attribut divin par un autre, comme le fit Commode, pouvaient suffire à modifier l’identité du Colosse. Or il se trouve que la seule mention d’une substitution de tête concerne cet empereur, ce qui nous semble assez logique puisqu’il s’agissait de transformer Sol en un Commode herculéen. Si nous laissons de côté cet éphémère habillage herculéen, il semble que le colosse néronien ait ressemblé à un Hélios depuis l’origine. Cela nous ramène à l’Égypte et à Rhodes. Ptolémée ier fut certainement le diadoque qui utilisa le plus la mémoire d’Alexandre. Dès 323 av. J.-C., il avait détourné la dépouille du roi macédonien vers Memphis. Hélios étant une des divinités à laquelle Alexandre était le plus souvent associé, on ne peut pas ne pas faire un rapprochement avec Rhodes, dont nous avons vu comment elle avait manipulé son histoire de manière à apparaître comme l’héritière directe du grand conquérant macédonien. Cela nous permet de revenir sur l’hypothèse d’un colosse dont les traits auraient pu être ceux d’un Alexandre Hélios. On notera au passage sans en tirer des conclusions particulières que Lysippe, maître de Charès de Lindos avait été le portraitiste favori du roi macédonien. Les Anciens font largement état de la fascination qu’éprouvait Néron pour Alexandrie et son fondateur Alexandre le Grand. L’empereur romain suivait en cela ses ancêtres Caligula, Germanicus et Marc Antoine, dont l’un des fils qu’il eut de Cléopâtre se nommait Alexandre Hélios111. La Domus Aurea, aménagée au cœur de Rome après le grand incendie de 64, sera le manifeste urbanistique et monumental de cet engouement néronien pour la métropole lagide, le colosse de Néron-Hélios en constituant l’ostentatoire frontispice. Le modèle pourrait avoir été le colosse de Rhodes, certes effondré depuis longtemps, mais dont le souvenir, voire les vestiges in situ, ont pu inspirer Néron et le sculpteur Zénodoros. Nous admettons que la démonstration est fragile quant à l’identification du Colosse rhodien avec un Alexandre Hélios mais elle permet d’offrir une réponse à l’hypothèse de ce qu’il convient de désigner comme une alexandrolâtrie rhodienne et lagide incarnée, entre autres, par le colosse de Rhodes. Nous estimons, par ailleurs, que Néron aurait pu trouver assez naturellement, dans cette statue élevée au rang de merveille du monde, un modèle pour son propre Colosse dont la hauteur dépassait de quelques mètres la statue rhodienne. Le rôle de Ptolémée et du Musée d’Alexandrie dans l’intégration du colosse comme septième merveille nous semble possible dans la mesure où cette liste, conçue par Alexandre le Grand comme un itinéraire symbolique à travers son Empire, trouvait ainsi son point d’orgue post mortem de la part de Rhodes et de Ptolémée qui se considéraient, quoique de manière différente, comme les héritiers du conquérant macédonien. Le geste de Ptolémée III, proposant de reconstruire le colosse à ses frais, prend ainsi tout son sens. En honorant de cette manière un monument élevé à la gloire de Rhodes, il exaltait également un moment d’histoire fondateur de la légitimité alexandrine des Lagides. N’oublions pas que les années 305-304 av. J.-C. avaient été celles de l’accession à la royauté du premier des Ptolémées, celles du coup d’arrêt aux ambitions antigonides tel qu’on pouvait en juger a posteriori et celles de l’organisation d’un culte de Ptolémée ier par les Rhodiens.
21Pourtant Rhodes déclina la proposition du souverain lagide. Selon Strabon112, qui est notre seule source sur ce point, un oracle aurait recommandé de ne pas relever le colosse. On peut être surpris par le caractère extrêmement imprécis de cette information qui ne donne ni l’identité de l’oracle, ni les raisons invoquées par celui-ci. On pourrait penser que les promesses de dons de Ptolémée III auraient pu ne pas être toutes honorées ou que les Rhodiens de leur côté avaient peut-être eu d’autres priorités, mais dans ce cas pourquoi avoir laissé les fragments épars de la statue joncher le sol, comme le mentionne Pline l’Ancien ? Il se pourrait que la décision des Rhodiens soit de même nature que celle prise par les Athéniens après la deuxième guerre médique113 concernant le « Vieux-Temple » ruiné d’Athena Polias qui subsista comme antique relique d’Athènes au moins jusqu’au milieu du IVe siècle av. J.-C. Ajoutons qu’il fallut attendre 448 av. J.-C. et le grand projet d’embellissement architectural péricléen pour que l’Acropole d’Athènes retrouve une parure monumentale digne de ce nom. Durant les trente années précédentes, les Athéniens avaient eu d’autres priorités urbanistiques, une situation qui n’est pas sans rappeler celle qui avait suivi le siège de Rhodes. On pourrait imaginer que le temps passant, les Rhodiens auraient pu surseoir à la « décision » de l’oracle. Or cela ne semble pas avoir été le cas au moins jusqu’au projet avorté d’Hadrien.
ÉPILOGUE
22Prématurément ruiné, le colosse de Rhodes a cependant eu une certaine postérité, facilitée par son statut de merveille du monde, sans parler des vestiges toujours visibles de la statue jusqu’au VIIe siècle. Ainsi chez Lucien114, Athénée115 et Philostrate116, le colosse de Rhodes apparaît de manière anecdotique. Il est même parfois mentionné comme s’il était encore intact. Dans la « Vie d’Apollonios de Tyane », Philostrate nous montre Damis interrogeant Apollonios à propos du Colosse juste au moment d’entrer dans le port de Rhodes. Or, à cette époque, il était déjà brisé. Cependant on ne peut guère s’appuyer sur ce passage pour estimer que la statue était au bord de la mer, car, comme nous l’avons précédemment souligné, le colosse de Rhodes devait, de par ses dimensions, être visible depuis n’importe quel lieu de la ville et du port. C’est par les chroniqueurs byzantins que nous apprenons comment disparurent les vestiges du Colosse, non sans approximations chronologiques et anecdotes fantaisistes. C’est ainsi qu’à les entendre ce serait Mu’âwiya qui aurait, en 654, renversé la statue, puis en aurait vendu le métal. Mais après tout les jambes étaient peut-être encore en place et il se peut que le récit de Michel le Syrien117, décrivant les Arabes suspendant des cordes autour du Colosse, ne soit pas totalement dénué de fondement, à ce détail près que seules les jambes pouvaient encore être renversées. Au début du XVe siècle, le voyageur Christophe Buondelmonti118 avait noté que, de son temps, on appelait les habitants de Rhodes, les Colosséens. En outre une église de la ville construite en 1310 s’appelait Saint-Jean-du-Colosse119. Ce furent là les derniers échos d’une statue qui avait durant une brève période incarnée monumentalement la liberté d’une cité grecque, acquise de haute lutte après un mémorable siège d’une année. Deux mille ans plus tard, Gustave Eiffel et Auguste Bartholdi s’en inspirèrent en élevant sur l’île de Bedloe, à l’entrée du port de New York, une statue colossale qui devait faire « resplendir la lumière éclatante d’une liberté qui ne se laisse pas asservir120 ».
Notes de bas de page
2 Shakespeare W., Titus Andronicus, Jules César, Antoine et Cléopâtre, Coriolan, Paris, Garnier-Flammarion, 1965, p. 125. Il s’agit du début d’une tirade de Cassius dans la scène 2 du premier acte de Jules César, pièce écrite par William Shakespeare en 1599-1600. Cassius s’efforce par une subtile maïeutique de sortir Brutus des contradictions dans lequel le plongent les aspirations royales de César : l’amour qui le lie au dictateur romain et l’obligation que lui confère son nom de sauver la République.
3 Sur les représentations fantaisistes du Colosse, voir Die Sieben Weltwunder der Antike. Wege der Wiedergewinnung aus sechs Jahrhunderten, Mainz, Philipp von Zabern, 2003, p. 142-143 et pour les illustrations p. 136 et 141 d’hommes charge les débris de la statue sur des dromadaires. Il est donc évident que Tempesta s’est inspiré du texte de Strabon (STR., XIV, 2, 5) et des chroniques byzantines évoquant la vente des débris métalliques du Colosse (Théophanès le Confesseur, Chron. p. 527 Classen ; Constantin Porphyrogénète, De Adm., 20 et Michel le Syrien, Chron., p. 442-443 Chabot).
4 La première illustration concernant le Colosse en 1493 le représente curieusement comme une colonne (ibid., p. 141-142). En 1608 Antonio Tempesta proposa un Colosse fautif en toge portant barbe et moustache brandissant de la main droite une lampe (ibid., p. 143-144). L’originalité de la gravure repose sur le fait que la statue n’enjambe pas l’entrée du port. Le Colosse est représenté deux fois, debout près du port et brisé au niveau des genoux, tandis qu’une multitude
5 Ibid., p. 131-149.
6 Gabriel A., « La construction, l’attitude et l’emplacement du colosse de Rhodes », BCH, 56, 1932.
7 Le septième art s’est également distingué en 1960 avec le peplum de Sergio Leone, Le colosse de Rhodes représentant à nouveau la statue enjambant l’entrée du port de Rhodes et tenant une lampe.
8 Voir Hoepfner W., Der Koloss von Rhodos, Mainz, Philipp von Zabern, 2003, p. 13, Adam J.-P. et Blanc N., Les sept merveilles de monde, Paris, Perrin, 1989 p. 209-210 et Clayton P. A. et Price M. J., Les Sept Merveilles du monde, Paris, Gallimard, 1993, p. 104-105.
9 On trouvera la traduction française par Nicole Blanc du Péri tôn hépta théamaton de Philon de Byzance dans l’ouvrage de Adam J.-P. et Blanc N., op. cit., p. 47-53. Philon de Byzance est un rhéteur dont le discours sur les merveilles du monde remonte au Ve ou au VIe siècle. Sur l’histoire du manuscrit, voir ibid., p. 21-45.
10 Voir Hoepfner W., op. cit., p. 65-99.
11 Il s’agit de la hauteur retenue par la plupart des sources antiques. Strabon (XIV, 2, 5), Pline l’Ancien (XXXIV, 41), Philon de Byzance (Peri tôn hepta., IV) et Isidore de Séville (Orig., XIV, 22) donnent 70 coudées, Festus (p. 50, 22 Lindsay) 105 pieds, Michel le Syrien (Chron., p. 442 Chabot) 107 pieds. Hygin (Fab., CCXXIII) et Lucien (Schol. Ic., 12) se distinguent avec un Colosse de 26 mètres seulement, 90 pieds pour le premier et 60 coudées pour le second. Pour une estimation plus précise des dimensions de la statue rhodienne, voir Hoepfner W., ibid., p. 99.
12 Voir Plin., XXXIV, 41 et ANTH., PAL., VI, 171. Par ailleurs, dans la Souda, il est précisé que le Colosse fut érigé au temps de Séleucos Nicator (p. 114 Adler).
13 Voir DS., XX, 99-100.
14 Sur les origines du conflit entre Antigone et Cassandre en Grèce, voir Will E., Histoire politique du monde hellénistique, Paris, Seuil, p. 68-73. Après un bref rapprochement à partir de 308 av. J.-C. dans le but de s’opposer aux manœuvres de Cassandre en Grèce, Antigone et Ptolémée se retrouvèrent une nouvelle fois en conflit l’année suivante, ce qui permit à Cassandre d’avoir les coudées franches en Grèce.
15 Voir DS., XX, 99, 3.
16 Voir Von Gaertringen H., «Rhodos », RE., Supp. V, c. 759. Ce prodige est connu grâce à la Chronique lindienne de Timachidas (Épiphanie, I). La troisième épiphanie évoque un songe prémonitoire du prêtre d’Athéna Lindos durant le siège de Démétrios annonçant la venue d’une aide de la part de Ptolémée I er (voir Ziegler K., « Timachidas », RE., VI A1, c. 1058).
17 Voir Anth., PAL., VI, 171.
18 Voir Pind., Ol., VII, 50 et 58. Dans cette ode célébrant le pugiliste Diagoras de Ialysos après sa victoire aux Jeux olympiques de 464 av. J.-C., Pindare évoque les origines mythologiques de Rhodes. Diagoras appartenait à un important genos de l’île, celui des Ératides. C’est un de ses
19 Voir Plut., Dem., XXI, 1-3.
20 Voir Plin., XXXIV, 41.
21 Voir VITR., X, 16, 8. Avec l’anecdote de l’helepolis offerte sur l’agora de Rhodes, Diognétos est présenté par son collègue Vitruve à la manière d’un roi ou d’une cité offrant un ex-voto militaire.
22 Voir Plut., M., Dem., 2.
23 Voir Adam. J.-P. et Blanc N., op. cit., p. 51-52. Philon de Byzance qui est notre unique source sur la technique mise en œuvre pour fondre le colosse de Rhodes précise qu’il fallut 13,10 tonnes (500 talents) de bronze et 6,86 tonnes (300 talents) de fer auxquelles s’ajoute le bois nécessaire au coffrage.
24 Voir Plin., XXXIV, 40 et STRAB., VI, 3, 1.
25 Her., IV, 9 et PLIN., XXXIV, 41.
26 Le portrait que dresse le même Plutarque de Démétrios Poliorcète dans ses « Vies parallèles » n’est pas très flatteur. Il y est associé à Marc Antoine. Les deux hommes ne sont pas ménagés par le moraliste béotien (voir PLUT., Dem. et Ant.).
27 Voir Plut., M., Dem., 2 et Dem., XXII, 4-7. Selon Aulu Gelle ce serait même la raison de l’abandon du siège par Démétrios (Gell., XV, 31).
28 Sur un état de la question, voir Will E., op. cit., p. 73-74.
29 Voir DS., XX, 82, 2.
30 Voir DS., XX, 46, 5-6.
31 Voir DS., XX, 82, 3.
32 Voir DS., XX, 99, 3
33 Voir Hauben H., « Rhodes, Alexander and the Diadochi from 333/332 to 304 B. C. », Hist., XXVI, 1977, p. 307-339. L’auteur s’appuie sur un passage explicite de Diodore de Sicile mentionnant ces multiples traités passés avec les différents diadoques (voir DS., XX, 81, 2).
34 Voir Will E., op. cit., p. 73-74.
35 Voir DS., XIX, 77, 3. Les Rhodiens fournirent dix navires à l’issue de ce traité.
36 Voir DS., XX, 82, 2.
37 Sur la nature des relations économiques et commerciales entre Rhodes et l’Égypte à l’époque hellénistique, voir Fraser P. M., Ptolemaic Alexandria I, Oxford, Clarendon Press, 1972, p. 162-169.
38 Voir DS., XX, 81, 4.
39 Voir DS., XX, 84, 1-2. En 304 av. J.-C. Rhodes adressa une demande d’aide à Ptolémée, Lysimaque et Cassandre arguant du fait que la cité combattait dans l’intérêt des trois diadoques.
40 Voir DS., XX, 96, 1. En 304 av. J.-C. Cassandre envoya 10 000 médimnes d’orge et Lysimaque 40 000 médimnes de froment et autant d’orge sachant que dans le même temps Ptolémée adressait aux Rhodiens 300 000 artabes de blé et de légumes.
41 Si les Lagides ne cherchèrent pas à mettre fin au blocus maritime de l’île, Diodore de Sicile signale cependant l’envoi de renforts humains et de vivres : 500 soldats dont la plupart étaient des mercenaires rhodiens auxquels s’ajoutaient 150 Cnossiens (DS, XX, 88, 9), 300 000 artabes de blé et de légumes (DS, XX, 96, 1), des céréales à nouveau, en même quantité que précédemment et 1 500 hommes commandés par Antigonos le Macédonien (DS, XX, 98, 1). À ces aides qui plaident pour un blocus imparfait de la part de Démétrios s’ajoutent les 3 000 soldats et des grains en grande quantité promis à la veille de l’arrêt des combats (XX, 99, 2). Sur les événements du siège de Rhodes, voir Fraser P. M., op. cit., II, p. 278, n. 234-236, Berthold R. M., Rhodes in the Hellenistic Age, Londres, Cornell University Press, 1984, p. 59-80.
42 Voir DS., XX, 99, 2.
43 Voir DS., XX, 99, 3. Plutarque fait intervenir Athènes comme médiatrice de la sortie de crise entre Démétrios et Rhodes. La cité attique était sous contrôle antigonide depuis 307 av. J.-C. Il n’est donc pas impossible qu’Antigone ait utilisé ses services pour amener les Rhodiens à traiter d’autant plus que Cassandre s’efforçait de reprendre Athènes (PLUT., Dem., XXII, 8). Voir aussi sur la médiation athénienne et d’autres cités grecques, DS., XX, 98, 2.
44 Voir Plin., XXXIV, 41-42.
45 Voir Str., XIV, 2, 5 ; PLIN., XXXIV, 41 et POL., V, 88, 3. Le séisme est également mentionné par Diodore de Sicile mais sans qu’il soit question du Colosse (DS., XXVI, 8, 1).
46 Voir Berthold R. M., op. cit., p. 92.
47 Voir Le Bonniec H., Pline l’Ancien. Histoire Naturelle, Livre XXXIV, Paris, CUF, 2003, p. 193, n. 4. De nombreux ouvrages relativement récents retiennent encore les 66 ans ce qui entraîne une mise en chantier du Colosse immédiatement après le siège. C’est le cas par exemple de R. M. Berthold (Berthold R. M., op. cit., p. 80).
48 Voir DS., XX, 100, 2-4.
49 Voir DS., XX, 100, 2.
50 Voir Str., XIV, 2, 5. et PLIN., XXXIV, 41.
51 Voir Fest., p. 50, 22 Lindsay.
52 Voir Plin., XXXIV, 63. Un quadrige d’Hélios se trouvait également à Delphes devant le temple d’Apollon. Il se pourrait donc qu’il fut de la main de Lysippe. La question reste entière de savoir lequel a servi de modèle à l’autre. La base de celui de Delphes remonterait peut-être au dernier tiers du IVe siècle av. J.-C. (voir Bommelaer J.-F. et Laroche D., Guide de Delphes. Le site, Paris, De Boccard, 1991, p. 167-168).
53 Voir DC., XLVII, 33, 4.. Voir Ampel., II, 19.
54 Voir DC., XLVII, 33, 4.. Voir Ampel., II, 19.
55 Voir STR., VI, 3, 1. L’auteur précise bien que le Zeus lysippéen de Tarente était bien la plus haute statue avant que fût réalisé le colosse de Rhodes. À son époque le Colosse néronien n’existait pas encore.
56 Voir Zimmer G., « Bronzeguss in Rhodos zur Zeit der Errichtung des Kolosses », Hoepfner W., op. cit., p. 92-93. Cette fosse a été découverte en 1974 par Mylonas Nasou.
57 Voir Plin., XXXIV, 42. Il convient cependant d’être prudent à propos de cette information qui rend peut-être compte anachroniquement de l’essor au IIe siècle av. J.-C. d’une dynamique école de sculpture à Rhodes (voir Ridgway B. S., Hellenistic Sculpture II. The Styles of ca. 200-100 B. C., Madison, The University of Wisconsin Press, 2000, p. 150-159 et 273-280).
58 Ce sculpteur est connu pour avoir participé au programme sculpté du mausolée d’Halicarnasse avec Timothéos, Scopas et Léocharès. Il aurait réalisé les sculptures du côté nord de l’édifice. C’est également à Bryaxis que l’on attribue le Sérapis du Serapeion d’Alexandrie. On lui doit également une base de trépied qui se trouvait sur l’Agora d’Athènes. Sachant que le Mausolée fut achevé vers 350 av. J.-C. et que le Sérapeion est attribué au premier lagide, Bryaxis serait donc plutôt un contemporain de Lysippe que de Charès. Ses contacts avec l’Égypte ptolémaïque et la cité de Rhodes sont peut-être l’écho des relations privilégiées entre les deux États. Pour ce qui concerne la carrière de Bryaxis, on ne sait pas grand-chose. Claude Rolley constate que l’on ne peut lui attribuer que par défaut les reliefs les plus animés du Mausolée (voir Rolley C., La sculpture grecque. 2. La période classique, Paris, Picard, 1999, p. 312-313). Quant au Sérapis d’Alexandrie, B. S. Ridgway souligne que cette attribution est mentionnée par le seul Clément d’Alexandrie, auteur chrétien de la fin du IIe siècle, et qu’elle semble peu fiable (voir Ridgway B. S., Hellenistic Sculpture I. The Styles of ca. 331-200 B. C., Madison, The University of Wisconsin Press, 1989, p. 95).
59 Clayton P. A. et Price M. J., op. cit., ill. 34. À l’époque où l’on élevait le Colosse, Rhodes a frappé des didrachmes (290-280 av. J.-C.) présentant une effigie d’Hélios. On a supposé qu’il pourrait s’agir du visage de la statue (Morkholm O., Early hellenistc Coinage from the Accession of Alexander to the Peace of Apamée. 336-188 B. C., Cambridge University Press, 1991, p. 156)
60 Voir Roux G. « Qu’est-ce qu’un kolossos ? Le colosse de Rhodes, les colosses mentionnés par Eschyle, Hérodote, Théocrite et par diverses inscriptions », R. E. A., 62, 1960, p. 5-40.
61 Voir Paus., III, 19, 2.
62 Adam J.-P. et Blanc N., op. cit., p. 40-42.
63 Voir mise au point sur l’expertise archéologique d’Albert Gabriel sur les remplois antiques du Fort Saint-Nicolas dans Hoepfner W., op. cit., p. 53-64.
64 Voir Lega C., «Colossus Nero », Steinby E. M., LTUR, I, p. 296-297. Il s’agit de la base hadrianique exhumée en 1828, détruite en 1933 et retrouvée en 1986.
65 Voir Plin., XXXIV, 40.
66 Voir Ampel., II, 19.
67 Il est significatif que les restitutions présentant le Colosse ruiné, « rangent » soigneusement les fragments de la statue au pied du socle, le long du môle, ce qui de toute manière les exposait un jour ou l’autre à être emportée par les flots (voir Hoepfner W., op. cit., p. 99 et Clayton P. A. et Price M. J., op. cit., p. 107).
68 Voir Luc., Ic., 12.
69 Voir Hoepfner W., op. cit., p. 74. Cette présence de statues colossales associées à un port s’est peut-être nourrie de l’image du colosse rhodien dominant la ville, ce qui ne signifie pas que le Colosse se trouvait à l’extrémité de l’un des môles. Il faut par ailleurs observer une certaine prudence vis-à-vis de ces paysages portuaires antiques plus allégoriques que réels. Ainsi le relief Torlonia montrant une vue supposée de Portus comporte un nombre de statues colossales qui dépasse l’entendement. Cette sculpture de l’époque sévérienne est conservée au musée Torlonia. Un moulage en a été réalisé pour le Museo della Civiltà romana (inv. 3931).
70 Voir Lega C., op. cit., p. 296, fig. 17.
71 Voir Paus., I, 18, 6.
72 La ville antique de Rhodes reste très mal connue à ce jour. Il ne s’agit donc que d’une hypothèse (voir Torelli M. et Mavrojannis T., Grecia, Milan, Mondadori, 2002, p. 360).
73 Voir Paus., I, 28, 2.
74 Voir DS., 81, 1-4.
75 Voir Pol., V, 88-90.
76 Voir Pedech P., Polybe. Histoire livre V, Paris, CUF, 1977, p. 149, n. 1.
77 Voir PS. Callisth., Alex., III, 33. Et p. 285, n. 48. Diodore évoque également ce testament d’Alexandre favorable aux Rhodiens (voir DS., XX, 81, 3).
78 Cela fait suite au passage stipulant « qu’il soit possible à Olympias la mère d’Alexandre de demeurer à Rhodes, si les Rhodiens en sont d’accord. » Une manière d’affirmer à la fois la totale autonomie de la cité et ses liens privilégiés avec les Argéades.
79 On pense ici plus particulièrement à la Confédération des Nésiotes créée en 315-314 av. J.-C. par Antigone le Borgne. Elle passera sous la domination des Lagides entre 291 et 287 av. J.-C. jusqu’au milieu du IIIe siècle av. J.-C. Ce passage peut être lu comme une anticipation de la politique rhodienne de libre circulation maritime qui s’affirme justement à partir de cette époque, marquée par un recul des Lagides en mer Égée et qui continuera d’être fortement exercée par Rhodes jusqu’à la troisième guerre de Macédoine (voir Berthold R. M., op. cit. p. 97-98, 142-144 et 221-222).
80 Voir Pol., V, 88-90. Sur les aspects monétaires de ces aides, voir Le Rider G. et De Callataÿ F., Les Séleucides et les Ptolémées. L’héritage monétaire et financier d’Alexandre le Grand, Paris, Éditions du Rocher, 2006, p. 185-187.
81 Voir DS., XXVI, 8, 1. L’auteur place le séisme en 219 av. J.-C. ce dont on peut déduire qu’il a probablement utilisé Polybe sans rétablir l’interpolation chronologique de sa source.
82 Voir Pol., V, 88, 4.
83 Voir Str., XIV, 2, 5.
84 Voir Pol., V, 89, 3. Il s’agirait de 3 000 talents de bronze (voir Hartog F. et Roussel D., Polybe. Histoire, Paris, Gallimard, 2003, p. 526, n. 182).
85 Voir Adam J.-P. et Blanc N., op. cit. p. 52.
86 Voir Pol. V, 89, 1-7. Ptolémée III promit entre autres 100 charpentiers et 350 manœuvres ainsi que 14 talents de salaire annuel. Cette main-d’œuvre est mentionnée juste après la proposition de réparation du Colosse. Même si le contexte semble indiquer que ces ouvriers n’étaient pas destinés spécifiquement au chantier de la statue héliaque, nous pouvons estimer qu’ils auraient pu y être employés.
87 Voir DS., XX, 100, 4. Cet édifice est décrit comme comportant une vaste cour entourée par des portiques d’un stade de long ce qui lui confère l’apparence d’un gymnase. Ce type d’édifice en plein essor à l’époque hellénistique servit souvent d’espace pour le culte royal et les jeux afférents (voir Préaux C., Le monde hellénistique. La Grèce et l’Orient [323-146 av. J.-C.], Paris, PUF, 1978, p. 265-266 et 562-565). C’était le cas du ou des gymnases d’Alexandrie. La découverte d’une inscription de Lykarion – datée entre 128 av. J.-C. et 119 av. J.-C. – directeur financier au temps de Ptolémée VIII Évergète II, derrière la colline de Kôm el-Dick a permis d’identifier l’endroit probable où se trouvait le grand gymnase vanté par Strabon (STR., XVII, 1, 10). Il s’étendait sur une longueur de 100 stades comme le Ptolemaion de Rhodes dans lequel il convient sans doute de reconnaître également un gymnase (voir Bernand A., Alexandrie la Grande, Paris, Hachette, 1998, p. 103 et 160-163 et Fraser P. M., op. cit., p. 26 et 28-30).
88 Voir Goukowsky P., Essai sur les origines du mythe d’Alexandre (336-279). I Les origines politiques, Presses universitaires de Nancy, p. 23-25 et 133-135. Ptolémée est resté longtemps fidèle à la mémoire des Argéades. Des monnaies au nom d’Alexandre IV continuèrent d’être frappées quelques années après l’assassinat par Cassandre du fils d’Alexandre le Grand et de Roxane en 310 av. J.-C. Ce n’est qu’en 305 av. J.-C., après Antigone et Démétrios qu’il prit le titre de basileus. L’oracle ammonien consulté par les Rhodiens et la construction d’un Ptolemaion dans la cité grecque permit à Ptolémée d’affirmer sa légitimité à succéder au conquérant macédonien. À défaut d’une véritable victoire sur Antigone, la fin du siège rhodien était ainsi utilisée idéologiquement tant par Rhodes que par le Ptolémée.
89 On ne sait pas exactement quand la capitale lagide a été transférée de Menphis à Alexandrie. Ce moment doit se situer entre l’arrivée de Ptolémée en Égypte en 323 av. J.-C. et 305 av. J.-C., année durant laquelle il devient basileus (voir Legras B., L’Égypte grecque et romaine, Paris, Armand Colin, 2004, p. 54-55).
90 Voir PS. Callisth., Alex., III, 33.
Pharos par Sostratos de Cnide a dû commencer vers 290 av. J.-C. pour s’achever vers 280 av. J.-C., au début du règne de Ptolémée II (Empereur J.-Y., Le Phare d’Alexandrie. La merveille retrouvée, Paris, Gallimard, 1999). Observons que l’épigramme votive anonyme du colosse de Rhodes était assez proche de celle que Poseidippos avait composée pour le Phare d’Alexandrie au IIIe siècle av. J.-C. (voir Fraser P. M., op. cit., p. 569).
91 On observera que la construction du Phare, édifice de prestige de l’Alexandrie ptolémaïque, coïncide chronologiquement avec celle du colosse de Rhodes. La construction de la tour de
92 Voir Will E., op. cit., p. 234-236.
93 Adam J.-P. et Blanc N., op. cit., p. 37.
94 Hermary A., « Rhodes et les statues colossales », Adam J.-P. et Blanc N., Les 7 merveilles du monde, Quétigny, Faton, 1995, p. 59. (Voir Morkholml O., op. cit., p. 156).
95 Lega C., op. cit., p. 295-298.
96 Voir Suet., Ner., 31, 2.
97 Voir Plin., XXXIV, 45-47. Selon cet auteur la statue mesurait 119 pieds alors que Suétone nous donne 120 pieds. Un rapprochement peut être fait avec une peinture représentant Néron et mesurant 120 pieds. Elle se trouvait dans la propriété impériale des Horti Maiani où un incendie la détruisit (voir Plin., XXXV, 51). Salomon Reinach estimait qu’elle ornait un décor de théâtre (voir Croisille J.-M., Pline l’Ancien. Histoire naturelle Livre XXXV, Paris, CUF, 1985, p. 169).
98 Hist. AUG., Hadrien, XIX, 12-13.
99 Lega C., op. cit., p. 296-297 et p. 365 fig. 17.
100 Ibid., p. 297.
101 Hist. Aug., Hadrien, XIX, 13.
102 Voir Jean Malalas, Chronique, XI, 279.
103 Voir Turcan R., Hadrien souverain de la romanité, Dijon, Faton, 2008, p. 57.
104 Voir ibid., p. 156-161 ; Roman Y., Hadrien. L’empereur virtuose, Paris, Payot, 2008, p. 276-281.
105 Voir Suet., Vesp., XVIII.
106 Voir DC., LXV, 15, 1-2.
107 Voir Mart., I, LXX.
108 Voir Hist. AUG., Commode, XVII, 9-10.
109 Voir LXXIII, 22, 3.
110 Voir Voisin J.-L., «Exoriente Sole (Suétone, Ner., 6). D’alexandrie à la Domus Aurea, L’Urbs. Espace urbain et histoire Ier siècle avant J.-C. - IIIe siècle après J.-C. », Rome, CEFR 98, 1987, p. 510-543.
111 Voir Tondriau J., « Alexandre le Grand assimilé à différentes divinités », RPh., 75, 1949, p. 42-52 et Michel D., Alexander als Vorbild für Pompeius, Caesar and Marcus Antonius. Archäologische Untersuchungen, Bruxelles, 1968, p. 24, p. 30-31.
112 Voir Strab., XIV, 2, 5.
113 Voir Holtzmann B., L’Acropole d’Athènes, Paris, Picard, p. 88-101.
114 Luc., H. conscr., 23 et Ic., 12.
115 Ath., Deipn., IV, 158.
116 Philstr., V. Ap., V, 21.
117 Michel le Syrien, Chron., p. 442-443, Chabot.
118 Legrand E., Description des îles de l’Archipel par Christophe Buondelmonti, Paris, 1897.
119 Vatin N., Rhodes et l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, Paris, CNRS, 2000, p. 94.
120 Voir Anth., Pal., VI, 171.
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