1 ARISTOTE, Politique, Paris, Les Belles Lettres, trad. Jean Aubonnet, éd. 1960, en particulier VII, 1326 b 39 - 1327 a 40. Sans faire appel à Platon qui a mené un réquisitoire contre la mer. PLATON, Œuvres complètes, t. II, Les Lois, IV, 704-708, trad. Léon Robin, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, éd. 1942.
2 Hommage à Pierre Birot, « La mobilité des paysages méditerranéens », Toulouse 1984, Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, Travaux II, 387 p.
3 GARLAN, Y., La guerre dans l’Antiquité, Paris, Nathan, 1972.
4 LARONDE, A., « Séisme et diplomatie : Rhodes en 228 av. J. -C. », L’homme face aux calamités naturelles dans l’Antiquité et au Moyen Âge, Cahiers de la Villa Kérylos, 2006, n° 17, p. 61-71.
5 PLUTARQUE, Démétrios, XXI & XXII (trad. Anne Marie Ozanam), Paris, Gallimard, 2001 et Diodore de Sicile, XX, 91, Paris, Les Belles Lettres.
6 Le siège d’une ville-port dans une île suppose le déroulement d’un scénario complexe : la présence d’une flotte nombreuse pour bloquer le port et patrouiller le long des côtes, flotte également nécessaire pour le transport des vivres, le transfert et le débarquement des hommes de troupe et des cavaliers, puis à terre, l’édification d’une circonvallation si nécessaire et l’établissement de camps pour les troupes et le commandement, l’usage de machines de siège et de pièces d’artillerie, la conduite d’assauts contre l’enceinte et l’ouverture de brèches en sapant les murs par des mines et, pour le pire, par force, par ruse ou négociation, au final, la prise de la ville avec le saccage des habitations, la déportation ou l’envoi en esclavage de la population, ou bien devant l’insuccès de l’opération l’abandon du siège. À ce scénario, parfois du pire, en raison d’une durée de plusieurs mois jusqu’à plusieurs années, les conditions géographiques en raison de leur mobilité et de leur variabilité peuvent en Méditerranée concourir autant à la réussite qu’à l’échec d’un siège, malgré les avantages dont ceux de la géographie, qui ont été reconnus à la ville-port insulaire dès l’Antiquité (ARISTOTE, op. cit., VII, 1327 a 10-1327 b 6).
7 Appelés grec, levant, siroc contre lesquels le port est mal protégé, selon le témoignage de Jean THÉVENOT, Voyage du Levant (1656), éd. de S. Yerasimos, Paris, La Découverte, 1980.
8 Instructions nautiques, Côtes de Grèce et de Turquie jusqu’au cap Aloupo, Méditerranée orientale (1er vol.), série D (V), Paris, Imprimerie nationale, 1958, chap. IX, p. 247-263.
9 LEROUX, M., « Les climats subtropicaux dits “méditerranéens” et les climats de la Méditerranée (1re partie) », L’information géographique, 2001, n° 4, p. 304-320 ; et LEROUX, M., « Les climats subtropicaux dits “méditerranéens” et les climats de la Méditerranée (2e partie) », L’information géographique, 2002, n° 1, p. 34-52.
10 Le bassin méditerranéen est partagé par la limite séparant au nord le domaine des pluies d’automne de celui des pluies d’hiver au sud. Rhodes se situe dans ce dernier ainsi que la plus grande part de la mer Égée.
11 La houle présente des creux de 3 à 4 m en moyenne pouvant aller jusqu’à 9 m et la longueur d’onde qui mesure la distance entre deux crêtes de vague successives, mesure 50 à 60 m.
12 Flaubert arriva à Rhodes le vendredi 4 octobre 1850 par un temps frais et couvert, « gris et bête », l’eau du port agitée par une « mer houleuse » et visita l’intérieur de l’île entre le mercredi 9 et le samedi 12 octobre passant du rivage ouest au rivage est, selon une transversale l’amenant de Trianda à Lindos, pour revenir à Rhodes en suivant la côte orientale, itinéraire parcouru par temps de pluie. D’après ses notes de voyage on peut déduire que les jours passés dans l’île se sont écoulés dans le flux d’une famille de dépressions marqué à la fin par un ciel de traîne aux nombreuses ondées successives, typiques de ces phases pluvieuses de plusieurs jours qui inaugurent la saison froide hivernale. Il note également des traces de crues violentes dans le lit des rivières qu’il traverse, pour la plupart encore à sec malgré ce début d’octobre pluvieux, et remarque des traces d’éboulements sur les pentes. G. FLAUBERT, Voyages, t. II (éd. de René Dumesnil), Paris, Les Belles Lettres, 1948, p. 274 et p. 277-292.
13 Soit 0,25 nœud (400 m par heure), atteignant 1 nœud (1 609 m par heure), parfois 3 (5 km par heure) par fort vent, dans les passages étroits.
14 Voie qu’a empruntée Chateaubriand : « Nous nous engageâmes dans le canal que forment les Sporades, Pathmos, Léria, Cos, etc., et les rivages de l’Asie », in Œuvres romanesques et voyages, t. II : Itinéraire de Paris à Jérusalem, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1969, p. 953.
15 Aristote, op. cit., 1326 b 40.
16 Aristote, ibid., 1326 b 40. Le contre-exemple est le siège de Platées, l’investissement de la ville par les Thébains et leur échec : THUCYDIDE, La guerre du Péloponnèse, livre II, 3-4, Paris, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade (trad. P. Roussel).
17 Par un jour de « tramontane » (comprendre meltem), mésaventure qui est arrivée au navire sur lequel Chateaubriand s’était embarqué, et alors qu’il était au mouillage au large de Tchesmé « sur un fond rocheux assez dangereux ». « Dans la nuit du 22 au 23 [septembre 1806], le bâtiment chassa sur son ancre et nous pensâmes nous perdre sur les débris du vaisseau d’Alexandrie naufragé auprès de nous », Itinéraire de Paris à Jérusalem, op. cit., p. 951-952.
18 André Siegfried dans son livre Vue générale de la Méditerranée, Paris, NRF, Gallimard, 1943, 191 p., décrit ainsi son survol des îles de l’Égée et du Dodécanèse : « À aucun moment jusqu’à Rhodes on ne reste sans voir une terre. Ces îles ont toute la même forme, ovale, donnant l’impression de l’échine d’une bête émergeant des flots ; certaines sont très plates. Toutes sont de couleur ocre, tirant sur le rose ; on y distingue quelques arbres rarissimes, mais des milliers de terrasses préparées pour la culture » (p. 58).
19 Aristote, op. cit., VII, 1326 b 39 - 1327 a 40.
20 Aristote, ibid., VII, 1326 b 39 - 1327 a 40.
21 Opposition à laquelle G. Flaubert fut sensible pendant sa traversée d’ouest en est des massifs intérieurs de l’île.
22 L’île comprend un bâti structural formé par des nappes de charriage dont les faciès assimilés à ceux de la Grèce continentale affleurent dans la partie centrale de l’île sous la forme de blocs soulevés par un système de failles toujours actives. Cette mobilité tectonique explique la différenciation à la fin de l’ère tertiaire de bassins que remplissent des séries sédimentaires, composées de faciès calcaires, fluvio-lacustres sablo-marneux et de dépôts conglomératiques continentaux (Levantin), ennoyant l’édifice structural sur une grande partie de l’île (tout le nord au-delà d’une ligne Camiros-Arkhangélos et le sud subdivisé en deux bassins de part et d’autre de l’échine centrale, étroite et molassique de Vati). À l’est, entre Lindos et Rhodes, on observe en discordance des marnes bleues plus récentes (Pliocène) se terminant par une barre calcaire et au-dessus des séries marines quaternaires discordantes (AUBOUIN, J. & DERCOURT, J., « Sur la géologie de l’Égée : regard sur le Dodécanèse méridional (Kasos, Karpathos, Rhodes) », Bull. Soc. Géol. France, 1970, [7], XII, p. 435-472). L’érosion différentielle s’exerce sur l’inégale résistance des faciès et rend compte du modelé de collines, lanières de plateau étagées, crêtes dissymétriques et des formes de ravinement pour une grande partie de l’île, au nord comme au sud.
23 Dercourt, J., « De l’océan téthysien à la Méditerranée, les phénomènes cataclysmiques », L’homme face aux calamités naturelles dans l’Antiquité et au Moyen Âge, Cahiers de la villa Kérylos, 2006, n° 17, p. 1-17.
24 Bousquet, B., « Les séismes de l’Antiquité entre nature et société », L’homme face aux calamités naturelles dans l’Antiquité et au Moyen Âge, Cahiers de la villa Kérylos, 2006, n° 17, p. 33-59.
25 Miniature du codex G. Caoursin reproduite in VATIN, N., Rhodes et l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, Paris, CNRS Éditions, 2000, 118 p., cf. p. 45 évoquant les lourds dommages subis par la ville (échelle MSK intensité X à XI, d’après les dégâts représentés).
26 Arrosage d’autant mieux assuré que selon le rythme du climat méditerranéen les nappes phréatiques peuvent se recharger à coup sûr chaque hiver, malgré la sécheresse estivale, et la variabilité d’un total pluviométrique qui à Rhodes approche celui d’un pays tempéré océanique, à la différence des zones désertiques où l’irrigation se réalise à partir de l’eau fossile non renouvelable de nappes phréatiques atteintes par puits ou qanat.
27 Vatin, N., op. cit., p. 13-15, rapide évocation des îles relevant du territoire de l’ordre de Saint-Jean.
28 L’exception de cette pointe libre sableuse est liée à la présence des faciès marno-sableux du Levantin taillés à l’ouest en falaises dont l’érosion par ravinement nourrit les plages, et à celle d’une dérive littorale liée à la houle d’ouest qui abordant en oblique l’île fait migrer le sable, vers le nord et la pointe Zouari, à l’extrémité recourbée en crochet. Il en résulte un littoral régularisé actuellement.
29 Vatin, N., op. cit., p. 35-39.
30 Description des bassins du port et des différents môles, in Gabriel, A., La cité de Rhodes, t. 1, Topographie et architecture militaire, Paris, E. de Boccard éd., 1921, V-XVIII, 158 p., cf. pour le port : p. 3-5 ; pour les môles : p. 58-59, 72-73 et 78.
31 Gabriel, A., « La construction, l’attitude et l’emplacement du Colosse de Rhodes », BCH, 1932, t. LVI, p. 330-359.
32 Parti de Beyrouth pour se rendre à Constantinople, Gérard de Nerval signale « les deux forts, bâtis par les anciens chevaliers, [qui] défendent cette entrée [du port] », vus à la suite de sa courte escale au port de Rhodes, au début de l’été 1843, G. de Nerval, Œuvres Complètes, t. II, Voyage en Orient, Paris, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade, p. 603.
33 Cf. planche I, « Rhodes en 1480 », miniature du codex G. Caoursin, in Matton, R., Rhodes, Athènes, Institut français d’Athènes, 1966, 151 p. et LXVIII planches h. t. Un gibet y était implanté.
34 A l’époque des chevaliers, la mer venait battre la base des murailles à part le secteur nord. Pour le débarquement des personnages de marque était alors construit un ponton, sinon on débarquait sur la plage bordière à partir d’une allège qui faisait le va-et-vient avec le navire mouillé dans la rade. Cf. les miniatures du codex Caoursin reproduites in Vatin, N., op. cit., et in Kollias, E., Les Chevaliers de Rhodes, Athènes, Ekdotike S. A., 1991,176 p., ainsi que les planches h. t., in Gabriel, A., op. cit. Les quais actuels isolent les murs de la mer, occasionnent des désordres dans la sédimentation à l’intérieur des bassins, provoquent son colmatage et entraînent son dragage.
35 Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, op. cit., p. 953, de passage à Rhodes le 25 septembre 1806, y vit construire « une frégate de trente canons avec des sapins tirés des montagnes de l’île ». Gustave Flaubert y signale « une douzaine de bateaux amarrés, trois en construction ; bruit des marteaux » op. cit., p. 277. Aujourd’hui, le bassin est réservé aux bateaux de pêche côtière et de plaisance. Cf. également l’iconographie dans Matton, R., op. cit., pl. I, II, III, V, VIII.
36 Cf. le récit de Caoursin et les miniatures qui l’illustrent, in N. Vatin, op. cit., p. 26, 27, 37, 49, 52 ; Kollias E., op. cit., p. 11, 47, 49, 50-51.
37 Comme on disait au XVIIe siècle, également siècle de pratique de la poliorcétique, à propos d’une place forte enviée par deux États au moins.
38 Le foncier peut être tenu à titre collectif ou personnel par l’ordre et ses membres, in Vatin, N., op. cit., p. 50-58.
39 Aristote, op. cit., « En ce qui touche la communication avec la mer, est-elle un avantage pour les cités, bien gouvernées, lui est-elle au contraire nuisible ? Il se trouve qu’on en discute beaucoup ».