« Enlevé à la lumière de ce monde » : la mort de Godefroi de Bouillon dans Les Compagnons d’éternité de Jeanne Bourin
p. 141-154
Texte intégral
1En procédant dans son Postille a Il Nome della Rosa à un classement des romans historiques, Umberto Eco les distingue d’abord par la manière dont ils utilisent les sources : la première, illustrée par le roman breton, prend le passé pour prétexte et se soucie peu d’historicité ; la deuxième, illustrée par les romans de cape et d’épée, se sert des personnages enregistrés par les encyclopédies en leur attribuant des faits qui n’y sont pas notés ; la troisième consiste dans la création de personnages absents des encyclopédies et dont les agissements caractérisent avec un maximum de clarté l’époque en question (1983). Toute tentative d’inscrire les romans de Jeanne Bourin dans l’une de ces séries est vouée à l’échec, prouvant ainsi, une fois de plus, que ce type de roman reste un genre indéfini.
2À vrai dire, Jeanne Bourin cumule des éléments des deux dernières séries. Ses sources ont le plus haut degré de crédibilité. La consultation, consignée à la fin de son roman Les Compagnons d’éternité, des chroniqueurs du temps – Raymond d’Aguilers, Historia Francorum qui ceperunt Jerusalem, Foucher de Chartres, Gesta Francorum Jerusalem peregrinantium, etc. – et des historiens modernes qui s’en sont inspirés au profit de leurs contemporains – Pierre Aubé, Les Empires normands d’Orient, Godefroy de Bouillon, Pierre Duhamel, Quand les Francs mouraient pour Jérusalem, Régine Pernoud, La Femme au temps des croisades, Les Hommes de la Croisade, etc. – a permis à Jeanne Bourin de donner une suite à son roman Les Pérégrines. Le titre, Les Compagnons d’éternité, est selon l’aveu fait par l’auteur dans la postface de son livre, doublement codifié. Il actualise une expression relevée dans une chronique du xii e siècle qui désigne les époux. Avec ce sens, elle apparaît dans le roman lors du mariage de la jeune chartraine Flaminia avec Andronic, le parfumeur de l’Empereur :
Que votre amour puise dans la grâce de l’état conjugal force et durée, qu’il sache garder en tout la mesure et la modération qui lui permettront d’en sauvegarder le sens et que, plus tard, bien plus tard, vous deveniez à jamais des compagnons d’éternité ! (p. 108).
3Jeanne Bourin a refusé de s’en tenir à ce seul sens qui aurait en quelque sorte diminué la portée de son roman, le centrant sur l’interdiction du divorce par l’Église romaine qui vouait le couple, uni à jamais, au passage au-delà des limites de l’existence terrestre en faisant jouer ainsi l’opposition lexicale amors/mors (amour/mort), courante dans la poésie lyrique médiévale, pourtant prometteuse du point de vue de la durée qui ne porte pas atteinte à l’intensité de la passion. Tout en la conservant, Jeanne Bourin l’élargit sensiblement en fonction des circonstances historiques décrites : la première croisade commandée par Godefroi de Bouillon, duc de Basse-Lorraine (Lotharingie), plus précisément la prise de Jérusalem le 15 juillet 1099 et la fondation d’un nouveau royaume. À ses côtés se trouvent des chevaliers tels que Raymond IV de Saint-Gilles, comte de Toulouse, Hugues de Vermandois, Bohémond Ier, prince de Tarente, et son neveu Tancrède, Étienne de Blois et Robert de Normandie, etc., mais aussi des gens simples, même des familles entières comme celle de Garin, le parcheminier de Chartres, tous réunis par le désir ardent de rétablir l’ordre chrétien au Moyen-Orient, en délivrant le Saint-Sépulcre, de fonder un royaume franc et y implanter la civilisation occidentale, celle du vieux parchemin contre celle du papier que les Orientaux venaient d’inventer. Dans les conditions d’une confrontation brutale avec un monde différent dont on mesure difficilement l’hostilité tout en gardant l’espoir de la réduire à néant, le compagnonnage gagne des valeurs polyphoniques. Jeanne Bourin en élargit encore plus le sens, le ramenant vers la période contemporaine à la rédaction du livre. Conçu au moment où la guerre du Golfe venait d’éclater, le roman est marqué par la révélation du fait que les anciennes incompréhensions et les griefs du temps de Godefroi persistaient encore. La clef de lecture de cet ouvrage est livrée par l’aveu fait dans la postface :
[…] j’ai cru pouvoir rapprocher ces deux moments d’Histoire. N’est-il pas navrant de constater qu’à huit cents ans de distance, l’hostilité n’a pas évolué d’un pouce et que les arguments restent identiques dans les deux camps ? (p. X).
4C’est ce désir à empreinte idéologique, ce message invitant à accepter l’altérité, qui nourrit, à force de méditation et d’observation, le nouveau sens du syntagme compagnons d’éternité :
En outre, il me semble que, sur cette terre, nous sommes tous, d’âge en âge, embarqués sur le même bateau et qu’on peut étendre la notion de compagnonnage à celle de la condition humaine tout entière (p. xii).
5L’historienne scrupuleuse qui s’est rendue à Jérusalem pour « mettre ses pas » dans ceux de ses héroïnes a su également utiliser les moyens du genre romanesque pour réaliser un vrai plaidoyer en faveur du Moyen Âge à travers une fresque d’une vitalité exceptionnelle, où l’on voit se côtoyer les grands et les petites gens, enfin tous ceux qui voulaient faire avancer l’histoire dans une direction dont ils se sentaient responsables.
6La lecture des chroniques n’a pas manqué de mettre en évidence la fragilité du nouveau royaume de Jérusalem, harcelé par les ennemis locaux et entraîné dans des alliances à haut risque. Une semaine après la conquête, celui qui avait fait le premier pas sur les remparts de la ville sainte, qui s’était illustré par l’ardeur de sa foi, la vaillance au combat et l’habileté à concevoir des stratégies gagnantes, le chef de la croisade, le duc Godefroi de Bouillon, devient avoué du Saint-Sépulcre. Or ce souverain qui offrait la garantie de la survivance du nouveau royaume et de la sécurité de la population franque ne règne qu’une seule année. À quarante et un ans, il meurt d’une maladie inconnue, qui finit par avoir vite raison de « ce corps musclé », « grand et fort », « aux yeux clairs », capable de trancher « d’un seul coup d’épée le col musculeux et coriace d’un chameau » (p. 269) et qui met un terme à « sa bravoure », « sa piété, sa générosité, sa droiture » (p. 88).
7Tout en respectant la formule du roman historique qui demande des efforts considérables de reconstruction et de restitution, Jeanne Bourin est, de par sa formation d’historienne, davantage portée vers le fait intertextuel. D’ailleurs, tout roman réaliste, où prédominent la notation scrupuleuse des événements et la localisation spatio-temporelle conforme aux exigences de l’historicité, naît du désir de présenter « une tranche d’histoire » et parfois comporte dans le titre ou le sous-titre les mots « chronique » ou « histoire » (cf. Chronique des Pasquier de Georges Duhamel, Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire d’Émile Zola, etc.). La nécessité de cohésion textuelle et les contraintes du postulat de vraisemblance sont des raisons suffisantes pour que Jeanne Bourin procède à une répartition des voix : celle du chroniqueur contemporain des événements, celle du chroniqueur-narrateur, possesseur des informations qui le métamorphosent en substitut du premier, lui conférant l’autorité de l’omniscience, celle des personnages, substituts de ce dernier, dont les échanges langagiers ne sont que partiellement subordonnés à la chronique, étant largement réglés par la dynamique du texte romanesque.
8En premier lieu, les pages se rapportant à la mort de Godefroi de Bouillon doivent à la chronique tous les détails concernant cette disparition particulièrement bouleversante autant du point de vue émotionnel que politique. Les croisés éprouvent à cette occasion un sentiment de compagnonnage décuplé autant par les situations vécues ensemble que par un imaginaire médiéval très actif. La prédestination y a son poids et elle est introduite dans le texte par l’arbalétrier et barbier Mathieu, véritable reporter de tout ce qui se passe et de ce que l’on dit :
Mais il court […] des bruits sur des révélations merveilleuses dont il aurait été l’objet, sur des songes prophétiques prouvant que, plus de dix ans avant le concile de Clermont, Dieu l’avait choisi pour être le chef du grand pèlerinage armé. Des personnages dignes de foi disent l’avoir vu en rêve à différentes époques. Tantôt sur le mont Sinaï, recevant d’un messager divin la mission de conduire ; tantôt assis sur le trône même du soleil, environné des oiseaux du ciel ; tantôt montant la nuit avec une lampe et par une échelle mystérieuse à la Jérusalem céleste. D’où il résulte aux yeux du plus grand nombre qu’il est le roi prédestiné de ce royaume (p. 88).
9La mort de Godefroi de Bouillon marque le dernier temps d’une frustration collective. Le premier en est marqué par le refus de la couronne, approuvé par ceux qui y voient un signe de « sagesse et de piété », mais vivement combattu par ceux qui, plus lucides, le voient limiter ses prérogatives et ajourner ainsi l’établissement d’une vraie monarchie franque en Orient :
Autour d’eux, la foule se mit à ondoyer comme champ de blé sous la bourrasque. Une rumeur se répandait : Godefroi de Bouillon avait bien été élu par les barons, ses pairs, roi du jeune royaume franc de Jérusalem, mais il a refusé tout net un honneur dont il ne se sentait pas digne (p. 90).
10La population franque cache sa déception en se sentant rassurée par le fait que Godefroi a assumé quand même la responsabilité de la défense du Saint-Sépulcre. On avait appris que,
[…] pressé par ses pairs, [il] avait fini par accepter la fonction de prince de la cité mais qu’il a déclaré hautement qu’il ne ceindrait jamais une couronne d’or là où le Roi des rois, Jésus-Christ, le Fils de Dieu, avait porté une couronne d’épines, qu’il ne serait donc pas roi de Jérusalem, mais, plus simplement, avoué du Saint-Sépulcre […], une sorte de régent pour le compte de l’Église (p. 96).
11La nouvelle de la maladie subite de Godefroi est bouleversante au plus haut point pour ses gens qui, après la retombée des armes, essayaient de se forger une nouvelle existence dans les conditions de la cohabitation de deux civilisations différentes et de deux religions apparemment irréconciliables. Bien que sa présence dans le roman n’appartienne pas au premier plan dans le sens que Godefroi fait partie de la trame historique où s’inscrit une autre « histoire », celle des trois filles du parcheminier de Chartres – Brunissen, Flaminia et Alaïs –, il est cependant presque toujours présent dans le quotidien sans jamais prendre la parole. Avant l’épisode de la mort, son nom apparaît plus de quarante fois dans les dialogues qui l’évoquent, retraçant ainsi le portrait moral d’un homme animé par des idéaux profondément enracinés. La nouvelle de sa maladie provoque également l’inquiétude des représentants des pouvoirs intéressés par la domination des chrétiens dans la zone, tels ces Vénitiens venus conclure un accord avantageux avec Godefroi juste au moment où son mal faisait des progrès, moment situé aux deux tiers du déroulement de l’action.
12Le passage dense et tendu qui anticipe la mort en présentant l’évolution de l’état du malade et celui des funérailles constituent une sorte de pause dans l’action du roman, bien suggérée par Mathieu, qui assume le rôle des médias actuels :
La ville sainte tout entière tremble pour son chef […]. Nous sommes maintenant suspendus au souffle d’un malade qui lutte avec la mort en un dernier combat. Fasse le Seigneur qu’il en sorte victorieux ! (p. 273).
13L’intertextualité que nous venons de remarquer (cf. supra) est notée, au niveau du texte et de la technique narrative, de différentes façons. Jeanne Bourin la fait jouer sur deux plans, en changeant de voix selon le cadre choisi pour le déroulement de la scène présentée. Pour le faire, elle utilise une intertextualité directe, dont le lecteur est averti avant le début du roman dans une note qui dit que les passages en italiques sont extraits des divers chroniqueurs cités dans la bibliographie. En adaptant la technique de la rédaction au genre littéraire choisi, l’auteur ne nous donne pas leurs coordonnées, mais signale ses sources par une distinction graphique. Les deux passages, consignant des scènes vécues dans l’intimité de Godefroi à des moments importants du récit de sa mort, annoncent la construction bipartite du fragment. Le premier présente la prise de conscience du fait qu’il était condamné. Désireux de s’acquitter de ses charges malgré les progrès de sa maladie souvent signalés par le verbe empirer, Godefroi n’en est plus capable et c’est un moribond entouré des siens que la chronique nous présente :
Quatre de ses parents l’assistaient. Les uns lui réchauffaient les pieds, les autres l’aidaient à appuyer sa tête sur leurs poitrines. Navrés de le voir tant souffrir, ils ne pouvaient retenir leurs larmes et redoutaient de perdre ce prince illustre dans un exil si lointain (p. 272).
14Le second raconte les derniers instants de Godefroi, nous présentant le moribond préoccupé par la sauvegarde de son âme avant de faire l’objet de l’enlèvement divin, vision métaphorique suggestive de son passage glorieux dans l’autre monde :
Il confessa ses péchés avec une véritable contrition et, en versant des larmes, reçut la communion au corps et au sang de Notre-Seigneur, puis, couvert de ce bouclier spirituel, il fut enlevé à la lumière de ce monde (p. 272).
15Par ces insertions adressées à des lecteurs avertis, l’auteur fait fonctionner une clause de véracité nécessaire dans le récit d’un événement remarquable, qui aurait pu faire basculer l’avenir du royaume franc de Jérusalem et compromettre la position des chrétiens au Moyen-Orient.
16Un effet similaire, mais passé par le filtre de la fiction romanesque et du discours qui lui est propre, est obtenu par Jeanne Bourin grâce à une deuxième technique du même genre, qui consiste dans une intertextualité subtile, où le récit rejoint la chronique sans le déclarer ouvertement, en stimulant nos réflexes mémoriels et en nous incitant à déchiffrer l’impression de déjà lu.
17La mort de Godefroi de Bouillon appelle dans ces conditions une comparaison avec des textes sur le même sujet rédigés à l’époque médiévale. Le récit de la mort de Louis XI dont il est question dans les Mémoires de Philippe de Commynes révèle des similitudes frappantes dans l’organisation textuelle, qui supportent une mise en regard de quelques petits fragments.
18La durée de la maladie dont le personnage est mort est soigneusement précisée dans les deux récits sans que l’on fasse de même pour le diagnostic. Un homme à haute responsabilité, qui vient de remplir l’une de ses charges, se trouve soudain atteint d’un mal qui ne lui laisse que le temps de régler quelques-unes des plus importantes de ses affaires. Jeanne Bourin marque le début du mal par un changement de ton après avoir présenté l’éphémère stabilité de l’État franc, pareille à « un ciel rasséréné ». La comparaison qui suit suggère autant une déchirure que, sur le plan rhétorique, l’élaboration d’une possible métaphore filée :
Ce fut donc dans un ciel rasséréné qu’à la mi-juin une nouvelle, brutale comme un coup de tonnerre, parvint à la Cité Sainte. Alors que Godefroi de Bouillon revenait de Sawâd, après avoir définitivement soumis et de la plus énergique façon cette terre de Suète, il avait été frappé d’un mal aussi soudain qu’inquiétant […] (p. 270, s. n.).
À la mi-juillet, chacun comprit qu’il était perdu. Les forces de cet homme puissant n’avaient cessé de décliner et si son énergie morale subsistait, il l’appliquait tout entière désormais à mourir d’une bonne mort (p. 274).
19Nous retrouvons le même souci pour la précision des limites chez Commynes qui nous raconte que
Bientôt que le roi eut parlé à monseigneur le dauphin, son fils, et achevé ce mariage dont j’ai parlé, la maladie, dont il partit de ce monde, le prit un lundi et elle dura jusqu’au samedi suivant, pénultième d’août mil quatre cent quatre-vingt et trois (p. 111).
20Ce n’est pas la mort qui nous est présentée d’une manière brutale, mais plutôt le début de la maladie. Elle est le terme d’un procès à durée bien déterminée : un mois pour Godefroi, une semaine pour Louis XI. Les récits ainsi délimités sont enchâssés dans le déroulement de l’action réalisant des descriptions d’agonie, étapes préparatoires d’une mort qui paraît retardée par le désir du moribond d’accomplir ses devoirs bien que ce soit à petit feu à cause de la diminution évidente des forces physiques. De ce fait, les symptômes de la maladie sont présentés dans une progression étroitement liée aux dernières actions du personnage, avec une localisation scrupuleuse dans le cas d’un malade itinérant comme Godefroi. Après avoir quitté Naplouse, près de Césarée, il a eu des malaises qui l’ont obligé à refuser l’invitation à dîner d’un émir dont il avait intérêt à cultiver la bienveillance :
Il se serait contenté de sucer le jus d’un cédrat, pour ne pas tout repousser et pour étancher sa soif qui, dit-on, était dévorante (p. 271).
De retour à Jérusalem dans son palais de Templum Salomonis, Godefroi de Bouillon vit son état de santé empirer de façon alarmante (p. 271).
Ce fut un malade grelottant de fièvre qui arriva à Jaffa […]. Il n’y parvint que pour s’aliter (p. 272).
Son état empirait. En dépit du désir qu’il avait de mener à bien cette importante affaire, il lui fut impossible de se rendre à l’invitation qui lui avait été faite et de visiter les nefs vénitiennes pour envisager avec ses hôtes les conditions de leur établissement en Terre sainte. Le mal qui le tenait faisait d’affreux progrès. Épuisé et ne supportant plus le bruit et l’activité qui montaient du port de Jaffa, le duc demanda qu’on le reconduisît à Jérusalem (p. 272).
21Ses tentatives pour s’acquitter de ses charges entretenaient chez ses gens l’illusion, vite démentie, d’une amélioration :
Il semble encore avoir trouvé la force de signer l’accord conclu à Jaffa par nos barons, qui sont retournés là-bas avec les Vénitiens, dit Mathieu. Espérons que c’est là un signe annonciateur d’une guérison prochaine.
Ce fut en réalité, le dernier geste accompli par l’avoué du Saint-Sépulcre en tant que chef des croisés (p. 273-274).
22À cause de sa santé précaire, Louis XI, qui avait toujours ressenti une peur panique de la mort, se résigne finalement tout en gardant l’espoir de lui échapper.
Dès que le mal le prit, il perdit la parole, comme c’était arrivé à plusieurs reprises, et quand la parole lui fut revenue, il se sentit plus faible qu’il n’avait jamais été, quoique auparavant il le fut tant qu’à grand-peine pouvait-il porter la main jusqu’à sa bouche et il était si maigre et si défait qu’il faisait pitié à tous ceux qui le voyaient […] (p. 111).
Après tant de peurs et de soupçons et de douleurs, Notre Seigneur fit sur lui un miracle et le guérit de l’âme et du corps, comme il a toujours l’habitude en faisant ses miracles, car il l’ôta de ce misérable monde en grande santé de sens et d’intelligence, ayant bonne mémoire, ayant reçu tous les sacrements, sans souffrir de douleur apparente, mais continuant à parler, jusqu’à une patenôtre qu’il dit avant sa mort. Il ordonna sa sépulture et désigna ceux qui devaient l’accompagner et quel chemin on devait suivre. Il disait qu’il ne pensait pas mourir avant le samedi et que […] le samedi après, il serait enterré (p. 117).
23Si le mal dont mourut Louis XI semble être une attaque d’apoplexie, on ne sait toujours pas si Godefroi est mort de la peste comme pensaient les croisés.
24Chacun des fragments qui se rapportent à la mort du personnage permet des rappels de son existence antérieure. La jeune Alaïs y fait des allusions très transparentes en retraçant par ses commentaires un vrai portrait moral du héros :
Si notre sire Godefroi n’était point malade, il aurait pu, lui, le preux parmi les preux, imposer sa loi aux Vénitiens. Ses remplaçants n’ont ni les moyens ni le prestige ! (p. 273).
25Mais, les mérites ne sont pas les seuls à être invoqués. Tout exemplaire qu’elle fût, sa politique a eu aussi des faux pas à l’égard desquels les croisés manifestent de l’indulgence, mais qui sont cause d’une inquiétude croissante. Tel est cet accord avec le patriarche qui aurait pu mener à un conflit entre le pouvoir étatique et religieux :
À l’occasion de la dernière Chandeleur, n’a-t-il pas obtenu que le duc lui promette par testament le quart du beau port de Jaffa, vital pour ses Pisans ? Et notre sire Godefroi, comme saisi du pressentiment de sa fin prochaine, ne lui a-t-il pas aussi cédé, le saint jour de Pâques, devant la foule assemblée pour cette fête, la cité de Jérusalem elle-même et la tour de David, la forteresse pour laquelle nous nous sommes tant battus ?
26Et Brunissen continue s’écriant :
[…] sur mon âme, quelle ville pourra jamais compenser la perte de Jérusalem la Sainte ? […]. Cette clause dépouillera le futur roi au profit de Daimbert et a déjà fait de Godefroi, vainqueur des Sarrasins, l’homme lige d’un prélat italien ! (p. 275).
27À la différence du roman, dans les chroniques, le narrateur assume ouvertement la qualité de témoin et s’en sert pour justifier sa démarche. Commynes dit :
Et, ayant été présent à la fin de la maladie, j’en veux dire quelque chose […]. Sur ce, je veux comparer les maux et les tourments qu’il a fait souffrir à plusieurs, avec ceux qu’il a lui-même soufferts avant de mourir, parce que j’ai l’espérance qu’ils l’auront mené en Paradis et qu’ils auront été une partie de son Purgatoire (p. 111-112).
28Il est évident que le narrateur autobiographe a des griefs qu’il veut faire partager à ses lecteurs. Pour ses terribles prisons, de véritables cages de fer et de bois, « plusieurs depuis l’ont maudit » et, d’après ses dires, Commynes en fait partie. Après avoir fait cette remarque, il ajoute : « et moi aussi, qui en ai tâté sous le roi actuel, pendant huit mois » (p. 115).
29Dans le roman, cette manifestation du narrateur est remplacée par celle des témoins de second ordre, à savoir les personnages dont les propos supervisés par l’auteur transforment ce dernier en consignateur impartial. Comme non-personne assistant aux discussions des gens, en y prêtant l’oreille, pour ainsi dire, Jeanne Bourin fait les petits commentaires auxquels le narrateur omniscient se sent obligé pour ne pas nous laisser dans l’erreur. L’inquiétude provoquée par la maladie du duc de Bouillon est justifiée par une remarque qui surenchérit : « Il n’avait pas tort de s’alarmer ». L’espoir de Mathieu qui parle de guérison prochaine est corrigé par l’observation : « Ce fut, en réalité, le dernier geste accompli par l’avoué du Saint-Sépulcre en tant que chef des croisés » (n. s.). Il en est de même des commentaires de nature politique sur ce monde qui se défait et se refait et qui a besoin d’alliés puissants pour survivre. Leur degré de sincérité est rapporté à leurs intérêts économiques et militaires que Jeanne Bourin connaissait très bien pour les avoir étudiés en profondeur. On apprend ainsi que
Les Vénitiens se désolaient d’une telle situation. Non pas tant par sympathie que parce qu’ils désiraient ardemment dresser avec ce baron, vainqueur des infidèles, un plan de campagne militaire auquel leurs nefs apporteraient l’appui des forces navales qui faisaient sans cesse défaut aux Francs (p. 272).
30Godefroi lui-même « n’était pas dupe » du motif qui les a déterminés à lui offrir des « présents de grand prix ». La douleur provoquée par la mort de Godefroi n’est pas ressentie avec la même intensité par tous les habitants. Les consolations d’Irène et d’Anthusa, les deux orthodoxes grecques protégées par Brunissen, n’ont d’autre support que l’amitié et la gratitude :
Ce fut le tour des deux sœurs penchées sur elle de la consoler d’une peine que, de toute évidence, elles ne partageaient pas (p. 275).
31Le lecteur du roman de Jeanne Bourin se confronte à une intertextualité aussi subtile que celle qui nous renvoie à la chronique, mais qui se manifeste à travers les effets de style. Les techniques formelles restituées appartiennent dans une large mesure au roman médiéval. L’inquiétude qui s’empare de la petite communauté franque et le comportement déterminé par la douleur de perdre un si cher et irremplaçable compagnon sont rendus par nombre de notations suggestives. Les réactions physiologiques des personnages rappellent fidèlement le réseau comportemental mener grand dolor identifié dans les textes médiévaux (Lavis, 1972) :
On pleurait, on sanglotait, on se pâmait. On criait peine et désarroi ; certains battaient leur coulpe, d’autres s’arrachaient barbe ou cheveux, s’égratignaient les joues, se tordaient les mains, baisaient la pierre froide et l’arrosaient de leurs larmes… (p. 280).
32Outre l’archaïsme grammatical représenté par l’absence d’article défini auprès du déterminant verbal et l’emploi des arrangements symétriques basés sur le sème de l’intensité comme « crier peine et désarroi », on identifie un paradigme comportemental familier, fait de manifestations excessives. La douleur de Laudine, la châtelaine qui, dans le roman d’Yvain de Chrétien de Troyes, pleure la mort de son mari Esclados le Roux, bénéficie d’une représentation gestuelle similaire :
Ainsi la dame se debat,/Ainsi tout par li se combat,/Ainsi se tormente et se confont/Et ses gens avec li refont/Si grand dolor que gregnor ne pueent (v. 1243-1247). (Ainsi la dame se débat/Ainsi elle se tourmente et s’afflige/Et, à leur tour, ses gens manifestent avec elle/la plus grande douleur qu’ils peuvent […])
Lors se pasmë et se dessire/Trestout quanques a mains li vient (v. 1300-1301). (Puis elle se pâme et déchire/Tout ce qui, sur sa personne, lui tombe sous la main).
33Jeanne Bourin n’émaille généralement pas son texte d’archaïsmes lexicaux. Le verbe ouïr ou le nom oraison constituent une bien maigre récolte. En revanche, la liste des archaïsmes grammaticaux à résonance rhétorique est beaucoup plus riche. L’emploi du passé simple dans le récit de la mort de Godefroi (plus de quarante occurrences) assure un effet de style vivement ressenti comme marque de l’époque médiévale en dépit de l’emploi de ses valeurs encore actives en français moderne. Sa fréquence est due en particulier à deux distributions prépondérantes : dans le champ énonciatif et dans les passages descriptifs.
34Dans les incidentes des fragments dialogiques que comporte le rythme lexical du dire, le passé simple est majoritaire, mais, à la différence du texte médiéval, où cette forme verbale est illustrée par les verbes dire et son suppléant faire, Jeanne Bourin utilise une grande variété de verbes énonciatifs, les exploitant avec raffinement en vue d’une adaptation situationnelle : « expliqua Mathieu », « protesta Alaïs », « dit-on », « s’écria Alaïs », « murmura Mathieu », « remarqua Alaïs », « fit remarquer Landry à sa sœur », « leur confia-t-il d’un air soucieux », « soupira Alaïs », « s’écria Brunissen », « déclara avec sérénité Anthusa », etc. L’imparfait y apparaît deux fois seulement dans des contextes qui pourraient se réclamer d’une absence de finition : « — Ces Vénitiens sont insatiables, commentait Mathieu » (p. 273) ; « — Pauvre amie, pauvre amie, répétait Anthusa […] » (p. 275).
35C’est au passé simple de la description que l’on doit le dynamisme nécessaire aux scènes qui présentent des actions ou gestes dans une succession filmique :
Mathieu prit une des mains aux doigts encore blanchis de craie par le saupoudrage d’une peau de gazelle des plus délicates, la baisa et quitta l’atelier pour retourner vers les clients qui attendaient ses soins (p. 271).
36Un exemple du même genre, en rapport étroit avec ce que nous venons de dire sur les notations ayant trait au comportement, nous est fourni par la relation de la réaction de Brunissen, la future moniale, qui est l’un des personnages féminins les plus importants du roman, lorsqu’elle apprend la nouvelle de la mort de Godefroi :
Brunissen se dressa d’un coup, poussa un gémissement et s’affaissa sur son siège, privée de connaissance… Quand elle revint à elle, elle se mit à pleurer sans bruit, et presque avec douceur, comme le sang perle parfois aux lèvres de certaines blessures (p. 274-275).
37Dans les passages du début et de la fin du récit de la mort de Godefroi, grâce à sa valeur habituellement consignée par les grammairiens qui consiste dans l’expression d’une action achevée, le passé simple devient le temps de l’action brusque et irréversible, valeur soutenue d’ailleurs par l’isotopie de ces fragments :
Ce fut dans un ciel rasséréné qu’à la mi-juin une nouvelle, brutale comme un coup de tonnerre, parvint à la Cité sainte (p. 271).
Quatre jours après la mort de Godefroi de Bouillon, au cours d’une cérémonie noyée de larmes et d’encens, on déposa son corps, cousu en un sac de cuir, à l’intérieur d’un sarcophage qui fut ensuite placé sous le lieu sacré du Calvaire, dans la Chapelle d’Adam, passage obligé vers le Golgotha. Une foule éplorée conduisit jusqu’à sa sépulture la dépouille de cet homme de quarante et un ans qu’un mal soudain avait arraché à une destinée glorieuse, mais aussi à une existence austère, consacrée à un célibat quasi monastique, tissé de renoncements et de sacrifices (p. 280).
38Cette dernière phrase, avec son démonstratif anaphorique introduisant une relative instituée en épitaphe, clôt le récit d’une mort regrettée, injuste et frustrante, sanctifiée par des circonstances historiques dont la portée immense n’est pas encore ensevelie.
39La maladie et la mort de Godefroi de Bouillon constituent un drame vécu à l’échelle de la collectivité. L’intensification de l’inquiétude et son extension à l’ensemble de la communauté franque sont saisies, outre les moyens lexicaux à sémantisme approprié, par une exploitation habile du pronom indéfini on. Dans les dialogues entre les membres de la micro-société constituée par la famille du parcheminier Garin de Chartres et ses proches, il est employé avec une valeur indéfinie partitive, commutable avec « quelques-uns, des gens », qui prend parfois des nuances légèrement dépréciatives. Tel est le passage où Alaïs, en vrai diagnostiqueur, est offusquée par les soupçons que certaines personnes ont pu avoir sur le mal dont souffre Godefroi :
– Il est d’autres maux que la peste ! protesta Alaïs. Dès qu’une maladie sérieuse touche un haut baron, on pense au pire. Le duc peut souffrir de bien des choses, sans que ce soit pour autant de cette calamité ! On bavarde, on bavarde sans savoir ! Il faudrait d’abord connaître la nature de sa maladie, comment il l’a attrapée, et la manière dont elle se manifeste… (p. 270).
40Au cours du récit, le pronom indéfini on prend progressivement des valeurs quantitatives, d’abord « un grand nombre » et ensuite « la totalité ». Ce sont des valeurs induites également par certains éléments du contexte, comme les énumérations, les cumuls de mots négatifs et de déterminants ou substituts quantifiants, procédés très prisés à l’époque médiévale :
On priait dans les oratoires, les chapelles, les églises et au Saint-Sépulcre. Les oraisons de tant d’âmes anxieuses s’élevaient vers Dieu comme une buée implorante (p. 273).
41L’indéfini on commute finalement avec le déterminant tout :
Tous les Francs de Terre sainte eurent l’impression, quand ils l’apprirent, qu’un voile funèbre, une chape de deuil s’étaient abattus sur le pays. La perte nétait comparable à aucune autre et, à sa mesure, le chagrin et l’angoisse ne l’étaient pas non plus (p. 274).
42Dans le récit des funérailles, cité plus haut, la valeur totalisante de l’indéfini on est renforcée grâce à la distribution réalisée par les coupures de deux autres indéfinis – certains et autres – rattachés à des imparfaits descriptifs à nuance aspectuelle assez sensible.
43L’exercice de la similarité révélé par les métasémèmes – comparaisons et métaphores – rappelle par la nature du comparant l’usage qu’en faisaient les romanciers du Moyen Âge. Le choix relève du monde concret, matériel, où entrent des phénomènes dont la perception est généralement immédiate, brutale. La nouvelle de la maladie est reçue « comme un coup de tonnerre », les larmes de Brunissen sont « comme le sang qui perle parfois aux lèvres de certaines blessures », la mort de Godefroi est perçue comme « une chape de deuil », « un voile funèbre », « une coupe d’amertume ».
44La fréquence des dialogues due au choix de Jeanne Bourin de faire assumer une partie des charges du narrateur par ses personnages comporte des marques spécifiques d’oralité dont les invocations de la divinité : « Dieu vous entende ! », « Damedieu », « Fasse le Seigneur que… », « Dieu seigneur », auxquelles on ajoute « sur mon âme » et l’usage très à propos de l’interjection « hélas ».
45En tant que roman historique dont l’objectif par définition est la reconstruction la plus fidèle possible d’un monde révolu, l’auteur devient sociolinguiste avisée observant, en diachronie, les problèmes du contact entre les langues et de la langue véhiculaire. Les besoins communicationnels obligent les gens à apprendre la langue de l’autre. Au moment où Brunissen apprend la terrible nouvelle de la mort de Godefroi, elle était en train de donner une leçon de langue franque à Irène, la petite Grecque qui était sous sa tutelle. Lors de leur mariage, Flaminia et Andronic parlent latin. Il en est de même de Brunissen et de Hâlid, l’Arabe à qui elle a sauvé la vie. Quand Anthusa parle d’un statu quo de la situation, nous devons attribuer ce recours au latin comme une promesse de véridicité concernant l’usage des langues.
46En écrivant ce roman inspiré des croisades, Jeanne Bourin a invité les lecteurs à jeter un regard complice au-delà des relations succinctes des traités d’histoire pour découvrir la vie d’une zone très complexe et disputée, reconnue comme source intarissable de conflits. Sur cette toile de fond, l’auteur a fait vivre des personnages en train de faire l’histoire en s’y impliquant et en l’impliquant dans leur existence. Par l’image des croisades ainsi créée, le lecteur corrige involontairement la vision occidentale de ces pèlerinages armés où le heurt des civilisations et des mentalités occupe peu de place. Jeanne Bourin comble ce vide en nous présentant le cycle inéluctable de la vie et de la mort dans un monde renouvelé par le croisement de l’Orient et de l’Occident. D’après ses propres aveux, faits dans la postface de son livre (cf. supra), elle a voulu, en grandes lignes, rapprocher d’abord deux moments de l’histoire qui ont des ressemblances étonnantes : l’époque des croisades et celle de la guerre du Golfe, autrement dit le xx e siècle. Les idées adjacentes qu’elle s’est proposée d’illustrer touchent aux droits des femmes à une époque où elles étaient « maîtresses de leur sort », contrairement à ce que l’on croit traditionnellement, et aux conséquences avantageuses de cette première croisade sur l’évolution de la civilisation occidentale qui lui doit certainement des progrès notables, ne fût-ce que la fabrication du papier. La portée idéologique du roman Les Compagnons d’éternité se mesure d’après l’ouverture sur un autre monde et une autre époque que Jeanne Bourin a faite en insistant sur la force d’un idéal dont la mort était l’un des ingrédients et en nous proposant la lecture désobstruée de la vive « clarté » du Moyen Âge.
Bibliographie
Éditions de référence
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Études
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—, « Le Rythme du dire et du faire dans le discours poétique médiéval », dans Limbaje si comunicare, Iasi, Ed. Institutul European, 1998, p. 390-400.
Pernoud (Régine), La Femme au temps des croisades, Paris, Stock, 1980.
Zumthor (Paul), Essai de poétique médiévale, Paris, Le Seuil, 1972.
—, Parler du Moyen Âge, Paris, Minuit, 1980.
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Auteur
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