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Lanterne magique et pédagogie dans le Japon de Meiji : thèmes, images, discours

p. 125-139


Texte intégral

1Au cours de l’ère Meiji (1868-1912), en particulier entre les années 1870 et les années 1900, cest-à-dire avant le succès populaire du cinéma, quel fut le rôle de la lanterne magique1 ? Il existe deux types de lanterne magique au Japon, dont je commencerai par rappeler l’histoire : la lanterne dite « utsushi-e », utilisée à la fin de l’époque d’Edo (deuxième moitié du xviiie siècle – première moitié du xixe siècle), et la lanterne moderne (gentô), qui fut importée au cours de l’ère Meiji. Je me propose dans cet article d’examiner plus précisément les usages pédagogiques de ces deux lanternes, jusqu’à l’apparition du cinéma.

La lanterne de type « utsushi-e »

2Le mot « utsushi-e », qui désigne la lanterne japonaise traditionnelle, signifie à l’origine « image copiée », « silhouette, forme reproduite », et est antérieur à la lanterne magique elle-même. Il fut utilisé pour désigner cette dernière à Edo (l’actuelle Tôkyô) à partir de 1800 environ. La lanterne moderne arriva, semble-t-il, à Nagasaki via les Pays-Bas ou la Chine, et progressa dans tout le pays d’ouest en est (de Nagasaki à Ôsaka puis Edo). Des archives à Ôsaka datant de 1779 mentionnent déjà l’existence d’une lanterne, et dans un livre de prestidigitation publié la même année on voit un appareil qui projette sur un mur blanc l’image d’un démon (fig. 69). Des projections publiques eurent lieu à Edo en 1800, mais les documents sur la lanterne magique traditionnelle sont extrêmement rares, et les recherches sur ce sujet restent encore insuffisantes2.

3Des projections de lanterne magique plus élaborées eurent lieu en 1803 à Edo et furent bien accueillies, comme dans le Kansai3, où on les appelait « ombres de brocart » (nishiki kage-e). Un éventail de l’artiste ukiyo-e Kuniyoshi (1832) en représente une (fig. 70). Regardons une publicité pour une projection de lanterne magique (fig. 71). Les sujets mentionnés sont : « provinces (shokoku), fantômes (kaidan), histoires (tsuzukimono), mœurs (ukiyo), romans populaires (gesaku) », et correspondent à un répertoire de divertissements populaires. L’expression « provinces » recouvrait des vues des paysages et des lieux célèbres de tout le pays, « fantômes » des histoires de meurtres et de revenants, « histoires » vraisemblablement de longs récits à sujets historiques (antérieurs à l’époque d’Edo) ou des romans fleuves, « mœurs » des scènes de la vie sociale, « romans populaires » différents types de littérature de masse, et de fictions courtes. Étaient abordés aussi des thèmes comme la nature (en particulier les fleurs des quatre saisons), la danse, les chroniques guerrières, les traditions populaires, les contes bouddhiques, les histoires drôles, les contes érotiques, etc. La lanterne de l’époque d’Edo constituait un divertissement, et sa fonction éducative, à supposer qu’elle en ait eu une, se limitait à la vulgarisation de faits historiques, à la transmission de traditions, ou encore, par l’intermédiaire des contes bouddhiques, à l’encouragement à la piété, mais les spectateurs-auditeurs, pris par le commentaire qui était dit avec un accompagnement musical, n’en retiraient aucun enseignement formel. On peut supposer en tout cas que ces projections, qui jouaient sur la peur et l’illusion, impressionnaient fortement le public, en particulier enfantin. Même les récits des causes et des effets inpirés par les contes bouddhiques, qui faisaient intervenir des monstres, des animaux fantastiques, ou encore des métamorphoses (la métempsychose), devaient, par le biais des images, de la diction et de la musique, marquer considérablement, au-delà même des enfants, un public d’une religiosité à la fois profonde et fruste.

4Les sujets, mais aussi l’instrument lui-même, les motifs, le mode de projection, l’accompagnement musical, la diction du commentateur de la lanterne traditionnelle, diffèrent de ceux de la lanterne occidentale4. On peut encore voir aujourd’hui des lanternes magiques en bois du milieu du xixe siècle (fig. 72), et des reconstitutions de projections sont organisées, par exemple par la troupe Gekidan Minwaza.

La lanterne moderne (gentô)

5Au milieu du xixe siècle, à partir de la Restauration de Meiji, un nouveau type de lanterne fit son apparition, différente de celle venue de Hollande ou de Chine au xviiie siècle. En 1874, Tejima Seiichi rentra au Japon, via le Royaume-Uni, d’un séjour d’étude aux États-Unis, et rapporta avec lui une lanterne magique occidentale (sans doute de fabrication américaine). Il avait aussi avec lui 17 plaques d’astronomie, 12 de phénomènes naturels, 20 d’anatomie, 21 d’animaux. Après son retour, Tejima devint fonctionnaire au ministère de l’Éducation, chargé des affaires scolaires et éducatives, et devait marqua l’histoire de l’industrie pédagogique du Japon moderne.

6Plusieurs dates importantes jalonnèrent l’histoire de la lanterne occidentale au cours de l’ère Meiji. En 1880 (Meiji 13), le ministère de l’Éducation encouragea l’utilisation de la lanterne magique dans toutes les écoles normales, mais par manque de moyens matériels cette recommandation ne put être appliquée, et la fabrication des lanternes fut confiée à deux maisons, Tsurubuchi et Nakajima. Elles-mêmes, par manque de soutiens financiers, arrêtèrent la distribution en 1883 (Meiji 16), qui fut remplacée par un système de prêt. En 1885 (Meiji 18) eut lieu la première projection publique de lanterne magique éducative à Tôkyô dans le quartier d’Asakusa, à laquelle assista un haut fonctionnaire du ministère de l’Éducation. Celui-ci parla d’« éducation populaire » (tsûzoku kyôiku), et les « projections de lanterne éducative » (kyôiku gentôkai) se répandirent dans tout le pays. Le taux de scolarisation des enfants au niveau de l’école primaire était alors inférieur à 50 %5. En 1886 (Meiji 19), la maison Tsurubuchi commença la publication d’une série de livrets d’accompagnement intitulés « Explications d’images de lanterne magique » (gentô zukai). En 1889 (Meiji 22) eut lieu une grande projection publique de lanterne magique à Gakushûin, qui était alors l’école nationale de l’aristocratie.

7La mode de la lanterne magique s’étend de 1880 à 1900 (du milieu des années 10 à celui des années 30 de Meiji). Au cours de cette période se développent les prospectus, les catalogues de vente, et les livrets explicatifs. Bon marché, la lanterne magique s’étend même au public enfantin, comme le montrent des ouvrages comme « La projection de lanterne magique » (Gentôkaî) de l’écrivain pour enfants Iwaya Sazanami Sanjin (1894), ou Qui est le plus grand ? (Takekurabe, 1895) de la jeune femme écrivain Higuchi Ichiyô6, ainsi que de nombreux articles publiés dans les magazines pour enfants.

8L’âge d’or de la lanterne magique se situe entre la Guerre sino-japonaise et la Guerre russo-japonaise (des années 1890 à1900), et de nombreuses « projections de lanterne éducative » qui traitaient d’histoire, de géographie, de morale, de savoir-vivre et de science occidentale furent organisées. Le magazine pour enfants Shô kokumin publia une série d’articles sous le titre « La lanterne magique éducative », et illustra souvent en couverture l’atmosphère des projections (fig. 73).

9La mode des projections lumineuses dans les années 20 de Meiji est attestée par exemple dans une publicité intitulée « Vue d’une projection de lanterne magique, nouvelle édition » (Shinpan gentôkai e) ; on lit en haut à droite, à côté du commentateur, la mention « de 19 h à 22 h », ce qui suggère que la projection était relativement longue (fig. 74). Le commentateur désigne un ensemble de formes géométriques ressemblant à un chromatrope devant un public varié, composé d’adultes (hommes et femmes) et d’enfants. Les titres des différentes projections en haut à gauche sont : « histoires éducatives pour les enfants », « l’art du mensonge », « discours sur l’étude », « histoires de jeux d’enfants ». Les cercles dans les trois registres inférieurs de l’image illustrent le contenu des projections. Un prospectus de 1890 (Meiji 23) intitulé « Projection de lanterne éducative » montre des motifs proches de ceux des plaques de lanterne japonaise et illustre, plus que le progrès de la civilisation (kaika shinpô), les anciens principes de morale et de savoir-vivre, ou les préceptes dont le ministère de l’Éducation devait bientôt rendre l’enseignement obligatoire dans les écoles (fig. 75). Les +trois cercles dans la partie supérieure gauche de l’image contiennent des figures géométriques qui font penser à un chromatrope.

Les sujets de la lanterne magique

10Des prospectus du milieu de l’ère Meiji (1892-1893), donnent une idée des sujets des projections lumineuses7. On y trouve de grandes collections : « astronomie », « physique », « phénomènes naturels », « anatomie générale », « anatomie de la femme enceinte », « hygiène », « animaux de tous les pays », « plantes », « maladies des vers à soie », « physiologie des puces », « puériculture », « mythologie japonaise », « vocabulaire pédagogique », « vie du Buddha », « biographie de Dôgen, fondateur de la secte Sôtô8 ».

11Parmi les sujets plus spécialisés, on citera : « morale », « histoire ancienne et moderne », « bouddhisme », « plantes et fleurs », « personnages célèbres de tous les pays », « mœurs de tous les pays », « portraits des anciens sages », « aristocratie japonaise », « portraits », « portraits de femmes japonaises et étrangères », « paysages étrangers célèbres », « bâtiments étrangers célèbres », « bâtiments japonais célèbres », « géographie japonaise et étrangère », « situation de Hokkaidô », « paysages japonais et étrangers célèbres », « vues du tremblement de terre de Nôbi9 », « éducation, hygiène, morale et caricatures ».

12Les savoirs susceptibles d’être utilisés dans la vie pratique, comme les sciences, l’éducation, les nouvelles connaissances, les médias, forment les sujets les plus nombreux, et sont très différents des thèmes de la lanterne magique héritée de l’époque d’Edo. Les plaques, dont le nombre se monte à 10 000 environ, se donnent pour but de vulgariser, d’expliquer, d’instruire ; les images, obtenues par un procédé photographique et non plus dessinées à la main, se font plus scientifiques, plus précises, plus réalistes. L’examen des catalogues de lanternes magiques du début de l’ère Meiji montre de manière intéressante que les histoires, contes et légendes mentionnés par Sazanami Sanjin dans « La projection de lanterne magique », sont peu nombreux. Les fictions historiques et les histoires de héros imaginaires font partie des projections, mais elles ont explicitement pour but d’enseigner la morale, en particulier la fidélité à l’empereur et la piété filiale.

13Examinons le « Catalogue de plaques de lanterne magique et de films » publié en 1912 (Meiji 45). Il s’agit d’une publication du comité d’enquête sur l’éducation populaire du ministère de l’Éducation. L’ère du cinéma commençant, on avait ajouté aux plaques de lanterne magique des pellicules cinématographiques, mais en nombre encore très limité. Dans ce catalogue, le contenu des plaques est divisé en cinq thèmes : histoire, géographie, sciences, hygiène, montagnes et forêts. Le nombre limité de sujets s’explique sans doute par le fait que la sélection fut menée par le ministère de l’Éducation ; les plaques de géographie et d’anciens sites célèbres sont les plus nombreuses. Elles étaient sans doute considérées comme autant de supports pédagogiques pour l’enseignement de la géographie.

14La deuxième moitié de l’ère Meiji correspond à l’émergence de la culture de la carte postale, qui prenait souvent pour sujet les anciens sites célèbres. C’est aussi le début du cinéma (de l’image animée), et les films choisissaient volontiers ce thème. Un cliché pour lanterne magique représente par exemple un lieu célèbre pour ses cerisiers dans la banlieue de Tôkyô (fig. 76). Les médias visuels, à commencer par la photographie, se passionnèrent pour les paysages. À l’exception des sujets scientifiques, la plus grande partie des catalogues se divisent entre des sujets de « morale », qui incluent la présentation de personnages et de faits historiques, et des « vues », qui servent aussi à la connaissance de la géographie, auxquels s’ajoutent, après les Guerres sino-japonaise et russo-japonaise, les grands événements comme les faits militaires. On compte aussi, parmi les grands événements, les catastrophes naturelles comme les tremblements de terre, les raz-de-marée, les typhons, ou les inondations, pris pour sujets aussi bien par la photographie, les cartes postales, que la lanterne magique.

La lanterne magique et l’enseignement social

Un outil au service de l’instruction publique (kôkyôiku)

15L’introduction des matériaux pédagogiques utilisés dans les écoles primaires au début de l’ère Meiji se fit en deux étapes : la première consista en la traduction de manuels occidentaux en japonais, et la seconde en l’adaptation de tableaux muraux (kakezu) à l’américaine.

16La sélection par le ministère de l’Éducation des manuels destinés à l’école primaire commença en 1872 (Meiji 5). Les matériaux pédagogiques étaient souvent traduits ou adaptés de l’américain, et écrits avec des kanji et dans un style qui ne tenaient pas compte du degré de développement des enfants, ce qui les rendait difficiles. Aussi importants que les manuels, on utilisa ensuite des tableaux muraux, dont la méthode était directement importés des États-Unis. Bien que reposant sur l’explication d’images, ils étaient faussement aisés, car le vocabulaire associé aux figures était écrit à l’aide de kanji difficiles, sans aucune indication précisant leur prononciation. Eu égard à la faiblesse de la diffusion de l’enseignement scolaire, qui débutait tout juste, à la pauvreté des « écoles », installées la plupart du temps dans des temples ou des maisons particulières, à la pénurie de founitures scolaires, les manuels et les tableaux muraux dépassaient largement le niveau de vie et les capacités de compréhension de la plupart des enfants. En outre, bien que le ministère de l’Éducation ait souhaité faire de la lanterne magique un outil pédagogique au même titre que les tableaux muraux, les salles de classe étaient dépourvues de rideaux et d’électricité. On s’éclairait encore à la lampe à pétrole ou à la bougie, et l’usage de l’électricité ne se répandit que plus tard. Si l’utilisation de la lanterne magique passa du ministère de l’Éducation au domaine privé, c’est sans doute parce que la lanterne magique était un outil pédagogique trop onéreux pour les écoles. La lanterne magique, qui nécessitait une certaine obscurité, en faisait aussi un outil idéal pour l’école du soir. Enfin, le style oral des textes qui expliquaient les plaques était beaucoup plus facile à comprendre que celui des manuels de l’école primaire contemporains.

17Le projet initial de distribution de lanternes magiques aux écoles primaires ne fut pas réalisé, mais la lanterne magique devint, au cours de l’ère Meiji, l’un des outils de diffusion des nouvelles connaissances.

L’éducation sociale (shakai kyôiku)

18À partir des années 20 de Meiji, des réunions éducatives, des entretiens pédagogiques, des conférences didactiques de toutes sortes eurent souvent recours à la lanterne magique, pour tenir les auditeurs en éveil. Organisés dans des écoles primaires ou des temples, entre 18 h et 22 h, le public venait s’y distraire. Les savoirs apportés par la lanterne magique ressortissaient plus de l’éducation populaire que d’une véritable instruction publique. Le but était aussi, dans ces lieux, de renforcer la conscience nationale, à l’occasion de cet événement sans précédent que constituait la Guerre russo-japonaise. Les réunions de parents, les conférences populaires et les projections de lanterne magique furent utilisées comme autant d’occasions de diffuser des rapports de guerre. La lanterne magique fut, semble-t-il, particulièrement efficace dans la propagande militaire (fig. 77).

19En 1910 (Meiji 43) fut mis sur pied le comité d’enquête sur l’éducation populaire, contrôlé par le ministre de l’Éducation. Comme l’indique Hisaura Susumu, on lit, à l’article 4, « Buts de l’enquête et de la constitution du comité » : « Il est décidé de sélectionner et de classer les plaques de lanterne magique et les films appropriés à l’éducation populaire. Il est décidé de rédiger des livrets d’accompagnement de lanternes magiques et de films. » L’article 5 dit : « Il est décidé de préparer des plaques de lanterne magique et des films afin de les prêter à la demande10. » Ces directives furent communiquées aux comités éducatifs locaux dans tout le pays sous forme de circulaires.

20Quels types de plaques furent choisis par le comité d’enquête sur l’éducation populaire ? La sélection de 1911 (Meiji 44) comprenait les sujets suivants : histoire, géographie, sciences, hygiène, montagnes et forêts, mais la partie historique était tendancieuse. Parmi les nombreux portraits, on comptait un certain nombre de chefs militaires et de grands personnages historiques, et les photographies des membres de la famille impériale, des fondateurs du gouvernement de Meiji, et des militaires, augmentèrent progressivement.

La lanterne magique au service de l’éducation sociale

21En mai 1911 (Meiji 44), une fois mis en place le comité d’enquête, le ministère de l’Éducation s’engagea enfin dans l’éducation populaire. L’expression « éducation populaire » fut remplacée dans les années 1920 par « éducation sociale » (shakai kyôiku) ; ce dernier terme, utilisé par Yamana Jirô, auteur de nombreux ouvrages sur le sujet, dans ses « Réflexions sur l’éducation sociale » (Shakai kyôikuron, 1889, Meiji 22), puis par Satô Zenjirô dans ses « Méthodes récentes d’éducation sociale » (Saikin shakai kyôikuhô, 1899, Meiji 32), s’était diffusé plus tôt que le premier. Hisaura Susumu explique que dès les années 20 de Meiji, le ministère de l’Éducation réfléchissait à l’éducation populaire, et avance plusieurs raisons. Elle était destinée à une population qui n’avait pas eu accès au lycée ou à l’enseignement professionnel, ou aux adolescents, et c’est pour eux qu’en 1888 (Meiji 21) fut mis sur pied le Bureau d’éducation populaire (Tsûzoku kyôiku bumon), dirigé par Tejima Seiichi11. Les effets pédagogiques des conférences populaires et des projections de lanterne magique ne se firent sentir qu’à partir de la Guerre Russo-japonaise (1904-1905), et c’est seulement à partir du moment où le ministère de l’Éducation fit paraître au Journal officiel un décret, ordonnant d’utiliser à cet effet les locaux des collèges et des écoles primaires, que le système commença vraiment à fonctionner.

22Ôkura Takao, de son côté, suggère que l’éducation populaire s’adressait plutôt aux adultes et aux parents ; le ministère de l’Education, devant le faible taux de scolarisation, aurait jugé nécessaire d’instruire les adultes, parents et personnes âgées12. L’importance de la lanterne magique ne fut en tout cas pas remise en cause, car le peuple appréciait les projections. Ôkura Takao donne plusieurs exemples concrets d’entretiens d’éducation populaire (les dénominations sont variables) dans les années 20 de Meiji, et cite par exemple une salle dans laquelle on avait placé à gauche de l’estrade un pot de fleurs, et à droite une lanterne magique, que l’on utilisait, à la fin de chaque exposé, pour délasser les auditeurs13.

23En octobre 1911 (Meiji 44), le comité d’enquête sur l’éducation populaire établit les « Règles pour l’évaluation des plaques de lanternes magiques et des films » (Gentô eiga oyobi katsudô shashin firumu shinsa kitei) ; il publia l’année suivante un « Catalogue des plaques de lanternes magiques et des films » (Gentô eiga oyobi katsudô shashin firumu mokuroku), et en 1913 (Taishô 2) institua des « Règles pour l’homologation des plaques de lanternes magiques et des films » (Gentô eiga oyobi katsudô shashin firumu nintei kitei).

24Parallèlement à l’entretien et au développement des bibliothèques et des musées, l’utilisation et l’encouragement des médias audiovisuels constitua l’un des défis de la fin de Meiji et du début de Taishô. Hisaura Susumu décrit ainsi la situation au cours de cette période :

« Ainsi, lorsque l’éducation commença à s’adresser à la population tout entière, on introduisit, à côté des conférences et des exposés magistraux, que leur langage et leur logique rendaient peu accessibles, des méthodes pédagogiques qui empruntaient au divertissement, comme la lanterne, le cinéma ou les disques. Dans les années de Meiji, la lanterne magique avait joué un rôle important dans les conférences d’éducation populaire, mais l’ensemble de ces médias audiovisuels devait permettre de passer à une échelle supérieure, et de transmettre des contenus plus ambitieux, avec une efficacité décuplée 14. »

25Le ministère de l’Éducation ne fut pas le seul à s’intéresser à la lanterne magique et au cinéma. Le premier ministre Itô Hirobumi aussi réfléchit à son utilisation, le ministre des Communications Gotô Shinpei en fit un emploi systématique. Le cinéma fut égaement employé dans d’autres ministères.

Le texte d’accompagnement des images. Explication et diction

Les textes explicatifs

26Le plus ancien texte d’accompagnement de lanterne magique est intitulé « Histoires pour lanterne magique » (Utsushi-e no hanashi, 1880, Meiji 13) (fig. 78). Il s’agit d’explications scientifiques de phénomènes naturels : « les causes des marées » (vraisemblablement quatre plaques), « les tornades » (deux plaques), « les éruptions volcaniques » (deux plaques), « les tremblements de terre » (une plaque), « la lune » (deux plaques). La préface explique que la lanterne magique était déjà utilisée dans les écoles du soir, et que, avec une lanterne et des mots simples, on pouvait faire comprendre des principes élaborés même aux femmes et aux enfants, le vocabulaire étant aussi simple que celui des contes traditionnels, connus de tous, comme « Shitakiri suzume » (Le moineau à la langue coupée) et « Momotarô ». Le commentateur utilisait un style oral facile à comprendre, du type :

« Je vais vous expliquer les causes des marées. Comme vous le savez tous, la marée se produit deux fois par jour. Deux jours par mois, la marée est plus forte que les autres jours. Regardez maintenant la lune. Vous voyez bien qu’elle fait le tour de notre planète en un jour15. »

27Les sujets et le style oral des explications étaient fort éloignés de tout souci esthétique, et convenaient naturellement à une lanterne pédagogique qui se fixait pour but l’éducation du peuple et la diffusion des nouveaux savoirs.

28Le texte explicatif des « Histoires pour lanterne magique » visait la communication, et non le récit ou l’émotion littéraire. S’il n’entrait évidemment pas dans le champ de la littérature, la clarté du commentaire, exemple d’« unification du style écrit et du style oral » (genbun itchi tai16) avant l’heure, était très en avance sur celle de L’Appel à l’étude (Gakumon no susume17) de Fukuzawa Yukichi, best-seller du début de l’ère Meiji, et même des manuels scolaires18.

29Le style oral des textes d’accompagnement est sans doute lié au fait que les projections se faisaient avec un commentateur, et il facilitait considérablement la tâche à tous ceux qui, même non professionnels, montraient les plaques. On peut penser que les commentateurs, chargés de présenter les nouveaux savoirs occidentaux, ajoutaient une touche personnelle à leurs explications, et il n’est pas surprenant qu’ils aient pu passer sans difficulté à l’accompagnement des premiers films. Le commentateur de films (eiga setsumeisha) était l’exact continuateur du commentateur de lanternes magiques. Comme en Occident, la lanterne magique fut utilisée aussi dans le cadre de discours ou de séminaires de recherche, mais de nombreuses plaques spécialisées, d’astronomie ou de médecine, sont, semble-t-il, dépourvues de textes explicatifs. On peut penser que les fabricants manquaient de connaissances dans ces domaines.

L’explication des projections

30Pour comprendre la façon dont le commentaire était associé aux images, et son lien avec les explications qui devaient plus tard accompagner les films, examinons le texte de la « Vue du Parlement britannique dans le lointain », publié dans le premier numéro d’« Explications d’images de lanterne magique » :

« Comme vous le voyez, ceci est le Parlement britannique de nuit, dans le lointain, et l’image est si précise que l’on voit parfaitement les ornementations en pierre de l’édifice. En l’an 23 de Meiji, à San.ôdai ou à Nagatachô, on construira un Parlement de ce type, aussi beau. L’époque à laquelle ce Parlement britannique fut construit ne nous est pas encore connue, mais c’est problablement l’année de la Loi de la grande réforme (Reform Act), en 1832. La plupart des pays occidentaux sont dotés de parlements depuis 2000 ans. Autrefois, les nobles et les militaires de haut rang se réunissaient et débattaient quand bon leur semblait, de sorte qu’il ne s’agissait pas d’un système représentatif. En Grande Bretagne aussi, jusqu’à il y a 200 ans, cet endroit accueillait les réunions de religieux et de nobles choisis par le roi, mais en 1832, année de la Loi de la grande réforme et de l’obtention des droits civiques, on construisit une chambre haute et une chambre basse, un véritable système représentatif fut mis en place, et la Grande Bretagne devint le plus grand pays civilisé du monde. La force de la Grande Bretagne aussi tient à son Parlement. La culture britannique aussi est née de ce Parlement. Le Parlement, c’est l’esprit d’un pays, et c’est pourquoi il est bon de construire un édifice grandiose. Bientôt au Japon aussi, à Tôkyô, nous aurons un Parlement identique à celui-ci. »

31Le style monotone de ces explications se caractérise par sa banalité, son absence de recherche esthétique comme de souci oratoire. Cette simplicité était sans doute un avantage aux yeux des acquéreurs de lanternes magiques. Aucune diction recherchée ou expressive n’était nécessaire. C’était une prose neutre, dont la seule ambition était la communication. Précisons-le, la série « Explications d’images de lanterne magique » ne contient pas d’images, et se limite au texte explicatif des plaques et des films. Ce style simple et sans effet autorisait une lecture machinale.

La diction

32Dans le numéro 2 d’« Explications d’images de lanterne magique », un certain Takase Tetsumado, écrivant depuis une maison de correction de Tôkyô, fait remarquer que, lors d’une projection de lanterne magique (ou dans une salle de classe), une lecture monocorde est un inconvénient, et qu’il est souhaitable que la diction s’adapte aux participants. Il préconise de varier les explications selon que le public est exclusivement enfantin, adulte, ou composé de jeunes filles. On ne peut, ajoute-t-il, capter l’attention de l’auditoire sans réfléchir aux coupes, aux pauses, à la longueur des expressions, à la hauteur de la voix, aux variations dans l’intonation. Les professeurs des maisons de correction étaient, semble-t-il, souvent des moines, héritiers d’une riche tradition d’explication d’images pieuses (etoki19) remontant au Moyen Âge, et ils avaient immédiatement saisi les ressorts de la lanterne magique. Dans le numéro 5, il est conseillé aux présentateurs de lanterne magique d’utiliser « des mots très simples » et « dans la mesure du possible des mots distingués ». Par « simples » il faut entendre « faciles à comprendre », et par « distingués » « qui ne tombent pas dans la vulgarité ». Ces deux caractéristiques contradictoires attendues des explications, venaient directement de l’expérience des sermons et des homélies.

33La lanterne magique fut souvent aussi utilisée pour des commémorations religieuses. En 1902 (Meiji 35), à l’occasion du 650e anniversaire de la fondation de la secte Nichiren20, furent organisés à Tôkyô et dans tout le pays des services commémoratifs très suivis, ainsi que des conférences accompagnées de projections de lanternes magiques. Le nombre de participants à ces séances pouvait s’élever, selon les salles, à plusieurs milliers. Comment se déroulaient les projections devant un public si nombreux ?

34Héritières des commentaires d’images pieuses du Moyen Âge, et de la diction des moines ambulants (sekkyôbushi), les explications qui accompagnaient les projections de lanternes magiques avant même l’arrivée de la lanterne occidentale ont pu, même après la Restauration de Meiji, se mêler à la diction moderne. Les présentateurs de lanterne magique traditionnelle étaient des artistes, ceux de lanterne moderne des amateurs ; ces derniers se sont souvenus de leur expérience de la lanterne ancienne, et l’ont reprise à leur compte. Leur diction ne résultait pas d’un apprentissage fondé sur une tradition artistique, et variait d’un individu à l’autre. Il en fut exactement de même pour les commentateurs de films, qui firent leur apparition peu de temps après. En réalité, les différences entre les dictions n’étaient pas considérables ; celles-ci s’inscrivaient dans le prolongement d’une forme traditionnelle de « récitation », au sens large du terme, et pouvaient se répartir en plusieurs types.

35Dans la mesure où le but de la lanterne magique était éducatif et moral, il est normal que la diction ait été peu travaillée, et que les explications aient avant tout recherché la rationalité. Le souhait de Takase Matsumado était double. Plus les explications se rapprochent d’un art de la parole, plus elles s’éloignent de la pure rationalité. Elles véhiculent une émotion indépendante du contenu de la projection, et qui tient à la personnalité du commentateur, à la force ou à la beauté de sa voix, à son humeur, à ses sentiments. S’il était indispensable, pour des sujets comme l’inauguration de la Diète, l’éducation des enfants ou les phénomènes naturels, de faire appel à l’émotion des auditeurs, il est normal aussi que la rationalité l’ait emporté.

36Il est difficile de se faire une idée précise des commentaires de lanterne magique occidentale, que l’on ne saurait qualifier d’« artistiques », mais pour les hommes de l’époque la lanterne traditionnelle et la lanterne moderne se superposaient sans difficulté. Elles étaient identiques dans leur principe. Il arrivait aussi que des professionnels de la lanterne traditionnelle deviennent des présentateurs de lanterne moderne. J’en prendrai pour exemple Ikeda Toraku, issu d’une famille de présentateurs de lanterne magique qui exerçaient depuis quatre générations. L’époque où il commença à s’intéresser à la lanterne est celle du passage de la lanterne traditionnelle à la lanterne moderne et au cinéma. À la fin de l’ère Meiji, il publia une série portant sur la Guerre russo-japonaise. Par exemple, en1904 (Meiji 37), année où fut publié le premier volume de « La grande Guerre russo-japonaise, Livret d’accompagnement de lanterne magique », le cinéma existait déjà. Les images réelles de la Guerre russo-japonaise, les effets spéciaux (films à trucages), le mélange de scènes réelles et de scènes de studio sur ce sujet connaissaient un immense succès. En ces débuts du cinéma muet, les projections étaient accompagnées d’un commentateur. À cette époque, les commentateurs de lanterne traditionnelle, de lanterne moderne et de films cohabitaient.

37Au début de l’ère Meiji, à l’époque où la lanterne occidentale arriva au Japon, la presse était en plein développement, les grands journaux s’occupant essentiellement de sujets politiques, et les petits de sujets sociétaux. Les petits journaux, caractérisés par la présence d’illustrations, étaient aussi appelés « journaux illustrés » (e-iri shinbun). Sous l’influence du Japan Punch21 (1862), les bandes dessinées satiriques et les estampes comiques étaient à la mode, et les journaux et les magazines qui publiaient ces bandes dessinées avaient du succès. De E-shinbun Nipponchi, qui n’eut que deux numéros (1874, Meiji 7) et Marumaru chinbun (1877, Meiji 10), pionnier du portrait satirique au Japon, jusqu’à Tôkyô pakku (numéro 1 en 1905, Meiji 38), populaire auprès d’un public d’adultes, illustrations, estampes, bandes dessinées nourrirent une culture visuelle qui faisait pendant à une culture typograhique en plein renouvellement, passant en très peu de temps de la xylographie au caractère mobile. La lanterne magique vint enrichir cette culture visuelle. La différence entre la lanterne traditionnelle et la nouvelle lanterne est comparable à celle des grands et des petits journaux, ou des ouvrages sérieux (traitant de différents savoirs, de politique ou d’économie) et des livres de divertissement (romans populaires, littérature de masse). La lanterne moderne était aussi présente dans les familles, et son répertoire se diffusa dans le domaine privé comme public.

38Au cours de l’ère Meiji, la lanterne magique fut considérée comme un bon support pédagogique. Plusieurs raisons poussèrent le ministère de l’Éducation à la mettre au service de l’enseignement scolaire et de l’éducation sociale. Il fallait d’abord vulgariser les nouveaux savoirs occidentaux qui devaient permettre la modernisation du pays (histoire, géographie, science, médecine, etc). Il importait aussi de favoriser la formation du sentiment national : des plaques furent consacrées à la géographie nationale, à l’histoire, aux portraits des grands personnages, aux Guerres Sino-japonaise et russo-japonaise. On voulait aussi faire connaître quelques données élémentaires sur le Japon, d’où les vues de lieux célèbres anciens et modernes, et d’endroits historiques. Il fallait éduquer la société : on insista sur la morale sociale, les règles de savoir-vivre, le code de la famille. Parallèlement à l’éducation scolaire, la lanterne magique constituait un bon support visuel pour l’éducation populaire (en dehors de l’enseignement scolaire).

39Entre la fin du xixe siècle et la première moitié du xxe, la lanterne magique disparut de l’instruction publique. Les raisons matérielles (absence, dans les écoles de province, d’électricité, de rideau, et même tout simplement de lanterne) eurent raison de son utilisation. Le cinéma, qui accédait au même moment à un début de reconnaissance, se mit à la concurrencer C’est autour de lui que s’organisa l’enseignement audiovisuel au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. La lanterne magique connut un renouveau, et des pédagogues publièrent des ouvrages de vulgarisation, mais à partir du milieu des années cinquante, l’enseignement audiovisuel se fit à travers des courts-métrages et la télévision, qui se diffusait peu à peu. À partir des années 1970, les médias servant de support à l’enseignement scolaire connurent de profondes mutations, passant de la télévision à la vidéo, puis à l’ordinateur. Il n’en reste pas moins que l’affichage et le commentaire des images sur ordinateur, par exemple à l’aide d’un logiciel comme Powerpoint qui utilise l’expression « diaporama » (suraidoshô) s’inscrivent directement dans la tradition de la lanterne magique.

Bibliographie

Références des illustrations

Lanterne traditionnelle, Tengutsû (Manuel de tours de magie), 1799.

Utagawa Kuniyoshi, éventail représentant une projection de lanterne magique, 1832.

Publicité pour une projection de lanterne magique, première moitié du xixe siècle.

Lanterne magique en bois, milieu du xixe siècle. Musée d’histoire locale de Matsue, préfecture de Shimane.

Couverture du magazine pour enfants Shô kokumin, 1894.

« Vue d’une projection de lanterne magique, nouvelle édition ». Publicité, 1888.

« Projection de lanterne éducative ». Publicité, 1890.

« Cerisiers en fleurs à Koganei » (banlieue de Tôkyô).

Vue de la Guerre sino-japonaise, début du xxe siècle.

Gotô Makita, Utsushi-e no hanashi, couverture, 1880.

Notes de bas de page

1 Cet article reprend en partie mon livre Gentô no seiki : eiga zenya no shikaku bunkashi (Les siècles de la lanterne magique : histoire de la culture visuelle avant le cinématographe, Moriwa-sha, 2002). Mon point de vue est celui d’un spécialiste de l’histoire du cinéma, non de l’éducation ou des médias.

2 On trouvera une bibliographie sommaire en japonais sur la lanterne magique à la fin de mon livre. J’ai depuis publié un rapport de recherche sur les lanternes de type « utsushi-e » : « Kage-e ni kan suru chôsa kenkyu jigyô chôsa hôkokusho » (Rapport sur le programme de recherche « Ombres de brocart »), publication du Kamigata rakugo kyôkai, mars 2007.

3 La région dite du Kansai se situe dans la partie centrale et méridionale de l’île de Honshû, la plus grande de l’archipel, et comprend les préfectures de Nara, Wakayama, Kyôto, Ôsaka, Hyôgo et Shiga. (N.d.T.)

4 J’ai étudié ces aspects en détail dans mon livre Gentô no seiki, op. cit., et je me permets d’y renvoyer le lecteur.

5 Au début de l’ère Meiji, il est impossible de déduire le taux d’alphabétisation des enfants du taux de scolarisation À la fin de l’époque d’Edo en effet (milieu du xixe siècle), l’éducation élémentaire était assurée par des écoles de temples, dont le nombre dépassait 15 500. Voir à ce sujet Umihara Tôru, Nihonshi shôhyakka, gakkô (Petite encyclopédie de l’histoire du Japon – L’école), Tokyôdô shuppan, 1996 (1re édition 1979), p. 93.

6 On pourra lire cette nouvelle en français dans Higuchi Ichiyô, Qui est le plus grand ?, traduction d’André Geymond, Arles, Philippe Picquier, 1996. (N.d.T.)

7 Liste des prix des lanternes magiques et des films éducatifs et scientifiques, prospectus de la maison Tsurubuchi, 1892, 1893.

8 La secte Sôtô est l’une des grandes sectes zen au Japon. Elle fut fondée par le moine Dôgen Zenji au xiiie siecle. (N.d.T.)

9 Le séisme de Nôbi, survenu en 1891 dans l’actuelle préfecture d’Aichi, est l’un des plus importants que le Japon ait connu. Il fit plus de 7 000 morts. (N.d.T)

10 Hisaura Susumu, Shakai kyôiku no senku to tsûzoku kyôiku no tenkai (Le début de l’éducation sociale et le développement de l’éducation populaire), dans Nihon kindai kyôikushi hakkôkai (dir.), Nihon kindai kyôikushi (Histoire de l’éducation dans le Japon moderne), Kôdansha, 1973, p. 225.

11 Ibid, p. 216.

12 Ôkura Takao, Tsûzoku kyôikuki no jidaiteki seikaku to kôzôteki tokushitsu (Caractères historiques et particularités structurelles de l’enseignement populaire), dans Kokuritsu kyôiku kenkyûjihen (dir.), Nihon kindai kyôiku hyakunenshi (L’éducation dans le Japon moderne – Un siècle d’histoire), vol.7, publication du Kyôiku kenkyû shinkôkai, 1974, p. 383-383.

13 Ibid., p. 397.

14 Hisaura Susumu, op. cit., p. 405-406.

15 Gotô Makita, Utsushi-e no hanashi, Shûseikan, 1880, non paginé.

16 Jusqu’à la fin de l’époque d’Edo, la langue orale et la langue écrite constituaient deux mondes séparés. Au début de l’ère Meiji, sous l’influence d’écrivains comme Yamada Bimyô ou Futabatei shimei, se développa un mouvement dit « d’unification du style écrit et du style oral », qui se fixait pour but de les rapprocher. Les textes d’accompagnement des lanternes magiques étaient en avance sur ces expériences littéraires.

17 On pourra lire en français le livre premier de ce texte, traduit par Christian Galan, dans Yves-Marie Allioux (dir.), Cent ans de pensée au Japon, t. 2, Arles, Philippe Picquier, 1996, p. 7-20. (N.d.T.)

18 L’Appel à l’étude, publié en 17 volumes entre 1872 et 1876 (Meiji 5 à 9), se vendit à 700 000 exemplaires.

19 Le mot etoki signifie littéralement « explication d’image ». Il désigne une pratique, encore attestée aujourd’hui dans certains temples, consistant à commenter devant un auditoire des scènes représentées sur un rouleau vertical, ou sur une peinture de grande dimension. Le discours d’accompagnement, qui varie en fonction du public, mêle à la description des moments narratifs, et de nombreuses digressions. (N.d.T.)

20 La secte Nichiren, fondée au xiie siècle par le moine Nichiren, est l’une des grandes sectes bouddhiques japonaises.

21 Japan Punch fut fondé par peintre et dessinateur britannique Charles Wirgman (1832-1991), en mai 1862, à Yokohama. Son titre s’inspire de Punch, magazine satirique fondé à Londres en 1841. (N.d.T.)

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