Les perroquets de Cook ou les enjeux de l’usage des lieux communs dans le récit de voyage scientifique au xixe siècle
p. 311-324
Texte intégral
1En 1924, dans un article intitulé « Travel », Joseph Conrad fustige ces hordes de touristes aisés qui, après le percement de l’Isthme de Suez, ont déferlé sur le monde déjà connu pour appliquer à la moindre description d’une parcelle ridicule les modes de description empruntés aux grands récits de découverte et se réjouit de ce que, faute de lecteurs : « That category of travellers with their parrot-like remarks, their strange attemps at being funny, and their lamentable essays in seriousness has apparently passed away1. » Mais, avec ces perroquets qui répètent de livre en livre ce que d’autres ont déjà vu sur des terres toujours déjà parcourues, disparaît aussi le récit de voyage scientifique devenu, sous la plume prolixe de ses imitateurs, une forme vide de sens, dégagée de toute valeur heuristique. Le récit de voyage savant, dont Jules Verne et Joseph Conrad saluent la naissance au xviiie siècle, et qui s’est remarquablement incarné dans les récits des voyages de Cook, n’a donc pas su renouveler son écriture au fur et à mesure des découvertes accomplies.
2Mais les perroquets, avant de devenir le symbole des voyageurs-amateurs, ont été des objets de découverte et la pierre de touche d’un débat, par récits de voyage interposés, sur le rôle des reprises et des répétitions dans le récit de voyage scientifique du début du xixe siècle. De la manière dont on traite ces perroquets dépend, entre autre chose, la survie d’un genre que certains naturalistes pensent encore comme un genre littéraire et scientifique. L’étude généalogique des métamorphoses successives des perroquets de Cook sera celle de la manière dont un voyageur s’approprie une reprise, de la manière dont cette reprise bouleverse le contexte dans lequel elle surgit et en révèle une possible évolution et de la manière enfin dont les logiques génériques, disciplinaires et lectoriales interfèrent en son lieu.
La naissance des perroquets de Cook
3L’enquête s’ouvre par le texte anglais qui, le premier, mentionna l’existence de ces perroquets. Dans le récit du troisième voyage de Cook, les perroquets se dissimulent au cœur d’une énumération zoologique somme toute très banale et sans grand enjeu scientifique :
As no opportunity offer’d we could not examine the other product of the Country, but in walking out saw some hawks, Parrots, which are natives of the island, the sea swallow or Tern, sea Gulls, Partridges, Wagtails, Swallows, Martins, Blackbirds, & canary birds in large flocks2 […].
4Les perroquets sont originaires des remarques écrites du naturaliste Anderson qui accompagna le troisième voyage de Cook, et signalés comme tels d’ailleurs dans le texte français originellement présenté comme le récit de Cook :
Les remarques de M. Anderson sur les productions, et l’état général de cette île sont trop intéressantes pour ne pas les citer en entier ; nous copierons sa propre Relation. […] Dans mes différentes promenades, j’apperçus de grandes quantités de faucons, de perroquets qui sont indigènes, d’hirondelles de mer3 […].
5La traduction « officielle » et simultanée de l’abrégé du troisième voyage de Cook est ici fidèle à l’abrégé anglais, lui-même fidèle à la version officielle du récit. Ce texte, dont l’édition est posthume, et qui est mis au compte de Cook jusqu’à ce que son journal de bord ne paraisse en 1895, est en fait composé par le chanoine John Douglas à partir du journal du capitaine, de celui de King, son second, et de celui d’Anderson. Il fut publié en 1784 avec l’accord de l’Amirauté, traduit en français dans le cours de l’année et suivi l’année suivante, comme d’ailleurs les deux premiers « récits de Cook », d’un Abrégé traduit et autorisé où les perroquets ne subissent aucune métamorphose bien que le texte lui-même ait été recomposé. En trois jours, les exemplaires de ce récit officiel furent épuisés. Il faut dire qu’il est celui de la mort de Cook qui devient là une figure de l’histoire sainte de l’exploration.
6Le récit de voyage scientifique est toujours déjà une réécriture et une reprise qui ne dit pas son nom ou n’a pas besoin de le dire, jusqu’à Darwin en tout cas. On y mentionne les emprunts sans pour autant qu’ils soient clairement délimités : le « nous » est celui de l’éditeur et, pour le lecteur, celui de Cook. Le « je » du « j’apperçus », faute de guillemets, est celui d’Anderson, mais aussi celui de Cook et celui de l’éditeur. Ce récit naît en même temps que sa répétition, sa « condensation », plus accessible et donc plus largement diffusée et reconnue comme « le voyage de Cook ». Les traductions simultanées sont aussi des reprises et des adaptations, sources de métamorphoses possibles d’un certain nombre de motifs. Si les perroquets indigènes en sortent ici indemnes, ce n’est pas le cas des habits des hommes de Ténériffe, décrits par Anderson à quelques lignes d’intervalle. Le naturaliste a eu l’outrecuidance de remarquer que ces hommes, contrairement à leurs épouses toujours endeuillées, s’habillent dans une certaine mesure comme les français. Et d’ajouter : « À d’autres égards, les habitants sont un peuple décent et très poli4. » Le traducteur français rétablit les liens logiques attendus de son public, ce qui donnera :
L’antique usage des espagnols de porter du noir continue parmi eux ; cependant les hommes paraissent y tenir peu et s’habillent à peu près comme les Français. D’ailleurs, nous trouvâmes les habitants de Ténériffe un peuple doux et poli5.
7Ultimement, l’exemple des perroquets amène à aborder avec circonspection la question de l’autorité auctoriale et donc, de la justification et de l’existence de la reprise. Il n’est pas évident de savoir, avant 1895, à qui attribuer telle ou telle observation, pour celui qui marche sur les traces de Cook. Mais il n’est pas simple non plus de critiquer le « récit de voyage de Cook » – ce qui revient à s’en prendre à l’illustre voyageur. Cela vaut encore en 1803, lorsque Bory de Saint-Vincent rappelle dans ses Essais sur les Isles Fortunées qu’on lit dans le troisième voyage de Cook que « les habitans de Sainte-Croix sont assez décens, à l’exception de leur manière de se mettre, qui est celle des Français ». Et que cette traduction très libre le conduit à l’amer constant selon lequel « Si c’était un autre que Cook qui eût écrit cette phrase, on la trouverait au moins impertinente, mais le temps n’est pas venu, et le navigateur breton passe encore pour infaillible : certainement, s’il y a du ridicule à suivre les usages de Paris, ce ridicule est encore plus celui de Londres que de tout l’univers6. » Les multiples traductions et des recompositions des récits de Cook contribuent à diffuser des motifs, à les répéter jusqu’à en faire, au sein même du texte prétendu source, des lieux communs.
Les migrations des perroquets de Ténériffe
8Les perroquets de Cook migrent alors de texte en texte pour composer un second type d’occurences. Celui-ci se manifeste dans les nombreuses réécritures du voyage de Cook, de 1785 à 1824, qui sont susceptibles de constituer les sources de ceux qui vont en venir à dénoncer les perroquets de Ténériffe comme un lieu commun.
9En 1811, les Voyages du capitaine Cook dans la mer du Sud, traduction nouvelle réduite à la partie historique par M. G. T mentionne certes qu’Anderson, à Ténériffe, fit des remarques sur les productions et l’état général de l’île, mais ne marque pas explicitement les emprunts fait à ses observations. Une première personne, qui équivaut à un pronom indéfini tant s’y entremêlent les voix de Cook, d’Anderson, de King, de l’éditeur et du traducteur, dit avoir aperçu dans ses différentes promenades une grande quantité de faucons et de « perroquets qui sont indigènes7 ». La description qui n’est plus mise au compte d’un savant devient une évidence presque banale, située en deçà de tout jugement de vérité, ce qui pourrait constituer une première métamorphose vers le lieu commun.
10En 1817, la compilation renommée de La Harpe cite le journal d’Anderson, mais les perroquets, curieusement, y perdent leur caractère indigène et n’ont plus rien donc d’une découverte zoologique. Comme les goëlands ou les hirondelles, ils ne servent qu’à planter un décor déjà connu. Ils perdent de leur couleur pour déteindre pour ainsi dire sur les vêtements, dits « bariolés », des français qui ne contredisent en rien, selon le traducteur, l’air de gravité espagnole des habitants du lieu8.
11Dans la traduction de Démeunier du Troisième Voyage de Cook, en 1819, le traducteur affirme citer les propos d’Anderson sans user de guillemets. Les perroquets, qui n’y sont plus indigènes, peuvent être mis au compte d’une première personne fluctuante. Mais il suivra fidèlement le texte original en soulignant l’indécence des tenues françaises9.
12D’un texte à l’autre qui tous aux yeux des préfaciers, des traducteurs et des lecteurs, ont même valeur de vérité, les perroquets se voient donc dénués de leur originalité scientifique et de leur spécificité, prenant place dans une énumération anodine pouvant être mise au compte d’un observateur non spécialisé. Il n’y a rien là, en apparence, qui tienne à la volonté de modifier le texte pour ne pas heurter le public visé ; simplement, peut-être, le signe d’une indifférence relative par rapport aux productions de l’un des pays les mieux connus des circumnavigateurs et de leurs lecteurs zélés.
La mise à mort des perroquets de Cook
13De 1785 à 1814, les voyageurs qui ont relâché à Ténériffe ne sont pas légion. Et ceux qui l’ont fait tirent prétexte des nombreuses descriptions de l’archipel et des îles de Madère et Ténériffe pour ne pas en détailler les productions. La Pérouse, qui relâche à Madère, puis à Ténériffe en août 1786, partant du principe que « les différentes observations de MM. De Fleurieu, Verdun et Borda, ne laissent rien à désirer sur les îles de Madère, Salvage et Ténériffe », se contente d’y régler ses instruments10. Le Voyage dans l’intérieur de la Chine et en Tartarie fait dans les années 1792, 1793 et 1794, rédigé par Sir George Leonard Staunton à partir des papiers de Lord Macartney ne fait mention ni de perroquets, ni d’habits noirs. Adelbert von Chamisso fait de Ténériffe le lieu d’un renouvellement du point de vue que le voyageur doit adopter s’il veut justifier l’utilité et la nécessité d’un récit autour du monde accompli de 1815 à 1818 :
En relâchant à Ténériffe, le but était d’embarquer des rafraîchissements et essentiellement du vin […]. Ténériffe a été visitée et décrite par des savants comme nul autre endroit au monde. Alexandre von Humboldt est allé sur cette île, et Leopold von Buch et Christian Smith que nous eûmes la douleur de manquer, venaient justement au cours d’un séjour prolongé, de faire de tout l’archipel des Canaries l’objet de leurs recherches. Nous n’avions plus qu’à faire nos propres expériences et repaître notre œil assoiffé des formes vivantes de la nature tropicale. Sur des voyageurs qui se trouvent transposés sans transition d’une nature nordique au sein d’une nature tropicale, on pourrait s’attendre à ce que ce contraste brutal ait un attrait proche de celui des contes. Mais tel n’est pas le cas11…
14À Ténériffe, ce n’est donc plus de l’objet maintes fois décrit mais de la manière dont il impressionne celui qui le décrit et de la manière dont celui-ci rendra ses impressions que naît l’originalité d’un voyage scientifique qui, sans cela, n’a aucune raison d’être, et qui doit se distinguer du modèle du « conte », dont Chamisso, au passage, explique la transposition possible dans le domaine du voyage. Ténériffe constitue un banc d’essai du renouvellement du regard du voyageur et des règles de son récit.
15L’absence ici des perroquets de Cook devient exemplaire du statut que le voyageur entend accorder à l’ensemble de son récit. Plus exactement, elle révèle les problèmes que pose aux savants la description d’une terre déjà visitée et Ténériffe n’est sous leur plume que la première épreuve de la répétition à laquelle risque d’être soumis le récit de découverte au fur et à mesure de la disparition des terrae incognitae. Faute d’objet, il pourrait n’être plus qu’un cadre formel dont les règles et les motifs se reproduisent de texte en texte comme autant de principes génériques. De Ténériffe, le voyage scientifique n’a plus rien à dire, sauf à prendre là un tour esthétique et pittoresque.
16Dans de tels textes qui affirment l’intérêt du taxinomiste pour la Nature se lit la continuité entre le voyage scientifique et le voyage dit « pittoresque ». Pour demeurer scientifique, le récit de voyage insiste sur la variété des registres qu’il convoque, sans répéter ce qui a déjà été dit ; on salue ses prédécesseurs en renvoyant à leurs travaux sans toutefois les citer. Mais on risque alors de décevoir un lecteur avide de retrouver à Ténériffe ce que d’autres voyageurs y ont déjà vu, avide de tirer de la répétition la valeur scientifique qu’un sédentaire ne peut autrement estimer. La nécessaire originalité du récit savant se heurte à un premier obstacle qui est celui de la réception du genre et de ses critères. Les naturalistes trouvent un étrange compromis entre les deux par l’usage systématique de prétéritions où l’on répète sans répéter.
La résurrection
17L’usage de la prétérition mise cette fois au service de la vérité scientifique fait alors renaître les perroquets de Cook sous d’étranges couleurs. Le lieu commun consiste là, non plus à affirmer l’existence des perroquets de Cook, qui n’ont jamais existé que sous la plume de ses éditeurs et traducteurs, mais à affirmer qu’ils n’existent pas et qu’ils sont un lieu commun mensonger, le lieu d’une dérive possible du récit de voyage scientifique vers le non-référentiel et, donc, le « fictionnel ».
18La Pérouse cite pour ne pas les reprendre les travaux de Borda, Verdun et Fleurieu qui, en la matière, demeurent un modèle indépassable (1776) avec ceux de La Billardière, qui s’y réfère d’ailleurs, dans sa Relation du voyage à la recherche de La Pérouse, en 1801. Après avoir sacrifié à la traditionnelle excursion au Pic de Ténériffe, La Billardière souligne l’énorme proportion de moines dans la population de Laguna et évoque les composantes zoologiques de l’île :
Des voyageurs ont assuré qu’il se trouvait dans l’île une espèce de perroquets qui y est indigène. Je n’en ai jamais rencontré dans aucune de mes excursions, et plusieurs habitants dignes de foi m’ont dit que cette assertion était dénuée de fondement12.
19L’expérience et le témoignage direct sont ici convoqués pour désigner les perroquets indigènes comme un lieu commun mensonger. De prétendus voyageurs copieraient ainsi de texte en texte la description de cette espèce indigène sans avoir peut-être jamais fréquenté l’île ; là le lieu commun, attendu par le lecteur comme une preuve de la véracité des dires du voyageur, incarne une dérive fictionnelle, un « conte ». Reste à savoir qui sont ces mystérieux voyageurs : leur anonymat vient-il de ce que La Billardière a pu tirer de sa lecture des traductions du texte de Cook, de ce qu’il se réfèrerait donc à un texte réel comme le voudrait l’objectivité de la réfutation savante, ou de ce qu’il copie lui-même les propos de Borda où apparaissaient déjà ces voyageurs qui ne méritent pas qu’on les identifie ?
20La réponse à cette question naît de la même réfutation de l’existence des perroquets dans un texte de Bory de Saint-Vincent. Dans son Essai sur les Isles Fortunées, qui paraît bien avant le récit de son voyage dans les quatre principales îles des mers d’Afrique, lui-même composé de reprises des Essais, les perroquets sont abordés à deux reprises, mais ne migrent pas jusqu’au récit de voyage.
M. Anderson, dans le troisième voyage de Cook, ne dit pas seulement qu’il y a des perroquets à Ténériffe, mais assure en avoir vu ; La Billardière, plus véridique, et plusieurs autres auteurs, disent qu’ils ne croient pas à ces perroquets, et des habitants du pays nous ont assuré qu’il n’y en avait jamais eu d’aucune espèce.
On rapporte que les oiseaux de passage, et en particulier les hirondelles, sont parfois en très-grand nombre. Je ne me suis pas trouvé en pareilles circonstances.
21Et l’auteur renchérit plus loin, en note, au moment de critiquer la compilation de La Harpe qui incarne manifestement à ses yeux le contre-modèle du récit de voyage : se raillant de la description d’une anguille monstrueuse, il ajoute en effet qu’on « dit encore dans ce même ouvrage qu’il y a des daims aux Canaries, mais il n’y en a pas plus que de perroquets de M. Anderson13 ».
22Bory de Saint-Vincent se réfère là explicitement à La Billardière et implicitement à Borda, Verdun et Fleurieu qu’il cite abondamment par ailleurs et où il a pu trouver la référence à Anderson ainsi que dans certaines traductions du récit de Cook. Les perroquets ne sont plus là indigènes, et Bory de Saint-Vincent nie discrètement qu’ils aient pu être aperçus là au cours d’une migration. Le naturaliste, auquel est ostentatoirement réattribuée la découverte fausse d’une espèce inexistante, n’a donc aucune excuse et sa faute est plus grave encore en ce qu’il a cherché à faire passer pour un témoignage direct absurde ce qui n’aurait pu être que la reprise de propos erronés, presque plus « excusable ». Le conte mensonger peut donc surgir au cœur même de la prétendue objectivité savante. Bory de Saint-Vincent donne d’ailleurs à Anderson une leçon de ce que doit être l’observation savante : lui distingue ce qu’il a vu de ce qu’il a su et sait pointer l’écart qui existe entre les deux.
23Mais, inversement, on ne saurait en conclure que le témoignage indirect et la reprise des propos des autres voyageurs soient l’indice du mensonge. Bory de Saint-Vincent cite en effet la Billardière et plusieurs autres auteurs qui se répètent et n’en sont que plus « véridiques ». En d’autres termes, le lieu commun auquel il faut accorder foi n’est plus celui de la présence, à Ténériffe, des perroquets de Cook, mais celui de leur absence, de leur non-existence. Celui, plus exactement, de la négation de l’existence de ces perroquets. Bory de Saint-Vincent, dispensant à Ténériffe une leçon d’écriture et de lecture du récit de voyage, dégage un lieu commun de son objet, le dénude, pour le déplacer. Reprenant à son compte ce nouveau topos, il s’inscrit dans la lignée des voyageurs « véridiques ».
24Or Bory de Saint-Vincent est un maître en l’art d’écrire des récits de voyages savants. Il mêle intimement à ses récits des commentaires sur les règles du genre, ce qui en fait des textes exemplaires de ce qu’est le récit scientifique dès le début du xixe siècle. Comme Humboldt et dans le même temps, Bory de Saint-Vincent ne livre son récit de voyage qu’après des essais et s’en explique en dédicace. Là où Humboldt disait ne s’être conformé au récit de voyage que pour satisfaire aux goûts du public et prétendait renoncer d’emblée à appliquer cependant un cadre formel préétabli aux nouvelles découvertes par lui accomplies, Bory de Saint-Vincent avoue ses propres difficultés à identifier les règles du genre. La dédicace du Guide du Voyageur en Espagne au général Matthieu Dumas, sous forme, certes, de compliment, s’ouvre comme l’expression du regret de n’avoir pu disposer du modèle idéal du récit qu’aurait dû écrire le général. Elle renvoie donc à un archétype du genre qui n’existe pas et n’existera jamais et finalement, peut-être, à un genre qui n’existe pas mais qui hante les textes : « La lecture de votre Relation m’eût sur-tout appris à en écrire une14. » Le voyageur se heurte en effet à plusieurs difficultés ; celle, d’abord, de s’inscrire dans le progrès de l’histoire naturelle que les savants en cabinet continuent de développer en son absence, celle de l’écrivain aussi qui, faute d’écrire, gâche son style, celle enfin de faire coïncider un texte nécessairement original avec les attentes d’un lecteur qui fait des textes antérieurs les étalons de la véracité des dires de l’explorateur :
Si, par un hasard heureux, les Observations qu’il a faites sont d’une nature extraordinaire en apparence, et que quelques circonstances dans ses récits semblent s’écarter de ce que l’on voit habituellement, le doute s’élève de toutes parts, et l’on taxe d’imposteur celui qui n’a rapporté que ce dont il a été le témoin15.
25La défense de l’originalité de son propre texte va consister en une distinction opérée entre les voyages anciens lus par un public ignorant et enfantés par des imaginations déréglées et les voyages modernes qui, selon Bory de Saint-Vincent, ne peuvent tromper que des hommes sans lumières et qui, conséquemment, ne les liraient pas. Or, « depuis qu’on ne peut plus faire de Romans sur les contrées nouvelles, parce qu’on connaît le cadre de tout ce qu’on peut trouver, la réputation des Voyageurs aurait dû se rétablir ». Là, le récit de voyage se distingue radicalement du Roman, même dans son acception la plus faible. Mais Bory de Saint-Vincent défend curieusement les contradictions entre des textes qui, selon lui, ne sont pas les indices du mensonge « Romanesque » :
Tant de circonstances différentes peuvent tout changer dans un Pays et dans le caractère de ses habitans ! Il y a tant de manières de voir ! […] un bon esprit, se gardant de prononcer précipitamment, doit être prêt à adopter jusqu’aux contradictions apparentes qui existent entre des relations dont le reste paraît mériter quelque confiance16.
26Inversement peut-être, la répétition des mêmes descriptions devrait éveiller la méfiance de ce même « bon esprit ».
27L’auteur lui-même ne fait pas toujours preuve de la prudence qu’il recommande aux juges des récits de voyages. Dans la bibliographie commentée qui occupe une part importante du premier chapitre des Essais, les voyageurs sont jaugés d’après l’usage qu’ils font des sources dont ils s’inspirent et la valeur scientifique ou romanesque des règles génériques adoptées. Force est de constater, sous la plume de l’ancien soldat de la guerre d’Espagne, que les voyageurs qui détiennent la palme du « conte » et de la répétition aveugle sont les anglais.
28La critique de leurs relations est traitée en alternance avec les éloges appuyés adressés aux travaux cartographiques et topographiques français. Du récit du troisième voyage de Cook, Bory de Saint-Vincent ne retient que sa relâche très rapide à Ténériffe et insiste discrètement sur la brièveté de ce séjour : « Enfin, dans sa dernière expédition, ce navigateur relâcha à Sainte-Croix de Ténériffe le 1er août 1776 ; il n’y demeura que quatre jours. M. Anderson, naturaliste employé dans ce voyage, profita de ce court espace de temps pour rechercher les productions de la partie de l’île qu’il put parcourir17. » La prudence est de mise pour un voyageur qui vient de reconnaître que son propre séjour à Ténériffe fut bref. La critique du texte de Cook va donc se faire par le biais de celle des sources dont il s’inspire :
Comme la première loi qu’un écrivain doit s’imposer est celle de dire toute la vérité quand elle peut être utile, de crainte que le rapport du voyageur anglais [il s’agit de Macartney] n’induise en erreur ceux qui le liraient, je suis forcé de déclarer que tout ce qu’il a écrit sur les Canaries est faux ou dénaturé. M. Cologan qui a eu la complaisance de lire avec nous les ouvrages que nous avions à notre disposition […] nous a assuré que si l’éditeur du voyage de lord Macartney n’avait pas mieux dit la vérité dans le reste de l’ouvrage qu’il ne l’avait dite de Ténériffe, il était inutile de lire sa relation autrement que comme un roman. Il y a lieu de croire que les fautes viennent du fond, et non du traducteur, qui les a rendues moins choquantes par un style correct et élégant18.
29Bory de Saint-Vincent prend le soin ici d’attribuer les erreurs « romanesques » du récit de l’ambassade en Chine de Lord Macartney à qui de droit, en distinguant soigneusement le voyageur de l’éditeur, et l’éditeur du traducteur. Ces distinctions sont d’importance en ce qu’elles désignent les étapes du cheminement d’un lieu commun et de la métamorphose possible d’une simple description en un topos.
30Suit la biographie sommaire d’un aventurier écossais « cité dans Cook qui eût sûrement apprécié cet ouvrage à sa juste valeur, s’il n’eût pas était fait par un Anglais19 », et dont le seul exploit consiste à s’être procuré la copie d’un manuscrit espagnol du xviie siècle, qu’il traduisit littéralement à son retour en Angleterre. Si l’usage de la copie semble courant dans l’édition des récits de voyage, au point qu’un voyageur copie même celui qu’il réfute, il ne saurait aller jusqu’au plagiat ou, du moins, jusqu’au recopiage non critique. C’est à l’aune de cette critique même, et, d’une certaine manière, de sa virulence, que Bory de Saint-Vincent estime la valeur d’un ouvrage.
31Les Essais sur les Isles Fortunées qui recèlent une description de Ténériffe, s’inscrivent donc d’emblée, au nom de la vérité scientifique, dans une logique de la prétérition : il s’agit de dire ce qu’il ne faut pas dire, mais, sous couvert de réfuter, de le dire quand même, comme pour mieux livrer au lecteur ce qu’il attend. Il semble que les témoignages directs ou indirects ne suffisent pas à prouver la véracité des dires du voyageur, que la répétition ou la copie soient paradoxalement l’indice, pour l’amateur de récits de voyages, de la vérité des dires du voyageur. Les erreurs, même présentées comme telles, ont toujours droit de cité dans le récit de voyage de la première moitié du siècle. Le paradoxe alors est que l’on pourfend des lieux communs fictionnels tout en contribuant à les diffuser et, en recopiant d’autres voyages, à en créer de nouveaux. Mais rares sont alors les cas où les sources copiées ne sont pas strictement référencées, au moins en note.
La postérité romanesque des perroquets de Cook
32C’est ce qui rend surprenante la résurgence des perroquets de Cook dans le texte du grand savant et du grand styliste qu’est Alexandre de Humboldt. Ils réapparaissent en effet dans sa Relation historique du voyage aux régions équinoxiales du Nouveau Continent (1814-1825) à l’ombre du constat de l’impuissance du savant à décrire ce qu’il n’a pas vu :
Mais, de tous les oiseaux des îles Canaries, celui qui a le chant le plus agréable est inconnu en Europe ; c’est le Capirote qu’on n’a jamais pu apprivoiser, tant il ame sa liberté. J’ai admiré son ramage doux et mélodieux, dans un jardin près de l’Oratava, mais je ne l’ai pas vu d’assez près pour prononcer à quel genre il appartient. Quant aux perroquets que l’on croit avoir aperçus lors du séjour du capitaine Cook à Ténériffe, ils n’ont jamais existé que dans le récit de quelques voyageurs qui se copient les uns les autres. Il n’y a ni perroquets, ni singes dans les îles canaries ; et, quoique dans le Nouveau Continent, les premiers fassent des migrations jusqu’à la Caroline Septentrionale, je doute que dans l’Ancien on en ait rencontré au nord du 28° de latitude boréale20.
33Humboldt ne s’en prend ni à Anderson ni à aucun autre naturaliste, ni même d’ailleurs au capitaine Cook. Les perroquets, qui ne sont plus dits indigènes, sont en quelque sorte rendus orphelins de père pour ne valoir plus que comme des lieux communs si connus qu’on ne les réfère plus à ceux qui les ont découverts. La constante fabuleuse, parce que mensongère, des voyages à Ténériffe n’est plus ici les perroquets d’un texte de Cook, mais le fait de recopier ce texte. Et Humboldt décrit là le processus de fabrication du lieu commun. Est visée aussi la dérive fictionnelle du récit de voyage qu’on peut écrire sans quitter sa chaise et sans voyager : rien, ni même la présence à Ténériffe du voyageur, ne fait preuve.
34Au simple « voyageur » se surimpose le point de vue du savant voyageur qui ne dit que ce qu’il a vu et insiste sur les limites de ses propres descriptions : ainsi Humboldt refusant d’attribuer au Capirote un genre et disposant à lui seul de la connaissance de lois générales lui permettant de réfuter en doute une hypothèse. Le « je doute » est étonnant en ce qu’il prend la forme d’une autre hypothèse mais est l’affirmation ultime cependant de l’autorité du savant qui nie la migration possible d’une espèce et donc, a fortiori, son caractère indigène sans trop s’étendre toutefois. La fable ou le conte sont du côté des voyageurs (ou des mauvais savants) qui plagient les textes qui font autorité sans les passer au crible des connaissances du savant. Mais cela ne signifie pas qu’Humboldt, excluant le lieu commun et la reprise non critique de la valeur scientifique du récit de voyage, l’exclue de sa valeur littéraire.
35Car l’autoportrait du savant en auditeur du doux ramage est celui de l’esthète et du styliste que doit être aussi le naturaliste. Il n’y a pas de différence de nature entre la description taxinomique et l’impression pittoresque. L’une induit l’autre qui, en retour, renforce la première. En d’autres termes, la présence des perroquets de Cook dans le récit d’Humboldt obéit à une logique plutôt poétique que scientifique mais détient aussi des enseignements sur ce que l’observation savante doit être. Il s’agit pour Humboldt d’inventer une poétique, un ensemble de constantes thématiques et formelles, qui gardent une valeur heuristique.
36On pourrait fort bien imaginer qu’Humboldt, soucieux comme un savant doit l’être de ne rien livrer que d’original, n’évoque pas les perroquets fictifs. Il ne s’attardera pas, par exemple, sur les vêtements des habitants de Ténériffe. Il ne décrira pas davantage la topologie des lieux, renvoyant pour cela aux textes qui en traitent déjà. Pourquoi donc s’attarder avec insistance sur des perroquets qui n’existent pas sinon pour distinguer son propre texte des récits des plagiaires, pour faire place à cet endroit du texte à un contre-modèle par rapport auquel s’affirment la littérarité et la scientificité de son propre texte ?
37Alexandre, frère de Wilhelm, est un ardent utilisateur des notes de bas de page aussi bien dans sa Relation historique que dans Kosmos. Or la mention des perroquets n’appelle ici aucune référence circonstanciée au troisième voyage de Cook ; et il n’est fait aucun renvoi à ce texte, par ailleurs, ni dans le récit de voyage, ni dans l’essai cosmogonique qui couronne l’œuvre d’Humboldt, là où sont cités précisément Bory de Saint-Vincent, La Billardière, Sprats et Macartney. On peut peut-être en déduire que le récit du voyage de Cook, en 1814, est si bien diffusé et si bien connu qu’il n’est nul besoin de référence précise au texte. Mais les choses se compliquent lorsqu’on constate qu’aucun voyage à Ténériffe, entre celui de Cook et celui de Humboldt, ne cite les perroquets sinon pour en affirmer l’inexistence.
38Ces « quelques voyageurs » qui se copient les uns les autres n’existent pas. Sauf à désigner les traducteurs et éditeurs des diverses versions des voyages de Cook, qui les reprennent et les répètent comme il se doit, mais qui ne voyagent pas. Les seuls voyageurs qui se copient les uns les autres sont donc les Bory de Saint-Vincent, les La Billardière et les Humboldt, en dénonçant comme fausse l’existence de ces fameux perroquets. Mais Humboldt contribue curieusement, en répétant encore une fois que les perroquets de Cook ne sont qu’un topos fabuleux né d’une hypothèse scientifique douteuse, à faire exister ces perroquets, à créer et à propager ce lieu commun et à en fonder un autre : le lieu commun du lieu commun de l’existence des perroquets de Cook ; un lieu commun au second degré donc. Mais un topos devenu nécessaire, comme était censé l’être celui de la présence de perroquets à Ténériffe pour obtenir, selon les savants, l’aval de leur lecteur idéal, parce que devenu lui-même la preuve de la présence sur les lieux du voyageur-savant. Il semble bien qu’on ne puisse se débarrasser si aisément que cela des reprises et des répétitions dans le domaine du récit de voyage scientifique, que la science même soit pourvoyeuse de ces topoï véridiques pourtant propices au plagiat.
39Le lieu commun des perroquets de Cook est exemplaire de la manière dont les voyageurs-savants du début du xixe siècle érigent le récit de voyage scientifique, de l’intérieur même de leur texte, en récit exemplaire du récit de voyage et élaborent les règles d’un genre littéraire et scientifique du voyage. Il est la pierre de touche de trois logiques qui chacune s’équilibrent pour assurer la survie poétique et heuristique du genre : une logique générique, où le texte, constamment, se commente, une logique lectoriale, où le voyageur, au nom de l’image d’un lecteur idéal, se condamne à répéter pour sembler dire vrai, et une logique scientifique, qui voudrait que rien ne soit dit qui ne soit nouveau et original.
40Il existe, de nos jours, à Ténériffe, un parc naturel où se côtoient diverses espèces de perroquets, dont je ne saurais dire s’ils sont indigènes ou non. Mais cela, finalement, importe peu. S’il existait, en 1801, des perroquets indigènes, alors l’affirmation par Alexandre de Humboldt de la non-existence des perroquets de Cook devient elle-même un lieu commun fictionnel et le naturaliste allemand devient par là-même l’un de ces voyageurs qui se copient les uns les autres, qui privilégient les attentes du public amateur de récits de voyage au péril de l’exactitude du témoignage direct. Au sein même d’une dénonciation de la possible dérive fictionnelle du genre, le naturaliste sacrifierait, consciemment ou non, à la nécessité littéraire et scientifique d’élaborer des topoï visant à asseoir son autorité auprès de son lecteur, à lui donner ce qu’il attend pour qu’il accepte ce qu’il n’attend pas. S’il n’en existait pas, Humboldt a contribué alors, en insistant avec ostentation sur l’erreur commise par les copieurs, à dégager un lieu commun de son objet pour l’incarner en son contraire, sans renoncer à la mise en évidence de ces topoï, devenus nécessaires. En d’autres termes, la persistance de lieux communs reconnus et dénoncés comme tels dans le récit de voyage savant est l’indice du renouvellement d’un genre littéraire qui ne suit pas cependant les principes édictés par les savants qui le pratiquent.
Notes de bas de page
1 Joseph Conrad, « Travel », dans Last Essays, Londres, Dent, 1955, p. 86 : « Cette catégorie de voyageurs avec leurs remarques de perroquet, leurs étranges tentatives pour être drôles, leurs lamentables essais pour faire sérieux, a apparemment disparu. » Nous traduisons.
2 James Cook, Anderson’ Journal, dans The Voyage of the Resolution and Discovery, 1776-1780, J.-C. Beaglehole (éd.), Cambridge, Cambridge University Press, 1967, t. II, p. 730 : « Nous n’eûmes pas l’occasion d’étudier les autres productions du pays, mais nous vîmes, en nous promenant, quelques faucons, des perroquets, qui sont indigènes, des mouettes ou sternes, des goëlands, des perdrix, des pies, des hirondelles, des martinets, des corbeaux, et des ganaries en larges nuées. » Nous traduisons.
3 Troisième Voyage abrégé du capitaine Cook dans l’Océan Pacifique, Moutard, t. I, 1785, p. 18.
4 James Cook, Anderson’ Journal, op. cit., p. 734 : « The custom of wearing black cloaths continues amongst them but the men seem more indifferent and in some measure dress like the French. In other respects, the inhabitants are a decent and very civil people. »
5 Troisième Voyage abrégé du capitaine Cook dans l’Océan Pacifique, op. cit., p. 20.
6 J. B. M. G. Bory de Saint-Vincent, Essais sur les Isles Fortunées et l’antique Atlantide, ou Précis de l’histoire générale de l’Archipel des Canaries, Baudouin, Germinal an XI, p. 242.
7 James Cook, Voyages du capitaine Cook dans la mer du Sud […]. Traduction nouvelle, réduite à la partie historique par M. G. T., Lerouge, 1811, t. V, p. 21.
8 James Cook, Abrégé des trois voyages du capitaine Cook précédé d’un extrait des voyages de Byron, Wall, Carteret et Bougainville, autour du monde, par J. F Laharpe. Nouvelle édition, revue et corrigée, ornée d’une très-belle Carte générale des voyages de Cook, Ledoux, 1817, t. IV, p. 16 et p. 19.
9 James Cook, Troisième Voyage de Cook, ou Voyage à L’Océan Pacifique ordonné par le roi d’Angleterre […], traduit de l’anglais par M. D*** (Démeunier), Raymond, 1819, t. I, p. 27 et p. 30.
10 Jean-François de Laperouse, Voyage autour du monde sur /Astrolabe et la Boussole (1785-1788), La Découverte, 1991, p. 31.
11 Adelbert von Chamisso, Voyage autour du monde, 1815-1818, trad. fr. Alexis Baatsch, rééd. José Corti, 1991, p. 70-71.
12 Jacques Julien Houtan de Labillardière, Relation du voyage à la recherche de La Pérouse, H.-J. Janson, an VIII, p. 26.
13 J. G. G. M. Bory de Saint-Vincent, Essais sur les Isles Fortunées, op. cit., resp. p. 364 et p. 365.
14 Bory de Saint-Vincent, Voyage dans les quatre principales îles des mers d’Afrique, Buisson, an XIII (1804) ; rééd. Marseille, Laffitte Reprints, 1980, t. I-II, p. vij.
15 Ibid., p. viij.
16 Ibid., p. x et p. xj.
17 J. B. G. M. Bory de Saint-Vincent, Essais sur les Isles Fortunées, p. 9.
18 Ibid., p. 10-11.
19 Ibid., p. 11-12.
20 Alexandre de Humboldt, Relation historique d’un voyage aux régions équinoxiales du Nouveau Continent, Paris, 1814-1825 ; rééd. Stuttgart, Hanno Beck, 1970, t. I, p. 145-146.
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