Conclusion générale
p. 311-313
Texte intégral
1Des mots de chacun, une langue pour tous, tel était le titre de nos 3es journées de la langue française et c’était là un vaste programme pour nous, organisateurs et participants, qui rêvons de conjuguer, dans un même temps, singularité d’analyse et communauté d’actions pour la défense de cette idée forte. C’était aussi une vraie problématique linguistique, socio-économique et culturelle.
2Tout au long de ces journées, nous nous sommes demandés comment faire pour que les mots spécialisés de nos professions, ancrés dans des savoir-faire, des habitudes de pensée, des lois et des règles, deviennent également les formes ouvertes d’une langue à partager ; comment faire aussi pour que les mots de tous les jours, ceux des enfants des banlieues, comme ceux des fils de la terre soient les gages d’une compréhension et d’une reconnaissance mutuelles, d’un accès à la langue de leurs pères dans une société en perpétuel mouvement ; comment faire encore pour mettre en résonance les échos lointains des français de la francophonie, afin que se déploie plus largement cet idéal linguistique commun.
3La langue des poètes sans doute, et les intervenants nous l’ont démontré cet après-midi, possède cette faculté. De poétique en poétique, on n’a cessé de dire la vie, la jouissance et la fortune des mots d’où qu’ils proviennent, ceux de la Pléiade, archaïques, techniques ou dialectaux, ceux des poètes modernes, riches de sensations, constellés d’associations, pleins de fulgurances, ceux de Léopold Sédar Senghor vibrant aux accords de l’Afrique, de la France, fondues dans une mythologie neuve, faite de valeurs singulières, mais partagées, métissées dans deux cultures et dans une même vision poétique.
4C’est ce parcours d’ensemble qu’ont voulu proposer les Lyriades 2006. Ce fut, lors de chaque journée, la possibilité, pour tous, de s’interroger plus particulièrement sur les contraintes de la langue dans les échanges sociaux et leur apprentissage à l’école, première étape d’une intégration continuée au fil de la vie, ainsi que sur les variétés orales d’une même langue et ses possibilités d’intercompréhension culturelle d’un continent à l’autre, et enfin sur les richesses d’expression et de compréhension, que multiplie le texte littéraire. Ce fut également l’occasion pour tous de réfléchir à l’avenir d’une langue, le français, qui ne saurait se réduire à une langue de service, aux seuls moyens linguistiques communs au plus grand nombre de locuteurs, et cantonnés aux besoins des échanges primordiaux, mais qui devrait davantage tirer sa force d’emprunts mieux assimilés aux langues parlées en France et ailleurs, et se nourrir de néologismes plus spécifiquement adaptés aux structures linguistiques et aux innovations sociales ou culturelles, sans oublier cette vertu propre à notre langue et si puissante aux siècles derniers, sa syntaxe claire, fondée sur la primauté du verbe conjugué et l’articulation logique des propositions phrastiques.
5C’était là en effet un programme ambitieux si nous n’avions été guidés dans notre réflexion par les éminents spécialistes de la langue qui ont bien voulu honorer le petit Liré, berceau de La Deffence et illustration de la langue françoyse. C’était aussi un programme démesuré si l’Académie française, la Délégation générale à la langue française et aux langues de France et le ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche n’étaient venus nous aider de leur compétence. Nous ne saurions trop ici leur exprimer notre reconnaissance, si ce n’est en œuvrant durablement pour le français, auquel ils donnent tout son lustre.
6Mais ces Lyriades auraient manqué d’éclat sans le public, nombreux, divers qui y a activement participé : public du séminaire de vendredi matin à Ancenis, composé essentiellement d’enseignants des Pays de la Loire et des cadres que le ministère de l’Éducation nationale a bien voulu déléguer pour assister à nos Lyriades, lui faisant ainsi l’honneur de devenir, pour la première fois cette année, les journées nationales de la langue française, préfiguration des futures Lyriades 2008 ; public de ces trois derniers jours à Liré, public des Mauges et d’Ancenis, de la région, de plus loin et de tous horizons ; public des inspecteurs, des enseignants, des parents et des élèves ; public des élus et des administrations, des associations d’apprenants, des cités et des villages ; public de la Chambre de commerce et d’industrie, des chefs d’entreprise ; publics des tables rondes qui ont précédé ces Rencontres... ; public des universités, des écoles et des académies présents lors des « francofffonies ! » d’avril ; à tous, publics de bonne volonté, publics qui vous intéressez à la langue française, merci !
7Ma reconnaissance va également au comité pédagogique, dirigé par M. Jean-Luc Jaunet, qui nous a largement ouvert les voies du rectorat de Nantes et a permis l’engagement, tout au long de l’année scolaire, de l’enseignement secondaire et primaire dans les multiples projets pédagogiques que nous avons pu découvrir aux Lyriades, sans oublier l’Inspection générale de lettres qui, en la personne de M. Pascal Charvet, a fait en sorte d’inscrire le séminaire de l’Éducation nationale dans les Lyriades qui participent ainsi aux nouvelles perspectives de réflexion sur la langue française du ministère.
8Que soit aussi bien vivement remercié le comité culturel, Mme Brunet et M. Martin, Mme Mainguy et M. Berjon, les équipes du musée Joachim Du Bellay et de la Turmelière, qui n’ont cessé d’animer ces journées par des activités diverses, des activités qui ont fait de la langue française une fête des mots. Nous l’avons particulièrement savourée le samedi matin, au château de la Turmelière, lorsque nous avons entendu avec quel délice le Bibliothéâtre, à partir de textes de référence, faisait jouer la langue à la fois par les sonorités, les jeux de mots et les associations. Mais il y a eu aussi la 1re dictée des Lyriades écrite par Jean-Pierre Colignon qui a connu un grand succès et encore bien d’autres activités qui ont permis, en somme, de faire du français la langue de tous.
9Je ne voudrais pas oublier notre comité scientifique, qui m’a aidée de façon très efficace et positive. Nous avons véritablement fait œuvre commune pour choisir les intervenants qui nous ont donné à entendre des communications particulièrement brillantes, pleines de force et de vie. Je ne peux énumérer tout ce que le comité scientifique a pu faire pour que ces Lyriades puissent avoir autant d’éclat mais ma reconnaissance va tout spécialement à M. Georges Cesbron qui a été particulièrement actif en ce domaine et à M. Jacques Boislève qui a su mettre à la disposition de notre organisation toute sa connaissance de la région et qui, pendant les prémices francophones d’avril, a su intéresser M. Julien Gracq, en personne, à nos Lyriades de la langue française.
10Que soient tout particulièrement remerciés le délégué général à la langue française et aux langues de France, M. Xavier North, qui nous a fait l’honneur de présider ces Rencontres, nos brillants responsables de séance, MM. Pascal Charvet, Slimane Benaïssa et Daniel Maximin, nos douze intervenants, les présidents et participants des tables rondes, ces écrivains et poètes, ces professeurs et chercheurs, ces journalistes, tous spécialistes de la langue française, qui ont bien voulu nous parler de leur domaine de prédilection. Ils ont fait briller les mots de chacun dans la langue de tous.
11Toute ma gratitude va enfin aux organisateurs : M. Brossier, M. Beaumon, M. Staub, Mme Paré, M. Tobie ; aux organismes qui ont contribué à la réalisation de ces journées et, en particulier, au CDDP d’Angers, si actif en la personne de Mme Jacqueline Branger et de M. B. Malblanc et à tous ceux sans lesquels ces 3es Rencontres de Liré n’auraient pu voir le jour, notamment les bénévoles de Liré et du canton de Champtoceaux. Ils ont permis d’orchestrer les éléments indispensables à leur réalisation, de convaincre les partenaires du bien-fondé de notre projet et de faire en sorte que ces Lyriades puissent se passer dans une grande harmonie et une belle convivialité pour faire briller, les mots de chacun dans la langue de tous.
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Le français : des mots de chacun, une langue pour tous
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