Introduction
p. 107
Texte intégral
1De façon étonnante, tôt dans le siècle, la tragédie regarde du côté de la galanterie. Alors que le genre tragique n’est, à la différence d’autres genres, nullement fluctuant dans sa définition, alors que les marques du caractère de la tragédie sont fortement déterminées (le trône et le sceptre, la majesté, le sérieux, la fureur, le poignard et le poison), la tragédie se prend à trouver des charmes à une esthétique de la douceur qui lui est en tous points opposée, l’esthétique galante. Melpomène découvre les blandices de la douceur et y prend goût. Les personnages tragiques adoptent un discours galant, doivent se comporter en gens du monde et oublier définitivement la fureur comme manifestation de leur profond mécontentement, car un homme ou une femme du monde se doit de maîtriser ses émotions. Les larmes, qui ont partie liée au dolor tragique mais auxquelles la jeune esthétique galante confère un nouveau sens et une nouvelle dimension, sont alors l’objet d’une attention particulière, choyées et problématiques à la fois, tant il est discutable que les larmes d’amour, dont la patrie d’origine et de prédilection est plutôt l’élégie, aient leur place dans la tragédie. Tout au long du siècle, les dramaturges imaginent différentes formes pour tempérer la violence au cœur de la tragédie, déclinant chacun à leur manière le paradigme de la douceur, si bien que se dessine, s’affirme puis se perpétue un idéal urbain et civil du héros.
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