Chapitre 19. Espaces, actions et cartographies : à propos de quelques mobilisations rennaises
p. 301-319
Texte intégral
« Le concept d’espace est central en géographie […], tous les auteurs emploient ce terme […]. Cependant, les définitions explicites sont plutôt rares et nous pouvons même nous demander si tous ces auteurs pensent à la même chose. »
Alexios Kitsopoulos (2005, p. 13).
1Ce chapitre s’appuie, pour ses données empiriques, sur un des axes d’une recherche collective menée par une équipe pluridisciplinaire1 dont l’objectif était d’analyser les mobilisations d’acteurs relatives à des espaces-enjeux ou à des enjeux spatialisés. La question posée dans le cadre de cet axe portait sur les mobilisations concernant l’accès récréatif des citadins de la périphérie urbaine rennaise à l’espace rural de proximité. Au sein de cet axe, et plus particulièrement pour un de ses terrains, le quartier « Villejean » de Rennes, des recherches précédentes (Le Caro, 2007) avaient mis en évidence la faiblesse de ces mobilisations. L’interrogation générale relative à cet axe de la recherche collective portait sur les causes de cette faiblesse ; l’interrogation à laquelle s’efforce de répondre ce texte est la suivante : si l’explication de cette faiblesse ne réside pas seulement dans la capacité des acteurs à se mobiliser, quelles conceptions de l’espace faut-il mobiliser pour en rendre compte ?
2Sur le plan théorique, ce texte s’appuie principalement sur les travaux de trois auteurs. La remise en question du concept d’espace proposée par le premier d’entre eux, B. Werlen, permettra de justifier notre présentation du terrain de cette recherche, sans ambition monographique, le regard étant centré sur les éléments empiriques qui serviront notre démonstration. Une deuxième conception de la notion d’espace, celle proposée par J.-P. Hubert, qui conjugue différemment de B. Werlen la pluralité de sens du concept d’espace, servira à classer les cadres spatiaux de référence des actions que la recherche empirique a mis en valeur. Il apparaîtra ainsi que l’accès récréatif à l’espace rural de proximité n’est généralement pas un objet de mobilisation important pour les acteurs qui interviennent dans l’espace de Villejean, alors qu’ils peuvent être mobilisés par d’autres significations des lieux contenus dans cet espace.
3Toute conception de la notion d’espace étant susceptible d’être associée, en géographie, à un mode de représentation cartographique, comment rendre compte graphiquement d’un espace dont les lieux n’ont pas la même valeur pour chacun des acteurs qui y interviennent ? Le second moment de notre propos proposera de répondre à cette question en s’appuyant sur les travaux d’un troisième auteur, G. Nicolas, dont la conception de l’espace a permis d’établir une nouvelle conception de la représentation cartographique, encore peu diffusée. Compte tenu de la faible diffusion de cette innovation cartographique, un premier exemple d’emploi de cette méthodologie précédera sa mise à l’épreuve à l’aune de l’analyse des pratiques habitantes et de la conception municipale de la gestion et de l’usage des aires et chemins permettant l’accès à l’espace rural comme lieux de promenade.
4La conclusion sera consacrée à la mise en perspective de la compossibilité des approches de la notion d’espace illustrées par les travaux des auteurs signalés.
MISE EN ORDRE DE CADRES SPATIAUX DE RÉFÉRENCE À VILLEJEAN
5Si l’espace du quartier Villejean est l’exemple sur lequel se base notre démonstration, nos choix de description des éléments qui le composent ne peuvent être appréciés qu’à la lumière des conceptions de l’espace dont nous entendons confronter ici les pertinences réciproques. La pertinence de ces choix apparaîtra pleinement, dans cette première partie de notre texte, avec la présentation des conceptions de l’espace de B. Werlen et de J.-P. Hubert.
Quelques cadres spatiaux de référence à Villejean
6Sur le plan de la morphologie spatiale (ou de la forme urbaine), le quartier Villejean est inclus dans un espace limité par :
- à l’ouest et au nord, la rocade nord de Rennes ;
- à l’est, une voie ferrée dont la ZUP de Villejean est séparée par les nombreuses implantations publiques situées dans sa partie est (hôpital, université…) ;
- au sud, la terminaison de la partie « voirie urbaine » de la route de Saint-Brieuc et Brest.
7Cet espace est subdivisé entre la partie située essentiellement au sud du boulevard extérieur nord de la ville, correspondant à l’appellation « Villejean » et celle située au nord de ce boulevard, correspondant à la dénomination « Beauregard ». L’urbanisation de la partie nord de cet espace, autour du Parc de Beauregard inauguré en 2005, se termine progressivement.
8Les entretiens collectifs menés avec des habitants du quartier Villejean ont permis de relever leurs cadres spatiaux de référence, lesquels diffèrent de l’espace objectivé par les cartes et plans qui représentent cette partie de la ville de Rennes (carte 1). Ainsi, alors que l’accès à l’espace agricole proche et à ses chemins peut se réaliser à partir du parc de Villejean, peu d’habitants connaissent cette possibilité d’itinéraire de promenade. Ce parc est signalé de manière imprécise et son accès nécessite pour les Villejeannais le passage sous la rocade nord de la ville, laquelle permet le passage des autoroutes venant de Paris et de Caen aux voies rapides menant, en particulier, d’une part à Brest, d’autre part à Lorient puis Quimper. L’enclavement et le caractère bruyant de ce parc vont encore être accentués par l’aménagement en cours du barreau de Pont-Lagot, lequel a pour but d’assurer la continuité autoroutière Paris-Brest au niveau de l’agglomération rennaise et qui devait, à l’origine, être prolongé vers la route de Lorient. Pour la direction régionale de l’Équipement (DRE), cet aménagement est justifié par le fait que l’urbanisation de la voie de sortie de la ville de Rennes en direction de Lorient, réalisée avant la mise en ordre urbanistique opérée par la construction de la rocade, gêne la circulation par des feux de signalisation sur le tronçon de cette voie située à l’ouest de son raccordement avec la rocade, ce qui aboutit régulièrement au blocage de cette dernière. Mais depuis le démarrage des travaux, en 2007, cet aménagement n’a suscité aucune mobilisation dans le quartier Villejean2. Un autre itinéraire permet éventuellement de réaliser une boucle partant du parc de Villejean pour retourner à Villejean via Beauregard, mais il est très peu connu des habitants.
9Le quartier Villejean n’est pas un espace historiquement atone sur le plan des mobilisations. L’Association des résidants de Villejean y a joué un rôle important de contestation des conditions de vie et de la politique municipale, en particulier de 1967 au début des années 1980. Les équipes municipales successives y ont appliqué un programme d’intégration socio-politique assez classique, mais plus ambitieux à partir de la conquête de la municipalité rennaise par le conseiller général socialiste du canton en 1977 (mise en place d’équipements collectifs, dont une maison de quartier), ce qui explique en partie la diminution de l’intensité des mobilisations dans cet espace (Association des résidants de Villejean, 2001). Mais cette baisse d’intensité ne signifie pas que les populations, même intensément renouvelées dans le temps, y soient devenues indifférentes. Par exemple, à partir du milieu des années 1980, la germination du projet de métro rennais a suscité un débat dans le quartier sur l’alternative qui existerait entre la requalification de la dalle Kennedy et la liaison de Villejean au centre-ville (Jussic, 1996). Souvent, néanmoins, les mobilisations récentes ont concerné des espaces d’échelle inférieure à celle du quartier, comme celui auquel se réfère l’Association Berry-Languedoc-Croix-Rouge (zone pavillonnaire du sud du quartier).
10Les travaux de requalification de la dalle Kennedy, postérieurs à l’aménagement du terminus de la première ligne du métro, se sont terminés en 2007, mais la perception héritée qu’ont les Villejeannais d’habiter un quartier trop peu considéré par la ville ne s’est pas dissipée. À titre d’exemple, les habitants de Villejean estiment souvent que les espaces verts du quartier ne sont pas aussi sophistiqués et « bien entretenus » que le parc du Thabor (situé en centre-ville), sans nécessairement savoir que la municipalité gère diversement la dynamique de la flore selon les différents espaces verts de la ville.
11L’espace du quartier Villejean est donc le cadre de références de nombreuses actions, dont la diversité converge pour expliquer que les modalités d’accès à l’espace rural proche y soient malaisées et surtout peu valorisées, ne suscitant dès lors guère de mobilisations. De sorte que l’emploi du terme « quartier », pour désigner un espace urbain en voie de dédoublement (Villejean/Beauregard) et incluant le parc de Villejean ne vise pas à suggérer l’existence d’un espace homogène sur le plan des représentations sociales de ses habitants. Comment rendre compte de cette diversité des contextes d’actions tout en sauvegardant la possibilité d’emploi d’une conception globale de l’espace ?
Mise en perspective de la conception de l’espace de B. Werlen
12La réflexion menée par le géographe suisse germanophone B. Werlen sur la notion d’espace est celle qui remet le plus radicalement en cause l’usage de ce concept dans notre discipline. Pour cet auteur, « it is not “space” which is the central unit of analysis, but the “action” and the “act3” » (Werlen, 1993, p. 139). Cette minoration de la notion d’espace dans la hiérarchie conceptuelle du géographe ne signifie pas son abandon. B. Werlen considère que l’espace est seulement un cadre de référence pour l’action (ibidem, p. 3). Compte tenu de la diversité des actions qui construisent et reproduisent le monde, ce cadre prend des formes diverses (« one single concept of space cannot be suitable for all kinds of facts4 », ibid., p. 142). Le géographe doit donc faire appel à des cadres de référence appropriés pour décrire chacune des aires auxquelles les actions se réfèrent, et expliquer dans quelle mesure ces cadres conditionnent l’action, puisque les acteurs eux-mêmes emploient différents cadres de référence pour agir (« we need adequate frames of reference for every area to which actions relate. This thesis is based on the idea that agents themselves are using different frames of reference for every area to which actions relate5 », ibid., p. 142-143). Afin de distinguer ces cadres de référence, B. Werlen utilise une partition des phénomènes en trois mondes, physique, social et mental. Pour justifier cette partition, il s’appuie par exemple sur le fait que, dans le monde social, à la différence du monde physique, les mêmes objets matériels peuvent revêtir différentes significations, tandis que la même signification peut être représentée par différents objets. De sorte qu’a priori, la localisation d’un objet dans le monde physique ne renseigne guère sur sa position dans le monde social et vice versa. L’indépendance de ces deux mondes signifie alors qu’ils doivent être analysés séparément (Werlen, 1993, p. 147).
13Dans notre description de l’espace de Villejean, informée par la réflexion de B. Werlen, nous avons donc évité de recourir à une acception trop intégrée de la notion de quartier, en ne nous référant essentiellement qu’à ses aspects urbanistiques. Par contre, nous avons retenu de cette réflexion l’idée qu’il est possible de mener une analyse géographique basée sur les actions, en présentant les cadres spatiaux de référence de quelques actions menées à Villejean en relation avec le thème de notre interrogation. Mais la diffraction du concept d’espace opérée par B. Werlen entre ses significations dans les mondes matériel, social et propre à chaque individu, si elle permet d’éviter sa réification, rend difficile, comme l’a remarqué A. Kitsopoulos, tout emploi général du terme (Kitsopoulos, 2005, p. 40). Par exemple, si B. Werlen affirme que « “l’espace” [physique, dans le monde moderne] n’est plus un strict régulateur préalable de l’action, mais devient le moyen de la coordination de l’action, en particulier si les sujets interagissants ne sont pas en situation de co-présence » (Werlen, 1995, p. 139), il ne propose pas encore de méthodologie précise pour relier les différents aspects concrets que peut revêtir ce « moyen ». C’est pourquoi nous faisons appel, pour qualifier ce « moyen », aux catégories proposées par J.-P. Hubert, lequel développe un discours géographique fondé sur la forme géographique comme objet, et l’expérience multiple du lieu en tant que partie d’une forme géographique.
Une conception globale mais explicitement circonscrite de la notion d’espace appliquée à Villejean
14Dans un ouvrage conçu pour expliciter les différences entre plusieurs conceptions de la géographie, mais où les auteurs se sont accordés pour exposer ces différences par les types d’agencement d’une liste commune de concepts, J.-P. Hubert a proposé un jeu de cases du discours géographique, en invitant le géographe à s’y déplacer « lorsqu’il produit un discours sur les formes d’organisation de la Terre » (Hubert, 2005a, p. 18). Le premier principe logique de la construction de ce jeu de cases est basé sur la diversité des modalités de l’expérience des lieux, considérées comme des formes, celles-ci étant désignées par une partie de la liste commune des concepts retenus par les auteurs de l’ouvrage (tableau 1). Chacune de ces formes ne représente qu’une des dimensions de la réalité géographique, « et l’accord entre des formes co-présentes ne va pas de soi. L’esthétique du paysage peut s’opposer à la valorisation économique du territoire, par exemple ; la différenciation des lieux peut être habilement intégrée dans un espace où la circulation est facile ou, au contraire, le fractionner. La séparation par catégories est purement analytique et la réalité géographique se manifeste surtout dans l’articulation de ce type de formes6 » (Hubert, 2005a, p. 17-18).
15Notre propre intérêt de recherche portant plutôt sur l’articulation entre formes sociales et formes spatiales et l’objectif étant ici seulement de sauvegarder la possibilité d’un emploi de la notion d’espace au singulier, nous ne faisons pas appel à la logique de l’ensemble du jeu de cases qui résulte du croisement de ces deux logiques, mais seulement à la première d’entre elles. Comme l’indique lui-même J.-P. Hubert à propos de la réduction de la géographie à l’étude des formes spatiales, « ce choix d’objet limite la variété des problématiques géographiques » (Hubert, 2005a, p. 16). Par exemple, il ne permet pas de prendre en compte l’analyse des pratiques individuelles des habitants au-delà de leur effet sur ces formes. C’est en particulier pour établir le lien entre cette conception de la géographie et celle de B. Werlen (l’analyse des contextes d’actions) et à titre d’illustration de leur compossibilité que nous faisons figurer dans le tableau 1 quelques actions et quelques acteurs correspondants situés dans notre terrain d’étude.
16Le second principe logique du jeu de cases de J.-P. Hubert lui permet d’employer les concepts nécessaires pour proposer des modalités d’articulation des discours tenus par la géographie sur ces formes spatiales (figure 1).
17Le tableau 1 ne saurait avoir de visée exhaustive. Le fait qu’il puisse résumer un exemple de la diversité des cadres spatiaux de référence des acteurs intervenant dans l’espace de Villejean illustre cependant la possibilité de pertinence d’une conception globale de la notion d’espace. Les exemples choisis permettent également de mettre en évidence la complexité de cette notion, une fois écartée toute tentation de réduire ce terme à une signification univoque. Car il n’est pas possible de réduire les relations entre espaces (formes géographiques) découpé (e) s dans un espace global (qui peut être borné ici à celui de la ville de Rennes) à « un jeu de frontières linéaires emboîtées » (Hubert, 2005b, p. 91) : le barreau de Pont-Lagot ne concerne pas seulement le quartier Villejean, le cadre spatial de référence des associations regroupant des habitants d’îlots du quartier peut déborder leurs limites morphologiques (cas de l’îlot Croix-Rouge) et chacun des habitants de Villejean peut choisir ses lieux esthétiques de référence.
18Si nous avons pu montrer que le quartier Villejean est un cadre spatial de référence dont les significations sont diverses pour un certain nombre d’acteurs, quelles sont les conséquences de cette réflexion sur les conceptions de l’espace sur le plan cartographique ? C’est en focalisant notre attention sur un exemple de pratique habitante, mise en regard de l’action municipale concernant les chemins de liaison entre Rennes et sa périphérie rurale, que nous proposerons une réponse à cette question, basée sur l’emploi d’une nouvelle technique cartographique.
ESPACE ET CARTOGRAPHIE
19Toute remise en question de l’unicité de la notion d’espace a des conséquences sur les techniques de sa représentation cartographique. La réflexion menée sur cette notion par G. Nicolas est celle qui remet le plus radicalement en cause l’usage de la notion d’espace au singulier dans notre discipline. Elle comporte une proposition de renouvellement de la cartographie particulièrement appropriée pour décrire certaines dimensions des différences de mobilisations pour des espaces-enjeux ou des enjeux spatialisés.
20La représentation graphique de l’espace de Villejean à laquelle nous avons fait référence jusqu’à présent (carte 1) est une carte synthétique sur laquelle figurent de nombreux objets localisés (bâtiments habités ou non, parcs, routes…) dans un espace euclidien. L’objectif de ce type de carte n’est pas de montrer les relations entre ces (lieux-) objets7, mais la prégnance de la notion de milieu en géographie a laissé et laisse encore parfois entendre que les relations entre objets géodésiquement proches seraient (sinon, devraient être) nécessairement plus importantes que les relations de certains de ces objets avec d’autres objets plus éloignés8. Le caractère performatif des représentations cartographiques euclidiennes classiques renforce cette conception simpliste qui fait peu de cas du rôle des acteurs, en particulier individuels.
21La proposition de renouvellement de la cartographie élaborée par G. Nicolas, où des « mappes » viennent compléter les différents types de cartes utilisables jusqu’alors, permet de réintroduire cette prise en compte des acteurs, sans pour autant se limiter aux acteurs individuels. Par souci de concision, nous l’emploierons toutefois ici prioritairement dans cette dernière perspective. Nous en présentons d’abord le cadre théorique avant d’appliquer cette technique à un exemple de pratiques individuelles de l’espace puis à notre objet d’étude.
Conceptions de l’espace, cartes et mappes
22La conception de l’espace qui sous-tend la logique de construction des mappes dépasse de loin la seule question de la représentation cartographique. Avant de revenir sur cette conception en conclusion du chapitre, nous présentons pour l’essentiel ici ses aspects relatifs à la méthodologie de cette construction.
23La technique des mappes a été élaborée en réaction aux conceptions de la géographie qui réduisent la conception de l’espace qu’utilise cette discipline à un espace euclidien représentable par la cartographie, comme l’explique G. Nicolas et comme il le formalise à la figure 2.
« L’espace géographique peut être défini de deux manières. Soit il est indépendant des objets : les objets sont dans l’espace. Soit il est dans la dépendance des objets : la relation entre les objets génère l’espace. Dans la deuxième conception les rapports entre les objets, les lieux et les localisations sont alors les suivants : est spatiale toute entité (quelle qu’elle soit) formée par un lieu et un objet indissociables ; est géographique toute information qui différentie (écrit avec un t), soit le lieu, soit l’objet, soit le lieu et l’objet, d’une entité spatiale située ou localisée à la surface de la Terre. Un lieu n’est pas une localisation. Sur une carte dessinée dans un plan figurant une partie de la surface terrestre, la localisation est un point dont la position est repérée à l’aide de deux nombres dont la valeur est calculée grâce à des projections sur des axes numérisés (latitude et longitude). Pour situer un lieu, […] il suffit de le repérer par rapport à d’autres lieux sans qu’il soit nécessaire d’employer une localisation mesurée sur des axes orientés selon les quatre points cardinaux. Mais, si le lieu peut être défini indépendamment de la localisation, il est localisable. Une entité matérielle peut être un objet concret, abstrait, donné ou construit. À chaque objet correspond un lieu et un seul : le lieu-objet est un couple unique et indissociable. Comme la différentiation9 concerne soit le lieu, soit l’objet, ils peuvent être utilisés différemment pour fabriquer des représentations spatiales ou géographiques. » (Nicolas, 2006.)
24Selon G. Nicolas, tous les courants de la géographie et toutes les représentations de l’espace géographique utilisent la logique tout-partie, le tout initial étant la planète Terre et chacune de ses parties (État, département, commune…) pouvant à son tour être considérée comme un tout divisible en parties, en lieux-objets. Les mappes servent alors à représenter les rapports entre ces lieux-objets. Pour bien comprendre la logique de la construction des mappes, eu égard en particulier au rôle que nous leur faisons jouer ici, qui est celui, pas encore expérimenté, d’une représentation de pratiques individuelles de l’espace pour des contextes d’actions précis, un petit détour méthodologique est nécessaire. Il permettra d’exemplifier le passage des représentations cartographiques individualisées de pratiques individuelles à une représentation cartographique des relations potentielles entre ces pratiques, la rencontre entre individus restant le préalable à la mobilisation collective.
Un exemple d’application de la technique cartographique des mappes aux cadres spatiaux de référence des individus
25Dans le cadre d’une recherche portant sur les échelles de l’habiter, et plus particulièrement sur la place prise par les déplacements dans les manières d’habiter le monde, une équipe de chercheurs dirigée par J. Lévy a réalisé une représentation cartographique des mobilités de quelques dizaines d’individus résidant dans des aires urbaines françaises (exemple de société industrialisée), sur une période d’un an (Lévy, 2008). Les figures cartographiques obtenues comportent à la fois des informations relatives aux déplacements (fréquence, mode et durée) et des informations relatives aux durées de séjours ainsi qu’aux activités pratiquées dans les lieux fréquentés. Nous présentons ici un exemple fictif de représentation cartographique des pratiques de deux individus basée sur ce modèle, excluant les informations liées aux déplacements, simplifiée (un seul type d’activité par lieu de séjour) et graphiquement adaptée aux besoins de notre démonstration (figure 3).
26Les figures proposées par J. Lévy ne sont pas des cartes, au sens restreint que G. Nicolas donne à ce terme, dans la mesure où les lieux indiqués ne coïncident pas avec leurs localisations (même si les positions respectives de ces lieux respectent une orientation classique selon les points cardinaux, centrée à partir du domicile, puisque les distances entre ces lieux sont proportionnelles aux durées de déplacements nécessaires pour les relier). Elles peuvent être considérées comme des mappes puisque les lieux-objets représentés sont différenciés par les lieux (distances entre les lieux proportionnelles aux temps de trajets nécessaires pour les relier par chacun des individus) et par les objets (motifs différents de pratique des lieux : activités domestiques, travail, achats, loisirs). Mais la technique cartographique présentée par J. Lévy n’est pas celle proposée par G. Nicolas pour la figuration des mappes. En effet, elle emploie les règles classiques de la sémiologie graphique et, surtout, utilise une échelle communale de figuration des phénomènes qui l’amène à faire figurer parfois plusieurs activités dans le même lieu, sans préciser le lien entre ces activités et ces lieux10.
27Nous proposons d’utiliser la technique graphique des mappes afin de rendre compte graphiquement des rencontres possibles entre les deux individus A et B dont la représentation cartographique des lieux de pratiques nous sert de modèle (figure 4). Avec cette technique qui pose « des règles précises de définition et d’établissement des ensembles de lieux-objets, les trois opérations logiques : réunion, inclusion et intersection peuvent être utilisées pour la représentation graphique des relations entre les tout-s et les parties à l’aide de deux signes graphiques : le trait discontinu pour la réunion et le trait continu pour l’inclusion. La variation de l’épaisseur du trait (continu ou discontinu) est employée pour désigner le type d’intersection » (Nicolas, 2002, p. 96).
28Considérant chacun des lieux-objets identifiés dans notre exemple, il est possible de représenter les espaces qu’ils génèrent pour chacun des individus (figure 4a). L’espace des pratiques de chacun des individus A et B réunit (trait discontinu) les lieux pratiqués par chacun d’eux, chacun de ces lieux étant considéré comme inclus (trait continu) dans une aire différenciée qui définit un tout. La superposition des mappes des lieux de pratiques de ces deux individus (figure 4b) permet de mettre en évidence les intersections (épaisseur du trait) qui peuvent exister entre les lieux (aires individualisées) qui partagent la même localisation11 (ici en l’occurrence le seul lieu « L1 »).
29Le détour didactique que nous avons effectué afin de rendre plus familière la logique de construction des mappes nous a permis de proposer une représentation cartographique des relations potentielles entre des pratiques individuelles. Il s’agit maintenant d’utiliser cette technique pour rendre compte de relations entre différents types d’objets sociaux (individus, institutions…) sur le thème des mobilisations, en particulier celles concernant l’accès à l’espace rural de proximité.
Mappes, espaces et mobilisations
30Les mappes ont pour objectif de représenter les espaces générés par des pratiques (mais aussi des discours12), ainsi que leurs éventuelles coïncidences. Ce qui peut permettre d’illustrer graphiquement le fait que deux individus peuvent partager des localisations de domicile très proches sans que leurs pratiques leur permettent de se rencontrer dans aucun lieu ou à l’inverse se trouver domiciliés dans des localisations relativement éloignées l’une de l’autre (cas de l’exemple des figures 3 et 4) mais pouvoir se croiser, sinon se rencontrer, dans au moins un même lieu. Ou, pour faire le lien avec le thème de la recherche collective qui a inspiré ce texte, ce qui peut permettre de montrer que ce qui peut être mobilisateur pour les uns ne le sera pas pour les autres.
31Afin d’illustrer le cas des mobilisations relatives à l’accès à l’espace rural de proximité, nous prenons ici un exemple pour un seul des types de lieux que la catégorisation de J.-P. Hubert nous a permis de distinguer, celui du parc de Villejean, dont la pratique est incluse dans (ou exclue de) l’espace des lieux de promenade recherchés par les habitants de ce quartier, mais qui constitue un des lieux de l’espace de référence des actions de la ville de Rennes dans le domaine des espaces verts. Parmi ces derniers lieux, il est possible de différencier les espaces verts de la commune et les chemins permettant d’accéder depuis Rennes à des itinéraires de promenade ou à des espaces ruraux situés en dehors de la commune. Un entretien avec un fonctionnaire du service des études urbaines de la ville, responsable de la gestion de ces liaisons d’accès, nous a permis de relever les chemins actuellement concernés : liaison – se limitant d’ailleurs à l’emprunt d’une route pour la partie située immédiatement au-delà de la rocade de Rennes – avec un des chemins figurant dans le Plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée (PDIPR), liaisons vers la forêt de Rennes et vers le bois de Sœuvres (haut-lieu d’une mobilisation rennaise pour la sauvegarde d’un espace boisé menacé par le tracé d’une ligne TGV dans les années 1990). Les mappes qui représentent ces espaces sont ici comparées à celle d’une habitante du quartier Villejean, représentative de ces nombreux habitants du quartier qui ne fréquentent pas le parc de Villejean.
32Le recueil de liaisons lieu-objet préalable à la construction de la mappe de l’habitante du quartier Villejean que nous avons prise comme exemple est contenu dans l’extrait d’entretien qui suit :
« Je ne connais pas trop la campagne [de proximité]. Je me suis arrêtée aux parcs. Pour la campagne, mes beaux-parents ont une maison à la campagne, alors on y va le week-end, près de la Vilaine, c’est plus tranquille […]. C’était marqué Parc de Villejean alors j’ai dit, on va aller voir. Mais on a cherché parce que déjà on ne savait pas que c’était de l’autre côté de la rocade, qu’il fallait passer sous un tunnel, on avait mal à la tête à cause des voitures […]. Nous, si on veut aller en plein air, on va aux Gayeulles » (une habitante du quartier).
33Chaque lien entre un lieu et une information contenu dans cet extrait d’entretien est figuré dans une mappe par une aire individualisée, l’ensemble de celles-ci étant incluses dans l’aire différenciée des espaces verts fréquentés par cette habitante de Villejean (figure 5). La mise en relation de cette mappe avec celle de la commune de Rennes et celle qui représente l’ensemble des lieux-objets pour lesquels la ville de Rennes se mobilise dans son action pour l’accès aux espaces verts ou ruraux situés au sein ou en dehors de la commune fait apparaître comme seule intersection le parc des Gayeulles13.
34Cette illustration de la pertinence de l’emploi de la technique des mappes pour figurer graphiquement la faiblesse de la mobilisation des acteurs intervenant dans le quartier Villejean, et plus particulièrement de ses habitants, pour l’accès à l’espace rural proche ne visait pas l’exhaustivité, mais peut prétendre à une certaine représentativité. En effet, si de nombreux habitants du quartier fréquentent le parc de Villejean (pour le « footing », par exemple), malgré la faiblesse de ses aménités, d’autres, plus nombreux encore, ignorent ses caractéristiques d’accès ou sont rebutés par son environnement, en particulier sonore ; d’autres enfin ne sont pas sensibles aux aménités des espaces verts ou de la campagne. Il s’avère donc que les différents acteurs que nous avons évoqués, qu’il s’agisse des individus habitants ou d’autres acteurs signalés dans le tableau 1, s’ils partagent la même « localisation » (le même quartier, Villejean), au sens que G. Nicolas attribue à ce terme, sont des objets géographiques dont les relations peuvent être relativement faibles ; pour employer le langage de J.-J. Gislain, ils n’ont pas nécessairement de « toposité significative commune14 » (Gislain, 2004, p. 209). Dans l’exemple qui a servi notre démonstration de la pertinence de l’usage de la technique cartographique des mappes, le résultat de la représentation graphique ne révèle pas une configuration d’espaces très surprenante, même si son rôle démystificateur de l’homogénéisation a priori de l’espace (Werlen, 1993, p. 7) nous semble devoir être souligné. Mais comme les précédents travaux de G. Nicolas l’ont montré et comme notre exemple espère le suggérer, l’intérêt analytique de cette technique peut être très précieux. Il reste maintenant à montrer que la conception de l’espace qui la sous-tend peut être maniée sans contradiction avec celles des deux autres auteurs qui ont inspiré cette réflexion sur le plan théorique.
CONCLUSION
35La faiblesse des mobilisations concernant l’accès récréatif des citadins de la périphérie urbaine rennaise à l’espace rural de proximité fournit une occasion d’interroger pleinement le degré d’homogénéité des espaces, voire des territoires, que les géographes peuvent objectiver par leurs recherches. Il aurait été en effet probablement moins convaincant de s’attarder, dans un contexte de forte mobilisation pour un espace ou un enjeu spatialisé, sur l’absence de mobilisation des uns face à la mobilisation des autres, même si le raisonnement pourrait rester identique.
36Les différences individuelles et groupales de représentations et de pratiques de l’espace révélées par les entretiens et les recherches documentaires (articles de presse, travaux de recherche précédents) ont conduit, initialement, à considérer que la capacité globale de mobilisation des habitants de Villejean, acteurs parmi d’autres dans cet espace, ne pouvait seule expliquer la faiblesse des mobilisations pour l’accès récréatif à l’espace rural proche, puis, plus tard dans le cours de la recherche, à une réinterrogation de l’usage de la notion d’espace par les géographes. C’est ce questionnement qui est au cœur de notre propos. Il reste maintenant à argumenter, toujours sans espoir d’exhaustivité, à propos de la compossibilité de l’emploi des trois conceptions différentes de cette notion auxquelles nous avons recouru, tout en rappelant qu’elles s’inscrivent plus largement dans des constructions théoriques également différentes.
37S’agissant des rapports entre la conception de l’espace de G. Nicolas et celle de J.-P. Hubert, remarquons que ce dernier adopte explicitement le concept de la logique tout-partie développé par G. Nicolas. La différence qui sépare les deux auteurs nous paraît résider, à la lumière de notre exemple, dans la posture analytique choisie. À la posture analytique limitée aux catégories du discours géographique de J.-P. Hubert, qui l’amène à distinguer quatre formes principales de l’espace, s’oppose le radicalisme analytique de G. Nicolas, pour qui seules les relations entre les lieux-objets permettent de définir des espaces, dont la quantité et les relations ne sont pas déterminables a priori. C’est ainsi, par exemple, que dans la logique défendue par G. Nicolas, l’analyse complète des relations entre l’Association Berry-Languedoc-Croix-Rouge et l’Association des résidants de Villejean devrait être un préalable à l’affirmation de l’existence d’un espace « quartier Villejean » les reliant. Il nous paraît cependant fructueux de combiner les deux approches, pour éviter la réification des espaces (un quartier Villejean qui serait le même pour tous les acteurs), tout en conservant la possibilité de qualifier les espaces d’un acteur en intersection avec ceux d’un autre acteur (comme un quartier Villejean qui comprend, pour certains de ses habitants, mais pas tous, des lieux de promenade).
38S’agissant des rapports entre les conceptions de l’espace de ces deux auteurs francophones et celle de B. Werlen, la principale différence d’approche réside à notre sens dans la conception autonomisée de la géographie que partagent J.-P. Hubert (voir supra la mention de la limitation des problématiques de la géographie assumée par cet auteur) et G. Nicolas15, qui contraste avec la position en faveur d’une « globalisation » (Berthelot, 1996, p. 116) de cette discipline affirmée de manière également radicale par B. Werlen16. Là aussi, la combinaison des approches nous paraît plus fructueuse que leur opposition. Les degrés de mobilisations pour des espaces-enjeux ou des enjeux spatialisés sont en partie liés à des pratiques et représentations différentes des espaces, qu’il faut se garder de négliger. On peut choisir, pour des raisons liées à la forme disciplinaire du « langage d’exposition » (Berthelot, 1996, p. 32) retenu, de focaliser la recherche sur ces aspects des dimensions spatiales des mobilisations, ou considérer, pour des raisons liées à la construction d’un programme d’analyse, que ces aspects ne sont qu’un élément parmi d’autres de questions sociales plus vastes (ainsi que l’envisage Thévenot, 2006, p. 25). Ils rejoindront alors les autres facteurs explicatifs des mobilisations (propension des acteurs à la contestation ou au conformisme…) avec lesquels ils sont d’ailleurs mêlés. En effet, comment les acteurs pourraient-ils se mobiliser autour d’un espace-enjeu ou d’un enjeu spatialisé s’ils ne pouvaient partager un tant soit peu les compréhensions réciproques de leurs espaces d’actions ? Ou comme notre exemple s’est attaché à le montrer, comment les acteurs mobilisés pourraient-ils comprendre les acteurs non mobilisés s’ils ne pouvaient comprendre, en particulier, que leurs pratiques et leurs représentations des espaces sont différentes des leurs ?
39D’où la nécessité d’une pratique raisonnée de la description géographique, donc appuyée sur un éclaircissement de ses concepts, comme celui d’espace, permettant le développement d’un pluralisme explicatif, et autorisant à revenir sur le terrain d’étude avec de nouveaux outils d’analyse.
Notes de bas de page
1 Le cadre pluridisciplinaire de cette recherche (Bonny & Ollitrault, 2010) a joué un rôle important dans l’inspiration de ce texte, comme en témoigne la première réflexion développée dans la communication dont il est issu, où le choix avait été fait d’illustrer de manière plus radicale le caractère problématique de l’emploi de la notion d’espace
2 Notons qu’à l’inverse, le prolongement prévu du barreau de Pont-Lagot vers la route de Lorient, au-delà de sa zone urbanisée, suite logique de ce projet, est aujourd’hui abandonné suite aux mobilisations de la ville de Rennes et de riverains des communes limitrophes concernées
3 « Ce n’est pas “l’espace” qui est l’objet central de l’analyse, mais “l’action” et “l’acte” »
4 « Un seul concept d’espace ne peut suffire pour toutes les catégories de faits »
5 « Nous avons besoin de grilles de référence adéquates pour chaque espace auquel sont reliées les actions Cette thèse s’appuie sur l’idée que les agents eux-mêmes utilisent différentes grilles de référence pour chaque espace auquel sont reliées les actions »
6 Précisons, à propos de l’emploi du terme espace par cet auteur (citation et figure 1), qu’à son sens « la polysémie du terme “espace” est inévitable en géographie car le mot désigne à la fois l’étendue vide contenant les entités géographiques et l’étendue organisée par des formes concrètes de toutes tailles produites par le relief ou l’occupation du sol » (Hubert, 2005, p 90)
7 L’emploi de certains néologismes par G Nicolas, s’il a le mérite de clarifier sa position théorique, a bien entendu l’inconvénient symétrique de rendre difficile la compréhension des significations visées par ces néologismes par des lecteurs peu familiers de ces travaux Afin de surmonter cette difficulté, le choix a été fait ici d’éviter au maximum l’introduction de ces néologismes, et lorsque leur mention s’avérait nécessaire pour éviter toute méprise d’interprétation de sa construction théorique, de faire figurer l’expression préconisée par l’auteur, lors de sa première mention dans notre texte, en italique
8 Cet emploi de la notion de milieu est une des formes de réification de la notion d’espace que critique B Werlen À titre d’exemple dans la géographie française, voir le caractère tardif, et relativement peu diffusé, de la réfutation du modèle des « coquilles de l’homme » importé comme tel en géographie, par les travaux d’A -F Hoyaux (2003)
9 Afin de simplifier la compréhension de notre texte, le terme « différentiation » sera écrit par nos soins sous la forme « différenciation »
10 B Werlen verrait ici une forme de réification de l’espace
11 Si l’ensemble des lieux représentés sur les figures cartographiques proposées par J Lévy ne sont pas localisables, il est bien entendu toujours possible de définir arbitrairement la localisation d’un seul de ces lieux, ici le lieu « L1 » choisi pour les besoins de la démonstration
12 La technique cartographique des mappes a été validée par G Nicolas en particulier à partir de discours de politique internationale (Nicolas, 1996)
13 Tout choix de réalisation cartographique laisse subsister une marge d’incertitude Ici par exemple, le parc de Villejean pourrait figurer dans une catégorie supplémentaire des lieux connus mais non pratiqués La technique des mappes étant considérée selon son inventeur comme « susceptible d’améliorations » (Nicolas, 2002, p 107), cette incertitude semble admissible L’auteur remercie par ailleurs G Nicolas de ses explications complémentaires et assume la responsabilité des erreurs de mise en œuvre de cette technique
14 S’il concerne plutôt la discussion relative à la pertinence de la notion de territoire que celle relative à la notion d’espace, le texte de J -J Gislain ici convoqué rappelle à notre sens la difficulté des géographes à restreindre la portée de la notion de milieu
15 G Nicolas distingue la géographie des branches des sciences sociales et humaines qui traitent « d’un espace qui n’est pas nécessairement terrestre (économie spatiale, psychologie de l’espace, sociologie spatiale etc) » (Nicolas, 2005, p 83) Sa conception de la géographie est suffisamment proche de ce fait, sur le plan des rapports entre disciplines, de celle de J -P Hubert pour qu’il ne soit pas ici nécessaire de pointer leurs divergences
16 Comme l’illustre ce commentaire des travaux de B Werlen : « It is a proposition to radically embed the research object of geography not on “space”, but on “society” in the spatial dimensions of agency » (Lussault & Stock, 2009, p 11) [« Il s’agit d’une proposition de ne radicalement plus ancrer l’objet de recherche de la géographie sur l’espace mais sur la société, dans les dimensions spatiales de l’action »]
Auteur
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