3 - Vers la vie active
p. 57-73
Texte intégral
Introduction
1Le chemin qui conduit les jeunes vers la vie active passe par deux cases fondamentales : la formation puis l’insertion professionnelle. Le XXe siècle, avec l’essor de l’éducation, de la formation professionnelle et l’harmonisation nationale des diplômes (Brucy, 1998), a imposé l’idée que la première précède la seconde. Même si les procédures de validation des acquis (VA – VAE) récemment mises en place (Neyrat, 2007) ont théoriquement mis fin à cette hiérarchie des calendriers d’insertion (on peut désormais commencer par une expérience professionnelle puis la transformer en certification ou en diplôme), l’accès à des qualifications et des compétences certifiées avant d’affronter le marché du travail reste la norme, notamment pour la jeunesse.
2L’entrée des jeunes de la communauté urbaine de Nantes dans la vie active ne se fait pas ex nihilo, mais dans un environnement marqué par une ville centre, historiquement caractérisée par un intérêt dominant pour les formations techniques et professionnelles (Suteau, 1999). Dotée depuis seulement une trentaine d’années d’une université, la capitale ligérienne propose désormais une panoplie complète de formations à sa jeunesse. Mais cette offre scolaire ne résume pas tout. Si elle peut avoir, notamment au niveau supérieur, une capacité d’attractivité pour le territoire, elle n’efface pas pleinement des rapports aux études et à l’avenir spatialement, socialement et sexuellement différenciés.
3Ce chapitre cherche à présenter un éventail des situations de formation et d’insertion. Il interroge tout d’abord la population étudiante, et plus particulièrement celle de l’université de Nantes qui, avec plus de 30 000 inscrits est une université pluridisciplinaire de grande taille ; mais aussi celle des brevets de technicien supérieur (BTS) ou des classes préparatoires, que l’inscription dans les lycées rend souvent « invisible » lorsque l’on évoque la vie estudiantine. Il s’intéresse ensuite à la jeunesse en insertion, et notamment aux sortants de lycée et de BTS, que l’on peut suivre lors de leurs premiers pas sur le marché du travail. L’une et l’autre de ces situations témoignent de territoires de recrutement ou d’espaces d’insertion fortement hétérogènes. La ville de Nantes se révèle comme le talon d’Achille de la communauté urbaine : ville universitaire et étudiante, elle concentre une proportion de sortants de lycée pas ou peu diplômés particulièrement forte, des taux d’accès à l’emploi moindre et corrélativement un chômage des jeunes en insertion plus accentué. Tel est le paradoxe d’un territoire où richesse et pauvreté se côtoient sans s’équilibrer.
4La plupart des données sur lesquelles s’appuient les réflexions de ce chapitre sont d’origine institutionnelle. La connaissance spatiale de la population lycéenne ou étudiante ne pose pas de problème majeur, mais certaines données, informant sur le milieu social par exemple, font cruellement défaut pour décrire la population des jeunes en formation. La mesure et la cartographie de l’insertion professionnelle sont plus délicates. Les outils à la disposition du chercheur, comme les enquêtes nationales Insertion dans la vie active (IVA) souffrent d’un déficit d’informations pour territorialiser et décrire finement les cheminements spatiaux de l’accès à l’emploi.
5À l’heure où les politiques publiques promeuvent la recherche d’une « introuvable relation emploi/formation » (Tanguy, 1986) et parient sur une politique de proximité qui lie formation et bassin d’emploi, l’incurie des outils de mesure territorialisés de l’insertion laisse perplexe ; surtout quand on sait combien le quartier ou la commune rurale peuvent enfermer les jeunes moins dotés scolairement et socialement (Beaud, Pialoux, 1999 ; Renahy, 2005) et quand le contexte général des cinquante dernières années n’a cessé de distendre le lien entre jeunesse et travail.
Les étudiants de l’université de Nantes : effectifs et origine géographique
6Après une décennie de stagnation (1970-1980, avec 16 173 étudiants en 1978), l’université de Nantes a connu une phase de croissance soutenue pour franchir en 1993 le seuil des 32 000 étudiants. Depuis cette date, les effectifs universitaires ont légèrement diminué, passant de 32 047 à 31 690 en 2003.
7Cette baisse du nombre d’étudiants n’est pas un phénomène uniforme que seule la démographie pourrait expliquer. Elle atteint très inégalement les cycles d’études ainsi que les différents groupes de disciplines. Entre 1996 et 2001, les étudiants inscrits en premier cycle à l’université de Nantes passent de 18 254 à 15 727 (– 14 %) tandis que le nombre d’étudiants de troisième cycle (Diplôme d’Études approfondies-DEA et Diplôme d’Études supérieures spécialisées-DESS) augmente, allant de 1 240 à 1 602 (+ 30,6 %).
8Cette évolution atteste une attraction, modeste en effectifs mais réelle au niveau du 3e cycle. Par famille de disciplines, l’évolution est très discriminante. Les domaines relevant de la santé, de la technologie et des activités sportives maintiennent, voire accroissent légèrement, leurs effectifs de premier cycle (avec sur une base 100 en 1996, des indices de 101 à 105 en 2001). Tous les autres champs disciplinaires perdent des effectifs entre ces deux dates : de l’ordre de 10 % en langues, de 15 à 20 % en lettres et sciences humaines, de 25 % en droit-sciences économiques et de près de 35 % en sciences et techniques. On ne peut se contenter de l’idée reçue qui privilégie la seule relation entre les études et le marché du travail (« les débouchés »). Les évolutions des effectifs s’expliquent d’abord par l’état de l’offre d’enseignement supérieur et aussi par l’intensité de la concurrence qui s’établit entre les différentes filières proposées et les établissements existants. À ces effets structurels, il conviendrait sans doute d’ajouter des effets politiques conjoncturels comme des dispositifs de type « emplois jeunes » qui ont pu détourner des jeunes de l’Université, notamment en lettres et sciences humaines.
9Les liens entre les disciplines universitaires et les origines géographiques sont de différente nature. Les uns tiennent à la carte universitaire des formations : le domaine de la santé et l’École Polytechnique (classée dans la rubrique « Technologie ») connaissent ainsi un large recrutement hors des Pays de la Loire (avec respectivement 19 % et 15,7 % des étudiants de premier cycle en provenance d’autres régions). On pourrait par ailleurs avancer l’idée qu’en plus des mécanismes de reproduction sociale, il existe, dans le recrutement, des liens de type culturel comme ceux qui attachent la santé, mais également le droit, à une culture urbaine. Ainsi, 25 % des étudiants en droit (premier cycle uniquement) et 21,2 % des étudiants en santé sont originaires de la ville de Nantes contre 17 % des littéraires.
10Une autre information remarquable tient au degré d’attraction des différentes disciplines à l’intérieur de l’aire régionale. Sous ce rapport, les lettres et sciences humaines ainsi que les langues se distinguent des sciences et techniques et du droit-sciences économiques par un poids équilibré entre la part d’étudiants venus du département de la Loire-Atlantique (hors Communauté) et des autres départements des Pays de la Loire. Les sciences et surtout le droit se caractérisent par un plus fort recrutement au sein du département de Loire-Atlantique : 26,2 % des étudiants de droit viennent de ce département (hors Communauté) contre 18,4 % des autres départements ligériens. Les langues recrutent un public géographiquement plus large : 24,5 % viennent de Loire-Atlantique contre 26,3 % des autres départements.
11Hors département de Loire-Atlantique, la provenance des étudiants de premier cycle en 2001-2002 (par département de résidence des parents) fait ressortir quatre profils de recrutement géographique suivant les disciplines :
- profil à dominante Vendée, en lettres, sciences humaines et pour l’ensemble droit-économie-gestion ;
- profil Grand Ouest, en technologie, avec une répartition assez équilibrée par département ;
- profil Côte Ouest, en santé, avec prédominance des trois départements littoraux : Vendée, Morbihan, Finistère ;
- profil de type choletais, en STAPS, sciences et techniques et langues.
Les étudiants en classes préparatoires
12Une des caractéristiques du système scolaire français est de conserver au sein des lycées une partie de la population étudiante : les bacheliers qui préparent un BTS (cf. pages suivantes) et ceux, scolarisés dans ce qu’il est commun d’appeler les classes « prépas », qui s’apprêtent à rejoindre les filières élitistes de l’enseignement supérieur (écoles d’ingénieurs, écoles normales supérieures, HEC, sciences politiques, etc.)
13Dix lycées de la communauté urbaine de Nantes, soit moins d’un sur cinq, accueillaient en 2001-2002 les 1 836 étudiants de « prépas ». Huit sont situés à Nantes et deux dans sa proche périphérie : Jeanne Bernard sur la commune de Saint-Herblain, à la frontière Ouest de Nantes, et La Joliverie sur la commune de Saint-Sébastien-sur-Loire, en limite Sud de Nantes. « L’élite scolaire » de la communauté urbaine est formée en son cœur, et celle de la région des Pays de la Loire s’y concentre aussi, puisque les « prépas » nantaises regroupent plus de la moitié (58,9 %) de l’effectif académique.
14Sur ces dix lycées, six relèvent du privé et quatre du public. Mais ce déséquilibre en faveur des établissements privés n’est qu’illusion : 66,5 % des étudiants de « prépas » sont scolarisés dans les quatre lycées publics, dont Clémenceau, qui, avec un effectif de 802 étudiants en 2001-2002, capte à lui seul 43,7 % de l’ensemble. C’est dix à vingt fois plus que les populations accueillies dans les établissements Jeanne-Bernard (35), La Perverie (41) ou encore Vial (80). Le mécanisme de concentration des « prépas » de lycée joue donc à plusieurs étages géographiques : au niveau régional, au sein de la communauté urbaine et dans un établissement de la ville de Nantes, ancien lycée d’État au XIXe siècle.
15Le public des « prépas » est caractérisé par une origine sociale favorable, cadres supérieurs, professions intermédiaires et enseignants notamment. Les bacheliers sont d’ailleurs peu nombreux à accéder à ces sections élitistes : en 1999-2000 en Pays de la Loire, seuls 4,1 % des étudiants sont inscrits en classes « prépas », contre 51,4 % à l’Université et 16,1 % en BTS.
16Du point de vue du sex ratio, un déséquilibre sensible subsiste : en 2001-2002, le taux de féminisation des classes « prépas » est de 42,8 %, ce qui, au regard du meilleur taux d’accès féminin au baccalauréat, représente un écrémage significatif, les filles étant, dans l’académie de Nantes, plus nombreuses à se présenter au baccalauréat (52,5 %) et à y réussir (88,5 % contre 82,6 % pour les garçons). Leur sous-représentation dans la série S (43 %) explique sans doute leur moindre présence en classes « prépas », lesquelles sélectionnent particulièrement dans cette série scientifique.
17Le recrutement géographique des étudiants de « prépas » est assez peu endogène : 43,2 % sont originaires de la communauté urbaine de Nantes. Comparativement aux classes inférieures des lycées ou aux sections de technicien supérieur, ce recrutement s’étend volontiers au-delà du bassin d’influence scolaire de la Communauté : vers les villes secondaires de Loire-Atlantique (Saint-Nazaire et le littoral, Châteaubriant), mais surtout vers celles des départements de la Vendée (La Roche-sur-Yon notamment) ou du Maine-et-Loire (Angers et Cholet principalement). De ce fait, 40,2 % des étudiants de « prépas » viennent d’un autre département que de La Loire-Atlantique. Par contre, effet des découpages administratifs (académies), cette influence demeure limitée pour les départements bretons du Morbihan et d’Ille-et-Vilaine.
Les étudiants en sections de technicien supérieur (BTS)
18En Pays de la Loire, un étudiant sur six (16,1 %) prépare un brevet dans les sections de technicien supérieur des lycées. Souvent oubliés dans les représentations communes de l’étudiant, les BTS, comme on les dénomme usuellement, préparent en deux ans des diplômes à forte dominante technologique et à vocation d’insertion immédiate sur le marché. De même que les élèves des classes « prépas », les étudiants de BTS demeurent dans les lycées pendant leur formation, ce qui atténue leur visibilité sociale en tant qu’étudiants. Mais c’est sans doute le seul point commun qu’ils partagent avec les « prépas » tant ils en sont la face inversée : recrutement plus populaire, baccalauréat professionnel ou technologique plus souvent que général, et destin social plus modeste d’ouvrier hautement qualifié, de technicien, de commercial ou de secrétaire.
Une suprématie du privé... et des filles
19En 2001-2002, les lycées de la communauté urbaine scolarisaient 4 087 étudiants de BTS (hors apprentissage), soit un gros tiers (36,6 %) des effectifs académiques. Mais alors qu’au niveau régional, l’enseignement public domine (60,2 % des effectifs), tout comme au niveau départemental (54,9 %), l’échelon de la Communauté affiche une tendance inverse : seuls 43,7 % des étudiants en BTS sont accueillis dans un établissement public.
20La bonne implantation du privé en BTS prend appui sur des établissements déjà réputés pour leurs formations techniques, ce qui est le cas de La Joliverie à Saint-Sébastien-sur-Loire par exemple, mais également sur des instituts parfois adossés à des chambres consulaires ou des branches professionnelles.
21La répartition homme/femme est une autre caractéristique qui confirme combien les BTS se différencient des classes « prépas ». Alors que ces dernières affichent un sex-ratio défavorable aux femmes, les BTS de la communauté urbaine accueillent 56,8 % d’étudiantes. A priori positive, cette situation d’ensemble masque cependant une forte segmentation entre les BTS du secteur secondaire, plutôt masculins, et ceux du tertiaire, plutôt féminins. À l’instar de l’enseignement professionnel et technologique, les sections de techniciens supérieurs épousent la division sexuelle du marché du travail qui domine encore largement aujourd’hui. De ce fait, la plupart des lycées ayant une ou plusieurs sections de BTS affichent des déséquilibres accentués que ne renieraient pas les sections de CAP ou de BEP des lycées professionnels. Ainsi, le taux de féminisation des BTS de l’IFOM, Talensac, Vial, Jeanne-Bernard ou encore du Sacré-Cœur, voisine avec les 90 % ou plus ; celui de Saint Jean-Baptiste de la Salle, de Livet, de François Arago, de Gaspard Monge ou encore de La Joliverie approche au mieux les 10 %.
Un rayonnement départemental
22Vingt-trois lycées de Nantes Métropole, soit la moitié environ, proposent des sections de technicien supérieur, mais avec des étiages très variables : entre La Baugerie et François Arago qui n’hébergent qu’une grosse vingtaine d’étudiants de BTS et Livet, La Joliverie, Nicolas Appert ou l’IMS Techniciens supérieurs qui en accueillent dix, voire quinze fois plus, une dizaine de lycées affichent des effectifs compris entre 100 et 200 étudiants. La répartition géographique des sections de techniciens supérieurs apparaît donc relativement équilibrée, mais conserve le trait dominant de la carte scolaire des lycées, à savoir une grande concentration sur Nantes et sa périphérie immédiate.
23Le recrutement des étudiants de BTS se fait essentiellement dans la communauté urbaine (43,8 %), le reste se réalisant surtout sur l’aire départementale : plus de sept étudiants en BTS sur dix (71,2 %) proviennent de Loire-Atlantique, avec une répartition assez homogène ; c’est douze points de plus que pour les étudiants de « prépas ». Les BTS de la Communauté rayonnent donc avant tout sur le département, même si, comme pour les lycées, ils tendent à élargir leur pouvoir d’attraction scolaire sur le Nord de la Vendée et le Sud-Ouest du Maine-et-Loire.
L’insertion professionnelle des jeunes sortant du lycée
24L’insertion professionnelle des jeunes est souvent présentée comme une priorité des politiques publiques et des enquêtes nationales sont régulièrement conduites pour en apprécier les conditions. Parmi elles, les enquêtes Insertion dans la vie active (IVA), menées par les services du ministère de l’Éducation nationale, via les établissements scolaires, sont les plus régulières : elles observent, chaque année, la situation socio-professionnelle des jeunes, neuf mois après leur sortie du lycée.
La faible territorialisation des enquêtes d’insertion
25Si ces enquêtes permettent, malgré des taux de non réponse souvent élevés, de mesurer les grandes variations nationales ou régionales de l’insertion des jeunes, elles peinent à décrire ce qui se passe localement. Ainsi l’enquête IVA ne saisit-elle pas avec précision l’adresse des jeunes en phase d’insertion, ni celle des éventuels employeurs qui les auraient embauchés. Seuls les codes postaux (de l’adresse du jeune ou de son employeur) sont disponibles dans les fichiers IVA. Cette situation ne permet pas toujours d’apprécier avec exactitude les mobilités ou immobilités géographiques que l’insertion des jeunes génère, ni de reconstituer des découpages administratifs - celui de la communauté urbaine de Nantes par exemple - avec l’exactitude souhaitée. En effet, les contours des zones postales répondent à la logique propre des bureaux distributeurs et n’épousent pas nécessairement ceux des communes. Si bien que les frontières de la Communauté sont assez incertaines dans les données des enquêtes IVA : certains bureaux distributeurs incluent plusieurs communes comme celui de Carquefou qui dessert sans distinction possible Carquefou, Mauves-sur-Loire et Thouaré ; d’autres incluent tout à la fois des communes « dans » et « hors » Communauté, comme celui de Pont-Saint-Martin qui englobe Saint-Aignan-de-Grandlieu, celui de Port-Saint-Père qui couvre Saint-Léger-les-Vignes, ou encore celui de La Chapelle-sur-Erdre qui contient Sucé-sur-Erdre. Cette non superposition des unités administratives - classique en France - montre combien l’agglomération urbaine n’est pas pensée comme une entité pertinente pour l’observation de l’insertion des jeunes.
26Nonobstant la limite des découpages administratifs et donc l’appréciation approximative des jeunes de la Communauté en insertion, nous avons considéré que la marge d’erreur territoriale restait suffisamment faible pour ne pas disqualifier totalement les informations de l’enquête IVA : celle-ci demeure une des rares sources qui offre la possibilité de comparer l’insertion des jeunes à plusieurs niveaux géographiques : ville de Nantes, communauté « postale », département de Loire-Atlantique et France entière.
Qui sont les jeunes enquêtés ?
27L’enquête IVA interroge les « sortants de lycée », c’est-à-dire ceux et celles qui ont quitté le lycée au cours de l’année précédente, quels que soient leur niveau scolaire et le moment de leur sortie. L’enquête du 1er février 2001 utilisée ici interroge les jeunes inscrits en lycée en 1999-2000 qui ont délaissé les bancs de l’école pendant cette période ou à l’issue de leur examen, sans s’inscrire dans un nouvel établissement : ce sont donc des jeunes qui partent du lycée pour affronter le marché du travail.
28Ils étaient 2 075 domiciliés en Loire-Atlantique à avoir répondu à l’enquête IVA en 2001. 666 préparaient en lycée un BTS ou un diplôme d’études comptables : ils seront étudiés à part dans les pages suivantes. Les 1 409 autres jeunes avaient au maximum un baccalauréat et parmi eux 682 demeuraient dans la communauté urbaine de Nantes et 286 dans la ville centre.
29Chaque année, une majorité de sortants du système scolaire (tous niveaux confondus) quitte les établissements avec un bagage au plus égal au bac. Ainsi en 2000, ils étaient en France 63,9 % à afficher ce profil. Ces chiffres étonnent toujours tant la politique dite des « 80 % au bac » laisse entendre que l’immense majorité des nouvelles générations font des études supérieures. Il n’en est rien, et l’horizon du bac demeure un palier que nombre de jeunes peinent encore aujourd’hui à atteindre, et plus encore à franchir. C’est le cas de ceux interrogés en Loire-Atlantique par l’enquête IVA 2001 : 3,4 % quittent le lycée sans avoir terminé leur année de CAP ou de BEP, 6,1 % en chemin vers le baccalauréat (seconde, première ou terminale), un tiers (33 %) le font à l’issue d’un cursus complet en niveau V (CAP ou BEP), quatre sur dix après une candidature (réussie ou non) au bac pro, et 17,5 % au bac technologique. Aucun ne se présente sur le marché du travail en Loire-Atlantique à l’issue d’un bac général, diplôme qui garantit donc le mieux l’accès aux études supérieures. À quelques nuances près, ces proportions sont identiques au sein de la communauté urbaine ou de la ville de Nantes, même si cette dernière se démarque par une plus grande fréquence de sorties en cours de cursus, avant l’examen.
Dernière classe fréquentée par les sortants de lycée en 1999-2000
en % | Loire-Atlantique | Nantes Métropole | Ville de Nantes |
CAP et BEP incomplet* | 3,4 | 3,8 | 5,3 |
CAP et BEP | 33,0 | 30,9 | 27,6 |
Bac incomplet** | 6,1 | 6,9 | 10,1 |
Bac professionnel | 40,0 | 39,9 | 36,0 |
Bac technologique | 17,5 | 18,5 | 21,0 |
Ensemble | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
30Les sortants de lycée sont relativement âgés : 19 ans et 8 mois en moyenne, soit un âge plus élevé que la norme en usage pour passer le baccalauréat. Tout indique que leur trajectoire scolaire a été plutôt difficile et heurtée, comme le montrent les âges moyens en fonction de la dernière classe fréquentée : 18 ans et 1 mois pour ceux qui quittent un CAP ou un BEP avant la fin du cursus, un an de plus en moyenne pour les sortants de niveau V, 19 ans et demi pour ceux en provenance de terminale technologique ou encore 20 ans et 5 mois pour ceux de terminale professionnelle. En la matière, le territoire ne joue pas : l’écart des âges moyens en Loire-Atlantique, dans la Communauté ou la ville de Nantes n’atteint pas un mois. Le sexe non plus : les filles sortent du lycée à peine plus tard que les garçons (respectivement 19 ans et 8 mois, et 19 ans et 7 mois).
31Les retards scolaires que l’âge élevé laisse pressentir ne signifient pas pour autant que les sortants de lycée se présentent démunis sur le marché du travail. La plupart ont obtenu un diplôme : plus d’un tiers détient le CAP ou le BEP, un autre tiers est titulaire du bac pro et un sur sept peut présenter comme parchemin le bac technologique. Seule une minorité (6,5 %) affronte le marché du travail sans diplôme et une proportion aussi petite (6,8 %) ne peut y faire valoir que des diplômes sans grande reconnaissance comme le brevet des collèges ou le certificat de formation générale (CFG). Ces deux derniers profils sont proportionnellement plus nombreux dans la communauté urbaine et surtout dans la ville de Nantes, où les sorties à un niveau inférieur ou égal au brevet des collèges représentent 18,8 %, soit près d’un lycéen sur cinq. La plupart des sortants de lycée candidats à l’insertion se présentent sur le marché du travail avec des formations, complètes ou incomplètes, dans les secteurs de la production industrielle (39,9 % essentiellement en mécanique et électricité) ou des services (59,5 %, communication, gestion et services aux personnes notamment). Les formations agricoles, relevant du ministère de l’Agriculture sont peu présentes, car n’entrant pas vraiment dans le champ des enquêtes IVA, menées par le ministère de l’Éducation nationale. Cette répartition entre grands domaines recouvre en partie celle des sexes : les garçons (50,3 %) sont à peine plus nombreux que les filles (49,7 %), mais se concentrent dans les secteurs du secondaire, alors que les filles proviennent des formations du tertiaire. Rien de nouveau donc à l’ombre de la division sexuelle du travail, ni d’ailleurs sur le plan des performances scolaires. Comme dans l’ensemble de la société, les résultats des lycéennes sortant des établissements sont meilleurs que ceux des lycéens : elles sont un peu plus souvent bachelières (4 points de pourcentage d’écart) et moins souvent peu ou pas diplômées (3 points d’écart pour les niveaux brevet du collège ou moins).
Le plus haut diplôme obtenu par les sortants de lycée en 1999-2000
en % | Loire-Atlantique | Nantes Métropole | Ville de Nantes |
Aucun | 6,5 | 6,9 | 7,3 |
Brevet et CFG* | 6,8 | 7,9 | 11,5 |
CAP et BEP | 35,1 | 33,4 | 32,6 |
Bac professionnel | 35,2 | 34,2 | 29,8 |
Bac technologique** | 15,2 | 15,7 | 16,4 |
Autres diplômes*** | 1,2 | 1,9 | 2,4 |
Ensemble | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
L’année 2001 : une moins bonne insertion des lycéens de la Communauté et de la ville de Nantes
32En 2001, l’insertion des jeunes sortant de lycée a été bonne. Le contexte économique d’alors, avec une sensible décrue du chômage et l’apparition de tensions pour le recrutement de la main-d’œuvre dans certains secteurs d’activité, explique ces bons résultats.
33Sept mois après leur sortie du lycée, 76,7 % des lycéens de Loire-Atlantique ont un emploi, soit cinq points de mieux qu’au niveau national. Si ce chiffre peut paraître satisfaisant, il cache néanmoins une grande diversité géographique, puisque Nantes Métropole (75 %) et surtout la ville de Nantes (69,2 %) affichent des résultats en retrait. L’appréciation de la proportion de chômeurs, même si elle doit être prise avec précaution du fait des effectifs faibles, atteste bien cette hiérarchie territoriale : on en recense 13,8 % en Loire-Atlantique, mais 14,4 % dans la communauté urbaine et 16,8 % à Nantes, soit pour cette dernière ville, un taux proche des niveaux nationaux (18,8 %). De façon générale, le ratio entre les jeunes qui accèdent à l’emploi et les autres (chômeurs, inactifs, stagiaires) n’est pas homogène et on trouve des territoires avec des proportions de sans emploi similaires ou supérieures à celle de Nantes, à Couëron, Blain, Pontchâteau, Herbignac ou encore Varades. À l’inverse, des zones postales comme Nort-sur-Erdre, Carquefou et La Chapelle-sur-Erdre, ou encore le Sud-Est du département aux confins des Mauges et du bocage vendéen - de Saint-Julien-de-Concelles à Legé-, affichent des taux d’accès à l’emploi des sortants de lycée nettement plus forts.
34Derrière l’accès à l’emploi se camouflent des situations variables : 21,3 % des jeunes sortant de lycée seulement sont en CDI, les autres bénéficiant de contrats plus précaires, contrat à durée déterminée (28,5 %), intérim (13,4 %) et emploi aidé (14 %). Cette répartition est inégale suivant les territoires, et à nouveau la communauté urbaine et la ville de Nantes se distinguent par de plus mauvais « scores ». Les emplois aidés (contrat de qualification essentiellement, contrat d’adaptation, emploi-jeune ou autres contrats subventionnés) y sont plus fréquents (respectivement 15,1 % et 18,5 %), mais là encore les variations en fonction du lieu de résidence des jeunes sont nombreuses : Nantes, Carquefou, Mauves-sur-Loire et Thouaré tirent l’ensemble communautaire vers l’emploi aidé, alors que les autres communes le ramènent vers l’emploi non subventionné. La même diversité s’observe au niveau départemental entre, par exemple, les zones postales de Nort-sur-Erdre, de Saint-Étienne-de-Montluc ou Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, où l’emploi aidé est fréquent, et celles de Châteaubriant ou de Saint-Nazaire, où il est nettement plus rare. Il en va de même de la répartition des CDI, moins fréquents à Nantes qu’à Saint-Herblain, Nort-sur-Erdre, ou encore Pontchâteau. Un peu logiquement, comme pour le chômage, la proportion de jeunes en « stage » suit un chemin inverse de l’emploi : 3,8 % en Loire-Atlantique, 4 % dans la Communauté et 5,9 % à Nantes. La ville de Nantes « tire » l’ensemble communautaire vers le bas, avec une proportion de jeunes peu ou pas diplômés plus forte, elle affiche des résultats à l’insertion moins bons.
35Il est vrai que le diplôme reste un atout pour l’insertion des jeunes. Sur ce point, les résultats de l’enquête IVA sont nets. Le taux d’accès à l’emploi non aidé varie de 50 % ou moins pour les sortants de lycée peu ou pas diplômés à plus de 60 % pour les titulaires d’un CAP ou d’un BEP et à plus de 65 % pour les bacheliers, la palme revenant aux bacs pro (77,6 %) loin devant les bacs technologiques (45,8 %). La distribution de la proportion de chômeurs par diplôme va dans le sens inverse : proche ou supérieure à 20 % pour les pas ou peu diplômés et avoisinant 10 % pour les bacheliers. Mais pour tous ces résultats, la différence territoriale demeure : si l’insertion des jeunes de la communauté urbaine de Nantes respecte la règle qui veut qu’un meilleur positionnement dans la hiérarchie des diplômes assure une meilleure insertion, les résultats nantais sont en retrait par rapport à l’ensemble du département. La ville de Nantes affiche là encore ses particularités : près de 30 % des sortants non diplômés sont au chômage et seulement 19,1 % ont un emploi non aidé ; un sortant de lycée titulaire du seul brevet des collèges ou du CFG sur quatre recherche un emploi et à peine plus d’un tiers a un emploi non aidé. Même si les effectifs atteignent ici des positions « limites » pour l’analyse statistique, la concordance des résultats confirme la moindre performance de la ville de Nantes en matière d’insertion de ses lycéens.
Proportion de chômeurs parmi les sortants de lycée en fonction du niveau de formation atteint, année scolaire 1999-2000
en % | Loire-Atlantique | Nantes Métropole | Ville de Nantes |
Aucun diplôme | 19,8 | 23,4 | 28,6 |
Brevet ou CFG* | 22,9 | 25,9 | 24,2 |
CAP ou BEP** | 15,2 | 14,5 | 15,1 |
Baccalauréat*** | 10,9 | 11,3 | 14,4 |
Ensemble | 13,8 | 14,4 | 16,8 |
Insertion comparée des filles et des garçons sortant de lycée année scolaire 1999-2000
en % F : Filles | Loire-Atlantique | Nantes Métropole | Ville de Nantes | |||
F | G | F | G | F | G | |
Proportion au chômage | 17,9 | 9,7 | 17,5 | 10,8 | 20,3 | 12,5 |
Taux d'accès à l'emploi non aidé | 56,7 | 69,6 | 54,9 | 66,6 | 45,6 | 58,6 |
Taux d'accès à l'emploi aidé | 14,7 | 13,3 | 16,2 | 13,9 | 18,4 | 18,8 |
Sans activité* | 6,1 | 4,4 | 7,2 | 5,0 | 9,5 | 4,7 |
En stage de formation | 4,6 | 3,0 | 4,2 | 3,7 | 6,2 | 5,4 |
36Autre régularité des enquêtes d’insertion qui se vérifie localement : les discriminations de sexe. Les filles sont deux fois plus souvent au chômage que les garçons (respectivement, 17,9 % et 9,7 %) et moins nombreuses à accéder à l’emploi non aidé (56,7 % contre 69,6 %). Là encore Nantes accentue le trait avec 20,3 % de sortantes de lycée au chômage et seulement 45,6 % en emploi non aidé.
Emploi et mobilité géographique
37Les adresses des employeurs ne sont pas toujours renseignées dans l’enquête IVA 2001. Sur les 1 081 sortants de lycée de Loire-Atlantique qui déclarent avoir un emploi (aidé ou non), 230 ne donnent aucune information sur la localisation de l’entreprise qui les a embauchés. Réminiscence classique d’une méfiance à l’égard des enquêtes administratives, ce taux de non-réponse (21,3 %) est variable suivant le type d’emploi : 16 % pour les CDI, 17,8 % pour les emplois aidés et 31,8 % pour l’intérim. Si l’on raisonne hors non-réponse, on peut approcher le taux d’accès à l’emploi endogène des sortants de lycée. Il est calculé en rapportant le nombre de jeunes qui habitent tel ou tel territoire et qui y ont un emploi à celui des jeunes de ce même territoire qui travaillent quelle que soit la localisation de cet emploi. Ce taux donne une idée de la capacité d’un territoire à absorber la main-d’œuvre demeurant localement, bref la capacité à vivre et travailler au « pays ». Ainsi les sortants de lycée habitant Nantes sont 153 à accéder à l’emploi ; 79 d’entre eux l’ont trouvé à Nantes. Le taux d’accès à l’emploi endogène est ici de 51,6 %. Pour l’ensemble de la Communauté, il est de 82,7 % et pour la Loire-Atlantique de 91,3 %. Bien sûr la taille du territoire joue ici en défaveur de la ville centre, mais pas seulement : en même temps qu’elle n’employait « que » 79 des sortants de lycée y habitant, Nantes accueillait en emploi 143 jeunes résidant hors ses murs, soit un niveau de recrutement extérieur (par rapport aux 222 emplois occupés à Nantes par les sortants de lycée) de 64,4 %. La Communauté est loin derrière : 23,8 %
Taux d’accès à l’emploi non aidé des sortants de lycée suivant le niveau de formation atteint, année scolaire 1999-2000
en % | Loire-Atlantique | Nantes Métropole | Ville de Nantes |
Aucun diplôme | 52,8 | 46,8 | 19,1 |
Brevet ou CFG* | 45,8 | 37,1 | 36,4 |
CAP ou BEP** | 61,8 | 61,3 | 56,9 |
Baccalauréat*** | 67,7 | 65,2 | 56,1 |
Ensemble | 63,2 | 60,3 | 51,3 |
38Ces résultats montrent combien la structure des emplois offerts aux sortants de lycée sur le territoire de Nantes est en décalage avec le profil des sortants de lycée habitant Nantes, dont on a vu qu’ils étaient plus souvent peu ou pas diplômés. Ce n’est donc pas le manque d’emploi sur place qui caractérise les difficultés d’insertion des jeunes Nantais sortant du lycée avec au plus un baccalauréat, mais bien le décalage entre leur profil et les emplois offerts : décalage en termes de formation sans doute, mais peut-être aussi effets de stigmatisation liés à tel ou tel quartier. L’enquête IVA 2001 est trop imprécise pour interpréter plus en détail ce constat, mais le fait demeure : à Nantes, l’emploi est sur place, mais ceux qui localement voudraient y prétendre n’en bénéficient guère.
L’insertion professionnelle des jeunes de BTS
39Si l’insertion professionnelle des lycéens est relativement bien connue, celle des étudiants l’est moins. Seuls ceux de BTS, parce qu’ils sont scolarisés dans les lycées, sont interrogés tous les ans au sortir de leur formation. C’est à nouveau l’enquête Insertion dans la vie active (IVA), dont la description et les limites ont déjà été présentées, qui permet d’avoir une vision de leur devenir professionnel.
40Les sortants de BTS demeurant en Loire-Atlantique, interrogés neuf mois après la fin « théorique » de leur BTS, sont 666 à avoir répondu à l’enquête IVA en 2001. 265 habitaient dans l’espace communautaire dont 184 à Nantes. Ces effectifs sont trop faibles pour autoriser une analyse de détail, mais ils offrent la possibilité d’étudier en quoi l’insertion des sortants de BTS de la communauté urbaine de Nantes diffère, ou non, de ceux de l’ensemble départemental. Les anciens étudiants de BTS se présentent en position de force sur le marché du travail. Outre que leur formation est reconnue comme « professionnalisante », ils sont près de huit sur dix (79,6 %) à afficher sur leur CV, le diplôme de technicien supérieur, voire, pour une petite minorité (2,1 %), un autre diplôme de niveau II.
Comparaison des types d’emploi des sortants de lycée et de BTS année scolaire 1999-2000
en % | Sortants de BTS | Sortants de lycée |
Emploi aidé | 6,1 | 14,0 |
Emploi CDI | 30,3 | 21,3 |
Emploi CDD | 31,1 | 28,0 |
Intérim | 15,8 | 13,4 |
Sans emploi | 16,7 | 23,3 |
Ensemble | 100,0 | 100,0 |
41Les autres ont toujours le « matelas » du baccalauréat à mettre en avant, tant sont rares les inscriptions dérogatoires de non-bacheliers en BTS. Ceux qui n’ont pas réussi à l’examen ou qui ont abandonné avant sont plutôt des bacheliers technologiques (12,7 %).
42L’entrée des BTS sur le marché du travail confirme une fois encore l’efficacité des diplômes en matière d’insertion des jeunes : 83,3 % ont un emploi, soit six points de plus que les sortants de lycée étudiés précédemment. Corrélativement, les proportions de chômeurs (9,6 %), de stagiaires (2 %) et d’inactifs (1,6 %) sont moindres que pour les lycéens de niveau inférieur ou égal au bac. L’opposition entre les BTS résidant dans la Communauté et ceux de la Loire-Atlantique est peu significative en matière d’accès à l’emploi, même si, comme pour les lycéens, on observe des variations communales. Seule ombre au tableau de cette insertion réussie : le taux d’accès à l’emploi est, en Loire-Atlantique comme dans la communauté urbaine, légèrement inférieur au taux national (84,2 %) ; c’était l’inverse pour les sortants de lycée.
Un accès plus fréquent au CDI, surtout pour les garçons
43D’une manière générale, l’insertion des BTS paraît plus « solide » que celle des sortants de lycée. Ainsi, le recours à l’emploi aidé est plus rare chez les BTS que chez les lycéens et les CDI sont nettement plus fréquents (respectivement 30,3 % et 21,3 %). Pour autant, les BTS n’échappent pas, à l’instar des sortants de lycée, à la précarisation des statuts d’emploi, comme en témoigne le poids des CDD et de l’intérim dans leurs trajectoires d’insertion.
44La valeur d’insertion du BTS sur le marché du travail génère un « atypisme » qu’il convient de signaler : en 2001, parmi les sortants de BTS, les filles accèdent plus souvent à l’emploi (85,7 %) que les garçons (79,4 %). La différence demeure faible, mais sa rareté mérite d’être relevée, d’autant plus que les filles sont plus nombreuses à sortir de BTS (62,8 %) que les garçons (37,2 %). Ce sont surtout les BTS d’échange et gestion et de communication et information - respectivement féminisés à 68,9 % et 88,8 % - qui tirent l’insertion des filles vers l’emploi, avec des taux supérieurs à la moyenne (87,6 % et 89,4 %). Néanmoins ce constat est contrebalancé par les types d’emploi masculins et féminins : le CDI est beaucoup plus rare chez les filles (26,3 % contre 37,1 % pour les garçons), le CDD plus fréquent (respectivement 38,8 % et 18,1 %) et la part du chômage supérieure (11,2 % et 6,9 %). Dit autrement, si le taux global d’accès à l’emploi des sortants de BTS donne l’impression d’inverser l’ordre séculaire de la meilleure insertion masculine, le détail des statuts d’emploi fait vite retomber les illusions : la contingence du travail demeure un trait de l’emploi féminin, y compris au niveau BTS.
Comparaison de l’insertion professionnelle des sortants de lycée et de BTS année scolaire 1999-2000
en % | Sortants de BTS | Sortants de lycée |
En emploi | 83,3 | 76,7 |
Service national | 3,5 | 0,4 |
Stage de formation | 2,0 | 3,8 |
Au chômage | 9,6 | 13,8 |
Sans activité | 1,6 | 5,3 |
Ensemble | 100,0 | 100,0 |
Le BTS indifférent au territoire ?
45La répartition par zones postales du devenir des sortants de BTS semble indiquer une relative imperméabilité à l’effet territoire : il n’est pas facile d’y discerner des oppositions franches, et la ville de Nantes - en retrait à propos de l’insertion des lycéens - ne semble pas y montrer des contours particuliers. D’ailleurs, sur tous les indicateurs d’insertion (taux d’accès à l’emploi, CDI, emploi aidé, chômage, etc.), la situation des étudiants de BTS résidant dans l’espace communautaire diffère peu de celle des Nantais ou de ceux du département : les taux d’accès à l’emploi se tiennent dans un mouchoir de poche. Certes le CDI est plus rare pour ceux résidant dans la Communauté et surtout à Nantes, mais l’intérim est plus fréquent. Effet d’offre, plus que déficit d’insertion sans doute, car Nantes Métropole et sa ville centre affichent des proportions de chômeurs moindres. D’ailleurs, la part des sortants de BTS de la Communauté qui trouvent un emploi en son sein (75,3 %) est plus forte que celle des lycéens résidant hors Communauté travaillant sur leur territoire d’origine (69,5 %). Ainsi, la communauté urbaine de Nantes offre plus de travail à ses sortants de BTS que le reste du département n’en propose aux siens.
46Cette attractivité de l’espace communautaire sur les diplômes de niveau supérieur au baccalauréat, à laquelle la ville de Nantes contribue largement, confirme a contrario les constats faits à propos des sortants de niveau inférieur au bac qui, eux, peinent à trouver leur place sur le marché du travail nantais. Le niveau fait barrière, à Nantes plus qu’ailleurs.
Comparaison de l’insertion des sortants de BTS suivant leur résidence année scolaire 1999-2000
en % | Loire-Atlantique | Nantes Métropole | Ville de Nantes |
Emploi aidé | 6,1 | 5,8 | 7,1 |
Emploi CDI | 30,3 | 28,8 | 25,5 |
Emploi CDD | 31,1 | 32,1 | 29,9 |
Intérim | 15,8 | 16,4 | 20,7 |
En emploi | 83,3 | 83,1 | 83,2 |
Service national | 3,5 | 3,8 | 3,3 |
Stage de formation | 2,0 | 2,5 | 3,3 |
Au chômage | 9,6 | 8,8 | 7,6 |
Sans activité | 1,6 | 1,8 | 2,6 |
Ensemble | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
Travail et jeunesse : un lien qui se distend
47Le chemin qui conduit les jeunes de la communauté urbaine de Nantes vers la vie active vise, par la formation et l’insertion, à leur favoriser l’accès au travail. Or depuis un siècle, en France comme dans la plupart des pays occidentaux, le lien entre travail et jeunesse n’a cessé de se distendre : entre 1896 et 1996, le taux d’activité des 15-24 ans est passé de 95,6 % à 33,8 % côté masculin et de 60 % à 27,5 % sur le versant féminin. La chute est particulièrement marquée depuis 1954, année où l’on enregistrait encore 76,6 % de jeunes garçons et 50,6 % de jeunes filles en activité.
48Deux facteurs ont largement contribué à la distanciation entre activité professionnelle et jeunesse. Le premier est l’allongement continu de la scolarisation. Le second est lié aux difficultés d’accès des jeunes au marché du travail, du fait du chômage et des formes précaires d’emploi et de statut qui ont largement contribué à la déstabilisation du modèle juvénile d’accès au salariat établi dans les années cinquante à soixante-dix. De ces deux facteurs, le premier prime. La définition sociale de la jeunesse se construit aujourd’hui autour de l’image centrale du jeune lycéen (ou du jeune étudiant), statut « allant de soi » lorsqu’on parle de la jeunesse. Ces dernières années ont même poussé la logique jusqu’à laisser accroire qu’il n’existe plus en France que deux catégories de jeunesse : jeunesse étudiante et jeunesse délinquante.
Baisse du taux d’activité des jeunes
49Le mouvement de baisse du taux d’activité juvénile est net ; il s’observe en Pays de la Loire, comme en Loire-Atlantique. Ce déclin est néanmoins différencié. Les plus jeunes, les 15-19 ans, sont les premiers et les plus concernés. Alors que leur taux d’activité avoisinait les 50 % au recensement de 1962, il affiche au recensement de 1999 un niveau proche de 10 %. L’orientation massive des nouvelles générations vers le collège, décidée lors de la réforme Berthoin de 1959 et réaffirmée en 1963 - réforme Fouchet qui posait déjà le principe du collège unique-, traduit ici ses effets. Tandis que l’âge légal de fin de scolarisation, 16 ans, reste inchangé depuis 1959, le taux de scolarisation à 18 ans est aujourd’hui proche de 90 %. Les 20-24 ans, âges intermédiaires, connaissent un cheminement différent. Ils maintiennent, voire améliorent, un taux d’activité relativement élevé jusque dans les années quatre-vingt, où ils entament à leur tour un repli vers l’inactivité. La réforme Chevènement de 1985, qui décide conjointement de la création du baccalauréat professionnel et de la volonté de conduire 80 % de chaque classe d’âge au niveau du bac, en est la principale raison : elle maintient à l’école des jeunes qui, dans l’état antérieur du système scolaire, l’auraient quittée. Les 25-29 ans, par contre, semblent moins concernés par l’allongement des scolarités : ils atteignent et se stabilisent à un haut niveau d’activité, voisin de 90 %. C’est seulement à cet âge que se construit l’intensité du lien entre jeunesse et travail.
50Bien évidemment, ce constat général mériterait d’être nuancé. On sait par exemple qu’à âge égal, le taux d’activité masculin est toujours supérieur à celui des jeunes femmes. De même, il conviendrait de prendre en compte les transformations des années soixante, qui ont vu les jeunes femmes se maintenir plus souvent et plus durablement sur le marché du travail à l’occasion du mariage ou d’une première naissance. Enfin, les catégories statistiques ne sont pas restées homogènes entre 1962 et 1999 : depuis 1990 les jeunes appelés du contingent sont assimilés, par l’INSEE, à des actifs, ce qui joue favorablement sur le taux d’activité juvénile. Nonobstant, la tendance reste ferme : le travail et l’emploi se concentrent à la fin des calendriers juvéniles, pour les jeunes les plus « vieux ».
51Les données relatives à la Communauté ne permettent pas d’étudier le taux d’activité des jeunes sur la longue durée : seules celles des recensements sont opérationnelles. Elles montrent que Nantes Métropole s’inscrit dans le mouvement général : le taux d’activité des jeunes de 15-19 ans est en 1999 de 6,6 %, en retrait de plus de trois points par rapport à 1990 ; celui des 20-24 ans perd plus de 16 points entre les deux recensements, passant de 55,3 % à 38,6 % ; mais celui des 25-29 ans n’affiche qu’un léger repli ; cette classe d’âge se situe de toute manière à des niveaux (plus de 85 % d’actifs) sans commune mesure avec les tranches d’âge inférieures.
Une inégale répartition des jeunes actifs
52Néanmoins la situation n’est pas strictement homogène sur le territoire de la Communauté. En 1999, le taux d’activité des 15-19 ans varie du simple au quadruple passant de 3,4 % à La Chapelle-sur-Erdre à 13,8 % au Pellerin. Les communes où l’activité des plus jeunes est la plus forte se situent plutôt au sud-ouest avec, outre Le Pellerin, Indre, Brains, La Montagne et Couëron ; ce qui correspond à des communes marquées par une forte culture ouvrière. À l’opposé, les taux faibles d’activité des 15-19 ans se recensent plus volontiers dans les communes caractérisées par un habitat de classes intermédiaires ou supérieures comme La Chapelle-sur-Erdre ou Sautron (moins de 4 %). La situation de la ville de Nantes, proche de la moyenne communautaire, camoufle sans nul doute des variations fortes entre ses quartiers populaires et bourgeois. En effet, le rapport à la scolarisation et au travail juvénile se construit encore aujourd’hui en articulation avec les origines sociales des parents.
53Le taux d’activité à 20-24 ans le confirme : on retrouve parmi les taux supérieurs à 60 % les communes du Pellerin, de La Montagne, de Brains et d’Indre déjà repérées pour la plus forte activité des 15-19 ans. S’y ajoutent des communes aux caractéristiques sociales proches comme Saint-Jean-de-Boiseau ou Saint-Léger-les-Vignes déjà signalées comme étant des communes plutôt populaires. Les plus faibles taux d’activité des 20-24 ans s’observent à Carquefou (32,7 %), Sautron, Basse-Goulaine et la Chapelle-sur-Erdre, autant de communes caractérisées par la présence de quartiers bourgeois. Dans cette catégorie, se trouve également Nantes (32,8 %) qui héberge, il est vrai, beaucoup d’étudiants mais également bien des familles aisées favorables à une scolarisation prolongée de leurs enfants. C’est à cet âge, 20-24 ans, que les variations territoriales sont les plus fortes. L’amplitude entre les communes extrêmes (plus fort et plus faible taux d’activité) est de 33,5 points ; elle n’est que de 10,4 % pour les 15-19 ans et de 12,7 % pour les 25-29 ans. C’est donc bien à cet âge intermédiaire de la jeunesse que les différenciations territoriales sont les plus sensibles, alors que la non-activité des plus jeunes et l’activité des plus âgés s’harmonisent davantage pour l’ensemble de la Communauté. C’est l’âge des études post-baccalauréat, celles qui permettent d’échapper à un destin d’ouvrier ou d’employé, qui laissent espérer l’accès à un emploi de technicien, de cadre intermédiaire ou supérieur, ou, pour les familles aisées, celles qui garantissent la reproduction des positions parentales et préservent du risque de déclassement. L’enjeu scolaire pour cette tranche d’âge est donc loin d’être négligeable. Les variations intercensitaires observées dans la communauté urbaine de Nantes entre 1990 et 1999 confirment l’importance de cet âge intermédiaire - et des âges qui précèdent - dans la (dé) construction de la relation entre jeunesse et travail. En effet, la décroissance du taux d’activité des 20-24 ans est, en neuf années, de 30,2 % ; elle est de 35,3 % pour les 15-19 ans ; elle dépasse à peine 2 % pour les 25-29 ans.
Une moindre proportion de jeunes dans la population active
54La concentration de l’activité à la fin des calendriers juvéniles se traduit par un moindre poids des jeunes dans la population active. Ainsi en Loire-Atlantique, la proportion des 15-19 ans dans la population active est passée de 8,5 % en 1962 à 1,3 % en 1999. Celle des âges intermédiaires (20-24 ans) s’est maintenue sur la longue durée (8,9 % en 1962 et 10 % en 1999), mais cette part ne cesse de perdre du terrain depuis le début des années quatre-vingt, où elle atteignait 13,4 %. Pour l’ensemble, celle des 15-29 ans dans la population active régresse fortement : elle était de 34,9 % au recensement de 1975, son apogée, et n’est plus que de 24,8 % en 1999. Certes, les générations nombreuses nées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale sont toujours sur le marché du travail et tirent donc la structure par âge de la population active vers le haut, mais le fait demeure : éloignés du travail par la scolarisation prolongée, les jeunes sont de moins en moins présents dans l’ensemble des actifs.
55La communauté urbaine de Nantes n’y échappe pas : les 15-29 ans représentent au recensement de 1999, 23,8 % des actifs, soit un ordre de grandeur proche de ceux de la Loire-Atlantique (24,8 %) ou des Pays de la Loire (23,7 %). Mais là encore, l’homogénéité communautaire est mise à mal. Suivant les communes, cette part peut varier du simple au double : à Sautron, elle n’est que de 12 %, contre 29,1 % à Nantes, qui avec Indre (24,2 %), sont des villes de « jeunes travailleurs ». Si l’on se concentre sur les 15-24 ans, c’est-à-dire sur les âges où la concurrence de la scolarisation est, on l’a vu, la plus vive, on retrouve le découpage territorial relevé plus haut entre les espaces plus populaires : Le Pellerin (10,5 %), La Montagne (9,5 %), Indre (9,5 %), caractérisés par une activité juvénile plus précoce, et des territoires plus bourgeois : Basse-Goulaine (5 %), Sautron (5,6 %) et La Chapelle-sur-Erdre (6,2 %). Nantes tend à rejoindre le premier profil, mais là encore, il convient de nuancer suivant les quartiers.
Activité et chômage des jeunes
56Être actif ne signifie pas avoir du travail. Les catégories statistiques sont ainsi faites que la population active regroupe les personnes ayant un emploi et celles qui en recherchent un, à l’exception des chômeurs n’ayant jamais travaillé.
57Dans le cas des jeunes, cette nuance catégorielle n’est pas négligeable, dès lors que les conditions d’accès au marché du travail se sont détériorées pour eux au cours des vingt dernières années. Ceci a été illustré précédemment à propos de l’insertion des anciens lycéens et BTS : intérim, CDD, emplois aidés et chômage réunis sont plus fréquents que les contrats en CDI qui dominaient dans les années soixante, d’où la multiplication des périodes chômées pendant les années d’insertion. La diminution des taux d’activité juvénile et de la part des jeunes dans la population active du fait de l’allongement des scolarités n’est donc pas le seul facteur qui concourt à distendre le lien entre jeunesse et travail. Le chômage y contribue aussi.
58Or pour les jeunes de la communauté urbaine de Nantes, le chômage est de plus en plus souvent au rendez-vous. Le taux de chômage (au sens du recensement de la population) est passé entre 1990 et 1999 de 19,6 % à 26,3 % pour les 15-19 ans, de 20,8 % à 26,4 % pour les 20-24 ans et de 14,1 % à 19,1 % pour les 25-29 ans. Pour les plus jeunes, alors que la situation s’est améliorée à Mauves-sur-Loire, au Pellerin, à Sainte-Luce-sur-Loire et Thouaré-sur-Loire, elle s’est particulièrement dégradée à Indre, Nantes (dans certains quartiers notamment) et à Saint-Herblain. On observe ainsi comme une concentration du chômage des 15-19 ans à Nantes et dans sa périphérie immédiate.
59Pour les âges intermédiaires, la dominante est à la dégradation générale : très peu de communes ont vu le taux de chômage des 20-24 ans baisser. Bien sûr, dès que l’on quitte les entités communales pour regarder l’évolution par IRIS, la réalité se complexifie : la concentration du chômage des plus jeunes sur certains quartiers de Nantes et de sa périphérie immédiate se confirme, mais pour les 20 ans et plus, apparaissent des quartiers aux frontières de la Communauté qui tirent mieux que d’autres, leur épingle du jeu : Carquefou et les zones nord de La Chapelle-sur-Erdre et d’Orvault sont dans ce cas, tout comme Les Sorinières au sud ou Basse-Goulaine à l’est.
60Ce chômage qui frappe la jeunesse et contribue à son tour à l’éloigner du travail n’est pas n’importe quel chômage : il touche plus souvent les jeunes femmes et les non ou peu diplômés. Ainsi en 1999, en Pays de la Loire, 1/3 des chômeurs de 20-24 ans n’a au mieux que le brevet des collèges. Le peu de résistance au chômage des jeunes peu ou pas diplômés dans l’espace communautaire et notamment à Nantes est particulièrement marqué ; l’occasion de rappeler combien diplôme et insertion sont liés pour conduire les jeunes vers la vie active et combien, contre les apparences d’une jeunesse qu’on veut désormais bachelière, le combat pour la formation et la qualification professionnelles des jeunes n’est jamais gagné une fois pour toutes.
Conclusion
61Accéder à la vie active suppose de se former et de s’insérer. Pour ce faire, Nantes Métropole offre aux jeunes, d’une part, des établissements d’enseignement supérieur et, d’autre part, une concentration d’entreprises supposées leur proposer un emploi à l’issue de leur formation.
62Née tardivement, l’université de Nantes accueille aujourd’hui 30 000 étudiants. On a déjà noté combien cette présence structure l’espace urbain, par exemple en termes de logement autour de l’axe qui va du centre-ville aux campus universitaires. Cette offre de formation supérieure ne recrute pas dans les mêmes bassins. Suivant les filières, les étudiants proviennent plutôt de l’agglomération nantaise, de la Loire-Atlantique ou des départements limitrophes. Chez les étudiants accueillis en lycée, cette différenciation est nette : les classes « prépas » proviennent de l’ensemble des Pays de la Loire et se concentrent pour moitié dans un seul établissement ; les BTS, recrutés plus localement, se distribuent de façon plus étale dans les lycées de la Communauté. Néanmoins dans tous les cas, c’est la ville centre et secondairement deux à trois communes qui bénéficient prioritairement de la présence des étudiants.
63Mais la vie étudiante n’a qu’un temps. Il faut bien un jour affronter le marché du travail pour atteindre un sésame, l’emploi, devenu un bien de plus en plus rare et d’accès difficile. L’analyse de la situation des sortants de lycée et de BTS le rappelle avec force : même si le diplôme demeure une protection contre le chômage, il ne garantit plus aujourd’hui une insertion facile. La situation des jeunes femmes et des jeunes peu ou pas diplômés, tout comme la forte proportion des emplois en contrat à durée déterminée ou en intérim dans les trajectoires d’insertion, en attestent bien. S’ajoutent néanmoins à ces constats, que l’on peut faire aussi pour l’ensemble de la France, des caractéristiques liées au territoire spécifiquement observé. Ainsi la situation de Nantes retient l’attention. Ville universitaire qui concentre la quasi-totalité des formations du supérieur du département, elle peine à offrir des emplois aux jeunes vivant sur son territoire, et particulièrement à ceux qui sont peu ou pas diplômés, plus nombreux ici qu’ailleurs. Ce décalage entre la structure des emplois et le profil des jeunes à la recherche d’un travail renvoie à l’importance des emplois qualifiés dans l’économie locale et, parallèlement, à une présence forte de populations souvent peu qualifiées logées dans un habitat social bien représenté dans la ville centre.
64Ce constat, associé à la différenciation des taux d’activité juvénile suivant les caractéristiques sociales des communes de la Communauté, rappelle que l’insertion des jeunes n’est pas qu’un équilibre à trouver entre offre d’emploi et formation. Elle se construit aussi dans un rapport à l’école et au travail qui est toujours aussi peu neutre socialement.
Notes de fin
* Adresse parentale déclarée
* Première année de CAP ou de BEP ou seconde année avant l’examen.
** Seconde ou première, année terminale avant l’examen.
* CFG : certificat de formation générale
** y compris mention complémentaire au CAP ou au BEP
*** Bac général, BTS notamment. Il s’agit de jeunes qui ont repris après ce type de formation des études en bac pro ou en mention complémentaire de niveau IV
* CFG : certificat de formation générale
** y compris mention complémentaire au CAP ou au BEP
*** y compris brevet de technicien
* au foyer ou en longue maladie
* CFG : certificat de formation générale
** y compris mention complémentaire au CAP ou au BEP
*** y compris brevet de technicien
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