Le royaume des Quatre Rivières : l’exemple de la frontière de la Meuse de Philippe IV à François Ier
p. 221-234
Résumés
À partir du XIIIe siècle, la France est définie territorialement par une frontière fluviale, les Quatre Rivières (Escaut, Meuse, Saône, Rhône). L’invention de cette frontière remodèle les marges du royaume. Plusieurs frontières linéaires parallèles, frontières fiscale, judiciaire, féodale, courent dans la vallée de la Meuse, à travers le duché de Bar. Cette marche est un espace de coopération à l’échelle régionale, mais aussi une zone de tension, marquée par la contrebande et les pillages. Les riverains s’approprient l’idée de la rivière-frontière, même quand elle contredit les limites de terrain.
Since the thirteenth century, the Four Rivers (Scheldt, Meuse, Saone, Rhone) defined the France territory. The invention of this border is reshaping the kingdom margins. Several parallel linear boundaries, tax, legal, feudal boundaries, cross the Meuse valley, through the Duchy of Bar. This march is an area of cooperation at the regional level, but also a zone of tension, marked by looting and smuggling. Residents appropriate the idea of the river border, even when it contradicts the real borders.
Texte intégral
1Du XIIIe siècle jusqu’au XVIIIe siècle encore1, le royaume de France a été défini en fonction de limites physiques, les Quatre Rivières (Escaut, Meuse, Saône et Rhône), dont on faisait remonter l’origine au partage de l’Empire carolingien lors du traité de Verdun, en 843. Le royaume possède un territoire fixe, qui tend à correspondre à l’étendue de la juridiction du roi. L’historiographie a eu longtemps tendance à négliger la portée de cette définition spatiale de la France : s’il y avait eu des frontières naturelles dans l’ancien temps, c’était le Rhin et les Alpes. Puis la critique du mythe des « frontières naturelles » a longtemps tenu lieu d’étude sur le sujet. Voilà vingt ans déjà, Daniel Nordman invitait les médiévistes à revenir sur cette question des frontières2. Mais nous nous heurtons à un problème lié à la dispersion des sources : à la différence de l’époque moderne, jusqu’au début du XVIe siècle, il n’y a pas de négociations générales portant sur des questions de tracé, et l’historiographie s’est longtemps contentée de cas très locaux3.
2Ma thèse de doctorat4 m’a conduit à reconsidérer les frontières de la France à la fin du Moyen Âge, dans une perspective multiscalaire, du royaume aux affaires microlocales. Pendant quatre ans, un contrat d’archiviste à la Bibliothèque nationale m’a permis de cataloguer un fonds de documents riche et méconnu, la collection lorraine, partie du Trésor des Chartes des ducs de Lorraine. Confrontées aux sources lorraines, ces sources parisiennes permettent l’étude précise d’un segment des limites du royaume de France, la frontière de la Meuse. La rivière sert de frontière de droit au royaume depuis sa source, sur le plateau de Langres, jusqu’à Mézières, à l’entrée de l’Ardenne. Plutôt que de tenter d’en reconstituer le tracé, il convient ici d’étudier la nature de cette limite, sa morphologie, ses effets sur les riverains, et enfin la façon dont ceuxci se la sont appropriée.
L’INVENTION DES QUATRE RIVIÈRES : L’IDÉE ET LA RÉALISATION
La naissance des Quatre Rivières
3Jusqu’au XIIIe siècle, le royaume de France possède des limites pratiques héritées du traité de Verdun, mais personne n’en fait un point de droit : la plupart des enjeux politiques sont internes au royaume ; la limite, de toute façon, ne suit pas le lit de ces rivières. La première attestation de la prise en compte des fleuves-frontières date de 12265, puis Philippe IV fait des Quatre Rivières une théorie générale, qui apparaît à l’écrit pour la première fois en 12976. Tandis qu’il met en place une organisation générale du commerce et des douanes, Philippe IV utilise cet argument territorial pour vassaliser des comtes et des évêques possessionnés aux marges du royaume. Le premier, le comte de Bar, doit faire hommage au roi pour ses terres en rive gauche de la Meuse en 13017. Désormais, les rois prétendent à l’exercice effectif de la souveraineté sur toutes les terres contenues dans le royaume ainsi défini. L’expansionnisme royal reste très discontinu : les Quatre Rivières sont avant tout une arme intérieure, l’argument central mis en avant contre les féodaux. Le royaume ne peut pas s’étendre au-delà8, mais à l’intérieur, la souveraineté royale ne souffre ni partage ni exception.
4En 1299, Philippe IV avait gagné la limite du royaume, entre Toul et Vaucouleurs, pour y négocier avec Albert d’Autriche9. À la fin du XIVe siècle, cette rencontre en marche est perçue comme l’attestation de la limite de la Meuse : lors de cette entrevue, on aurait borné les deux territoires10. Cet acte est de grande portée pour le roi de France. Alors que l’Empereur prétend à un pouvoir universel, les juristes élaborent l’idée de la souveraineté royale, territorialement limitée : le roi est Empereur en son royaume. Or borner le royaume et l’Empire, c’est établir une limite entre deux territoires équivalents et donc contredire l’idée universaliste de l’Empire. Les bornes suggèrent que le royaume est voisin et non sujet de l’Empire : Philippe IV aurait inscrit au sol la politique énoncée par ses juristes.
Le duché de Bar et la frontière
5La définition fluviale est simple mais sa mise en œuvre entraîne de lourdes conséquences politiques pour une région politiquement aussi morcelée que la vallée de la Meuse. Le pouvoir royal n’atteint les rives du fleuve qu’à Vaucouleurs et autour de Mouzon, mais il oblige les principautés à reconnaître son ressort. Lorsque leurs limites ne coïncident pas avec la limite juridique du royaume, des juridictions spécifiques se constituent de chaque côté de la frontière11. Le duché de Bar (indépendant puis en union personnelle avec la Lorraine à partir de 1431), est particulièrement touché. Il est composé de terres assez morcelées, mais la vallée de la Meuse, de la source à Stenay, lui donne une unité. La limite de la Meuse le divise en deux dans la longueur, entre Barrois mouvant et Barrois non-mouvant12, cas extrême d’un pays-frontière. Le duché se confond pour ainsi dire avec une zone de marche en limite du royaume.
Entre la ligne et la marche : un faisceau de limites
6La limite de la Meuse est-elle linéaire ou non, précise ou floue ? La réalité est plus complexe que cette grille de question. Il n’y a pas à proprement parler une limite séparant le royaume de l’étranger, mais un faisceau de lignes qui délimitent différents aspects du pouvoir royal. On peut en identifier trois : limite fiscale, limite judiciaire et limite féodale. L’État fiscal perçoit les impôts et taxe les marchandises à l’export. Dans l’Est, ce territoire s’arrête aux limites du duché de Bar, non soumis aux impôts royaux et donc en dehors du royaume, du point de vue fiscal et douanier. On trouve donc des bureaux de douane dans l’Argonne entre le bailliage de Vitry et la prévôté de Bar-le-Duc13, tandis qu’Andelot est une des principales « issues » du royaume, entre bailliage de Chaumont et Barrois mouvant. Le tracé de la frontière correspond dans ce cas à celui séparant Champagne et Barrois. Une seconde limite est celle de la justice du roi. Le cours de la Meuse définit la compétence du Parlement : limite linéaire mais d’usage très ponctuel, elle court à travers le duché, à travers bailliages, châtellenies et finages14 ; le bailliage ducal de Clermont-en-Argonne et le Verdunois épiscopal, en rive gauche de la Meuse mais terres d’Empire, font seuls exception. Une troisième limite est celle de l’hommage au roi. Or le fait d’être vassal du roi n’est pas une réalité entièrement territoriale. Le duc de Bar ne doit l’hommage que pour une partie du duché, le Barrois mouvant. Mais, personnellement, il n’est pas un demi-vassal du roi. En février 1450, René d’Anjou, duc de Bar, participe à la reconquête de la Normandie comme vassal de Charles VII. La taille levée pour financer l’expédition frappe les villageois du Barrois mouvant mais aussi ceux du Barrois non-mouvant15. Ces derniers ne sont pas sujets du roi, mais le service du suzerain est indivisible. De plus, le duc de Bar a lui-même des vassaux en dehors du royaume : par exemple, le comte de Vaudémont16, dont les terres sont enclavées en pleine Lorraine. Le comté de Vaudémont est donc considéré comme un arrière-fief du royaume17 même s’il n’y est pas, géographiquement parlant.
7La question n’est pas donc pas tant de savoir si la limite est linéaire que de considérer, à une échelle inférieure, un véritable faisceau de limites dont les linéarités parallèles dessinent une zone de marche, où le pouvoir royal s’estompe graduellement. La définition fluviale alléguée par le pouvoir royal apparaît alors comme un discours stylisant une réalité complexe, celle d’un pouvoir territorial dont les différentes prérogatives n’ont pas la même étendue à la marge.
LA VIE DE LA LIMITE
Formes de la coopération régionale
8Quelle est l’attitude du pouvoir royal face à la frontière de la Meuse ? Plutôt qu’invoquer un expansionnisme royal largement postérieur, distinguons trois niveaux sociopolitiques. Au niveau des princes, les relations sont la plupart du temps excellentes. On peut citer, par exemple, les ducs des Guise, cadets des ducs de Lorraine faisant carrière à la cour de France. On sait pourtant que la limite joue un rôle dans l’imaginaire politique royal. La chancellerie ne manque jamais de souligner que la frontière de la Meuse est une région instable, dangereuse, marquée par une culture de la voie de fait et de la vengeance18. En fait, malgré la rhétorique (dont on trouve le pendant en Empire), les principautés orientales ne constituent pas un danger militaire pour le royaume. On ne compte guère que quatre guerres ou campagnes militaires transfrontalières pendant ces deux siècles et demi19, et il s’agit toujours d’interventions royales en Lorraine.
9Si les relations entre princes sont bonnes, pour les officiers royaux inférieurs, juristes des bailliages, prévôts, sergents, la frontière est vécue comme un front, celui des droits du roi, à défendre voire à « restaurer ». Sollicité par le duc, le roi condamne régulièrement les agissements de ses officiers, mais ceux-ci peuvent faire obstruction à ses ordres. Dans les années 1440-1450 par exemple, le crédit de René d’Anjou, duc de Bar et beau-frère de Charles VII, lui permet d’obtenir des commissions royales en sa faveur, mais non leur application par les officiers de Champagne20. Cette obstruction est soutenue par une structure politique : l’architecture administrative reflète l’idée du danger de la frontière. Les prévôtés du bailliage de Chaumont sont ainsi concentrées sur la limite21. En l’absence d’enjeu militaire, on peut supposer une volonté de contrôle accru de la limite, pour mieux l’intégrer dans le royaume. Mais les prévôtés sont affermées : pour récupérer leur mise, les prévôts ont tout intérêt à empiéter sur la limite22. Sous couvert de faire respecter les droits du roi, les officiers locaux sont donc incités à participer ou à organiser pillages et raids transfrontaliers. La mobilisation politique génère alors une violence frontalière, de faible intensité, mais permanente. Dans une certaine mesure, sans que la région mosane soit une ligne de faille entre civilisations, elle fonctionne parfois comme une « société de frontière » à l’état pur.
10Entre les princes et les prévôts, le troisième niveau de relations est celui des grands officiers, comme les baillis. Or, à partir de la guerre de Cent Ans, la plupart des baillis de Champagne orientale sont Lorrains. Ils servent à la fois le roi de France et le duc de Lorraine, sont parfois pensionnés conjointement par les deux, et relient les deux sociétés politiques. Les familles de Lenoncourt et de Baudricourt qui dominent les bailliages de l’Est de la Champagne du milieu du XVe au milieu du XVIe siècle en sont les exemples les plus frappants23. Du point de vue du gouvernement, la zone frontière voire la Champagne orien- tale tout entière apparaissent comme une périphérie déléguée par le roi de France aux princes les plus proches. On trouve cette pratique en germe dès le règne de Charles V. Le roi traite avec Bar et Lorraine pour que ceux-ci assurent la sécurité d’une zone-tampon à l’est du royaume24. Cet aspect de la vie de la limite repose sur une évidence : la Meuse est plus proche des pouvoirs princiers lorrains que de la cour du roi. On ne s’étonnera donc pas que cette aire couverte en 1366 ressemble à celle que, dans un contexte tout différent, Jean de Baudricourt contrôle pour Louis XI et Charles VIII25. On ne peut donc pas opposer périodes de tension et de coopération. Les usages de la frontière ne sont pas les mêmes selon les échelles et les niveaux sociaux.
Douanes et conflits
11Dès le XIVe siècle mais plus encore à partir du XVe siècle, les officiers royaux tentent d’imposer une nouvelle conception de la frontière, ligne étanche contrôlée par l’État. L’objectif semble triple : il s’agit bien sûr de faire respecter les impôts royaux, en luttant contre la contrebande. Il s’agit aussi, peut-être surtout, de pénaliser les exportations. Entre la fin du XIVe et celle du XVIe siècle, le royaume connaît une grave pénurie monétaire26. Tout est fait pour retenir les métaux précieux : l ’ administration des ports et passages en fait le cœur de sa mission. Dans ce contexte, une ordonnance de Charles VII évoque les passages « qui sont es frontieres dudit reaume27 ». Pour la première fois peut-être, le terme militaire de frontière est utilisé dans le sens civil de limites28. Ce nouveau sens fiscal montre que, comme la garde des places fortes, la vigilance des douanes entend empêcher le pillage du royaume et assure sa survie.
12Une troisième fonction de fait de la limite fiscale est la surveillance des communautés frontalières. L’ordonnance de Charles VII déjà citée interdit de mener librement le bétail pâturer « es frontieres du royaume ou dehors29 » : il faut le faire compter à l’aller et au retour par les gardes et payer le dixième de sa valeur en caution30. C’est la circulation des villageois de part et d’autre de la limite et toute l’économie rurale qui sont ainsi entravées. On peut prendre l’exemple des villages du duché de Lorraine frontaliers de la Champagne à la fin du XVe siècle31 : sur ce segment frontalier de quelques km, tous les villages lorrains dont le finage s’étend sur la rive gauche du fleuve sont soumis aux vexations des officiers français, qui les empêchent de ramener au village leur bétail, leurs récoltes et leur bois de chauffe32. La politique douanière de la monarchie a-t-elle pu modérer la crise monétaire ? Il est difficile d’y répondre ; en tout cas, elle pèse réellement sur les villages frontaliers.
Manipuler la limite : contrebande et appels abusifs
13Les riverains ne sont pas que victimes passives de l’État. Une limite juridictionnelle qui s’appuie sur une petite rivière crée des déséquilibres dont ils peuvent profiter. La frontière incite à la contrebande et au faux monnayage. Les salines de Lorraine produisent du sel bon marché et le royaume le taxe lourdement. Comme sur la frontière de Bretagne, la contrebande est courante, même si elle est difficile à déceler. Les sources disponibles attestent d’un trafic destiné aux élites : les monastères frontaliers de l’Argonne se fournissent en sel lorrain auprès de « faulx marchans qui le conduysent et vendent33 ». Certains seigneurs ne se contentent pas de tourner la gabelle mais organisent les trafics. Le sire de Beauffremont est un seigneur lorrain bien implanté en Bourgogne. Sous Charles VII, il n’hésite pas à installer des ateliers de faux-monnayeurs sur ses terres de la rive droite de la Meuse, pour battre de la fausse monnaie française et l’écouler juste de l’autre côté de la rivière, dans le royaume. En 1446, son commerce est découvert, il est jugé pour lèse-majesté par la justice du duc de Bar34 et ses terres confisquées.
14Le second type de manipulation de la frontière consiste à mettre en concurrence les pouvoirs des deux côtés de la limite, par les jeux de bascule fiscale et par les appels abusifs. On connaît au moins un cas de village (Clinchamps35), oscillant entre les obédiences pour échapper à l’impôt ; mais le jeu n’est pas sans risque, car les représailles peuvent peser plus lourd que l’exemption ne rapporte.
15Les appels abusifs, tout aussi ponctuels, donnent quant à eux aux condamnés l’espoir de s’abriter sous les conflits de compétence qu’ils suscitent. Quand ses ateliers clandestins sont découverts, le sire de Beauffremont n’hésite alors pas à faire appel au Parlement de Paris. Son cas n’est pas du ressort de la cour, puisque le crime a été commis hors du royaume et, théoriquement il n’est pas sans risque de se soumettre à la justice du roi dont il a falsifié la monnaie. Mais quand le Parlement examine la validité de l’appel, son avocat réussit à imposer comme débat le statut même du Barrois : l’avocat du roi se saisit de l’affaire pour revendiquer le ressort royal sur tout le duché de Bar36. Le duc de Bar prend la menace au sérieux37. Un siècle plus tard, une affaire semblable défraye à son tour la chronique : en 1530, Claude de la Vallée, receveur de Clermont-en-Argonne, en Empire, voit ses biens confisqués pour concussion par la justice du duché de Bar. Il parvient à s’enfuir et fait appel au Parlement de Paris. Lui et ses descendants sont ainsi en procès pendant plusieurs décennies pour remettre en cause le statut de l’Argonne, seul moyen de récupérer leur fortune38.
L’APPROPRIATION DE LA LIMITE PAR LES RIVERAINS
Bornage et limite fluviale
16La liste des Quatre Rivières sert de moyen mnémotechnique pour les officiers royaux. Or les cours d’eau sont la forme de limite la plus évidente pour l’esprit mais la plus complexe sur le terrain. La rivière passe et se déplace au milieu des zones exploitées et ne correspond pas partout à la ligne de démarcation. Comment les riverains vivent-ils cette contradiction ?
17En 1390, une enquête royale est menée à Vaucouleurs : on interroge les habitants sur le bornage de 1299. Si l’enquête est diligentée pour appuyer les revendications royales sur les terres en rive gauche de la Meuse, elle révèle aussi les modes d’appropriation locale de la limite. Les riverains ne peuvent pas nier que la Meuse fasse frontière, vérité attestée par l’autorité du roi de France. Dans le même temps, leur expérience du terrain atteste d’une autre frontière, appuyée sur les limites de finages. Les témoignages tentent alors de concilier ces deux réalités de l’idée et du terrain par une géométrie mentale de la frontière. Prenons le témoignage du maire du village de Reynel. Il constate, évidemment, que la limite, telle qu’elle est établie par bornage, n’est pas sur la Meuse. Mais c’est justement parce que la rivière fait la limite :
« Le Maire Thierry de Rinel […] disoit outre que qui trairoit au cordel des le dit Val de l’One, là ou furent mises les bornes, jusques au moitant de la riviere qui passe par Verdun, le cordel seroit tout droit de l’un a l’autre en allant a val, et semblablement seroit tout droit le cordel que l’on trairoit dès ledit val de l’One jusques au lieu là ou fault et croist Meuse en amont, qui est près de Montigny le Roy. Que par advis de pays ainsi lui semble, mais la riviere de Meuse en venant a val s’en va biaisant, jusques a Saint Miets et lors elle descend tout droit jusques a Maiziere. Et tient on communement au pays que pour ce furent mises les dictes bornes. Et dit encores que les Bourguignons charretiers qui viennent des parties de là ou croist Meuse ne singent par la riviere pour aller à Mezieres mais tiennent les hauts, droit le train desdictes bornes car s’ils singeoyent la riviere de Meuse selon ses alleures, il les faudroit trop tournoyer, car la riviere va trop en biaisant39. »
18Le bornage vient suppléer l’imperfection du cours sinueux de la rivière. Sa géométrie surimpose aux méandres de la Meuse une rivière-limite idéelle et donc rectiligne. La nécessité de limites sûres est ainsi préservée : le consentement au discours du pouvoir est adapté aux limites vernaculaires, dont la stabilité est gage de paix.
Les bornes de cuivre de la Meuse
19Le bornage réalisé en 1299 dans le val de l’Orne40 aurait été particulièrement solennel puisque les bornes posées seraient de métal, bronze ou cuivre, et non de pierre : il est dès lors impossible de les confondre avec une simple délimitation foncière. Mais plusieurs enquêtes évoquent des bornes de bronze ou de cuivre, immergées dans le lit de la Meuse : en 138641, en 139042 et encore en 139743. Dans les années 1440-1450, des témoins mentionnent deux ou trois bornes de bronze, dans le lit de la Saône, entre royaume et Franche-Comté44 et une autre dans la Scarpe, entre la Flandre et le Hainaut45. Dernière mention d’une borne de bronze lors d’un procès en Parlement en 1535 : celle-ci est plantée au bord de la route de Reims à Toul, à la Vadivière, un col de l’Argonne46.
20Le point commun de toutes ces bornes, c’est qu’aucun témoin ne les a vues personnellement, ce qui contraste fortement avec les pratiques médiévales d’appropriation et d’apprentissage de la limite47. Ces bornes ont-elles existé ? Si oui, doit-on alors supposer un bornage de grande envergure vers 129948 ? Une telle entreprise est techniquement possible. Il ne s’agirait pas d’un bornage continu mais de marqueurs posés à des points de passage importants, les grandes issues du royaume, cols, gués ou ponts. Or nous n’avons aucune trace d’une telle entreprise en 1299 ou 130049, alors qu’un bornage est une réalisation solennelle. Nous n’avons pas, non plus, de mention de protestations en Empire contre un bornage subreptice. Enfin, ces sources sont toujours locales : à Paris, le discours officiel évoque les Quatre Rivières et jamais un bornage qui aurait appliqué cette conception sur la relativité du terrain.
21Il faut donc bien admettre que ce bornage n’a jamais eu lieu, et cette constatation n’est pas sans intérêt. Nous sommes en présence d’une reconstruction mémorielle. Le souvenir très déformé des événements de 1299 a fini par devenir le modèle idéel de la fixation des limites, jusqu’à ce que tous les frontaliers se l’approprient, de Vesoul à Douai. Ces bornes font figure d’appropriation locale de la limite sacrée du royaume et de l’Empire. Le roi et ses officiers n’ont pas les moyens ou l’opportunité politique de borner le pays : ils se contentent d’un discours très souple sur les Quatre Rivières. Mais les frontaliers en voient les incohérences à moyenne ou grande échelle : la limite est sur l’Argonne et non sur la Meuse, sur les confins du finage de Traveron et non sur la rivière qui serpente à travers champs. Avec le mythe de ces limites de bronze, ils vivent ainsi avec une limite claire, gage de sécurité. Le succès de ce mythe montre l’importance de la frontière d’Empire pour les frontaliers, ainsi que leur capacité à maîtriser les contradictions géopolitiques de leur monde.
LA MEUSE ET LE DUCHÉ DE BAR : IDENTITÉ BRISÉE, FRONTIÈRE OUBLIÉE
22Cette situation de marche vécue par ses habitants dure jusqu’au règne de François Ier au moins : à partir des années 1530, la légitimité des Quatre Rivières est attaquée au nom des contradictions de la limite de terrain50. Malgré l’occupation des Trois Évêchés par les troupes royales après 1552, la situation précédente perdure sur le terrain, jusqu’au début du XVIIe siècle. La véritable rupture a lieu sous Louis XIII, quand la France entreprend la conquête répétée des États lorrains, imposant un état de guerre permanent, et transformant la marche en frontière de tension.
23Aujourd’hui, les limites de la France ont largement dépassé cette ligne de la Meuse. Cette frontière est bel et bien morte : son souvenir a été effacé par une autre mémoire régionale, qu’ont façonnée les guerres du XVIIe siècle. Le cas de la ville de la Mothe est exemplaire de cette nouvelle géographie mentale. Perchée sur sa colline, la Mothe était la capitale du bailliage du Bassigny, Barrois non-mouvant. Après plusieurs sièges, la ville a été prise et rasée par les troupes royales en 1645. Ses ruines ont longtemps été recouvertes par la forêt. Aujourd’hui dégagées, elles sont un double symbole : celui de la résistance lorraine face aux troupes françaises, celui aussi d’un passé nié. La colline a été incluse dans le département de Haute-Marne (en Champagne) et non dans celui des Vosges (en Lorraine), au prix d’un décrochement de la limite départementale. La mémoire locale y voit la volonté de l’État d’effacer la mémoire lorraine51. On est ici en face d’une opposition binaire, France et Lorraine52. Les érudits locaux parlent par exemple de « Bassigny lorrain » et de « Bassigny français », pour distinguer les deux parties du pays selon qu’ils dépendaient ou non du Parlement de Paris, alors que, dans la rigueur des termes, le Bassigny n’a jamais été lorrain53. Une ancienne limite juridictionnelle interne au duché de Bar est ici surinterprétée, ou réinterprétée en frontière identitaire.
24La mémoire des terribles guerres des XVIIe et XVIIIe siècles ne permet donc plus de comprendre la vie antérieure de la frontière, non pas binaire de part et d’autre d’un front, mais au moins ternaire, entre Champagne, Barrois et Lorraine, où la limite était un espace et non pas seulement une barrière. Le duché de Bar (où était la Mothe) s’est effacé dans les mémoires, absorbé par la Lorraine, et la frontière de Meuse a disparu avec lui. Cette frontière est d’autant plus oubliée qu’elle est devenue incompréhensible, car sa vie complexe s’oppose à la mémoire locale minoritaire et à la mémoire d’État, toutes deux forgées dans la violence, par son dépassement ou sa transgression.

Les Quatre Rivières et le ressort du Parlement

Les prévôtés du bailliage de Chaumont

Traité d’intervention des ducs de Bar et de Lorraine contre les Compagnies en 1366

Conflit sur les usages des villages de Lorraine en rive gauche de la Meuse 1492-1500
Notes de bas de page
1 Au XVIIIe siècle, alors que la réalité territoriale a changé, la définition est encore enseignée : Meyer J., « États, routes, guerre et espace », in Contamine Ph. (dir.), Guerre et concurrence entre les États européens du XIVe au XVIIIe siècle, Paris, PUF, 1998, p. 170.
2 Nordman D., « Droits historiques et construction géographique de l’espace français au XVIIe siècle », in Bulst N., Descimon R. et Guerreau A. (éd.), L’État ou le Roi, les fondations de la modernité monarchique en France (XIV-XVIIe siècles), Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1996, p. 103-113, loc. cit., p. 111-112.
3 Après de nombreux articles érudits traitant de villages disputés, il faut citer Rigaut J., « La frontière de la Meuse », Bibliothèque de l’École des chartes, vol. 106-1, 1946, p. 80-99, qui tente une synthèse à partir d’un procès en Parlement en 1535.
4 « Toute France ». Construction et représentation de l’espace politique français au XVe siècle (1380-1514), thèse soutenue devant l’université Paris-Sorbonne le 3 décembre 2010, à paraître sous le titre Le Royaume des quatre rivières, Construction et représentation de l’espace politique français au XVe siècle (1380-1514), Seyssel, Champ Vallon, 2012.
5 Le roi Louis VIII partage les terres du comte de Toulouse : il confisque toutes ses possessions entre Tarn et Rhône et cède à la Papauté le Comtat venaissin, faisant du Rhône une limite absolue (Devic Dom Cl., Vaissète Dom J., Histoire générale du Languedoc, Toulouse, Privat, 1872-1905, t. XII, p. 313).
6 Thomas H., Zwischen Regnum und Imperium : die Fürstentümer Bar und Lothringen zur Zeit Kaiser Karls IV, Bonn, Ludwig Röhrscheid, 1975, p. 240.
7 BnF, Lorraine 353, fo 1, 4 juin 1301 à Bruges.
8 C’est pour cela que sont créés des statuts particuliers pour les terres acquises par le roi au-delà des Quatre Rivières : ainsi le Dauphiné, acquis en 1349, n’est pas « annexé » mais devient une principauté soumise au roi mais extérieure au royaume jusqu’à la Révolution.
9 Lalou É., Bautier R.-H., Itinéraire de Philippe IV le Bel (1285-1314), t. 2, Routes et résidences, Paris, de Boccard, 2007, p. 168 : traité d’alliance avec Albert, roi des Romains, le 8 décembre 1299 à Quatrevaux. Le roi et l’empereur traitent du mariage de Blanche de France et de Rodolphe (Leroux A., Recherches critiques sur les relations politiques de la France et de l’Allemagne de 1292 à 1378, Paris, F. Vieweg, 1882, p. 103).
10 Selon une enquête de 1390 : « Information faite par ordre du conseil de France 1490 [sic pour 1390] touchant les limites du Royaume de France devers la Lorraine & les bornes mises à l’entreveue de l’empereur Albert i & du Roy Philippes le Bel devers Vaucouleur », Leibnitz G. W., Codex Juris gentium diplomaticus…, t. I, Hanovre, S. Ammon, 1693, p. 453-456.
11 Cf. carte 1 : Les Quatre Rivières et le ressort du Parlement.
12 Le Barrois mouvant comprend le bailliage de Bar-le-Duc, les terres du bailliage de Saint-Mihiel en rive gauche de la Meuse et une partie du bailliage de Bassigny : il constitue un fief de la Couronne et les justiciables peuvent y faire appel de la justice ducale auprès de la cour royale de Sens, puis auprès du Parlement de Paris. Le reste du duché est considéré comme terre d’Empire, et ressortit à une juridiction ducale souveraine, les Grands Jours de Saint-Mihiel.
13 Ainsi la Vadivière, « yssue du royaulme » (bureau de douane) attestée en 1449 : BnF, Lorraine 358, fo 18.
14 Ainsi le bourg de Keurs, en rive gauche de la Meuse, ressortissait au Parlement de Paris mais appartenait au bailliage de Saint-Mihiel, en Barrois non-mouvant, de l’autre côté de la rivière.
15 BnF, Lorraine 353, fo 93 (prévôté de Souilly) et fo 95 (châtellenie de Sancy et Pierrepont). Souilly est en Barrois mouvant, Sancy en Barrois non-mouvant.
16 Par ex., hommage au duc de Bar pour Vaudémont en 1393 : Servais V., Annales historiques du Barrois de 1352 à 1411, sous Robert de Bar, t. 2, Bar-le-Duc, 1867, p. 203 et 214-215.
17 Les listes de grands seigneurs mentionnent le comte de Vaudémont parmi les comtes du royaume, ainsi une liste des années 1450, « Les duchés et comtés du Royaume de France », Le Bouvier G., Le Livre de la description des Pays, Hamy E.-T. (éd.), Paris, E. Leroux, 1908, appendice II, p. 139-146.
18 Gauvard Cl., « De grace especial » : crime, État et société en France à la fin du Moyen Âge, Paris, Publications de la Sorbonne, 1991, vol. 1, p. 253-263.
19 1301 (vassalisation du Barrois mouvant), 1406 (campagne de Louis d’Orléans contre la Lorraine), 1445 (campagne de Charles VII contre Metz) et 1552 (prise des Trois Évêchés par Henri II).
20 Les commissions royales désavouant les empiétements frontaliers doivent être entérinées localement. L’obstruction des officiers aboutit à ce que les ordres du roi tombent en désuétude et doivent être renouvelés. Des commissions d’octobre 1447 (BnF, Lorraine 68, fos 188-191) sont reprises in extenso en 1452 (Arch. dép. Meurthe-et-Moselle, B 521, no 111), puis encore partiellement en 1459 (Arch. dép. Meurthe-et-Moselle, B 527, no 41).
21 Cf. carte 2 : Les prévôtés du bailliage de Chaumont, réalisée à partir d’un rôle de fiefs (Roserot A. [éd.], « Rôle des fiefs du bailliage de Chaumont en 1504 et années suivantes », Mémoires de la Société d’Agriculture de l’Aube, 1899, p. 65-172).
22 Les prévôts « gagnent ou perdent sur le prix de leur ferme par l’exploitation de leur prévôté, d’où de nombreuses exactions » : Ozanam D., « Les officiers royaux des bailliages de Champagne de 1285 à 1422 », Positions de thèses d’École des chartes, Paris, École des chartes, 1944, p. 124.
23 Dauphant L., « Construire un État territorial lorrain : le rôle des officiers et des archives sous René II », in Le duc de Lorraine René II et la construction d’un État princier, Actes de la journée d’étude organisée à Nancy le 12 décembre 2008, Lotharingia, t. XVI, 2010, p. 23-24.
24 Archives nationales, J 582, no 24 (1366) ; cf. carte 3 : Traité d’intervention des ducs de Bar et de Lorraine contre les Compagnies en 1366.
25 Ce Lorrain possessionné sur la limite est bailli de Chaumont à partir de 1473 et gouverneur de Bourgogne à partir de 1481, jusqu’à sa mort en 1499 (cf. Dauphant L., op. cit.).
26 Day J., « Les frappes de monnaies en France et en Europe aux XIVe-XVe siècles », Monnaies et marchés du Moyen Âge, Paris, Comité pour l’Histoire économique et financière de la France, 1994, p. 149-189.
27 Arch. dép. Côte-d’Or, B 259, 2e liasse : « Instructions et maniere de proceder en fait de l’office de la court des pors et passaiges du royaulme de France » (s. d., pièce incluse dans un dossier des années 1440).
28 Selon Febvre L., « Frontière », Revue de synthèse historique. Bulletin du Centre international de synthèse. Section de Synthèse historique, juin 1928, p. 31-44, rééd. « Frontière, le mot et la notion », Vivre l’Histoire, Mazon B. (éd.), Paris, Laffont, 2009, p. 379-389, le terme « frontière » reste militaire jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Selon Nordman D. et Revel J., L’espace français, Burguière A. et Revel J. (dir.), Paris, Seuil, 1989, p. 63, l’usage économique et douanier du mot « frontière » est attesté pour la première fois chez Laffemas (contrôleur général du commerce sous Henri IV) et devient commun au XVIIIe siècle.
29 Arch. dép. Côte-d’Or, B 259, 2e liasse.
30 « Nota que nulle personne quelle qu’elle soit ne ose mener ou faire mener par soy ne par aultre nulles bestes grosses ou menues en aucun port ou aultre port pour cause de pastures ou aultrement es frontieres dudit royaulme ou dehors ou aultre lieux circunvicins si non que eux ayent fait par les gardes desdis pors et passaiges compter lesdictes bestes alent venant ou retournant et ce est pour eviter et obvier a tous fraudes qui sur ce se peuent entrevenir aussi comme aultre fois ilz sont entrevenues » (ibid.).
31 Cf. carte 4 : Conflits sur les usages des villages de Lorraine en rive gauche de la Meuse 1492-1500.
32 Coussey : BnF, fr. 18872, fo 28 ; Neufchâteau, Rouceux et Noncourt : BnF, Lorraine 156, fos 178-182.
33 Selon les termes d’un acte recopié dans un formulaire sous Charles VI : BnF, fr. 18114, fo XLI ro : commission royale au grenetier et contrôleur du grenier à sel de Saint-Dizier.
34 BnF, nouv. acq. fr. 8307, p. 126-129.
35 Duvernoy É., « Un règlement de frontière entre la France et le Barrois en 1500 », Annales de l’Est, 2, 1888, p. 543-565.
36 BnF, nouv. acq. fr. 8307, p. 126-129.
37 BnF, Lorraine 354, fo 15.
38 Stein H., Le Grand L., La Frontière d’Argonne : 843-1659 : procès de Claude de la Vallée (1535-1561), Paris, A. Picard, 1905, p. 40.
39 « Information faite par ordre du conseil de France », op. cit., p. 453-456. On peut traduire ainsi : « Le maire Thierry de Reynel […] disait aussi que qui tirerait au cordeau depuis le Val de l’Orne, là où furent mises les bornes, jusqu’au milieu de la rivière qui passe par Verdun, le cordeau serait tout droit de l’un à l’autre en allant aval. De même, le cordeau serait tout droit si on le tirait depuis le val de l’Orne jusqu’en amont, à la source de la Meuse, qui est près de Montigny-le-Roi. C’est ce qu’il pense et ce qu’on pense au pays. Mais en allant aval, la rivière de Meuse fait des méandres jusqu’à Saint-Mihiel, et après elle descend tout droit jusqu’à Mézières. On pense communément au pays que c’est pour cela que ces bornes furent posées. Et on dit encore que les charretiers bourguignons qui viennent de la région des sources de Meuse ne suivent par la rivière pour aller à Mézières mais tiennent les hauts, en suivant la ligne des bornes car s’ils suivaient le cours de la rivière de Meuse, ils devraient trop tourner, car la rivière a trop de méandres. »
40 Clouët abbé L., Histoire de Verdun, Verdun, C. Laurent, 1867-1870, t. III, p. 45-48.
41 Leroux A., Nouvelles Recherches critiques sur les relations politiques de la France et de l’Allemagne de 1378 à 1461, Paris, E. Bouillon, 1892, p. 74.
42 Leibnitz, G. W., op. cit., p. 453-456.
43 Aimond, abbé Ch., Relations de la France et du Verdunois de 1270 à 1552, Paris, H. Champion, 1910.
44 Richard J., « Les débats entre le roi de France et le duc de Bourgogne sur la frontière du royaume à l’ouest de la Saône : l’enquête de 1452 », Actes du 89e congrès des sociétés savantes, 1964, Bulletin philologique et historique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1964, p. 127.
45 Renseignement aimablement communiqué par M. Jean-Marie Moeglin.
46 Rigaut J., op. cit., p. 85.
47 Redon O., « Sur la perception des espaces politiques dans l’Italie du XIIIe siècle », in S. Gensini (éd.), Le Italie del tardo Medioevo, Pise, Pacini, 1990, p. 54-66.
48 Le col de la Vadivière, en forêt d’Argonne, fait la limite entre la Champagne et le Barrois mouvant : si un bornage y avait été effectué, il aurait eu lieu entre 1297-1299 et 1301, date de la vassalisation du Barrois.
49 Strayer, J. R., The Reign of Philip the Fair, Princeton, Princeton University press, 1980, p. 316 : la frontière de l’Est n’est pas la priorité du roi.
50 Stein H., op. cit., p. 26-28.
51 Même si le tracé des départements est indépendant de la régionalisation contemporaine.
52 Charles J., La Mothe-en-Bassigny, place forte de la Lorraine face à la France, Paris, Inventaire général, coll. « Itinéraire du Patrimoine », 2002.
53 Exemple de Bassigny lorrain chez Jolibois E., Haute-Marne ancienne et moderne, Dictionnaire géographique, statistique, historique et biographique de ce département, rééd. Guénégaud, Fern, 1967, p. 49.
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