La perception de la frontière bretonne au xve siècle d’après les comptes de miseurs de la ville de Rennes
p. 119-137
Résumés
Bien que située à plus de cinquante de kilomètres de la frontière, Rennes, au XVe siècle, eut à subir les conséquences de cette proximité. Dès lors, ce qui frappe, c’est la manière dont ses habitants vécurent face aux événements qui se déroulèrent au contact des forteresses de première ligne, frappées à plusieurs reprises par la guerre : surmonter la peur, renforcer les défenses, accueillir les réfugiés, assurer le ravitaillement, supporter les retombées des dérèglements économiques… Autant de préoccupations qui transparaissent dans les archives de la ville et témoignent de son regard entièrement tourné vers l’horizon frontalier, rétablissant ainsi les marches dans leur plus grande épaisseur, bien au-delà des secteurs de Fougères, de Vitré, de La Guerche, de Châteaubriant et d’Ancenis.
In the 15th century, Rennes was to suffer from the proximity of the border in spite of being located over 30 miles away from it. What is striking is the way its people went through the events going on around the front line strongholds which were attacked on several occasions: overcoming fear, reinforcing defence lines, sheltering refugees, supplying the troops, putting up with the consequences of economic disruptions. Signs of all of this are to be found in the city archives: they testify to the city’s interest in its border line, thus giving the borders their extended reality, far beyond the districts of Fougères, Vitré, La Guerche, Châteaubriant and Ancenis.
Texte intégral
1La ville de Rennes possède une série tout à fait exceptionnelle de comptes de miseurs pour la période du XVe siècle. Les recettes et les dépenses de la municipalité y sont enregistrées, fournissant à l’historien un grand nombre de renseignements sur la vie urbaine, telle que s’est employé à la décrire Jean-Pierre Leguay à l’occasion de ses nombreux travaux1… Mais tel n’est pas notre propos. De manière plus spécifique, l’objet de notre étude portera sur l’interprétation des indices s’attachant à présenter cette même ville de Rennes comme « une ville frontière » ; à la restituer dans son contexte particulier et dans celui des marches de Bretagne, à l’intérieur desquelles elle ne pouvait manquer de s’inscrire, en tant que principale cité fortifiée de la partie nord-orientale du duché. Plusieurs interrogations viennent spontanément à l’esprit. Comment, à travers ces indices, la perception de cette situation s’opéra-t-elle, tandis que se cristallisèrent sur la frontière proprement dite la plupart des événements majeurs de l’histoire bretonne du XVe siècle ? Quelles furent les conséquences de cette situation, forcément à double visage ? Car chacun le sait, quelle que soit l’époque ou le lieu, la frontière sépare et divise certes ; mais aussi rapproche et ouvre le champ des échanges et des interpénétrations…
2Enfin, comment la place essaya-t-elle de se préparer, dans l’éventualité où elle serait amenée à jouer le rôle de « bastion ultime de la défense bretonne » en cas d’attaque perpétrée contre le duché à partir de cette même frontière ? Soit autant de questions qui nous permettent d’entrer dans le vif du sujet au titre de ce que nous appellerons subjectivement « l’histoire d’un ressenti » : le ressenti de la frontière, à la fois si proche et si lointaine, très souvent bruyante et source de multiples inquiétudes ; et le reste du temps, silencieuse et plutôt rassurante… mais toujours à portée des regards et objet de toutes les plus vives attentions !
ANNÉES 1420-1440 : LE RESSENTI DE LA FRONTIÈRE… TANDIS QU’IL SE MENAIT FORTE GUERRE EN NORMANDIE ET DANS LE MAINE
3Nombreuses en effet sont les allusions rappelant les dangers inhérents à la proximité de la frontière, surtout lors des moments de crise. Dans une ordonnance en date de 1430, le duc Jean V s’employait à attirer l’attention sur le cas de la ville de Rennes, « tandis que les Anglais menaient forte guerre et tournoiement au pays de Bretaigne ». De ce fait, chacun pouvait craindre pour la cité présentée comme étant « située près desdites marches de Normandie et du Maine, où il y a grandes garnisons tant d’Anglois que de Franczois… et qui moult ont convoité et convoitent, si faire le peuvent – que Dieu ne veuille ! – avoir nostredite ville2 ». Dès lors, ce qui frappe véritablement, c’est la hantise des débordements au regard des événements se déroulant au contact des zones de conflit. Bien que située à plus d’une cinquantaine de kilomètres de celles-ci, la ville subissait les conséquences des opérations se déroulant autour du Mont-Saint-Michel, de Tombelaine, d’Avranches, de Pontorson et de Saint-James-de-Beuvron – devant laquelle Arthur de Richemont échoua en 1426 – en basse Normandie, totalement embrasée par la recrudescence de la guerre ; mais aussi de Pouancé – assiégée par les forces ducales en 1431 – sur les lisières de l’Anjou, et dont les comptes se font ostensiblement l’écho au fil des items inhérents à cet épisode connu sous le nom de « guerre de Pouancé contre monseigneur le duc d’Alençon »…
4Cette hantise redoublait d’intensité lorsque surgissaient d’autres événements plus sporadiques, comme cette « grande course » effectuée par le comte de Suffolk en 1427, accompagné d’environ « douze cens combatans » qui transportèrent la menace « jusque bien près de la ville » et traumatisèrent durablement plusieurs générations d’habitants, avant d’aller ravager les environs de Tinténiac : « et le lendemain, rentrèrent ès marches de Normandie avec tout ce qu’ils avoient gaigné, sans avoir quelque empeschement ni destourbier3 » ! Il en fut de même au fil des années 1430, marquées par la prolifération des gens de guerre – « tant Franczois que Anglois » – dans tout le secteur des marches, à partir de leurs garnisons respectives du Maine et de la Normandie. À plusieurs reprises, le danger se cristallisa autour de l’abbaye de Savigny – située sur les marches de Normandie, à quelques lieues seulement de la frontière bretonne – transformée en repaire de routiers anglais qui venaient fréquemment s’y établir durant les mois d’hiver, s’incrustant sur place et semant la désolation sur les campagnes du Coglais et de la baronnie de Fougères… « passant et rapassant continuellement par lesdites marches, en allant et venant en Normandie et au Maine, pillant, jarretant et ranczonnant les habitants ; et emportant tout ce qu’ils pouvoint trouver, à pleines charrettes et grands sommes de chevaux4 » !
5Laissant peu de répit aux habitants, la tornade reprit de plus belle en août 1443, date à laquelle Somerset lança depuis le Cotentin sa grande expédition – dans l’intention présumée de se rendre en Guyenne – en passant par les marches du Maine et de l’Anjou, à la tête de 6 000 à 10 000 combattants, « faisant de très grans dommages par feu et par espée jusqu’aux faubourgs de la ville d’Angers… » avant de faire demi-tour en empiétant sur le sol breton et s’emparer de La Guerche « qui fut toute pillée et robée », selon Monstrelet ; puis finalement mettre le siège devant Pouancé… mais en vain, ainsi qu’à son plus grand déshonneur. Et ce, malgré un déploiement de forces absolument considérable5 !
6Toujours à l’écoute des événements, les Rennais connurent d’autres moments de grande inquiétude avec l’annonce de « la rendition du Mans » en 1447, inaugurant le repli de nombreuses garnisons anglaises au niveau des marches du Maine et de la Normandie, où se formèrent rapidement « d’énormes attroupements que l’on doubtait vouloir courre en Bretaigne ». Et ce n’était pas sans crainte que l’on relevait leur présence simultanée à Vire, à Mayenne, à Ernée, à Avranches et sur les rives du Couesnon… tandis que circulaient déjà les nouvelles concernant plusieurs courses effectivement réalisées dans les secteurs de Dol, Tinténiac et Bécherel6. Enfin, impossible de passer sous silence « la prise de Fougères » en mars 1449 par François de Surienne au service des Anglais : un événement d’une portée considérable dont l’onde de choc se propagea dans toute la partie nord-orientale du duché, réveillant la psychose des années 1420, « vu tous le maux que firent lesdits Anglais sur plus de 20 mille à la ronde, dévastant les champs, brûlant les villages, pillant et oppressant les habitants réduits à débilité7 » !
7Ainsi, sous le poids des événements, chacun était à même d’appréhender l’existence de la frontière et de la zone marchoise rétablie dans toute son épaisseur, bien au-delà des secteurs de Fougères, d’Antrain, de Saint-Aubin-du-Cormier, de Dol, de Vitré, de La Guerche ou de Châteaubriant… Et cette perception se lit à travers les très nombreuses assertions suggérant le passage des gens de guerre, la circulation des nouvelles, la nécessité de renforcer les défenses et de mettre à l’abri les nombreux réfugiés agglutinés au pied des murailles, la chute du commerce et les dérèglements de la vie ordinaire : le tout suggéré par la force des mots restituant l’ambiance d’une cité en proie à l’excitation, au désarroi et à l’émotion, lors des moments de crise. De ce point de vue force est de reconnaître que Rennes faisait bel et bien figure de ville frontière contribuant à refléter ce que fut le véritable visage des « marches de Bretagne au Moyen Âge », transportées dans la plus grave tourmente de leur propre histoire8.
8Quant à la perception du danger lui-même, nombreuses sont les allusions témoignant de l’état d’esprit des habitants attentifs au déroulement des jours et des heures : pas moins d’une centaine d’allusions durant les années 1422 à 1427 coïncidant à la période de la plus grande intensité dramatique. Souvent ce danger se trouvait signalé dans plusieurs endroits en même temps, aggravant les effets de l’insécurité ressentie et le trouble dans les esprits : ainsi en 1422, 1425, 1426 et 1427, années durant lesquelles les comptes se font l’écho des bruits les plus alarmants provenant tout à la fois « des environs de Bazouges, d’Antrain, de Saint-Aubin-du-Cormier, de Dol, de Fougères, d’Aubigné, de Vitré, de Châteaubourg… et de Messac9 ». La circulation de ces bruits en forme de rumeurs approximatives ajoutait à l’inquiétude générale et nécessitait de pouvoir vérifier les informations. Sans relâche, « tant de jour que de nuyt, des messagers des frontières, des chevaucheurs et des espiés » étaient envoyés « de Bretaigne devers Normandie pour savoir et oyr les nouvelles des gens de guerre ; s’enquérir de l’endroit où ils se trouvent et de leur nombre, et connaître leurs intentions »… surtout lorsque ces derniers « se vantaient de venir courre en Bretaigne du jour au lendemain, afin de tout mettre à feu et à flambe ; et spécialement de mettre le siège devant Rennes, pigler et ardre les faubourgs de ladite ville » ! Tout cela « le plus hâtivement possible, par lettres hâtives » ; tandis que d’autres « poursuivants » s’empressaient de porter oralement « et dire de bouche certaines choses secrètes que l’on n’a pas voulu escrire, de paour de mauvaise rencontre » ! Missions délicates et destinations périlleuses pour ces émissaires dépêchés au-devant du risque, parfois capturés et mis à rançon, tributaires de leur monture et de leur bonne connaissance du terrain, moyennant 20, 30, 40, 50, voire 100 sous de rétribution par voyage effectué ; qui avaient noms – ô combien suggestifs ! – Quiqueleveille, Sans faillir, Amavie, Espiart, Bonnefoy, Trompette, Trotemenu, Henri Lechevauchour… et dont le rôle s’avérait on ne peut plus déterminant pour les habitants vibrant au rythme de leurs allers et venues. Puis chacun de se rassurer, en attendant de voir le danger s’estomper à l’horizon de la frontière… jusqu’à l’alerte suivante10 !
9Grâce aux comptes, nombre de précisions nous sont fournies sur ces bandes qui sévissaient sur le terrain des marches dites « de la guerre ». La plupart du temps, il s’agissait de bandes incontrôlées agissant sous l’égide de capitaines anarchiques, principalement dans les environs de Pontorson, d’Avranches et d’Antrain… et dont l’étendue des méfaits s’étirait bien au-delà de leur champ d’action ordinaire, jusqu’aux abords de Dol, de Dinan ou de Rennes. Les comptes de l’année 1422 mentionnent à plusieurs reprises l’existence d’un certain Brisevent qui, en tant que « rompour de trêves », semait la terreur du côté d’Antrain et de Fougères. Ceux de 1424 font état des craintes nourries à l’encontre d’un dénommé Thomas Bourc, l’un de ces malintentionnés à l’égard des faubourgs de Rennes, établi sur les bords du Couesnon et qui faisait, semble-t-il, de nombreuses incursions en Bretagne11. En 1425-1426, une compagnie d’Écossais – au service du roi de France – est signalée dans l’abbaye de Saint-Sulpice-la-Forêt, incitant la population à retenir son souffle durant le temps de leur encombrante présence… jusqu’à ce qu’il fût décidé d’aller les déloger ! Parallèlement, toute la partie nord-orientale du duché subissait les conséquences du siège du Mont-Saint-Michel attirant dans les parages une quantité absolument inouïe de « gens de compagnie », tous aussi peu recommandables les uns que les autres. Tous vivaient sur le pays ; en particulier ceux de la garnison française attachée à la défense du lieu et qui, sous la conduite d’un certain Jean Guitton, s’adonnèrent à toutes sortes de déprédations au voisinage de Dol : « sacrilèges, boutemens de feu, forcemens de femmes, détrousses et mutilations… dont aucunes fois mort s’ensuivit12 ». Autant de crimes qui leur furent cependant pardonnés, « eu égard à la bravoure dudit capitaine dans la défense dudit Mont-Saint-Michel » ! En marge de ces professionnels de la guerre, sévissaient de la même manière toute une multitude de « larrons des bois, jacquiers de Normandie, buczonniers et autres dérobeurs de chemins » qui pullulaient dans les parages, « fréquentant continuellement lesdites marches, tant de jour que de nuit ».
10L’hiver 1433-1434 fut placé sous le signe de la venue du fameux Richard Venables : ce « capitaine très scélérat » – responsable des « horribles massacres » de Saint-Pierre-sur-Dives et de Viques, au bailliage de Caen, près de Falaise – qui s’empara de l’abbaye de Savigny et s’y fortifia avec plusieurs centaines de ses acolytes – « ces infâmes bouchers ! » dont nous parle Thomas Basin – pour oppresser le pays… avant d’être capturé et finalement décapité à Rouen, le 22 juin de cette même année 143413. Imprégnés des mêmes sensations, les comptes de l’année 1436 font état de « la venue », dans les parages, de Jean de la Roche : un personnage connu pour ses « exploits antérieurement commis au pays de Poitou… » et qui, pour lors, avec ses compagnons, s’apprêtait à jeter son dévolu sur le Fougerais et ses environs. Les conséquences de son passage générèrent l’une des plus graves crises qu’il fût jamais donné de voir dans ce secteur, sur fond de « très grande stérilité des blés, de particulière cherté des vivres », de moulins saccagés, de greniers pillés et de villages abandonnés… à telle enseigne « qu’une grande multitude de pôvres gens moururent par indigence, car jamais, n’y eut si grand famine dans cette partie14 » !
11Contre ces dangers potentiels, la ville apparaissait relativement à l’abri. Elle devait néanmoins s’organiser et redoubler de vigilance afin de s’en prémunir. Sur cet aspect de la question, les comptes fournissent des renseignements très précis. Dès 1420, nombre de deniers sont employés au renforcement des moyens de veille et de garde ; à commencer par la mise en place d’innombrables « loges à veillours » : pas moins d’une vingtaine, disposées sur les points les plus névralgiques, « hors la cloaison de ladite ville », sur la Vilaine et à proximité des portes principales. Il en fut de même durant les années 1442-1444, marquées par l’édification d’échauguettes et de nouvelles bastilles en bois, « pour doubte des Anglois qui avoint pris La Guerche15 ». Surtout, à partir de 1427, est entamée la construction d’une deuxième enceinte ; puis d’une troisième, afin de mettre à l’abri les gens des faubourgs et les nombreux réfugiés venus des campagnes environnantes… mais aussi du Coglais et du pays de Fougères ; surtout de la Normandie, à l’instar de ces tisserands de Saint-James, de Saint-Lô ou de Rouen, et quantité d’autres ouvriers du textile et du cuir ; mais aussi des maçons, des charpentiers et des « monteurs d’engins »… dont la présence est attestée par de nombreuses autres sources telles que les Actes de la chancellerie ducale ou le très fameux Registre de la réformation générale des feux de Bretagne en date des années 1420-144016. De même en 1449, suite à la prise de Fougères par Surienne, Rennes accueillit « plusieurs pouvres de ladite ville de Fougères qui avoint perdu tous leurs biens ; et pour lesquels fut ordonné par le duc, et aussi par l’avisement de plusieurs bourgeoys dudit lieu, qu’une grande maison – sise près de la rue de la Charbonnerie en la ville neuve de Rennes, appartenant à la femme de feu Perrin Pépin et ses enffans – serait, aux dépens de ladite ville, baillée et délivrée pour demourer auxdits pouvres gens. Laquelle leur fut baillée pour le temps de quinze moys à la somme de 50 livres monnaie »… correspondant au prix de la solidarité de l’époque17 !
ANNÉES 1460-1480 : LE TEMPS DE L’ÉMINENT PÉRIL ET DE LA GUERRE OUVERTE
12Il en fut de même tout au long des années 1460-1470, ponctuées par la montée de « l’éminent périll » et de la tension franco bretonne18… S’ensuivit la permanence du danger, ponctuée par des moments de fièvre intense sous couvert de la guerre dite du « Bien public » (années 1465-1468), avec plusieurs temps forts – tel le siège d’Ancenis en 1468 – dont les répercussions se firent ressentir dans tout le duché ; et plus particulièrement à Rennes et à Nantes tributaires du commerce ligérien et de la sécurité des principales voies de communication. Idem en 1472, marquée par l’avancée des troupes royales sur la frontière méridionale du duché jusqu’à Machecoul, au cœur des « marches séparantes », sources de tension politique et prétextes à beaucoup de malentendus entre le roi et le duc. Enfin durant les années 1485-1491 qui furent celles du déchaînement de « la guerre ouverte » exposant les secteurs de Châteaubriant, d’Ancenis et de Nantes en toute première ligne des opérations frontales… avant d’atteindre les pays de Vitré, de Fougères et de Saint-Aubin-du-Cormier où se joua la bataille décisive du 28 juillet 1488.
13Durant tout le temps de ces grandes opérations – dont les Français, soit dit en passant, ne cessèrent de conserver l’initiative – Rennes joua le rôle de place arrière, en attente des événements. Néanmoins, du point de vue de la stratégie bretonne, elle apparaissait suffisamment proche de la frontière pour être maintenue sur le qui-vive et en état de vigilance permanente. Comme aux pires moments de la guerre de Cent Ans, les comptes des années 1487-1488 se font l’écho des efforts déployés pour s’informer des nouvelles, rompre l’isolement et maintenir le contact entre les différentes places par l’envoi tous azimuts « de messagers, de chevaucheurs et autres porteurs de nouvelles secrètes »… dont pouvait dépendre « le salut du pays tout entier et de ladite ville », désormais présentée comme étant « très près des marches et avenues de nos ennemis ». Et les archives de se montrer très loquaces, voire on ne peut plus prolixes sur les dérèglements du cadre de la vie ordinaire confrontée aux effets conjugués de la guerre, des pilleries et de la mortalité.

1. Messagers des frontières envoyés aux nouvelles de la guerre en 1488. (d’après le compte de l’année 1488).
14Aux comptes de miseurs proprement dits, on peut adjoindre de très nombreuses autres pièces constituant une abondante documentation sur les non moins nombreux « rabats de fermes » consentis aux titulaires de ces dernières : « supplications des fermiers », « enquêtes et informations », « ordonnances ducales »… et « autres papiers divers » portant sur les différentes « cloisons » de la ville, très variables d’une année à l’autre : « la cloison des draps » (de 500 à 1 300 livres), « la cloison des vins » (de 250 à 550 livres), « la ferme de l’apétissement » (de 400 à plus de 3 000 livres), « la ferme de la mercerie » (de 150 à 200 livres), « la ferme des pavages » (de 130 à 280 livres), « la ferme des peaux et laines » (autour de 300 livres), « la cloison des bêtes d’aumaille et porcines » (autour de 320 livres), « les fermes du cinquain sous et du vingtain sous… » et, à partir de 1465, « la ferme du trentain sous » – soit trente sous par pippe de vin d’Anjou vendu au détail ! – pouvant monter à plus de 4 600 livres19.
LA RÉSONANCE DES BRUITS DE GUERRE…
15Fort de ces données, on rappellera le très grand rayonnement de Rennes au XVe siècle, au même titre que Fougères, Vitré, Ancenis ou Nantes… ayant toutes la particularité de se positionner avantageusement par rapport au commerce interrégional, en période de paix et de conjoncture favorable. C’est à Rennes que se donnaient rendez-vous les marchands venus de toutes les parties du royaume situées à portée de charroi ou de navigation fluviale : « des parties d’Auvergne, Limousin, Gascogne, Guyenne, Berry, Poitou, Touraine, Anjou, Maine, Normandie et autres contrées qui faisaient grans frais de marchandises ». On y trouvait de tout : des animaux, comme ces « gros porcs de Normandie et du Limousin », ou ces « aumailles du Maine et des autres pays marchois » ; du vin, en grande quantité et en provenance de toutes les régions viticoles de l’ouest et des « pays d’amont », en passant par Nantes ou Ancenis, « le port le plus proche et le plus aisible pour lesdits marchands » ; des métaux – « fers et aciers, plomb, étain, laiton » – importés d’Angleterre, d’Irlande, d’Écosse et d’Espagne ; des draps et des futaines blanches amenés des Flandres en même temps que toutes sortes d’autres produits dits de « l’épicerie et de la mercerie » ; des cuirs et des peaux de toutes natures et de tous poils pour la pelleterie, la baudrairie, la parcheminerie et la chaussetterie ; des laines d’Espagne et d’Angleterre, indispensables à la lainerie, à la bonneterie et surtout à la draperie – « faczon de Rennes » – en plein essor20… Les archives rennaises fourmillent d’indications aptes à faire revivre toutes ces activités contenues à l’intérieur de la ville qui comptait parmi ses artisans quantité d’autres ouvriers d’élite, originaires de contrées « estrangères » : tels ces « fondeurs de cloches » d’Avranches, ces « vitriers » de Coutances, ces « faiseurs d’horloges » de la région parisienne, ces « tailleurs d’ymages » venus des chantiers normands ou ligériens habitués aux matériaux plus tendres… sans oublier ces spécialistes en artillerie venus d’Allemagne, d’Angleterre, d’Espagne ou de Hollande21.
16Pourtant les très importantes variations des chiffres – du simple au double, voire au triple ! – témoignent de la grande vulnérabilité de l’économie marchoise, particulièrement sensible aux mauvaises récoltes, aux « mauvaises glandées » et aux non moins « mauvaises vinées », ainsi qu’aux intempéries, aux « fièvres espidémièles » et à « l’empirement des grands chemins »… mais surtout, « aux bruits de guerre », synonymes de « guerre » tout court, de pillages systématiques, de destructions inévitables et d’insécurité généralisée : parfois « jusqu’à cessation complète des foires et marchés » ! Dans ces cas, les sources font état de « très grants pertes », comme au pire temps de la guerre de Cent Ans placée sous le signe d’une crise de longue durée, ponctuée par des temps forts récurrents ; si forts, que leur impact psychologique l’emportait parfois sur la véracité des données purement comptables. De 1427 à 1449, les pertes enregistrées oscillent entre 25 et 75 % ; si ce n’est plus, pour nombre de fermes dites « réduites à nulle valeur ». Les comptes parlent de « fermiers grandement perdants » ; et pour certains, « réduits à totale destruction pour cause de la guerre et des pilleries »… En réalité, il faut se méfier de certaines de ces appréciations parfois par trop exagérées, tendant à noircir le fond du tableau. Ainsi par exemple, tel titulaire de la cloison des draps en 1429, s’estimant « grandement perdant », n’obtint au final que « 40 livres de rabat » : soit à peine 5 % seulement de sa propre mise ! Tel autre qui tablait pour le moins sur un rabat de « la moitié » ou du « tiers » dut se contenter du « quart » : « pource qu’il avoit mal donné entendre à monseigneur le duc et teu la vérité. Et pource que dempuis l’on avoit esté plus à plein informé de sa perte22 » ! Comme quoi, la plus grande prudence s’impose face à un problème aussi délicat dont les données, souvent chargées de subjectivité, restent parfois difficiles à interpréter.
Date | Fermes concernées | Estimation des pertes et rabats escomptés | Rabats consentis | Motifs invoqués |
Octobre 1427 | Apéticement : 1 908 l.15 s. | « Plus de la moitié » | 1200 l. soit 63 % | « Siège de Pontorson » |
1428-1429 | Cloison des draps 800 l. | « Grandement perdant » 100 l. soit 12,5 % | 40 l. soit 5 % | « Ostilité de guerre » |
Mai 1429 | Cloison des vins 310 l. | « Plus de 200 l. » soit 64,5 % | 100 l. soit 32 % | « Grand défaut et petitesse des vins »« Sièges de Saint-Jameset de Pontorson » |
1428-1429 | Apéticement 1 840 l. | « Grandement perdant » | 294 l. soit 16 % | « Grand défaut et petitesse des vins » |
Mars 1429 | Mercerie 223 l. | « Plus de 120 l. » soit 54 % | 60 l. | « Ostilité de guerre » |
Juillet 1429 | Marché aux bestiaux | « 80 l. et plus » soit 44 % | 42 l. soit 23 % | « Changement de monnaie » |
Novembre 1429 | Cloison des vins | « Grandement perdant » 100 l. et +, soit 38 % | 45 l. soit 17 % | « Pour la crainte des auvergnaz et des brigans qui fréquentaientles chemins » |
Juillet 1430 | Draperie-mercerie 800 l. | « Grandement perdant » | 150 l. soit 18 % | « Pour l’ostilité de la guerre qui a esté en Normandie » |
1431-1432 | Cloison des draps 867 l. | « Grant perte » | 145 l. soit 17 % | « A l’occasion du siège de Pouancé » |
1431-1432 | Apéticement 400 l. | « Grant perte » | 200 l. soit 50 % | « A l’occasion du siège de Pouancé » |
Avril 1442 | Bêtes vives et cuirs | « Grandement perdant de plus de la moitié» | 50 l. soit 25 % | « A l’occasion de la prise de Granville » |
Février 1443 | Peaux et laines 130 l. | « N’a comme rien valu » | « À cause de la venue du duc de Somerset dans les marches » | |
Mars 1443 | Cloison des draps 1 200 l. | « N’a comme rien valu » | 150 l. soit 13 % | « Passage de troupes dans les environs de Fougères et de Rennes » |
Juillet 1443 | Apéticement | « Plus du tiers » | « Le quart » soit 25 % | « Siège de Pouancé » |
Octobre 1443 | Cloison des vins | « Très grandement perdant » | « A l’occasion des gens de guerre qui ont esté tant en Anjou que dans notre pays » | |
Juillet 1444 | Cloison des vins 2 000 l. | « A esté de petite valeur » | « Le quart » soit 25 % | « Passage de troupes par les marches du pays de Rennes en allant à Granville et autres lieux de Normandie » |
1448-1449 | Apéticement | « Grants pertes » | 150 l. soit 9 % | « Tant par mortalité que autrement » |
Avril 1449 | Cloison des draps 1 260 l. | « A esté comme de nulle valeur » | « Baillée de nouvel » | « Par les inconvéniens entrevenus de la prinse de Fougères » |
Décembre 1449 | Cloison des peaux et laines et de la mercerie | « Le quart environ » | « Baillée de nouvel » | « Absence des marchands de Rouan et des Flandres et de la mercerie à cause de la prinse de Fougères par les Anglais » |
Janvier 1450 | Apéticement 3 450 l. | « Entre le tiers et la moitié » | « Grant mortalité espidémièle » |
2. Rabats effectués sur les fermes de Rennes entre 1427 et 1449 (d’après Arch. mun. de Rennes, liasse 64).
17Autrement les exemples ne manquent pas pour traduire la réalité s’attachant aux années 1480 qui plongèrent la région des marches dans la plus totale désorganisation… « à l’occasion des guerres des Franczais et pour la crainte des gens d’armes qui lors estoient continuellement sur le pays ». Toute la vie rurale s’en trouva bouleversée ; mais aussi les foires et marchés, les transports et les circuits de ravitaillement, dans des proportions jusque-là encore jamais atteintes. Très significative nous apparaît la baisse du commerce des boissons vendues au détail dans l’évêché de Rennes en 1486 : année durant laquelle le commerce du vin chuta de manière spectaculaire, ne fût-ce qu’en conséquence de la ruine d’Ancenis, dont le port et les entrepôts furent entièrement brûlés en 1485 sur ordre de François II, « avec deffense et prohibition pour tous les sujets du duc de non rien achater audit lieu d’Ancenix ».
18L’approvisionnement de Rennes s’en trouva perturbé et la ferme du « vingtain sous » subit une forte diminution équivalant au tiers de sa valeur accoutumée : traduction d’une dégradation consécutive à la cessation de la vente dans plusieurs dizaines de paroisses autour de la ville, ainsi que dans les châtellenies d’Aubigné, Bain, La Guerche et Châteaugiron, « et aussi à cause des Franczais et des gens de guerre de la duchesse, et autres misérables compaignons qui en firent grandes dépenses… sans rien payer23 » ! Il en fut de même pour « la cloison des draps » en proie à une baisse de 25 % : « à cause des gens d’armes qui couraient le pays en grand nombre », incitant les marchands des contrées extérieures à suspendre leur voyage. Idem pour « la cloison des vins », atteinte à plus de 50 % : « obstant la grant émotion de guerre sur les frontières de notredit pays et autres pays marczans ; et aussi le défaut des charretiers du pays rennais, occupés pendant plusieurs semaines à mener et conduire l’artillerie à Nantes, devers le duc ». Enfin « la cloison de la mercerie et celle des peaux et laines : l’une et l’autre en baisse de 50 %, pource que chacun jour, les gens de guerre estans sur les champs pillent, robent et détroussent les marchands… »
19Les effets cumulés de tous ces malheurs pouvaient entraîner des pertes allant jusqu’à plus de 75 % ; voire 90 %, ainsi qu’en fit les frais le dénommé Pierre Boisguérin, titulaire en 1489 de « la ferme des pavages », particulièrement sensible à la conjoncture régnant dans les abords immédiats de la ville : « ladite ferme n’ayant pas valu la dixième partie de ce qu’elle avoit coustume de valoir, obstant les occupations que font lesdits Franczois des chemins, les pilleries, les exactions et les prinses des gens et des biens. Et aussi par deffaut des marchands tant de Basse Bretagne que des païs de Nantes et de La Guerche, et du païs de France ». Aux méfaits des gens de guerre, s’ajoutaient ceux des brigands qui avaient tendance à proliférer et que les textes mentionnent sous les noms de « guetteurs de chemins » ou « fouillards », particulièrement nombreux à l’orée des espaces forestiers. Les environs de Rennes en étaient littéralement infestés. Et aux dires de certains témoins le ravitaillement de la ville en produits de première nécessité n’était plus en mesure d’être assuré « pour cause desdits brigans qui continuellement hantent les passages et avenues à ladite ville, détroussent, ranczonnent et pillent les bonnes gens dessus les champs et autres qui viennent à ladite ville ô bouays à chauffaige, avoynes, bléz, foins, pailles, draps, laines, fers, aciers et autres marchandises ; prennent tous les charrois, bestes chevalines et beuffs à porter fardeaux… parquoy la plupart des charretiers, voituriers et marchans ont du tout cessé de venir marchandamment en ladite ville, par le fait de ladite guerre24 ».
LE RÔLE ET LA PLACE DE RENNES COMME VILLE FRONTIÈRE
20De par son importance – tout comme Nantes, dans la partie méridionale du duché qui donna beaucoup de fil à retordre aux Français ! – Rennes s’inscrivait dans la stratégie défensive de la zone nord-orientale des marches en tant que place fortifiée de ligne arrière. En ce sens elle faisait bel et bien figure de ville frontière… à telle enseigne que les Français s’employèrent à la contourner lors des campagnes militaires de 1487 et de 1488, afin de ne pas compromettre le succès des opérations projetées. En 1491, elle s’érigeait en ultime bastion de la résistance bretonne incarnée par la jeune Duchesse qui y avait établi son gouvernement. Elle resta encerclée pendant toute la durée de cette dernière campagne par un véritable carcan de troupes prêtes à fondre sur elle. Menacée par la raréfaction des vivres, la baisse du moral et la débandade des auxiliaires étrangers, elle n’avait aucune chance de s’en sortir. Sentiment d’abandon, attentes désespérées, vaines tentatives, impression de fin… les choses allèrent de mal en pis jusqu’en novembre de cette même année 1491, date à laquelle s’éveillèrent de nouvelles perspectives dont chacun connaît le dénouement, évitant ainsi à la cité l’humiliation d’une vraie reddition ! À l’inverse, c’est avec des feux d’allégresse allumés aux carrefours que l’on célébra le mariage d’Anne et de Charles VIII. Et, à ce qu’il paraît même, le vin se remit à couler à flot pour fêter dignement l’événement !
21Mais qu’en serait-il advenu autrement ? Sachant que l’on peut s’interroger sur les réelles capacités de la ville à repousser une attaque de grande envergure, vu l’état de ses fortifications. Comme toutes les autres places du duché, elle apparaissait « moult indigente de réparations » : un euphémisme souvent rencontré dans la documentation pour signifier la très impérative obligation de remédier aux insuffisances les plus criantes. Au chapitre des travaux les plus importants, on rappellera pour mémoire la construction de la deuxième enceinte à partir de 1422, afin de mettre à l’abri les réfugiés et les habitants des faubourgs exposés à tous les dangers. Ainsi naquit « la Ville Neuve » dont les travaux, entrecoupés de plusieurs phases d’interruption, se prolongèrent jusqu’à la fin des années 1460 ; date à laquelle cette deuxième enceinte n’était pas encore tout à fait terminée tandis que l’on s’empressait de colmater quelques-unes des principales brèches par de simples « palis de bois ». C’est également à partir de ces mêmes années que se révéla la nécessité de concevoir une troisième enceinte pour la défense des quartiers sud restés jusque-là à découvert. Commencée dans le courant des années 1460, cette troisième enceinte était destinée à clore ce qui devint « la Ville Nouvelle »… Mais force est de le reconnaître, à l’orée des années 1470, celle-ci demeurait « très inachevée en plusieurs endroits totalement dépourvus de murailles et de défenses suffisantes », tandis que le danger se cessait de croître à l’horizon25. Et c’est au cours de la fin de ces mêmes années 1470 que germa le projet d’édifier une quatrième enceinte… qui ne verra jamais le jour !
22Tout cela pour dire que la ville fut un chantier permanent tout au long du XVe siècle, ne cessant de se transformer et de s’adapter ; notamment aux progrès de l’artillerie à poudre : construction des boulevards devant les principales portes ; édification de nouvelles douves, aménagement de nouvelles canonnières ; construction d’ouvrages de type nouveau – comme ces « moyneaux » ou « fausses brayes » – en forme de gros bastions surbaissés et saillants, destinés à renforcer la protection des portes principales ; réhabilitation, à des fins militaires, de nombreuses tours « occupées [aujourd’hui on dirait squattées !] par diverses personnes » ; remise en état des barrières à l’entrée des faubourgs et la consolidation de la plupart des ponts ; installation, enfin, de puits et de moulins à bras ou à harnais, indispensables en cas de siège durable… En réalité, il en fut ainsi partout ailleurs au cours de ces trois décennies, en vue des événements que l’on pressentait comme inéluctables. En attendant, l’heure était à la mobilisation d’une immense quantité d’ouvriers et de manœuvres réquisitionnés dans plus d’une quarantaine de paroisses environnantes. La comptabilité de l’année 1468 – année ô combien chargée d’émotion au titre de « l’éminent périll » – témoigne de cette frénésie ambiante… à telle enseigne – détail intéressant ! – que les miseurs demandèrent une revalorisation de leurs gages, pour surcroît de labeur. Il est vrai que leur rétribution, en temps ordinaire, s’élevait à 30 livres en moyenne : « ce qui estoit chose acoustumée lorsqu’il n’y avoit que peu de choses à réparer ». Aussi demandaient-ils 12 l. 10 s. d’augmentation : « à cause de la guerre et émotion d’icelle »… sans parler du temps supplémentaire, « tant de jour que de nuit, à rédiger lesdits comptes26 » ! Autre exemple, le compte de 1486 fait état de plus de 400 « ouvriers lamballays » mobilisés : ces derniers particulièrement réputés pour les gros travaux de terrassement, totalisant pas moins de 16 200 journées de travail, au prix de 20 deniers chacune ; soit un peu plus de 10 sous la semaine. À ces équipes de terrassiers professionnels, venaient prêter main-forte plusieurs centaines d’autres ouvriers moins qualifiés : « bêcheurs, fosséeurs, remueurs de terre, espuseurs d’eau »… employés tant de jour que de nuit, et travaillant s’il le faut « à la lumière des chandelles », y compris le dimanche. Tout cela sous la coupe de « gens expérimentés, connaissant le fait de fortification et remparts »… et aussi beaucoup mieux rémunérés27 !

3. Les enceintes de la ville de Rennes (d’après Leguay J-P., La ville de Rennes au XVe siècle d’après les comptes de miseurs, op. cit.).
23C’est que le cas de Rennes apparaît très significatif de l’état réel des fortifications inhérent à toutes les autres places de la frontière bretonne. Grâce aux données contenues dans les comptes, on mesure de manière paradoxale aussi bien l’ampleur des moyens mis en œuvre que le caractère somme toute dérisoire des réalisations accomplies : des travaux la plupart du temps inachevés, trainant en longueur, faits d’infinis rajouts et d’incessants raccommodages ; sensation de réparer du vieux pour faire du neuf, redécouverte des négligences du passé… D’après le compte de 1468, nombre de dépenses apparaissent justifiées par le très mauvais état des fossés, « comblés de terre et de détritus… et autres matières infectes, dont moult inconvéniens pourraient s’ensuivre, vu l’éminent périll de guerre qui lors estoit ». Même impression avec le compte de l’année 1486 dans lequel sont mentionnées plusieurs canonnières et guérites « converties en lieux d’aisance et remplies de matières infectes28 » ! Dans le même esprit, le compte de l’année 1484 s’attache aux « escaliers de bois et autres charpenteries » destinés à monter dans les étages des tours et sur les parties hautes des murs d’enceintes, « en maints endroits en ruine, pourris et rompus… ». Sans oublier nombre de toitures et de charpentes laissées à l’abandon, comme la couverture de la tour du portail Saint-Georges… « à tel point que la pluye passe à travers la muraille, jusques aux chambres estantes au-dedans de ladite tour » !
24D’une manière générale les portes n’offraient aucune garantie de sécurité et certaines d’entre elles, dépourvues de herse, apparaissaient « en si mauvais état que chacun pouvait à sa guise sortir et entrer en ladite ville, tant de jour que de nuit » ! Des portions entières de murailles sont décrites comme « rongées par la pourriture et menaçantes de s’écrouler29 »… Et les accidents ne sont pas rares. Ainsi le compte de l’année 1460 relate comment plusieurs pans de mur s’écroulèrent les uns à la suite des autres au cours d’une même journée, tuant d’abord un malheureux passant sur le coup… puis blessant grièvement « un jeune enfant qui eut la jambe rompue30 » ! Et on pourrait plus ardemment parler des malfaçons, des détournements, des mauvais matériaux, des mauvais mortiers et des mauvaises mesures – « tant de grandeur que de hauteur ou d’épaisseur » – à mettre au compte d’entrepreneurs malhonnêtes ou peu scrupuleux… et « autres fraudes, cohusions et diminucions qui seraient », de l’avis même de nosdits miseurs, « trop longues à réciter ; le tout au très grand grieff et dommage de notredite ville et de toute la chose publique31 » !
25De fait Rennes nous apparaît comme un bon exemple illustrant les grandes faiblesses de l’appareil défensif breton, telles qu’on les retrouve aussi à Fougères, à Vitré, à Dol, à La Guerche, à Saint-Malo, à Dinan, à Saint-Aubin-du-Cormier, à Clisson… et autres places frontalières émargeant au budget de la Trésorerie des guerres. Mais pour ces dernières, nous disposons de beaucoup moins de matière écrite, faute d’archives suffisantes… bien que celles-ci soient largement compensées par l’importance des vestiges témoignant des nombreux « raccoutrements » opérés au nom de cette même énergie du désespoir qui précéda le temps des réelles mises à l’épreuve.
26C’est donc dans l’abondance de l’information qu’il nous faut situer l’intérêt des comptes de miseurs de la ville de Rennes, dont les renseignements les plus inédits portent sur l’état de l’artillerie. Parmi les plus intéressants, celui de l’année 1487 ne recense pas moins de 343 pièces de toutes natures, auxquelles devaient s’ajouter plusieurs dizaines d’autres, non répertoriées – mises au rebut, refondues, égarées ou « faillies » – portant le total à plus de 400 engins32. Pour la période 1488-1492 sont mentionnées 42 pièces supplémentaires – « dont 14 canons, 4 serpentines, 22 faucons et 12 haquebutes » – montées sur affûts roulants et de fabrication récente. Mais beaucoup d’entre elles étaient en mauvais état. Les comptes des années 1464, 1481 et 1485 insistent sur le nombre de pièces défectueuses ou « trop mal en point pour servir : dépourvues de boëtes, cassées et rompues, mal montées, trop lourdes ou pourries »… et, de ce fait, quasiment inutilisables, « rendant ladite artillerie ni utile, ni profitable pour la défense de ladite ville33 ». Plusieurs autres indications témoignent de la nécessité impérative de « renforcer les ponts de la ville, afin de les soutenir et garder de rompre », pour le transport des plus gros engins, comme ces grosses veuglaires en cuivre – au nombre de 3 en 1474 – pesant plus de 4 000 livres et nécessitant l’utilisation de chariots spécialement renforcés à quatre paires de roues bien ferrées. Engins impressionnants certes, et d’allure rébarbative… à défaut d’être véritablement efficaces ! Sans parler de cette autre grosse bombarde destinée à la défense de Fougères en 1449, qui se cassa en plusieurs morceaux – dont on ne sut jamais que faire ! – après six jours de voyage chaotique, en partance de Rennes ! S’ajoutaient enfin la petitesse des escaliers – maintes fois signalées ! –, l’étroitesse des créneaux et des chemins de ronde, la faiblesse des planchers et l’encombrement des salles ; d’une manière générale, l’inadaptation des structures, y compris des canonnières, « pour la plupart closes et maczonnées… afin que les habitants n’y feissent leurs aysemens34 » ! Autant d’inconvénients qui ne facilitaient pas la tâche des canonniers, toujours dans l’obligation de recourir aux services d’autres gens de métiers – charpentiers, maçons, forgerons, ouvriers de fonte, salpêtriers, tailleurs de pierres – pour mener à bien leur entreprise. De même, on pourrait s’interroger sur les conditions du « gardage des poudres et des munitions » nécessitant des endroits appropriés : à l’abri de l’humidité, des trop grandes variations de températures, de la chaleur et des risques d’incendie. Après moult vicissitudes et autant de déménagements successifs d’une tour à l’autre, « les poudres » de l’artillerie rennaises finirent par échouer, en 1526, « dans la chambre basse de la Maison de ville », au grand dam des membres du conseil municipal qui ne manquèrent point de s’en effrayer sur le champ… « en raison de plusieurs pertuys qui sont en la muraille de ladite chambre, et aussi qu’on fait du feu en la chambre haute sous laquelle sont lesdites poudres35 » !
27Au final, la consultation des comptes Rennais nous amène à conclure sur l’idée d’une ville mal adaptée à l’évolution des nouvelles techniques de guerre. Face au danger venu de la frontière, « la haute muraille », certes rassurante pour les gens de l’intérieur, apparaît comme une conception périmée à la fin du XVe siècle. Avec les formidables progrès du canon, s’ensuit désormais la très nette supériorité de l’attaque sur la défense, ainsi qu’en firent la douloureuse expérience en 1488, les flancs de Châteaubriant, d’Ancenis, de Fougères… ou encore du Loroux-Bottereau : « cette méchante petite place – située de l’autre côté de la Loire – qui ne résista pas trois heures en face de quatre canons36 » ! Heureusement Rennes n’eut point à essuyer le feu de l’artillerie royale : celle-ci était d’une telle puissance « que trois mil chevaulx ne la povoient mener », selon le chroniqueur Jean Molinet à qui nous empruntons cette affirmation principalement destinée à marquer les esprits… à défaut d’être authentiquement vérifiable37. Et lorsque la guerre se termine en novembre 1491, la ville en ressort plutôt épargnée, hormis plusieurs portions de faubourgs volontairement incendiés pour les besoins de la défense. Ainsi fut-elle très proche des événements, tout en demeurant un peu à l’écart… comme au pire temps de la guerre de Cent Ans, où elle faisait figure de cité-refuge pour tous ceux que les vents de l’exode poussaient en avant vers les lieux de plus grande sécurité. Ultime bastion des forces loyalistes, elle n’eut pas à subir le choc de l’ultime bataille ; et de ce fait, ne joua pas le même rôle que nombre de villes qui se trouvèrent sur l’itinéraire des armées françaises lors des différentes campagnes et s’employèrent à « mener guerre guerréable aux ennemis et adversaires du duc » en 1487, comme Redon, Ploërmel, Josselin, Vannes, Auray, Dol – « prise par force et toute pillée » –, Saint-Aubin-du-Cormier… et surtout Nantes, dont les habitants firent preuve d’un extraordinaire esprit de résistance qui repoussa le siège ; ou encore Guingamp, « qui passait pour la clef de la Basse Bretagne » et qui fut entièrement mise à sac en 1491. Disons donc que les habitants de Rennes eurent beaucoup de chance par rapport à ceux des pays d’Antrain, de Fougères, de Dol, de La Guerche, de Châteaubriant ou d’Ancenis… plongés à maintes reprises au cœur des événements récurrents. Il n’en demeure pas moins qu’ils vécurent fréquemment dans l’angoisse et connurent la peur : la peur de l’invasion et celle des mauvaises surprises ; surtout celle des nuits sans lendemain, comme à Fougères en mars 1449 qui demeure certainement l’un des drames les plus marquants de l’histoire des marches, aux conséquences absolument considérables ! Une peur générée par la proximité de la frontière, qui transparaît lorsque les événements s’emballent et que les craintes se font plus précises ; une sensation qui s’exprime au fil de la rédaction des comptes, dont la véritable portée se révèle à qui sait lire entre les lignes, pousser les portes de l’imaginaire… et forcer les traits du « vivant ». Nul mieux que Marc Bloch n’a traduit cet appétit vorace d’interprétation des donnés de l’histoire : « Le bon historien, lui, ressemble à l’ogre de la légende. Là où il flaire la chair humaine, il sait que là est son gibier38 » ! Pour lors, avec les comptes de miseurs de la ville de Rennes, l’historien des marches n’a pas fini de se repaître !
Notes de bas de page
1 Pour lors, on retiendra principalement Leguay J.-P., La ville de Rennes au XVe siècle à travers les comptes des miseurs, Klincksieck, Paris, 1968.
2 Lettres et mandements de Jean V, duc de Bretagne 1402-1442, pub. par Blanchard R., Nantes, 1889, no 1916, septembre 1430.
3 L’épisode nous est rapporté par le chroniqueur Enguerran de Monstrelet, Chronique, pub. L. Douët d’Arcq, Paris 1857-1862, t. 3, livre 2, chap. XLVI, p. 284-285, année 1427 : Comment les Anglois vinrent en la duché de Bretaigne, où ils firent moult de maulx et de grans dommages… et autres matières.
4 Arch. dép. Loire Atlantique, B 2450/7, 8 et 10 : Extraits d’enquêtes effectuées au sujet de la très grande stérilité des blés qui affecta la baronnie de Fougères et la terre du Coglais en 1437-1438… durant le temps que les Anglois estoint à Savigny.
5 Enguerran de Monstrelet, Chronique, op. cit., t. 6, chap. CCLXXI, p. 66-67 : Comment Sombres et tira vers Bretaigne et prinst d’assault La Guierche, apertenant au duc d’Alençon, laquelle ville fut du tout pillée et robée. Et puis s’en alla logier à Pouançay… ; id., Basin Thomas, Histoire de Charles VII, traduite et éditée par Ch. Samaran, Paris 1933, t. 1, livre 3, chap. XVII, p. 282-284 : Grande expédition du premier duc de Somerset en France.
6 Arch. mun. Rennes, compte de 1447-1448, fos 12vo, 13ro-vo, 24ro-vo, 25vo, 26ro.
7 À noter, tous les chroniqueurs de cette époque parlent de l’événement. Pour lors on retiendra cette assertion extraite de Blondel R., Œuvres, pub. par Héron, Rouen 1893, t. 2, p. 273. Voir également Arch. dép. Ille-et-Vilaine 1F1539 évoquant les dommages subis par la petite ville d’Aubigné : Laquelle fut presque entièrement bruslée par lesdits Anglois qui lors estoint à la prinse de Foulgières.
8 Cintré R., Les marches de Bretagne au Moyen Âge, Éd. Jean-Marie Pierre, Pornichet, 1992, en particulier le chap. VI,« La grande pitié des marches de la guerre au XVe siècle », p. 119-134.
9 Arch. mun. Rennes, compte de 1422, fos 9ro-vo, 22ro, 24vo ; compte de 1425, fos 12vo, 13ro, 22ro, 25ro-vo, 34ro ; compte de 1426, fos 11vo, 14vo, 15vo, 23ro, 29vo ; compte de 1427, fos 13vo, 33vo.
10 Sur cet aspect de la question, les références sont très nombreuses, quasiment présentes dans tous les comptes couvrant la période 1418-1449. On retiendra en particulier : compte de 1422, 9ro, fo 22vo ; compte de 1424, fos 6ro, 25vo ; compte de 1425, fos 7ro, 13ro.
11 Arch. mun. Rennes, compte de 1421-1422, fo 10ro ; compte 1423-1424, fos 6ro-vo, 8vo.
12 Lebreton Ch., « L’Avranchin pendant la guerre de Cent Ans », in Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, décembre 1878, p. 131-132.
13 Pour en savoir plus sur ce Richard-Dick Venables qui passa l’hiver 1433-1434 à Savigny avec 1 000 à 1 200 hommes de guerre anglais : voir la chronique de Basin T., Histoire de Charles VII, op. cit., t. 1 livre 3, chap. VII, p. 197-201 ; id., Les croniques de Normandie, éd. par Hélot, Paris-Rouen, 1881, chap. VIII, p. 80, année 1434 : De la mort de Venables et du grant yver dont procéda la famine… Voir aussi Lebreton Ch., L’Avranchin…, op. cit., p. 134-135. Sur les Anglais qui séjournèrent à Savigny, voir aussi Arch. dép. Loire Atlantique, B 2450/6 : Enquête sur la cessation du commerce des vins et cidres dans la baronnie de Fougères à cause des Anglais qui furent à Savigny et menèrent forte guerre dans la région avoisinante (1437-1438).
14 Concernant les exploits de Jean de la Roche, seigneur de Saint-Maixent et du fief de Chauvet dépendant de la châtellenie de Fontenay-le-Comte, voir Gruel G., Chronique d’Arthur de Richemont, pub. par Le Vavasseur A., Paris, 1890, p. 66-67, chap. 47, année 1428… ; id. Arch. mun. Rennes, compte de 1436, fo 20vo-21ro… ; id. Arch. dép. Loire Atlantique, B 2450/10 : Enquête sur les grant deffaut et stérilité des blés qui eurent lieu dans le pays de Fougères en 1438, à cause de Jehan de la Roche et sa compaignie.
15 Arch. mun. Rennes, compte de 1420, fos 30ro et 32ro ; id., compte de 1442-1444, fos 27vo-32ro… Au sujet des bastilles de Rennes, voir aussi : Leguay J.-P., La ville de Rennes au XVe siècle, op. cit., p. 144 sqq.
16 Cintré R., « À propos des immigrés et réfugiés normands dans les villes bretonnes proches de la frontière durant la guerre de Cent Ans », in La ville médiévale, en deçà et au-delà de ses murs, Mélanges dédiés à Jean-Pierre Leguay, Rouen, 2000, p. 139-149 : ainsi 54 Normans sont recensés en 1426 dans le faubourg rennais de Toussaints, compris entre ladite ville et les barrières. Juste à côté, la paroisse de Saint-Germain, où souloit avoir 126 feux, fut plusieurs fois renquise pour être ramenée à 60 feux ; puis à 43… selon une derroine enqueste, pour cause de plusieurs Normans, qui dempuis s’en sont allés.
17 Arch. mun. Rennes, compte de 1448-1449, fo 42vo, compte de 1449-1450, fo 33ro ; id., liasse no 1, actes des 22 mai et 26 juin 1449.
18 Cintré R., Les marches de Bretagne au Moyen Âge, op. cit., chap. VII : « Les marches au cœur du drame breton », p. 135 sqq.
19 Arch. mun. Rennes, liasses 64, 65 et 66 : divers documents concernant les rabats consentis aux titulaires des différentes fermes de Rennes pour cause de la guerre et de la mortalité, entre 1427 et 1491.
20 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 2971/1 : Compte de la recette des deniers levés sur la traite de choses mortes de l’évêché de Rennes ; id., Arch. mun. Rennes, liasses 64, 65 et 66.
21 Voir Leguay J.-P., Un réseau urbain au Moyen Âge : Les villes du duché de Bretagne aux XIVe et XVe siècles, Maloine, Paris, 1981, p. 277-278.
22 Arch. mun. Rennes, compte de 1428, fo 106ro.
23 Arch. mun. Rennes, liasse 65 : Enquête et information pour Guillaume Legouz naguère fermier du devoir de la cloison des vins entrant en la ville de Rennes (janvier 1487)… Voir également notre article, Cintré R., « Le rôle et la place d’Ancenis et de ses environs dans le contexte périlleux des marches de Bretagne aux XIVe et XVe siècle », in Bulletin de l’Association bretonne, t. CVIII, congrès d’Ancenis 1999, p. 87-116. C’est à titre de punition pour avoir soutenu la rébellion du sire de Rieux que François II ordonna, en 1485, la destruction du port d’Ancenis qui fut frappé d’interdit, puis entièrement brûlé et mué auxdits lieux de Nantes et Ingrandes.
24 Arch. mun. de Rennes, liasse 65 : Enquêtes et informations portant sur les pertes et dommages subis par les titulaires de différentes fermes de Rennes (mercerie, peaux et laines, vins, pavages) entre 1485 et 1490, au moyen de la guerre qui a eu cours en ce pays et duché et de la mortalité qui a esté ès ville et forsbourgs de Rennes.
25 Arch. dép. Loire Atlantique, B3, fo 149vo-150vo (novembre 1464). Pour les détails de ces constructions, voir Leguay J.-P., La ville de Rennes au XVe siècle, op. cit., p. 133-138, 161-180, 215-227.
26 Arch. mun. Rennes, compte de 1468, fo 172ro-vo.
27 Arch. mun. Rennes, liasse 146 (juin 1486) ; id., liasse 147 : Mandement ordonnant la réquisition des habitants de Rennes et des campagnes environnantes, afin de haster la parachèvement de la closture et emparement des forsbourgs de Toussains (janvier 1449) ; id., compte de 1449, fo 146ro, au sujet des « lamballais » ; id., compte de 1477-1478, fos 42ro-43vo et 84vo, au sujet des travaux nocturnes effectués à la lueur des torches et des chandelles…
28 Arch. mun. Rennes, compte de 1468 : Mises pour la réparation des douves ; id., compte de 1486, fo 3ro.
29 Arch. mun. Rennes, compte de 1484-1485, fo 12vo ; id., liasse 146 concernant les défauts de couverture sur le portail Saint-Georges, la tour le Bart, la porte Madeleine et la porte aux Foulons (début XVIe).
30 Arch. mun. Rennes, liasse 134 : document en date du 8 janvier 1460.
31 Arch. mun. Rennes, liasse 141 : Procès entre le procureur de Rennes, « demandeur » d’une part, et Jehan Guériff et Pierre Guinot, « deffenseurs » d’autre part, au sujet de certaines fraudes dans la réalisation des travaux de fortifications portant sur un litige de 60 000 francs détournés au profit desdits deffenseurs (novembre 1460).
32 Arch. mun. Rennes, liasses 146, 156, 157, 158 et 159 : Quittances, reçus et devis s’attachant aux fournitures de la dite artillerie pour la période concernée ; id., comptes de 1487-1488, 1488-1489, 1489-1490.
33 Arch. mun. Rennes, compte de 1463-1464, fo 5ro.
34 Arch. mun. Rennes, compte de 1480-1481, fo 18ro.
35 Arch. mun. Rennes, liasse 161 (janvier 1526).
36 La Trémoïlle L. de, Correspondance de Charles VIII avec Louis II de La Trémoïlle pendant la guerre de Bretagne, Paris, 1875, p. 103-104 (20 mai 1488).
37 Les chroniques de Jean Molinet, éd. par Buchon J. A., Paris, 1828, t. 46, chap. CCXXVIII, p. 172, année 1491 : La reddition de Resnes et le mariage du roy de France à la duchesse Anne de Bretaigne…
38 Bloch M., Apologie pour l’histoire, rééd. A. Colin, Paris, 1974, p 35.
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