Bretagne/Maine : de la marche à la frontière entre Vitré et Laval (vie-xve siècle)
p. 87-100
Résumés
Entre Bretagne et Maine court une vieille frontière qui a beaucoup évolué au cours des siècles. Grâce à un dossier assez fourni, il est possible de suivre son histoire qui appartient autant à l’histoire des institutions qu’à celle de la société ou des représentations. La frontière est liée à la conception et à la pratique de l’espace. Elle sépara sans doute deux cités gauloises mais avec le Moyen Âge, la diversité et l’imbrication des limites s’imposent, faisant naître une zone de confins générant une société originale, surtout observable dans l’aristocratie et les implantations monastiques. Avec le développement de l’État, elle prend un aspect moderne et guerrier mais elle n’est pas reconnue comme telle par tous, comme la famille de Laval-Vitré qui demeure fidèle aux anciennes conceptions plus conformes à ses intérêts.
Between Brittany and Maine, runs an old border which had changed along centuries. Thanks to enough provided file, it’s possible to follow its history which belongs to the institutions history as much as society or representations. Border is bound to the conception and practice of space. It divided probably two gallic civitates but during the Middle Age, the variety and interconnection of limits are obvious, giving rise to an area of confines, generating of a singular society, especially observable in aristocracy and monastic establishments. With the state’s development, it takes a modern and warrior appearance but it’s not admitted in this way by everybody, like the Laval-Vitré family which remains faithful to ancient conceptions, more in accordance with his interests.
Texte intégral
1« Des notions comme celles de ligne […] de limite […] sont bien moins univoques qu’on ne se le figure communément ; sans parler de polarité […] de territoire […], outils d’appréhension de l’espace qui nous paraissent ancrés dans la plus infrangible objectivité, mais dont l’enquête la plus rapide montre la totale historicité1. » Ces quelques mots du médiéviste A. Guerreau figurent en tête d’un article important, en grande partie à l’origine d’une réflexion nouvelle. La conception et l’usage que la société médiévale avait de l’espace différaient largement des nôtres. Ce dernier se révèle une construction éminemment sociale et le concept de frontière en constitue un bon exemple parmi bien d’autres. En effet, comme le fait remarquer P. Toubert, le Moyen Âge connaît la zone frontière aussi bien que la frontière linéaire plus familière à nos yeux, ce qui n’entraîne pas obligatoirement le flou ou même l’inexistence de limites2. La réalité, aussi bien que les représentations de celles-ci renvoient à des conceptions qui nous sont étrangères et qu’il nous faut appréhender3.
2Les études ne manquent pas et on peut citer pour l’espace qui nous retient, les travaux de R. Cintré et D. Power sur la Bretagne et la Normandie4. L’enquête que nous nous proposons d’entreprendre voudrait essayer de comprendre ce que signifiait le terme de frontière mais surtout comment ce concept a évolué pendant le millénaire médiéval5. Le cas apparemment limité, une vingtaine de kilomètres, de la frontière orientale de la Bretagne entre Vitré et Laval offre une approche privilégiée par un riche dossier. Cette vieille limite que l’on fait remonter aux anciennes cités gauloises, aurait survécu dans la Marche puis dans une véritable frontière militaire. Marche et frontière relèvent de deux approches de la question des limites liées au mode d’appréhension de l’espace et de la construction des territoires qui, non seulement se succèdent, mais s’affrontent au cours du Moyen Âge.
3L’idée d’une frontière linéaire séparante dès les hautes époques ne correspond guère à la réalité et encore moins celle d’une ligne de défense imaginée par les ducs dès le XIe siècle comme le voulait A. de La Borderie6. C’est le résultat d’une lente construction, fruit d’une riche histoire institutionnelle, politique et culturelle.
TRACER UNE LIMITE : MARCHE ET MOUVANCES (VIe-XIe SIÈCLE)
4Selon, la conception classique, la frontière entre deux cités gauloises aurait généré, de façon assez passive, limites de diocèses et de provinces. Le court tronçon retenu semble bien répondre à une telle vision, au moins sur certains points, mais nos connaissances précises ne remontent pas au-delà du XIe siècle. Avant, sa réalité ne pouvait que s’inscrire en accord avec la construction de territoires organisés mais suivant des principes sensiblement différents de ceux de la société féodale7. La filiation reconnue par toute une historiographie a sans aucun doute besoin d’être affinée.
Dans la marche de Bretagne
5La limite actuelle entre les départements d’Ille-et-Vilaine et de la Mayenne reprend parfaitement celle qui s’établissait anciennement entre la Bretagne et le Maine et entre les diocèses du Mans et de Rennes8. La tradition qui veut voir dans ces limites diocésaines l’héritage des anciennes civitates est pourtant aujourd’hui battue en brèche. D’une part, la territorialisation bien réelle n’allait pas jusqu’à établir des frontières linéaires absolues mais les cités possédaient des marges éventuellement assez floues où pouvaient figurer des lieux d’ancrage précis, même si l’on ne retient pas l’hypothèse d’une frontière épaisse9. Fanum Vicenoniae, lieu-dit, les Feux-Villaines en Saint-Pierre-la-Cour, cité en 616 dans le testament de l’évêque du Mans, Bertrand, pourrait avoir été un sanctuaire de limite10.
6Durant le haut Moyen Âge, la rareté des sources ne fournit guère de renseignements, cependant, quelques points apparaissent, mis en lumière par Jean-Pierre Brunterc’h11. Le caractère frontalier de la région s’affaiblit. Intégrée à la marche de Bretagne carolingienne, épaulée par le Ducatus cenommanicus, elle participe d’une vaste zone de protection. Après 850, l’avancée bretonne atteint la Mayenne, créant un décalage entre le comitatus du Maine et le diocèse. Le repli se produit au cours du Xe siècle sans que l’on en connaisse les modalités, pour fixer la limite à peu près en son état actuel. Un passage de la vie de saint Mervé rédigée dans la seconde moitié du IXe siècle, précise que la séparation entre les pagi du Mans et de Rennes se faisait sur un ruisseau, l’Ingolier, aujourd’hui les Epronnières en Saint-Mervé (35)12. L’hagiographe use du terme ancien de pagus mais cette limite vient sans doute d’être fixée récemment par l’installation à Coriacus (Saint-Mervé) d’un sanctuaire destiné à borner le diocèse13. Un autre constat met en lumière la fluidité de cette séparation. Le Pertre, commune frontalière de l’Ille-et-Vilaine fait face à deux communes : Saint-Cyr-le-Gravelais et Beaulieu-sur-Oudon situées en Mayenne et dont les églises paroissiales ont la même dédicace ancienne à saint Cyr et sainte Julitte. Jusqu’à la Révolution, elles dépendaient de la lointaine abbaye de Saint-Jouin-de-Marnes comme le Pertre, siège d’un prieuré. Sans préjuger d’une hypothétique paroisse primitive, il semble bien que l’on soit en présence d’une entité du haut Moyen Âge séparée par l’installation plus tardive de la limite des pagi14.
7Ainsi, toute cette zone n’a rien d’un désert comme une historiographie traditionnelle a pu l’affirmer, les cartes archéologiques démontrent d’ailleurs le contraire15. Certes, de part et d’autre de la limite, les secteurs boisés abondent, dont la forêt du Pertre ainsi que le bois de la Gravelle, mais cela ne signifie pas qu’ils ont tous une grande ancienneté, J. C. Meuret a mis en évidence la naissance relativement récente de la forêt de la Guerche16. De toute façon, la forêt a pu aussi subsister en raison de la présence de la frontière. Un seul secteur apparaît comme pratiquement vierge d’occupation humaine : un triangle dont les pôles seraient Laval, Vitré et La Guerche. Mais au Pertre, par exemple, s’était installé sous les Mérovingiens un petit monastère attribué à saint Martin de Vertou et qui avait des dépendances, par exemple à Bréal où a été fouillée une nécropole centrée sur une chapelle funéraire17.
Mouvances châtelaines
8L’apparition des châteaux, dans la première moitié du XIe siècle, modifie la situation. Celui de Vitré, cité dès 1047, voit son gardien prendre le titre de dominus après 1060, celui de Laval doit remonter à 1030, 104018. Selon A. de La Borderie, le duc de Bretagne aurait fortifié sa frontière orientale en y installant des fidèles de sang breton, mais, si Fougères a pu s’ériger face à la poussée normande, pour le reste on ne peut suivre une telle hypothèse. Les Vitré sont présents depuis longtemps à Marcillé et envisager une ligne de défense stratégique n’est guère tenable19. Tous les châteaux majeurs, bretons, angevins ou manceaux, deviennent le centre de fortes baronnies comme Fougères, Mayenne ou Craon. Sur eux, se concentrent de multiples droits et coutumes et leur influence s’étend sur un vaste détroit qui ne se définit pas par un territoire homogène ni donc bien limité mais agrège une somme de lieux où s’exercent des pouvoirs plus ou moins nets et enchevêtrés20.
9Ainsi, tout au long de la séparation entre Maine-Anjou et Bretagne, la délimitation des pagi n’est guère respectée par les châtelains et les espaces particuliers fleurissent. Entre Fougères et Mayenne, c’est le petit Maine au statut ambigu, plus au sud, les seigneuries de Cuillé et Pouancé distinguent mal Bretagne et Anjou21. La démarcation des seigneuries de Laval et Vitré n’est pas plus simple. Vers 1030-1040, Guy Ier de Laval donne en fief à un petit chevalier, Renaud Papillon, la chapelle de Bréal avant que celui-ci ne l’offre à l’abbaye angevine de Saint-Serge22. Quelque temps plus tard, le petit-fils de Guy transforme la chapelle en prieuré (1082-1092) et fonde un village de défrichement tout près, à Mondevert (1080-1093)23. Ces lieux se situent dans l’orbite du château de Vitré sans que le seigneur ne soit impliqué, au moins dans un premier temps. Par une expansion incisive, Guy Ier et Guy II étendent leur influence vers l’Ouest au détriment sans doute de Vitré, à 25 kilomètres de leur base lavalloise. Les fondations monastiques sacralisent le territoire et garantissent l’influence. Ainsi s’établit une véritable coseigneurie sur les territoires du Pertre, de Bréal et Mondevert. Une notice des environs de 1090 cite la foresta de Guy de Laval et André de Vitré à propos d’un domaine, Rallée en Erbrée24, puis, au début du XIIIe siècle, les droits de la forêt et les landes du Pertre sont tenus et concédés en commun par les seigneurs de Laval et Vitré aux abbayes de Saint-Jouin de Marnes et Clermont25.
10Si progressivement, les deux seigneuries s’organisent en châtellenies, elles demeurent longtemps des espaces polarisés par les châteaux et tenus par des réseaux de clientèles vassaliques. Leur délimitation n’épouse pas totalement celle des diocèses qui s’esquisse26. Il y a bien une frontière mais pas au sens moderne, chaque fonction produit ses propres délimitations27.
DES ESPACES DE CONFINS (XIe-XIIe SIÈCLE)
11Des limites s’établissent et non sans une certaine précision mais elles se démultiplient, se recoupent, définissant ainsi des zones de marche où se rencontrent et les pouvoirs et les hommes. Entre Bretagne, Normandie, Anjou, Maine, s’étend, en plein cœur de l’époque féodale, une véritable zone de confins dont l’existence marque profondément la vie des populations.
L’aristocratie au-delà des « frontières »
12Les distinctions sont bien perçues, les moines ne se trompent pas d’évêque pour faire confirmer leurs églises. De multiples seigneuries aux territoires souvent imbriqués coexistent et, si les relations ne sont pas toujours idylliques, elles n’aboutissent pas obligatoirement à des conflits. Dans l’espace retenu, la violence ne paraît pas plus forte qu’ailleurs, les textes ne retenant guère de faits guerriers. Pierre Le Baud explique bien, au XVe siècle, que Robert, seigneur de Vitré, revenu de Terre Sainte vers 1050, aurait été capturé par celui de Laval et libéré moyennant l’abandon de la moitié de la forêt du Pertre, du Pertre même, Mondevert et Bréal28. Il faut sans doute voir là des légendes familiales légitimant la coseigneurie évoquée précédemment29. L’historien constate bien plus un jeu complexe d’alliances. Guy de Laval a peut-être accueilli, au début du XIIe siècle, Robert II de Vitré en révolte contre le duc de Bretagne et le laisse occuper une motte en lisière de la Bretagne à Launay-Villiers30. De façon beaucoup plus claire et plus sûre, des rapprochements se scellent par des mariages. Entre 1040 et 1054, le comte d’Anjou, Geoffroy Martel, applique la commise sur Craon, quand il constate que la seigneurie risque de passer aux Vitré. En effet, Robert Ier a épousé Berthe, la fille de Garin de Craon, à qui devait échoir la succession. Bien plus, le fils du nouveau maître, Renaud le Bourguignon, prend pour épouse Ennoguent, fille de Robert et Berthe31.
13La position aux confins des principautés, savamment utilisée, peut devenir un gage d’autonomie et d’influence. Au XIe siècle, Geoffroy de Mayenne, se forge une puissante seigneurie dans le nord-ouest du Maine et joue des fidélités multiples à son plus grand profit entre Maine, Bretagne et Anjou, malgré la pression normande32. Ses pairs n’atteignent pas son niveau mais entretiennent de fortes relations entre eux. La puissance des barons tend plutôt à s’équilibrer, ce qui favorise le maintien d’un statu quo et ils s’associent éventuellement pour régler des questions épineuses. La possession de l’église de Juvigné ayant provoqué une faide, les seigneurs de Mayenne, Laval et Vitré se rencontrent « en marche », aux Feux-Villaines, pour trancher la question33. Symbole particulièrement éloquent, lors de la bénédiction de l’autel et du cimetière de l’abbaye de la Roë, en 1098, au diocèse d’Angers mais aux confins de trois diocèses, toute l’aristocratie voisine est réunie sans tenir compte d’aucune limite ou frontière34. Les châtelains de Craon, Vitré, Pouancé, Martigné sont venus entourer Robert d’Arbrissel et l’évêque consécrateur.
14Un degré en dessous dans l’échelle sociale, les clientèles vassaliques ignorent pareillement toute frontière et savent jouer opportunément des avantages éventuels. Aux confins de la Normandie, la famille de Landivy, mancelle, entretient des relations avec ses homologues normands et bretons35. Plus au sud, J.-C. Meuret a mis en évidence des familles comme les Moutiers et les Novestol, établies et possessionnées dans les zones limitrophes en Bretagne et en Anjou36. Dans notre zone, il en va de même. Les Poisson, fidèles majeurs de Mayenne, installés à Ernée, développent une branche à Argentré-du-Plessis ; la famille du Genêt, basée non loin de Laval, détient des droits sur l’église d’Erbrée en plein domaine vitréen37. Enfin, le cartulaire de Saint-Serge met en lumière la famille de Taillis. Ces fidèles de Vitré mais visiblement liés aux Laval par le fief de Bréal donnent quatre églises situées de part et d’autre de la limite qui se dessine : Taillis, Montreuil dans le diocèse de Rennes, Bourgon et Juvigné dans celui du Mans. Un tel patrimoine révèle à la fois l’ancienneté de la famille et son intégration dans ces espaces de confins, elle s’adapte à la nouvelle situation seigneuriale et, comme ses pairs, dessine des réseaux de relations complexes et intriqués qui transcendent les limites38.
Occuper et organiser l’espace
15Ces familles évoluent dans un espace mouvant qu’elles contribuent à organiser et, de plus en plus, sous le contrôle des différents pouvoirs. Il s’ensuit une mise en valeur plus poussée qui peut prendre la forme de défrichements mais surtout entraîne le développement de cadres de plus en plus précis. La zone « frontière » demeure marquée par les forêts et landes qu’elle protège ou crée. C’est surtout en zone mancelle que de vastes massifs forestiers s’étendent, surtout celui de Frageu qui confine avec l’immense forêt du Pertre. On ne perçoit pas très bien l’action des Vitré mais les Laval fondent, en liaison avec le prieuré de Marmoutier, Sainte-Croix de Vitré, le petit village de Mondevert : un moine devra établir des hôtes autour d’une chapelle (1080-1093)39. Avec l’implantation de Bréal, cette initiative annonce un projet de grande ampleur qui prend corps dans la première moitié du XIIe siècle, celui de contrôler le vaste espace forestier entre Laval et la limite bretonne. Le château de La Gravelle s’établit sur cette dernière, accompagné de deux bourgs qui donnent naissance à un village. Quelque temps plus tard, la fondation de l’abbaye cistercienne de Clermont (avant 1152) près d’un domaine des Laval, en Olivet, achève cette prise en main avant tout politique40.
16Les religieux fournissent une contribution essentielle à l’ensemble des actions menées. Dans un premier temps, vers la fin du siècle, les bois accueillent un peuple d’ermites41. On connaît bien Robert d’Arbrissel, ex-curé de la paroisse du même nom au diocèse de Rennes, qui mène une vie d’ascèse « au désert ». Il fonde l’abbaye canoniale de la Roë au diocèse d’Angers mais aux confins de deux autres et le premier abbé sera le curé de la Celle-Guerchaise, toute proche mais rennaise42. L’érémitisme connaît une forte diffusion et, à côté des grands maîtres qui monopolisent l’attention, se multiplient nombre d’ermites qui vivent dans de modestes ermitages appelés à disparaître avec eux à moins d’une transformation en chapelle ou en prieuré comme le Plessis-Milcent ou Saint-Isle43. L’implantation de Saint-Jouin-de-Marnes au Pertre, d’ailleurs, n’est peut-être pas sans lien avec ce mouvement érémitique44.
17En même temps, et souvent en étroite liaison, se multiplient les obédiences, fort nombreuses dans la région, expression locale du dynamisme bénédictin45. Marmoutier se spécialise dans les grosses fondations castrales établies à Laval, Fougères ou Vitré mais de plus petites, à caractère profondément rural, pullulent sous la houlette de Saint-Serge en parfait accord avec Marmoutier46. La carte met en évidence leur multiplication mais surtout leur installation préférentielle en limite des diocèses, phénomène qui ne peut résulter d’une coïncidence. Bréal, Brielles, Montreuil, pour Rennes, Cuillé, Méral pour Angers et Bourgon, Juvigné pour le diocèse du Mans. Très proches, ils sont modestes, occupés souvent par un seul moine qui assure la desserte du culte, avec le plein accord des évêques et cela, jusqu’au XIIIe siècle47. Ces fondations résultent de processus complexes incluant moines, aristocrates et évêques, chacun y trouvant son avantage. Pour les laïcs, les fondations pieuses leur assurent les prières des moines mais sacralisent aussi et donc protègent les bornes de leur influence, c’est patent à Bréal, comme à Cuillé. Les moines étendent leur temporel et accueillent un certain nombre de convertis. Les évêques, tout en précisant leur droit, voient se structurer, grâce à cela, le maillage des paroisses, quelque peu indigent dans la zone, et les moines suppléer à un clergé largement déficient. De plus, et ce n’est pas le moindre des objectifs, les limites diocésaines se définissent avec précision, les prieurés de Saint-Serge les marquent clairement. Ainsi, la maîtrise de l’espace se précise et, avec les paroisses, le diocèse se projette nettement sur un territoire de mieux en mieux défini.
18Tout ce travail d’organisation ne remet pas vraiment en cause la vie sociale et économique de ces confins et on se trouve plutôt en présence d’une interface. Sans que les sources soient bavardes, elles suggèrent, par exemple, une activité d’échanges accentuée par le développement des villes castrales comme Vitré et Laval qui acquièrent vraiment le statut urbain au cours du XIIe siècle. Les châteaux, celui de Vitré comme celui de Laval, contrôlent la route et donc les péages si l’on en croit plusieurs donations48. Une certaine indétermination et une non moins évidente diversité des limites, suivant les divers ressorts, leur enchevêtrement, leur porosité, favorisent le développement d’une société originale. Même si des limites se précisent, il est nécessaire que le processus s’affirme pour vraiment faire émerger une frontière au sens moderne du terme49.
L’ÉTAT ET LA FRONTIÈRE AMBIGUË (XIIIe-XVe SIÈCLE)
19Une carte précise est encore à naître, mais les progrès de la territorialisation ne peuvent que créer ou renforcer les limites les plus diverses. Le développement progressif de ce que l’on appelle l’État moderne accélère le phénomène, même si certains éléments particuliers à la région peuvent l’entraver ainsi que le conflit évident entre deux conceptions du pouvoir et de son lien avec l’espace qui révèlent les forces alors à l’œuvre.
L’État et ses conséquences
20Dominant progressivement les liens féodaux, l’État renaît et tente d’établir sa souveraineté, ce qui n’est pas sans conséquence. En 1204, le roi de France conquiert le Maine et en 1213, il parvient à introduire un prince proche de la famille royale en Bretagne : Pierre Mauclerc, ce qui ne constitue pas un gage assuré d’influence, la suite le montrera. Plus subtilement, en 1218, quand la puissante seigneurie de Laval reste aux mains d’une héritière, celle-ci épouse Mathieu de Montmorency, connétable de France qui va être à l’origine d’une nouvelle lignée des Laval. Le fils, Guy VII, se marie avec Philippa de Vitré, héritière de la seigneurie, si bien qu’en 1254, l’union des deux très fortes baronnies est accomplie et bouleverse les données stratégiques de la région. La main royale se devine sans difficulté derrière cette politique matrimoniale ; la monarchie exerce désormais une forte influence sur les marges bretonnes et prend pied en Bretagne par l’intermédiaire d’une puissante famille. De façon effective, la zone retrouve son rôle de marche et même de marche militaire. En effet, les révoltes de Pierre Mauclerc conduisent à des interventions de l’armée royale qui pénètre jusqu’à Saint-Aubin-du-Cormier et, sans doute en 1231, Pierre Mauclerc vient à Ernée faire sa soumission à Louis IX, véritable hommage en marche50.
21Suivant un mouvement général, la Bretagne aussi évolue vers la construction d’un État qui s’affirme sous le règne des Montfort, depuis la fin de la guerre de Succession, avec Jean V et ses successeurs. Dans cette histoire bien connue, deux éléments majeurs nous intéressent51. L’État princier tente d’établir sa souveraineté, la définition d’un espace territorial s’accentue et, par là même, la réalité des limites qui deviennent des frontières. Elles apparaissent de plus en plus nettement et s’inscrivent même dans le paysage. Au milieu du XVIe siècle, C. Estienne signale dans La guide des chemins de France que c’est un ruisseau (celui déjà cité au Xe siècle) qui fait limite à la Croixille et qu’un étendard sur un arbre, joue le même rôle à Saint-Mervé52. La démarcation précise s’aligne aussi sur le chemin Gravelais, le tout définissant une limite linéaire qui ne tient d’ailleurs pas vraiment compte de la ligne de partage des eaux puisque la Vilaine prend sa source à Juvigné dans le Maine. Vitré devient alors l’une des « entrées et yssues » du duché où l’on perçoit les taxes sur les marchandises53.
22Avec la guerre de Cent Ans, à laquelle la Bretagne tend à demeurer étrangère, il importe de bien mettre le duché à part, puis, au XVe siècle, les tensions s’accentuant avec le royaume, le souci de défense devient de plus en plus prégnant. La frontière prend un caractère militaire de plus en plus prononcé et le chapelet de places fortes qui s’échelonne tout au long connaît une active politique de renforcement des fortifications, le duc autorisant en particulier la levée de taxes à cet effet54. La muraille de Vitré se trouve alors reprise et des tours modernes d’artillerie sont érigées55. Côté manceau, en particulier à Laval, il en va de même si bien que l’on peut parler dans toute la région de marches de guerre. Les progrès de la construction étatique et administrative en général ainsi que la menace accrue de conflit ont favorisé la définition d’une frontière qui nous apparaît moderne en cumulant les fonctions : limite politique de duché, elle borne aussi des diocèses et devient économique avec les péages et surtout la gabelle, lourde taxe sur le sel que le pouvoir royal instaure du côté manceau dès la fin du XIVe siècle. Pourtant, cette conception n’est pas l’apanage de tous.
Aristocratie sans frontière
23Ces pratiques nouvelles se heurtent aux principes et aux habitudes de l’aristocratie et surtout aux situations héritées en contradiction avec la politique ducale. En règle générale, une bonne part des grands ne tient pas à affronter le roi qui jouit d’un évident prestige et se révèle surtout un pourvoyeur de carrières brillantes, il n’est que de voir la série de connétables bretons. Les Laval-Vitré, à cheval sur la frontière, liés à la fois au roi et au duc, offrent, de plus, un beau cas particulier. A priori, leur position risque de devenir intenable en cas de conflit. Il n’en est pourtant rien et ils savent même très habilement tirer parti de cette situation pour connaître une ascension fulgurante aux XVe et XVIe siècles56. Grands barons, ils occupent une place de premier plan en Bretagne. Familiers du conseil ducal, ils nouent des alliances matrimoniales prestigieuses et souvent dans la famille du prince même. Guy X (1333-1347) épouse Béatrix, fille du duc Arthur II. Guy XII n’ayant pas d’enfant mâle, sa fille transmet par mariage la seigneurie à Jean de Montfort. Ce dernier prend le nom de Guy XIII et donne naissance à une nouvelle lignée, garante de la tradition. Par la suite, la famille demeure très proche du duc, participant toujours assidûment au conseil et Jean V donne sa fille Isabelle en mariage à Guy XIV57.
24Cependant, la tradition du service royal demeurait. Guy XII se remarie avec Jeanne de Laval, veuve de Duguesclin et Guy XIV opte radicalement, ainsi que ses deux frères, André de Lohéac et Louis de Laval-Châtillon, pour le dauphin Charles, ce qui lui vaut, le jour du sacre, en 1429, de voir sa terre érigée en comté. Il épouse la fille de Jean d’Alençon et obtient d’introduire dans ses armes les lys de France, signes plus que tangibles d’un lien étroit avec le roi. Guy XVI, familier d’Anne de Bretagne, assume la charge de lieutenant du roi en Bretagne. Cette réussite réelle met en évidence cependant la contradiction entre l’action de cette famille aristocratique, fidèle à toute une tradition de seigneuries multiples et de clientèles vassaliques et la politique ducale de formation d’un état souverain qui suppose un ralliement beaucoup plus net de la noblesse et exige une forte indépendance à l’égard du roi. Une des applications se traduit par l’affirmation politique de la frontière niée cependant par les Laval-Vitré, de par leur existence même ; ils sont présents à Laval, Vitré et Châteaubriant.
Une marche de guerre
25La progression de l’État, l’intensification des tensions, suscitent la guerre qui devient un facteur de durcissement de cette frontière aux XIVe et XVe siècles. Malgré le souci de maintenir le duché à l’écart de la guerre de Cent Ans, le duc, par la suite, incapable d’éviter les incursions et débordements sur ses marges, ne peut guère épargner à la population des marches pillages et désolation. Si la prospérité qui touche la Bretagne après la fin de la guerre de Succession marque un certain âge d’or, la marche orientale subit nombre d’agressions. La présence anglaise oblige les Laval à se replier sur Vitré où Anne entreprend la reconstruction du château. La ville échappe à un siège, à la différence de Fougères mais les campagnes subissent les exactions des routiers et partagent le sort des marches de guerre58.
26Cela justifie la fréquence des combats parmi lesquels se distingue le cas emblématique de la bataille de La Brossinière, en Bourgon, très exactement sur la frontière. En 1423, Jean d’Harcourt, gouverneur de Touraine, Maine et Anjou, soutenu par les capitaines locaux et les renforts envoyés de Vitré, intercepte et défait une bande anglaise qui remontait par le chemin Gravelais lourdement chargée de butin59. Le conflit croissant entre le roi et le duc, la situation se complique. Les Laval-Vitré contrôlent d’importants verrous sur la ligne de défense bretonne : Vitré, bien sûr mais aussi souvent Châteaubriant par le biais des alliances matrimoniales. Ils ne partagent pas totalement le souci ducal de fortifier et, s’ils reconstruisent le château de Vitré, A. Mussat fait remarquer qu’ils ne l’adaptent qu’assez modérément aux nouveautés militaires alors qu’ils intègrent parfaitement les soucis de prestige et de résidence60. Symboliquement, le puissant châtelet est tourné vers la ville qu’il domine. En conséquence, on n’est pas étonné de voir Guy XV participer au traité de Châteaubriant concluant une entente avec la régente Anne de Beaujeu et laisser entrer les troupes royales dans sa ville de Vitré, en 1487. La frontière de fer n’avait guère d’efficacité. L’année suivante, la victoire de Saint-Aubin-du-Cormier et ses conséquences politiques mettent fin à cette frontière militaire mais les campagnes sont exsangues comme le montre l’effondrement des feux payables pour le versement du fouage61.

Limites et frontière entre Bretagne et Maine au Moyen Âge.
27Entre Vitré et Laval court une vieille limite qui s’est précisée et complexifiée peu à peu mais qui a joué des rôles différents, ne parvenant que tard à prendre l’aspect d’une frontière moderne : une ligne définie qui regroupe toute une série de fonctions dont la première est politique. C’est donc une construction liée à l’évolution des institutions et de l’État, à l’élaboration des territoires. Le fait n’est donc pas simple et peut même être vécu contradictoirement comme l’illustre la famille des Laval-Vitré.
28Pour autant, la frontière ne disparaît pas avec l’indépendance du duché, elle connaît pendant longtemps, même, une réalité forte et violente. Limite du duché devenu pays d’états, elle devient frontière de gabelle et suscite une longue histoire conflictuelle et sanglante entre contrebandiers et gabelous. Sous des apparences et au gré de renaissances diverses, elle se maintient longtemps… les frontières meurent-elles ?
Notes de bas de page
1 Guerreau A., « Quelques caractères spécifiques de l’espace féodal européen », in Bulst N., Descimon R., Guerreau A. (dir.), L’État ou le roi. Les fondations de la modernité monarchique en France (XIVe-XVIIe siècle), Paris, 1996, p. 85-101 ; id., in Gauvard C., Libera A. de, Zink M., Dictionnaire du Moyen Âge, Paris, 2002, art. Frontière, p. 565-566.
2 Toubert P., « Frontière et frontières : un objet historique », in Poisson J.-M. (dir.), Frontière et peuplement dans le monde méditerranéen au Moyen Âge, Castrum 4, Rome-Madrid, 1992, p. 9-17 ; Guénée B., « Les limites », in François M. (dir.), La France et les Français, Encyclopédie de la Pléiade, Paris, 1972, p. 50-69.
3 Guerreau A., « Il significato dei lughi nell’Occidente medievale : struttura et dinamica di uno “spazio” specifico », in Castelnuovo E. et Sergi G. (éd.), Arti e storia nel Medioevo, Torino, 2002, p. 201-239, version en français, hal. archives-ouvertes. fr.
4 Cintré R., Les marches de Bretagne au Moyen Âge, Pornichet, 1992 ; Power D., The Norman Frontier in the Twelfth and Early Thirteenth Century, Cambridge University Press, 2004 ; cartes : Tanguy B. et Lagrée M., Atlas d’histoire de Bretagne, Morlaix, 2001, p. 62-63 et 67.
5 Le terme frontière renvoie le plus souvent à une acception politique et même étatique, cet aspect est loin d’être absent dans le cas qui nous occupe.
6 La Borderie A. de, Histoire de la Bretagne, t. II, De l’an 995 ap. J.-C. à l’an 1364, p. 50-51 et 56-57.
7 Guerreau A., « Il significato… », op. cit.
8 Le diocèse de Laval est une création du Second Empire, Salbert J. (dir.), La Mayenne des origines à nos jours, Saint-Jean d’Angély, 1894, p. 314-316.
9 Dans l’Antiquité, les limites ont varié, cf. carte dans Brunterc’h J.-P., « Géographie historique et hagiographie : la vie de saint Mervé », Mélanges de l’École française de Rome, 1983, p. 7-60. Pour une rapide synthèse sur ce point : Mazel F., De la cité au diocèse. Église, pouvoir et territoire dans l’Occident médiéval (Ve-XIIIe siècle), HDR, Rennes 2, 2009, p. 146-152 (à paraître). Le problème des limites de la cité des Diablintes, Naveau J., « La cité des Diablintes », in Naveau J., Recherches sur Jublains (Mayenne) et sur la cité des Diablintes, Documents archéologiques de l’Ouest, 1997, p. 31-45.
10 Chédeville A. et Guillotel H., La Bretagne des Saints et des Rois, Rennes, 1984, p. 65, Les Feux-Villaines en Saint-Pierre-La-Cour (53).
11 « Il serait hasardeux d’en déduire que la frontière destinée à séparer les diocèses de Rennes et du Mans existait déjà. Il y avait plus probablement une sorte de zone transitoire dont les abords dépendaient de la cité la plus proche », Brunterc’h J.-P., « Géographie historique… », op. cit., p. 59 ; id., « Le duché du Maine et la marche de Bretagne », Atsma H., La Neustrie. Les pays au nord de la Loire de 650 à 850, Sigmaringen, 1989, p. 29-127.
12 « Fluvius autem supradictus nomine Angulatus, qui fluit inter pagum Cinommannensem et Redoniensem, ita parvus est », Brunterc’h J.-P., « Géographie… », op. cit., p. 63.
13 Mazel F., op. cit., p. 223.
14 Meuret J.-C., Peuplement, pouvoir et paysage sur la marche Anjou-Bretagne (des origines au Moyen Âge), Laval, 1993, p. 397-399, cette étude fait partie d’un chapitre étudiant la question de la frontière Bretagne-Anjou au Moyen Âge.
15 Naveau J., Carte archéologique de la Gaule, La Mayenne, Paris, 1992 ; Chollet S., Politique territoriale des seigneurs de Laval sur la marche Bretagne-Maine (XIe-XIIIe siècle), mémoire de maîtrise, Université de Rennes 2, 2003, 2 vol.
16 Meuret J.-C., op. cit., p. 288-290.
17 Colleter R., Leboulanger F., Pichot D., Église, cimetière et paroissiens, Bréal-sous-Vitré (Ille-et-Vilaine). Étude historique, archéologique et anthropologique (à paraître).
18 Pichot D., « Vitré : une ville et son château », in Chédeville A. et Pichot D., Des villes à l’ombre des châteaux. Naissance et essor des agglomérations castrales en France au Moyen Âge, Rennes, 2010, p. 15-23 ; id., Le Bas-Maine du Xe au XIIIe siècle : étude d’une société, Laval, 1995, p. 135-136.
19 Brand’Honneur M., « Origines », in Pichot D., Lagier V. et Allain G. (dir.), Vitré, histoire et patrimoine d’une ville, Paris, 2009, p. 22-24.
20 Lauwers M., Ripart L., « Représentation et gestion de l’espace dans l’Occident médiéval », in Genêt J.-P. (dir.), Rome et l’État moderne européen, coll. « EFR », Rome-Paris, 2002, p. 115-171.
21 Le petit Maine réunit 4 paroisses qui jouissent d’avantages fiscaux, Cintré R., op. cit., p. 39-41 ; Meuret J.-C., op. cit., p. 388, 397.
22 Chauvin Y., Cartulaires de l’abbaye Saint-Serge et Saint-Bach d’Angers (XIe-XIIe siècle), Angers, 1997, 2 vol., no 9.
23 Colleter R. et al., op. cit., chap. II.
24 « […] forestae Widonis de Valle et Andreae Vitriacensis », Chauvin Y., no 4.
25 Bertrand de Broussillon A. de, Maison de Laval (1020-1605) : étude historique suivie du cartulaire de Laval et de Vitré, Paris, 1903, 5 vol., t. I, no 293-295.
26 Mazel F., De la cité au diocèse…, op. cit.
27 Guerreau A., art. Frontière, op. cit.
28 Le Baud P., Les chroniques des maisons de Vitré et de Laval, Alliot, Gervais Éditions, Paris, 1638, chap. XII, Pierre Le Baud, très lié aux Laval, est un historien plutôt sérieux mais son esprit critique demeure souvent insuffisant. Dans, ce cas, aucun texte ne permet de vérifier ces assertions, Brand’Honneur M., « Origines », op. cit., p. 21.
29 Cf. notes 24-25.
30 « Et las recommença Robert à faire la guerre en païs de Vitréois, et se tint une espace à Launay, où il ferma une motte, qui encore y appert, puis à La Gravelle », Le Baud P., op. cit., chap. XXIII ; Angot A., Dictionnaire, art. La Gravelle. Malgré ce que dit A. Angot, la date est compatible avec ce que l’on sait et une motte existe bien en Launay-Villiers. Bien que fournie par Le Baud, l’information semble pouvoir être retenue.
31 Meuret J.-C., op. cit., p. 395.
32 Renoux A., « Aux sources du pouvoir châtelain de Geoffroi “seigneur de Mayenne, le plus fort homme du Maine” (c. 1040-1098) », in Barthélemy D. et Bruand O. (dir.), Les pouvoirs locaux dans la France du centre et de l’ouest (VIIIe-XIe siècle). Implantations et moyens d’action, Rennes, 2004, p. 61-89 ; Pichot D., « Savigny : une abbaye entre Normandie, Bretagne et Maine », in Quaghebeur J. et Merdrignac B., Bretons et Normands au Moyen Âge. Rivalités, malentendus, convergences, Rennes, 2008, p. 241-257.
33 Cart. de Saint-Serge, no 334 (1060-1080). La présence de Hamon de Laval et Robert de Vitré permet d’envisager 1080 comme terminus ad quem.
34 Ibid., no 192, Pichot D., « Fondation de la paroisse de La Roë le 25 avril 1097 », La Mayenne, archéologie, histoire, no 30, 2007, p. 90-93.
35 Angot A., Généalogies féodales mayennaises du XIe au XIIIe siècle, Landivy, Laval, 1942 ; Pichot D., « Savigny… », op. cit., p. 245-246.
36 Meuret J.-C., op. cit., p. 390-394.
37 Pichot D., Le Bas-Maine, op. cit., p. 152-154. Guillotin de Corson A., chanoine, Pouillé historique de l’archevêché de Rennes, Rennes, 1880-1886, t. IV, Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 F, 544/5.
38 Colleter R. et al., op. cit., chap. II.
39 Maison de Laval, no 64.
40 Chollet S., op. cit., chap. IV-V-VI ; Colleter R. et al., op. cit., chap II.
41 Raison L. chanoine, et Niderst R., « Le mouvement érémitique dans l’ouest de la France à la fin du XIe et au début du XIIe siècle », Annales de Bretagne, t. LV, 1948, p. 1-46.
42 Bienvenu J., « Genèse d’une abbaye canoniale. Notre-Dame de La Roë au tournant des années 1100 », La Mayenne, archéologie, histoire, t. 14, 1991, p. 9-37 ; Dalarun J., Robert d’Arbrissel, le fondateur de Fontevraud, Paris, 1986, chap. II. Au même moment, Vital fonde Savigny dans des conditions analogues.
43 Chapelles en forêt de Frageu confiées à l’abbaye de la Roë, Angot A., Dictionnaire, art. Plessis-Milcent, Saint-Isle.
44 Colleter R. et al., op. cit., chap. II.
45 Pichot D. et Mazel F. (dir.), Prieurés et société au Moyen Âge, Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, t. 113, 2006, no 3.
46 Legros S., op. cit.
47 Dom Morice, Preuves, t. I, col. 1136-1137 ; Colleter R. et al., op. cit., chap. II.
48 Pichot D., « Vitré, Xe-XIIIe siècle, naissance d’une Ville », SHAB, t. 84, 2006, p. 5-28 ; id., Le Bas-Maine, op. cit., p. 374-376.
49 Guénée B., Tribunaux et gens de justice dans le baillage de Senlis à la fin du Moyen Âge, Paris, 1963, p. 73 ; Guerreau A., « Frontières », op. cit. ; Lauwers M. et Ripart L., op. cit. ; Gautier Dalche P., « Limite, frontière et organisation de l’espace dans la géographie et la cartographie de la fin du Moyen Âge », Marchal Guy P., Grenzen und Raumvorstellungen, Frontières et conceptions de l’espace, Zürich, 1996, p. 93-122.
50 Angot A., Dictionnaire, art. Ernée, t. 2, p. 121 ; Leguay J.-P. et Martin P., Fastes et malheurs de la Bretagne ducale (1213-1532), Rennes, 1982, p. 31-33.
51 Ibid., chap. VI et VII.
52 Estienne C., La Guide des chemins de France, Éd. Bonnerot, Paris, 1936, t. 2, p. 137-138 : « A Vittray, première ville de Bretaigne… La Croisille. Passe un ruisseau faisant le départ de la conté du Maine et de la duché de Bretaigne… Hervée. lande au milieu de laquelle a un orme où y a un estendart faisant séparation du Maine et Bretaigne. »
53 Cintré R., op. cit., p. 22.
54 Leguay J.-P., Un réseau urbain au Moyen Âge : les villes du duché de Bretagne aux XIVe et XVe siècles, Paris, 1981, chap. X.
55 Faucherre N., « L’enceinte urbaine », in Pichot D. (dir.), Vitré, histoire et patrimoine d’une ville, Paris, 2009, p. 72-81.
56 Walsby M., The counts of Laval, Culture, Patronage and Religion in fifteenth and sixteenth Century France, Aldershot, Burlington, 2007.
57 « Mediaeval Lords : the Rise of the House of Laval », ibid., chap. I.
58 Cintré R., op. cit., chap. V et VI.
59 Angot A., Dictionnaire, art. La Brossinière, Cintré R., op. cit., p. 100.
60 Mussat A., « Le château de Vitré et l’architecture des châteaux bretons du XIVe au XVIe siècle », Bulletin monumental, 1975, t. 133, p. 131-164, Amiot C., « Le Château », Pichot D. et al., Vitré…, op. cit., p. 59-71.
61 Leguay J.-P. et Martin H., op. cit., chap. XXV ; op. cit., p. 145-150. La diminution atteint et dépasse souvent 50 et 60 %.
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