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Conclusion générale

p. 431-436


Texte intégral

1La langue française et les langues d’Europe, tel était le titre des 5es Rencontres de Liré qui ont réuni à Angers un public nombreux et d’éminents spécialistes pour débattre d’un sujet particulièrement crucial dans un espace en expansion géographique mais aussi en difficulté économique et en concurrence avec la culture anglo-saxonne.

2Comment en effet organiser une communication de qualité dans une communauté où pas moins de vingt-trois langues sont parlées officiellement et avec un prestige inégal ? Faut-il qu’une ou plusieurs langues dominent au risque d’appauvrir les échanges ou respecter la diversité linguistique et développer la traduction ? Mais alors comment respecter la spécificité du texte technique ou la littérarité de l’œuvre ? Quelle orientation donner à l’apprentissage des langues et du français dans l’éducation de nos enfants ? Ce sont autant de questions que les Lyriades ont souhaité soulever pour ces Rencontres 2010, étant donné l’importance que suscite actuellement l’organisation de l’Europe.

3Pour mieux prendre en compte les dimensions du sujet, il a semblé souhaitable d’abord, de faire le point sur ce qu’on peut appeler la diversité linguistique en Europe et de réfléchir à son évolution. Sous la présidence de M. Jean-Michel Blanquer, directeur général de l’enseignement scolaire, représenté par M. Bernard Combeaud, inspecteur général de l’Éducation nationale, Mme Marieke Van Acker de l’université de Gand, a bien montré comment, à partir d’origines communes et d’influences particulières s’étaient constituées et dissociées les langues d’Europe. Tandis que Mme Geneviève Goubier, de l’université d’Aix-Marseille, s’est attachée à situer au xviiie siècle, le français parmi les langues d’Europe, Mme Henriette Walter, professeur honoraire de l’université de Rennes, membre du conseil international et du conseil supérieur de la langue française, a montré la grande diversité des langues, tant nationales que régionales, en Europe, ce qui a permis de donner au problème des choix linguistiques toute son ampleur. M. Bernard Pöll, de l’université de Salzbourg, s’est appliqué à mettre en évidence les variations du français dans l’espace européen et M. Jacques Delmoly, à partir de son expérience à la direction générale de l’éducation et de la culture à la commission européenne, a montré quelle était la place du français dans la politique des langues en Europe. Ce premier état de réflexion a été complété par des échanges nourris entre les spécialistes éminents des principales institutions dédiées à la langue française autour des choix linguistiques et de leurs conséquences dans l’Europe de demain et dans l’espace francophone.

4C’est plus particulièrement aux questions éducatives qu’a été consacrée la deuxième partie de ces Rencontres. Sous l’autorité de M. Philippe Le Guillou, doyen du groupe des lettres de l’inspection générale de l’éducation nationale, de M. Gérald Chaix, recteur de l’académie de Nantes, de M. Bernard Combeaud, inspecteur général de l’Éducation nationale, et de M. Jean-Luc Jaunet, délégué académique honoraire à l’évaluation et à la pédagogie du rectorat de Nantes, créateur des Lyriades Jeunesse, les problèmes pédagogiques liés aux contacts des langues en classe de français ont alimenté la réflexion d’une quarantaine d’enseignants réunis pour un séminaire national (PNP), subdivisé en trois ateliers qui ont permis d’envisager les problèmes posés par l’enseignement du lexique au sein d’une approche comparative des langues apparentées, par l’écriture et la créativité intertextuelle de langue à langue et par la lecture analytique comparée des textes littéraires traduits. Cette réflexion s’est trouvée élargie par les communications de M. Claude Gapaillard, de l’académie de Caen, qui s’est intéressé à la lecture spécifique des énoncés scientifiques et par M. Heinz Wismann, de l’École des hautes études en sciences sociales, qui a montré que l’essentiel était de bien distinguer les langues de service et les langues de culture. Ces questions ont été complétées par un large débat sur les difficultés et les apports pédagogiques du concept d’intercompréhension, qui a réuni des linguistes et des pédagogues.

5La traduction des textes techniques et leur diffusion ont été au centre de la troisième partie de cette réflexion sur le français et les langues d’Europe dans leurs usages spécialisés. L’accent a été mis sur la terminologie qu’il convient de rendre évolutive et vivante et ce sont M. Michel Rabaud, de la délégation générale à la langue française et aux langues de France, et M. Loïc Depecker, de l’université de la Sorbonne nouvelle, qui en ont parlé. Le cadre légal de l’emploi de la langue française et les difficultés de la traduction juridique ont été ensuite exposés par Mme Odile Canale, de la délégation générale à la langue française et aux langues de France, M. Michel Moreau, de l’université de Poitiers, et M. Jean-Marc Baïssus, directeur de la fondation d’entreprise pour le droit continental. Ces problèmes d’équivalence, particulièrement épineux dans le cas de la traduction de textes spécialisés, ont été ensuite débattus, au cours d’une table ronde, par des traducteurs officiels qui ont fait part de leur expérience et par des universitaires chargés de formation en traductologie.

6Les difficultés posées par la traduction des textes littéraires ne sont pas moins grandes dans la mesure où il s’agit de rendre la littérarité des œuvres. Sous la direction de M. Jérôme Clément, président d’Arte, Mme Françoise Wuilmart, directrice du centre européen de traduction littéraire et du collège européen des traducteurs littéraires de Seneffe en Belgique, a fait part de sa conception de la traduction littéraire alors que Mme Anne-Rachel Hermetet, de l’université d’Angers, a rendu compte, par son expérience et sa réflexion, des implications pédagogiques que suscitait la lecture d’un roman traduit. M. Loïc Jombart, dessinateur de bandes dessinées, a ensuite mis en évidence les incidences de la traduction en plusieurs langues sur les images et le texte, Mme Marina Mureşanu Ionescu, de l’université d’Iaşi, s’est intéressée aux traductions de l’œuvre de Julien Gracq en Roumanie. Des échanges entre traducteurs de poésie, de romans ou de théâtre, ont ensuite permis de cerner au plus près les enjeux de la traduction des textes littéraires.

7L’épilogue de cet ouvrage a été enfin consacré à un magnifique hommage au poète de Liré et au défenseur de la langue française, rendu par M. Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, Mme Élisabeth Verry, directrice des Archives départementales de Maine-et-Loire et Mme Françoise Argod-Dutard, professeur à l’université de Bordeaux 3, à l’occasion de la célébration nationale du 450e anniversaire de la mort de Joachim Du Bellay.

8C’est grâce aux contributions d’un grand nombre de partenaires, que nous remercions chaleureusement, que ces journées ont pu avoir lieu et, tout d’abord, je remercie très vivement nos hôtes, l’école nationale supérieure d’arts et métiers d’Angers (ParisTech), son directeur actuel mais aussi son ancien directeur, M. Marian Reszka, vice-président des Lyriades, qui nous accueille tout au long de l’année pour nos manifestations, et l’association de La Turmelière et son directeur qui nous ont si bien reçus au château de La Turmelière.

9C’est aussi, tout particulièrement, grâce à la délégation générale à la langue française et aux langues de France, aux ministères de la Culture et de la Communication, de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, aux établissements d’enseignement supérieur d’Angers et à tous les éminents spécialistes de la langue française qui ont bien voulu enrichir de leurs réflexions, le thème proposé, véritable problématique linguistique, socio-économique et culturelle, que ces journées ont pu voir le jour et nous conduire vers une meilleure connaissance de notre langue et des langues d’Europe.

10Mais ces Rencontres n’auraient pas eu tant d’éclat sans le public, nombreux et divers qui y a participé activement : public du séminaire du mercredi matin, au centre départemental de documentation pédagogique de Maine-et-Loire à Angers, composé d’enseignants de la France entière et des Pays de la Loire, dirigé par des inspecteurs pédagogiques régionaux, sous le patronage de M. le recteur Gérald Chaix et l’autorité de M. Philippe Le Guillou, doyen du groupe des lettres à l’inspection générale et avec la participation de L’École des Lettres ; public d’Angers, public de Liré, public des Mauges et d’Ancenis, de la région, de plus loin et de tous horizons ; public des inspecteurs, des enseignants, des parents et des élèves ; public des élus et des administrations, des associations d’apprenants, des cités et des villages ; public de la chambre de commerce et d’industrie, des chefs d’entreprise ; public des tables rondes, des universités, des écoles ; à tous, public de bonne volonté, public qui vous intéressez à la langue française, merci !

11Ma reconnaissance va également au comité pédagogique des Lyriades qui a permis l’engagement, tout au long de l’année scolaire, de l’enseignement secondaire et primaire, dans les multiples projets pédagogiques, suivis par MM. Michel Gramain, inspecteur pédagogique régional, Jean-Luc Jaunet, délégué du recteur auprès des Lyriades, et Alain Boudet, coordonnateur académique poésie-lecture-écriture, que nous avons pu découvrir lors de ces Rencontres ; citons, entre autres, ceux animés par Mmes Laurence Dubreil, Véronique Marché, MM. Bernard Leclair, Pascal Bahuau, Jean-François Frackowiak…

12Que soit aussi bien vivement remerciée la commission culturelle des Lyriades, en les personnes de Mmes Martine Charles, Marie-Annick Mainguy, Geneviève Paré, Odile Brunet, Cécile Hérissé, Blandine Beaumont, Cynthia Vincent, Martine Boutreux, de MM. Olivier Bernard et Dominique Dahéron, qui n’ont cessé d’animer ces journées par des activités variées faisant de la langue française une fête des mots. Nous avons particulièrement apprécié, en semaine à Angers, le spectacle de la Cie Chemins de traverse et l’exposition de la bibliothèque départementale de prêt de Maine-et-Loire : Balade littéraire en Europe, le samedi et le dimanche à Liré, au château de la Turmelière, les lectures de poèmes proposées par l’association Le Chant des mots, Mme Lucie Albertini-Guillevic lisant Guillevic, les petites formes théâtrales du BiblioThéâtre, les échanges littéraires autour de la résidence de l’écrivain Olivier Lebleu et le chapitre d’intronisation de quatre nouveaux membres dans la Confrérie des compagnons vignerons de Joachim Du Bellay. Mais il faut encore mentionner la 5e dictée des Lyriades, composée et lue par M. Jean-Pierre Colignon, et le concours et l’atelier de mots croisés, organisés par l’association À La Croisée des mots, qui ont connu un grand succès, et encore bien d’autres activités qui ont permis, en somme, de faire du français une langue de partage. Les annexes de ce présent ouvrage en rendent compte. L’esprit des Rencontres, c’est aussi cela !

13Rappelons que ces manifestations culturelles si variées avaient été ouvertes en mars par le festival de théâtre Quartet-Visions d’Europe, organisé par la ville d’Ancenis et le théâtre Quartier libre, partenaires actifs des Lyriades, dans le cadre d’un programme culturel européen réunissant la Hongrie, la République tchèque et la Serbie : une manifestation aux multiples facettes qui a intéressé un nombreux public, curieux, attentif et passionné.

14Je ne voudrais pas oublier notre conseil scientifique, qui m’a aidée de façon très efficace et positive, notamment MM. Georges Cesbron, Jacques Baulande et Jacques Boislève. Nous avons véritablement fait œuvre commune pour choisir les intervenants qui nous ont donné à entendre des communications particulièrement brillantes, pleines de force et de vie, pour donner aussi un éclat régional nouveau à ces Lyriades, grâce, notamment au parcours littéraire et touristique d’Angers à Liré, imaginé et commenté par M. Jacques Boislève, prémices d’un projet plus vaste d’Angers vers Nantes et d’Angers vers Tours, qui mettra en valeur la Loire, les écrivains qui s’en sont inspirés, qui ont voyagé le long de son cours ou qui ont vécu sur ses rives, mais aussi la langue française dans ses usages spécialisés ou régionaux.

15Que soient tout particulièrement remerciés nos brillants présidents de séance, M. Bernard Combeaud, représentant M. Jean-Michel Blanquer, MM. Michel Rabaud et Jérôme Clément, nos quarante-deux intervenants, ces écrivains et poètes, ces professeurs et chercheurs, ces journalistes, tous spécialistes de la langue française, qui ont bien voulu nous parler de leur domaine de prédilection. Ils ont fait briller pour nous la langue française et les langues d’Europe dans leur diversité, leurs traductions.

16Toute ma gratitude va enfin aux organisateurs : MM. Dominique Brossier, président des Lyriades, Dominique Beaumon, délégué général, Bernard Staub, Mmes Odile Brunet, Geneviève Paré, aux membres du bureau et à tous ceux qui les ont aidés ; aux organismes, aux partenaires et aux associations (Les Amis du Petit Lyré et le musée Joachim Du Bellay, La Turmelière, Scènes de Pays dans les Mauges, Mélodie, La Lyre et la Plume…) qui ont contribué à la réalisation de ces journées, tout particulièrement au CDDP de Maine-et-Loire, si actif en les personnes de Mme Jacqueline Branger et M. Bernard Malblanc ; à Mme Marie Bosselet, assistante des Lyriades, véritable cheville ouvrière de cette manifestation1 ; et tous ceux, de Liré, de Champtoceaux, d’Ancenis, d’Angers ou d’ailleurs, sans lesquels ces 5es Rencontres de Liré n’auraient pu voir le jour. Ils ont permis d’orchestrer les éléments indispensables à leur réalisation, de convaincre les partenaires du bien-fondé de notre projet.

17Nous tenons à remercier tout particulièrement le conseil régional des Pays de la Loire, le conseil général de Maine-et-Loire, la communauté de communes du canton de Champtoceaux, les municipalités de Liré, d’Ancenis et d’Angers, le ministère de la Culture et de la Communication – délégation générale à la langue française et aux langues de France et direction régionale des affaires culturelles des Pays de la Loire –, le ministère de l’Éducation nationale – direction générale de l’enseignement scolaire, rectorat de Nantes, inspection académique de Maine-et- Loire et centre régional de documentation pédagogique des Pays de la Loire –, l’Académie française, l’Alliance française, la chambre de commerce et d’industrie de Maine-et-Loire, l’école nationale supérieure d’arts et métiers d’Angers, les universités d’Angers, les archives départementales et la bibliothèque départementale de prêt de Maine-et-Loire, le musée Jean Lurçat d’Angers.

18Tous nous ont permis de faire en sorte que ces 5es Rencontres de Liré puissent se passer dans une grande harmonie et une belle convivialité pour faire briller la langue française et les langues d’Europe.

Notes de bas de page

1 Nous remercions particulièrement Mme Marie Bosselet pour avoir retranscrit avec autant d’application et de compétence les enregistrements des Rencontres sans lesquels une édition fidèle des propos tenus n’aurait pu avoir lieu.

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