Intermède 5
p. 339-340
Texte intégral
Il y a toutefoiz en cest miroer plain une decepcion et une erreur qui est commune a tous les miroer de quelconque maniere ou figure qu’ilz soient, et c’est que la chose oncques ou miroer ne se moustre en son lieu, ne le lieu de l’ymage n’est ou lieu de la chose. […] et ainsy voit on aucunement la chose, maiz ce n’est pas en son droit propre lieu, et a la verité aussi, ne voit on pas a parler proprement la chose principal, maiz on en voit l’ymage et la semblance.
(Évrard de Conty, Le livre des échecs amoureux moralisés, éd. B. Roy et F. Guichard-Tesson, Montréal, CERES, 1993, p. 702-703.)
Non est in speculo res quam speculamur in illo,
Iminet et non est in muliere fides.
Ceo n’est mi en les mirur ceo ke l’en garde lens ;
Leaulté pert en femme, mes n’i a nule.
(Traduction anonyme des Parabolae d’Alain de Lille, éd. T. Hunt,
Le Moyen Âge, 87, 1981, p. 45-56.)
Lors porra les causes trover
Et la force du mirooir
Qui tant a merveilleus pooir
Que toutes choses tres petites
– les tres grelles, les loing escrites
Et poudres de sablon menues –
Si granz, si grosses sont veües
Et si pres mises es miraeux
Que tuit pueent veoir a eux,
Que l’en le puet lire et conter
De si loing que, qui raconter
Le vorroit et l’avroie veü,
Ce ne porroit estre creü,
D’omme qui veü ne l’avroit
Ou qui les causes ne savroit.
Si ne seroit ce pas creance
Puis qu’il en avroit la sciance.
[…]
Autres font diverses ymages
Aparoir en divers estages,
Droites, bellongues et enverses,
Par composicions diverses :
Et d’une en font il pluseurs naistre,
Cil qui des miroers sont maistre ;
Et font. iiij. eulz en une teste,
S’il ont a ce la forme preste.
Si font fantosmes aparanz
A ceuls qui regardent par anz.
Font les neïs dehors parair
Touz vis, soit par eau ou par air.
Et les puet on veoir joer
Entre l’oeill et le miroer
Par les diversitez des angles.
Soit li moiens compos ou sangles,
D’une matire ou diverse,
En coi la forme se diverse,
Qui tant se va montepliant
Par le moien obediant
Qu’el vient as eulz aparissant,
Selonc les rais ressortissanz
Qu’il si diversement reçoit
Que les regardeours deçoit.
(Jean de Meun, Le Roman de la Rose, éd. A. Strubel, Lettres gothiques,
1992, v. 18048-18064 et v. 18177-18200.)
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