Les Bas-Fonds de Pétersbourg (1864-1867) de Vsevolod Krestovski, un Eugène Sue Russe
p. 133-146
Texte intégral
1Les Bas-Fonds de Pétersbourg. Livre sur les repus et les affamés (Peterburgskie trus-hchoby. Kniga o sytyx i golodnyx, 1864-1867) de Vsevolod Krestovski (1839-1895) a été l’un des livres les plus lus en Russie jusqu’au début du xixe siècle. V. Krestovski donne dans ce roman-fleuve (240 chapitres) un tableau social et mythique de l’aristocratie dégénérée de Saint-Pétersbourg et de ses bas-fonds. Ces Mystères de Pétersbourg, qui ont fait sous ce titre l’objet d’une série télévisée en 60 épisodes dans les années 1990 (qui n’a retenu que l’intrigue au détriment de la vision des bas-fonds) et d’une réédition en 19941, constituent un élément important du « mythe de Pétersbourg » construit par la littérature russe du xixe siècle en mêlant l’imaginaire au réalisme. V. Krestovski a été surnommé le Eugène Sue russe.
2Vsevolod Krestovski est un auteur qui a joui d’une réputation sulfureuse, et dont l’œuvre n’a pratiquement pas été étudiée. Auteur d’abord de poésies démocratiques et de poésies « espagnoles » qui seront jugées érotiques, Krestovski fait partie du cercle de Dostoïevski au début des années 18602. Après les troubles révolutionnaires de 1862-1863, il se place, comme Dostoïevski, Leskov et d’autres, dans le camp « antinihiliste », et fait l’objet de l’ostracisme et de la calomnie de toute l’intelligentsia progressiste russe. Les Bas-Fonds de Pétersbourg fut traité de roman de boulevard, alors qu’il dénonçait comme nul autre les plaies de la société3. De nos jours, c’est l’antisémitisme de Krestovski qui est relevé, mais paradoxalement, c’est l’héroïne juive de sa trilogie Les Ténèbres d’Egypte (1888-1892) Tamara Ben David, qui est le personnage le plus sympathique, sans doute parce qu’elle s’est convertie à l’orthodoxie pour s’émanciper d’un milieu rigoriste et ritualiste où elle étouffait... Krestovski souhaitait, comme Dostoïevski, l’assimilation des juifs. En 1867, il entre comme sous-officier dans l’armée, dont il se fera l’historien. Il meurt en 1895.
3Notre propos n’est ni de réhabiliter l’homme ni d’étudier l’ensemble de son œuvre, où une documentation de première main sur les milieux révolutionnaires des années soixante (Le Troupeau des Panurge, 1869), sur les dessous du soulèvement polonais de 1863 (Deux forces, 1874), sur la guerre des Balkans de 18771878 (à laquelle il participa), sur les bourgades juives et la province russe, sur l’époque de Paul Ier sert de fond à des intrigues de roman feuilleton. Nous nous contenterons de présenter l’image de Pétersbourg dans le roman le plus connu de Krestovski, Les Bas-Fonds de Pétersbourg, en la rapportant aux différents genres auxquels elle se rattache. À l’influence du roman social d’aventures d’Eugène Sue4, s’ajoute celle de l’école russe dite « naturelle » (natural’nja shkola) des années 1840, avec notamment ses « physiologies » urbaines, elles aussi, du reste, venues de France (avec Les Français peints par eux-mêmes [1840-1842], Un été à Paris [1844], Le Diable à Paris [1845], etc.). En Russie, en 1845, paraît Pétersbourg de jour et de nuit de E. Kovalevski, et Les Hauteurs de Pétersbourg (Peterburgskie vershiny, 2 vol.) de Jakov Boutkov, désignation ironique des greniers occupés par les habitants les plus pauvres ; la même année, l’éditeur et poète N. Nekrasov fait paraître un recueil de croquis urbains sous le titre de Physiologie de Pétersbourg.
4C’est donc au croisement du roman social d’aventures à la Eugène Sue5 et des études de mœurs de l’école naturelle russe, mais aussi du roman noir ou gothique, avec certaines scènes fantastiques, que se situe Les Bas-Fonds de Pétersbourg de V. Krestovski.
Une intrigue de roman feuilleton
5Les Bas-Fonds de Pétersbourg est un roman d’aventures sur fond de description sociologique (« physiologique ») de Pétersbourg. L’intrigue est enchevêtrée et les péripéties proliférantes comme dans tous les romans de ce genre, mais les principales lignes narratives sont bien nettes.
6Si le roman de Sue était construit autour de la recherche de deux enfants enlevés à l’un de leurs parents (Fleur-de-Marie, fille du prince Rodolphe, et François-Germain, fils du Maître d’école), celui de Krestovski commence par une double naissance illégitime : la princesse Anna Tchetchevinski, séduite par le prince Dmitri Chadourski, fait déposer son enfant par sa femme de chambre, Natacha, chez le prince. De son côté, le prince surprend sa jeune femme dans les bras des son intendant, Mordenko ; il les soufflette tous les deux et renvoie son intendant, tandis que sa femme accouche prématurément d’un enfant de Mordenko. Le roman va retracer le destin de ces deux enfants naturels qui ignorent tout ou partie de leur origine (vingt années séparent la première partie, qui se passe en 1838, des cinq autres parties, qui s’étendent de 1858 à 1861). Ils vont être victimes d’intrigues de la part d’une « association » d’escrocs et de bandits de la haute société liés à la pègre, employés par les Chadourski et leur nouvel intendant pour sauver l’honneur et les finances de la famille. La descente aux enfers des bas-fonds pétersbourgeois (à la misère ou à la prostitution) des uns (la princesse Anna, sa fille Marie, le fils de Mordenko), et le désir de vengeance des autres (l’ex-intendant Mordenko, Natacha) sont les ressorts principaux de l’action, qui se ramifie en diverses histoires adjacentes. Le roman se termine par une série de morts, suicides, empoisonnements et meurtres.
7Il n’y a pas chez Krestovski de justicier idéaliste comme le Rodolphe d’Eugène Sue, qui s’est donné pour tâche de « récompenser le bien, poursuivre le mal, soulager ceux qui souffrent6... » (IX, 3, 1116). Seul un prisonnier à la force herculéenne, Ramzia, arrêté pour avoir voulu être le justicier des paysans opprimés (on pense au Doubrovski de Pouchkine), se pose en défenseur des faibles et en appelle à l’amour fraternel évangélique. Il rappelle le Chourineur de Sue, mais n’en partira pas moins pour la Sibérie. Les bons ne sont pas récompensés. Dans l’épilogue du roman, nous voyons partir pour la Sibérie un convoi de condamnés, parmi lesquels il y a certes des criminels, mais aussi le violoneux allemand qui a voulu défendre l’honneur de sa fille, le justicier populaire Ramzia, ou encore le conteur de la prison, tandis que Vladimir Chadourski, qui a séduit et abandonné Marie, la fille de la princesse Anna (et sa demi-sœur), fait un mariage de raison qui le sauve de la ruine (« il entretient six paires d’excellents chevaux et une paire de danseuses tout aussi excellentes », VI, 53, 710) ; l’entremetteuse, la générale von Spieltz, s’est « retirée des affaires » et engraisse, l’intendant des Chadourski possède deux immeubles en pierre et s’est constitué un capital de 130 000 roubles, Natacha et son amant vont continuer leur carrière d’escrocs en Pologne. Chez Sue aussi, le trio de bandits (Le Squelette, Nicolas Martial, Tortillard), disparaît dans la foule après le meurtre du Chourineur. Il n’y a pas de justice sur terre, a fortiori en Russie, et dans le dernier chapitre, nous voyons Julia Beroeva, une jeune mère de famille irréprochable, victime avec son mari des menées du prince Vladimir, se préparer à partir pour les États-Unis. Que la lumière d’espoir ne puisse être trouvée en Russie n’est pas le moindre paradoxe de cet écrivain patriote mais lucide.
La physiologie de Pétersbourg
Les lieux et les gens
8Les Bas-Fonds de Pétersbourg offre une description de la capitale russe sans analogue dans la littérature russe. Krestovski fait pénétrer son lecteur dans les asiles de nuit, taudis, tripots, maisons de tolérance, prisons, hôpitaux ou asiles de fous, et dans les salons aristocratiques. Ses descriptions ont d’autant plus de prix que Krestovski a fréquenté ces bas-fonds pendant neuf mois (Eugène Sue n’avait fait que de courtes incursions dans les bouges et les ruelles de la Cité, déguisé en débardeur, en compagnie d’un boxeur). Seul, déguisé en vagabond, ou accompagné d’un limier, autorisé par le gouverneur-général de la capitale à visiter librement prisons, hôpitaux et tribunaux et à consulter les archives de la Justice, Krestovski étend son enquête horizontalement, des beaux quartiers aux bas-fonds, et verticalement, sur l’échelle sociale, des nantis aux laissés pour compte.
9Le mode de narration utilisé pour les descriptions de Pétersbourg indique bien que Krestovski veut faire œuvre d’ethnographe : il s’agit de passages en mode itératif et généralisant, dans lesquels l’auteur joue le rôle de guide et d’informateur, en interrompant la diégèse pour donner des tableaux de mœurs ou des aperçus sociologiques. Notre exposé sera surtout informatif, vu que le roman est inaccessible au public qui ne lit pas le russe (il faudrait toute une équipe de traducteurs pour venir à bout de ce monument et de tous ses registres lexicaux et stylistiques). Nous ne parlerons que brièvement de la topographie du Pétersbourg de Krestovski, qui demande pour être appréciée une bonne connaissance de la ville. Ce qui est important est l’opposition entre le Pétersbourg aristocratique et les bas-fonds. Le contraste entre les deux mondes indiqués dans le sous-titre, celui des riches et celui des pauvres, et le passage des personnages de l’un à l’autre, rappelle aussi Eugène Sue.
10Les deux familles princières habitent de belles rues du centre de Saint-Pétersbourg, de même que la générale von Spieltz. Krestovski donne un portrait sans complaisance et souvent satirique de cette aristocratie dégénérée, s’acoquinant avec la pègre, dilapidant les restes de sa fortune et se faisant plumer par des économes véreux ou des femmes vénales. « Faute d’enseignements, les classes riches ont aussi fatalement leurs misères, leurs vices, leurs crimes », écrivait E. Sue (VI, 9, 820). Raouts, bals masqués du Grand théâtre, ballet et théâtre, restaurants français, sorties en traîneau sont les distractions favorites de la jeunesse dorée (en français dans le texte) de Pétersbourg (III, 22).
11Ce sont cependant les bas-fonds que Krestovski décrit avec le plus de précision, ces quartiers sordides avec des taudis sans air ni lumière, repaires ou refuges de déshérités et de brigands. Les bas-fonds proprement dits sont groupés autour de deux places principales, peu éloignées l’une de l’autre, et situées à seulement quelques centaines de mètres à l’est de la Perspective Nevski : la place des Cinq Angles et la place au Foin. C’est là que Krestovski trouve ses légions de « réprouvés » et de « malheureux » : « voleurs, filous, criminels, prisonniers, honnêtes travailleurs, pauvres prolétaires, – bref, toute une longue galerie d’“affamés et de transis” » (VI, 21, 569), auquel s’ajoutera bientôt le monde des prostituées.
12La place des Cinq Angles (Piati ouglov) est une petite place à laquelle aboutissent cinq rues. L’appartement (maintenant musée) où Dostoïevski a vécu de 1878 à sa mort en 1881, se trouve tout près de là. Tripots et autres tapis-francs y étaient nombreux. Dès le chapitre 9 de la première partie, nous pénétrons dans une baraque en bois à moitié enfoncée en terre, qui sert de gargote (« Aux goujons », Ërshi), de salle de jeu de cartes clandestine et de lieu de rendez-vous à tous les malfaiteurs et escrocs du quartier. Une porte de sortie masquée permet de s’échapper en cas de descente de police. Krestovski décrit le patron, qui est aussi un recéleur, et le public, différent le jour et la nuit, où se produisent un musicien juif et un chanteur russe : ces chants populaires, dont Krestovski donne plusieurs exemples, sont le « côté clair » des bas-fonds (I, 11, 76). Et, comme Eugène Sue, il utilise l’argot de la pègre en en donnant la traduction en notes.
13Le second centre de la pègre et de la misère est la place au Foin, décrite aussi par Dostoïevski au début de Crime et châtiment. Un des asiles d’artisans et de parias (Krestovski utilise souvent ce terme) du quartier de la place au Foin est la Maison du prince Viazemski, ironiquement dénommée la Laure de Viazemski : un ensemble de treize immeubles séparés par des cours et des ruelles, situé juste derrière une magnifique demeure aristocratique. L’un de ces immeubles est le « bas-fond des bas-fonds péterbourgeois » : c’est « l’aile des vitriers », qui donne sur une ruelle « dans laquelle il n’est pas sans danger de s’aventurer même le jour, sans parler de la nuit » (V, 38, 391). Dix mille personnes vivent dans ces taudis : « Nous ne pècherons pas contre la vérité si nous disons que la Maison Viazemski sert de principal refuge aux prolétaires de toutes sortes de Pétersbourg, à la plus grande partie des affamés de cette ville » (V, 39, 393). C’est là qu’Anna conduit Macha (Marie), sans savoir qu’elle est sa fille :
« L’appartement était constitué d’une seule pièce, avec deux petites fenêtres. La pièce n’était pas grande, à peine six sagènes carrées [un peu plus de douze mètres carrés], avec un plafond bas enfumé, sur lequel se promenaient quantité de punaises, tandis que les araignées avaient tissé leur toile dans tous les coins et recoins possibles. Une partie de cette pièce était occupée par un poêle maçonné, où pullulait toute une armée de cafards grouillants et bruissants. Les murs étaient tout illuminés de taches de punaises écrasées avec les doigts, de coulées d’humidité moisie, de plâtre écaillé et de taches d’origine inconnue. Puanteur, saleté et misère infinie sont les mots qui peuvent caractériser ce malheureux refuge. Le long de tous les murs, et même au milieu de la pièce, des châlits avaient été installés. Au-dessus de la couchette inférieure, à environ un mètre de hauteur, il y avait un second étage, intermédiaire, puis un mètre plus haut, presque sous le plafond, il y avait l’étage supérieur. Tout cela était entièrement hérissé de talons et de semelles de jambes humaines qui pendaient à l’extérieur. Çà et là dépassait une tête ou pendait un bras. Au pied des châlits, sur le sol sale, au milieu de saletés et d’un bric-à-brac de toute sorte, étaient affalées deux dizaines de personnes. [...] Il y avait là des vieux et des enfants à la mamelle, des gars robustes, des paysans et des vieilles décrépites, des garçonnets et des fillettes, des femmes et des jeunes filles, certaines encore innocentes, d’autres dépravées depuis l’enfance, certaines enceintes et affamées, d’autres malades et soûles. Tout cela était étendu pêle-mêle, au hasard, n’importe où, ouvertement, sans pudeur ; et les scènes les plus honteuses se déroulaient à différents endroits sous les yeux de tous. C’était une sorte de chenil humain, de remise infecte, comme celle dans laquelle les employés de la police enferment les chiens errants de tout poil et de toute race qu’ils ont ramassés dans la rue. Il ne peut y avoir d’autre comparaison » (V, 40, 404-405).
14Les comparaisons animalières, et les insectes qui pullulent dans cet asile de nuit, l’accumulation des détails horribles, les énumérations généralisantes visent au réalisme (ou au naturalisme) et ont en même temps une fonction phatique.
15Une grande différence avec Eugène Sue réside dans l’importance de l’élément ethnique. Pétersbourg était une ville cosmopolite, avec une division du travail assez stricte entre ethnies, qui faisait que toutes les ethnies avaient besoin les unes des autres, même si souvent elles se méprisaient : artisans d’origine allemande, revendeurs russes et juifs de mèche avec les voleurs, négociants russes sur l’île Vassilevski, Russes d’origine finnoise, appelés péjorativement tchoukhontsy (les hommes sont voituriers, les femmes domestiques), restes de l’aristocratie et pseudo-aristocrates sur les quais centraux de la Néva, militaires, vieux-croyants, etc. Krestovski aime décrire les types humains : joueurs d’orgues de Barbarie, bandes d’enfants mendiants, « futures victimes du vice et du crime », mendiants adultes qui paient pour leur place devant l’église, louent des bébés qui sont défigurés pour exciter la pitié.
16S’il n’y a pas à Pétersbourg de quartier juif à proprement parler (I, 9, 43), certaines rues sont habitées en majorité par des juifs, généralement miséreux. Dans ces « tanières juives » (titre du chapitre iv, 18), habitent des petits vendeurs ou revendeurs de menus objets ou même d’enfants qui sont vendus à des associations de mendiants professionnels.
17Plus que les juifs, qui sont eux aussi victimes de la misère, c’est aux Allemands (originaires des pays baltes) que Krestovski semble en avoir, bien que le pauvre musicien Herman Tippner soit lui aussi une victime de la pauvreté et d’une maquerelle qui attire sa fille dans le bordel où lui-même joue à l’insu de sa famille pour pouvoir la nourrir. Mais nombre des malfaiteurs du roman sont d’origine allemande, ou étrangère : le docteur Katzel, juif allemand, exécuteur des basses œuvres de la générale von Spieltz qui baragouine elle-même un mélange de français, d’allemand et de russe « avec une nuance juive » (I, 15, 86), le Polonais et escroc Bodlevski, etc.
18Les malheureux des bas-fonds, bandits ou victimes, finissent le plus souvent leur carrière ou leur vie à la prison ou à l’hôpital. Les onze premiers chapitres de la quatrième partie (intitulée « Les prisonniers ») sont consacrés à une description, que l’auteur qualifie lui-même d’ethnographique, de la principale prison de Pétersbourg (où sont incarcérés le fils de Mordenko, Ioulia Beroeva et son mari). Elle est située dans le quartier de Kolomna, qui offre un « vif contraste » avec le beau centre (IV, 1, 402). Les mœurs des détenus, leurs jeux et leurs rites souvent cruels (en particulier le bizutage des nouveaux), les chants, les contes et récits, les visites de dames philanthropes vaniteuses (contrairement aux visiteuses de La Force mentionnées par E. Sue), les messes obligatoires (IV, 48), le système de la « vente des crimes » (on fait endosser son crime par un benêt auquel on fait croire qu’on l’aidera à s’en sortir), des faux garants pour ceux qui sortent de prison, l’argot rapporté par Krestovski, qui s’est documenté sur place – tout cela représente de fait un matériau ethnographique de valeur, qui se prolonge en une dénonciation humanitariste du système pénitentiaire dont il sera question plus bas.
Le temps qu’il fait
19L’atmosphère de la ville, c’est aussi le temps qu’il fait, et qui est en consonance avec les turpitudes ou la misère des bas-fonds : c’est-à-dire que le plus souvent, il s’agit d’un temps pourri :
« C’était un froid soir de printemps, comme il en abonde à Pétersbourg. Des nuages bas et maussades passaient dans le ciel ; un vent pourri soufflait en rafales de la mer ; il semait les visages des passants d’un fin crachin. Une tristesse sans borne dormait sur la ville. Une brume épaisse rendait les rues sombres et moroses. L’horaire de printemps ne prévoyait pas l’allumage des réverbères » (I, 23, 116).
20Curieusement, cette description est répétée littéralement dans la sixième partie (VI, 12, 517).
21La description de la place au Foin s’accompagne d’un temps à l’unisson :
« Et au-dessus de tous ces bruits, de tout ce triste tableau de la place sombre et boueuse, pend un ciel bas et humide, impénétrablement noir, d’où s’échappe une neige qui se transforme en bruine fine avant d’atteindre le sol » (III, 1,207).
22Rares sont les moments de temps agréable : « C’était une magnifique nuit, bleu foncé, froide, l’une de ces rares nuits de Pétersbourg, où en hiver règne le plus souvent le brouillard et une humidité pourrie » (III, 20, 328). C’est la nuit où Chadourski emmène Macha, encore éblouie par le monde qu’elle découvre, faire un tour de traîneau dans les environs de la ville.
Le mélange des genres
La veine humanitariste
23Les digressions moralisatrices, ou humanitaristes, comme on disait à l’époque, sont beaucoup moins nombreuses chez Krestovski que chez Eugène Sue, dont le roman est plus didactique. Le roman est précédé d’une adresse « de l’auteur au lecteur », dans laquelle Krestovski retrace la genèse de son roman (la rencontre, en 1858, d’une prostituée parlant français, aristocrate séduite et abandonnée, qui sera le prototype de Macha) et affirme son désir d’étudier les causes de la misère qu’il a découverte, en regrettant des coupures dues, cela va sans dire, à la censure (elles seront rétablies dans les éditions de 1886, 1899 et 1935). Krestovski affirme aussi son impartialité : « Pour moi, il n’y a ni aristocrates, ni plébéiens, ni seigneurs ni bourgeois, – il n’existe que des êtres humains. Et ces êtres, je les divise non en castes, mais en repus et en affamés, et aussi en bons et mauvais, honnêtes et malhonnêtes, etc.7. » Et de prévenir que son livre n’est pas fait pour être lu dans les pensionnats ou les institutions pour jeunes filles de la noblesse... Dans le roman, l’auteur n’affirme qu’une seule fois son projet humanitariste, et encore s’en excuse-t-il auprès du lecteur :
« Que le lecteur ne se sente pas froissé dans son sentiment de décence si l’auteur l’introduit maintenant dans la maison des réprouvées et des déchues que l’on appelle en langage officiel maison de tolérance.
Ce n’est pas pour le plaisir de te montrer des tableaux cyniques que je t’ai conduit, mon lecteur, dans les différentes antres de la misère et du vice humains. Je pense qu’il n’y a pas là le moindre plaisir ; et la tâche de l’écrivain qui a pris sur lui de servir de guide à travers tous ces bas-fonds n’est pas particulièrement agréable. Peut-être ne m’y serais-je pas attaché si ne m’y avait poussé quelque espoir de voir une connaissance plus intime de ses propres plaies cachées et de ses excroissances malignes être de quelque utilité à la société. Sinon, ce serait un art qui ne mène à rien, de l’art pour l’art sans but » (VI, 21, 568-569).
24Le projet d’Eugène Sue était le même :
« Ce qui nous soutient dans cette œuvre longue, pénible, difficile, c’est la conviction d’avoir éveillé quelques nobles sympathies pour les infortunes, probes, courageuses, imméritées, pour les repentirs sincères, pour l’honnêteté simple, naïve ; et d’avoir inspiré le dégoût, l’aversion, l’horreur, la crainte salutaire pour tout ce qui était absolument impur et criminel » (V, 6, 606-607 ; cf. III, 15, 385)
25La première digression humanitariste n’apparaît que dans la quatrième partie, à la suite des chapitres « ethnographiques » sur la prison. Après avoir prévenu son lecteur qu’une simple visite à la prison ne lui en montrera que les apparences, Krestovski dénonce un système qui favorise les mauvais instincts, débilite la santé, fabrique des malfaiteurs : c’est une « académie de voleurs » (III, 11 ; IV, 11). E. Sue fait aussi visiter La Force à son lecteur, en notant que si « le mal est une maladie accidentelle et non organique », le système pénitentiaire, au lieu de corriger, « déprave » (VII, 15 ; VIII, 2, 984). Et si Krestovski ne parle pas de la peine de mort, comme Sue, c’est tout simplement parce qu’elle avait été abolie en Russie depuis l’époque de Catherine II pour les criminels de droit commun. Mais il décrit la procédure du poteau d’infamie, à laquelle est soumise Beroeva, en soulignant l’aversion du public pour le bourreau et sa compassion pour la « malheureuse » (IV, 58, 61).
26La prostitution est dénoncée par Krestovski comme un « esclavage » et comme la « gangrène de la société », qui doit disparaître « au nom des droits de l’individu, au nom de l’âme et de la liberté, au nom de l’homme créé à l’image et à la ressemblance de Dieu » (VI, 21, 570). Un chapitre de la sixième et dernière partie est intitulé « Le roi de ce monde ». C’est l’unique chapitre entièrement allégorique du roman :
« Il y au monde un roi (tsar’) que l’on ne voit pas, que l’on n’entend pas, mais que l’on sent, un roi plus terrible qu’aucun des rois de la terre. Ce roi est vieux, on compte ses ans non en dizaines ou en centaines, mais en millénaires. Il est aussi vieux que ce que l’on appelle la civilisation humaine. [...] Ses enfants sont la Maladie et l’Impiété. Judas aussi a été engendré par lui et il est lui-même le fils d’une affreuse mère ; son père est le Diable, sa mère la Pauvreté. Son nom est la Dépravation (Razvrat) » (VI, 19, 562,564).
27Et l’auteur de citer l’ermite de Patmos, c’est-à-dire saint Jean et sa vision de la Bête (Ap. 13).
28La description des taudis de la maison Viazemski est l’occasion pour Krestovski de renvoyer la société à ses responsabilités :
« On nous dira que selon les sources officielles, cette maison est considérée comme faisant partie des plus suspectes, avec sa population de malandrins, de voleurs, de vagabonds sans papiers et autres individus dont l’existence n’est pas souhaitée dans une ville bien aménagée. C’est tout à fait vrai, tant en ce qui concerne la population que ses inconvénients ; mais le fait est que ce ne sont pas les seules tendances vicieuses qui transforment les gens en voleurs et en vauriens, mais avant tout, et principalement, la faim et le froid [...]. La faim et la misère confinent au crime8. Plus : la misère et le prolétariat sont en soi un crime de toute la société, coupable de cet état de choses par son système social qui peut engendrer ces tristes phénomènes. Et si la société souffre de la misère et du prolétariat, elle n’endure au fond qu’un châtiment pleinement mérité pour son propre crime global. Il n’y a personne d’autre que soi-même à accuser ou à qui se plaindre : le prolétariat est le crime de la société. [...] Je dis résolument, par expérience, à la suite de nombreuses observations, que la plus grande partie des voleurs, des filous et des vagabonds n’est pas autre chose que la victime involontaire des conditions sociales9. »
29Ce n’est pas un discours marxiste, le marxisme ne pénètrera en Russie qu’après 1870, et le terme de prolétaire est ici synonyme de miséreux. C’est le cri d’un écrivain d’origine noble qui ne vit pas dans les mythes et qui a fait l’effort de pénétrer les conditions de vie et la psychologie de ces parias que chacun pouvait côtoyer à Pétersbourg.
30L’écrivain s’élève aussi contre la misère des hôpitaux, qui sont des mouroirs. Il dénonce une administration tâtillonne et sans cœur :
« Ce formalisme [pedantizm] germano-tatare et ce personnel exécrablement grossier, pour lequel on engage des individus tout à fait douteux pour un prix insignifiant – les plus scrupuleux ne prenant pas sur eux, pour une paie si maigre, une telle responsabilité et un travail de soins si pénible, – tout cela explique pourquoi nos gens du peuple évitent de se faire soigner à l’hôpital et préfèrent se coucher et mourir, affamés, dans leurs taudis froids et pourris, rances d’humidité. C’est un fait trop bien connu et trop triste. Par contre, comme les différents responsables de l’hôpital vivent au chaud et dans la prospérité ! » (V, 5, 181).
31Contrairement à Sue et à ses projets utopiques (que Marx critiquera dans La Sainte Famille), Krestovski n’a pas de programme à proposer.
« Nous ne prétendons pas soigner : c’est au-dessus de nos forces, de nos moyens et de nos possibilités. Les circonstances nous ont seulement donné la possibilité de découvrir certaines plaies de l’organisme social, et uniquement pour les raisons que nous venons d’exposer, nous avons décidé de les dévoiler et de les montrer à ceux qui ne les ont pas vues et ne les connaissent pas, ou de les rappeler à ceux qui bien que les ayant vues et les connaissant, sont passés devant avec indifférence ; c’est là pratiquement le but principal de notre roman. Sinon, il n’aurait servi à rien de l’écrire » (VI, 21, 568-569).
32Seule cette prise de conscience conduira à trouver des solutions.
La satire
33Aux digressions humanitaristes, s’ajoute la satire, peut-être plus efficace, en tout cas plus artistique.
34L’objet de la satire de Krestovski est principalement le monde aristocratique, qui sous des dehors de convenances, est profondément pourri (comme le temps.). La description du public du théâtre ressemble tout à fait à celle de la Perspective Nevski par Gogol, avec ses métonymies et ses exclamations :
« Et au théâtre, au théâtre, quel spectacle ! Dieux !... Quel bruit et quel tapage ; quel martèlement consciencieux des talons et des paumes ! Jetez un coup d’œil sur ces rangs du parterre, regardez par derrière, et vous découvrirez de superbes raies anglaises à côté de superbes et vastes calvities, des cheveux de toutes les sortes et de toutes les nuances, du goudron d’une aile de corbeau jusqu’aux maigres cheveux couleur de neige. Regardez par-devant et admirez avec quelle tension, avec quel frémissement de luxure baveuse sont dirigées ces énormes jumelles sur un certain point unique, – sur les jambes affriolantes d’une danseuse. Vraiment, on pourrait croire qu’est ici réuni un savant aréopage d’astronomes cherchant à découvrir et à examiner une nouvelle planète » (III, 22, 347).
35Le « bureaucrate » pétersbourgeois-allemand (d’origine balte), chez qui Macha s’engage comme femme de ménage, est décrit satiriquement par Krestovski comme le représentant de toute une catégorie ethno-professionnelle : « Karl Ivanovitch est un Allemand pantouflard-sentimental-buveur de bière-ladre » (V, 1, 150). Ce Schimmelpfennig (sou moisi) la chasse impitoyablement lorsqu’elle tombe malade. Et l’auteur de dénoncer une « invasion » de « trichine » allemande10.
36Entre la pègre et le beau monde, il y a la police et la justice, facilement corruptibles. Le chapitre qui précède le procès de Beroeva est intitulé « Thémis met un bandeau et fait pencher sa balance » (IV, 55 ; cf. Sue, V, 9, 645). Krestovski dénonce la corruption généralisée de la justice : avec de l’argent, tout est possible. Le motif de l’argent utilisé pour acheter la justice ou des malfaiteurs, payer des services plus ou moins honnêtes, le motif de l’argent volé, dilapidé ou thésaurisé, contrefait, manquant cruellement aux plus pauvres, est omniprésent.
Les motifs du roman gothique
37Le réalisme ethnographique de Krestovski prend parfois une dimension qui le rapproche du genre gothique. Le roman gothique anglais et français avait été fort répandu dans la Russie du premier tiers du xixe siècle11. Walpole, Ann Radcliffe, Lewis et Mathurin ont été traduits et imités. L’école frénétique française (Jules Janin, Hugo, Balzac, Sue lui-même, avec Plik et Plock) avait aussi du succès. Dans La Dame de pique de Pouchkine, la vieille comtesse demande à son petit-fils s’il existe un roman « où le héros n’étrangle ni son père ni sa mère, où il n’y ait pas de noyés ».
38Le château avec ses labyrinthes et ses culs-de-basse-fosse est remplacé chez Krestovski par les bas-fonds, leurs ruelles malfamées et leurs taudis humides. Mais les motifs du roman gothique (l’ignorance des origines, les liaisons quasi-incestueuses, les morts (en apparence) qui ressuscitent, les atteintes à l’honneur de la femme, etc.), sont présents dans Les Bas-Fonds de Pétersbourg.
39Dans le roman, plusieurs personnages peuvent être qualifiés d’infernaux : le prince Vladimir Chadourski, débauché imbu de lui-même, « mélange de dandy mondain d’espèce militaire », habitué à acheter ses plaisirs féminins (II, 4, 145), le comte Kallash, avec sa « forte volonté et une énergie implacable », « nature fière, obstinément passionnée, ingrate, qui prend aux gens tout ce qu’il veut en l’exigeant comme un dû » (II, 5, 159). Natacha, alias baronne von Dôring, pour qui « le premier but de sa vie était la vengeance, puis le lustre et le confort » (II, 3, 137), est aussi une femme infernale. Tous ces personnages ne reculent devant aucun moyen pour satisfaire leurs plaisirs.
40Pour permettre au prince Vladimir Chadourski de séduire Ioulia Beroeva, pour gagner un pari, le docteur Katzel ajoute un aphrodisiaque à son café :
« Le prince continuait à bavarder, mais Beroeva ne l’entendait pas et ne comprenait pas ce qu’il disait. Il lui arrivait quelque chose d’étrange. Ses joues brûlaient d’un éclat inhabituellement vif ; ses narines s’étaient dilatées et tremblaient nerveusement, comme celles d’un jeune cheval sauvage pris au lasso ; ses yeux bleus d’habitude clairs et calmes se mirent à briller d’une sorte d’éclat phosphorique, ses orbites s’agrandissaient et se fermaient tour à tour, enveloppant un instant le regard d’une brume langoureuse et humide, avant qu’il ne s’enflamme à nouveau avec encore plus de force. Quelque chose de bachique luisait maintenant dans ces yeux merveilleux ; un souffle brûlant et saccadé s’échappait avec peine de ses lèvres entrouvertes, desséchées et enflammées » (II, 9, 180-181).
41Dans Les Mystères de Paris, le notaire Ferrand utilise un soporifique pour violer Louise, la fille du lapidaire Morel (IV, 9, 507).
42Enterrée dans un cimetière pour pauvres, aux confins de la capitale, alors qu’elle n’est que dans un état cataleptique, Beroeva est déterrée par un bandit qui veut lui voler un rouble précieux qu’elle porte au cou. Mais Julia pousse un soupir qui épouvante le bandit et le fait fuir avec son complice, un pseudo fol-en-Christ (IV, 73). Cette scène d’un mort qui ressuscite est digne d’un roman gothique. Le comte Kallash est assassiné dans un canal souterrain, qui rappelle l’égout dont finit par sortir Jean Valjean (VI, 52).
43La récitation par le comte d’une poésie d’Apollon Grigoriev (1822-1864), un grand poète ami de Krestovski, inscrit la fin du roman dans le mythe de Pétersbourg : ville construite sur les os de milliers de paysans recrutés de force pour ce premier grand chantier servile de l’histoire russe, ville à la fois majestueuse et misérable, infestée de miasmes, destinée à disparaître dans les marais sur lesquels elle est bâtie (VI, 52, 701) :
Oui, je l’aime, cette ville énorme et fière,
Mais pas pour les mêmes raisons ;
Ce ne sont pas ses édifices, le pompeux éclat des palais,
Ni les quais de granit séculaire
Que j’aime... oh non ! D’une âme affligée
Je perçois en elle autre chose :
Ses souffrances sous une carapace de glace,
Ses souffrances de malade.
44Tout le roman de Krestovski, véritable « encyclopédie de la vie cachée de Pétersbourg12 », peut apparaître comme une illustration de cette poésie d’Apollon Grigoriev.
Notes de bas de page
1 Vsevolod Krestovskij, Peterburgskie tajny, M. Eksmo, 1994, 2 vol., 652 + 718 p. C’est à cette édition qu’il sera fait référence (partie en chiffre romain suivi du chapitre en chiffre arabe puis de la page). C’est en 1990 que l’ouvrage (qui n’avait connu qu’une édition après la révolution, en 1935-1937, à 5 000 exemplaires) a été réédité, avec un tirage de 500 000 ex. aux éditions Pravda (Moscou), et de 300 000 aux éditions Khudozhestvennaja literatura (Leningrad). Cette édition comporte une introduction de M. Otradin et des notes (realia, topographie, citations). Une douzaine d’éditions ont ensuite paru entre 1993 et 1998, avec des tirages de 20 000 à 100 000 exemplaires. Ce succès, lié à celui de la série télévisée, a peut-être desservi Krestovski auprès des chercheurs.
2 Cf. V. A. Viktorovitch, « Dostoevskij i Vs. Krestovskij », Dostoevskij. Materialy i issledovanija, 9, 1991, p. 92-117.
3 En 1893, N. Leskov qualifia le roman de Krestovski de « roman russe le plus socialiste ».
4 C’est N. Pomialovski qui aurait suggéré à Krestovski d’écrire un roman dans l’esprit des Mystères de Paris. Cf. V. A. Viktorovich, « Vsevolod Krestovskij : Legendy i fakty », Russkaja literatura, 2, 1990, p. 44-58 ; id., « Krestovskij Vsevolod Vladimirovitch », Russkie pisateli 1800-1917, t. 3, Moscou, 1994, p. 146-149.
5 Cf. Riccardo N. Barbagallo, « Les romans d’aventures dans les bas-fonds de la ville : les “mystères urbains” »,http://www.roman-daventures.info/types-ra/myst-urb/mysters-urbains-vf.htm.
6 Eugène Sue, Les Mystères de Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1989, IXe partie, chap. 3, p. 1116 (par la suite seront seulement indiqués la partie en chiffres romains, le chapitre et la page en chiffres arabes).
7 V. Krestovskij, Peterburgskie trushchoby, Léningrad, 1990, t. 1, p. 32. L’adresse « de l’auteur au lecteur » est absente de la plupart des rééditions récentes.
8 Cf. E. Sue : « N’est-il pas évident qu’on ne devient généralement méchant que parce qu’on est malheureux ? » (VIII, 9, 1042).
9 V. Krestovskij, op. cit., V, 39, 393-394. On sait que Dostoïevski s’élèvera au contraire contre cette théorie du « milieu social » (Journal d’un écrivain, 1873).
10 Le même mot de « trichine » est utilisé par Dostoïevski à la fin de Crime et châtiment pour désigner les idées subversives auxquelles a succombé Raskolnikov.
11 Cf. V. Vacuro, Goticheskij roman v Rossii, Moscou, NLO, 2002, 544 p.
12 F. Seleznev, « Trushchoby Vsevoloda Krestovskogo »,http://www.moskvam.ru/2004/06/seleznev.htm.
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