« The English Malady » : une maladie du superflu ? La mélancolie entre folie et génialité
p. 123-136
Texte intégral
1L’on peut dire de la mélancolie qu’elle est, depuis l’Antiquité, la maladie du superflu : résidu superflu du processus de digestion d’après la tradition péripatéticienne, la bile noire est un résidu superflu d’un point de vue physiologique. C’est lorsque la présence de la bile noire est excessive par rapport à celle des autres humeurs présentes naturellement dans le corps humain (sang, phlegme, bile jaune) que la mélancolie apparaît sous sa forme pathologique2. Si le Problème XXX, 13 est considéré comme l’un des textes fondateurs de la tradition mélancolique c’est bien parce qu’il pose cette question essentielle : comment évaluer la présence du superflu en l’homme ? Doit-on se contenter de considérer l’excès de bile noire comme un excès néfaste ou bien ne peut-on pas considérer ce résidu superflu comme ce qui rend compte de la présence de dons exceptionnels chez certains hommes ? Le Problème XXX, 1 comme les Lettres du Pseudo Hippocrate, rédigées au début de notre ère, constituent des pièces indispensables pour qui entend s’opposer à toute tentative visant à réduire le superflu à un excès nocif et pathologique. Ce qui est « en trop » dans le corps humain peut, en effet, à la fois être considéré comme la cause de la folie des hommes comme celle de leur supériorité et de leur génie exceptionnel. Les mélancoliques ne sont-ils pas « supérieurs aux autres, les uns en ce qui concerne la culture, d’autres les arts, d’autres encore la gestion de la cité4 » ?
2La question de la mélancolie, comme maladie du superflu, ressurgit dans l’Angleterre des xviie et xviiie siècles, pays par excellence des vapeurs et du spleen. L’Anatomie de la Mélancoliede Robert Burton, parue à Oxford en 1621 et l’ouvrage du médecin George Cheyne – The English Malady – paru en 1733, apparaissent comme deux étapes importantes de cette « mode mélancolique » tour à tour critiquée et remise au goût du jour. Entre 1621 et 1733 la théorie des humeurs a certes perdu bien de son influence mais la mélancolie ou le spleen continuent à être caractérisés comme les effets d’excès : de l’excès d’humeur noire à l’excès d’alimentation ou de biens, il est toujours question de superflu lorsque l’on évoque la maladie anglaise, qu’il s’agisse de l’individu ou du corps social et politique.
3Nous voudrions montrer que l’étude de la « maladie anglaise » constitue pour une réflexion sur le superflu un exemple paradigmatique et cela à plusieurs titres : premièrement parce qu’elle révèle la difficulté de toute évaluation du superflu (le superflu est-il cause de maladie, de folie ou de génie ?) et deuxièmement parce qu’elle permet de mettre en évidence le procédé même qui fait du superflu le résultat d’une opération de comparaison entre ce que chacun estime être la mesure ou la norme (l’équilibre des humeurs) et ce qu’il estime être une démesure ou un excès. Il s’agira donc de prendre la mesure de l’ambivalence de l’appréciation de la mélancolie comme maladie du superflu chez des auteurs comme George Cheyne ou son prédécesseur Robert Burton en montrant qu’ils sont les héritiers d’une double tradition : la tradition médicale d’une part, qui définit depuis Hippocrate la santé comme équilibre entre les humeurs et réduit le superflu au statut de phénomène pathologique et la tradition philosophique d’autre part (le Problème XXX, 1 et les Lettres du Pseudo Hippocrate) qui permet de revenir sur cette première caractérisation en dévoilant l’ambivalence fondamentale de toute évaluation du superflu et en montrant qu’il peut aussi bien être interprété comme un symptôme de folie que comme un signe manifeste de génie.
4L’Angleterre semble être par excellence le pays de la mélancolie ; à tel point que l’expression choisie pour désigner cet état au début du xviiie siècle par George Cheyne dans un ouvrage paru en 1733 est celle de « maladie anglaise ». Comme il l’explique dans la Préface de son ouvrage, cette expression est en fait un reproche adressé aux Anglais – sur le mode de la dérision – par les étrangers et les habitants du continent qui s’attachent à souligner l’accointance des Anglais avec « les désordres nerveux, le spleen, les vapeurs et la dépression des esprits5 ». Cheyne avance plusieurs facteurs pour tenter de rendre compte de cette tendance universelle des Anglais aux désordres nerveux et à la mélancolie : l’humidité de l’air, le caractère extrêmement changeant du climat lié à la situation insulaire du pays (au milieu de l’océan6) sont des facteurs que l’on rencontre déjà un siècle auparavant dans l’Anatomie de la Mélancoliedu clergyman mélancolique Robert Burton. Mais Cheyne avance aussi d’autres causes qui témoignent de l’existence d’un lien entre la maladie anglaise et le superflu : l’humidité du climat, la fertilité du sol anglais expliquent la richesse de la nourriture et l’abondance en biens qui ont permis aux Anglais de développer leurs activités commerciales et de s’enrichir. Mais ce développement économique a aussi une contrepartie négative : les écarts entre riches et pauvres se sont agrandis et l’on a vu apparaître une classe de gens aisés, sédentaires, inactifs, vivant uniquement de leurs revenus, qui s’est établie dans des villes de plus en plus peuplées7. Ce sont précisément ces catégories aisées de la population, celles qui sont non seulement sédentaires mais oisives, ne travaillent pas mais tirent profit de la prospérité de l’activité économique, qui sont les plus touchées par ces désordres nerveux que l’auteur de The English Malady comprend sous l’appellation de « maladie anglaise ». Le raisonnement de Cheyne consiste donc à dire que plus les habitants d’un pays vivent dans le luxe et l’excès, plus ils sont susceptibles de manifester les symptômes de la maladie anglaise. Il n’est d’ailleurs pas le seul à souligner cet effet pervers du développement économique qui accompagne les débuts du capitalisme en Angleterre. Bernard Mandeville, médecin et auteur d’un traité sur les passions hypocondriaques et hystériques fait lui aussi remarquer que les soucis et les inquiétudes sont le privilège des riches dont les désirs et les aspirations demeurent toujours insatisfaits, alors que l’occupation constante de celui qui cherche à satisfaire des besoins nécessaires le garantit contre les assauts du spleen8.
5C’est donc pour ces auteurs, parce que l’essor économique a engendré des richesses superflues ainsi qu’un mode de vie sédentaire et oisif que les Anglais sont plus que d’autres exposés au risque de la maladie anglaise. Voilà pourquoi Cheyne propose de définir, à la manière des médecins de l’Antiquité, du Moyen âge et de la Renaissance, un régime qui permettra de revenir à une juste mesure et d’éviter tout excès : ne pas commettre d’excès alimentaire, respecter un bon équilibre dans l’alternance de la veille et du sommeil, alterner exercices et repos, faire un usage modéré de ses passions permet de limiter le risque de devenir victime de désordres nerveux. Pourtant ne nous méprenons pas sur la position adoptée par George Cheyne : il ne s’agit pas pour lui de s’opposer au progrès économique ni de proposer d’éradiquer les richesses superflues en recommandant aux hommes de revenir à un mode de vie ascétique. Cheyne se défend lui-même dans la Préface de la maladie anglaise contre les reproches que lui a valu la publication du traité qui précède la publication de The English Malady, consacré à la manière de prolonger la vie et de rester en bonne santé9. Il ne s’agissait pas pour lui de recommander aux individus un mode de vie ascétique, de retourner vivre dans le désert et de vivre de racines, d’herbes et de fruits sauvages. Soupçonné d’être un adepte de la secte des niveleurs, un partisan de la destruction de l’ordre social et de la propriété10, Cheyne se voit contraint de préciser dans The English Malady qu’il n’est ni un adversaire du développement économique ni un nostalgique du temps où toute l’Angleterre vivait dans la pauvreté et la misère mais que son objectif est tout simplement de tenter de lutter contre les effets pathologiques possibles de ce progrès. Le symptôme le plus inquiétant de la prolifération des maladies nerveuses est en effet l’augmentation du nombre de suicides et Cheyne explique dans la Préface que c’est pour tenter de remédier à ce problème qu’il s’est décidé à rédiger un traité sur la maladie anglaise11.
6Si l’on veut donner une idée plus exacte de la position de penseurs comme George Cheyne ou Bernard Mandeville12, dont les idées sont bien plus proches de celles des Whigs que des Tories, l’on pourrait dire que pour eux, l’augmentation des maladies nerveuses est en quelque sorte une contrepartie inévitable ou le prix à payer pour le développement économique13. Il ne s’agit pas de s’y opposer mais l’on doit néanmoins tenter d’en modérer les effets (lorsqu’ils sont néfastes) en proposant un régime de vie qui permettra aux individus de retrouver une juste mesure à la fois dans leur alimentation, leur mode de vie, leur vie passionnelle et affective.
7En dépit des efforts accomplis par George Cheyne pour se défendre de vouloir éradiquer le superflu, l’on peut dire de sa démarche qu’elle reste tributaire des préceptes de la médecine hippocratico-galénique et d’une tradition médicale qui donne au superflu le statut de manifestation pathologique d’un désordre physiologique. Le raisonnement de Cheyne repose en effet sur une analogie entre, d’une part, les excès qui caractérisent le régime de l’individu et, d’autre part, les excès qui sont liés au mode de développement capitaliste de la société anglaise : la maladie anglaise n’est pas seulement une maladie individuelle, c’est une mal inhérent aux progrès de la civilisation. Le régime qu’il propose à ses compatriotes pour remédier à cette maladie nationale qu’est le spleen est bien calqué sur le modèle de la diététique hippocratico-galénique et présuppose la définition de la santé comme équilibre ou juste mesure. Dans le cadre de cette tradition médicale, le superflu relève nécessairement du pathologique et la mesure (ou l’équilibre) de la santé. En témoigne par exemple la définition de la santé proposée par Hippocrate dans De la nature de l’homme et reprise par Galien dans son traité sur la bile noire : le corps de l’homme est en bonne santé lorsque les humeurs qui le composent (sang, phlegme, bile blonde et bile noire) sont « dans un juste rapport de force et de quantité l’une à l’égard de l’autre » et qu’elles sont bien mélangées. En revanche, si l’une de ces humeurs est présente en quantité excessive dans le corps et qu’elle n’est pas mélangée aux autres alors c’est la maladie qui apparaît :
Ainsi l’être vivant est en bonne santé lorsqu’en lui ces substances sont mélangées de façon mesurée l’une par rapport à l’autre, et il est malade lorsqu’il se produit un surplus de l’une d’entre elles, soit dans tout le corps […] soit dans une partie14.
8Pour restaurer l’équilibre entre les humeurs du corps humain (retrouver la santé) il faut nécessairement évacuer le superflu : rien de ce qui excède les mesures naturelles n’est bon15 ou bien encore, « tout excès est ennemi de la nature16 ». Ces principes, loin de disparaître avec la remise en cause de la théorie des humeurs (que l’on situe aux environs de 1628 avec la découverte de la circulation du sang par William Harvey) continuent à être affirmés tout au long de l’âge classique en Angleterre et jusqu’au début du xviiie siècle. La caractérisation du superflu comme manifestation d’un désordre pathologique se traduit par la nécessité d’évacuer le superflu pour restaurer la santé, qu’il s’agisse de la santé physique, mentale ou religieuse. Ainsi Thomas Wright, dans son Traité sur les passions de l’esprit au tout début du xviie siècle (1601), écrit que la santé du corps est conditionnée par un bon mélange des esprits animaux et par l’expulsion des superfluités ou des matières surabondantes17.
9On voit bien par ailleurs l’intérêt que peut présenter ce précepte pour les moralistes ou les hommes d’Église qui auront beau jeu de faire du superflu la cause de tous les maux qui affligent les hommes et de vanter du même coup les bienfaits de la pauvreté et de la modération. Joseph Hall, homme d’Église auteur d’un traité publié en 1651 dans lequel il se propose de donner les remèdes à toutes les espèces de mécontentements, traité particulièrement adapté selon lui à une époque marquée par les troubles et la tristesse, rend la superfluité responsable d’un « monde de maladies » qui sont épargnées à ceux qui sont pauvres, et passant du physique au moral, et définit le vice par la superfluité (tout ce qui excède les besoins naturels étant nécessairement mauvais)18. Enfin, l’utilisation politique du précepte médical est elle aussi extrêmement problématique. Soulignons ici que c’est sur ce principe médical selon lequel il convient d’évacuer toute matière superflue dans le corps humain et à partir de l’analogie construite entre le corps individuel et le corps politique qu’Edward Forset recommande au magistrat dans son Discours comparatif du corps naturel et du corps politique19 de ne pas hésiter à avoir recours à des remèdes violents pour guérir les maladies du corps politique. L’utilisation politique du précepte médical n’est pas sans danger : elle permet de justifier une politique qui ferait de l’éradication du superflu la condition sine qua non de la bonne santé politique.
10Mais si l’application du précepte hippocratique selon lequel il convient d’évacuer le superflu pour retrouver la santé, au domaine religieux, moral ou politique, se fonde sur le présupposé selon lequel le superflu est nécessairement quelque chose de nuisible, cette tentative de réduction du superflu au pathologique se trouve précisément remise en cause dès lors que l’on s’intéresse à la question précise de la mélancolie.
11Alors que Cheyne souligne les dangers qui accompagnent la maladie anglaise, son ouvrage aura pourtant comme effet de changer le regard porté sur la mélancolie et sur les maladies nerveuses lesquelles auront tendance à être interprétées comme un signe de distinction sociale20. Pour certains, cet état pathologique peut être considéré comme un moyen permettant à certains hommes de se distinguer des autres par l’originalité de leurs créations ou par la profondeur de leur pensée. Cheyne l’admet d’ailleurs lui-même dans son traité : les penseurs les plus profonds sont généralement les personnes qui sont le plus exposées aux désordres nerveux21.
12Cette ambivalence est une constante dans l’histoire de la mélancolie. Elle est particulièrement visible dans l’ouvrage de Burton : l’Anatomie de la mélancolie(1621). Les méditations ou les pensées superflues sont ainsi mentionnées par Burton parmi les symptômes mentaux de la mélancolie : « The symptoms of the mind are superfluous and continual cogitations22. » Le mélancolique est non seulement celui qui pense sans interruption, mais aussi celui qui fixe sa pensée sur des objets accessoires et leur donnent une importance qui peut sembler démesurée à un regard extérieur23. Toute la question est précisément de savoir si cette activité en apparence superflue de la pensée est un symptôme de folie ou au contraire de supériorité intellectuelle, si elle est source de tourments ou de joie pour le mélancolique . Dans cette même section sur les symptômes mentaux de la mélancolie, Burton décrivant la gravure de Dürer (Melencolia I) s’interroge sur la manière dont il convient d’évaluer l’activité méditative dans laquelle sont souvent plongés les mélancoliques : toujours à méditer, figés dans leurs idées, les mélancoliques sont « considérés par certains comme […] stupides ou presque fous, exactement ce que les Abdéritains pensaient de Démocrite ; et pourtant ils sont profonds, très perspicaces, ils sont judicieux, sages et pleins d’esprit […]24 ». Si les mélancoliques s’adonnent à des pensées superflues, cet excès de méditation se traduit aussi par une perspicacité et une sagacité accrues : les mélancoliques sont « witty ». Mais précisément, pour certains, l’esprit ou wit correspond non seulement à un exercice superflu de la pensée (curiosité excessive, goût pour la légèreté et la bagatelle) mais peut même traduire un signe de dérangement et de délire de la pensée25 : l’exercice du wit, en tant qu’il relève de l’imagination, traduit l’incapacité de la raison à maîtriser le cours de ses pensées.
13Pourtant l’Anatomie de la Mélancolie témoigne de la possibilité de faire de la mélancolie – comme matière superflue et résiduelle – le point de départ d’une œuvre créative et originale. Burton ne conçoit en effet pas autrement son projet d’écriture d’une Anatomie de la Mélancolie que comme une opération visant à le débarrasser de ce résidu superflu de bile noire qui l’encombre et le tourmente, de le purger de ces dispositions mélancoliques et sans cause apparente que sont la crainte et la tristesse :
« J’écris sur la mélancolie en m’évertuant à éviter la mélancolie. […] Je me suis occupé en me divertissant afin […] de transformer mon oisiveté en une chose utile […] j’avais le cœur gravide et la tête grosse, une sorte d’apostume dans la tête, et entreprendre ce travail me semblait être la meilleure manière de l’évacuer26. »
14Toute la question pour les mélancoliques est de parvenir à évacuer le surplus de bile qui affecte leur corps et d’en nourrir leur œuvre au lieu de se laisser décimer ou accabler par ces superfluités noires qui les menacent de tristesse, d’angoisse, de mal-être et de folie27. C’est un problème que Marsile Ficin posait très clairement dans son traité sur la santé des hommes de lettres paru en 1589. La mélancolie ne devient pathologique et dangereuse pour l’homme de lettres que lorsqu’il ne parvient pas à l’évacuer : « à cause de la trop grande oysiveté des membres ny les humeurs superflues ne sont emeuties et vuydées, ny les vapeurs glutineuses, tenaces et noirastres ne sont exhallees28 ». L’écriture répond précisément à cet objectif et à cette fonction cathartique : elle permet au mélancolique de se décharger de sa mélancolie, de transformer la superfluité en quelque chose de fructueux, ou encore de faire du mal un remède. Dans le cas de la mélancolie, l’application du précepte médical n’implique donc pas la condamnation du superflu.
15Mais il faut, pour comprendre ce statut physiologique que Burton assigne à l’écriture en tant qu’elle est chargée d’évacuer le superflu en en faisant un facteur de création littéraire, nous référer à un texte essentiel de la tradition mélancolique : le Problème XXX, 1 attribué à l’école d’Aristote. L’originalité de ce texte tient au fait qu’il remet en cause l’équivalence posée par la pensée médicale entre le superflu et le pathologique et propose de penser le superflu comme la condition même de la grandeur ou du génie chez les hommes. L’auteur de ce texte part des présupposés de la tradition médicale. Si la bile noire en tant qu’humeur présente naturellement dans le corps (au même titre que les trois autres humeurs) est nécessaire à la santé de l’individu, son excès fortuit, sa présence excessive et superflue en font une cause de la mélancolie pathologique et des maladies qui lui sont associées. Mais loin de s’en tenir à cette première approche, l’auteur de ce texte se demande si le surplus d’humeur mélancolique n’est pas aussi ce qui explique les dons exceptionnels de certains individus : c’est bien là le sens de la question qui ouvre ce texte : « Pour quelle raison tous ceux qui ont été des hommes d’exception (perittoi) en ce qui regarde la philosophie, la science de l’État, la poésie ou les arts, sont-ils manifestement mélancoliques ? » Comme le remarque J. Pigeaud, c’est le même adjectif (perittos) qui désigne en grec ce qui est en excès, superflu, et ce qui est exceptionnel au sens métaphorique. Soulignons ici le fait que l’humeur mélancolique, contrairement aux autres humeurs, est en quelque sorte superflue par nature. Elle peut, comme le sang, le phlegme, la bile blonde, devenir superflue à la suite d’une altération de sa quantité ou de sa qualité, mais contrairement aux autres humeurs, elle se définit physiologiquement comme un résidu et même pour certains médecins comme un excrément. L’humeur mélancolique a en effet le statut, dans les textes de la tradition péripatécienne, de résidu superflu de la digestion, laquelle est définie comme cuisson dans le Problème I (861b20). La bile noire est ce qui reste en trop une fois le processus de digestion achevé :
« Car le dépôt de ce qui n’est pas cuit se maintient et reste très véhément dans le corps, c’est le cas de la bile noire29. »
16Or pour l’auteur du Problème XXX, 1, c’est précisément parce que les mélancolique ont quelque chose en trop par rapport aux autres hommes, quelque chose de superflu, qu’ils manifestent des dons hors du commun. La bile noire, comme résidu superflu de la digestion, peut conduire à la folie mais aussi au génie. Comme l’a montré Jackie Pigeaud, le texte supprime l’alternative entre génie et folie : la bile noire, le superflu, est ce qui rend compte, simultanément, du génie et de la folie : « Ceux qui l’ont – ce mélange de la bile noire – trop abondant et chaud, sont portés à la folie et doués par nature […]. » La folie comme le fait d’être doué s’expliquent par une même donnée naturelle : la présence de ce résidu superflu qu’est la mélancolie. Celui qui le possède peut aussi bien devenir fou que faire preuve de talents exceptionnels.
17Ce texte, loin d’être oublié par les médecins, auteurs de traités sur la mélancolie aux xviie ou xviiie siècles est toujours présent en filigrane dans leurs analyses. D’une part, que l’on se situe ou non dans le cadre de la théorie des humeurs, la mélancolie ou le spleen, continuent à avoir le statut de résidus, ou d’excréments. Timothy Bright dans son Traité sur la mélancolie paru en 1586 explique comment la rate (spleen) après s’être nourrie du suc mélancolique, « rejette le surplus comme simple excrément30 » et conseille au mélancolique d’éviter tous les aliments qui contiennent des matières mélancoliques, c’est-à-dire excrémentielles31. D’autre part, les médecins s’interrogent sur ce paradoxe : le spleen est un organe parfaitement inutile dans le corps humain et pourtant ceux qui souffrent d’un surplus de vapeurs et de mélancolie sont justement les gens d’études, les hommes de lettres, qui ont la réputation d’avoir plus d’esprit et d’intelligence que le commun des mortels. C’est un constat que l’on retrouve à la fois chez le médecin William Stukeley dans son traité sur le spleen32 paru à Londres en 1723, mais aussi chez Richard Blackmore. Dans son Traité sur le Spleen et les vapeurs de 1725, l’auteur se réfère explicitement sur ce point au Problème XXX, 1. C’est un fait tristement célèbre, écrit-il que « les hommes d’esprits […] tirent leur génie supérieur d’une constitution hypocondriaque » : leurs esprits (spirits)s’élèvent parfois à un degré tellement supérieur à la norme (standard) de la sobre et saine (uninfected) raison que l’on dit communément qu’il n’est pas de grand esprit qui ne soit teinté de folie33.
18Mais précisément, qui et comment peut-on décider de ce qui est superflu ou excessif par rapport à ce que l’on désigne sous le nom de norme ou de critère de la saine et sobre raison ? Qui peut décider que le surplus d’activité intellectuelle que traduit l’exercice de l’esprit (wit) chez le mélancolique, est un signe de supériorité intellectuelle ou au contraire de démence ? L’on peut trouver des éléments de réponse à cette question dans un autre texte de la tradition mélancolique tout aussi essentiel que le Problème XXX, 1, texte qui joue un rôle majeur dans l’Anatomie de la mélancolie34 : les Lettres du Pseudo Hippocrate rédigées au début de notre ère. Ces lettres relatent la rencontre entre le philosophe Démocrite et le médecin Hippocrate. Démocrite serait, selon ses concitoyens, les habitants de la ville d’Abdère, devenu fou : il passe son temps à disséquer les animaux pour rechercher le siège et l’origine de la bile noire dans le corps humain et il rit du malheur des hommes et de la vanité de toute chose. De sa rencontre avec Démocrite, Hippocrate conclut que, loin d’être fou, Démocrite est le plus sage des habitants de la ville d’Abdère parce qu’il a compris la folie humaine et la vanité de toutes choses. Pourquoi alors les Abdéritains le déclarent-ils fous ? Parce que sa sagesse s’exprime par le rire et qu’ils considèrent que ce rire est démesuré, excessif par rapport à ce qu’ils estiment être un comportement mesuré. Ce texte permet de comprendre comment et à partir de quelle opération les hommes qualifient quelque chose de superflu : « de ce qu’il n’a pas lui-même, chacun conclut que chez autrui l’abondance est superflue » écrit Hippocrate dans une de ces lettres35. C’est l’ignorance des Abdéritains qui leur fait prendre une surabondance pour quelque chose de pathologique : l’excès de sagesse de Démocrite passe pour de la folie, mais cet excès n’existe que dans l’opinion des citoyens. La surabondance est qualifiée de superflue à la suite d’une opération de comparaison entre ce que chaque homme estime être la norme et ce qu’il perçoit comme étant en trop ou en moins chez autrui. C’est ce même raisonnement qui permettra à Hobbes de définir la folie dans le Léviathan comme passion se manifestant de manière excessive : « Madness is nothing than too much appearing passion36. » Tout le problème est donc bien de savoir à partir de quels critères l’on décide que quelque chose est superflu : que ce soit dans le corps, dans l’esprit de l’homme, ou au sein d’une société.
19Le détour par ces deux textes centraux de la tradition mélancolique nous semble éclairant pour comprendre l’appréciation ambivalente de la maladie anglaise. Revenons au texte de George Cheyne pour confirmer cette hypothèse. Pour Cheyne le superflu n’est plus un composant du corps humain (l’existence de la bile noire a été remise en cause après le coup fatal que la découverte de la circulation du sang a porté à la théorie des humeurs), mais il n’en demeure pas moins directement responsable de la maladie anglaise et des désordres nerveux. Les excès de nourriture, l’excès de passions sont des facteurs qui mettent en danger la santé mentale. En même temps, Cheyne remarque que la fragilité nerveuse est aussi synonyme de profondeur de la pensée et de perspicacité. Où se situe alors la limite entre profondeur de pensée et folie ? Jusqu’où l’excès de sensibilité et de nervosité est-il profitable à l’homme de lettres et à partir de quand devient-il une menace de folie ou de suicide ? Où situer la norme de la saine raison et comment décider de ce qui serait un excès de pensée (une pensée trop profonde pouvant conduire à la folie ?). Si ce raisonnement est valable pour la pensée, il l’est aussi pour une réflexion sur la répartition des richesses à l’intérieur d’une société : n’est-ce pas précisément une opération de comparaison entre les différentes catégories de la population anglaise qui permet de décréter que certains vivent dans l’abondance quand d’autres manquent de ce qui leur serait nécessaire pour vivre ? Mais là encore peut-on déterminer une norme ou un critère de la juste mesure en matière de richesse ? Peut-on concevoir une société dans laquelle chacun disposerait exactement de ce qui est nécessaire pour vivre sans aucun excès ni superflu ? Y a-t-il un juste milieu entre celui qui consacre son existence à tenter de satisfaire ses besoins et qui est du même coup à l’abri des désordres nerveux selon Cheyne et celui que le superflu prive de toute occupation et finit par rendre malade, enclin au suicide ou fou ?
20Remonter aux origines médicales de la notion ainsi qu’à ce texte fondateur de la tradition mélancolique qu’est le Problème XXX, 1 aura permis d’éclairer l’ambivalence des jugements portés sur la maladie anglaise au début du xviiie siècle. Au terme de ce parcours qui nous a conduit de l’Antiquité à l’Angleterre du xviie siècle et du début du xviiie siècle, nous espérons avoir mis en évidence les faits suivants : premièrement, que la tradition médicale mélancolique est à l’origine de la caractérisation de la maladie anglaise comme maladie du superflu et que cette tradition permet de donner une assise physiologique à la notion de superflu, de ce qui est en trop dans le corps, dans l’esprit de l’individu ou dans le corps social. Deuxièmement, que la caractérisation médicale de la mélancolie comme maladie du superflu n’implique pas nécessairement une condamnation du superflu mais qu’elle permet au contraire de le considérer comme la condition même de la créativité et de la singularité géniale. Troisièmement, qu’il faut pour cela penser l’évacuation du superflu comme une opération cathartique au cours de laquelle le surplus acquiert une fonction thérapeutique au lieu d’être assimilé à quelque chose de pathologique. Si l’écriture ou la création permettent d’envisager cette possibilité, l’application du précepte médical à d’autres domaines (religieux, moral, politique, économique) demeure quant à elle extrêmement problématique. Ce que la tradition mélancolique apporte à une réflexion sur le superflu c’est peut-être avant tout la question de sa valeur et de l’instance de décision qui décide de cette valeur : c’est en effet à la suite de la même opération de comparaison que l’on peut décréter le génie ou la folie d’un individu. Tant qu’elle demeure le résultat de cette opération de comparaison, la notion de superflu implique toujours un jugement de valeur. Quant à la question de savoir ce qui fait pencher la balance d’un côté ou de l’autre (qu’est-ce qui fait que nous qualifions le superflu de surplus néfaste ou au contraire de surabondance bénéfique ?), elle demeure, au terme de ce périple, entière.
Notes de bas de page
2 Le texte du Problème XXX, 1 associe à la présence excessive de la bile noire dans le corps des maladies spécifiques, telles que l’épilepsie, les apoplexies, torpeurs, athymies, accès de folie, éruptions d’ulcères, etc.
3 Ce texte aurait été rédigé par un disciple d’Aristote, peut-être par Théophraste, comme le suggère Jackie Pigeaud dans la présentation de sa traduction parue sous le titre suivant : L’homme de génie et la mélancolie, éd. Rivage poche, petite bibliothèque, 1996, p. 54-56.
4 L’homme de Génie et la mélancolie, Problème XXX, 1, trad. J. Pigeaud, op. cit. p. 97.
5 « The title I have chosen for this Treatise, is a Reproach universally thrown on this Island by Foreigners, and all our Neighbours on the Continent, by whom nervous Distempers, Spleen, Vapours, and Lowness of Spirits, are in Derision, called the English Malady. » George Cheyne. The English Malady. Edited with an introduction by Roy Porter, London/New York, Tavistock/Routledge, 1991, Préface, § I, p. 1.
6 « The Moysture of our Air, the Variableness of our Weather, (from our Situation amidst the Ocean) […] », ibid.
7 « […] the rankness and fertility of our soil, the Richness and heaviness of our food, the Wealth and Abundance of the Inhabitants (from their universal trade) the Inactivity and sedentary Occupations of the better sort (among whom this evil mostly rages) and the humour of living in great, populous and consequently unhealthy towns, have brought forth a class and set of distempers. » Ibid, p. 2.
8 B. Mandeville. A Treatise of the Hypochondriack and Hysteric Passions, London, 1711, p. 150-151.
9 George Cheyne. An Essay of Health and Long Life. The 6th edition. Dublin, printed for George Ewing, 1725.
10 « Some good natur’d and ingenious Retainers to the Profession, on my Publication of my book of long life and Health, prochaim’d every where that I was turn’d mere enthusiast, and resolv’d all things into Allegory and Analogy, advis’d People to turn Monks, to run into Desarts, and to live on roots, herbs and wild fruits ; in fine, that I was at Bottom a mere Leveller, and for destroying order, ranks and property, every one’s but my own. » Ibid, § II, p. 3.
11 « […] atrocious and frightful symptoms, scarce known to our ancestors, and never rising to such fatal Heights, nor afflicting such Numbers in any other known Nation. » Ibid.
12 B. Mandeville est plus connu pour les thèses iconoclastes défendues dans la Fable des Abeilles qui font du luxe la condition de la prospérité publique et plaident en ce sens pour la nécessité du superflu que pour ses mises en garde contre les effets pathologiques que peuvent avoir la pos de richesses superflues dans ses travaux de médecins antérieurs à la Fable des Abeilles (1re édition en 1714 et 2e en 1723).
13 Voir à ce sujet l’article de Roy Porter. « The Rage of Party : a Glorious Revolution in English Psychiatry ? », Medical History, 1983, n° 27, p. 44.
14 Galien, De la bile noire, Introduction, traduction et notes par V. Barras, T. Birchler et A-F. Morand, éd. Gallimard, « Le cabinet des lettrés », 1998, § 5.7, p. 59. (souligné par nous).
15 Hippocrate, Aphorismes, dans L’Art de la Médecine, Trad. J. Jouanna, éd. GF-Flammarion, p. 214.
16 Ibid., 2e section, § 51, p. 218.
17 « From good concoction, expulsion of superfluities, and abundance of spirits proceedeth a good colour, a clear countenance, and an universal health of body. » Thomas Wright, The Passions of the Minde in General (publié en 1601, probablement écrit en 1597). A Critical edition edited by William Webster Newbold. The Renaissance Imagination, vol 15, Garland Publishing, inc. NY & London 1986, § II. 3, p. 135 (souligné par nous).
18 « Superfluity is guilty of a world of diseases, which the spare diet of poverty is free from. How have we seen great men’s eyes surfeited at that full table, whereof their palate could not taste ; and they have risen, discontentedly glutted with the sight of that, which their stomach was incapable to receive : and when, not giving so much law to nature, as to put over their gluttonous meal, their wanton appetite charging them with a new variety of curious morsels and lavish cups, they find themselves overtaken with feverous distempers ; the physician must succeed the cook, and a second sickness must cure the first. But, alas, these bodily indispositions are nothing to those spiritual evils, which are incident into secular greatness. » Joseph Hall, The Remedy of Discontentment : or a Treatise of contentation in whatsoever condition : fit for these sad and troubles times, (1651), chap. II. 4. C, p. 16.
19 Dans le paragraphe consacré aux maladies qui menacent l’État, Forset écrit : « The diseases that may annoy or indanger the state are more than I am able to recount, much lesse can tell how to cure ; neither would I (by a more single comparing thereof to the diseases of the bodie) give cause to bee censured, as either superstitiously curious, or superfluously busie-headed. » Parmi les remèdes dont diposent les médecins, Forset mentionne : « They have some lenitive to asswage excessive and raging paines : they have some exasperating heaters, to digest and draw out the cores of corruption : they have some drying consumers, to waste away the superfluous confluence of any annoying matter […]. » E. Forset, A Comparative Discourse of the Bodies Natural and Politique, London, 1606, p. 71 et 76 (souligné par nous).
20 Cela était déjà le cas à la fin de la Renaissance, mais l’un des principaux effets de la publication de l’Anatomie de la Mélancolie en 1621 aura été de remettre en cause cette « mode mélancolique ».
21 « The common division of mankind into Quick Thinkers, Slow Thinkers, and No Thinkers, is not without Foundation in Nature and true Philosophy. Persons of slender and weak Nerves are generally of the first class : the Activity, Mobility, and Delicacy of their intellectual Organs make them so, and thereby weakens and relaxes the Material Organs of the intellectual Faculties […]. » G. Cheyne, The English Malady, Part II, chap. VI, p. 182.
22 R. Burton, Anatomy of Melancholy, éd. Thornton’s of Oxford, 1997, I. 3.1.2 : « symptomes in the Mind ».
23 « As really tormented and perplexed, in as great an agony for toyes and trifles (such things as they will after laugh at themselves), as if they were most material and essential matters indeed […]. » Anatomy I. 3.1.2, p. 256, Anatomie de la Mélancolie, trad. B. Hoepffner, éd. J. Corti, p. 649.
24 Ibid., p. 655.
25 Voir par exemple chez T. Hobbes, Traité de la nature humaine, chap. X, § 5-6, trad. d’Holbach, éd. Babel, p. 85. Collected Works of Thomas Hobbes, Edited by Sir William Molesworth, vol. IV, Routledge Thoemmes Press, 1992, p. 56.
26 Anatomie de la mélancolie, trad. Hoepffner, Démocrite Junior au Lecteur, p. 24-25.
27 Voir à ce sujet l’article de Patrick Dandrey, « Catharsis et mélancolie : l’imaginaire du “corps écrivain” entre l’automne de la Renaissance et le zénith du clacissisme », Le corps au xviie siècle. Actes du 1er colloque organisé par la North American Society for 17th-Century French Literature et le centre international de rencontres sur le xviie siècle, University of California Santa Barbara, 17-19 mars 1994, éd. Ronald W. Tobin, Paper on French Seventeenth Century Literature, Paris, Seattle, Tübingen, 1995, p. 31-47.
28 Marsile Ficin, De Vita Triplici I, 4, trad. Guy Le Fèvre de la Boderie, Corpus des œuvres de philosophie en langue française, Fayard, 2000, p. 30.
29 Cité par J. Pigeaud, L’homme de génie et la mélancolie, op. cit., p. 19.
30 T. Bright, Traité de la Mélancolie, trad. E. Cuvelier, éd. J. Millon, 1996, chap. VII : « De l’excrément mélancolique », p. 65.
31 Il faut éviter par exemple les poissons d’eau douce et de rivière dont « les produits consistent soit en excréments ou en superfluités de leurs humeurs […] », T. Bright, op. cit. chap. VI : « Causes de l’augmentation de l’humeur mélancolique », p. 63.
32 « We know ‘tis a common observation on our practice, that the modish disaese call’d the vapors, and from its suppos’d feat, the Spleen, does most frequently attack scholars and persons of the soft sex most eminent for wit and good sense », W. Stukeley, Of the Spleen. its Description, and History, Uses and Diseases, particularly the Vapors with their Remedy. Being a Lecture read at the Royal College of Physicians, London, 1723, p. 25.
33 « And true it is, there is often such an absence of Mind, such Excursions and Starts from right Reason, and such an absurd, incoherent, and ridiculous Train of Thoughts and Actions, discernible in Men afflicted with this Disease, that all high Degrees of it seem to have more than a Touch of Lunacy adhering to it ; and it is notorious, that many celebrated Men of Wit, that derive their superior Genius from an Hypochondriacal Constitution, have sometimes Spirits elevated to a degree above the Standard of sober and uninfected Reason ; whence proceeds that known Expression, nullum magnum Ingenium sine mixtura dementiae ; for the bright and active Disposition of animal Spirits, requisite to refined and elevated Parts, borders so close upon the Dominions of Lunacy, that an Excursion or Transition from the first to the last is by no means difficult […]. » Richard Blackmore, A Treatise of the Spleen and Vapours, 1725, p. 165-166. La phrase latine est citée par Montaigne dans les Essais (II, 12) au sujet de la folie du Tasse.
34 Burton en prenant le pseudonyme de Democritus Junior dans la Préface de l’ouvrage revendique explicitement la filiation avec Démocrite l’ancien. Il renvoie aussi aux Lettres dans la section consacrée aux symptômes mentaux de la mélancolie.
35 Hippocrate à Denys, Sur le rire et la folie, p. 54.
36 Thomas Hobbes, Leviathan, I, 8. éd. Penguin classics, p. 141. Dans ce texte Hobbes reprend d’ailleurs la comparaison classique depuis le Problème XXX, 1 entre les effets de la mélancolie (folie sous sa plume) sur le caractère et ceux du vin.
Auteur
(École Normale Supérieure – Lettres et Sciences Humaines de Lyon)
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