Chercher l’intrus : le roi de chypre et le Mystère de sainte Barbe cinq journées
p. 123-138
Texte intégral
1Il est des personnages dont la présence sur scène est d’autant plus signifiante qu’elle est moins attendue. Ces intrus s’imposent à nos esprits et nous obligent à leur faire une place au sein d’une histoire dont on croyait connaître les protagonistes. Souvent ils évoquent d’autres récits, ils convoquent d’autres univers, des univers qui nous paraissent étrangement familiers. Le Mystère de sainte Barbe en cinq journées possède également son intrus : le roi de Chypre. Nulle mention de lui ou de Chypre dans l’hagiographie de sainte Barbe. Pourquoi le fatiste a- t-il cru bon associer la figure de ce roi à un Mystère dont l’action se déroule en Egypte ? On l’aura compris, il ne s’agira pas ici de démontrer en quoi le Mystère est une œuvre polémique, le mot ne conviendrait pas dans le contexte. Le Mystère étant l’expression de la foi unissant les membres d’une communauté, il est une célébration, un événement rassembleur ; il n’a donc pas pour objectif de susciter le débat et se veut plutôt le reflet d’une certaine cohésion au sein de la collectivité1. D’ailleurs, la conformité du texte aux normes imposées par les autorités est le plus souvent soulignée dès le prologue par les organisateurs du spectacle2. En revanche, il est possible que le Mystère se fasse l’écho d’événements ou de problématiques qui marquèrent le bas Moyen Âge. C’est cet aspect de l’écriture des Mystères qui nous retiendra ici : l’ajout du roi de Chypre par le fatiste n’est pas innocent, et vise à cultiver l’idée de la croisade.Tout se passe comme si l’effet d’intrusion lié au roi de Chypre conférait au personnage une plus-value de sens, un caractère quasi allégorique découlant de l’effet d’étrangeté créé par le mélange des matières hagiographiques et chevaleresques. Comme Richard Trachsler, nous croyons que les personnages, qu’il nomme allogènes – catégorie à laquelle appartient le roi de Chypre par rapport à la légende de sainte Barbe – sont en quelque sorte des pro-récits3. Le roi de Chypre est ici porteur de sa propre histoire, étrangère à l’hagiographique, une histoire liée au monde chevaleresque et aux croisades. Sa seule présence convoque une matière héroïque qui incitera les Chrétiens à s’embarquer pour la terre Sainte. Nous voudrions voir, en la figure du roi chypriote, un exemple fougueux prônant l’offensive armée et fustigeant les tenants du statu quo dans le combat qui oppose Chrétiens et Infidèles. Nous clarifierons la signification de cet ajout en nous appuyant sur la représentation de Pierre Ier de Lusignan, roi de Chypre et de Jérusalem, personnage représentant la fleur de chevalerie à la fin du Moyen Âge. Avec le Mystère de sainte Barbe en cinq journées, nous ajoutons une pièce de plus au dossier réuni par Catherine Gaullier-Bougassas dans son article intitulé : « Image littéraire de Chypre et l’évolution de l’esprit de la croisade au xive siècle4. » L’auteur y analyse la représentation de l’île, de même que la figure de Pierre Ier de Lusignan dans la Prise d’Alexandrie5 de Machault et dans le Songe du Viel Pèlerin6 de Philippe de Mézières.
2La légende de sainte Barbe a plusieurs fois été représentée sur scène. Nous avons recensé dix-neuf spectacles racontant sa vie et ses souffrances du quinzième au dix-huitième siècle7. Cinq versions dramatisées nous sont parvenues : Le Mystère de sainte Barbe en deux journées, Le Mystère de sainte Barbe en cinq journées, Le Mystère de sainte Barbe en moyen breton, un fragment de rôle de sainte Barbe, et une brochure décrivant une tragicomédie de sainte Barbe. Le Mystère de sainte Barbe en deux journées met en scène quarante personnages et compte environ 3 700 vers8. Nous en possédons six exemplaires, dus à cinq imprimeurs différents. Quant au texte, il diffère peu d’une édition à l’autre9. Plusieurs vers de ce Mystère se retrouvent dans un fragment de rôle de sainte Barbe. Le fragment en question intègre également des éléments provenant d’autres sources hagiographiques. Il s’agit sans doute d’une réécriture du Mystère en deux journées en vue d’un spectacle d’une durée plus importante10. Nous ne nous attarderons pas ici au Mystère de sainte Barbe en moyen breton publié en 1557 : le roi de Chypre n’y apparaît pas11. Le texte intitulé : Sainte Barbe, vierge et chrestienne. Tragicomédie12 est une brochure fort intéressante que nous avons découverte il y a peu. Imprimée en 1654, elle résume, en vers, chacune des deux « journées » du spectacle présenté, le 8 septembre 1654, par les écoliers d’un collège d’Annecy. Malgré la présence du terme journée, le texte n’a plus rien de commun avec les Mystères. En effet, les journées sont divisées en actes et un ballet vient conclure chacune des parties de la représentation !
3On en arrive au Mystère de sainte Barbe en cinq journées, sujet de la présente étude. Le texte, d’un peu moins de 25 000 vers et comptant plus de cent personnages, est conservé dans un manuscrit unique souvent daté du xve siècle13. Toutefois, certains détails du texte, ainsi que l’étude des filigranes suggèrent le xvie siècle14. La datation n’a donc rien d’assuré ni de définitif, et nous comptons bien revenir sur cette question lors d’un prochain travail. Les deux premières journées du manuscrit BnF ms. fr. 976 ont été éditées par Jun-Han Kim et nous avons, pour notre part, édité la cinquième journée. Nous préparons actuellement, avec notre collègue Jacques Lemaire l’édition de l’ensemble du manuscrit.
4Avant de nous engager plus avant dans l’analyse du personnage du roi de Chypre, nous avons cru important de résumer l’action du Mystère, étant donné que le texte est encore inédit :
5Première journée : Dyoscorus, roi de Nicomédie, décide de faire instruire sa fille, sa seule descendance, et le dernier lien l’unissant à son épouse disparue. Il retient les services de deux docteurs. Lorsque Barbe exprime de sérieuses réserves quant à l’existence des dieux païens, ses maîtres la remettent à son père. Dyoscorus organise une grande cérémonie en l’honneur de sa fille où tous devront faire leur offrande aux dieux païens. À cette occasion, Barbe fait la connaissance d’un pèlerin alexandrin de passage. Il l’entretient de la foi chrétienne et d’Origène qui habite Alexandrie. La cérémonie terminée, Dyoscorus ordonne la construction d’une tour afin de loger Barbe à l’abri des regards concupiscents des hommes.
6Deuxième journée : On vient demander la main de Barbe. Elle refuse et prend place dans la tour. Elle fait parvenir un message à Origène qui lui envoie un de ses disciples. Muni d’une lettre et d’une Bible, il pénètre dans la tour. Il lui fait lecture de la missive d’Origène et lui enseigne les fondements de la foi chrétienne. Dyoscorus rend visite à sa fille et se courrouce de trouver un homme en sa compagnie. Barbe a fait appeler ce médecin à son chevet pour la guérir du mal qui l’afflige. Son père se satisfait de cette explication. Diogène, gouverneur de Maximien en Égypte, réunit ses hommes pour attaquer la ville d’Alexandrie dont les habitants sont chrétiens ; l’armée de Dyoscorus est de la partie. Origène dirige les opérations des assiégés ; après plusieurs assauts les païens battent en retraite.
7Troisième journée : Dieu et ses anges rendent visite à Barbe. Elle prend alors conscience qu’il n’y a que deux fenêtres à sa tour. Elle ordonne aux maçons d’en percer une troisième afin de signifier La Trinité. Ensuite, elle se rend au bain où elle trace du doigt une croix sur une colonne ; la croix se grave aussitôt en la pierre. Barbe descend dans le bassin vide et une prière suffit à faire jaillir l’eau des quatre coins du réceptacle. Dieu envoie Jean-le-Baptiste pour présider au baptême. Barbe détruit les idoles.
8À son retour d’Alexandrie, Dyoscorus aperçoit une troisième fenêtre à la tour. Barbe lui explique le symbolisme de la troisième fenêtre et lui avoue qu’elle s’est faite chrétienne. Dyoscorus brandit son épée et s’avance vers sa fille. Le mur de la tour s’ouvre pour aussitôt se refermer derrière Barbe. L’archange Gabriel la dépose en lieu sûr. Deux bergers gardant leurs moutons l’ont aperçue : l’un décide de se taire, tandis que l’autre révèle l’endroit de sa cachette à son père. Gabriel change en marbre le berger délateur et transforme ses moutons en sauterelles. Dyoscorus ne parvenant pas à convaincre Barbe de renoncer à la foi chrétienne, il la remet au prévôt Marcian. Ce dernier n’ayant pas plus de succès, il donne la jeune fille en pâture à ses bourreaux.
9Quatrième journée : Barbe est battue, et, malgré ses souffrances, sa foi demeure inébranlable. Marcian fait répandre du sel sur ses plaies, mais toujours sans effet. Il la renvoie à sa cellule dont le sol est semé de tessons et de cailloux tranchants. Suivent une succession d’épreuves : elle est écorchée au moyen de peignes de fer, brûlée à l’aide de torches, ses bourreaux lui coupent les seins, et, pour finir, elle est promenée nue par les rues de la ville. Gabriel couvre son corps d’un vêtement de lumière ; les bourreaux sont aveuglés. Marcian ordonne que Barbe soit empalée sur quatre épées fichées dans le sol ; mais toujours sans effet. Le prévôt la renvoie à son père.
10Cinquième journée : Dyoscorus ordonne qu’on l’enferme dans un tonneau hérissé de clous que l’on roulera par les rues de Nicomédie. Le supplice ne donnant pas le résultat escompté, Dyoscorus saisit sa fille par les cheveux et lui tranche la tête. L’âme de Barbe est escortée par les anges ; Dyoscorus est frappé par la foudre et les diables mènent son âme en enfer.
11Saint Valentin et saint Valérien rendent les derniers hommages au corps de Barbe. De nombreux miracles se produisent sur les lieux de son inhumation. Une armée chrétienne en provenance de Chypre et d’Alexandrie attaque la ville de Nicomédie. Les païens sont décimés et les fuyards se réfugient dans le temple où repose le corps de Barbe. Des soldats chrétiens les poursuivent et pénètrent dans le temple ; aussitôt les blessés guérissent. Un prêtre de la religion païenne raconte la vie et les souffrances de Barbe. Les morts chrétiens sont transportés au temple et ils ressuscitent ; les païens se convertissent. La décision est alors prise de translater le corps de sainte Barbe vers Rome. Une fois à Rome, le corps est mené en procession au cimetière Saint-Calixte sous la conduite du pape Honorius.
12Il existe des dizaines et des dizaines de manuscrits et d’imprimés latins relatant l’histoire de Barbe. Le comte de Lapparent, dans un petit ouvrage consacré à la sainte, essaie de rendre compte des disparités de la tradition hagiographique :
La Bithynie, la Syrie, l’Égypte, la Toscane ont revendiqué la gloire de l’avoir vue naître. D’après l’opinion la plus accréditée, le lieu de son martyre et, vraisemblablement, de sa naissance, fut Nicomédie, sur la mer de Marmara. À la place de cette ville, théâtre de violentes persécutions, à plusieurs reprises bouleversée par des tremblements de terre, se trouve aujourd’hui celle d’Ismid […]15.
13Or l’action de notre Mystère ne se déroule pas quelque part en Turquie, mais bien à Solis ou Héliopolis, connu également sous le nom de Nicomédie, car, nous dit la légende, Nicomède en fut roi. La suite événementielle offerte par le fatiste est en tout point conforme à la compilation de Jean Wackerzeele, – compilation que le comte de Lapparent ne semble pas connaître – cet augustin, aussi appelé Jean de Louvain, qui vécut dans la seconde moitié du xive siècle16.
14Outre notre Mystère, il n’existe que fort peu de témoins de la version française de la compilation, et aucun ne mentionne le roi de Chypre. À la lecture de la compilation, et dans le contexte de la seconde moitié du xive siècle, la prise d’Alexandrie en 1366 par Pierre Ier de Chypre nous vient tout naturellement à l’esprit en raison de l’importance que le compilateur accorde à cette ville. Ce dernier n’a pu ignorer ce fait saillant de l’actualité si, comme l’écrit Baudouin de Gaiffier, il acheva son ouvrage entre 1370 et 138017. Il est impossible toutefois de savoir si le rapprochement avec l’actualité contemporaine est délibéré ou s’il s’agit d’une interprétation abusive. Il demeure que le fatiste, lui, y a vu une correspondance, qui a cru bon insérer le personnage du roi de Chypre à la trame de son récit. Rappelons que les événements que nous transmet la compilation se sont produits au iiie siècle et que, partant, le personnage du roi de Chypre évolue dans un cadre spatio-temporel qui lui est totalement inconnu. En fait, il n’est qu’une explication à cet anachronisme étrange : le couple Chypre-Alexandrie était tellement opérant à la fin du Moyen Âge que la mention de l’un des membres suffisait à faire apparaître ipso facto l’autre moitié du couple.
15Rappelons brièvement certains éléments d’information. Pierre Ier de Lusignan, roi de Chypre et de Jérusalem, monte sur le trône en 1359 et est assassiné le 17 janvier 1369. Sous son règne, écrit Jonathan Riley-Smith, « le royaume de Lusignan atteint son apogée, et Chypre devient une base d’attaque contre les Musulmans18 ». Catherine Gaullier-Bougassas ajoute :
« C’est à partir du xive siècle que s’épanouit le mythe de la croisade […] La perte de la Terre sainte a alors renforcé le rôle de l’île de Chypre, dernier bastion de la chrétienté romaine en Orient avec Rhodes, et base d’attaque obligée pour toute nouvelle expédition. Tandis que les grands rois chrétiens d’Occident de la première moitié du siècle n’en finissent pas de se préparer pour ne jamais partir, Chypre offre à la chrétienté l’un des derniers grands souverains héros de la croisade. On sait que Pierre Ier, qui porte par héritage la couronne de Jérusalem avec celle de Chypre, a consacré sa vie à la reconquête de la Terre sainte19. »
16On aurait pu croire que tous se réjouiraient de la décision d’attaquer le port d’Alexandrie, mais l’expédition menée par Pierre Ier de Lusignan est loin de faire l’unanimité. En effet, l’idéal chevaleresque du roi de Chypre n’accorde que peu d’importance aux conséquences de ses actions sur le plan économique. Or la ville égyptienne est une des plaques tournantes des échanges internationaux, et l’offensive du roi de Chypre met en péril le fragile équilibre qui règne dans la région20. Toujours est-il que le commerce reprend à Alexandrie dès le retour des Mamelouks, mais non sans une période d’instabilité et d’intenses négociations.
17En s’emparant de ce symbole de la puissance Mamelouk, le roi de Chypre voulait frapper un grand coup. Eut-il réussi à tenir la ville, il eut pu bénéficier d’une position idéale pour reconquérir la terre sainte. Mais voilà, il ne parvint pas à résister le temps nécessaire pour que le coup portât. Il faut bien l’avouer, cette action d’éclat n’avait de croisade que le nom ; le goût de l’époque n’est plus aux grandes expéditions concertées contre les Infidèles, mais aux compromis qui facilitent les déplacements et favorisent les échanges. En cela, Pierre Ier est un homme d’un autre âge, un roi dont les visées ne correspondent plus à la réalité socio-politique de l’époque. Il professe un idéal chevaleresque suranné, voire anachronique, qui renvoie de lui une image de héros hors du temps. Cette victoire, tout éphémère qu’elle fût, souleva l’enthousiasme et fit de lui un personnage de roman : chevalier idéal, toujours prêt à défendre la Chrétienté, à bouter hors les Païens.
18Dans le Mystère de sainte Barbe en cinq journées, la ville d’Alexandrie est mentionnée plusieurs fois, et ce, dès la première journée du spectacle. Lors d’une cérémonie païenne organisée par Dioscorus en l’honneur de sa fille et où tous ses sujets présentent leur offrande aux dieux, un pèlerin chrétien observe de loin le rituel. Pour le bénéfice des spectateurs, il offre les précisions suivantes concernant son pèlerinage :
Il y a ung an que je party
De la cité d’Alexandrie
Et suys allé par maint party
Vers Jherusalem la garnie [.., ].[fol. 48v]
19Ce pèlerin originaire d’Alexandrie est également un ajout de notre fatiste. Le personnage de Josquin, car c’est son nom, a deux fonctions, d’abord de mettre Barbe en présence d’un Chrétien qui lui apprendra l’existence d’Origène, mais bien plus intéressant pour notre propos, il introduit à l’intérieur du Mystère le thème du voyage en Terre Sainte, thème qui est intimement lié à celui de la croisade. Josquin expose ensuite les motifs de sa présence à Nicomédie qui autrement pourrait paraître artificielle :
Or fault il mon voiage parfaire
Et retourner en ma cité,
Mais je n’ay pas neccessité
De m’en retourner si a haste
Que n’aille voir pour briefveté
Le sacrifice qui se haste.
Je vueil veoir la serimonnye,
C’est tout l’estat du sacrifice
Et toute la mahommerie,
Pour veoir s’on fait autel service
En ceste presente police
Comme on fait par dela Sabvoye. [fol. 48v]
20Le fatiste oppose ici les deux villes, Alexandrie la chrétienne et Nicomédie la païenne dans un parallélisme structurant. Les personnages iront d’une ville à l’autre, nourrissant la tension dramatique au gré de leurs allées et venues entre ces deux pôles, lieux des deux batailles du Mystère.
21Barbe, restée à l’écart, adresse la parole au pèlerin. La sainte demande à Josquin d’où il vient. Ce dernier lui répond : « D’Alexamdrie, Cité plaine de Crestïens [fol. 52r.]. » Une fois de plus, le fatiste souligne la différence entre les deux villes, une différence qui tient à la fois que ses habitants observent. Les Alexandrins sont menés par un homme nommé Origène qui est responsable de leur conversion au christianisme21. D’ailleurs Lucifer, qui dit la vérité22, l’en accuse sans ménagement. Il constate que plusieurs noms se sont effacés du registre des damnés, ce qui le met dans une colère monstre :
Astaroth
Et qui sont ilz ? Il les fault dire
Sans menez telle atroxité.
Lucifer
Qui c’est ? C’est toute la cité
D’Alexandrie et ceulx d’autour
Qu’Origenés par faulx atour
A converty par ses faulx dis. [fol. 115r]
22Les diables affirment qu’Alexandrie, tombée sous le charme de cet homme, devra payer cher son affront : ils inspirent à Dyogenés, gouverneur de l’Égypte sous l’empereur Maximien, d’attaquer la cité. Dyogenés et ses hommes (dont fait partie Dioscorus), assiègent la cité, mais sont déboutés par les Chrétiens.
23Le siège de la ville d’Alexandrie est un autre ajout audacieux de la part du fatiste. L’épisode se déroule en même temps que la construction de la tour que fait édifier Dioscorus afin de mettre sa fille à l’abri du regard des hommes23. Dans la compilation de Jean Wackerzeele, il n’est pas question d’assiéger Alexandrie. Dioscorus se contente de donner ses ordres quant à la construction de la tour avant de prendre congé de sa fille. Une vie en prose du xve siècle, dont la source est également la compilation, offre la version suivante du passage : « Ce temps pendant, son pere fu contrains d’aler en aucun voyage par le commandement de l’empereur pour aucunes besongnes24. » Le passage est des plus vagues et permet de mettre l’accent sur la construction de la tour et la signification des trois fenêtres. Le fatiste quant à lui modifie le passage afin de le rendre proprement théâtral et de lier les différents épisodes du spectacle. En introduisant une expédition punitive contre les Chrétiens d’Alexandrie, il crée un effet de symétrie : au siège de Nicomédie par les Chrétiens, correspondra le siège d’Alexandrie par les Païens. Ces derniers seront donc défaits à deux reprises : d’abord comme assaillants, puis comme assiégés. Du point de vue de l’économie du spectacle, cet ajout démontre, hors de tout doute, les moyens exceptionnels dont disposaient les organisateurs du Mystère car orchestrer une bataille sur scène demande une logistique à toute épreuve. On comprend que la mise en scène de deux sièges de ville relève de l’exploit ! Il faut imaginer des dizaines de chevaux et de chevaliers prenant littéralement d’assaut l’aire de jeu, des déplacements de masse complexes et fréquents, des combats armés qu’il faut répéter, etc25.
24Par un effet de miroir des plus inusités, ce sont les Chrétiens qui se trouvent assiégés à l’intérieur d’Alexandrie et non les Païens comme ce fut le cas en 1366. Tout se passe comme si le fatiste avait tenu à revisiter les lieux de la prise d’Alexandrie afin de substituer à ce territoire occupé par les Infidèles l’image d’une ville « plaine de Crestïens ». Il offre ainsi aux spectateurs une ville déjà acquise à la chrétienté repoussant les Païens. Cette première bataille, sortie tout droit de l’imagination du fatiste vient souligner, s’il en était besoin, le thème de la croisade présent dans la compilation et qu’avait déjà noté Baudouin de Gaiffier26. Nicomédie remplace donc Alexandrie, c’est la ville à conquérir, la cité qu’attaquera le roi de Chypre. Substitution adroite qui transporte à Nicomédie le théâtre d’une bataille qui, dans la réalité, a connu son dénouement ailleurs mais dont les enjeux demeurent les mêmes. Alexandrie fait en quelque sorte figure de répétition générale, le siège de notre Mystère se présente comme un clin d’oeil à l’histoire de la prise de la part de notre fatiste.
25Le personnage du roi de Chypre n’apparaît, quant à lui, qu’à la toute dernière journée du Mystère. Rien ne semble pouvoir expliquer son apparition, aucune transition entre cet épisode et celui qui le précède. Le roi prend la parole simplement, et s’adresse à ses hommes. Or, la teneur de cette première réplique du personnage nous éclaire sur son rôle et ne laisse aucun doute quant à la figure historique qui a inspiré notre fatiste. En effet, le personnage allogène, l’intrus dont nous dénoncions la présence, eh bien, son propos est conforme à l’image de Pierre Ier de Chypre telle qu’elle nous est parvenue. Le personnage y expose le devoir qu’a tout bon chrétien de se porter à la défense de l’Église, et le fatiste de filer la métaphore de la mère et de l’enfant et d’insister sur la nécessité d’intervenir en cas de danger. Cette première réplique où le roi s’adresse à ses chevaliers compte quarante vers, nous en avons retenu qu’un court extrait :
Rex Chipprie
[…]
Vous sçavéz asséz que nous sommes
Trestous enffans de ceste Eglise
Et filz de Dieu par bonne guyse.
Elle est noustre mere nourisse
Et scet ce que nous est propice
Des sacremens qu’el nous ordonne
Et des graces qu’el habandonne
A ses enffans, a ses subgectz,
Par quoy nous suymes obligez
A la deffendre de tous poins.
S’aucuns de ses membres sont poins
Et ont contraire aulcunement,
Les aultres, bien songneusement,
Les doibvent aider et secourir.
Les petis enffans sçavent courir
A leur mere s’on les mutille,
La mere lors les reconcille
Et recreë par vallitude,
Dont en ceste similude
Les enffans doivent secourir
Leurs meres tous jusques au mourir. [fol. 333v]
26Il est d’autant plus curieux de voir apparaître le personnage du roi de Chypre qu’il n’est en rien sollicité par les Alexandrins lors de la première bataille. On ne fait même pas allusion à son existence. Fait intéressant à noter, le personnage n’est connu dans notre Mystère que sous le générique de roi de Chypre. Pourtant, tous les autres personnages, même les plus insignifiants, portent un nom, ou à tout le moins un sobriquet. Il est donc étonnant que notre fatiste se soit contenté d’une appellation générique désignant la seule fonction du personnage. C’est que tout autre appellation aurait immanquablement suggéré une chronologie qui aurait pu mettre en péril la cohésion de l’ensemble. Par exemple, le pape qui reçoit le corps de la sainte à Rome est appelé Honorius, le fatiste a ici décidé de suivre le compilateur et d’inscrire dans le temps la translation du corps vers Rome. Cette absence de marqueur temporel permet également au spectateur de substituer à cette coquille vide qu’est le personnage nommé simplement « Rex Chipprie » la figure identifiable, mais chronologiquement erronée, de Pierre Ier.
27La décision du roi de Chypre de partir en campagne est, dans le Mystère, complètement dénuée d’intérêt personnel et n’est motivée que par son désir de défendre la Chrétienté. D’ailleurs le choix de la ville païenne à attaquer n’est arrêté qu’après qu’il a fait part à ses chevaliers de sa volonté d’entreprendre une « croisade ». À la prise de parole initiale du roi de Chypre, succède une discussion entre le souverain et ses hommes sur le bien-fondé du « passage à l’acte ». Bien que topiques, ces échanges entre le roi et ses conseillers revêtent ici un intérêt particulier. L’un des chevaliers du roi, nommé Chambelloys, reconnaît la justesse des propos de son souverain, mais fait remarquer que le principe sur lequel on fonde une action a beau être louable, les moyens de parvenir à un résultat positif ne sont pas toujours assurés. Il vaut mieux, dit-il, s’abstenir d’entreprendre une action incertaine que d’en faire les frais. D’ailleurs, les Païens ne sont-il pas beaucoup plus nombreux ? Ne sont-il pas fort vaillants et fournis en armes ? Toutes ces raisons lui suggèrent de ne pas s’exposer aux coups de l’ennemi. Il s’agit de peser le pour et le contre et de conseiller le roi judicieusement, mais ici les propos du chevalier ne semblent plus aussi entendus et formels que lorsqu’ils se font jour dans la chanson de geste par exemple, et l’on serait tenté d’y voir un écho des interminables discussions qu’eut Pierre Ier avec les rois chrétiens d’Occident pour les convaincre d’appuyer ses projets en Terre Sainte.
28La réplique du second chevalier du roi de Chypre répond au premier et prône l’action. Par une série d’exemples, il développe le proverbe selon lequel l’homme qui ne risque rien n’a rien. Mais l’intérêt de son propos pour nous apparaît un peu plus avant dans la réplique : il affirme que c’est le rôle de tout bon chevalier de protéger les deux autres états :
Si nous portons le nom vaillant
De loyalle chevallerie,
Monstrons par bonne euvre merie
Que nous suymes chevalliers preux.
Le chevallier deffend les deux
Aultres estatz de cestuy monde,
C’est le clergé de labour monde,
J’entens tout cecy par l’espee [335v]
Qui a la senestre est portee
Et puis est tireë du destre.
El est portee en la senestre
Qui nous signifië labeur,
Car le noble est son deffenseur.
Du dextre braz elle est tiree,
Car si l’Eglise est martiree,
Gentillesse la doibt deffendre
Et ses erreurs coupper et fendre
Et transcher hors de saincte Eglise.
29Ce rappel des fondements de la chevalerie surprend dans le contexte particulier d’une action se déroulant au iiie siècle. Certes, les anachronismes ne sont pas rares dans les mystères et les fatistes cèdent facilement à la couleur locale, mais la qualité de parangon de la chevalerie associée à la figure du roi de Chypre donne à la réplique une actualité toute particulière qui semble interpeller la noblesse guerrière et la sommer d’agir. Nul chevalier en position de combattre ne peut passer outre à son devoir. Et, comme si le commentaire manquait encore de clarté, et que l’on devait préciser hors de tout doute qu’il s’agissait d’une défense en règle d’une nouvelle croisade ayant pour modèle les prouesses d’un Pierre Ier, D’Argouze, le troisième chevalier du roi de Chypre affirme :
Mais ou est le pais qui excede
Ceulx de Chippre en fait de prouësse,
D’aventure ou de hardïesse,
Et d’animeuse audacité ?
Quand les Crestïens sont uniz,
Ilz sont plus preux et myeulx fourniz
De vaillantises qu’autres gens.
30Se trouvent ici rassemblées la vaillance chypriote et la force des Chrétiens unis pour secourir la Chrétienté. Cette affirmation du personnage semble un appel aux spectateurs, invités à ne pas trahir la confiance que le fatiste a placée en eux, à ne pas se dérober à l’appel qui leur est lancé. Comme le roi de Chypre, il faut se lever, agir et lutter, car « quand les Crestïens sont uniz, ilz sont plus preux et myeulx fourniz de vaillantises qu’autres gens ».
31Parmi les éléments qui identifient le roi de Chypre comme intrus, il en est un fort étonnant : l’absence intrigante d’eau et de navires. Chypre est une île, cela n’est un secret pour personne. Notre fatiste n’a pris aucune disposition spécifique pour intégrer une scène nautique, aucun navire ne traverse la Méditerranée, Chypre pourrait aussi bien à ce compte être sur le continent africain. On pourrait avancer pour expliquer cette bizarrerie que notre fatiste ignorait la géographie de l’endroit, ce qui serait quelque peu facile. Il désirait sans doute faire l’économie du dispositif scénique que nécessite la mise en scène d’un épisode nautique. L’hypothèse est plausible d’autant que la traversée de la Méditerranée, de même que le débarquement des troupes, n’ont aucune espèce d’importance pour la suite de l’histoire. On se serait tout de même attendu à une petite mise au point, à une réplique nous faisant part des aléas de la traversée. Rien. Le fatiste garde un silence suspect sur cet aspect de l’expédition.
32Sans doute l’élément le plus surprenant du mystère, par rapport à la compilation, est la translation du corps de Barbe vers Rome menée par le roi de Chypre en personne. En fait, l’épisode est si bien intégré au déroulement logique de l’histoire qu’il passe quasi inaperçu. Pourtant, le roi de Chypre n’est pour rien dans le transport du corps de Barbe à Rome si on se reporte à la légende. Ainsi, le fatiste fait entrer subrepticement le souverain chypriote au sein même de la matière hagiographique. Non seulement le roi a-t-il libéré Nicomédie du joug païen, mais il veille à protéger le corps de Barbe. C’est un peu de la sainteté de Barbe qui rejaillit sur le roi de Chypre. Le héros de croisade est maintenant compagnon des saints et sa stature s’en trouve magnifiée.
33Enfin, les noms de trois personnages suggèrent un lien étroit entre la prise d’Alexandrie et notre Mystère. Le roi de Chypre, bien entendu, qui nous indique la clef de lecture à utiliser, une clef chypriote, comme on dirait une clef arthurienne. Et une fois la porte ouverte, le nom de certains personnages saute aux yeux. Liepart, le valeureux capitaine d’Alexandrie qui contribue grandement à la levée du siège de cette même ville dans notre Mystère, en évoque un autre à la graphie légèrement différente, Lesparre, de l’entourage de Pierre Ier. La coïncidence devient d’autant plus suspecte lorsque l’on se souvient qu’il existe, dans notre Mystère, un personnage appelé Florimond. Le fameux Lesparre de la suite de Pierre Ier se prénomme Florimond. Le personnage du même nom, dans notre Mystère, est un chevalier païen de Dioscorus. De prime abord, cela ne semble pas très concluant, mais le nom est absent de la compilation, il est donc né de l’imagination du fatiste qui a fort bien pu réutiliser un prénom qu’il savait être associé au personnage historique de Lesparre. Bien sûr, le nom de Florimond n’est pas inconnu, on pourrait également y voir une allusion au roman d’Aimon de Varennes et proposer une lecture romanesque du personnage, mais avouons que la coïncidence est troublante.
34Que faut-il donc conclure de la présence du roi de Chypre au sein du Mystère de sainte Barbe en cinq journées ? D’abord qu’elle n’a rien de fortuit et qu’elle n’est pas le fruit de la négligence ou d’une fantaisie du fatiste. La naïveté de l’auteur n’est pas une réponse satisfaisante au sein d’une œuvre fort bien construite par ailleurs et qui respecte sa source. Il faut donc que le roi de Chypre serve le propos des organisateurs du spectacle. La seule mention du roi Chypre à la fin du Moyen Âge convoque le récit de la prise d’Alexandrie, et le personnage au nom générique de notre Mystère prend alors une stature héroïque. Au souverain du spectacle se superpose la figure de Pierre Ier de Lusignan, roi de Chypre et de Jérusalem, fleur de chevalerie et défenseur de l’Église. Le personnage du Mystère, tout comme son modèle, prône l’action et invite à s’exposer aux coups des Infidèles. L’absence du personnage de la compilation, son insertion quelque peu plaquée au sein de la cinquième journée sans que le fatiste ne sente le besoin de faire le raccord avec l’action qui précède, de même que l’absence de navire et du récit de la traversée de Chypre à l’Égypte, sont autant d’indices qui participent d’une identification du modèle qui à tout d’une assurance. L’intrus identifié, on aborde la lecture du Mystère sous un angle nouveau. Des noms tels Liepart et Florimond qui nous paraissaient de pures créations du fatiste s’animent tout à coup et révèlent une intertextualité possible.
35La figure mythique du roi de Chypre est ici récupérée à des fins de propagande ; il est le champion d’une chevalerie qui passe à l’acte. Après tout, le personnage et ses hommes attaquent Nicomédie à défaut de pouvoir prendre d’assaut Alexandrie déjà christianisée par Origène. En faisant du roi de Chypre l’assaillant de Nicomédie, l’auteur le rend également responsable de la translation du corps de Barbe vers Rome. Ici, c’est le personnage du Mystère qui sert, par un juste retour des choses, la figure de Pierre Ier en lui conférant la mission d’accompagner le corps de la sainte. Le guerrier est également un homme pieux dont la tâche ne se limite pas à prendre les armes, il doit également le respect aux reliques. Le Mystère de sainte Barbe en cinq journées démontre que la figure du roi de Chypre est toujours opérante à la fin du xve siècle et au début de la Renaissance, et que sa popularité ne se limite pas au xive siècle.
36Reste maintenant à établir les visées politiques, si visées politiques il y a, qui ont poussé notre fatiste à intégrer ce personnage à son récit. Ne pourrait-on y voir le désir d’un des descendants des Lusignan de Chypre d’illustrer, au moyen du Mystère, la vie exemplaire d’un des représentants les plus remarquables de sa famille ? C’est ce qui nous reste à découvrir.
Notes de bas de page
1 On consultera à ce propos : H. Rey-Flaud, Le cercle magique. Essai sur le théâtre en rond à la fin du Moyen Age, Paris, 1973 ; J. Duvignaud, Sociologie du théâtre. Essai sur les ombres collectives, Paris, 1973, [1965].
2 Voir D. Carnahan, The Prologue in the Old French Mysteries [New Haven, 1905], New York, 1966.
3 « Un nom propre d’une certaine notoriété peut parfaitement bien remplir la fonction de “pro-récit”, dans la mesure où, pour être correctement identifié, il nécessite, précisément, un savoir extra-textuel. Tel le pronom, le nom propre reprend et convoque sous une forme condensée des données supposées connues dont existe ailleurs la version en expansion. », R. Trachsler, Disjointures-Conjointures. Étude sur l'interférence des matières narratives dans la littérature française du Moyen Age, Tübingen et Basel, 2000 ; pour la citation page 24. L’auteur reconnaît sa dette envers J. Geninasca dans l’élaboration du concept de « pro-récit ».
4 C. Gaullier-Bougassas, « Images littéraires de Chypre et évolution de l’esprit de croisade au xive siècle », Progrès, réaction, décadence dans l’occident médiéval, éd. E. Baumgartner et L. Harf-Lancner, Genève, 2003, p. 123-135.
5 Il existe plusieurs éditions de ce texte : Guillaume de Machaut, La Prise d’Alexandrie ou chronique du roi Pierre Ier de Lusignan, éd. M. L. de Mas-Latrie, [1877], 1968 (réimp.), Osnabrück, Otto Zeller ; Guillaume de Machaut, The Capture of Alexandria, trad. J. Shirley, introduction et notes P. Edbury, Aldershot, 2001 ; Guillaume de Machaut, La Prise d’Alixandre (The Taking of Alexandria), éd. et trad. R. Barton Palmer, London, 2002.
6 Philippe de Mézière, Le Songe du Vieil Pèlerin, éd. G. W. Coopland, Cambridge, 1969 (2 vol.).
7 Amiens (1448, nombre de journées inconnu) ; Mons (1459, nombre de journées inconnu) ; Amiens, (1460, nombre de journées inconnu) ; St-Omer (1462, deux journées) ; Laon (1465, trois journées) ; Avignon (1470, nombre de journées inconnu) ; Tours (1473, nombre de journées inconnu), Compiègne (1475, trois journées) ; Compiègne (1476, trois journées), voir à propos des activités théâtrales de cette ville l’article récent de Naomi Kanaoka, « La vie théâtrale à Compiègne entre 1450 et 1550 » dans Bibliothèque de l’École des Chartres, 164 (2006), p. 97158, plus particulièrement les pages 136-137 pour le Mystère de Sainte Barbe ; Angers (1484, nombre de journées inconnu) ; Metz (1485, trois journées) ; Mons (1491, trois journées) ; Laval (1493, six journées), Nancy (1504, nombre de journées inconnu) ; Domalain (1509, nombre de journées inconnu) ; Limoges (1533, neuf journées [le spectacle met également en scène le Miracle de Théophile]) ; Péronne (1534, nombre de journées inconnu) ; Saint-Nicolas-du-Port (1537, nombre de journées inconnu) ; Tirepied (1539 ; quatre dimanches) ; Fresnay-sur-Sarthe (1578, nombre de journées inconnu) ; Annecy (1654, deux journées) ; Gravere (1724, nombre de journées inconnu).
8 Le texte du Mystère de sainte Barbe en deux journées est disponible sur le site du Centre d’Études des Textes Médiévaux de l’université Renne-2 Haute Bretagne à l’adresse suivante : [http://www.uhb.fr/alc/medieval/barbe/barbel.html].
9 Paris, BnF Réserve Yf 1652 (Paris, Veuve Trepperel et Jehan Janot, 1512-1519) ; Paris, BnF Rothschild IV-6-78 [Picot 3012] (Rouen, Jean Burges, 1521-1531) ; BnF Rothschild IV-4-178 [Picot 1078] (Paris, Pierre Sergent, 1532-1547), Paris, BnF Réserve Yf 4689 (Lyon, Olivier Arnoullet, 3 octobre 1542) ; Londres, BL 241.b.42 (Lyon, Olivier Arnoullet, 1542 ?) ; Paris, BnF Réserve Yf 1651 (Simon Calvarin, 1571-1593) ; Paris, BnF Réserve Yf 4688 (Lyons, P. Rigaud, 1602). Graham A. Runnalls fait également mention d’un septième imprimé qu’il n’a pu « repérer » : Troyes, Nicolas Oudot I, (1600-1630). Les données qui précèdent sont tirées de l’ouvrage de G. A. Runnalls, Les Mystère français imprimés. Une étude sur les rapports entre le théâtre religieux et l'imprimerie à la fin du Moyen Âge français suivie d'un répertoire complet des mystères français imprimés (ouvrages, éditions, exemplaires) 1484-1630), Paris, 1999, p. 155-158.
10 Le texte est tiré des Archives du comte d’Arves qui appartiennent maintenant à la Société d’Histoire et d’Archéologie de Maurienne. Pour l’édition de ce texte : « Fragment du rôle principal (sainte Barbe) », J. Chocheyras, Le théâtre religieux en Savoie au xvie siècle, Genève, 1971, p. 93108. Nous avons analysé ailleurs les rapprochements qui existent entre ce fragment et le Mystère de sainte Barbe en deux journées afin de nuancer l’opinion de J. Chocheyras selon laquelle les rapports entre ces deux textes seraient limités : M. Longtin, Édition du Mystère de sainte Barbe en deux journées BnF Yf1652 et 1651, mémoire de maîtrise, Montréal, université McGill, 1996, p. 5-10.
11 BnF Y 6186. Le Mystère de sainte Barbe, tragédie bretonne (texte de 1557publié, avec traduction française, introduction et dictionnaire étymologique du breton moyen), éd. E. Ernault, Paris, 1888.
12 BnF Réserve P-Yf 75.
13 Jun-Han Kim, qui a édité la première et de deuxième journée de notre Mystère dans le cadre de sa thèse, se conforme à la datation avancée par Petit de Julleville. voir J.-H. Kim, Le Mystère de sainte Barbe en cinq journées. Édition critique des deux premières journées d’après le manuscrit BnF fr. 976, 2 vols, thèse de doctorat, université de Paris IV-Sorbonne, Paris, 1998, surtout le tome II, p. 359-365 ; L. Petit de Julleville, Les Mystères, Paris, 1880, t. II, p. 478-486.
14 Voir à ce sujet notre Édition critique de la cinquième journée du Mystère de sainte Barbe en cinq journées (BnFfr.976), thèse de doctorat de l’université d’Édimbourg, Edimbourg, 2001.
15 Comte de Lapparent, Sainte Barbe, Paris, 1926, « L’art et les saints », p. 6.
16 B. de Gaiffier, « La légende latine de sainte Barbe par Jean de Wackerzeele », Analecta Bollandiana, 77 (1959), p. 5-41 ; du même auteur : « Le triptyque du Maître de la légende de sainte Barbe. Sources littéraires de l’iconographie », Études critiques d’hagiographie et d’iconologie, Bruxelles, p. 233-245. Voir également Harry F. Williams, « Old French Lives of Saint Barbara », Proceedings of the American PhilosophicalSociety, 119 (1975), p. 156-185.
17 B. de Gaiffier, « La légende latine de sainte Barbe par Jean de Wackerzeele », p. 14-15.
18 J. Riley-Smith, Atlas des croisades, trad. C. Cantoni, préf. et éd. M. Balard, Paris, 1996, (éd. originale anglaise 1990), p. 142.
19 C. Gaullier-Bougassas, « Images littéraires de Chypre et évolution de l’esprit de croisade au xive siècle », Progrès, réaction, décadence dans l’occident médiéval, p. 123-135. Les tergiversations souvent méconnues des souverains chrétiens d’Occident sont fort bien analysées par N. Housley, The Later Crusades from Lyons to Alcazar (1274-1580), Oxford, 1992.
20 R. Mantran, « Un Islam turc ou mongol », dans Le Moyen Âge. Tome III : Le temps des crises 1250-1520, sous la dir. R. Fossier, Paris, 1990, p. 266-268.
21 C’est ce même Origène auquel Barbe écrit pour qu’il l’éclaire sur la foi chrétienne. La réponse de l’évêque et l’envoi d’un de ses disciples auprès de Barbe afin de lui enseigner les fondements du christianisme participent ultimement de la conversion des habitants de Nicomédie.
22 E. Dupras, « Le dire-vrai des personnages de diables dans quelques mystères hagiographiques français », Mainte belle œuvre faicte. Études sur le théâtre médiévale offertes à Graham A. Runnalls, éd. D. Hüe, M. Longtin, Lynette Muir, Orléans, Paradigme, 2005, p. 155-170.
23 On se souviendra que la tour percée de trois fenêtres est l’attribut de Barbe dans les représentations les plus répandues de la sainte.
24 Vie de sainte Barbe en prose, BnF ms. fr. 975 Voir l’édition d’Harry F. Williams, « Old French Lives of Saint Barbara », Proceedings of the American Philosophical Society, 119-2 (1975), p. 171 col. 1.
25 Ces scènes de lutte armée ne sont pas sans rappeler les festivités décrites par Rabelais dans la Sciomachie, voir François Rabelais, Œuvres complètes, Paris, éd. M. Huchon avec la collaboration de F. Moreau, Paris, 1994, p. 959-975.
26 B. de Gaiffier, « La légende latine de sainte Barbe par Jean de Wackerzeele ».
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