Le Premier Roi ou le Fils Méhaignié. À propos d’Arthur, d’Hellequin et des Plantagenêts
p. 165-177
Texte intégral
1Au carrefour de l’Histoire, de la littérature et du mythe, un trio de rois bretons : Hellequin (ou Herla), Arthur et Henri II. Ce sont les mystérieux liens de destinée et de parenté les unissant qui font l’objet de cette exploration. Henri II promeut le développement de la légende arthurienne à travers l’Europe, se proclamant descendant du légendaire Arthur. Arthur, quant à lui, une fois parti en Avalon – ou dans l’Etna – est assimilé à Hellequin, à sa troupe de chasseurs et sa meute, cet équipage sauvage que précisément on n’a plus vu sillonner les airs depuis l’avènement d’Henri II ! Or, l’entourage d’Henri II est volontiers comparé à la Mesnie Hellequin… Étrange famille, étranges cohérences ou coïncidences assurément, filiations proprement infernales qui éclairent singulièrement les soubassements de la fonction royale et les corrélations souterraines et cycliques entre mort et souveraineté, provenant de l’idée immémoriale de la sacralité de la royauté1. Une sombre malédiction semble planer sur ces créatures, liée à une manière de péché originel qui semble renvoyer à certains noms et personnes : Modred, Morgane, ou encore cette mystérieuse créature dont on ne sait pas si c’est une femme, un oiseau ou un démon – le tout dans l’ombre mélancolique de quelque imposante silhouette de Roi Méhaignié.
Les Rois bretons : une parenté par analogie
2De singulières filiations lient des personnages qualifiés de « rois bretons » : c’est un savant mélange entre héritage légendaire, historicité et visées politiques.
Herla-Hellequin
3Une histoire de la plume d’un clericus regis, Gautier Map2, nous renseigne sur le destin d’un ancêtre, appelé « très ancien roi des Bretons » qui sera privé de sa royauté, ou plus exactement ravi à sa terre par un autre roi, un Pygmée qui se dit son proche parent et qui l’entraîne pendant trois jours, semble-t-il, dans son royaume souterrain, sous prétexte de fêter son mariage : simple échange de courtoisie puisqu’un an auparavant, il s’était de son côté rendu aux noces d’Herla qu’il avait alors comblé de présents. Seulement, lorsque Herla remonte à la surface de la terre, il doit constater que deux siècles ont passé au lieu de trois jours, qu’il n’entend plus la langue d’un royaume qui n’est plus le sien (les Saxons ayant chassé les Bretons), et qu’il est condamné à une existence errante avec toute sa suite, sans pouvoir mettre pied à terre à cause d’un cadeau qui véhicule un interdit : un petit chien « portatif » qui refuse obstinément de sauter à terre, ce qui aurait rompu le charme. Mais ce petit chien doit « protéger Herla et ses hommes de la dissolution3 », les maintenir dans cette situation de morts-vivants ou de revenants de l’autre monde. Or, Herla est par la suite assimilé à Hellequin par le même Gautier Map, à ce démon de la mort, chasseur infernal qui hante les nuits des contrées bretonnes et galloises avec son cortège de chevaliers, mais aussi de piétaille et d’équipements ménagers.
Arthur
4Ce même Hellequin est volontiers assimilé à un autre roi breton : Arthur. Gervais de Tilbury déjà substitue dans un récit de revenants le nom d’Arthur à celui de Hellequin : societas ou familia Arturi4. Chez Etienne de Bourbon5, cette substitution est encore plus explicite : la familia Allequini vel Arturi représente bien une seule et même troupe de chevaliers qui chassent. Selon cette logique, li buens rois Artus de Bretaigne des romans courtois, à première vue très éloigné de la figure inquiétante qui mène notre Mesnie, est en réalité, en termes de généalogie, le parent du roi Herla-Hellequin. Aussi, la légendaire île d’Avalon où Arthur est censé résider est peut-être une montagne, un volcan, qui plus est : l’Etna dont de nombreuses traditions ont fait l’antichambre ou la bouche de l’enfer6 ! Est-ce vraiment un hasard, n’est-ce pas plutôt le fruit de cette parenté étrange que cette histoire relatée par Gervais de Tilbury7 où un cheval en fuite conduit un groupe d’hommes dans l’Etna où ils découvrent, stupéfiés, Arthur dans la magnificence de sa royauté, mais malheureusement « méhaignié », blessé par son propre fils Mordred ? Sa sœur Morgane le soigne, elle qui dans d’autres traditions est appelée « la fée de Montgibel », c’est-à-dire de l’Etna8, mais malgré la « sagesse9 » légendaire de celle qui connaît « l’utilité de toutes les plantes pour guérir les corps malades » d’après la Vita Merlini de Geoffroi de Montmouth, ses blessures s’ouvrent tous les ans à nouveau : retour cyclique éternel, chaque année à nouveau le roi meurt, le temps ne progresse pas, stagne dans l’attente de quelque progrès enfin ou de quelque retour à un état antérieur, meilleur, de quelque accomplissement que peut-être la perspective légendaire de son retour symboliserait ! Donc, Arthur est méhaignié plutôt que « mort », tout comme Hellequin. Or, une étrange parenté supplémentaire peut être pressentie ici, comme le suggère Philippe Walter : « Dans le Conte du Graal, le roi mehaigné ne se confond pas avec Arthur mais de secrètes ressemblances sont suggérées entre lui et le Roi Pêcheur10 ». En effet, tous deux sont frappés d’une certaine acedia, langueur mélancolique qui limite leur pourvoir d’action, leur consistance de personnage et surtout leur étoffe royale. Mais la malédiction ne s’arrête pas à ce maillon du lignage : Arthur possède à son tour un descendant qui ne déroge pas à la tradition familiale, notamment en ce qui concerne les affinités surnaturelles, ou plutôt souterraines avec l’au-delà.
Henri II
5Rappelons d’abord que cette fois-ci, nous entrons véritablement dans l’Histoire : la dynastie des Plantagenêts, pendant près d’un siècle, règne sur un vaste territoire qui va des Pyrénées jusqu’au mur d’Hadrien. Non contents de la puissance qui résulte de ces possessions, les rois d’Angleterre se sont efforcés de bâtir une légende autour de leur famille, pour faire pendant au glorieux ancêtre que fut, aux rois de France, Charlemagne, et à la manière de nombreuses familles soucieuses de rehausser le renom du lignage par quelque ancêtre merveilleux11. Lorsque Wace entreprend en 1155 la rédaction de son Brut pour le roi Henri II, il fait du héros éponyme l’ancêtre d’une lignée illustre de rois bretons dont la dynastie royale se réclamera. Chez Wace comme d’ailleurs déjà chez Geoffroy de Monmouth, le récit s’organise autour de la succession sans faille des lignages :
Ki vult oïr e vult saveir
de rei en rei e d’eir en eir
ki cil furent e dunt il vindrent
ki Engleterre primes tindrent (Brut, v. 1-4).
6C’est ce qu’on appelle « les généalogies reconstituées12 ». D’ailleurs, le fils et successeur d’Henri II, Richard Cœur de Lion, consolidera le culte d’Arthur notamment à travers la « découverte » du tombeau d’Arthur et de Guenièvre à Glastonbury. Ainsi, les sources que sont les romans arthuriens « s’inscrivent dans un contexte politique et social avec lequel elles entretiennent des rapports complexes13. » Mais les clercs historiographes du roi Henri II vont plus loin : logiquement, ils relient Henri II au premier ancêtre, à Herla ou Hellequin ; ils vont jusqu’à suggérer, grâce peut-être à la souplesse de la temporalité que nous avons déjà observée dans ces contrées, une sorte de substitution de l’un à l’autre : Hellequin et sa troupe errante n’ont plus été vus précisément depuis l’avènement d’Henri, dit Gautier Map14. C’est toujours une histoire de famille : Pierre de Blois ne compare-t-il pas Henri II au Roi David, le roi par excellence de l’Ancien Testament, roux comme lui15, roux comme Hellequin, roux comme le diable roussi par le feu de l’enfer ! Et tout cela afin de relier le « temps historique » au « temps héroïque16 » qui est précisément le temps des très anciens Bretons. La boucle est donc bouclée : Arthur remplace Hellequin et ce dernier est à son tour remplacé par Henri II. L’un est la réplique royale de l’autre. L’impossible repos, l’errance de l’ancêtre Herla trouve ici sinon une explication du moins une logique. Or, le fait de ne pas pouvoir mourir a été expliqué depuis les temps les plus anciens soit par une mort violente, prématurée, soit par quelque péché caché ou apparent. Le roi Herla « a légué la souffrance des âmes en peine à Henri II et ses courtisans17 », dans une visée de pénitence et de rédemption, semble-t-il.
Le péché du Roi
7Sur toutes ces histoires plane une drôle de lumière : un péché obscur semble servir de trait d’union à ces légendes à la fois éparses et cohérentes, un péché transmis à la manière d’un stigmate de génération en génération, qui entache la souveraineté jusqu’à faire de la cour elle-même un lieu vraiment infernal. Celle-ci est constamment en mouvement, comme agitée d’une folle et perpétuelle inquiétude, poursuivant un gibier mal identifié. Un roi qui doit recouvrer sa souveraineté perdue par quelque obscur péché est un roi errant, un roi mélancolique, un roi que la folie guette : Roi pécheur ou pêcheur18 ?
Les chasses royales
8Le lien de notre famille avec le motif de la Chasse sauvage n’est pas fortuit. Henri II est un chasseur invétéré. Cette passion est pour ainsi dire inscrite dans les gènes du lignage : le surnom de « Plante-genêt », dont est affublé Geoffroi le Bel, semble renvoyer, d’après Wace, à son goût pour la chasse. Pierre de Blois, quant à lui, dit que le corps du roi « porte les stigmates d’une chevauchée incessante. Destriers et palefrois sont ses compagnons attitrés. Au pas avec sa cour ou au galop avec son armée, il est un perpétuel cavalier19 », comme le Hellequin légendaire.
9Mais que chasse le Roi ? Que poursuit Hellequin dans ses folles rondes nocturnes ? Quelle est la nature, la véritable couleur du cerf blanc que traque Arthur ? ourquoi le Pygmée punit-il son cousin Herla à travers un interdit que véhicule le petit chien de chasse – et sanguinarium ? Similia similibus curantur ? Pourquoi ne faut-il pas toucher les membres du cortège de Hellequin20, pourquoi ne faut-il leur parler sous aucun prétexte21 ? Et si le cerf, trop christique, était en fait un sanglier ? Cet animal mythique venu de l’autre monde, nous rapporte le Mabinogi de Kulhwch et Olwen, confère à celui qui le vainc des pouvoirs surhumains, donc une souveraineté absolue22. Dans notre cas particulier, nous dirions que celle-ci passe par un réinvestissement de la temporalité qui, si elle échoue, pourrait aboutir à l’effet inverse : le roi « mort » attirerait sa proie dans son monde à lui, dans sa temporalité d’au-delà.
10En effet, il existe une relation étroite entre le chasseur et son gibier : le veneur peut devenir proie à la suite d’un crime, qu’il en soit responsable ou non. Dans la Queste del Saint Graal23, l’accident qui arrive au Roi Méhaignié est un accident de chasse, ce qui nous ramène une fois de plus dans ces eaux troubles situées aux confins du monde des vivants et des morts, que représente la Mesnie Hellequin : le chasseur brutal ou si passionné qu’il en oublie l’heure de la messe, « errera pour l’éternité avec les âmes damnées dans les cortèges nocturnes de la chasse Sauvage24 ». Et nous ne serons guère étonnés d’apprendre que certaines versions régionales de la Mesnie Hellequin expliquent la participation du roi Arthur à cette équipée sauvage précisément parce qu’il s’était laissé entraîner par sa passion, manquant ainsi l’Office le jour de Pâques25 ! La chasse n’est que le véhicule d’une senefiance plus profonde et trouble. C’est une mise à mort rituelle. Le chasseur a partie liée avec le diable, le veneur infernal, motif que développe la littérature cléricale :
Venator diabolus, in cuius figura Nemrod ille gigas venator coram Domino, ut in Genesi ; venatores pravi homines, ut in propheta : Venantes ceperunt me, quasi avem, inimici mei gratis 26.
11Précisément, le Roi Pêcheur mehaignié est privé des plaisirs de la chasse et se retrouve réduit à l’immobile pêche à la ligne, tandis qu’Arthur, en attendant son retour, chasse toujours :
Ensi se fist Artus porter en Avalon et dist a ses gens que il l’atendissent et que il revenroit. Et li Breton revinrent a Carduel, et l’atendirent plus de quarante ans ains qu’il fesissent roi, car il cuidoient tos dis que il revenist. Mais tant saciés vos que li auquant l’ont puis veü es forés cacier, et ont oï ses chiens avuec lui ; et li auquant i ont eü esperance lonc tans que il revenist27.
Désordres familiaux
12Ce « coup félon » a dû être asséné contre les lois élémentaires du lignage. C’est peut-être à cause de Merlin (fils du diable et figure paternelle par rapport à Arthur comme le montre Anne Berthelot dans sa contribution28) : Arthur doit son existence à un subterfuge manigancé par le magicien. C’est par la faute d’Uter que son fils, dès le départ, est secrètement méhaignié par la diablerie et le péché d’adultère – il faut être la mère de Perceval pour en avoir la perception clairvoyante29 ! Puis, de fil en aiguille, Mordred porte à son tour cette blessure, lui qui serait le fruit d’une relation incestueuse30.
13Mais l’inceste n’est qu’un aspect du péché contre le lignage ; il y a aussi la bigamie et l’adultère. D’après Gautier Map, le premier mari de l’impératrice Mathilde (mère d’Henri II) ne serait pas mort au moment du mariage de sa « veuve » avec Geoffroi le Bel. Dans cette logique, leur fils Henri serait également le fruit d’un adultère. Cette même accusation frappe la propre femme d’Henri, Aliénor d’Aquitaine qui a divorcé du Roi de France Louis VII après que leur mariage eut été déclaré nul, sous prétexte de consanguinité ! Mais « ces secondes noces n’auraient jamais dû avoir lieu car elles sont, à la fois, bigames, incestueuses et félonnes » d’après des clercs comme Guillaume de Newburgh ou Gervais de Cantorbéry. Gautier Map et Giraud de Barri rapportent même une rumeur circulant à la cour, selon laquelle Aliénor aurait été la maîtresse de Geoffroi le Bel, donc du père d’Henri II, son second époux31 !
14Finalement, comme pour saturer complètement les références possibles au mal dans ce registre de la filiation, un dernier coup est porté par le crime le plus horrible qui existe contre les lois du lignage : le parricide. Fondamentalement, c’est d’un crime de cette nature que se rend coupable le roi des Pygmées, cousin d’Herla, même si son comportement ne cesse d’être à la fois ambigu et ambivalent. Mais nous trouvons également des histoires semblables à la cour des Plantagenêts : Martin Aurell rapporte par exemple le récit d’un chroniqueur sans doute proche de Gautier Map, nommé Roger de Howden : lors de la dernière guerre opposant Henri II à son fils Richard Cœur de Lion, « la foudre tombe entre le père et le fils, alors que le ciel est sans nuages ; au moment où Richard pénètre dans la salle du château de Chinon où repose le cadavre de son père, celui-ci se met subitement à saigner des narines…32 ». Or, depuis Yvain et jusqu’à Tom Sawyer, ce phénomène de la « cruentation » est l’indice que le cadavre se trouve en présence de son meurtrier : il y a donc présomption de parricide ! Quant à Mordred, le serpent que le roi a vu sortir de son ventre symbolise le cumul des trois péchés d’inceste, d’adultère et de parricide33. C’est par lui que le monde sombrera et qu’Arthur deviendra le meneur de la Chasse sauvage après avoir étranglé son bouteiller, fait jeter son épée à la mer, après être devenu comme fou de mélancolie.
Les rois bretons et l’enfer
15Il n’est donc pas étonnant que cette famille entretienne des relations privilégiées avec le monde infernal. Les représentations du jadis bon roi Arthur se font de plus en plus diaboliques. La cathédrale d’Otrante possède sur son pavement une mosaïque le représentant sur un bouc et brandissant une massue34. C’est la per d’une tradition apparemment familiale : le roi des Pygmées, cousin du roi Herla, s’était présenté à ce dernier en chevauchant un bouc gigantesque ! Quant aux Plantagenêts, il est notoire qu’ils sont du diable et qu’ils retourneront au diable35 selon les propres termes de Richard Cœur de Lion. En effet, ces assimilations de notre lignage à l’enfer ont parfois été établies de façon explicite par de nombreux auteurs. Aussi bien Giraud de Barri que Gautier Map suggèrent dans leur peinture de la cour de Henri II Plantagenêt des similitudes avec la Mesnie Hellequin : c’est « l’enfer de la cour » selon l’expression de Laurence Harf-Lancner, « représentation imaginaire commune à tous [les] clercs courtisans36 » évoluant à la cour d’Henri II, personnage lui-même peint comme foncièrement infernal. N’a-t-il pas enlevé et épousé la femme de son suzerain, Aliénor, pour l’abandonner ensuite, en lui préférant les relations adultères avec la rosa immunda, la meretrix publica, Rosamonde Cliffort ? N’a-t-il pas idolâtré ses enfants tant qu’ils étaient petits, pour ensuite se détourner d’eux et leur infliger des traitements indignes d’un père, ces fils désormais considérés comme une « vengeance du ciel37 » qui se déchireront ensuite à leur tour entre eux ? Gautier Map fait de la cour d’Angleterre une sorte de purgatoire ambulant, un locus penalis très proche des peintures de l’enfer où défilent en cortège les vices et les démons dans une danse folle et terrifiante. Pierre de Blois, dans son Epistola XIV ad sacellanos aulicos regis Anglorum de 1175, dit : Nunc autem sunt martyres saeculi, mundi professores, discipuli curiae, milites Herlewini38. De cette peinture infernale de la cour sort naturellement, par extension, le portrait « du mauvais roi39 ». La familiarité naturelle du roi avec le divin se dénature jusqu’à la conclusion d’une sorte de pacte avec les forces infernales : c’est bien ce que représente ici Hellequin et sa Mesnie de damnés !
Le Fils Méhaignié
16De père en fils, notre lignage est ainsi méhaignié. Tous ces crimes trouvent leur source et leur explication dans la logique de l’héritage.
L’Ancêtre monstrueux
17L’accumulation de tant de malédictions exige une explication radicale, originelle, et en voici une : l’Ancêtre des Plantagenêts – donc d’Arthur, donc de Herla – serait en effet une créature diabolique, un démon succube que son refus d’assister à la Consécration a fini par démasquer : quand « elle se vit retenir par quatre chevaliers […], elle rejeta aussitôt son manteau par lequel ils la tenaient, abandonna ses deux plus jeunes fils qu’elle gardait sous le pan droit de son manteau, et, prenant les deux autres – qui se tenaient à sa gauche – sous son bras, s’envola par la fenêtre de l’église » ; c’était « une comtesse d’Anjou, d’une magnifique beauté, mais d’origine inconnue40 ». Avec un pareil héritage, comment s’étonner des déchirures de cette famille ? Richard Cœur de Lion évoque lui-même cette légende pour expliquer sinon pour excuser les débordements criminels de sa famille. La légende de l’ancêtre monstrueux n’est pas propre à la famille des Plantagenêts ; ainsi, Mérovée, le fondateur de la lignée royale des Mérovingiens serait le fruit de l’union de sa mère avec un monstre, un qinotaurus41 ! Cependant, dans la famille d’Angleterre le poids de l’héritage infernal est double, car Aliénor apporte de son côté un ancêtre diabolique au lignage selon une légende rapportée par Philippe Mousket42 : les comtes d’Aquitaine eux-mêmes ont pour ancêtre le diable qui, pour l’occasion, a pris les apparences d’une merveilleuse jeune fille que le comte rencontre lors d’une partie de chasse au cœur de la forêt, à côté d’une source. Qu’on juge donc du préjudice qui pèse sur la malheureuse descendance !
La terre gaste ou la folie du Roi
18 Quant le chief est malade, tous les membres se deulent, dit l’auteur de Perceforest, reprenant un proverbe ancien43. Les guerres royales, à la fois causes et conséquences du méhaign familial rendent stérile et impur le royaume, ce qui favorise, d’après Guillaume d’Auvergne, la prolifération démoniaque et l’apparition du cortège nocturne. Or, « l’une des fonctions essentielles du roi est de neutraliser les puissances du Mal et de canaliser vers la société […] les forces du bien44 » : s’il ne le fait plus, c’est alors l’invasion de la désolation, comme le détaille de manière dramatique l’auteur de la Queste45 :
Si en avint si grant pestilence et si grant persecucion es deus roiaumes, que onques puis les terres ne rendirent as laboureors lor travaus, car puis n’i crut ne blé ne autre chose, ne li arbre ne porterent fruit, ne en l’eve ne furent trové poisson, se petit non. Et por ce a len apelee la terre des deus roiaumes la Terre Gaste, por ce que par cel doulereus cop avoit esté agastie.
19On sait bien que c’est la blessure du Roi Méhaignié qui vaut à sa terre la stérilité : Perceval, s’il avait posé la question magique ou plutôt sacrée, aurait ramené la justice, la prospérité dans le royaume46. Ainsi donc, les rois, responsables de l’ordre des choses, à cause de leur péché, ont entraîné la ruine du pays, et leurs dons surnaturels, d’ordinaire « destinés à procurer le bien-être du groupe tout entier47 », deviennent inopérants. En même temps, les rois sont alors frappés d’une forme aiguë de fatigue, de celle qui fait s’endormir Arthur au milieu de la cour plénière48, une forme sévère de mélancolie, de celle qui fait méconnaître à Perceval la stature royale de l’homme pensis affalé devant lui49. Notons que le cas est déjà attesté dans la Bible à travers deux rois fondateurs, Saül puis David50. Or, la mélancolie, « flègme tiède, nous ramène au diable : la faute d’Adam coïncide rigoureusement (in ipso momento) avec l’apparition de la mélancolie dans le corps51 ». Ainsi, la terre est gaste parce que le roi est devenu mélancolique. Et, coïncidence curieuse, saint Augustin, qui a notamment dénoncé l’inceste comme cause profonde entraînant le désordre de la société52, semble détenir le remède et de la faute et de ses conséquences : Arthur, au début du Perlesvaus (épisode du rêve de Cahus), frappé de mélancolie, part l’invoquer dans sa chapelle pour être guéri de son acedia :
Ge n’é volenté de fere largesce ne chose qui tort a honeur ; ainz m’est mes talenz muëz en floibece de cuer, e par ce sé ge bien que ge per [t] mes chevaliers e l’amor de mes amis. – Sire, dist la roïne, se vos aliez a la chapele Saint Augustin, qui est en la Blanche Forest, […] je cuit que vos avriez talent de bien fere au reperier.53
Le retour du Roi ou le miracle royal
20Une seule solution à tant de malheurs imbriqués et apparemment inextricables : le Roi doit guérir, revenir, c’est notoire54, pour rétablir l’ordre originel, la justice et la fertilité. Mais avant ce terme incertain, Arthur – Hellequin – revient déjà de nuit. L’Ancêtre attend son heure dans l’Etna et deviendra ainsi son propre successeur en venant régénérer son lignage blessé. D’ailleurs, il est attesté que parmi les dons surnaturels du Roi, l’on compte celui de guérir des maladies dont les écrouelles sont les plus connues. Henri II Plantagenêt était particulièrement réputé pour pratiquer l’attouchement des scrofuleux. Or, on appelait les écrouelles « le mal le roi » ou « King’s Evil », génitif ambigu s’il en est ! Le roi serait donc par définition autant susceptible de donner les écrouelles et, de manière plus générale, le mal qu’il a en même temps le privilège de pouvoir guérir55 ? Or, Corbény, le sanctuaire de saint Marcoul où se pratiquait ce miracle royal, surtout à partir de saint Louis il est vrai, c’est Corbénic, le siège du château du Roi Pêcheur, comme le suggère Philippe Walter56.
21Galaad guérira le Roi Méhaignié grâce au sang de la lance christique, sang dont par le lignage, il est lui-même l’héritier57 ! La logique de la substitution que nous avons observée notamment à travers le « remplacement » de la Mesnie Hellequin par la « Mesnie Arthur » ou même la « Mesnie Henri II », serait donc en réalité une logique d’auto-guérison, ce qui nous ramène au temps cyclique du mythe.
Conclusion : le Premier Roi
22Qui est le père, qui est le fils ? Le nom peut être trompeur : Lancelot s’appellerait en réalité Galaad (Li rois Bans estoit viex hom et sa feme jovene et molt estoit bele et boine dame et amee de boine gens ; ne onques de lui n’avoit eu enfant que. I. tout seul qui valés estoit et avoit non Lancelos en sournon, mais il avoit non en baptesme Galaaz58), et par conséquent « le fils est comme la réincarnation du père ou, tout au moins, son parachèvement » : « le père meurt à lui-même pour renaître dans son fils59 ». Tout cela repose sur l’Ancêtre Commun, dont le roux roi David peut être considéré comme l’emblème : Galaad en effet descend de lui aussi bien du côté de son père que de sa mère60. Si l’on se penche un instant sur l’archétype du Roi Méhaignié, on constate de curieuses coïncidences, une identité troublante de trois noms jouant entièrement sur la parenté entre les bilabiales b, p et v, ainsi que entre les nasales n et m. Relation incestueuse, encore ? Le Roi Méhaignié en effet est appelé Roi Parlan, alors que son Père est le Roi Lambar ; et leur ennemi, c’est Varlan61 ! Simple curiosité liée au goût de l’anagramme62 ? Liée surtout à ses ressources en termes de senefiance : ce qui paraît différent est identique ; nous avons affaire à autant de répliques royales du même Ancêtre initial.
23La conjonction de nos trois rois, ces personnages issus de l’histoire et de la littérature, dans cette époustouflante cohérence de l’imaginaire, se greffe ainsi sur une réminiscence mythique autour de la figure du « premier roi » liée au thème de l’« Absconditio » : la carrière de ce roi « est mystérieusement prolongée par une retraite mystique qui l’installe provisoirement […] dans un au-delà ou un espace marginal, dont il ressortira un jour pour récupérer son trône ou exterminer les puissances du mal63 ». Comme le montre la légende d’Herla et celle d’Arthur, son éviction temporaire peut être le résultat d’un changement de régime ou de souve causé par une invasion. Mais le roi attend le moment de sa revanche – d’où ses apparitions cycliques, cette « mort » qui n’est donc qu’apparente – pour restaurer sa royauté, sa souveraineté et les valeurs qui s’y rattachent. Et Henri II dans tout cela ? Justement, la Mesnie Hellequin n’a plus été vue précisément depuis son avènement ! Cela voudrait donc dire que le Premier Roi est revenu, qu’Henri II, en réalité… Mais laissons le Plantagenêt à ses préoccupations curiales et que le mythe ait le dernier mot ! Et le mythe, avec en son cœur la grande problématique de la temporalité, de la mort et de la renaissance, nous l’avons vu, dit que lorsque les temps seront accomplis, l’éternité immuable se substituera au temps fuyant, guérissant les blessures par sa « sagesse » infinie – n’en déplaise à Morgane – définitivement enfin.
Notes de bas de page
1 M. Bloch, Les rois thaumaturges. Étude sur le caractère surnaturel attribué à la puissance royale particulièrement en France et en Angleterre, 1924, nouvelle édition Paris, Gallimard, 1983, p. 75.
2 De nugis curialium I, 11. Courtiers’s Trifles, éd. et trad. en anglais M. R. James, 1914, revue par C. N. L. Brooke et R. A. B. Mynors, Oxford, 1983. Traduction de J. -C. Schmitt, Le corps, les rites, les rêves, le temps. Essais d’anthropologie médiévale, Paris, Gallimard, 2001, p. 362-365.
3 C. Lecouteux, « Chasse sauvage/Armée furieuse. Quelques réflexions », in Ph. Walter, dir., Le mythe de la Chasse sauvage dans l’Europe médiévale, Paris, Champion, 1997, p. 27.
4 Gervais de Tilbury, Otia imperalia, III, n° 58, éd. G. W. Leibniz, Scriptores rerum Brunsvicensium, I, Hanovre, 1707, p. 987 sq. ; trad. A. Duchesne, Le Livre des Merveilles, Paris, Les Belles Lettres, 1992, p. 152.
5 Etienne de Bourbon, Tractatus de diversis materiis predicabilius, repris dans Anecdotes historiques, légendes et apologues tirés du recueil inédit d’Etienne de Bourbon, par A. Lecoy de la Marche, Paris, 1877, § 365, p. 321-322.
6 Cf. K. Ueltschi, « Sybille, Arthur et sainte Agathe : les monts italiens comme carrefour des autres mondes », à paraître in M. Lecco, dir., Materiali arturiani nelle letterature di Provenza, Spagna, Italia, Alessandria, Ed. dell’Orso, 2006, p. 142-164.
7 Gervais de Tilbury, op. cit., p. 151-152. Cf. aussi Geoffroy de Monmouth, Vita Merlini, éd. E. Faral, in La légende arthurienne. Études et documents, t. 3, Paris, Champion, 1929, v. 929-940.
8 Le Conte du Papegau, publié par H. Charpentier et P. Victorin, Paris, Champion, « Classiques du Moyen Âge », 2004, §, 20, p. 94 : Sire, ce dist la Dame sans Orgueil, je suis seur Morgaine, la fee de Mont Gibel. Dans le Roman de Jaufré, nous rencontrons aussi une fée de Gibel qui cependant ne porte pas le nom de Morgane. Un peu plus tard, vers 1380 le Catalan Guillem de Torroella écrit un poème intitulé « La Faula » dans lequel le narrateur fait un voyage merveilleux dans le pays de Morgane : le poète le situe dans une caverne de l’Etna, où, dit-il, séjourne également le roi Arthur. Cf. M. Stanesco et M. Zink, Histoire européenne du roman médiéval, Paris, PUF, 1992, p. 65.
9 « Morgue la sage », i. e. la savante, Yvain, v. 2949, éd. M. Roques, Champion, 1982. G. de Monmouth, Vita Merlini, éd. citée, t. 3, v. 920-921 : « Morgen ei nomen, didictque quid utilitatis/Gramina cuncta ferant, ut languida corpora curet ».
10 Ph. Walter, Arthur, l’Ours et le Roi, Paris, Imago, 2002, p. 137.
11 Voir C. Lecouteux, Mélusine et le Chevalier au Cygne, Paris, Imago, 1982. Deuxième remise à jour, Paris, Imago, 1997, p. 45 sq. Christine Ferlampin-Acher, Fées, bestes et luitons. Croyances et merveilles, Paris, Presse de l’Université de Paris-Sorbonne, 2002, p. 56.
12 E. Bournazel, « Mémoire et parenté (le problème de la continuité dans la noblesse de l’an Mil) », in R. Delort, dir., La France de l’an Mil, Paris, Le Seuil, 1990, p. 114-124, p. 121.
13 M. Aurell, L’Empire des Plantagenêts, 1154-1224, Paris, Perrin, 2003, p. 23.
14 De nugis curialium, IV, 13 et I, 11.
15 M. Aurell, op. cit., 2003, p. 35.
16 E. Bournazel, art. cité, p. 117.
17 L. Harf-Lancner et E. Pinto-Mathieu, « Alexandre le Grand, Herla King et le roi des nains : l’utilisation politique d’un scénario mythique », D. Hüe & Ch. Ferlampin-Acher, dir., Le Monde et l’Autre Monde, Orléans, Paradigme, 2002, p. 195-209, p. 209.
18 Ph. Walter, Perceval, le pêcheur et le Graal, Paris, Imago, 2004, p. 244.
19 M. Aurell, op. cit., 2003, p. 35.
20 Orderic Vital, Historia ecclesiastica, VIII, 17, éd. M. Chibnall, Oxford, 1973.
21 Codex Runensis (milieu du xiiie siècle), publié par O. Driesen, Der Ursprung des Harlekin. Ein kulturgeschichtliches Problem, Berlin, Alexander Duncker, 1904, p. 236-237.
22 Cf. Ph. Walter, Arthur, l’Ours et le Roi, op. cit., p. 130 et 131.
23 Éd. A. Pauphilet, Paris, Champion, 1984, p. 209, li. 14 sq.
24 A. Strubel, Ch. de Saulnier, La Poétique de la chasse au Moyen Âge, Paris, PUF, 1994, p. 221, 222 et 223.
25 Ph. Walter, Arthur, l’Ours et le Roi, op. cit., p. 135.
26 Raban Maur, De rerum nat., VIII, I, CXI, 226. Pour saint Augustin le diable est défini comme « pessimus venator mundi », Sermon LI, PL XXXVIII, 334. Cité par Jacques Voisenet, Bêtes et Hommes dans le monde médiéval. Le bestiaire des clercs du veau xiie siècle, Turnhout, Brepols, 2000, p. 221.
27 Didot-Perceval, éd. W. Roach, University of Pennsylvania Press, 1941, p. 277 (ms E).
28 Voir dans le présent volume sa contribution « « Enfants sans père et fils du diable ».
29 Le Conte du Graal ou le Roman de Perceval, éd. W. Roach, Genève, Droz, 1959, v. 4671-4682.
30 Voir à ce sujet J. G. Goutebroze, « La conception de Mordred dans le Lancelot propre et dans la Mort le Roi Artu. Tradition et originalité », in J. Dufournet, dir., La Mort du roi Arthur ou le crépuscule de la chevalerie, Paris, Champion, 1994, p. 113-131. Nous trouvons une légende semblable au sujet de Charlemagne qui serait le père et non pas l’oncle de Roland. G. Goutebroze (p. 121) cite notamment la Karlamagnus saga islandaise, le Ronsasvals, le Mireur des histors, le Livre de saint Charles de Zurich.
31 M. Aurell, op. cit., p. 51. Une autre version rapporte qu’Aliénor aurait été forcée par Geoffroy de Plantagenêt dans la propre maison du roi de France son époux. Cf. Ph. Ariès, G. Duby, dir., Histoire de la vie privée, Paris, Le Seuil, 1985, t. 2, p. 93. Voir aussi sur d’autres rumeurs C. Lecouteux, Mélusine et le Chevalier au Cygne, op. cit., p. 36.
32 M. Aurell, op. cit., p. 47.
33 « Einsi ocist li peres le fill, et li filz navra le pere a mort. » La Mort le Roi Artu, éd. J. Frappier, Genève, Droz, TLF, § 191, 1-2.
34 Reproduction dans J. -C. Schmitt, Les revenants. Les vivants et les morts dans la société médiévale, Gallimard, 1994, p. 119.
35 « Nous, qui provenons du diable, reviendrons au diable. » M. Aurell, op. cit., p. 7.
36 L. Harf-Lancner, « L’enfer de la cour d’Henri II Plantagenêt et la Mesnie Hellequin », L’État et l’aristocratie (xiie-xviie siècle), Paris, École Normale Supérieure, 1989, pp. 27-50, p. 27.
37 E. Türk, Nugae Curialium. Le règne d’Henri II Plantegenêt, Droz, 1977, p. 118.
38 PL 207, col. 44.
39 L. Harf-Lancner art. cité, p. 30.
40 M. Aurell, op. cit., p. 48-49.
41 Cf. Ph. Walter, Galaad, le pommier et le Graal, Paris, Imago, 2004, p. 98. On peut aussi évoquer le lignage d’Alexandre d’après Albéric de Pisançon : son père magicien l’aurait engendré en ayant pris la forme d’un dragon.
42 Ph. Mousket, Chronique rimée, éd. Reiffenberg, Bruxelles, 1836-1845, v. 18722-18767, cité in L. Harf-Lancner, Les fées au Moyen Âge. Morgane et Mélusine : la naissance des fées, Paris, Champion, 1984, p. 399-400.
43 Perceforest, éd. G. Roussineau, Genève, Droz : Deuxième partie, t. 1, 1999, § 269, 5.
44 D. Boutet, Charlemagne et Arthur ou le roi imaginaire, Paris, Champion, 1992, p. 211.
45 La Queste del Saint Graal, éd. A. Pauphilet, Paris, Champion, 1984, p. 204, li. 22-28.
46 Le Roman de Perceval ou le Conte du Graal, éd. cit., v. 4671-4682.
47 M. Bloch, op. cit., p. 57 et 60.
48 Chrétien de Troyes, Yvain ou le Chevalier au Lyon, éd. Mario Roques, Paris, Champion, 1982, v. 52.
49 Le Roman de Perceval ou le Conte du Graal, éd. cit., v. 927-929.
50 Cf. J. M. Fritz, Le discours du fou au Moyen Âge, xiie-xiiie siècles. Étude comparée des discours littéraire, médical, juridique et théologique de la folie, Paris, PUF, 1992, p. 66-67.
51 Ibid., p. 230.
52 M. Aurell, op. cit., p..
53 Perlesvaus. Le Haut Livre du Graal, éd. W. A. Nitze et T. A. Jenkins, New York, Phaeton Press, 1972, li. 88-93, p. 26-27.
54 Cf. Giraud de Barri, Speculum Ecclesiae, cité par A. Chaou, op. cit., p. 217, et E. Faral, op. cit., t. 1, p. 225 : Edmond Faral y démontre l’importance de la diffusion de la croyance en un retour du roi Arthur et cherche à établir son origine.
55 M. Bloch, op. cit., p. 52-53.
56 Galaad, le pommier et le Graal, op. cit., p. 129-130.
57 Voir aussi le cas de Gadiffer qui sera guéri par Olofer, un de ses descendants lui ayant apporté l’ongnement qui fut fait de la molle du dent au porc merveilleux dont le gentil roy fut navré (Perceforest, éd. G. Roussineau, Genève, Droz : Deuxième partie, t. 1, 1999, § 242, p. 138).
58 Lancelot, roman du xiiie siècle, éd. A. Micha, Genève, Droz, 1978-1983, 9 vol., t. VII, p. 1.
59 Ph. Walter, Galaad, le pommier et le Graal, op. cit., p. 83-84 et p. 88.
60 Ibid., p. 143.
61 Voir à propos de cette confusion, ibid., p. 125-126, n° 42. Évoquons à ce propos également un autre souverain vieillissant d’une Gaste Cité : Lampart. Renaud de Beaujeu, Le Bel Inconnu, publié par M. Perret, Paris, Champion, 2003, v. 2523.
62 J. Ribard, Le Moyen Âge, littérature et symbolisme, Paris, Champion, 1984, p. 85.
63 F. Delpech, « Le Chevalier-Fantôme et le Maure reconnaissant, remarques sur la légende de Muño Sancho de Finojosa », Ph. Walter, dir., Le mythe de la Chasse sauvage dans l’Europe médiévale, op. cit., p. 73-123, p. 115.
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