L’illustre lignage de Cornuälle dans le Roman de Silence
p. 85-98
Texte intégral
1En affirmant s’appeler Heldris de Cornuälle, l’auteur du Roman de Silence, à la fin du xiiie siècle, semble suggérer qu’il appartient lui aussi au lignage de son héroïne, Silence, fille de Cador, comte de Cornouailles, et descendante de Gorlain, duc de Cornouailles… Qu’il s’agisse d’un simple subterfuge d’auteur en mal de paternité littéraire ou de la réalité, cette étonnante coïncidence invite à s’intéresser au lignage de Cornuälle, à sa composition, à sa représentation littéraire et, au-delà, à la revendication faite par Heldris dans ce roman. Examiner le choix de ce lignage offre, en effet, de mieux comprendre la façon dont est fabriqué ce curieux roman : c’est mettre en évidence toute une série de discordances inattendues et répétées qui donnent à cet ouvrage sa physionomie si particulière et si retorse aux étiquetages, aux classements. Cela implique de se situer à un triple plan. Au plan actantiel, tout d’abord, la part de l’héritage conservée dans les personnages rattachés à ce lignage au sein du Roman de Silence permet d’approcher les influences subies et d’apprécier plus précisément, dans le jeu intertextuel, l’appartenance de ce roman à la matière arthurienne. Au plan narratif, ensuite, la façon dont ce lignage est exploité souligne l’originalité de la réception faite par l’auteur et la manière dont celui-ci procède dans la réécriture des données : par-delà une esthétique du décalage très déroutante, mais finalement assez typique des romans de la fin du xiiie siècle, la présence continuelle du lignage de Cornouailles, au premier plan dans le feu de l’action, sert résolument la cohérence. Au plan de l’auteur, enfin, le rattachement à la Cornuälle, Cornouailles anglaise, Cornouaille armoricaine, ou encore à un village nommé Cornouaille, vient alimenter, pour finir, la question de la signature sous un nom d’auteur, vrai ou faux, telle qu’elle se pratique à l’époque médiévale, parce que le nom affiché est, une fois de plus, surdéterminé dans le monde fictionnel et sans référent défini dans la réalité de l’époque1.
Le lignage de Cornuälle dans l’héritage actantiel : l’appartenance à une matière
2La reprise des personnages a beau être, pour nous, modernes, un procédé difficile à apprécier dans ses effets (quelle était vraiment la part de connaissances de ce public médiéval de roman, que l’on se plaît à évoquer traditionnellement comme aristocratique et cultivé ?), il est cependant possible de supposer que ce principe, hier comme aujourd’hui, est propre à construire l’épaisseur et la cohérence du monde romanesque, indépendamment de son devenir ou de celui des personnages, indépendamment de toute chronologie de détail. Par récurrence, ces personnages présupposés déjà connus font bénéficier de leur notoriété les nouveaux personnages, ainsi installés dans un monde qui, quoique nouvellement créé, n’est pas totalement étranger au public. Ce qui est en jeu, comme l’a montré par exemple Richard Trachsler2, c’est l’élaboration d’un univers d’attente préconstruit et l’appartenance à une matière.
3D’emblée, aux côtés de personnages inventés de toutes pièces (comme le roi d’Angleterre Ebain, son épouse Eufeme, son beau-père Beghes, le roi de Norvège, Eufemie, suivante de la reine, le comte Renault, père d’Eufemie, Silence, héroïne privée socialement de son sexe, qui est la fille de Cador et d’Eufemie), sont exploités des personnages déjà présents dans des œuvres fictionnelles antérieures : si Aimon, Alexandre, Uterpendragon, Gorlain et son épouse (le nom d’Ygerne n’est pas donné), Arthur, Tristan et Iseult n’apparaissent qu’en mention dans le roman, cités par des personnages ou le narrateur, Cador, père de l’héroïne, dont l’histoire occupe environ les 1700 premiers vers du roman, et Merlin, le prophète bien connu, ici sous les traits d’un homme sauvage, à l’autre extrémité de l’histoire dans les 1000 derniers vers, font figure de personnages essentiels de l’action. Or – hasard confondant ! –, à l’exception de deux d’entre eux (Aimon et Alexandre), tous ces personnages littéraires sont justement en relation directe avec le lignage de Cornouailles, avec son histoire, telle qu’elle apparaît à la croisée de la littérature arthurienne et tristanienne, fondamentalement romanesque. Fortigerne, Uterpendragon, Gorlain et son épouse, Arthur et Merlin nous entraînent vers la fiction des origines et la conception d’Arthur. Avec Cador, c’est le mariage d’Arthur et sa cour chevaleresque qui sont ressuscités à l’arrière-plan. Enfin, Tristan et Iseut représentent, comme de bien entendu, les amants symbolisant la passion éternelle et fatale, maintes fois contée en vers et en prose. Tous ces personnages sont loin d’être, dans le Roman de Silence, de simples accessoires actantiels ; quant au fameux héritage de Cornouailles, il est exploité non sans intérêt ni originalité.
4Le nom propre est ici une piste essentielle : non seulement il permet de stabiliser les personnages dans la fiction naissante, mais il fonctionne aussi comme une ancre de la mémoire. L’évocation en mention, dans le discours, de personnages de papier particulièrement renommés, nourrit en premier, de manière substantielle, l’intertextualité. Les structures d’accueil de ces noms de personnages se moulent d’abord sur un patron comparatif : leur intervention se justifie au plan psychologique et comportemental de l’action, elle permet d’apprécier ou de comprendre les nouveaux personnages mis en scène dans le roman. Les héros sont cités comme l’incarnation d’une qualité portée à son plus haut degré. Arthur incarne la vertu à l’aune de laquelle peut se mesurer celle d’Ébain, son successeur (lointain ou non, on ne le sait pas) au trône d’Angleterre :
Ebans fu ja rois d’Engletiere,
Si maintint bien en pais la terre.
Fors solement le roi Artu
N’i ot ainc rien de sa vertu
Ens el roiame des Englois. (v. 107-11)
5Tristan et Iseut, de manière très convenue, sont là pour évoquer la passion dévoratrice de la reine pour Silence travestie en homme :
Car onques Tristrans por Izelt,
Ne dame Izeuls por dant Tristran
N’ot tele angoisse ne ahan
Com eult Eufeme la roïne
Por le vallet ki ert meschine. (v. 3700-04)
6Merlin, à son tour, est pris comme étalon de la parole de vérité, ce qui incite la reine à croire à son ancienne prophétie pour se débarrasser définitivement du jeune chevalier Silence :
[…] Rois Fortigierne
Fist une tor jadis ovrer
Mais ne pot machon recovrer
Ki peüst faire ester la tor.
Ja tant n’i atrasist d’ator,
L’uevre del jor fondi la nuit.
Sire, oiés, si ne vos anuit.
La tor ne pot nus faire estable
Fors sol Merlin, fil al diäble,
Car altre pere n’oit il onques,
Merlins ert petis enfes donques.
Il fist la tor al roi ester,
Et donc n’i volt plus arester ;
Mais il dist donc, ains qu’en alast
Et que la tor adevalast,
Qu’il seroit encor si salvages Et si fuitils par ces boscages, Ja n’estroit pris, n’ensi, n’ensi,
C’est verité que jo vos di,
Se ne fust par engien de feme.
Bials chiers sire, cho dist Eufeme,
Il a bien averé encore.
Et savés que vos ferés ore ?
Dites Silence que il pregne
Merlin et prison le vos renge. (v. 5784-5808)
7Ensuite, et le dernier exemple le suggère aussi, c’est comme points d’attache historique ou chronologique que ces personnages interviennent. Les mentions de Gorlain et de son épouse, d’Uterpendragon, celles d’Arthur et de Merlin trouvent leur justification dans un retour en arrière qui opère la transmission du passé vers le présent ou plutôt, selon une logique de la diégèse ici rétroverse, qui propulse le présent de l’énoncé vers le passé, seul capable d’expliciter les dessous du présent, de le rendre compréhensible. Se trouve ici évoqué un jalon essentiel de l’histoire du lignage de Cornouailles dans lequel s’origine la naissance d’Arthur, fruit d’une union forcée imaginée et conduite par Merlin (rappelée v. 6140-60).
8Pourtant, tous ces personnages, qui relèvent du fonds roulant du personnel arthurien3, parce qu’ils ne sont que cités, semblent imposer simplement une complicité littéraire et culturelle, qui présuppose connues les origines de la matière de Bretagne et installe cet univers en toile de fond narrative. Tout autres apparaissent les personnages de Merlin et de Cador, actants de premier plan. Si le personnage de Merlin, convoqué pour dénouer l’intrigue du roman tel un deus ex machina, a bénéficié des faveurs analytiques de la critique4 (ce qui justifie le fait que je ne m’attarderai pas sur lui dans cette étude), le personnage de Cador, futur père de Silence, est quant à lui passé inaperçu et a échappé aux commentaires. Pourtant, quoique discrète, cette présence est doublement intéressante. Elle fait signe au public, dès les premiers vers, pour lui dire dans quel univers il est plongé, en dépit d’un roi d’Angleterre inconnu sur lequel vient de débuter le roman : c’est apparemment le monde arthurien. Elle est aussi particulièrement instructive pour approcher cette esthétique du décalage qui semble rayonner sur le Roman de Silence.
9Dans la tradition arthurienne5, il existe en effet deux personnages du nom de Cador, tous deux liés à la terre de Cornouailles, ce qui justifie leur appellation commune fréquente de Cador de Cornouälle. L’Historia Regum Britanniae de Geoffroy de Monmouth et, dans son sillage, le Roman de Brut de Wace présentent un Cador, duc, roi ou comte de Cornouailles : il appartient à la cour d’Arthur et fait partie du cercle de ses intimes ; dans ces deux textes, c’est lui qui a élevé la reine Guenièvre6, dont Wace précise qu’elle est une de ses proches cousines ; c’est à son fils Constantin, enfin, qu’Arthur, blessé à mort, sans enfant, confie son royaume en attendant de revenir d’Avalon où il se fait transporter : on se souvient que c’est sur ce legs que s’achève à proprement parler la geste arthurienne des Bretons, aussi bien chez Geoffroy de Monmouth (Historia, 178) que chez Wace (Brut, v. 4725-28). C’est ce même Cador qui, semble-t-il, intervient également dans la Vulgate Merlin lors du combat contre l’armée de Luce. Par ailleurs, il existe un autre personnage nommé Cador, vaillant chevalier d’Arthur, qui revient de façon récurrente dans les romans en vers et en prose. Tantôt, comme dans la Première Continuation de Perceval, il désigne le fils du roi de Cornouailles, frère de Guignier, mari d’Ydain, ami de Caradoc ; tantôt, il désigne un roi breton : dans Floriant et Florete, presque toujours nommé dans le sillage de Caradoc, il n’est pas autrement précisé, mais dans Escanor, il est roi du Norhumberlande, père d’Andrivete, et, dans le Roman de Claris et Laris, il est roi d’Irlande (comme Elidus, cependant, dans le même roman…), et aussi roi de Cornouailles (comme le roi Marc, également mentionné, ce qui ne va d’ailleurs pas sans difficulté…). Ainsi, dans l’esprit du public découvrant le Roman de Silence, le nom Cador, donné à un preux chevalier, parent du roi d’Angleterre, rattache à la matière de Bretagne l’histoire contée, même si la transplantation opérée va de pair avec une première distorsion d’ordre chronologique, puisque l’époque choisie n’est pas, n’est plus, de toute évidence, celle du roi Arthur, et qu’elle est rejetée dans un passé relativement flou mais semblant bien révolu. Car assurément, comme le déclare Richard Trachsler :
La pierre angulaire de la matière […] est le personnage. […] On peut ainsi proposer de voir dans les noms propres l’élément le plus efficace pour reconnaître avec certitude un univers littéraire7.
10Mais ce n’est pas tout : accroché à des noms qui l’étiquettent de façon plus ou moins lisible, orientant le roman vers l’imaginaire arthurien, le lignage de Cornouailles intervient aussi de manière décisive au cœur de l’action du Roman de Silence, exploitant, non sans malice ou ingéniosité, des présupposés de son histoire, propices, là encore, à de nouvelles distorsions.
Le lignage de Cornuälle dans le feu de l’action : miroitements narratifs
11Au-delà des noms qui nous font signe parce qu’ils sont des repères, la convocation explicite du lignage de Cornouailles joue en effet comme un principe de structuration forte au plan narratif : ce lignage devient un vecteur particulièrement dynamique de l’action, propulsant l’histoire de manière étonnante dans des moments dramatiques ou riches en péripéties. À plusieurs reprises, son extension, son existence ou sa composition interviennent au premier chef pour déterminer l’action : le lignage de Cornouailles est à la fois un fil directeur et un agent de cohérence. Ce constat est d’autant plus essentiel qu’il contrebalance le jugement sévère d’une partie de la critique selon laquelle le Roman de Silence manque d’unité, sa fin, inattendue et comme rapportée, ayant été imaginée à partir de l’exploitation, directe ou indirecte, de l’épisode de Grisandole, tel que le présente l’Estoire Merlin8.
12Le personnage de Cador, comte de Cornouailles, mérite tout d’abord d’être reconsidéré de plus près. Certes, le Roman de Silence s’inspire visiblement de la double tradition existant pour élaborer ce personnage, mais, non sans habileté ou ironie, dans la première partie du roman consacré aux parents de Silence, tout l’agencement narratif tend à faire en sorte que Cador le preu9 (v. 392), neveu ou petit-fils du roi d’Angleterre, devienne ce qu’il est traditionnellement en lui-même, de naissance, dans la littérature de fiction antérieure : Li cuens Cador de Cornuälle (v. 4422). Autrement dit, l’intertextualité joue ici de manière retorse, puisque, sous un nom propre donné comme surdéterminé, Cador, référant à un personnage déjà doté d’une existence, est disjoint au début de l’histoire ce qui était jusque-là irrémédiablement conjoint en lui : la nature chevaleresque d’un noble personnage, familier du roi, et le sang du lignage de Cornouailles. Il s’agit donc de faire glisser dans les possessions de Cador cette terre de Cornouailles qui ne lui appartient pas10 : or, ce déplacement est rien moins qu’anodin, puisque l’argument narratif principal, qui va décider du destin ultérieur de Silence et motiver son histoire, est là, en germe. Au début du roman, en effet, la terre de Cornouailles est l’apanage du comte Renaut, mais, suite à la décision royale d’interdire aux filles d’hériter, celui-ci ne peut la transmettre à sa fille unique, Eufemie. Grâce à des dons croisés, à la vaillance de l’un, Cador, à la science médicale de l’autre, Eufemie, et parce que le hasard fait bien les choses (les deux jeunes gens amoureux sont mariés dans des conditions très avantageuses), tout, dans la première partie du roman converge, mine de rien, pour que cette cession soit, exceptionnellement, rendue possible. Cependant, sitôt la terre échue par alliance à Cador, désormais comte de Cornouailles par la mort rapide de son beau-père, le problème se pose de nouveau avec la naissance de sa fille, Silence, à son tour privée d’héritage et, cette fois-ci, sans possibilité de faire une exception à la loi, comme cela avait été le cas pour sa mère (v. 1295-1300, 1449-62, 1583-93). La solution envisagée, on le sait, sera de contourner la loi et de la faire passer pour un garçon, en attendant des jours meilleurs.
13Dans l’histoire qui s’ensuit, l’enfant de Cador et d’Eufémie, Silence, s’illustre bientôt comme digne rejeton d’un lignage des plus fameux ; or, cette appartenance, loin d’être mise de côté ou reléguée dans les oubliettes de l’histoire, va de nouveau être portée sur le devant de la scène et y jouer un rôle décisif, faisant même basculer l’action à deux reprises (devant le roi de France, puis avec Merlin), de manière tout à fait impromptue. La mention de ses origines et son inscription dans un lignage permet d’abord à Silence de ne pas être mise à mort immédiatement lors de son arrivée à la cour de France. La lettre qui porte son arrêt de mort a déjà été remise au chancelier pour qu’il la lise au roi, mais, par courtoisie, le roi suspend cette lecture et s’enquiert auprès du beau jeune homme de ses origines :
Li rois li a dit : « Amis, frere,
Car me di ore quist tes pere.
— Sire, fait il, se Dex me valle,
Li cuens Cador de Cornuälle. »
Li rois l’acole dont et baize
Si fort que il oblie enaize
Le brief, tant por lui conjoïr,
Tant por novieles a oïr
Del roi Ebain, dont il demande.
Puis piece al cancelier comnande
A dire que li briés despont. (v. 4419-29)
14L’infernale machine mise au point par la reine Eufeme est ainsi stoppée : l’inscription dans une généalogie et, semble-t-il de manière polyphonique, dans une tradition littéraire riche des exploits du dénommé Cador, s’avère être le viatique salvateur permettant à Silence d’obtenir un répit dans la programmation narrative désastreuse qui avait été faite. Deux remarques s’imposent à propos de cette scène. D’une part, l’auteur reprend ici à son compte la dénomination Cador de Cornuälle, lexicalisée dans les romans antérieurs : en soi tout un programme publicitaire ! Mais, dans le Roman de Silence, celle-ci est comme truquée, puisque purement fabriquée. D’autre part, dans l’esprit du roi de France, comme l’indique la conduite de l’entretien transmise par l’enchaînement des vers, Cador est intimement lié au roi d’Angleterre, en l’occurrence Ebain. Le lignage paternel, entre tradition et construction, est ici, à la lettre, le sauf-conduit de Silence : il rend illustre le chevalier qui lui appartient, il suscite de la part du roi la reconnaissance d’une appartenance à la même communauté aristocratique culturelle et morale, ce que symbolise le baiser de paix qui suit, rendant impossible la mort du nouveau venu.
15Un peu plus loin dans le roman, le lignage de Cornouailles va devenir le label distinctif de l’héroïne, mais non sans ambiguïté11. Par sa prouesse qui fait d’elle le meilleur chevalier du monde, Silence est aux yeux de tous le digne fils de son père, saluée par ses compagnons d’armes français comme li vallés de Cornuälle (v. 5556, 5572) : l’origine du jeune chevalier appelé à hériter un jour de son père est ici son titre de gloire, elle lui donne son nom et son renom12. On voit par là comment l’apparence prend allègrement le dessus sur l’essence, puisque le jeune homme est une jeune fille, qui ne peut justement hériter de cette Cornouailles apportée en dot par sa mère à son père… En employant pour la première fois cette appellation laudative qui exhibe la filiation de Silence, l’auteur reprend à la rime, précisément, les termes Cornouälle et valle, qui, conjoints à la rime tout au long du roman, de point en point13, comme dans un seul et même paradigme, placé sous le patronage divin (v. 4420-22), ont fait de la valeur des femmes ou de la vaillance des hommes la marque distinctive du lignage de Cornouailles :
Fille ert Renalt de Cornuälle.
N’a feme el regne qui li valle. (v. 397-398)
S’estroit il bien, se Dex me valle,
Car vostre iert tolte Cornuälle
Apriés le mort Renalt le conte. (v. 1449-1451)
Al bon Renalt de Cornuälle
Mande li rois qu’il vivie et valle. (v. 1527-1528)
Car me di ore quist tes pere.
— Sire, fait il, se Dex me valle,
Li cuens Cador de Cornuälle. (v. 4420-4422)
Monjoie ! escrient. Dex i valle !
C’est li vallés de Cornuälle ! (v. 5555-5556)
16Mais, face à Merlin capturé, comme ses récriminations le suggèrent, c’est plutôt en digne fille de sa mère, descendante de Gorlain, le duc de Cornouailles, que Silence se pose : l’origine cornouaillaise est reversée cette fois-ci du côté du sang et non plus de la simple possession du fief. En invoquant sa généalogie, Silence semble, tout simplement, s’inventer une motivation psychologique à la capture effectuée :
« Silences ai non, si isci
De mon ostel por toi tracier.
Ta mort te volrai porcacier.
— Ma mort ? dist Merlins. Tu por quoi ?
— Mes ancestres fu mors par toi,
Gorlains, li dus de Cornuälle.
Tu en morras, comment qu’il alle.
Merlin, assés le me tuas
Quant Uterpandragon muas
En le forme al duc mon a [n] cestre
Et toi fesis altretel estre
Com fu ses senescals avoec.
Uter en menas droit illuec
U il o la feme al duc giut,
Quant a Artu le preu conciut. »
Dist Merlins : « Cho fu graindres prels,
Qu’Artus nasqui, qui fu si preus
Qu’il fust damages del duc mie. (v. 6140-57)
17À y regarder de plus près, les belles raisons invoquées ne vont pourtant pas de soi et elles font intervenir, de la part d’Heldris de Cornuälle, une série d’approximations qui, une fois de plus, fabriquent un passage fort curieux. D’abord, pour la première fois, l’héroïne est prise en flagrant délit de mensonge : à la punition infligée par son souverain, elle substitue son libre-arbitre et sa volonté d’avoir entrepris, de son propre chef, la quête de Merlin. Ensuite, le rappel de son ascendance a beau être affirmé avec assurance par Silence, il manque singulièrement, en définitive, de clarté. Spontanément, on a tendance à envisager que le lignage de Cornouailles est passé des mains de Gorlain jusqu’à celles de Renaut, puis d’Eufemie, avec amoindrissement d’un duché en comté, ce qui ne pose guère de problème, puisque les deux options existaient dans les ouvrages antérieurs14. Mais, avant de mourir la nuit même où Arthur a été conçu, ce même Gorlain, dans la tradition arthurienne, n’a eu d’Ygerne qu’un enfant, Anna, future épouse du roi Loth d’Orcanie, qui donnera naissance à Mordret par inceste avec Arthur. Comment greffer sur cette branche la filiation cornouaillaise ? Faut-il se tourner plutôt vers une filiation issue d’Ygerne, puis d’Arthur, conduisant à Ebain d’Angleterre et donc à Cador, son neveu, ce qui ne pose pas moins de problème au plan de la tradition ? Ainsi, à ce point de l’histoire, la conjointure des lignages devient peu lisible : la généalogie de Silence devient pour le moins complexe et – pourquoi ne pas l’avouer ? – passablement embrouillée. Un dernier point mérite cependant d’être encore souligné : en mettant en avant son ascendance cornouaillaise censée justifier sa quête, Silence met en jeu, à son corps défendant, sa nature féminine, restée cachée jusque-là aux yeux de tous, mais forcément devinée par l’enchanteur capturé, dont le public connaît la fameuse prophétie ; mais l’effet attendu en est ici déplacé avec la capture de Merlin et non pas son « enserrement15 ». En apparence, le lignage censément moteur de l’action, mis en avant par l’héroïne, dévoile sa rancœur et la dette contractée par Merlin vis-à-vis du sang de Cornouailles, mais en réalité, sans dissimulation possible, il dit la nature féminine de Silence, l’héritière empêchée de Cornouailles.
18Cela étant, rien n’est explicité dans le roman, tous les ressorts lignagers demeurent implicites, sinon cachés ou tus : le lignage de Cornouailles apparaît comme la description identifiant la plupart de ces désignateurs rigides que sont les noms propres du roman16. Non sans malice, il fait allègrement passer le public tantôt du côté maternel, tantôt du côté paternel, comme si de rien n’était, ou comme si cela importait peu, en définitive… Dans les faits, cela conduit inexorablement à jeter un voile dissimulant la précision des origines, à faire du lignage une sorte de prête-nom commode inscrivant Silence, en bout de chaîne diégétique, dans une illustre famille et une seule, celle de Cornouailles plutôt que celle d’Angleterre : et l’inceste final, qui conduit le roi d’Angleterre Ebain à prendre justement pour femme la jeune héroïne, future héritière restaurée à la tête de la Cornouailles, n’en est que moins apparent.
19Que les questions de paternité et de filiation soient inscrites si profondément au cœur du Roman de Silence trouve à s’exprimer encore dans le choix du nom de l’auteur, dernier avatar perceptible du lustre attaché à ce lignage.
Le lignage de Cornuälle comme copyright : la réalité au miroir de la fiction
20En effet, dans ces conditions, affirmer s’appeler Heldris de Cornouälle paraît être une coïncidence pour le moins extraordinaire… On ne possède pas d’autres attestations de ce nom, en dehors du Roman de Silence, et on n’est, certes, guère surpris de constater, au moins en l’état des recherches actuelles, que l’on ne trouve pas trace d’un quelconque personnage historique qui se serait appelé ainsi. La problématique du pseudonyme d’auteur est bien connue, notamment depuis les tra pionniers de Roger Dragonetti et ceux, qui ont suivi, d’Anne Berthelot17 :
Ainsi la littérature ouvre les noms à leur espace de jeu, à commencer par le pseudonyme de l’auteur, qui substituent transgressivement au nom propre le surnom de son innommable désir18.
21La rhétorique mise en œuvre dans ce qui a tout l’air d’être un pseudonyme invite ainsi à l’examen.
22Le nom d’Heldris de Cornouälle apparaît à deux reprises, sous sa forme complète à l’orée du roman, dans l’incipit ouvrant le prologue, et sous sa forme réduite au seul prénom, à la fin du roman, au début de l’épilogue proprement dit :
Maistres Heldris de Cornuälle
Escrist ces vers trestolt a talle. (v. 1-2)
Maistre Heldris dist chi endroit
C’on doit plus bone feme amer
Que haïr malvaise u blasmer. (v. 6684-86)
23On retrouve ici, sous la plume de cet auteur, les données stylistiques offertes par d’autres romans antérieurs, en vers comme en prose, ce qui contribue à placer l’auteur considéré au cœur d’une communauté littéraire. Dès la seconde moitié du xiie siècle, l’auteur-narrateur, on le sait, appuie de plus en plus sa promotion sur la signature de l’œuvre annoncée, ne se satisfaisant plus de l’anonymat qui faisait (presque) l’unanimité dans l’épopée. Dans les romans de Chrétien de Troyes, par exemple, le nom de l’auteur est systématique dans tous les prologues affichés comme tels, le nom complet – véritable ou inventé, peu importe – n’apparaissant qu’une seule fois, à l’orée du premier roman d’Érec, le prénom seul revenant ensuite. Dans La Mort le Roi Artu19, également, le nom du polygraphe de la cour Plantagenêt, Gautier Map, si complaisamment et si faussement attribué à l’auteur de l’ouvrage, revient en boucle également du début (1, 1) à la fin de l’ouvrage (204, 8). L’apposition du nom dans le prologue ou l’épilogue fait figure de sceau et l’essor romanesque s’accompagne, du reste, de sa fréquence croissante en ces deux lieux de seuil, on le sait20. Si la propriété intellectuelle n’existe pas, le nom joue tout de même comme une appellation d’origine qui exprime des particularités et garantit la fiction.
24Mais, dans l’optique d’un pseudonyme, la signature ne joue pas le rôle que l’on attend d’elle, tel qu’Oswald Ducrot l’a bien mis en évidence21, puisque le propre de la signature est, en principe, de permettre 1°) d’indiquer le locuteur, « l’être désigné par le je et à qui est imputée la responsabilité de l’énoncé » ; 2°) d’établir « l’identité entre le locuteur indiqué dans le texte et un individu empirique ». Si pseudonyme il y a, il va de soi que les données sont truquées et la lisibilité de la signature, choisie pour telle ou telle raison, en devient imparfaite. Elle l’est d’autant plus que, nulle part ailleurs dans le roman, l’auteur-narrateur, pourtant si bavard et si prompt à prendre la parole, ne donne la moindre précision sur lui, sur sa condition ou sa position, sur son appartenance à une cour, sur sa dépendance d’un commanditaire, sur le lieu d’où il est originaire. Cherchant à cerner cet auteur, Lewis Thorpe, dans l’introduction qu’il donne à son édition, remarquait entre autres naguère, d’une part, l’exactitude des quelques références bibliques, convenues, que celui-ci mentionne et, d’autre part, son égal dédain pour les prêtres toutes les fois qu’il en a l’occasion, ses relatives connaissances du fonctionnement juridique et de la vie des jongleurs au sein des cours22. Rien, dans les connaissances toponymiques ou descriptives alléguées, qui peuvent toutes se tirer de quelques romans antérieurs, ne semble indiquer en particulier qu’il connaît précisément cette région de la Cornouailles anglaise ou de la Cornouaille française qu’il porte dans son nom comme une appellation d’origine contrôlée. Les lieux de Beaumont, Clermont et Château-Landon (ou Châteaulandon), cités par Heldris de Cornuälle comme seigneuries de rattachement de quelques nobles conseillers du roi de France, qu’il veut peut-être honorer, ne ramènent pas non plus, me semble-t-il en l’état de mes recherches actuelles, vers des référents spécifiquement cornouaillais, voire, par extension, armoricains, qu’il se serait agi de flatter. Ainsi, ce qui s’exprime d’emblée de manière relativement transparente par le choix opéré de la Cornuälle, c’est la revendication de la paternité littéraire du Roman de Silence qui passe par une sorte d’affiliation à la branche de Cornouailles dont un pan d’histoire est justement conté dans ce roman. Elle est proclamation que l’auteur, qui se dit fièrement clerc confirmé (comme le suggère son titre de maistre) est, de facto, le descendant très réel de tous ses personnages glorieux qui ont appartenu à cette même maison de Cornouailles, et la création entreprise s’en trouve légitimée : la réalité rejoint la fiction, la fiction trouve à s’exporter dans la réalité.
25Le prénom, Heldris, résiste davantage à l’analyse : aussi bien, autant que j’ai pu en juger, il semble fort rarement porté et dans le monde fictionnel et dans la réalité de cette fin de xiiie siècle. La critique rapproche en général ce prénom de celui de Cheldricus, d’origine germanique, présent dans l’Historia de Geoffroy de Monmouth, repris par Wace dans son Brut sous sa forme Cheldris, ou Heldris, dans certains manuscrits. Plaide en faveur de cette thèse le fait que l’auteur du Roman de Silence effectue des emprunts à ces deux auteurs ; j’y ajouterai le fait que le vaillant Cheldricus ou Cheldris/Heldris intervient dans des combats contre Cador de Cornouailles et que le duc Heldris de Sessoigne (Brut, v. 4493), intervient notamment comme allié de Mordret en rébellion contre Arthur, dans un contexte où figure aussi Cador, le familier du roi. Mais, sans exclure aucunement cette possibilité, j’aimerais également considérer une autre piste qui consiste à voir dans ce prénom HeLDRIS l’anagramme presque parfaite, troublante, du syntagme L(I) SIRE D (E). Dans la mesure où, dans ce roman tardif, les jeux sur les signifiants ont une place très importante, cette piste peut sembler assez séduisante ; peut-être aussi le fait que ce syntagme n’apparaisse pas dans le roman, comme s’il y était réservé, corrobore-t-il, à sa manière, cette hypothèse23. Elle participe de la même veine que celle qui motive le nom de l’héroïne Silence, faux neutre, aussi bien masculin que féminin en langue, partagé entre Scilencia et Scilenscius, selon un jeu de mots qui inscrit et fait entendre à la finale de ce nom l’usage, le comportement qui seront ceux de la créature :
Il iert només Scilenscius ;
Et s’il avient par aventure
Al descovrir de sa nature
Nos muerons cest -us en -a,
S’avra a non Scilencia. (v. 2074-78)
26Dans cette optique, si l’auteur est un seigneur de Cornuälle, comme il écrit sur le continent, ainsi qu’en témoigne la scripta de ce texte, peut-être faut-il tourner les recherches non pas du côté de la Cornouailles anglaise, fief de l’illustre lignage sur lequel il a centré son roman, mais plutôt du côté de la Cornouaille armoricaine, ou encore du village de La Cornouaille dans le Maine-et-Loire, relevé par Thorpe, pour autant qu’il faille attacher du crédit à cette mention des origines de l’auteur. Ainsi s’expliqueraient l’absence de toutes précisions sur la province anglaise et, à rebours, le fait que cet auteur semble connaître une palette plus étendue de toponymes français ou encore louer davantage le roi de France que son homologue anglais. On sait que les graphies médiévales ne distinguent pas les deux régions, à la différence de ce qui se pratique dans l’orthographe française : le nom médiéval de l’auteur, parfaitement amphibologique, permet de conjoindre avec bonheur et facilité les provinces situées des deux côtés de la Manche et c’est la raison pour laquelle il me semble de loin préférable de le conserver tel quel, plutôt que de le traduire, sinon malencontreusement, du moins de manière restrictive, en prenant fait et cause pour une origine plutôt qu’une autre, alors que c’est la superposition des deux qui en fait le prix.
27La manière dont le lignage de Cornuälle est présent dans le Roman de Silence donne une idée de l’originalité profonde de cet ouvrage. Plus que de réécriture, c’est de montage et de travestissement des données léguées par la tradition qu’il s’agit, subtils, voire déroutants, complexes, voire confus, jouant d’innombrables écarts qui font que ce que l’on croit reconnaître n’est jamais tout à fait là, jamais tout à fait comme on l’attendait. Du fait de la présence active et essentielle de l’illustre lignage de Cornouailles dans ce roman et de la fine récupération du personnage de Cador au moins autant que de Merlin, la matière est ainsi, bien plus qu’on ne l’a dit, arthurienne. Mais il est vrai qu’elle y est déformée, transformée, selon un parti pris récurrent qui instaure globalement, à tous les niveaux (actantiel, narratif ou même linguistique), une esthétique du décalage qui brouille les pistes à n’en plus finir. Par là, le Roman de Silence rejoint toute une lignée de romans de son époque qui subvertissent à plaisir les données de la tradition. S’intéresser à l’illustre lignage de Cornuälle permet d’en dévoiler un peu les dessous, les secrètes alchimies : le nom de l’auteur, Heldris de Cornuälle, qui en semble un avatar regorgeant de fierté, paraît en tout cas là comme une clé qui nous est offerte pour pénétrer dans cet étrange roman.
Notes de bas de page
1 Mon édition de référence sera la suivante : Le roman de Silence : A thirteenth-century Arthurian verse-romance by Heldris de Cornuälle, ed. L. Thorpe, Cambridge, W. Heffer & Sons, 1972.
2 Richard Trachsler, Disjointures-conjointures : étude sur l’interférence des matières narratives dans la littérature française du Moyen Âge, Tübingen/Basel, Francke, 2000.
3 Un personnel masculin, pourrait-on remarquer pour servir une perspective telle que celle des gender studies.
4 Voir notamment S. Menegaldo, « Merlin et la scolastique : de la coincidentia oppositorum à la quastio disputata dans Le Roman de Silence », Cahiers de Recherches Médiévales, 12, 2005, p. 211-225 et la bibliographie donnée.
5 J’excepte donc les personnages sarrasins nommés Cador que présentent quelques chansons de geste (voir les références données par A. Moisan, Répertoire des noms propres de personnes et de lieux cités dans les chansons de geste françaises et les œuvres étrangères dérivées, Genève, Droz, 1986, t. I, vol. 1).
6 Voir Geoffroy de Monmouth, Histoire des rois de Bretagne (désormais abrégée en Historia), trad. L. Mathey-Maille, Paris, Les Belles Lettres, 1992, 152 ; Wace, La partie arthurienne du Roman de Brut (désormais abrégée en Brut), éd. I. D. O. Arnold et M. M. Pelan, Paris, Klincksieck, 1962, v. 1109-11.
7 Voir R. Trachsler, Disjointures-conjointures, op. cit., p. 14 et 20.
8 Voir D. James-Raoul, « Un curieux avatar de l’Estoire Merlin : le Roman de Silence », Bien dire et bien aprandre, 13, 1996, p. 145-157.
9 On remarque ici l’épithète de nature qui est celle du personnage dans des fictions antérieures.
10 Certes l’histoire inventée n’est pas compatible avec ce que livrait la tradition sur Cador, le preu de Cornouailles, mais elle ne détonne pas non plus, en ce qu’elle permet d’expliquer les origines cornouaillaises du personnage.
11 Cette ambiguïté est à l’image globale de tout ce que propose le roman.
12 On pourrait ici mentionner la variante le vallet de Tintaguel, qui pourrait s’analyser de la même manière : elle est employée au vers 4378 et référencie le jeune garçon au lieu où habitent ses parents, à la ville où se tient la cour des comtes de Cornouailles (v. 2892), comme déjà, par exemple, dans le Roman de Brut (v. 81) ou dans le Merlin (Genève, Droz, 1980, 56, 22 ; 57, 21 ; 58, 3 et 39 ; 61,, etc.).
13 Précisément, sur les dix occurrences de Cornuälle à la rime dans le roman, cinq riment avec valle, ce verbe étant lui-même employé à la rime avec un autre mot seulement trois fois : c’est dire si le couplet réalisé est remarquable.
14 Si Gorlain est duc de Cornouailles chez Geoffroy de Monmouth et dans les romans de Merlin, celui de Robert de Boron comme celui de la Suite du Merlin, il est comte chez Wace, par exemple.
15 Voir notamment R. Trachsler, Disjointures-conjointures, op. cit., p. 124.
16 Sur cette question voir notamment l’article essentiel de Fr. Corblin, « Les désignateurs dans les romans », Poétique, 54, avril 1983, p. 199-211.
17 A. Berthelot, Figures et fonction de l’écrivain au xiiie siècle, Montréal (Québec)-Paris, Presses de l’Université de Montréal-Vrin, 1991.
18 R. Dragonetti, La vie de la lettre au Moyen Âge (Le Conte du Graal), Paris, Le Seuil, 1980, p. 30.
19 La Mort le Roi Artu, éd. J. Frappier, Genève, Droz, 1964.
20 Pierre-Yves Badel constate que, dans son corpus, sur 29 romans des xiie et xiiie siècles, 14 affichent un nom d’auteur dans le prologue (« Rhétorique et polémique dans les prologues de romans au Moyen Âge », Littérature,, 1975, p. 90). De même, environ la moitié des romans examinés par Michèle Perret (23 sur 45) présentent explicitement, fût-ce dans le cadre d’une énigme, un nom d’auteur (« Les types de fins : modèles et déviances », Bien dire et bien aprandre, 19, 2001, p. 194-95).
21 O. Ducrot, Le dire et le dit, Paris, Minuit, 1984, p. 194-195.
22 L. Thorpe, Introduction à son édition, p. 12-17.
23 Je dois cette idée à une question de Pierre-Marie Joris, qu’il m’est agréable de remercier ici.
Auteur
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