Brouiller les traces. Le lignage du héros éponyme dans le « roman de Guiron »
p. 73-84
Texte intégral
1 Guiron le Courtois, histoire des pères : cette définition correspond dans une certaine mesure au propos des différents romans qui composent la « vulgate » du texte. Tous relatent des aventures situées au début du règne d’Arthur ; tous mettent en scène les pères des héros à venir. On rencontre ainsi le roi Meliadus, père de Tristan ; le Bon Chevalier sans Peur, père de Dinadan et de Brunor ; le Morholt d’Irlande, oncle d’Yseut. Le « roman de Meliadus », premier volet des manuscrits contenant la version de base, se présente effectivement comme l’histoire d’un père dont les aventures préfigurent celles du fils1. Par des comparaisons entre Meliadus et Tristan, par des prolepses assumées par le narrateur ou attribuées à la voix de Merlin, par des similitudes, enfin, entre les destinées du père et de l’enfant, l’écrivain dessine les traits d’une incontestable paternité.
2Il n’en va pas de même dans le « roman de Guiron », second volet de la version de base2. Guiron le Courtois, neuf de tout héritage – il n’apparaît ni dans le cycle du Lancelot-Graal, ni dans le Tristan en prose – n’est le père d’aucun héros connu. L’auteur le dote pourtant d’une famille : un long passage est consacré à sa généalogie et, en particulier, aux aventures de Febus, son bisaïeul3. Je me propose d’éclairer le sens de l’épisode en le confrontant avec une double tradition, littéraire et historiographique, que l’auteur retravaille en fonction de la cohérence interne du « roman de Guiron ». L’analyse mettra au jour des dysfonctionnements auxquels fait écho le destin familial et social du héros éponyme, étroitement lié au sort de son lignage.
Révélation d’un illustre lignage
3Au milieu de la dernière séquence du roman, consacrée aux amours malheureuses de Guiron et de Bloie4, l’auteur s’arrête, en vertu du principe de l’entrelacement, sur les aventures de Brehus sans Pitié ; il raconte ses démêlés avec une demoiselle dont il est passionnément épris, mais qui n’aspire qu’à le tuer et qui, dans ce dessein, parvient à le précipiter dans une caverne magnifiquement décorée et sculptée5. En cherchant à sortir de la grotte, Brehus entre dans une première chambre, où il voit un homme mort, étendu sur un lit ; dans sa main, un « brief » révèle qu’il a pour nom Febus et évoque de manière allusive quelques épisodes de sa vie. Après avoir lu le parchemin, Brehus s’engage dans une deuxième pièce où repose une dame de grande beauté. Autour de son lit, un automate somptueux, un arbre aux oiseaux qui diffuse, au moindre courant d’air, une douce musique. Brehus trouve dans une troisième pièce les tombes de quatre fils de Febus, dans une quatrième leurs armures. Enfin, alors qu’il vient de faire ses prières dans une dernière chambre où se tient un autel, un vieux chevalier entre. Il déclare avoir porté les armes avant le règne d’Uterpandragon et fait l’éloge des chevaliers du temps passé, tandis que Brehus proteste de la valeur de ses contemporaine. Comme le vieillard demande s’il existe encore un seul chevalier parfait, Brehus répond qu’il en est un, mais que nul ne connaît son identité : ce héros mystérieux refuse de se nommer et porte, pour toute enseigne, un écu d’or sans autre taint. Le vieil homme apprend à Brehus que ce preux est Guiron le Courtois, que Febus est son bisaïeul, lui-même son grand-père, et dresse un tableau détaillé de la généalogie familiale :
Le roiaume de Gaulle deüst estre nostres par raison, car li sire qui laiens gist si en eüst esté rois, s’il vauxist : mais il ne vaut la segnourie, ains la douna un soen frere mainsné de lui. Il fu chevalier de grant cuer et de si haute afaire qu’il ne vaut la couroune recevoir : et ele devoit estre soe, car il estoit li ainsnés freres ; il laissa la couroune pour entendre a chevalerie.
Li rois Clodeus, qui fu li premiers rois crestiens de Gaulle, fu commencement de no lignage, de ceus qui chrestiens furent. Encor vous di ge une autre chose : or saciés que li roialmes de Gaulle devroit estre de Guron, car, avant que li rois Faramons en fust corounés, em porta la couroune li peres de Guron ; et puis por dolour de moi se mist il ceiens en ceste habitation que vous ceens veés et douna celui roialme a un suen neveu. Le rois Faramont, qui orendroit porte la couroune de Gaulle, si fu ja fiex d’un nostre sers, que ge commandai a franchir. Quant cil morut a cui mes fiels avoit douné le roialme de Gaulle, il morut sans oir : Faramont, qui assés savoit mal et bien, entra adonc dedens la terre : ensint com ge sai, il i entra desloialment.
Guron ne set rien de tout ceu, il ne set de cui il fu fiex, il cuide bien que ses peres soit mors piecha : et pour ce ne sauroit il ore que respondre de toute ceste chose, qui l’en vaudroit demander la verité. Guron, il est moult gentill home : il fu estrais de par sa mere del lygnage Helayn le Gros, qui fu neveu Josept de Barimatie6.
4Le grand-père de Guiron raconte ensuite à Brehus les aventures de Febus. Ce dernier, fils aîné du roi de Gaule Heuderis, refuse la couronne pour se consacrer à la chevalerie. Il part en Grande-Bretagne, terre païenne, où il conquiert les royaumes de Galles et de Norgalles et tombe amoureux de la fille du roi de Northumberland. Celle-ci le déteste ; après plusieurs aventures, elle exige de lui qu’il tue quatre géants et qu’il l’attende dans la grotte où habitent les monstres. Febus s’acquitte de la tâche, puis, à force d’attendre la princesse, languit et tombe malade. La demoiselle finit par le rejoindre, mais trop tard : Febus expire dans ses bras. Rongée de remords, elle décide de rester auprès de lui et meurt peu de temps après.
5Le grand-père de Guiron, après ce récit, fait promettre à Brehus de ne rien révéler de ce qu’il a appris :
Vous m’avés otroié que a home ni a feme vous ne dirois nouveles de nous ne de chose que vous aiés veü chaiens, ensint que pour acoison de vos paroles viegne chaiens home ne feme ; a Guron voirement, se vous le trouvés, ne vous deffent ge mie que vous ne li diois tout plainement nouveles de nous et de tout ceu que vous avés veü chaiens7.
6Sur ce, il conduit le chevalier au-dehors de la grotte. Le conte retourne alors à Guiron qui, quelques feuillets plus loin, retrouve Bloie. Les deux amants connaissent ensemble plusieurs aventures qui les conduiront dans la geôle de Calinan, un seigneur cruel et déloyal, où Bloie accouche d’un fils avant de rendre l’âme.
7Maria Luisa Meneghetti, dans un article paru en 1987, écrit que la caverne où repose Febus est « un mausoleo del lignage di Guiron stesso » ; elle voit dans l’épisode « l’esaltazione di una linea dinastica in progress8 ». De fait, la visée du passage paraît bien être de doter Guiron d’ancêtres prestigieux : la mention d’Alain le Gros, neveu de Joseph d’Arimathie, la mention de Clovis, confèrent au héros une place éminente dans les hiérarchies terrienne et celestielle. Généalogie de Guiron et vita de Febus composent ainsi un ensemble, une construction mémorielle qui glorifie le lignage du héros. L’introduction, avec le récit enchâssé, d’un second niveau de narration, participe à la mise en scène de l’épisode, encore accentuée par son cadre concret : la caverne, avec ses soupiraux, ses différentes pièces, ses tombes et ses merveilles, est longuement décrite, comme l’est le vieillard par lequel Brehus apprend l’histoire familiale de Guiron. Le récit de l’aïeul arrive au terme d’un parcours à travers un véritable lieu de mémoire. Brehus, en découvrant l’une après l’autre les chambres de la grotte, va de tombe en tombe, en un trajet qui semble reproduire la structure familiale. Il voit d’abord le tombeau de Febus, puis celui de sa dame, enfin les tombes de ses fils, passant de la première génération à la deuxième.
8Seule objection à cette lecture, la fille du roi de Northumberland, qui repose dans la seconde pièce, n’est nullement la mère des quatre fils de Febus. Intruse dans ce caveau de famille, elle l’est aussi par sa religion d’origine – elle est païenne, quand Febus est chrétien – et par le type de monument dont est orné son lit funèbre : un automate merveilleux, qui rappelle les fallacieuses séductions orientales9. Merveille ou diablerie, la présence incongrue de cette demoiselle invite à interroger plus précisément la structure du lignage de Febus.
Dysfonctionnements
9Le manuscrit L3, œuvre d’un remanieur tardif, donne une version unique des aventures de Febus10. Le récit fait suite à un exposé généalogique qui relie le lignage des rois d’Angleterre, descendants de Brutus, aux rois de France. En effet Hector le Brun, fils du souverain anglais Brun et frère de Galehaut,
se maria et ot ung filz qui Crudens fut appellés, qui par son sens fut roy de Gaulle a cause d’une fille qu’il espousa a qui le royaume appartenoit ; et estoit celle fille descendue du lignaige de Helyn le Gros, nepveu de Joseph d’Arimathie, mais l’ystore ne fait pas grant mention de ceste matiere. Le roy Crudens ot deux filz : ly ainsnés se appelloit Phebus et ly autres Crudens come son pere. (f° 15r°)
10Febus manifeste dès son plus jeune âge des qualités exceptionnelles. À vingt ans, il décide, à l’insu de son père, de conquérir les Ysles Mescongneues,
qui estoient plaines de bestes sauvaiges et de jayans et de sy estranges monstres que nul ne le sçavroit dire ne racompter. La fist il de si grans merveilles que impossible seroit a croyre.
11Il vainc les monstres qu’il rencontre, convertit les îles au christianisme et séduit la belle Florine, qu’il épouse à son retour en Gaule.
Aprés ne demoura mie gramment que Phebus engroissa Florine, dont ot cinq filz. Ly premier ot nom Argons, le second Laimors, le tiers Naitas, le quart Altan le Bel et le quint Siraouc le Fort. Argons ot deux filz : ly ainsnés s’appelloit Fragus et fut pere de messire Guyron le Courtoys et s’en alla rendre hermite avec Argons son pere en la cave des Bruns, com vous orés. Ne raista pas gramment que Florine mourut de maladie, dont Phebus ot tel dueil de sa mort qu’il ne voult plus demourer au royaume ne avec son pere, ainçois s’en alla [16v°] parmy les estranges contrees, querant les merveilleuses adventures. Si fist tant que toute chevalerie fut renommee pour luy, et encores eust esté [plus, se ne fust] l’estrange cas qu’il luy advint qui la mort si cruelle luy procura. De ses cinq filz nostre livre n’en faict guieres de mention, pour ce que aprés qu’ilz orent receu l’ordre de chevallerie voulurent aller chercher leur pere, lequel estoit ja mort. Si se misdrent en religion en l’hermitaige ou leur pere estoit enterré, et la servirent dieu en grant honneur et reverence, ainsy que le compte le devisera plus a plain ça en avant. (f° 16r°-v°)
12Le remanieur a repris, pour cette série d’aventures, un schéma déjà éprouvé dans la version de base : Febus part en terre étrangère, abat des monstres, christianise un royaume et tombe amoureux d’une demoiselle. Mais ici, il épouse Florine, alors qu’il ne récoltait, de la part de la princesse de Northumberland, que haine et représailles, et engendre cinq fils.
13Bien que l’épisode, inventé de bout en bout, se distingue par un goût du mer et de l’extraordinaire étranger au « roman de Guiron » initial, il respecte néanmoins, pour l’essentiel, les données de la version de base11. On y reconnaît plusieurs membres du lignage de Febus, Alain le Gros, le roi Crudens-Heuderis – les deux formes alternent dans la tradition manuscrite – et, à la génération suivante, cinq enfants sacrifiés aux mânes de leur père. Le remanieur, en outre, annonce les merveilleuses adventures et la mort tragique de Febus, promettant de conter ça en avant les détails de l’affaire. Si on ne lit nulle part dans ce manuscrit l’épisode de la caverne, annoncé dans l’incipit pour une seconde partie, un second manuscrit jamais réalisé ou à jamais perdu12, il ne fait pas de doute que le remanieur ait cherché à relier son récit à l’histoire relatée dans la version de base. Ce lien est avant tout étiologique : le chagrin que ressent Febus après la mort de Florine explique qu’il quitte la Gaule pour les estranges contrees – probablement la Grande-Bretagne. Surtout, le remaniement justifie l’existence des cinq fils de Febus. Brehus sans Pitié découvre les tombeaux de quatre d’entre eux et apprend grâce au dernier le passé familial de Guiron. Ces fils, dit-on, ont été nourris en Gaule13 ; on ignore tout de leur enfance et plus encore de leur mère, dont il n’est jamais fait mention. En effet, le héros n’a pas de relation charnelle avec la princesse de Northumberland : leurs rapports, demeurés stériles, ne mènent qu’à la mort. Le remanieur du manuscrit L3 a sans doute remarqué cette anomalie lignagère, à laquelle il a remédié en inventant le personnage de Florine, mère absente du roman initial.
14Ainsi, dans la version de base, la femme pose problème. La demoiselle de Northumberland, en refusant l’amour du héros, se révèle incapable d’être la maîtresse ou l’amie ; incapable, surtout, d’occuper la place de la mère, qui reste vide, comme si le roman ne pouvait figurer que les pères14.
15L’histoire de Febus et, dans une certaine mesure, la structure lacunaire de sa parentèle préfigurent le destin familial de Guiron. Le dénouement du roman rappelle la fin des aventures de Febus et de sa demoiselle. Après plusieurs péripéties, Bloie et Guiron sont jetés dans la prison de Calinan, où Bloie met au monde un fils et trépasse. Le sombre cachot de Calinan fait écho à la grotte dans laquelle sont enterrés Febus et la princesse de Northumberland ; à la mort de Febus répond la mort de Bloie. La fin tragique des deux histoires illustre la conception pessimiste de l’amour qui règne dans le roman : comme dans le Tristan en prose, l’amour ne peut avoir de conséquences que funestes.
16Le trépas de Bloie, nouvelle défaillance de la figure maternelle, en entraîne une autre, qui concerne cette fois le fils de Bloie et de Guiron. Privé de mère, l’enfant est confié à la sœur de Calinan, que l’on charge de le nourrir.
Li sires de la tour estoit apelés Calinans. Pour ce qu’i li estoit avis que li fiex Guron estoit trop bel enfant le bailla il a sa serour que ele le deüst norir, et cele le nourri tout ensint com li sires li avoit commandé. Et sachent tuit que de celui mal [sanc Galinans trest l’enfant a] nourreture, quar cele qui le norri estoit bien plus desloial et plus cruele que n’estoit ses freres, [et de lui] traist il toutes les males coustumes que il ot puis. S’il eüst retrait a son pere, il fust courtois en toutes guises et frans et dous. De la partie de son pere, il ot la grant force qu’il ot et la grant larguece et la larguesce et la grandece, quar il fu grant chevalier a merveille. Del mal sanc dont il fu norris [trest il les mauvaises coustumes qu’il ot en soi]15. (ms. 350, f° 354d)
17Ce passage reflète la théorie médicale de la déalbation, selon laquelle le sang de l’utérus, après l’accouchement, se transforme en lait et passe dans les seins. L’allaitement, faisant intervenir un liquide assimilable au sang, complète la formation du nouveau-né16. Or, le discours clérical s’accorde sur ce point avec le discours littéraire, la mise en nourrice dénature – que l’on se souvienne simplement de Keu, célèbre exemple d’enfant vicié. Ce défaut de transmission peut être interprété comme un équivalent féminin de la bâtardise ou, plutôt, comme son double inversé. Un bâtard hérite les caractères génétiques de son père naturel ; il est souvent « nourri » par un père adoptif, mais celui-ci ne peut rien changer à sa nature, qui finit toujours par resurgir. Pour le fils de lait en revanche, la « norreture », cette fois au sens moderne, achève de façonner la nature : la mère nourricière, parce qu’elle participe au même titre que les parents biologiques à la formation physiologique de l’enfant, gâte ses qualités.
18La sœur de Calinan, bien plus desloial et plus cruele que n’estoit ses freres, transmet au fils de Bloie un triste patrimoine. En outre, les parents adoptifs de l’enfant, un frère et sa sœur, forment un couple singulier, sur lequel plane le doute de l’inceste. Vice de transmission et reflets atténués de l’inceste brouillent le sang du nourrisson, qui recevra des traits contradictoires : comme on l’apprend dans un autre passage, de haute chevalerie resambla il bien son pere et fu plus preus que autre chevalier ne de jouster ne trouva il son pareill ; mais de felonnie et de cruauté ot il plus en lui qu’il ne trovast a nul chevalier (ms. 350 f° 322b). Ce fils déchu ne fait dans le monde arthurien qu’une brève apparition : tué par Palamède, il laisse Guiron sans descendant17.
19Des fils à la mère incertaine pour Febus, le bisaïeul ; un enfant éphémère, vite évacué du texte et du monde arthurien, pour Guiron le Courtois. Si les amours de Guiron, à la différence de celles de Febus, ne restent pas stériles, sa descendance est loin d’offrir l’image d’une « linea dinasticain progress ».
Succession difficile
20Il n’est pas de Guiron le Courtois dans le Lancelot-Graal ni dans Tristan en prose, pas non plus de parents ou de fils pour ce personnage tard venu dans le monde arthurien. Sans doute est-ce pour préserver la tradition littéraire que l’auteur du « roman de Guiron » fait déchoir l’enfant de son héros. Ce destin familial tronqué trouve son répondant dans le destin social de Guiron et de ses ancêtres. Comme le comprend le lecteur, ceux-ci devraient, selon le sang, régner sur le royaume de Gaule. Or il n’en est rien, et l’explication que propose l’auteur a de quoi surprendre : il imagine de faire de Pharamond un fils de serf qui, bafouant les droits de la lignée royale, aurait profité d’une vacance du pouvoir pour s’emparer desloialment de la Gaule.
21Pour Venceslas Bubenicek, l’idée que Pharamond aurait usurpé la couronne prendrait sa source dans l’hostilité de l’Italie, où le passage est copié dès la fin du xiiie siècle, envers la royauté française18. L’hypothèse se heurte à une première objection : les plus anciens manuscrits connus, probablement antérieurs aux traductions italiennes, dénoncent déjà la naissance servile et la déloyauté de Pharamond19. Quant aux manuscrits français des xive et xve siècles, ils conservent la leçon, comme s’en étonne le critique : « ce trait, pour le moins inamical à l’égard de la France, n’a pas empêché la diffusion du texte dans le pays gouverné par les Capétiens directs, puis par les Capétiens-Valois20 ». Comble d’ironie, c’est à un Italien exilé à la cour de France, Luigi Alamanni, que reviendra au xvie siècle l’initiative de modifier le passage, jugé trop peu glorieux pour la monarchie française21 !
22Un autre élément invite à reconsidérer l’hypothèse de Venceslas Bubenicek. La mention de Clovis, qui apparaît en promoteur du christianisme dans la généalogie de Guiron, contribue à magnifier son lignage plutôt qu’à l’assombrir. On voit mal pourquoi l’auteur aurait voulu, d’un côté, calomnier les souverains français en frappant d’opprobre le personnage de Pharamond et, de l’autre, présenter Clovis, roi emblématique de la Gaule chrétienne, sous un jour positif. L’examen des chroniques n’éclaire guère le problème : Pharamond figure, à partir du Liber Historiae Francorum (727), dans la plupart des généalogies des souverains français, et n’est marqué d’aucune tare particulière22. Les Grandes Chroniques de France (1274), suivant une tradition historiographique bien établie, feront de lui li premiers rois de France23, le père de la « race » mérovingienne. Ainsi, si le personnage ne jouit pas au xiiie siècle de la faveur qui sera la sienne à partir du xve, aucun chroniqueur ne met en doute sa légitimité au sein de la lignée royale24.
23La stigmatisation de Pharamond s’explique peut-être par des raisons purement littéraires, qui tiennent d’abord à la logique interne du « roman de Guiron ». L’écrivain devait concilier deux exigences contradictoires. Le Tristan en prose, reprenant aux chroniques le nom de Pharamond, faisait entrer ce personnage dans l’histoire romanesque de la Gaule25 ; le « roman de Guiron », « suite rétrospective » du Tristan, ne pouvait manquer de placer Pharamond sur le trône. Mais il lui fallait également justifier que Guiron ne puisse pas devenir roi de Gaule, alors même que son ascendance l’y autorisait. « Noircir » Pharamond était pour l’écrivain un moyen efficace d’articuler les données des textes antérieurs avec sa propre version des faits. C’était, surtout, une solution plausible. Pharamond, dans les chroniques, n’existait guère que par son nom. On pouvait le doter d’attributs fantaisistes sans pour autant remettre en cause les textes historiographiques, très flous à son sujet – lui attribuer par exemple une origine servile plus facilement qu’à Clovis, dont la légende, au milieu du xiiie siècle, était bien constituée.
24La fiction introduite par le « roman de Guiron » n’est pas sans évoquer des thèmes familiers aux lecteurs médiévaux, qui touchent à la représentation du pouvoir et de la royauté. À l’arrière-plan de la production romanesque, les histoires d’imposture abondent depuis le début du xiie siècle. La réalité fournissait là aux écrivains, à défaut de modèles, des exemples nombreux. Elle fournissait aussi de multiples discours, discours « autorisé » du pouvoir légitime ou discours sulfureux des transfuges. L’imposteur, invariablement, était accusé par ses détracteurs d’être issu de basse geniture et d’agir contre la justice. Résumé à l’extrême dans le portrait de Pharamond, ce discours n’y transparaît pas moins en filigrane26. Parallèlement, dans la littérature arthurienne, le motif est fréquent de la succession royale entravée : que l’on pense simplement au Merlin, à la difficile accession au pouvoir d’Uter et Pandragon, ou à la manière dont Arthur voit discutés ses droits. L’antagonisme entre Guiron et Pharamond rappelle notamment les rapports d’autres héros à des seigneurs malveillants. Au début du Lancelot en prose, Claudas envahit les terres du roi Ban, privant Lancelot de son domaine et, par là, de la royauté ; quand le héros, banni du royaume de Logres, retourne en Gaule où il pourrait, enfin, exercer ses fonctions royales, il s’empresse de les déléguer à Boort et Lionel27. Comme Claudas, Pharamond pervertit les lois de succession28 ; dans chaque roman, le héros éponyme, dépouillé de la royauté par un personnage sans scrupule, est projeté dans l’univers des chevaliers errants. Si d’aventure il récupère son royaume, il l’abandonne sur-le-champ pour la chevalerie ou le retrait du monde – deux voies successivement adoptées par le fils du roi Ban.
25Royauté, chevalerie, érémitisme : ces trois vocations sont bien représentées dans la généalogie de Guiron. Febus préfère partir à l’aventure plutôt que de régner. Le vieillard insiste sur l’incongruité de ce choix, en signalant une première fois que Febus eüst esté rois, s’il vauxist, puis en remarquant que l’ancêtre transgresse les usages de transmission : mais il ne vaut la segnourie, ains la douna un soen frere mainsné de lui, alors que la couronne devoit estre soe, car il estoit li ainsnés freres. L’explication de ce comportement ne se fait pas attendre : il laissa la couroune pour entendre a chevalerie. En cédant à son frère cadet un pouvoir qui lui revient de droit, Febus transforme en libre décision ce qui était dans la réalité sociale une contrainte29 : dans son renoncement, on peut lire un hommage à la chevalerie.
26Febus inaugure une attitude que l’on retrouve dans les générations suivantes. Le père de Guiron, héritier du royaume de Gaule, em porta la couroune ; toute, le vieillard ajoute : et puis por dolour de moi se mist il ceiens en ceste habitation que vous ceens veés et douna celui roialme a un suen neveu. Second renoncement, en faveur cette fois d’une vie de reclus tournée vers la prière et la contemplation. Comme ses aïeux, Guiron vivra loin des honneurs royaux. Ce ne sera plus cependant l’effet d’une décision librement consentie, mais d’une totale ignorance : l’auteur semble vouloir éviter que Guiron ne découvre l’injustice qui lui est faite. Le chevalier, comme le dit le vieillard, ne set rien de tout ceu, il ne set de cui il fu fiex. Il ignore tout de son propre lignage et ne connaît pas davantage l’identité réelle de Pharamond. En effet, alors que dans les autres romans en prose, le héros découvre lui-même ses nobles origines, c’est dans notre texte à Brehus, étranger au lignage, jeté dans la caverne par un sort capricieux, que l’aïeul de Guiron raconte son récit. L’idée d’avoir fait de Brehus le dépositaire de ce récit n’est pas anodine. Violeur de dames, pilleur de grand chemin, Brehus sans Pitié, dont le nom dit assez l’amoralité, est le parangon de toutes les valeurs anti-courtoises. Généralement solitaire, il est extérieur à la cour et à ses coutumes30. Aussi y a-t-il peu de risques qu’il divulgue les secrets qu’il apprend. La révélation du lignage, confinée dans l’espace de la caverne, « n’informe ni ne relance le récit31 », et Guiron, ne sachant rien, ne pourra être tenté de reprendre la Gaule à son illégitime souverain.
27Pourtant, une faille demeure. Le vieillard, s’il interdit à Brehus de dévoiler aux chevaliers errants la vérité sur Guiron le Courtois, tempère aussitôt sa requête : A Guron voirement, se vous le trouvés, ne vous deffent ge mie que vous ne li diois tout plainement nouveles de nous et de tout ceu que vous avés veü chaiens. Une compilation exécutée vers 1470, le manuscrit de Paris, BnF, f. fr. 358-363, exploite l’un des possibles narratifs que suggère ce passage. Brehus rencontre Guiron et lui révèle ses origines. Guiron, à l’instar de son père, va finir ses jours au fond de la caverne, en une pieuse retraite32. Le remanieur prend soin « d’enfermer » le héros une fois qu’il est informé de sa généalogie, laissant du même coup la Gaule à Pharamond : qu’il se retire du monde ou qu’il reste à jamais ignorant de son identité, Guiron obéit au destin qui lui est réservé, destin que préparait le sort de ses ancêtres ; dans la compilation tardive comme dans la version de base, il demeure à l’écart de la fonction royale. De Febus, qui préfère l’épée à la couronne et connaît des amours stériles, à Guiron le Courtois, qui engendre un fils bientôt déchu et se trouve à jamais privé de son royaume, l’écrivain et ses continuateurs explorent les facettes d’une tragique destinée.
28Le lignage de Guiron oscille donc entre plusieurs pôles contradictoires : perfection d’une ascendance illustre avec la double mention de Clovis et de Joseph d’Arimathie, mais dysfonctionnements liés à la carence des figures maternelles et à la déchéance de Calinan, dernier fils, fils perdu ; glorification du lignage par une construction mémorielle complexe, de pierre et de langage, mais ignorance forcée de ce même lignage. Les tombeaux, monuments de mémoire, les briefs, les inscriptions qui racontent au passant l’histoire de Febus, de ses fils et de la demoiselle, ne sont destinés à personne. Seul le hasard jette Brehus dans la caverne et lui permet de parcourir les chambres de la grotte. L’épisode doit rester une parenthèse soigneusement fermée, tout comme l’antre au fond duquel il prend place, reliquaire des temps passés. À cette clôture correspond le devoir de secret imposé à Brehus. Le passage n’a d’autre visée que de plonger le lecteur, avec Brehus tombant dans les profondeurs d’une grotte et de temps ancestraux, dans la généalogie de Guiron, qui légitime l’excellence du personnage éponyme. Par là même, l’épisode s’érige en justification du roman tout entier, donnant la garantie que son héros, jusque-là tout aussi inconnu que l’histoire de son lignage, mérite d’être l’objet d’une œuvre littéraire.
Notes de bas de page
1 Le « roman de Meliadus » est donné seul, sans le « roman de Guiron », dans plusieurs manuscrits. Il est résumé aux § à 49 de l’analyse de Roger Lathuillère, Guiron le Courtois : étude de la tradition manuscrite et analyse critique, Genève, Droz, 1966 (notée Analyse ; les numéros de paragraphes renverront par la suite à cet ouvrage). Il va jusqu’au f° 140c du ms. de Paris, BnF, f. fr. 350, considéré jusqu’ici comme la version de base (noté ms. 350).
2 Là encore, plusieurs manuscrits attestent que ce roman a circulé de manière autonome. Ainsi le ms. de Marseille, BM 1106, daté des années 1260-1270, et le ms. de Privas, Archives départementales de l’Ardèche, n° I (F. 7), daté de la fin du xiiie ou du début du xive siècle, ne donnent que le « roman de Guiron ». Dans le ms. 350, ce roman est séparé du « roman de Meliadus » par un blanc d’un feuillet et demi ; il couvre les f° 142a-358d (§ 52-132 de l’Analyse).
3 On peut lire le résumé du passage dans l’Analyse, § 110-115, et le texte aux f° 286-301 du ms. 350. Il a été édité par Alberto Limentani, Dal « Roman de Palamedés » ai « Cantari di Febus-el-Forte » : testi francesi e italiani del Due e Trecento, Bologna, Casa Carducci, 1962 ; et partiellement par moi-même, dans Guiron le Courtois. Une anthologie, dir. Richard Trachsler, Alessandria, Edizioni dell’Orso, 2004, p. 87-149.
4 Cette séquence occupe les § 91-130, ms. 350 f° 239-354.
5 L’histoire de Brehus et de sa méchante demoiselle a été éditée par Alberto Limentani et, plus récemment, par Mathilde Plaut dans Guiron le Courtois. Une anthologie, op. cit., p. 157-183.
6 A. Limentani, Dal « Roman de Palamedés »…, op. cit., p. 74-76.
7 Ibid., p. 187.
8 Maria Luisa Meneghetti, « Palazzi sotterranei, amori proibiti », Medioevo Romanzo, 12, 1987, p. 443-456 : p. 449 et 455.
9 Sur les automates, leur rapport au temps, à la mort et à la merveille (positive ou négative), voir par exemple Emmanuèle Baumgartner, « Le temps des automates », Le Nombre du Temps. Mélanges offerts à Paul Zumthor, Paris, Champion, 1988, p. 15-21 ; Christine Ferlampin-Acher, Fées, bestes et luitons, Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2002, p. 354-373 et, sur l’automate du « roman de Guiron », p. 357.
10 Ms. L3 : Londres, British Library, Additional 36673, daté du xvie siècle. Le manuscrit est décrit aux p. 49-50 de l’Analyse, le texte est résumé aux § 256-261. Ce manuscrit rappelle, dans son organisation, le ms. 358, premier volume de la compilation des ms. de Paris, BnF, f. fr. 358-363.
11 Hormis le fait que Crudens meure après le départ de Febus pour la Grande-Bretagne, et non avant.
12 L’incipit annonce une seconde partie qui commencera quant Guiron sailli de la prison Luces le geant, et finira a l’enprinsonnement des bons chevaliers (f° 2r°). Ce programme correspond aux § 153-158 et § 52-132 de l’Analyse : il englobe l’épisode de la caverne.
13 Le grand-père de Guiron parle à Brehus du roiaume de Gaulle, ou nous aviom esté nourri (A. Limentani, Dal « Roman de Palamedés »…, op. cit., p. 183).
14 Lacune souvent observée dans les généalogies « historiques ». Voir par exemple Georges Duby, « Structures de parenté et noblesse dans la France du Nord aux xie et xiie siècles » et « Remarques sur la littérature généalogique en France aux xie et xiie siècles », La société chevaleresque. Hommes et structures du Moyen Âge, Paris, Flammarion, 1988 (1re éd. : Paris, 1979), p. 143-166 et 167-180 ; la synthèse d’Howard Bloch, Étymologie et généalogie. Une anthropologie littéraire du Moyen Âge français, Paris, Le Seuil, 1989 pour la trad. française (éd. originale : Chicago-London, 1983), p. 90-112.
15 Je corrige le texte du ms. 350, très défaillant, par celui du ms. de Paris, BNF, f. fr. 355.
16 Sur les théories médicales de la lactation, voir par exemple Danielle Jacquart et Claude Thomasset, Sexualité et savoir médical au Moyen Âge, Paris, PUF, 1985, p. 60-61, 73, 100 ; Doris Desclais Berkvam, Enfance et maternité dans la littérature française des xiie et xiiie siècles, Paris, Champion, 1981, p. 50-52 ; sur les usages sociaux de la mise en nourrice, Christiane Klapisch-Zuber, « Parents de sang, parents de lait », La Maison et le nom. Stratégies et rituels dans l’Italie de la Renaissance, Paris, EHESS, 1990, p. 263-289.
17 On l’apprend dans une prolepse du « roman de Meliadus », au § 4, ms. 350 f° 5a – si tant est que l’on puisse identifier au fils de Guiron le personnage mentionné à cet endroit.
18 Venceslas Bubenicek, « Quelques figures de rois chevaliers errants dans le roman en prose de Guiron le Courtois », Bien dire et bien aprandre, 17, 1999, p. 49-61.
19 Voir notamment le ms. de Marseille, BM 1106, f° 170d (même leçon, au mot près, que le ms. 350).
20 V. Bubenicek, « Quelques figures… », art. cité, p. 58.
21 Voir Henri Hauvette, Un exilé florentin à la cour de France au xvie siècle. Luigi Alamanni (1495-1556), sa vie, son œuvre, Paris, Hachette, 1903, p. 311-312.
22 Liber Historiae Francorum, ou Gesta Regum Francorum, dans MGH, Scriptorum rerum Merovingicarum, éd. Bruno Krusch, Hanovre, t. II, 1984 (première éd. : 1888), p. 215-329. Voir aussi le Recueil des historiens des Gaules et de la France, éd. Dom Martin Bouquet, nouvelle éd. : Paris, Victor Palmé, t. II, 1869-1880.
23 Les Grandes Chroniques de France, éd. Jules Viard, Paris, Société de l’Histoire de France, t. I : « Des origines à Clotaire », 1920, p. 19-20.
24 Sur la place de Pharamond dans la construction de l’histoire nationale française, voir Colette Beaune, Naissance de la nation France, Paris, Gallimard, 1985, notamment p. 264-290.
25 Pharamond apparaît dans Le Roman de Tristan en prose, éd. Renée Lilian Curtis, München, M. Hueber, t. I, 1963, § 261-281, p. 137-145. La chronologie que met en place ce roman mérite une remarque. Pharamond, dans les chroniques, est l’aïeul de Clovis, et non son descendant. Le Tristan en prose et, à sa suite, Guiron inversent l’ordre : Clovis devient un ancêtre, Pharamond un contemporain. Le lecteur moderne ne doit pas s’étonner de ce type d’incohérences, fréquentes à la fois dans les chroniques et dans les textes littéraires. Comme l’écrit Richard Trachsler, « ce télescopage (entendons : superposition de deux époques au prix d’une légère entorse à la chronologie “historique”) ne posait pas de problème » (Disjointures, Conjointures. Étude sur l’interférence des matières narratives dans la littérature française du Moyen Âge, Tübingen, A. Francke Verlag, 2000, p. 238). Il devait être tentant de joindre en un même roman les figures emblématiques de deux histoires nationales – la France mérovingienne de Pharamond, la Bretagne d’Arthur.
26 Voir Gilles Lecuppre, L’imposture politique au Moyen Âge : la seconde vie des rois, Paris, PUF, 2005, notamment p. 50-53.
27 La Mort le roi Artu, éd. Jean Frappier, Genève, Droz, 1996 (première éd. : 1936), § 125-127, p. 163-165.
28 Justement, Claudas, dans le « roman de Meliadus », est un allié indéfectible du roi Pharamond. Voir les § 38 et 49-50 de l’Analyse (le § 50 résume la version particulière du ms. V2, Venise, Bibliothèque Saint-Marc, franç. XV, CIV, 3 : Recanati XIV, daté du xive siècle). Dans le Tristan en prose, Pharamond est l’ami du Morholt, trait repris à la fois dans le « roman de Meliadus » et dans le « roman de Guiron » ; or le Morholt, tout valeureux qu’il est, n’en est pas moins le percepteur du tribut dont s’acquitte la Cornouaille. Ces alliances dessinent un réseau cohérent de personnages certes valeureux, mais néanmoins « déviants » d’une manière ou d’une autre.
29 La chevalerie était un état adopté par défaut, réservé aux cadets et aux fils dont le père était encore vivant ou assez jeune pour tenir sa terre. Voir G. Duby, « Les “jeunes” dans la société aristocratique dans la France du Nord-Ouest au xiie siècle », La société chevaleresque…, op. cit., p. 129-142.
30 Sur ce personnage, voir R. Trachsler, « Brehus sans Pitié : portrait-robot du criminel arthurien », La violence dans le monde médiéval, publications du CUERMA, Presses de l’Université de Provence (Senefiance, 36), 1994, p. 525-542. L’épisode de la caverne fait suite à un passage où Brehus, pour la première fois de sa vie, s’éprend d’une demoiselle et accomplit pour elle des prouesses. Cet accès à la courtoisie, fût-il passager, rend sans doute le personnage apte à recevoir le message de l’aïeul de Guiron.
31 Barbara Wahlen, « Du recueil à la compilation : le manuscrit de Guiron le Courtois, Paris, BnF fr. 358-363 », Ateliers, 30, 2003, p. 89-100 ; p. 95.
32 Pour plus de précisions, voir B. Wahlen, ibid.
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