Gabriel Sénac de Meilhan, éditeur des faux
p. 111-118
Texte intégral
1Gabriel Sénac de Meilhan est avant tout connu comme homme d’État et économiste, romancier, auteur de L’Émigré (1797), et écrivain politique, auteur des Considérations sur l’esprit et les mœurs (1787) et Des Principes et des Causes de la Révolution en France (1790). Par ailleurs, il est rédacteur des mémoires de personnalités historiques et traducteur de Tacite. C’est aux préfaces de ces éditions que je vais m’intéresser, en privilégiant un aspect de son écriture et de sa pensée qui me semble le plus significatif. Je le désignerais comme la poétique du centon. Cette méthode permet à l’écrivain de mettre en dialogue trois époques : l’Antiquité romaine, la Fronde et la Révolution.
2En 1786, paraissent les Mémoires d’Anne de Gonzague, princesse palatine (Londres-Paris, Prault, 1781). Comme il se doit, l’« Avertissement de l’Éditeur » anonyme raconte l’histoire du manuscrit, trouvé dans une abbaye : « J’eus beaucoup de peine à le lire, tant il était mal écrit ; j’y trouvai beaucoup de lacunes, des endroits rayés, et des pages, ou supprimées, ou égarées » (p. XXIV). Conformément aux clichés des préfaces romanesques de l’époque2, notamment de ceux du chevalier de Mouhy, l’état pitoyable du texte justifie son authenticité et fait passer les imperfections de rédaction et de composition pour les preuves de la véracité. Le récit préliminaire n’est pas exempt de contradictions : l’abbesse, présentée comme une « femme de beaucoup d’esprit et d’une grande piété » qui possède « des lettres originales de Pascal, Racine, Mme de Nemours » (p. XXIII), ne lit pourtant que des livres de piété et s’intéresse peu aux « mémoires qui concernaient les intrigues de Cour » (p. XXIV). Elle en fait présent à l’Éditeur, en exigeant de lui de ne pas se séparer du manuscrit tant qu’elle reste en vie et de ne la citer jamais.
3Le texte, en gros, suit la trame des mémoires du cardinal de Retz et ne contredit pas les récits des autres mémorialistes. Certains lecteurs le croient authentique, une Mme de*** déclare avoir déjà lu le manuscrit à l’abbaye de Val-de-Grâce3. En 1787, paraît une traduction allemande. Néanmoins, Jean-François de La Harpe affirme dans sa Correspondance littéraire qu’« on s’aperçoit au premier coup d’œil que ces Mémoires sont écrits d’hier ». Il loue l’auteur dont il ignore le nom : « une personne de beaucoup d’esprit qui possède à fond sa matière et qui a saisi parfaitement le style du genre4 ». Selon la Correspondance littéraire d’Henri Meister (mai 1786), les mémoires, contrairement aux textes originaux de la princesse, « sont parfaitement bien écrits, et le style et le ton en sont aussi modernes que le langage. On n’y trouve aucun trait qui ne soit connu5... ». Meister suit l’opinion du Journal de Paris qui le 27 et le 30 avril 1786 nie l’authenticité des mémoires et indique quelques anachronismes. L’Éditeur anonyme défend sa production dans une lettre, adressée au Journal et publiée le 22 mai 1786. On cherche le vrai nom de l’auteur, on attribue l’ouvrage à Rulhière, Malesherbes, Necker, comte de Guibert, etc. (CL, t. XIV, p. 380). Finalement, Sénac de Meilhan se fait connaître, comme l’indique Meister en janvier 1787 (CL, t. XIV, p. 540). Et pourtant, en rééditant les Mémoires d’Anne de Gonzague au début de 1789, l’écrivain tient à son secret de Polichinelle. Il propose au lecteur virtuel un jeu sophistiqué de textes liminaires qui à la fois détruisent et renforcent l’illusion de véracité, un peu à la manière des Liaisons dangereuses de Laclos (1782), où les préfaces de l’Éditeur et du Rédacteur se contredisent.
4L’ancien « Avertissement de l’Éditeur » de 1786 se transforme en « Préface » de l’édition de 1789. Un nouvel « Avertissement » suit : il explique que l’éditeur, encouragé par l’accueil du public, a trouvé de nouveaux morceaux pour compléter les lacunes (bref, a récidivé). Puis, l’auteur développe un système sophistiqué d’arguments pour semer le doute et prouver que la question de l’authenticité est « restée indécise dans l’esprit de beaucoup de gens instruits » (p. II). Il réfute Voltaire pour prouver que ce qu’on considère comme faux pourrait être vrai (le patriarche de Ferney doutait de l’authenticité du Testament politique du cardinal de Richelieu et de la véracité du récit de la vie de Néron, rapportée par Tacite). Enfin, « l’éditeur » fait volte-face et remplace le vrai par le vraisemblable romanesque qui serait conforme à l’histoire :
En supposant un instant que ces mémoires ne soient pas d’Anne de Gonzague, ils formeront toujours un morceau d’histoire intéressant par les détails qu’ils renferment. La plupart sont connus ; mais la manière de les présenter n’est pas la même, et les réflexions qui accompagnent les faits, peuvent jeter un nouveau jour sur les événements et les personnages de ce temps ; enfin tous les faits sont conformes à la vérité historique, et l’on ne risque pas de s’égarer en les lisant, d’imprimer dans son esprit des faits apocryphes, qu’on ne distingue plus du vrai ; dans les Mémoires d’Anne de Gonzague tout ce qui tient à l’Histoire est exact. En supposant que les conversations de la Princesse et du Cardinal de Retz soient de pure invention, la vérité de l’Histoire ne serait pas altérée, parce que l’on aurait à l’exemple des anciens, mis en discours, les réflexions qu’ont dû faire naître diverses circonstances ; ce qui est intéressant est de savoir si leurs discours sont conformes à leur caractère, à leurs sentiments et à leurs intérêts. (p. IV-VI)
5Après avoir formulé, en quelque sorte, les principes esthétiques du roman historique, l’auteur insère son ancienne lettre au Journal de Paris, où il a joué le rôle d’expert, défendant l’authenticité des Mémoires.
6Il se contredit dans les nouvelles pièces incluses dans le texte. Selon Sénac de Meilhan, l’histoire est toujours en train de se répéter, reproduire sans cesse les mêmes événements. Logiquement, il utilise la réédition des Mémoires d’Anne de Gonzague pour parler des événements contemporains et même pour prévoir l’avenir. Son personnage préféré, le cardinal de Retz, analyse la convocation des États généraux, critique le poids des impôts qui écrasent le peuple (Sénac voit d’un mauvais œil la politique économique du gouvernement), appelle à la monarchie constitutionnelle à l’anglaise et prédit la révolution future :
On commence à entrevoir que l’extension du pouvoir est une usurpation, que les prérogatives et les privilèges de diverses classes sont des violations du droit commun. (p. 229)
Les plus soudaines révolutions ont presque toujours des causes éloignées ; et lorsqu’une légère circonstance amène un prompt renversement dans un État, c’est que tout était depuis longtemps préparé pour une révolution. (p. 231)
7Sénac de Meilhan fait l’éloge de cette prédiction dans une lettre adressée à Frédéric Melchior Grimm le 16 septembre 1789 (« vous verrez qu’en ayant parlé comme je fais des événements actuels il y a huit mois, je me suis élevé en quelque sorte jusqu’à la prophétie6 ») ; l’abbé Sabatier de Castres, publiant une lettre de Sénac en 1792, en fait allusion dans les mêmes termes7.
8On pourrait dire que cet hommage porté au cardinal de Retz n’a rien de surprenant : ses Mémoires sont considérés comme le livre de chevet des hommes politiques. Dès que la Révolution française éclate, Catherine II de Russie ordonne à son secrétaire de les lui apporter. L’autre clé que l’auteur applique obstinément à l’histoire moderne est encore moins originale : c’est l’Antiquité. Depuis la fin des années 1780, le goût néoclassique domine dans la peinture et l’architecture. Les partisans et les détracteurs de la Révolution comparent constamment ses événements et ses héros à ceux de Grèce et de Rome. Peut-être Sénac de Meilhan se distingue-t-il des autres par le mélange permanent de ces deux modèles interprétatifs. Dans sa « prophétie », le cardinal de Retz cite deux fois Tacite, autre alter ego de l’auteur, en appliquant les maximes de l’historien romain aux événements de la Fronde et de la Révolution future.
9L’année suivante, ayant quitté la France révolutionnaire, Sénac de Meilhan publie sa traduction de deux premiers livres des Annales de Tacite. Il estime qu’« on trouve dans Tacite les principes de tous les gouvernements et les ressorts qui font mouvoir le cœur humain8 ». Dans cette préface, l’écrivain analyse le règne de Louis XIV du point de vue de l’historien romain. Il brosse un tableau satirique et sévère :
Supposons Tacite vivant sous le règne de Louis XIV, et examinons ce que ce siècle imposant aurait offert à cet homme […]. Il aurait vu une Cour où régnait un luxe asiatique, des courtisans prosternés, un Roi enivré de lui-même, des conquêtes rapides à force d’hommes et d’argent, des beaux esprits vendus à la faveur, des peuples foulés par les impôts […], le vice revêtu de formes séduisantes et couvert du voile de la galanterie […, des ministres ineptes, des généraux incapables, […] une grand nation revenue de l’enchantement d’un magnifique spectacle, dont la dépense l’a ruinée, pour tomber dans le plus grand affaiblissement9.
10Sénac de Meilhan poursuit : « J’ai souvent cherché quel était l’écrivain de nos jours qui avait le plus de rapport avec Tacite, et il me semble que le cardinal de Retz est le seul qu’on puisse lui comparer10 » ; il loue le génie politique du cardinal et cite abondamment ses maximes.
11L’écrivain promet de publier « dans peu les autres livres des Annales, les mœurs des Germains et la vie d’Agricola » ; il reviendra plus tard à ce projet, mais ne tiendra pas sa promesse. Cependant, il garde son goût pour la recherche historique sous la lumière antique.
12La même année 1790, Sénac de Meilhan édite le prospectus des Mémoires du maréchal de Richelieu, où il promet de présenter sa vie d’après ses lettres, dépêches et mémoires, fournis par son fils, le duc de Richelieu11. L’auteur, fidèle à lui-même, présente le maréchal comme l’Alcibiade français et met une citation de Cornelius Nepos sur la page de titre. Pour justifier son écriture fragmentaire, il la présente comme une approche historique :
Un historien ne peut suppléer le personnage dont il écrit la vie, dans tout ce qui ne le concerne pas directement. Il ne doit pas le faire servir de prétexte pour tracer les événements où il n’a pas eu de part, car alors les mémoires chargés de son nom n’auraient pas plus de rapport avec lui, qu’avec tout autre homme de son temps. [… Je m’abstiens de suppléer par des faits historiques qui lui sont étrangers, aux lacunes de ces époques12.
13Sur quelques pages, Sénac de Meilhan trace l’aperçu de la vie de son personnage et de tout le xviiie siècle, n’oubliant pas de préciser que « Richelieu avait prévu, avait annoncé, dans une préface de ses Mémoires, écrite de sa main, la Révolution actuelle13 ».
14La lettre du duc de Richelieu à Sénac (Paris, 2 septembre 1790) clôt la préface. Le duc approuve le prospectus et loue le « style de l’écrivain » qui, selon lui, « contribuera beaucoup au succès de l’Ouvrage. Celui des Mémoires d’Anne de Gonzague est pour vous, comme pour moi, un excellent présage14 ». L’ancien faux sert à promouvoir une édition censée être vraie.
15Néanmoins, Sénac de Meilhan ne trouve ni souscripteurs pour les neuf volumes promis, ni envie de les rédiger. Les concurrents le dépassent. L’abbé Jean-Louis Soulavie sort une compilation qui transforme Richelieu en défenseur des droits du peuple et observateur des rois : Mémoires du Maréchal duc de Richelieu […] pour servir à l’histoire des cours de Louis XIV, de la Régence, du duc d’Orléans, de Louis XV et à celle des quatorze premières années du règne de Louis XVI, Londres, J. de Boffe — Marseille, Mossy — Paris, Buisson, 1790, 4 vol. ; 2e éd. Paris, F. Buisson, 1792-1793, 9 vol. La même année 1790 paraît La vie privée du maréchal de Richelieu, contenant ses amours et intrigues., Paris, Buisson, 1790, 3 vol., attribuée à Louis François Faur, secrétaire du duc de Fronsac ou Jean-Benjamin de La Borde.
16D’autres idées attirent Sénac de Meilhan. Le 18 octobre 1790, il demande à Catherine II la permission de se rendre à sa cour et propose d’écrire l’histoire de son règne à la manière des Mémoires de la princesse Palatine. Il joint à sa lettre le synopsis du futur ouvrage qui doit présenter l’histoire politique, économique et sociale de la Russie15, ainsi que le prospectus des Mémoires du maréchal de Richelieu16. En 1792, il promet à une correspondante française de fournir un portrait de Catherine II, en tenant compte des leçons de Suétone et de Tacite17.
17Quelques années plus tard, le prince de Ligne tente de convaincre son ami de rédiger ses propres mémoires et de continuer la rédaction de l’histoire de la Russie, bien entamée. Il lui rappelle son ancien écrit (« Et votre maréchal de Richelieu ? Dieu sait en quelles mains il se trouve à Hambourg18 ») et approuve la vente d’un autre texte : « C’est bien fait à vous d’avoir eu cent louis de M. Craufurd pour votre manuscrit […]. Vendez-vous par pièces et par morceaux, puisque vous ne finissez rien19. »
18Le manuscrit en question sera publié par Quintin Craufurd en 1809 dans les Mélanges d’Histoire et de littérature. Ce recueil comporte, outre les textes de l’auteur, quelques écrits anonymes et des morceaux de la plume de Sénac de Meilhan, le Journal de la femme de chambre de Madame de Pompadour. L’éditeur attribue ce journal à Mme du Hausset. Il raconte dans sa préface comment Sénac de Meilhan aurait récupéré ce manuscrit auprès de M. de Marigny, frère de Mme de Pompadour, qui voulait le jeter au feu. Craufurd ajoute :
L’écriture de ce journal est fort mauvaise et sans orthographe, on y trouve souvent deux mots ensemble qui disent à peu près la même chose ; plusieurs phrases y sont répétées ; quelquefois les faits y sont intervertis : mais pour éviter ce désordre, il aurait fallu tout refondre ; ce qui aurait entièrement changé le caractère de l’ouvrage20.
19Les contradictions et les incohérences de la préface basée sur les dires de Sénac et du texte sautent aux yeux. M. de Marigny parle d’un texte posthume (« c’est un journal d’une femme de chambre de ma sœur, dit-il, qui était fort estimable »), tandis que la vraie Mme du Hausset ne meurt qu’en 1801, plusieurs années après le décès de Marigny. Le pacte autobiographique du journal, adressé à une femme d’esprit, rappelle celui des Mémoires du cardinal de Retz. Tout le début ne fait que justifier la position privilégiée d’une femme de chambre, cette voyeuse invisible. La structure désordonnée du journal fait penser à celle de Mémoires de la princesse Palatine. Plusieurs auteurs, y compris Pierre Gaxotte21, supposent que cette œuvre serait entièrement rédigée ou remaniée par Sénac. André Vielwahr démontre qu’une lettre anonyme au roi de 1761, insérée dans le journal, est de la plume de Sénac de Meilhan. On y trouve une analyse politique tout à fait similaire aux Principes et causes de la Révolution en France (Londres, 1790) de Sénac de Meilhan, avec une prédiction de la révolution future :
Mais les encyclopédistes, sous prétexte d’éclairer les hommes, sapent les fondements de la religion. Tous les genres de liberté se tiennent […]. Joignez-leur les économistes, qui ont pour objet la liberté politique, comme les autres celle du culte, et le gouvernement peut se trouver, dans vingt ou trente ans, miné dans toutes ses parties et crouler avec fracas22.
20Et comme si cela ne suffisait pas, Sénac de Meilhan y appose sa griffe : une citation latine de Tacite, légèrement modifiée, qu’il a utilisée dans son roman L’Emigré (1797)23. Même l’éditeur moderne des Mémoires de Mme du Hausset qui insiste sur leur véracité ne peut nier que cette pièce est de la main de Sénac24.
21Cette manie de citations latines correspond parfaitement à la pensée historique de Sénac et à son écriture lacunaire et répétitive. Dans L’Émigré, il place un autre morceau de l’historien romain : la vie ne serait que « l’énergique traduction de ce que dit Tacite » (lettre LVI, du président de Longueil au marquis de Saint-Alban). La même citation figure déjà dans sa lettre, envoyée à Catherine II en 1794 :
La cruauté a régné pendant la paix ; ensuite des combats atroces et des guerres étrangères, et souvent mêlées aux guerres civiles. Le spectacle qu’offre la ville est dégoûtant et horrible, là on voit des corps sanglants et déchirés, et auprès des troupes de débauchés. Les plaisirs, au milieu de tant d’horreurs, ne sont pas un instant interrompus, les cérémonies religieuses sont souillées, et la richesse, la noblesse, les honneurs dont on a été revêtu sont au rang des crimes. Les mères accompagnent leurs fils en exil, et les femmes y suivent leurs maris. Les personnages les plus illustres sont réduits aux plus affreuses nécessités, et les supportent avec courage. Enfin les morts dans ce temps ressemblent aux morts héroïques que l’Antiquité a célébrés25.
22Sénac de Méilhan demande à l’impératrice de Russie la permission de lui dédier sa traduction des Mœurs des Germains de Tacite et celle des Annales, corrigée, et il propose de rédiger la dédicace en forme de centon :
C’est dans Tacite même que je chercherai les expressions de l’hommage qu’elle me permettra de lui rendre. Tacite dans ses énergiques peintures semble avoir fixé jusqu’où peut s’élever l’humanité par la vertu, et le génie ; et jusqu’à quel point elle peut dégrader. Je puis donc espérer de trouver des traits caractéristiques et du règne le plus éclatant et de la personne de Catherine II, dans un auteur où j’ai trouvé décrite la Révolution française26.
23Catherine II, déçue par l’inefficacité de l’auteur, ne fait pas attention à son offre et l’édition ne paraît pas. Cependant, on connaît un autre texte analogue, le portrait du prince Grigori Potemkine, composé par Sénac de Meilhan en 1791 avec des citations de Tacite27. Cet éloge aurait dû figurer à la tête de ses traductions latines, mais la mort du prince a fait échouer le projet28.
24En conclusion, on doit avouer que l’idée la plus originale de Sénac, celle de décrire la Révolution française en centon latin, est réalisée par un autre. En 1800, Antoine Marie Héron de Villefosse publie l’Essai sur l’histoire de la Révolution Française par une société d’auteurs latins (Rome… et à Paris, Près du jardin des Tuileries, XII Fructidor an VIII ; rééd. 1803). Cicéron, Salluste, Tite-Live, Tacite, Suétone, etc., sont mis à contribution pour dénoncer la Terreur et présenter la suite historique des événements depuis la fin de l’Ancien Régime jusqu’à la prise du pouvoir par Bonaparte. Le texte latin, énergique et expressif, est accompagné d’une traduction française en regard et de renvois précis aux sources. Ainsi, Sénac est dépassé dans le domaine de l’intertextualité. Son mérite littéraire ne sera lié qu’à sa production romanesque originale.
Notes de bas de page
1 Nous les citons d’après l’édition critique de C. Rouben (Paris, Nizet ; Sainte-Foy, PU de Laval, 1996).
2 Voir Herman J., Hallyn F., dir., Le Topos du manuscrit trouvé. Actes du colloque international, Louvain-Gand, 22-24 mai 1997, Louvain, Peeters, 1999 ; Recueil de préfaces de romans du xviiie siècle, éd. C. Angelet et J. Herman, PU de Saint-Étienne — PU de Louvain, 1999, 2 t
3 Vielwahr A., La vie et l’œuvre de Sénac de Meilhan, Paris, Nizet, 1970, p. 62.
4 La Harpe J.-F. de, Correspondance littéraire, L. CCXXIX, Genève, Slatkine Reprints, 1968, t. 3, p. 329-332.
5 Correspondance littéraire [CL], éd. M. Tourneux, 16 t., Paris, Garnier Frères, 1877-1882 (Nendeln/ Liechtenstein, Kraus Reprint, 1968), t. XIV, p. 377-380.
6 Archives d’État de Russie des actes anciens (RGADA), Moscou, F. 30, op. 1, n° 10(3), fol. 200r°-v°.
7 « C’est ainsi que M. de M*** s’est élevé jusqu’à l’esprit de prophétie. », Lettre de M. de M***, à M. l’abbé Sabatier de Castres sur la République française, Vienne, Ignace Alberti, 1792, p. 19-20 (note).
8 Annales de Tacite, traduction nouvelle, par M. de Meilhan, Maître de Requêtes honoraire, Intendant des provinces du Hainaut et Cambresis, etc. Tome Premier. À Paris, chez Desenne, libraire, au Palais Royal, 1790, p. XXIII.
9 Ibid., p. XIV-XV.
10 Ibid., p. XIX.
11 Une grande partie venait d’être publiée par Soulavie J.-L., Correspondance particulière et historique du Maréchal duc de Richelieu, Londres — Paris, F. Buisson, 1789, 2 t.
12 Mémoires sur la vie du Maréchal duc de Richelieu ; Pour servir à l’histoire du xviiie siècle, par Mr. Sénac, Maître des requêtes honoraire, Intendant des Provinces du Haynault et du Cambresis, etc., À Londres ; et se vend à Paris, Chez les Marchands de Nouveautés, 1790, p. 2-3.
13 Ibid., p. 4.
14 Ibid., p. 7.
15 Sur l’échec de cette entreprise, voir Golitsyne N., « L’écrivain Sénac de Meilhan et Catherine II (1791) », Patrimoine littéraire, Moscou, Académie des sciences, 1939, p. 49-72 (en russe) ; Somov V., « Gabriel Sénac de Meilhan, ex-intendant du Hainaut : un émigré à la cour de Catherine la Grande et son livre inédit sur la Russie », Eulalie. Médiathèques, librairies et lecteurs en Nord-Pas-de Calais, n° 1, 1998, p. 183-190.
16 RGADA, F. 5, op. 1, n° 163, fol. 3r°-17v° ; Œuvres de Catherine II, t. 11, p. 516-522.
17 Œuvres philosophiques et littéraires de M. de Meilhan, ci-devant intendant du pays d’Aunis, de Provence, Avignon, et du Haynault, et intendant général de la guerre et des armées du Roi de France, etc., Hambourg, B.G. Hoffmann, 1795, t. 2, p. 108.
18 S.d., après 1796 — Une préface aux Annales de Tacite par Sénac de Meilhan, suivie d’une lettre du prince de Ligne à M. de Meilhan, éd. C.-A. Sainte-Beuve, Paris, Académie des bibliophiles, 1868, p. 50-51. Entre 1794 et 1795, durant son séjour à Hambourg, Sénac de Meilhan y fait imprimer plusieurs ouvrages, y compris ses Œuvres philosophiques et littéraires, 2 vol., Hambourg, B. G. Hoffmann, 1795 ; Du Gouvernement, des mœurs et des conditions en France, avant la Révolution, Hambourg, B. G. Hoffmann, 1795, avec une épigraphe de THistoire de Tacite.
19 Ibid., p. 50.
20 Mélanges d’histoire et de littérature, etc. tirés d’un portefeuille, S.l., s.n., 1809, p. 402.
21 Gaxotte P., « Le roman français le moins connu. », Le Figaro littéraire, 16 septembre 1961, p. 1, 11.
22 Mémoires de Madame du Hausset sur Louis XV et Madame de Pompadour, éd. J.-P. Guicciardi, Mercure de France, [1re éd. 1985], « Le Temps retrouvé », 2002, p. 84.
23 Vielwahr A., op. cit., p. 222-227.
24 J.-P. Guicciardi (éd. citée) n’apporte pas de preuves décisives pour défendre l’authenticité du texte ; à la fin du livre, il commet une bévue étrange, en indiquant Mme du Hausset comme destinataire de deux lettres de Marigny, jointes à son ouvrage. A. Vielwahr estime que les mémoires sont entièrement rédigés par Sénac. La question reste ouverte. Marigny aurait pu communiquer à l’écrivain quelques documents, y compris ses quatre lettres, insérés dans les Mélanges.
25 Archives de la politique extérieure de l’Empire de Russie (AVPRI, Moscou), F. 93/VII, 1794, cart. 7, n° 71 (1095).
26 Ibid.
27 G. Sénac de Meilhan, Œuvres philosophiques et littéraires, t. 2, p. 149-150.
28 Après la disparition du prince Potemkine, Sénac de Meilhan courtise le comte Platon Zoubov, favori en titre de Catherine II, et lui envoie ses réflexions politiques, accompagnées d’un « court extrait d’une campagne de M. le Maréchal de Turenne faite dans une circonstance pareille à celle où se trouve M. le duc de Brunswick, dans la même saison par un temps également pluvieux […], entreprise pour délivrer le grand Condé et son frère prisonnier à Vincennes. On ne peut trouver des ressemblances plus frappantes » ([Vienne], 20 décembre 1792) — RGADA, F. 193 (P.A. Zoubov), n° 679, fol. 12r°-13v°. Platon Zoubov connaissait les Mémoires du cardinal de Retz : le traducteur russe des Mémoires lui a dédié son ouvrage. Après le décès de Catherine II, Sénac de Meilhan expédie à Paul Ier des fragments d’histoire de la Russie, résumés du règne d’Ivan le Terrible et de celui de Boris Godounov ; le dernier texte renvoie à l’histoire romaine (Rheinsberg, 8 juin 1797) — AVPRI, F. 93 (Relations avec la France), op. 7, n° 1221 (1797, carton 10, n° 18), fol. 1r°-2rv°, 4r°.
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