Scènes jésuites du mariage de Louis XIV et de l’infante Marie-Thérèse d’Autriche1
p. 287-300
Texte intégral
1Le 25 juin 1659 Louis XIV et la cour quittèrent Paris pour la frontière espagnole, où devait s’effectuer le mariage du souverain avec l’infante Marie-Thérèse2. Le 26 août 1660, le roi, accompagné de sa jeune épouse, faisait son entrée solennelle dans la capitale. Son voyage avait duré plus d’un an3. Pour remédier à l’ennui de l’attente, autant que pour célébrer la paix et la future alliance entre la France et l’Espagne, apportées par le récent traité des Pyrénées, les municipalités des villes visitées par le souverain rivalisèrent de pompe et de magnificence pour lui offrir entrées, festins et divertissements en tous genres, tandis que partout en France éclataient feux de joie et autres réjouissances.
2Les jésuites ne furent pas en reste et organisèrent eux aussi dans leurs établissements d’enseignement toute une série de spectacles dramatiques et musicaux, voire pyrotechniques, auxquels assistèrent parfois les membres de la famille royale. Ainsi, le 16 septembre 1659, le collège de la Madeleine de Bordeaux donna devant Louis XIV et sa mère « une Comedie qui n’avoit pour sujet que la Paix, entremeslée de balets divertissans, qui satisfirent aussi bien que les Acteurs cette Auguste Assemblée4 », tandis que le 3 décembre suivant, les Pères du collège royal de Toulouse « firent representer une piece de Theatre, intitulée, Le Siecle d’or captif, delivré par la Paix, où leurs Majestez assisterent5 ». Selon La Gazette du 8 mai 1660, les Pères de la Doctrine chrétienne auraient eux aussi envisagé, lors du second séjour de la cour à Toulouse, de « divertir Leurs Majestez, par une Tragédie, & un Balet du Triomfe de cette Paix, dont ils avoyent présenté le Projet, au Roy », mais ce projet fut compromis par le départ inopiné de la cour, le 23 avril, veille du jour prévu pour la représentation6.
3En l’absence du roi, les autres collèges jésuites du royaume mirent à profit, mais pas exclusivement, les festivités habituelles du Carnaval ou du jour de la fondation7, comme celles de la distribution des prix, clôturant l’année scolaire, pour célébrer à leur tour et à leur manière le retour de la paix et le mariage royal. En février 1660, le collège des Bons Enfants de Reims montait ainsi une « comedie heroïque » intitulée Le Triomphe de l'Amour sur le Mars françois8. Au printemps, ce fut le tour des deux collèges de Lyon d’ajouter leur voix à ce concert de louanges : le « petit » collège de Notre-Dame de Bon Secours donna en mars une pièce allégorique dont le sujet était Le Genie de la France couronné d’Olive & restituteur de la Paix, tandis qu’au « grand » collège de la Trinité, les élèves de la classe de rhétorique jouaient une tragédie de Trebellius accompagnée d’intermèdes « sur le sujet de la Paix » et que ceux de la classe d’humanités représentaient une « action allegorique » de La Paix du Parnasse. Le 23 mai suivant, jour de la Trinité, ce même collège donnait devant les Consuls de la ville une « representation heroique » mêlée de ballets intitulée L’Isle de Paix. Entre-temps avaient été joués au collège royal de Clermont-Ferrand une tragi-comédie d’Augustus pacificus ainsi qu’un ballet de Mars desarmé (le 13 mai9). Ce fut sans doute aussi en cette même période que les Pères du collège royal de Toulouse et ceux du collège Royal-Dauphin de Grenoble montèrent respectivement une célébration intitulée Les Quatre glorieuses sources du fleuve de Paix et une tragi-comédie de La Victoire de la Paix, entremêlée d’un ballet du Triomphe de l’Amour. Quant au collège de Clermont à Paris, ce fut le 19 août, jour de la distribution des prix, qu’on y vit représenter un ballet du Mariage du Lys et de l’impériale dans les entractes d’une tragédie de la Clementia christiana10. La Gazette du 28 août mentionne enfin la représentation, le 11 août, par les élèves du collège d’Eu en Normandie d’« une Comédie des plus agréables, où la Paix estoit introduite par l’Amour, & tous deux ensemble achevoyent la félicité de la France11 ».
4Les spectacles que montèrent les Pères jésuites en 1659-1660 à l’occasion de la paix et de l’alliance avec l’Espagne furent donc variés. On relève tout d’abord la formule habituelle des représentations données, notamment, pour la distribution des prix, à savoir une tragédie ou tragi-comédie latine en cinq actes, accompagnée dans ses entractes d’intermèdes revêtant la forme de ce que Ménestrier appellera plus tard le « ballet d’attache » (comme à Paris, Lyon ou Clermont-Ferrand12). Généralement au nombre de quatre13, et divisés en entrées, ces intermèdes constituent comme une seconde action qui vient interrompre régulièrement la suite de l’action principale qu’elle commente à la manière d’un chœur ou, plus exactement, actualise par le développement ou la dramatisation d’un thème allégorique permettant de rattacher la célébration à l’événement célébré. Si le sujet de la Clementia christiana (Paris) comme celui de Trebellius (Lyon) ne semblent pas à première vue se rapporter à l’occasion, celui d’Augustus pacificus (Clermont-Ferrand), qui met en scène la clémence d’Auguste préférant accorder la paix aux Cantabres d’Espagne vaincus, plutôt que de les écraser, est en revanche plus d’actualité14. Aussi lit-on dans l’avertissement du ballet qui accompagne la pièce :
Le dessein de nôtre BALET a un juste rapport avec celuy de nôtre Tragicomedie ; & MARS DÉSARMÉ PAR L’AMOUR represente la mesme chose qu’AUGUSTE PACIFIQUE, l’un & l’autre publie veritablement, que rien n’a pû faire tomber au Roy les Armes des mains, ny le faire consentir à la PAIX, que l’AMOUR, que les divines qualités de la belle INFANTE luy ont donné15.
5Le sujet de la tragi-comédie mythologique de La Victoire de la Paix (Grenoble) présente de même un lien allégorique évident avec le contexte historique de la représentation. Tout comme celui de l’œuvre dite « héroïque » de L’Isle de Paix (Lyon), dont les intermèdes, moins reliés entre eux qu’à l’acte précédent à la façon de « diludes » interprétatifs16, ont ceci de particulier qu’ils tendent à déréaliser et à désactualiser l’action principale en énonçant une conception allégorique abstraite de l’occasion.
6Autre type de spectacle, la pièce allégorique (parfois appelée « ballet »), combinant une action dramatique jouée en français et des entrées de ballet dont certaines sont parlées (comme à Bordeaux ou à Toulouse). Divisées en trois parties, elles- mêmes subdivisées en entrées et précédées de récits d’ouverture, ces représentations sont des compositions équilibrées construites sur une symétrie de la conception et une rigueur de la pensée, parfois articulée sur le syllogisme17. L’Olive de la Paix décline ainsi « les fleurs de l’Olive ou les vœux des peuples », « les fruits de l’Olive ou les biens de la paix » et « les couronnes ou reconnoissances des peuples », tandis que Le Siecle d’Or mis en liberté, par la Paix que le Roy a donnée à la France oppose « le Siecle d’Or dans les Chaisnes » à l’« Intrigue pour la delivrance du Siecle d’Or » et au « Siecle d’Or delivré ». Souvent même au cours de l’œuvre, les parties récitées (chantées ?) reprennent ce principe d’équilibre et de logique, les entrées du Siecle d’Or faisant ainsi se succéder sur scène le jour, le mois, l’année, comme les quatre âges de la vie ou les divers plaisirs. L’influence structurelle du grand ballet de cour est patente.
7Autre type également, celui présenté par La Paix du Parnasse, donnée à Lyon au printemps 1660. Cette œuvrette a tout d’une disputatio, sous sa forme évoluée de la « concertation », c’est-à-dire, d’après la définition qu’en a donnée le Père François de Dainville, d’un débat littéraire entre deux élèves autour du devoir et des exercices sur quelques matières d’érudition ou d’éloquence. Il s’agit ici en l’occurrence d’une guerre du Parnasse occasionnée par la rivalité entre Poésie et Éloquence. Comme partout ailleurs le thème retenu sert à une transposition de l’actualité. En effet,
[s]i le Parnasse avoit ses troubles ainsi que l’Europe, il veut aujourd’huy terminer ses differens tandis que deux grands Monarques font publier avec tant de pompe la Paix & le repos à leurs sujets18.
8Ou encore le combat facétieux de l’olivier, du myrte et du laurier, représenté dans la cour du collège de Toulouse, et dont le sens allégorique des actions du monarque (victoires, mariage, paix) n’échappe à personne. Ou enfin les illuminations et les feux d’artifice donnés dans la cour richement décorée du collège de Reims en février 1660, car, à Reims comme à Toulouse, à Lyon ou à Bordeaux, les décorations de la cour sont à elles seules un superbe spectacle qui vise à « donner quelque satisfaction à l’œil (comme à l’esprit) […] par la veüe agreable19 » de tableaux, emblèmes, devises et autres hiéroglyphes ingénieux, « ramassant comme dans autant de Miroirs20 » le dessein central de la célébration.
9On aura remarqué que la grande majorité de ces productions sont des pièces d’occasion, des œuvres de circonstance composées pour célébrer un événement d’actualité, à savoir la paix avec l’Espagne et le mariage de Louis XIV. Sous le couvert de l’allégorie, tragédies, tragi-comédies, comédies et plus encore intermèdes disent les victoires du roi, sa modération dans ses conquêtes, son amour pour la paix, pour ses sujets, pour l’Infante enfin. L’allégorie est ici de rigueur parce qu’en donnant une forme visible au rapport mystérieux unissant deux idées, elle seule permet de réaliser l’actualisation de ces représentations animées, voire suscitées par l’actualité. Théâtre d’actualité, le théâtre des jésuites est aussi un théâtre d’actualisation21.
10Mais ce lien secret que fait apparaître l’allégorie, s’il satisfait bien au goût des contemporains pour les figures énigmatiques, a parfois ceci de contradictoire qu’il cache plus qu’il ne révèle le rapport des idées. D’où la fréquence dans le décor, dans le discours, comme dans la lettre imprimée du programme, d’indices référentiels qui sont la présence visible du référent historique dans la composition. Il est intéressant de constater que l’actualisation maximale de l’événement figure souvent dans le titre même de l’œuvre sous les espèces d’un adjectif de nationalité ou de tout autre marqueur discursif (comme dans Mars français ou Le Mariage du Lys et de l’impériale22), tout comme elle peut être donnée dans l’appareil scénique du théâtre, évocateur d’un lieu réel. Ainsi le décor, voulu réaliste, de Lisle de Paix,
– L’Hymen, entre portant un flambeau entouré d’olive, & apres avoir fait le recit fait parétre la face du Theatre, qui represente l’Isle fortunée, à qui l’Alliance des deux Couronnes, donne le nom glorieux, d’ISLE DE PAIX. […] Les Rochers qui la flanquent, & le Ruisseau qui l’entoure, representent les Pyrenées, & la Riviere de Bidasso23. –
11de même que celui de Mars desarmé, dont la lecture était encore facilitée par l’utilisation d’emblèmes héraldiques et le portrait, sans doute « au vrai », des souverains sur le cadre de scène,
– La Scene ou la Décoration du Theatre est une belle Architecture, qui represente le Frontispice somptueux de la Chambre de la Conference, bastie dans l’Isle de la PAIX. Sur la porte de cette Auguste Chambre s’éleve la face d’un grand Pavillon, où le Portrait du ROY & celuy de la REYNE sont placés au lieu le plus éminent : un peu plus bas se voit le tître du BALET écrit en lettres d’Or, sur un fonds d’Azur, & environné de plusieurs Ecussons aux Armes de FRANCE & D’ESPAGNE24. –
12permettent aux spectateurs d’actualiser les tableaux vivants des intermèdes ou du ballet. Ailleurs ce sont des personnages transparents tels Francus ou les soldats français et espagnols de L’Isle de Paix, ou encore le Génie éponyme de la France de la composition lyonnaise, qui sont chargés d’assurer cette actualisation en indiquant l’identité ou la nationalité des acteurs de l’événement.
13Le discours enfin (quand il nous est parvenu) achève de lever le voile de l’allégorie en dirigeant la louange vers le monarque présent au spectacle comme ce fut le cas à Bordeaux et à Toulouse à l’automne 1659. Dans son récit d’ouverture, la Paix rend ainsi à Bordeaux hommage au royal spectateur en l’interpellant directement :
Tel la terre vous voit, invincible LOUYS,
Pretendre en demy-Dieu par des faits inoüys
Plus à la paix, qu’à la Victoire25 ;
14tandis qu’à Toulouse le Siècle d’or rappelle au souverain que c’est de son secours qu’il attend la délivrance de ses chaînes :
Grand LOUIS, faites un effort,
Voyez l’indigne affront qu’on a fait à ma gloire,
Faites dire par tout aux Filles de memoire,
Que le Siecle de fer ne regne plus qu’au Nord26.
15En fait, le rôle de l’allégorie est double. D’une part, en effet, l’allégorie sert à tirer la vérité générale de l’épisode historique ou de l’action héroïque mis en scène, à en expliciter la signification agréablement déguisée sous les actions inventées27. D’autre part, elle permet de rattacher l’épisode ou l’action en question à l’actualité, à faire retour en réalité à cette actualité dont la considération a déjà dans un premier temps inspiré le sujet même de la représentation, conçu comme une vérité générale que l’histoire ou la Fable devra illustrer. C’est ainsi parce que l’inventeur du spectacle de Clermont-Ferrand veut publier la magnanimité de Louis XIV dans ses victoires et son amour de la paix, qu’il a choisi l’épisode de la défaite des Cantabres pour sujet de la tragi-comédie d’Augustus pacificus ; et parce qu’il faut que cette vérité déguisée sous un voile historique soit perçue des spectateurs, qu’il a ajouté à la tragi-comédie un ballet de Mars desarmé. Celui-ci fonctionne dès lors à la fois comme illustration (sous des couleurs différentes) du même thème, comme explicitation de son sens et surtout comme actualisation de l’action rapportée par l’emploi de marqueurs référentiels ou de signes allégoriques transparents, mais toujours situés en deçà d’une désignation directe soutenue28.
16Or, si l’assimilation symbolique répond par certains côtés à une exigence de bienséances interdisant toute flatterie ouverte29, elle est aussi une façon, la seule véritable façon en définitive de dire ce pouvoir royal et son faire que toute la représentation célèbre. Là où le langage commun échoue, elle est à même d’exprimer l’inexprimable, de révéler les virtualités indicibles du réel. Au dire du Père Ménestrier,
[…] sous des allegories ingenieuses on represente les évenemens qui font le bonheur de l’Etat, pour en faire goûter aux peuples toutes les douceurs, sous les apparences du plaisir & du divertissement qui les leur rendent plus sensibles30.
17Ou « plus intelligibles », comme le prétendit César de Grand-Pré, pour qui, contrairement à la pratique des Anciens qui cachaient leurs mystères sous des allégories
[…] de crainte de rendre trop communs les secrets dont ils vouloient seuls avoir la connoissance. Ce n’est pas nostre dessein d’en faire de mesme, puisque par nos exercices et les gentilles actions de nos Ballets nous taschons de les rendre intelligibles31.
18Voile en apparence de l’illusion et du mensonge, la représentation allégorique est en réalité source de vérité. Figura veritatis, comme l’avait écrit saint Thomas.
19Que disent donc ces spectacles organisés par les collèges jésuites en 1659-1660 pour célébrer la paix avec l’Espagne et le mariage royal ? Pas grand’chose en fait, malgré l’apparent foisonnement des images, et rien de bien nouveau d’autre part, car le petit nombre de thèmes et de motifs utilisés pour la circonstance a déjà servi en d’autres occasions et notamment pour le mariage de Louis XIII et d’Anne d’Autriche en 161532. De là l’air de famille de toutes ces célébrations, qui n’hésitent pas à utiliser la même topique pour dire l’événement et son réseau de significations. Deux grands axes se dessinent ici, celui tout d’abord d’une exaltation du prince, représenté comme valeureux, conquérant même, mais pacifique, en même temps que comme défenseur de la vraie foi (n’oublions pas que les inventeurs sont des Pères jésuites engagés, à Lyon surtout, dans une polémique contre les écoles protestantes rivales33), et celui ensuite d’une énumération des bienfaits apportés au royaume – et à la province – par la paix et l’alliance avec l’Espagne. Accessoirement se dégage une image de la nouvelle reine dont la conventionalité n’exclut pas une mise au service discrète d’intérêts religieux et politiques bien d’actualité.
20La grande majorité des représentations tracent ainsi l’image duelle d’un monarque victorieux mais pacifique, conquérant mais magnanime. D’où l’épithète oxymorique de « pacifique vainqueur » que croit bon de lui décerner l’auteur bordelais de L’Olive de la Paix34. En d’autres termes, Mars est toujours désarmé par l’amour35. Et cet amour est bien sûr celui de l’Infante, car, dans la plus pure tradition de la célébration des mariages dynastiques, le mariage de Louis XIV et de Marie-Thérèse est un mariage d’amour. Mais c’est aussi l’amour que le monarque a pour son peuple qui lui fait préférer la paix avec l’Espagne au désir de gloire. Aussi le Génie de la France lui reconnaît-il les vertus royales par excellence de piété, de valeur, de tempérance, de justice et de prudence. « Sans pareil », Louis XIV peut à bon droit être appelé « Pere de [ses] Peuples36 ».
21Mais les « charmes de l’humain37 » n’empêchent pas que n’éclatent au fil des vers les signes du destin exceptionnel promis au roi de France. En effet sa valeur comme sa piété, aidées par le retour de la paix en Europe, laissent espérer une lutte contre les hérésies protestantes et la restauration de l’unité religieuse sur le continent38, de même qu’une nouvelle croisade contre les Infidèles, la reconquête des Lieux saints, et pourquoi pas ? l’avènement de la France à la monarchie universelle. Impérialiste dans la bouche de Bellonne dans le ballet de Mars desarmé,
– Il est né Conquerant au milieu des hazars :
Tous ses jeunes Exploits, ont esté des Miracles,
Dont le lustre a flestry celuy des vieux Cesars ;
Mais il n’a pas encore accomply les Oracles.
Son destin glorieux conduit ses premiers pas
A l’Empire du Monde apres d’autres Combats39. –
22cette vision revêt ailleurs des couleurs plus proprement millénaristes. Autre Charlemagne, Louis XIV est aussi un autre Saint Louis40. Sur le monarque se cristallise de fait une utopie politique qui fait de sa personne quasi divinisée l’architecte d’un âge d’or de paix et d’abondance, annonciateur du triomphe final du christianisme annoncé par les prophéties sibyllines. Ambition démesurée certes, mais qui n’est bien souvent depuis le début du xviie siècle qu’un ornement nécessaire du discours courtisan, même si elle reprend parfois corps, comme ici, sous la plume des révérends Pères jésuites.
23Devant cette envolée de la louange, l’évocation de l’infante Marie-Thérèse paraît bien pâle et ne pas dépasser les termes encomiastiques les plus banals. Beauté, naissance, piété, sagesse, Marie-Thérèse a tout cela, mais ces qualités mêmes, par ce qu’elles ont de conventionnel, font d’elle une figure passive, voire secondaire, celle de la parfaite épouse du plus grand des rois. Aussi est-elle l’héliotrope tourné vers le soleil41, l’étoile associant son éclat à l’astre du jour42, ou encore l’aurore précédant le lever du soleil43. Seule inflexion de l’éloge, la comparaison à Esther et surtout à Judith44, qui la range aux côtés de ces femmes fortes dépeintes par le Père Le Moyne dans sa Gallerie45. Cette comparaison, motivée par la piété bien connue de l’Infante46, équivaut de fait à lui reconnaître un rôle de premier plan dans la lutte engagée contre l’hérésie et pour la défense de la foi par la Contre-Réforme… et les jésuites. Quant à l’assimilation ambiguë mais attendue à la Toison d’or47, elle fait d’elle autant un butin qu’un trésor48. En effet, avec la main de l’Infante et le traité des Pyrénées, la France obtenait or et provinces, tout en se réservant la possibilité de revendiquer les droits de Marie-Thérèse à la succession de son père. Politiquement motivées, ces deux assimilations en disent long sur la réalité des préoccupations profondes des destinateurs et des destinataires du spectacle.
24Tout aussi conventionnelle paraît être l’évocation dans le discours spectaculaire de la circonstance même qui a donné lieu aux réjouissances, à savoir l’accord avec l’Espagne et le mariage royal, car c’est dans les termes les plus habituels de paix, d’abondance et de bonheur général qu’elle est décrite. De paix tout d’abord du fait que la célébration du mariage fait partie d’un traité – celui des Pyrénées – conclu pour mettre fin à un long conflit entre la France et l’Espagne49. D’où le nombre de titres de divertissements évocateurs de la paix : L'Olive de la Paix, Le Siecle d'Or mis en liberté par la Paix, La Victoire de la Paix, Les Quatre glorieuses sources du fleuve de Paix, etc. Cette paix est du reste synonyme de paix en Europe50. Ne marque-t-elle pas effectivement la fin de la guerre de Trente Ans ? Or de la paix en Europe à une paix universelle, le pas est vite franchi. L’arc érigé en place Dauphine pour l’entrée solennelle du couple royal à Paris représente ainsi Louis XIV et Marie-Thérèse, qu’accompagnent les figures de la Concorde et de la Paix, tenant à la main un globe terrestre, « pour signifier que par cette alliance [ils] donnent la Paix à tout le monde51 ».
25Images de paix, mais aussi d’abondance, car l’abondance est le fruit de la paix. Et avec l’abondance retournent les plaisirs, les arts et les sciences, dont les emblèmes décorent les murs de la cour du collège de la Trinité à Lyon52. Les Nymphes de la Peinture, de la Musique, de l’Imprimerie, de la Mathématique, de la Philosophie et de l’Astrologie viennent à Bordeaux saluer le monarque présent dans l’assistance, tandis que l’Abondance, Bacchus et Cérès font parade de leurs fruits53. À Toulouse, c’est la Chasse, la Comédie et le Ballet que l’on peut voir dialoguer sur scène54. Si les personnages allégoriques qui défilent sont à la fois a-spatiaux et a-temporels, le discours qui leur est prêté est, au contraire, chargé de rappeler l’enracinement local de ce retour de la prospérité : ainsi alors qu’à Bordeaux on chante le renouveau futur du commerce dans l’ouverture des routes vers l’Orient55, à Toulouse c’est plutôt dans l’agriculture que l’on place ses espoirs, et notamment dans la vigne et l’olivier56. Là aussi les préoccupations locales ne sont pas oubliées.
26Paix et abondance vont bien sûr de pair avec la conception d’un bonheur retrouvé auquel servent de cadre l’évocation d’un lieu idyllique, tel qu’il peut s’incarner dans la vision paradisiaque d’une Guyenne prospère57, et l’annonce du retour de temps meilleurs, et plus précisément de cet « aymable siecle d’or, dont l’esclat glorieux […] Doit faire de la France un Paradis de Dieux58 », ramené par la Paix. Topos de la littérature encomiastique sous la Renaissance, et tout particulièrement approprié à la célébration d’une alliance cimentant la paix entre deux nations dont les guerres ont pendant près d’un demi-siècle ravagé l’Europe, ce thème de l’âge d’or est en fait le creuset où fusionnent, dans une communauté d’intérêts, à la fois le rêve édulcoré du petit peuple, tout particulièrement éprouvé par la guerre et les famines, les espoirs mercantiles des classes aisées, les aspirations prosélytistes des bons Pères et les ambitions personnelles d’un jeune monarque valeureux.
27Sous les couleurs de divertissements allégoriques, où le ballet et le chant viennent ponctuer l’action dramatique, les spectacles organisés dans les collèges jésuites pour célébrer le traité des Pyrénées et le mariage de Louis XIV sont en fait des œuvres politiques. Le double but éducateur, à la fois moral et social du spectacle chez les jésuites, se double ici d’une fonction encomiastique et propagandiste particulièrement évidente : glorifier le monarque, exalter sa politique. En d’autres termes, ce que visent les spectacles jésuites, c’est à constituer un sujet, le roi, dans son désir absolu du pouvoir, et à donner comme effet de réalité la représentation que ce sujet a des choses, et donc à contribuer à faire advenir l’ordre nouveau ainsi énoncé59. Ces spectacles sont donc bien un exemple de loyalisme monarchique, mais cela ne saurait empêcher que l’évidente adhésion aux valeurs du pouvoir ne rencontre au fil du discours la défense d’intérêts communautaires locaux, tant sur un plan temporel que sur un plan confessionnel.
Spectacles auxquels assistèrent le roi et la famille royale
- 16 septembre 1659, collège de la Madeleine, Bordeaux : un « ballet » intitulé L'Olive de la Paix.
- 3 décembre 1659, collège royal, Toulouse : une pièce allégorique, mêlée de ballets, intitulée Le Siecle d’Or mis en liberté, par la Paix que le Roy a donnée à la France.
Spectacles donnés en l’absence du roi et de la famille royale
- Février 1660, collège des Bons Enfants, Reims : une « comedie heroïque » intitulée Le Triomphe de l’Amour sur le Mars françois.
- Mars 1660, collège de Notre-Dame de Bon Secours, Lyon : une pièce allégorique intitulée Le Genie de la France couronné d'Olive & restituteur de la Paix.
- Mars 1660, collège de la Trinité, Lyon : une tragédie de Trebellius, accompagnée d’intermèdes « sur le sujet de la Paix » (élèves de la classe de rhétorique) ; et une « action allegorique » de La Paix du Parnasse (élèves de la classe d’humanités).
- 13 mai 1660, collège royal, Clermont-Ferrand : une tragi-comédie d’Augustus pacificus, accompagnée d’un ballet de Mars desarmé.
- 23 mai 1660 (jour de la Trinité), collège de la Trinité, Lyon : une « representation heroique », mêlée de ballets, intitulée L’Isle de Paix.
- Printemps 1660, collège royal, Toulouse : Les Quatre glorieuses sources du fleuve de Paix.
- Printemps 1660, collège Royal-Dauphin, Grenoble : une tragi-comédie de La Victoire de la Paix, entremêlée d’un ballet du Triomphe de l'Amour.
- 11 août, collège d’Eu en Normandie : « vne Comédie des plus agréables, où la Paix estoit introduite par l’Amour, & tous deux ensemble achevoyent la félicité de la France » (texte non retrouvé).
- 19 août 1660, collège de Clermont, Paris : une tragédie de la Clementia christiana, accompagnée d’un « ballet » du Mariage du Lys et de l’impériale.
Notes de bas de page
1 Le titre de cet article se veut un hommage aux travaux d’Abby E. Zanger sur les représentations du mariage de Louis XIV et de l’Infante Marie-Thérèse (voir notamment son livre Scenes from the Marriage of Louis XIV. Nuptial Fictions and the Making of Absolutist Power, Stanford CA, Stanford University Press, 1997).
2 Le mariage franco-espagnol ne fut en fait définitivement arrêté qu’avec la signature du traité des Pyrénées en novembre 1659. Retardé jusqu’au printemps de l’année suivante, il fut célébré à Saint-Jean-de-Luz le 9 juin 1660.
3 Pour un compte rendu détaillé de ce voyage, voir La Relation Veritable et Fidelle du Voyage du Roy donnée par François Colletet (Paris, Loyson, 1659-1660), ainsi que les pages qu’y consacre Mlle de Montpensier dans ses Mémoires (Amsterdam, Jean-Frédéric Bernard, 1730, t. 4, p. 160-244, t. 5, p. 1-25).
4 François Colletet, « Quatrième Journal historique », op. cit., p. 7. Ce que confirme le compte rendu de La Gazette du 27 septembre 1659 (p. 954).
5 Id., p. 12. Ce que confirme également le compte rendu de La Gazette du 20 décembre 1659 (p. 1237).
6 Voir le compte rendu du 8 mai 1660 (p. 418).
7 À Lyon, par exemple, ce rituel de la fondation, imposé par le contrat qui avait confié la gestion de l’établissement à la compagnie de Jésus, le 14 septembre 1567, stipulait que les consuls de la ville devaient être accueillis au collège une fois l’an le jour de la Trinité.
8 Le texte en est malheureusement disparu.
9 Dans son compte rendu du 7 août 1660, le rédacteur de La Gazette rappelle cette représentation, avant de mentionner celle d’un Temple de la Paix, donnée le 25 juillet précédent, dans la cour du collège (p. 741).
10 Cette liste est sans doute loin d’être exhaustive, mais ce sont les seuls spectacles que l’état actuel des sources m’a permis d’identifier. Je renvoie ici aux travaux de Louis Desgraves, Répertoire des programmes des pièces de théâtre jouées dans les collèges en France (1601-1700), Genève, Droz, 1986, et de Marie-Madeleine Compère et Dominique Julia sur Les Collèges français, xvie-xviiie siècles, Paris, CNRS, 1984-2002, dont seuls trois volumes sont à ce jour parus.
11 Voir le compte rendu du 28 août 1660, p. 800. Je n’en ai malheureusement pas retrouvé le texte. La Gazette signale aussi des défilés de chars organisés à Saumur par les académistes et les élèves des collèges de la ville à la fois pour la publication de la paix en mars 1660 et pour la célébration du mariage du roi en juillet 1660. On lit ainsi dans le compte rendu du 19 mars : « Et le 4 [mars], les Académistes & les Escoliers des deux Colléges, tous couverts de lierre & de rubans de diverses couleurs, fire[n]t le mesme, suivans un Char ombragé de pareils feüillages, & de Ba[n]deroles, sur lequel estoit un Apollon joüant du Luth, un Cupidon jettant des fléches aux Dames, & un Baccus sur une Pipe, qui présentoit du vin à un chacun. D’ailleurs, les Habitans, vestus tant à l’Espagnole qu’à la Françoise, donnoyent aux Principaux, de petites bouteilles de vin d’Espagne & François : conduisans un Char de Triomphe, où paressoit Astrée qui fouloit un Trophée d’Armes, & tenoit un Mars enchainé » (p. 248) ; et dans celui du 24 juillet : « Le lendemain [le 10 juillet], les Escoliers, lestement vestus en Bergers, avec des Trompettes, Violons, Hautbois & Tambours, conduisirent par la ville, un Char de Triomphe, rempli de petits Amours, & traisné par deux chevaux représentans des Licornes » (p. 694).
12 « Les Ballets d’attache qui se font entre les Entrées des representations en Musique doivent être liez au corps de la piece, aussi bien que ceux que l’on jette entre les Actes des Tragedies & des Comedies, quand on ne forme pas un dessein entier de Ballet pour y servir d’Intermedes » (Claude François Ménestrier, Des ballets anciens et modernes […], Paris, René Guignard, 1682, p. 279).
13 Cette division en quatre découle du nombre d’entractes de la tragédie représentée. Il semble toutefois n’y avoir eu que deux intermèdes pour la tragédie de Trebellius, dont on ne connaît à vrai dire pas le nombre exact d’actes. Parfois, même, un grand ballet dansé après le cinquième acte de la pièce met fin au spectacle, comme dans la plus pure tradition du ballet de cour (ce fut le cas à Clermont-Ferrand).
14 J’entends ici « sujet » au sens de « matière », selon une distinction établie ici par Jean-Yves Vialleton (voir p. 29).
15 Mars desarmé. Balet dedié au Roy, Par les Escholiers de la Compagnie de JESUS. Dans le College Royal de CLERMONFERRAND, Clermont, Nicolas Jacquard, 1660, p. 4. Des notes marginales viennent même dans le livret souligner le lien de telle ou telle partie du ballet avec tel ou tel acte de la tragi-comédie comme avec tel ou tel événement historique.
16 Je reprends ici une distinction faite par Helen M. C. Purkis dans « Quelques observations sur les intermèdes dans le théâtre des jésuites en France », Revue d’histoire du théâtre, 18e année, II (avril-juin 1966), p. 182-198, voir p. 185. « Dilude » est le terme qui fut donné aux intermèdes des trois pièces allégoriques représentées par les élèves des jésuites à Lyon en décembre 1622 à l’occasion de l’entrée solennelle du roi Louis XIII dans la ville.
17 Je renvoie ici aux travaux de Jean-Christophe Maillard sur « Les Représentations en musique dans les collèges toulousains à la fin du xviie siècle », Campistron & consorts : tragédie et opéra en France (1680-1733), éd. J.-Ph. Grosperrin, Littératures classiques 52 (automne 2004), p. 349-363.
18 Les Rejoüissances de la Paix, avec un recueil de diverses pieces sur ce sujet, Lyon, Benoist Coral, 1660, p. 10.
19 Les Quatre glorieuses sources du fleuve de Paix. Representées dans la Cour du College de Tolose, Toulouse, Fr. Boude, 1660, p. 20.
20 Id., p. 3.
21 Voir Pierre Peyronnet, « Le Théâtre d’éducation des jésuites », Les Jésuites, xviiie siècle VIII (1976), p. 107-120.
22 Ce genre de titre se rencontre fréquemment dans l’encomiastique monarchique. Le mariage en 1625 de la princesse Henriette-Marie de France et de Charles Ier d’Angleterre fut évoqué dans les termes du mariage du lis et de la rose, tandis que, pour celui de Louis XIII et d’Anne d’Autriche en 1615, le lis fut associé à la grenade.
23 « L’Isle de Paix », Les Rejoüissances de la Paix, op. cit., p. 41.
24 Mars desarmé, op. cit., p. 4.
25 L’Olive de la Paix, Prise dans le Paradis terrestre de la France, et presentée av Roy, Ballet, Bordeaux, Jacques Monoiron Milanges, 1659, p. 2.
26 Le Siecle d’Or mis en liberté, par la Paix que le Roy a donnée à la France, Toulouse, Jean Boude, 1659, p. 11.
27 « Ce grand Art consiste principalement dans la Fable, dans la maniere de dire les choses par allégories & par métaphores, & dans l’invention de la matiere apparente ; c’est-à-dire des actions sous lesquelles les véritez que le Poëte veut enseigner, sont agréablement déguisées. » (Le Bossu, Traité du Poëme Epique, Paris, Michel le Petit, 1675, t. 1, p. 27).
28 Désignation présente en revanche dans le programme imprimé.
29 Voir P. François de Dainville, « Allégorie et actualité », L’Éducation des jésuites (xvie-xviiie siècles), Paris, Minuit, 1978.
30 Claude François Ménestrier, op. cit., p. eiij.
31 César de Grand-Pré, préface, « Ballet du grand Démogorgon », Ballets et mascarades de cour de Henri III à Louis XIV (1581-1652), éd. Paul Lacroix, Genève, 1868-1870, réimpr. Genève, Slatkine, 1968, t. 4, p. 165-166.
32 Je me permets de renvoyer ici à mon propre article sur « L’Équivoque d’une célébration : les fêtes du mariage de Louis XIII et d’Anne d’Autriche à Bordeaux (1615) », xviie siècle 222 (2004/1), p. 3-24.
33 Voir Pierre Guillot, Les Jésuites et la musique. Le collège de la Trinité à Lyon (1565-1762), Liège, Mardaga, 1991.
34 L’Olive de la Paix, op. cit., p. 15.
35 C’est justement le titre du ballet dansé à Clermont-Ferrand le 13 mai 1660.
36 Le Siecle d’Or mis en liberté par la Paix, op. cit., dédicace.
37 Nicole Ferrier-Caverivière, L'image de Louis XIV dans la littérature française de 1660 à 1715, Paris, PUF, 1981.
38 L’un des tableaux décorant les côtés de la cour du collège de la Trinité à Lyon montrait ainsi la Foi, armée par la Paix, chassant l’Hérésie et l’Impiété de leurs temples, d’où sortaient des serpents. La devise précisait les guerres qu’elle devait entreprendre : « Vertite victrices Calvini in viscera dextras,/ Concordi discors haeresis ense cadat./ Vertite concordes Turcarum in cornua turmas/Una haec pacificis sunt pia bella super. » (Les Rejoüissances de la Paix, p. 31).
39 Mars desarmé, op. cit., p. 10. On lit de même dans Le Siecle d’Or mis en liberté par la Paix : « Son sang, & sa Valeur font esperer au monde,/Que nos Lys regneront sur la terre & sur l’onde » (p. 22).
40 Les Quatre glorieuses sources du fleuve de Paix, op. cit., p. 3-4.
41 Ibid., p. 7.
42 « A la Reyne. Stances », L’Olive de la Paix, op. cit., n. p.
43 L’Olive de la Paix, op. cit., p. 51.
44 Les Quatre glorieuses sources du fleuve de Paix, op. cit., p. 7.
45 P Pierre Le Moyne, La Gallerie des Femmes fortes, Paris, A. de Sommaville, 1647.
46 Dans l’« Epistre » de La Gallerie des femmes fortes, Le Moyne rendait lui aussi hommage à la « piété victorieuse » d’une autre Infante d’Espagne, la reine Anne d’Autriche, alors régente du royaume.
47 Ordre de chevalerie dépendant du roi d’Espagne, celle-ci était devenue pour les contemporains un symbole de la péninsule Ibérique, et par extension des princesses espagnoles épousant le roi de France.
48 Le second côté de la cour du collège de Toulouse s’ornait d’emblèmes dont l’un représentait « un Jason estouffant un Dragon, qui vomit des feux & des flames, & qui ne pouvant plus long-temps garder la Toison d’Or, se voit obligé de l’abandonner à ce Conquerant » (Les Quatre glorieuses sources du fleuve de Paix, op. cit., p. 7).
49 Sur ce sujet, voir Sheila Ffolliott, « Make love, Not War : Imagining Peace through Marriage », Peace and Negotiation Strategies for Coexistence in the Middle Ages and the Renaissance, éd. Diane Wolfthall, Turnhout, Brepols, 2000, p. 213-232.
50 L’Olive de la Paix, op. cit., p. 44-45.
51 L’Entrée Triomphante de leurs Majestez Louis XIV. Roy de France, et Marie Therese d’Austriche son Espouse, dans la Ville de Paris capitale de leurs royaumes, au retour de la Paix Generalle, et de leur heureux Mariage, Paris, Pierre le Petit, Thomas Joly, Louis Bilaine, 1662, p. 26.
52 Les Rejoüissances de la Paix, op. cit., p. 14 sq. La figure de la Paix qui, à Paris, est représentée aux côtés du couple royal sur l’arc de la place Dauphine, tient ainsi à la main une corne d’abondance tandis que, de l’autre, elle rappelle les Arts et les Sciences.
53 L’Olive de la Paix, op. cit., p. 13 sq.
54 Le Siecle d’Or mis en liberté par la Paix, op. cit., p. 13.
55 « Viens faire voguer tes vaisseaux,/Va dans l’Inde, passe la Perse » (L’Olive de la Paix, op. cit., p. 56).
56 « Le vin de tes costeaux, tes moissons abondantes,/L’oranger dans tes bois par ses fruicts tousjours meurs,/Et l’Olive sur tout aux plaines verdoyantes,/Dont le fruict surpassa la promesse des fleurs. » (Le Siecle d’Or mis en liberté par la Paix, op. cit., p. 42).
57 Vision donnée comme justifiée par les écrits des Pères (L’Olive de la Paix, op. cit., p. 56).
58 Le Siecle d’Or mis en liberté par la Paix, op. cit., p. 32.
59 Je renvoie ici aux travaux de Louis Marin et notamment à l’ouvrage posthume Politiques de la représentation, Paris, Kimé, 2005.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Comparer l’étranger
Enjeux du comparatisme en littérature
Émilienne Baneth-Nouailhetas et Claire Joubert (dir.)
2007
Lignes et lignages dans la littérature arthurienne
Christine Ferlampin-Acher et Denis Hüe (dir.)
2007