Introduction
p. 15-46
Texte intégral
1Anatole de Barthélemy laissa entendre il y a plus d’un siècle qu’il manquait une édition des actes subsistants de Charles de Blois, duc de Bretagne (1341- 1364) ; ‘Les diplomatistes savent combien les chartes émanées de Charles de Blois sont peu communes ; c’est presque une bonne fortune d’en rencontrer dans les archives bretonnes, qui sont cependant si riches1.’ Au xixe siècle, Arthur de La Borderie, l’historien le plus important du duché médiéval conseilla vivement la publication de tous les documents subsistants ayant trait au gouvernement ducal avant 1364 à cause de leur rareté2. L’accueil donné au Recueil des actes de Jean IV, duc de Bretagne, 2 t. Paris 1980-1983, du présent éditeur, qui a brisé cette limite arbitraire, l’a encouragé à entreprendre la même tâche pour le rival vaincu de Jean IV.
2Léon Maître, qui a publié un ‘Répertoire analytique des actes du règne de Charles de Blois’ en 1904, fut le premier à tenter sérieusement de classer les lettres de Charles3. Ce répertoire comprend soixante documents ; la présente édition possède plus de quatre fois ce nombre, ce qui est dû en partie au fait que j’ai suivi le principe de La Borderie de rechercher non seulement les chartes et les actes publiés au nom du duc ou de sa femme, Jeanne de Penthièvre, grâce à laquelle il obtint le droit de gouverner le duché, mais aussi certains documents concernant la direction à la fois de la Bretagne ainsi que d’autres terres qu’ils possédaient ailleurs en France (un sujet très négligé jusqu’ici). Ceci peut se justifier en raison du fait qu’ils employaient en partie le même personnel dans leur administration et dans le duché, que Charles en particulier passait un temps considérable à s’occuper des affaires qui se présentaient dans ses possessions en dehors de la Bretagne ou à les visiter et que, dans une certaine mesure, le duc et la duchesse traitaient leurs différentes terres comme si elles faisaient partie d’une unique entité4.
3En conséquence, ce volume contient un groupe de documents concernant le partage de terres familiales dans le Maine et la Normandie qui sont passées par héritage à Jeanne, et plus de vingt articles dans le texte principal concernent la vicomté de Limoges. Cette dernière fut officiellement remise à Charles et Jeanne par un arrêt du Parlement en janvier 1345 bien que, comme le montre le témoignage imprimé ci-dessous, ils y aient exercé leur autorité presque depuis le début de leur règne sur le duché en raison du fait que la vicomté faisait aussi partie de leur héritage de Jean III, duc de Bretagne5. La nature de leur administration de la vicomté fait aussi l’objet de l’Appendice II ; l’édition d’une série révélatrice de plaintes énoncées par les consuls et les habitants de Limoges, vers 1348-1350, contre les officiers locaux de leur seigneur6. La tenure de la seigneurie de Guise, dont Charles hérita de son père, fournit de même plusieurs articles étant donné qu’il y règla des revendications avec son frère et d’autres parents, alors que l’Appendice I classe plus de quarante documents supplémentaires publiés par ses officiers dans cette seigneurie. Des lettres de Charles furent à l’origine d’un grand nombre de ces documents ou furent nécessaires par la suite pour leur application ou ratification ; cependant seules quelques-unes subsistent à présent7.
4Pour que ce volume soit complet et pour faciliter la référence, d’autres lettres, pétitions, procurations, ébauches de contrats de mariage, accords familiaux et des donations royales accordées au couple, bien que perdus, sont aussi sur la liste. Une correspondance particulièrement importante pour l’activité diplomatique du duc et de la duchesse et leurs relations avec la papauté (souvent la même chose), ne peut à présent qu’être retrouvée indirectement grâce à la réponse d’autres autorités. L’usage diplomatique contemporain, en particulier pour l’habilitation et l’envoi de représentants, aurait demandé des lettres de créance et d’autres mémoranda, dont peu ont subsisté bien que des comptes financiers ou autres fournissent des détails sur le personnel des ambassades8. Alors qu’il ne s’est pas révélé possible de republier toutes les trêves et tous les traités qui en résultèrent, des textes nouveaux ou actuellement absolument inaccessibles sont édités ci-dessous - un grand nombre de ces importants documents diplomatiques ont heureusement déjà été édités, quelques-uns plusieurs fois. Ainsi, en considérant ce qui constitue les acta du duc et de la duchesse d’un point de vue catholique, on a eu l’intention de fournir, sous une forme pratique, un guide de la majorité des preuves subsistantes concernant toute l’étendue de l’activité gouvernementale de Charles et Jeanne comme le montrèrent les documents administratifs et diplomatiques qui restent. De la même façon et pour les mêmes raisons, le texte principal est complété par l’édition des lettres subsistantes de Jeanne pendant son long veuvage.
Les sources
5On a trouvé dans plus de vingt dépôts d’archives ou bibliothèques du matériel approprié qui a été pour la plupart consulté sur place. À cet égard l’omission principale fut l’impossibilité d’aller aux archives du Vatican ; dans ce cas on s’est fié principalement aux différents calendriers des registres papaux produits par des membres de l’École Française de Rome ou à ceux qui furent publiés il y a presque un siècle par Her Majesty’s Stationery Office, et qui se complètent utilement9. Les registres du Parlement de Paris n’ont pas non plus été systématiquement examinés, bien qu’on ait tenu compte d’un certain nombre d’arrêts dont les détails ont été publiés précédemment10. Il est aussi probable, si le temps et le coût l’avaient permis, que plus de documentation appropriée aurait pu être découverte dans les archives départementales hors de la Bretagne (en particulier ayant trait à la seigneurie de Guise et à la vicomté de Limoges)11.
6Dans l’état actuel des choses, douze dépôts d’archives ont fourni encore soixante et une lettres originales et subsistantes aux noms de Charles et de Jeanne entre 1341 et 1364 (dont quarante-trois sont inédites), réparties comme suit ;
7Archives départementales de la Loire-Atlantique : 18
8Archives départementales d’Ille-et-Vilaine : 6
9Archives départementales des Côtes-d’Armor : 412
10Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques : 3
11Archives départementales du Finistère : 2
12Archives départementales du Morbihan : 4
13Archives municipales, Nantes : 1
14Archives Nationales, Paris : 2
15Bibliothèque Nationale, Paris : 4
16Longleat House, Wiltshire: 1
17Médiathèque, Nantes : 1413
18Public Record Office, Londres : 2
19Il y a, croit-on, au moins une lettre originale de plus qui subsiste dans une collection privée14, alors que, parmi des archives fournissant des copies plus tardives et des lettres originales appropriées écrites par d’autres parties, on peut mentionner particulièrement le Musée Condé, de Chantilly, où se trouvent de nombreux documents concernant la seigneurie de Guise15.
20Sur les 140 documents publiés intégralement dans cette édition se rapportant directement au règne de Charles et de Jeanne entre 1341 et 1364 (sur un total de 300 articles), 69 subsistent dans l’original, 61 dans des copies manuscrites plus tardives et 9 subsistent actuellement seulement en éditions imprimées, la plupart dans les travaux des bretons Mauristes, Dom Lobineau et Dom Morice16. Sur ceux qui subsistent dans le texte intégral, 52 ont été édités auparavant mais 84 (presque un tiers du total) ne l’ont pas été. Sur le reste des documents (plus de 150 articles) qui n’ont reçu que de brefs détails ici, la majorité est tirée de sources manuscrites encore inédites ou de calendriers et éditions publiés et très dispersés dont un grand nombre sont d’un accès difficile ou sérieusement insuffisants pour les besoins de la recherche moderne17.
21On a découvert trente lettres datant de l’époque du veuvage de Jeanne qui subsistent dans leur intégralité, 28 encore sous forme manuscrite. Seulement neuf ont été publiées auparavant, bien que ce chiffre comprenne les lettres les plus personnelles et individuelles publiées ci-dessous, deux lettres écrites en juillet 1379 à son beau-fils, Louis, duc d’Anjou, à un moment où les affaires bretonnes traversaient une crise dans laquelle l’avenir de la dynastie des Mont- fort, en tant que souverains du duché, était en balance. Celles-ci furent d’abord éditées dans l’Histoire de Bertrand du Guesclin (1666) de Paul Hay du Chastelet, mais l’identification des originaux et la rareté de ce volume justifient largement leur réédition18.
22Dix-huit originaux subsistants de Jeanne (14 inédits) sont répartis en cinq dépôts d’archives comme suit ;
23Archives départementales de la Loire-Atlantique : 9
24Archives départementales des Côtes-d’Armor : 1
25Archives Nationales, Paris : 4
26Bibliothèque Nationale, Paris : 3
27Médiathèque, Nantes : 1
28Au total, l’édition contient plus de 360 articles, 300 couvrant le règne du duc et de la duchesse (1341-1364) et le reste se rapportant au veuvage de Jeanne (1364-1384).
Remarques générales
29Il ne peut être question ici de relater en détail les événements du règne turbulent et finalement tragique de Charles de Blois et de Jeanne de Penthièvre, duc et duchesse de Bretagne. Un compte rendu narratif et classique de ceux-ci qui ont encore quelques rivaux se trouve dans L’Histoire de Bretagne, iii (1899) de La Borderie19, bien que le traitement le plus détaillé de la propre carrière de Charles soit fourni dans la biographie posthume du duc (1921) de Dom François Plaine. Celle-ci sert de long appendice (presque 300 pages foliotées) à la magnifique édition du procès manqué de canonisation (1371), publié par Dom A. de Sérent20. Je dois une dette énorme à la recherche d’archives assidue et étendue de Plaine qui met en lumière les sources appropriées à cette édition ; de temps à autre, cependant, il s’est révélé impossible de situer des documents qu’il a cités, soit à cause d’une référence imprécise ou incorrecte soit parce qu’ils se sont perdus dans l’intervalle, par exemple, dans le grave incendie qui affecta les archives départementales de Pau en 1908, où la présence de documents se rapportant à la famille Penthièvre est due à une alliance par mariage au xve siècle21.
30Depuis les travaux de Plaine, les contributions les plus importantes à la compréhension de la carrière politique de Charles ont été l’étude approfondie de E. Déprez sur la diplomatie à l’époque de l’emprisonnement du duc en Angleterre (1347-1356)22 et les considérations plus générales sur le règne du duc dans Les papes et les ducs de Bretagne (1928) de B.-A. Pocquet du Haut-Jussé23, puisant tous les deux énormément et presque simultanément dans les richesses des archives papales24. Plus récemment ce sont les aspects religieux de la vie de Charles et de l’histoire posthume qui ont eu tendance à attirer toute l’attention, travail qui dépend essentiellement de l’exploitation du procès de canonisation subsistant qui eut lieu à Angers en 1371 et d’autres documents. Par conséquent, tandis qu’André Vauchez fournit probablement dans La sainteté en Occident (1981),25 la meilleure analyse concise et moderne de la spiritualité du duc, il a aussi placé ce procès dans son contexte le plus large en le comparant de façon détaillée à d’autres procédures de canonisation médiévale. Ce faisant il a aussi exposé de façon graphique leur dimension politique26. Jean IV, vainqueur d’Auray, s’opposa naturellement fortement à la promotion de la canonisation de Charles par Jeanne de Penthièvre et sa famille bien que la raison pour laquelle le procès échoua finalement, après l’éclipse politique que Jean lui-même subit et son exil, reste un mystère27. En ce qui concerne le présent, il suffit de dire que la richesse de l’information contenue dans la déposition de presque deux cents témoins qui soit ont comparu en personne à Angers soit ont fourni des dépositions écrites sur des événements miraculeux qu’ils attribuèrent à l’intervention de Charles de Blois après sa mort, est écrasante en quantité et illumine avec une clarté et une précision remarquables bien des aspects de la vie du xive siècle à la fois en Bretagne et ailleurs28.
31Quant à l’histoire également fascinante et plus tardive d’un culte de ‘St Charles de Blois’ qui continua après le Moyen Âge, jouissant à partir du xviie siècle d’un renouveau croissant dont les efforts aboutirent au xixe siècle à la réouverture du procès de canonisation qui eut pour résultat la béatification de Charles par le pape Pie X en 1904, Plaine et de Sérent fournissent le compte rendu le plus détaillé de cette histoire extraordinaire et intrigante29, bien qu’il vaudrait la peine de rouvrir le cas maintenant que les personnes directement impliquées dans sa phase finale (notamment Plaine) ont disparu depuis longtemps30.
32Sur les questions plus restreintes de politique, diplomatie et règne ducal, qui fournissent la substance principale des documents qui suivent, Jean-Christophe Cassard a récemment écrit (1994) une biographie courte mais vivante, basée en grande partie sur le procès de canonisation et utilisant également d’autres études modernes,31 tandis que Christiane Prigent (1992) a examiné une large gamme de témoignages se rapportant à Charles établissant des liens entre le pouvoir ducal, la religion et la production artistique32. Quelques unes de ces questions ont aussi été traitées par l’éditeur, particulièrement celles qui sont liées au symbolisme et à la nature d’une identité bretonne caractéristique vers la fin du Moyen Âge, où l’étendue complète de la nouveauté et de la signification du règne de Charles commence seulement à présent à être généralement plus appréciée33. Ce travail ne tentera pas de couvrir ces questions une fois de plus, mais il est nécessaire de rappeler quelques détails saillants afin de procurer une information personnelle et limitée sur le duc, appropriée aux affaires soulevées dans les documents publiés ci-dessous.
33Charles de Blois était le second fils de Guy de Châtillon, comte de Blois et de sa femme, Marguerite de Valois, sœur du futur Philippe VI de France. Probablement né en 1319, son avenir modeste de cadet fut transformé quand, en juin 1337, il épousa Jeanne, fille de Guy de Bretagne, comte de Penthièvre († 1331) et de Jeanne, dame d’Avaugour, qui avait un ou deux ans de moins que son mari34. Étant déjà elle-même une riche héritière, mais plus important encore, Jeanne de Penthièvre était la nièce de Jean III, duc de Bretagne (1312-1341), le frère aîné de son père, trois fois marié mais sans enfant. Au moment de son mariage beaucoup de gens dans le duché, y compris le duc lui-même, la considéraient comme son héritière présomptive. Plusieurs prétendants notables, attirés par la perspective de jouir d’une tenure à vie au moins de la Bretagne, avaient déjà devancé Charles de Blois en demandant la main de Jeanne, une affaire d’une importance politique considérable non seulement pour sa famille proche mais pour toute la noblesse bretonne. L’un d’eux, Jean d’Eltham, jeune frère d’Édouard III d’Angleterre, mourut en septembre 1336 ; un autre, Charles, fils de Philippe d’Évreux, roi de Navarre, ne fut pas accepté à cause de son très jeune âge, bien qu’en arrangeant le mariage de Jeanne avec son fils, le comte de Blois s’engageât à dédommager la famille royale navarraise des dépenses encourues au début des pourparlers avec la coquette somme de 10 000 l., soit des versements de 1 000 l. par an, une somme qui devait être portée à 20 000 l. payée en deux ans si Jeanne recevait le duché en succession35. Attendant patiemment cette éventualité, Charles et Jeanne semblent avoir vécu sur leurs immenses propriétés au nord de la Bretagne avec au centre le comté de Penthièvre, patrimoine de Jeanne, où Charles avait pris le titre de courtoisie de ‘seigneur de Penthièvre’. En mars 1339, il était toujours sous la tutelle du seigneur de Quintin, tandis que Jeanne restait sous celle du duc36.
34À la mort de Jean III (30 avril 1341), la revendication de Jeanne au duché, largement acceptée, fut disputée par son oncle, Jean, comte de Montfort, le demi-frère du duc défunt, mécontent de son petit héritage en Bretagne. L’affaire fut portée devant le Tribunal des Pairs au Parlement de Paris en août 1341. Il fut soutenu, au nom de Jeanne, que par représentation de son père défunt, un plus jeune frère à part entière de Jean III, elle était le successeur légitime au duché ; Montfort, le demi-frère du côté paternel de Jean III, revendiquait ce droit en tant que son héritier mâle le plus proche encore en vie. Un grand nombre de témoins des deux côtés comparurent et on discuta d’opinions juridiques et de droit jurisprudentiel très contradictoires ; si, par exemple, on devait suivre la coutume bretonne qui acceptait la représentation et était relativement indulgente envers les droits des femmes, ou si les lois qui régissent la succession à la couronne elle même devaient déterminer sa descendance parce que le duché était une pairie de France depuis 129737. Dans cette affaire, évidemment, Philippe VI (dont les revendications à la couronne mutatis mutandis étaient basées sur des principes similaires à ceux de Montfort) avait tout récemment réussi à exclure au moins un candidat (Édouard III d’Angleterre) dont les revendications dépendaient de la transmission des droits à ou par une femme.
35Une procédure habile résolut l’impasse juridique mais provoqua une crise politique et militaire ; le 7 septembre 1341, sans se prononcer définitivement sur les mérites de l’une ou l’autre affaire, on publia un décret, l’Arrêt de Conflans (2 ci-dessous), permettant à Charles de prêter hommage à la couronne pour le duché de Bretagne au nom de sa femme. Comme on le sait, Jean de Montfort refusa d’accepter ce verdict et, avec le soutien d’Édouard III, tenta de s’emparer du pouvoir dans le duché en s’opposant à une armée française envoyée pour faire appliquer la décision du tribunal38. La Bretagne fut bientôt déchirée par la guerre civile qui domina le reste de la vie de Charles jusqu’à ce qu’il fût tué en combattant le fils de Montfort à la bataille d’Auray le 29 septembre 1364. Cette lutte qui traîna en longueur fournit la réalité toujours présente qui donna naissance à un grand nombre des documents qui suivent, tandis que le duc et la duchesse se débattaient avec les impératifs militaires, diplomatiques, financiers et politiques imposés par la guerre.
36Le premier article ci-dessous (1) est unique puisqu’il est le seul document subsistant qui montre Charles agissant pacifiquement et légalement en tant que seigneur de Penthièvre pendant la période pauvre en récits narratifs qui va de la mort de Jean III à l’Arrêt de Conflans. Mais, selon des chroniques presque contemporaines des événements, les deux prétendants rivaux à la succession étaient déjà occupés à manœuvrer pour obtenir des avantages politiques et territoriaux avant l’audition de leur litige au Parlement. Le compte rendu le plus connu mais maintenant discrédité de ces événements qui se passèrent en Bretagne pendant l’été 1341 - celui de Jean Froissart - dépeint en particulier Jean de Montfort lançant une attaque préventive en occupant de force différents châteaux à position stratégique et s’emparant du trésor du duc défunt avant que l’affaire ne soit portée devant le tribunal. Il semble que Froissart ait inventé de toutes pièces une grande partie de ce récit ; encore une fois, le conflit ouvert ne semble pas avoir éclaté sérieusement avant septembre 134139.
37Il semblait également au début que le combat pourrait être bref. Dès la fin de novembre 1341, Nantes était tombée aux mains des forces royales françaises d’invasion ; Montfort fut fait prisonnier et l’on fit de sérieux efforts pour résoudre la crise de succession par la négociation (3). Cependant cette tentative échoua, principalement parce que la femme de Montfort, Jeanne de Flandres, encore en liberté avec son très jeune fils, était déterminée à continuer de défendre leur cause et qu’Edouard III lui apportait son soutien. En 1342 trois forces expéditionnaires anglaises furent envoyées pour renforcer Jeanne et son parti, la dernière sous la conduite d’Edouard III en personne40. Il mit le siège devant Vannes et essaya de livrer bataille à Philippe VI, avant qu’une trêve générale anglo-française, qui comprenait aussi la Bretagne, fût convenue à Malestroit (19 janvier 1343). On prit des dispositions pour que de nouveaux efforts diplomatiques résolvent la crise de succession dans le duché ; les discussions furent plus approfondies à Avignon sous l’égide papale pendant les pourparlers de paix en octobre 1344 (cf. 34)41.
38Malheureusement, pendant la trêve, les positions des parties adverses en Bretagne se durcirent ; Charles et Jeanne furent soutenus par Philippe VI et les partisans de Montfort aidés par Edouard III. Vannes, saisie par les représentants du pape qui l’avaient tenue en gage pour la trêve locale, tomba aux mains des Anglo-Bretons, qui contrôlaient aussi plusieurs positions clé le long du littoral de Morlaix à Guérande, tandis que Charles et ses alliés tenaient Rennes, Nantes et une grande partie du nord de la Bretagne. En 1344, ils firent aussi des incursions ailleurs prenant, par exemple, Quimper et assiégeant Guérande ; quelques documents éclairent ces développements militaires ainsi que les récompenses que Charles et Jeanne offrirent à leurs partisans (25, 28, 30, 32, 34). Escarmouches et sièges furent à l’ordre du jour comme le duché était divisé en zones franco-bretonnes ou anglo-bretonnes. La diplomatie et le besoin de trouver des ressources pour la guerre étaient aussi des sujets d’inquiétude, qui, par exemple, conduisirent Charles à se rendre à la curie d’Avignon au début de 1345 (cf. 57, 58).
39Les hostilités reprirent pour trois raisons ; Montfort, qui avait été libéré sur parole par Philippe VI à la fin de 1343, s’enfuit en Angleterre aux environs de Pâques 1345, il prêta hommage à Edouard III et revint en Bretagne en été 134542. En dépit de sa mort inattendue en septembre, Edouard III, maintenant tuteur de son jeune fils, continua à envoyer suffisamment de troupes et de matériel pour tenir Charles et ses partisans à distance, en particulier depuis que des lieutenants anglais envoyés dans le duché par le roi, comme Guillaume Bohun, comte de Northampton et Sir Thomas Dagworth, se révélèrent d’excellents soldats43.
40Ce fut Dagworth, par exemple, qui porta à la fortune du parti des Penthièvre le coup le plus préjudiciable quand il battit et captura Charles, qui assiégeait La Roche Derrien (20 juin 1347)44, ce qui s’avèra un des événements les plus significatifs de la guerre. Charles resta prisonnier des Anglais pendant les neuf années suivantes et le parti des Penthièvre peina pour sa libération. Ce faisant Jeanne fut forcée de jouer un rôle plus direct et actif dans l’administration (97, 98, etc.), et on peut voir ses tentatives pour obtenir la libération de Charles par voie diplomatique et aussi certains des déplacements de celui-ci pendant ses périodes de liberté conditionnelle (129, 139, 152, 159, 161, 166, 167). À partir de 1348 les discussions furent centrées sur l’idée d’une alliance par mariage entre son fils aîné, Jean, et une fille d’Edouard III. Après l’échange de plusieurs ambassades, il sembla en mars 1353 qu’Édouard III était sur le point de sacrifier son pupille, Jean de Montfort, aux intérêts de la paix avec Charles, mais ces plans échouèrent pour des raisons qui restent obscures (154).
41L’activité diplomatique se poursuivit en 1354-1355 bien que ce ne fût pas avant août 1356 qu’Édouard III imposa des termes financiers punitifs et que Charles retrouva sa liberté (181). Il avait reçu la permission plusieurs fois d’aller en France, même de retourner au duché sur parole pendant que les termes de sa mise en liberté étaient l’objet de discussion45. Son retour permanent en France coïncida avec les jours les plus sombres que traversa la monarchie française médiévale. Le 19 septembre 1356, les Anglais capturèrent Jean II à la bataille de Poitiers. Des insurrections avaient déjà éclaté à Paris ; on proposa des changements gouvernementaux révolutionnaires et un malaise croissant, économique et social conduisit à la révolte de la Jacquerie en mai 1358. Charles fut directement témoin de la plupart de ces événements puisqu’il passa beaucoup de temps avec le Dauphin à Paris et aux environs, immédiatement après sa libération, pendant qu’on rassemblait laborieusement dans le duché des acomptes de sa rançon. Il joua aussi, pendant cette période révolutionnaire, un rôle politique de premier plan dans la parti des États. Il est responsable, par exemple, de la nomination de deux chevaliers ‘ad juvandum et supportandum onera et negotia’ de la Chambre des Comptes (janvier-mars 1357). Il est membre du conseil royal pendant quelques mois et un partisan résolu de la réforme46. Après cette longue absence en Angleterre, il y avait aussi des affaires familiales pressantes qui rendaient urgente sa libération (184-187).
42Les termes fixés par le traité d’août 1356 n’ayant pas été respectés, la reprise des combats en Bretagne plongea une fois de plus le duché dans le tumulte entre 1358 et 1360. Édouard III, après avoir envisagé l’idée d’une alliance avec Charles, soutint à nouveau son propre candidat au trône ducal, le jeune Jean de Montfort47. À la suite du traité de Brétigny-Calais (octobre 1360), les tentatives des rois d’Angleterre et de France pour réunir les deux rivaux à la succession bretonne afin de régler leurs différends par la négociation s’effondrèrent encore après de sérieux essais de médiation en 1361-1362 (254, 262, 270). Une phase finale et décisive dans le long conflit s’ouvrit quand Édouard III déclara en juillet 1362 que Jean de Montfort était majeur et lui permit de s’embarquer pour le duché afin de défendre sa cause avec l’assistance des troupes anglaises. Quand des efforts supplémentaires ne réussirent pas à négocier la paix, à la suite des discussions de l’été 1363 aux Landes d’Evran (277) et puis sous l’égide d’Edouard, prince d’Aquitaine et de Galles, qui avait réuni ensemble les rivaux à Poitiers en novembre 1363 et encore en février 1364, il n’y eut de solution que dans la reprise de la guerre.
43Quant à Charles, l’acte final du drame prolongé se joua en septembre 1364 quand, pendant qu’il effectuait un siège, il se laissa prendre à Auray, comme à La Roche Derrien en 1347, par Jean de Montfort et ses alliés anglais sous le commandement de Sir John Chandos et d’autres vétérans endurcis à la guerre. Dans la bataille qui s’ensuivit Charles fut tué et un grand nombre de ses partisans les plus importants se retrouvèrent une fois de plus prisonniers des Anglo-Bretons48. S’inclinant enfin devant l’inévitable, puisque le nouveau roi de France, Charles V, n’était pas disposé à continuer à soutenir le parti des Penthièvre, des négociations pour obtenir une paix permanente commencèrent. À Guérande, le 12 avril 1365, Jeanne renonça à ses droits sur le duché, se réservant seulement le droit de les réaffirmer si la descendance masculine de la branche rivale des Montfort de la famille ducale s’éteignait. Bien que gardant le titre de ‘duchesse de Bretagne’ à vie, elle accepta une large pension de son rival, qui fut à ce moment-là reconnu officiellement comme Jean IV, duc de Bretagne49.
44De 1365 à 1372, la plupart des documents subsistants concernant le veuvage de Jeanne se rapportent au paiement (ou non-paiement) de sa pension et aux problèmes provenant de ses droits sur les terres patrimoniales en Bretagne ou dans la vicomté de Limoges. Le fait que Limoges se trouvait pendant la plus grande partie de cette période sous la domination d’Edouard, prince d’Aquitaine et de Galles, compliquait les affaires, en particulier quand certaines politiques que Jeanne poursuivait, comme son soutien à la canonisation de son mari défunt, avaient aussi de sérieuses implications pour le gouvernement de Jean IV, l’allié du prince anglais. On peut détecter quelques échos de cet imbroglio politique dans les documents publiés ci-dessous, bien qu’il soit décevant que beaucoup soient à présent inaccessibles50.
45En avril 1373 Jean IV reperdit contrôle de son duché et s’enfuit en exil en Angleterre. Jeanne commença à espérer qu’elle pourrait une fois de plus rendre à la réalité des titres qu’on lui avait permis de garder en 1365. Il reste peu de documentation sur la plus grande partie de l’administration du duché entre 1373 et 1378, bien qu’il soit intéressant de noter qu’à l’intérieur de ses terres ancestrales, Jeanne exerça en 1377 le droit de régale, considéré alors normalement comme une prérogative ducale en Bretagne, quand l’évêché de Tréguier devint vacant (343, 348)51. Cependant, si elle s’attendait à regagner le contrôle du duché, ses espoirs furent cruellement déçus en décembre 1378 quand le Parlement de Paris, jugeant que Jean IV avait perdu son duché par trahison, le lui confisqua ; il décréta son unification à la couronne et rejeta sommairement la revendication de Jeanne au titre (351, 352).
46Ce fut sans aucun doute cette erreur politique de la part de Charles V qui poussa Jeanne, d’autres seigneurs bretons et des communautés urbaines à jouer un rôle de temporisation quand Jean IV, une fois de plus soutenu par les Anglais, revint dans le duché à la fin de l’été 1379. L’attitude de Jeanne est le plus clairement démontrée dans les lettres ambivalentes qu’elle et d’autres envoyèrent en Anjou à ce moment-là (355, 356). Le moment de répit qu’ils créèrent et la passivité de Bertrand du Guesclin et de ses troupes pendant que le duc débarquait, suffirent à Jean IV pour reconquérir son trône. En 1380, la mort de Du Guesclin en juillet suivie de celle de Charles V lui-même en septembre, amena le conseil royal à envisager un règlement plus durable avec le rebelle à présent rétabli au pouvoir. Le beau-fils de Jeanne, Louis, duc d’Anjou, engagea les négociations. Les termes de l’accord furent finalement acceptés au second traité de Guérande (4 avril 1381). Jeanne donna son assentiment à La Roche Derrien le 2 mai, dans la dernière de ses lettres dont un texte complet subsiste (361). Il restait à Jeanne un souci domestique puisque ses deux fils, Jean et Guy, otages depuis 1356 pour des portions impayées de la rançon de Charles52, étaient toujours emprisonnés en Angleterre. Cependant les trois dernières années de sa vie ne sont pour ainsi dire pas documentées (elle mourut le 10 septembre 1384).
Le caractère et la diplomatique des Actes
47Les lettres originales subsistantes de Charles et de Jeanne qui se rapportent à leur règne commun sont toutes écrites sur parchemin. Elles se divisent en quatre catégories définies par leur méthode de scellage ;
- i. Lettres scellées sur lacs de soie.
- ii. Lettres scellées sur double queue de parchemin.
- iii. Lettres scellées sur languette de parchemin.
- iv. Lettres dont le sceau était plaqué.
48Les preuves de la première catégorie (i) sont peu importantes. Bien que de telles lettres aient été publiées pendant le règne précédent, seuls trois exemples subsistent pour celui-ci ; lettres confirmant la vente par Philippe VI de la châtellenie d’Auberoche dans la vicomté de Limoges au cardinal Talleyrand de Périgord (janvier 1347), probablement rédigées par un clerc royal français ; l’original des termes du traité conclu avec Édouard III en août 1356, rédigé par un officier de la chancellerie anglaise, John de Branketre, et le contrat de mariage (1360) de Marie, fille du duc et de la duchesse, avec Louis, duc d’Anjou, lettres publiées conjointement dont le seul exemple original conservé fut rédigé par l’un des clercs de Louis (89, 181, 252). Ces trois documents sont tous donc exceptionnellement différents et peu caractéristiques des pratiques généralement suivies par la chancellerie bretonne à cette époque ; ils sont les produits d’autres chancelleries. Dans ce cas, pour la plupart des besoins ordinaires, des actes solennels publiés aux noms de Charles et de Jeanne étaient généralement scellés sur double queue de parchemin à travers un repli (ii), tandis que les documents de routine administrative comme des mandements donnés à des officiers pour exécuter des volontés ducales étaient normalement scellés sur simple queue de parchemin (iii).
49Sur ceux qui étaient scellés sur double queue (ii), seuls quelques-uns (9) subsistent encore dans l’original, bien qu’ils aient été distribués à partir de 1342, le premier étant un document d’un grandeur exceptionnelle (515 x 560 mm) pour ce règne (8)53. La catégorie de loin la plus importante est donc celle des lettres scellées sur simple queue (iii) dont au moins 46 subsistent en original. Un grand nombre d’entre elles soit ont encore une languette de clôture soit un bout sur lequel elle était fixée à l’origine, montrant qu’elles étaient expédiées fermées. Il n’existe à présent qu’un document dont le sceau était plaqué, une facture que Charles envoya à la chancellerie anglaise (297), selon toute probabilité pendant son emprisonnement.
50À part quelques exceptions, qui sont soit des documents solennels particulièrement grands comme les termes de la paix de 1356, soit des lettres très prolixes nécessitant beaucoup de parchemin, ou bien encore à l’inverse quelques documents petits et étroits (moins de 90 mm de longueur), la majorité des originaux qui existent sont écrits sur des morceaux de parchemin rectangulaires mesurant de 300 à 320 mm de largeur et jusqu’à 250 mm de longueur, la taille la plus typique étant de 250/300 x 100/160 mm et contenant environ 10 à 30 lignes de texte. La langue préférée est le français bien qu’un nombre considérable de variations régionales soit utilisé, notamment quand on compare des documents publiés dans la seigneurie de Guise à ceux de Bretagne. La présence du latin est très exceptionnelle et quand il est utilisé, les circonstances de publication ne sont généralement pas ordinaires ; ainsi, la lettre confirmant la donation que Philippe VI accorda au cardinal Talleyrand de Périgord dans la vicomté de Limoges publiée par le duc et la duchesse (1347), fut probablement rédigée à la chancellerie royale plutôt que par un clerc breton (89). Il en est de même pour la seule lettre en latin dont le texte complet existe, qui date de l’époque du veuvage de Jeanne, et qui est une renonciation fictive à la vicomté de Limoges en faveur de Charles V en 1369, un document rédigé encore dans des circonstances uniques (320)54.
51Tandis que des lettres sont écrites sur du parchemin réglé et que la plupart sont soigneusement rédigées d’une écriture nette sur du parchemin de bonne qualité aux marges généreuses et dans une encre qui reste clairement lisible, il y a des exceptions qui révèlent un certain degré de négligence, une écriture en pattes de mouche, l’usage de mauvais parchemin peu épais et troué et un manque de repect des règles normales de correction et de vérification des documents. Très peu d’originaux offrent des décorations ; une initiale peut être enluminée de temps à autre ; une donation de 1342 a une initiale C embellie de fleurs-de-lys (8). Cependant, la présente collection est presque totalement dépourvue de fioritures, d’enjolivures ou d’entrelacs ou encore de majuscules (en particulier à la première ligne d’un document), qu’on trouve dans d’autres chancelleries contemporaines et souvent clairement utilisés à des fins de propagande55. Le nom du clerc responsable de la publication du document se trouve normalement en bas et à droite, sur le repli ou la languette, bien que sa signature puisse aussi être absente. Les différences d’orthographe et d’encre montrent que le texte principal fut quelquefois rédigé par un clerc autre que le signataire56.
52Les formules que les clercs du milieu du xive siècle utilisaient ne semblent pas exceptionnelles parce qu’elles se conformaient en général aux modèles déjà en usage dans la pratique royale française. Dans les actes solennels ou semi-solennels, la plupart des lettres commencent en annonçant le nom et le titre de ceux qui les publient, soit Charles soit Jeanne, séparément ou conjointement, avec ou sans un ‘Nous’ précédant. Charles utilisa les titres suivants au cours de son règne :
- i. duc de Bretagne
- ii. duc de Bretagne, seigneur de Guise
- iii. duc de Bretagne, seigneur de Guise et de Maine
- iv. duc de Bretagne, vicomte de Limoges
- v. duc de Bretagne, vicomte de Limoges, seigneur de Guise
- vi. duc de Bretagne, vicomte de Limoges, seigneur de Guise et de Maine
- vii. duc de Bretagne, comte de Richemont, vicomte de Limoges et seigneur d’Avaugour, de Guise et de Maine
53On ne trouve le premier qu’au début de son règne (1342-1344). Il n’y a qu’un exemple net des titres ii et iii (27, 35), les deux en 1344 ; de même le titre vii apparaît uniquement dans les lettres publiées conjointement avec Louis d’Anjou, annonçant les termes de son mariage à la fille du duc en 1360 (252) et peut être considéré comme une aberration commise par un clerc peu familier des usages bretons. Charles utilisait certainement le titre ‘vicomte de Limoges’ en même temps que d’autres à partir de 1344, bien qu’il l’utilisât seulement en conjonction avec celui de ‘duc de Bretagne’ dans des circonstances exceptionnelles avant 136157. Entre 1344 et 1360 le titre normal et complet du duc était donc ; ‘duc de Bretagne, vicomte de Limoges, sire de Guise et de Maine’. On abandonna les deux derniers titres après le mariage de Marie avec Louis d’Anjou (1360), quand ces seigneuries lui furent attribuées en tant que part de son mariage58. Pendant ses dernières années (1361-1364) Charles revint au titre de ; ‘duc de Bretagne, vicomte de Limoges’.
54Les titres de Jeanne suivirent ceux de son mari de son vivant. Simplement duchesse au début, par la suite ‘vicomtesse de Limoges’ et/ou ‘dame de Guise et de Maine’ (et, uniquement, ‘comtesse [de Richemont]’ en 1360, 252), ses premières lettres indépendantes, qui subsistent et qui portent son titre complet, datent de janvier 1348, quand Charles était déjà en captivité (98). Après sa mort, son titre subit plusieurs changements. Au début elle préserva la forme ‘duchesse de Bretagne, vicomtesse de Limoges’. À partir de 1366, elle y ajouta le titre de ‘comtesse de Penthièvre’. En remettant Limoges à Charles V en 1369, elle s’attribua pour une courte période le titre de ‘duchesse de Bretagne, comtesse de Penthièvre’, mais dès 1371 elle utilisait encore tous les trois titres et à une occasion en 1377 ajouta aussi exceptionnellement ‘garde du régaire de Tréguier’ (343).
55Quand le duc et la duchesse publiaient des lettres ensemble, on annonçait normalement que Jeanne le faisait avec l’autorité de son mari. Au début de leur règne (1342-1344), et encore vers la fin (après 1361), des lettres patentes commencent typiquement sous la forme, ‘Saichent touz que nous Charles, duc de Bretaigne, et Jehanne de Bretaigne, duchesse de Bretaigne...’, ‘A touz ceuls qui ces presentes lettres verront et orront, nous...’ ou ‘Sachent touz presens et avenir que nous...’. Dans l’équivalent breton des lettres ‘De par le Roy’59, des mandements à des officiers ducaux pouvaient commencer, après la courte entête ‘Le Duc’ ou ‘La Duchesse’, sans autre préambule avec le nom du destinataire de façon péremptoire ; ‘Pierre Hericon, recevour de Rennes...’, ‘Jouhan de la Mothe...’, ou ‘Nostre surgarde de Toufou...’60. La formule de salutation habituelle, même dans les lettres les plus solennelles, est un simple ‘salut’, seulement occasionnellement ‘salut et dilection’ (163, 164). L’exemple principal de lettres utilisant une invocation plus élaborée est celui du privilège d’exemption très intéressant, accordé à l’évêque, au chapitre et à la cathédrale de Tréguier en 1364 et qui commence, ‘Au nom de la Saint Trinite, nous Charles, duc de Bretaigne et viconte de Limoges, et nous Jehanne, duchesse, vicomtesse et dame heritiere des diz lieux et pais...’, qui, encore d’une façon unique, fut publié par le duc à Tréguier le 26 avril et confirmé par la duchesse à Nantes le 24 juin 1364 (288, 289)61.
56On connaît très peu de lettres moins officielles, personnelles ou privées. Quand il écrivit à l’abbé de St-Martial de Limoges en 1362 pour demander un répit d’hommage, Charles adressa ainsi sa requête, ‘A reverend pere en Dieu...’ (266), alors qu’il envoya une facture au chancelier d’Angleterre demandant une faveur et qui commençait ainsi, ‘Tres cher et bon amy...’ (297). Malheureusement, bien qu’on sache qu’il soumit des pétitions et suppliques similaires à la papauté à plusieurs occasions, aucun original n’a subsisté de sorte que leur forme diplomatique est inconnue62. Les lettres les plus intimes qui ont subsisté sont celles que Jeanne écrivit à son beau-fils, Louis, duc d’Anjou en 1379 (355, 356) ; elles sont également uniques dans la mesure où elles sont écrites sur papier63.
57Bien que quelques détails manquent de temps à autre, après l’adresse et des clauses dispositives variées, conçues adéquatement selon le statut du destinataire ou la nature de l’ordre donné ou de la faveur conférée, les lettres officielles sont conclues par des clauses de garantie, de datation et des formules de corroboration. Les clauses de garantie sous la forme, ‘En tesmoing de ce nous avons donne ces lettres...’, sont normalement utilisées pour annoncer le sceau, un sujet qui sera développé de façon plus approfondie ci-dessous (p.38-42). La datation est habituellement donnée sous la forme, ‘Donne a [lieu] le [x] jour de [mois] lan [13..]’, bien que l’endroit de publication manque souvent, ce qui est dommage parce qu’une telle information fournit un guide des déplacements du duc et de la duchesse qui, bien que d’une façon aléatoire, peuvent souvent être confirmés par d’autres sources (cf. Itinéraire). En outre, en ce qui concerne particulièrement l’histoire politique et militaire du règne, on peut trouver dans cette source d’importantes informations sur les régions situées à l’intérieur du duché divisé où, à certaines époques, le duc et la duchesse exerçaient leur contrôle (ou pensaient l’exercer)64. La datation que la chancellerie ducale utilisait à ce moment-là est celle de Pâques, le mos Gallicanus, ce qui crée de temps en temps des difficultés pour la conversion en calendrier moderne. En effet, dans quelques cas, il n’a pas été possible de résoudre définitivement des exemples de double style où les années de ‘Pâques’ se chevauchent et où le clerc a omis d’indiquer si le document avait été publié ‘avant’ ou ‘après’ Pâques (cf. 64).
58Quant à la corroboration, la clause la plus importante pour établir l’identité des conseillers proches du duc et de la duchesse se trouve normalement sous la forme, ‘Par monseigneur [et/ou madame] présent [noms des conseillers]’. Cette clause est écrite en bas à gauche du document à la suite du texte principal dont il est normalement séparé par un espace distinct, bien que, dans des copies postérieures, cette clause continue fréquemment sans interruption ou soit omise complètement. Pour des lettres scellées sur double queue de parchemin, la clause corroborative se trouve quelquefois sur le repli. Le nombre de conseillers présents varie naturellement considérablement, normalement de deux à quatre, mais augmentant lors d’occasions plus solennelles qui exigeaient une assistance plus nombreuse, bien qu’à l’inverse un seul conseiller puisse suffire quelquefois. Quand aucun nom n’est spécifiquement mentionné, la forme alternative la plus habituelle est la suivante, ‘Par monseigneur le duc en son conseil’. Quelquefois il suffisait de formuler, ‘Par monseigneur [et/ou par madame] de son [leur] propre commandement’ ou ‘Par mons. le duc’. Quelques lettres étaient autorisées ‘Par monseigneur le duc a la relacion de [nom de conseiller]’ et d’autres l’étaient par, ‘Passé dou commandement mons. le duc...’. Il semble qu’il n’existe de cette époque aucun exemple de lettres ducales autorisées seulement par des officiers tels que les ‘gens des comptes’65.
L’organisation de la Chancellerie sous le règne de Charles et Jeanne
59Il est surprenant que les documents eux-mêmes ne fournissent directement que peu d’information sur les travaux de la chancellerie ducale sous le règne de Charles et de Jeanne. On ne sait même pas si elle avait une base permanente. Il fut suggéré au début du règne qu’elle se trouvait pour un temps à Guingamp (cf. 37), mais la plupart des clercs ducaux menaient une existence itinérante en suivant l’hôtel ducal et on ne sait pas exactement où les documents étaient gardés ou s’il existait bien un répertoire central. Il n’y a certainement aucune preuve d’enregistrement ou de classement systématique de copies de documents publiés par des clercs ducaux ; ceux-ci ne furent pratiqués que dans des règnes postérieurs66. En vue de justifier le nombre relativement pauvre de lettres qui ont subsisté, datant de cette époque (trois mois entre des lettres subsistantes n’est pas inhabituel - 25 occasions -, et des écarts de six mois ou plus se produisent à quatre occasions, même si Guillaume André déclara en 1371 qu’à lui seul, il avait écrit plus de 10 000 lettres pour Charles !67, il fut aussi suggéré pour expliquer cette pénurie que Jean IV qui voulait supprimer toute trace du règne de ses prédécesseurs, opéra plus tard une destruction délibérée de ces documents68. Il est bien évident qu’il publia rarement des confirmations de privilèges accordées à l’origine par Charles et Jeanne à leur nom, bien qu’elles aient pu se trouver occasionnellement sous l’égide de ‘nos prédécesseurs’. Il est plus probable, cependant, que la façon dont les forteresses et les villes changeaient fréquemment de mains pendant la guerre civile fut aussi très défavorable à la survie des documents et, dans certains cas, causa presque certainement leur perte, comme ce fut le cas plusieurs fois pour Suscinio dans une brève période entre 1359 et 136269. En plus de cela, le fait que les lettres originales subsistantes n’apprennent souvent rien sur les questions techniques n’avance pas non plus l’étude de la chancellerie. Aucune ne fournit, par exemple, une référence spécifique à un chancelier à son nom. Un énigmatique ‘Vo’ écrit au bas d’un document (91) peut faire allusion à sa présence, selon la pratique française royale de se référer au chancelier par le ‘Vous’ dans les listes de témoins. Heureusement, cependant, des sources indirectes nous permettent d’identifier certains chanceliers de la période entre 1341 et 1364.
60En 1344, par exemple, Rainfroi le Voyer, archidiacre de Rennes, est appelé chancelier du duc dans des lettres papales (28) ; vers cette date, il autorisa sûrement lui-même un certain nombre de lettres bien que ce soit difficilement une preuve convaincante. Pocquet du Haut-Jussé continue de l’appeler chancelier jusqu’à 1356 au moins, date à laquelle il était devenu chantre de Dol70. Légèrement déguisé en Magister Raffredus Villici, son nom fut évoqué en 1371 par un témoin qui déclara que Maître Guillaume Paris, doyen de Nantes, lui succéda comme chancelier, et puis se trouva haut placé au service de Jean IV71. Cependant les comptes de Pierre Molin le jeune, receveur de Charles et de Jeanne dans la vicomté de Limoges, suggèrent que la tenure d’office de Rainfroi comme chancelier ne fut pas continue du début des années 1340 à la fin des années 1350 puisque Molin, entre avril 1345 et mai 1346 désigne Gautier de St-Pern (évêque de Vannes 1347-1359), comme chancelier72. Lui, aussi, apparaît parmi les conseillers présents à plusieurs occasions, mais sans mention définie de ses fonctions à part son épiscopat (105, 131). Quant à Paris, il fut sûrement clerc au service ducal de 1355 (176, ‘Mr Guillaume Paix’), devint doyen de Nantes en 1358 et paraît parmi les témoins dans un nombre important d’actes ducaux, mais on ne le distingue dans aucun d’eux en tant que chancelier et il n’est pas clair non plus quand il a peut-être succédé à Rainfroi le Voyer73.
61Le franciscain Jean Lay de Guingamp, qui évoque les fonctions de chancelier de Paris et Le Voyer, put aussi nommer trois clercs de la chancellerie ducale, Guillaume Belengier, Pierre Borrichon et Pierre de la Chapelle. Tous les trois avaient laissé des preuves de leurs travaux sous la forme de lettres subsistantes. Grâce à celles-ci, il est aussi possible de nommer une autre vingtaine de clercs qui travaillèrent pour Charles et Jeanne, bien que leur nombre puisse être encore augmenté par l’usage du procès de canonisation et autres preuves. Des détails sur la durée minimum de service de ces clercs connus sont fournis dans le tableau ci-dessous.
Table Ia : Clercs au service ducal 1342-1364 responsables pour les lettres subsistantes

62 Note*74
63Note175
64Note276
65Note377
66Note478
67Note579
68Note680
69Note781
70Note882
71Note983
72Note1084
73Note1185
74Note1286
75Note1387
76Note1488
77Note1589
78Note1690
79Note1791
80Note1892
81Note1993
82Note2094
83Note2195
84Note2296
85Note2397
86Note2498
87Note2599
88Note26100
89Note27101
90Note28102
Table Ib : Clercs aussi mentionnés au service ducal 1342-1364 par des témoins en 1371

91Note29103
92Note30104
93Note31105
94Note32106
95Note33107
96Note34108
97Note35109
98Selon ce tableau, il y avait probablement à un moment donné de trois à six secrétaires exécutant la plus grande partie du travail d’écriture du duc. De la façon dont les lettres subsistantes, écrites en un seul jour ou sur plusieurs semaines ou mois, étaient signées par la même personne, on pouvait déduire qu’il y avait un roulement, et au moins un secrétaire, et probablement plus, qui restait en permanence avec Charles, avant qu’on ne lui accorde un temps de repos.
99Quelques-uns furent à son service et à celui de la duchesse certainement plus d’une décennie, Guillaume Le Noir, par exemple, qui écrivit des lettres de 1345 à 1357. Jean de Hac, travaillant pour Charles en 1360, était toujours au service de Jeanne dix ans plus tard ; Jean le Taillandier, qui commença sa carrière sous Charles en 1360 au moins, écrivait encore des lettres pour Jean IV plus de vingt ans plus tard110. Sur les trois noms mentionnés par Fr. Lay, Borrichon servit certainement de 1342 à 1348, période pendant laquelle des documents subsistants par hasard le révélèrent comme étant l’un des secrétaires du duc le plus travailleur ; Guillaume Belengier apparaît seulement dans des documents subsistants de la dernière année de la vie du duc, tandis que Pierre de la Chapelle servit au moins de 1356 à 1361 et peut-être plus longtemps ; quand il déposa à Angers en 1371, il affirma qu’il avait été au service du duc dans différentes fonctions pendant 22 ans. Son lien de parenté avec un autre clerc, Jean de la Chapelle, est inconnu, mais ce dernier peut être identifié à un homonyme ayant plus tard une position importante au service de Jean IV111.
100D’autres témoins affirmèrent en 1371 qu’eux-mêmes ou des personnes qu’ils connaissaient avaient accompagné Charles comme secrétaires ou clercs en Angleterre pendant sa captivité et avaient partagé son emprisonnement112. Quelques-uns lui rendirent visite occasionnellement en tant que membres des nombreuses ambassades chargées de négocier sa libération, ou furent envoyés comme messagers à la curie papale113. Leur carrière peut être aperçue dans les récompenses qu’ils reçurent sous la forme d’élévation à la dignité de chanoine et d’autres bénéfices ecclésiastiques, bien que ce ne soit pas l’endroit de poursuivre une étude prosopographique complète de ce personnel clérical114. Quelques-uns déjà mentionnés, comme Guillaume Paris, Jean le Taillandier et probablement Jean de la Chapelle allaient finir par négocier la délicate transition au service de Jean IV, come le fit P. Briend qui travailla pour Jeanne pendant les années 1370 et puis trouva un emploi avec Jean IV dans les années 1380115.
101Les moyens d’existence des secrétaires et des clercs ducaux dépendaient dans une large mesure des honoraires qu’ils avaient le droit de prendre pour les documents qu’ils écrivaient ou, dans le cas de chancelier, pour apposer le sceau ducal. Il est encore regrettable qu’on ne sache virtuellement rien de l’échelle des coûts en vigueur à cette époque en Bretagne si ce n’est qu’en 1371 des témoins rapportent que souvent Charles ne les appliquait pas, au grand mécontentement de clercs comme Jean Gouret, qui se faisait réprimander parce qu’il les touchait. À d’autres occasions le duc promettait qu’il les récompenserait et achetait même le parchemin et le papier pour réduire le prix des lettres de faveur ou de justice116.
Les sceaux
102Il ne subsiste aucune impression de sceaux utilisés par Charles et Jeanne avant leur accession au trône ducal. Cependant, dans l’intervalle entre la mort de Jean III et l’Arrêt de Conflans (30 avril - 7 septembre 1341), Charles autorisa un nouveau sceau à usage de contrats pour la ville de Dinan, qui représentait les armes de sa propre famille Châtillon (1). Ceci remplaça le simple écu d’hermines normalement utilisé dans le duché pour de tels sceaux117. En l’absence d’autres preuves, il serait imprudent d’attacher trop d’importance à cet événement car il pourrait être interprété soit comme une démonstration de souci du protocole de la part de Charles soit comme un geste délibéré destiné à imposer son autorité personnelle à la suite de la mort de Jean III118.
103Les premiers et derniers ducs de Bretagne avaient un grand sceau équestre d’un seul côté. Aucun exemple de ce type n’a été découvert pour Charles de Blois. Hormis une mention d’un ‘seau de nostre chaincelerie de Guengamp’, qui aurait pu être de ce type (37), il y a d’autre part aussi une absence suspecte de références documentaires ainsi qu’un manque d’impressions, puisqu’on peut assumer qu’en publiant des confirmations ou des actes vidimés les autorités suivantes devaient normalement indiquer la présence d’un grand sceau sur tous les documents119. La rareté des lettres scellées sur lacs de soie pendant son règne peut être considérée comme une preuve supplémentaire de ce manque (cf. ci-dessus p. 27-28). À la lumière de ces faits nous pouvons conclure que Charles ne possédait pas un tel sceau, ce qui est inhabituel pour un prince français de son rang, bien qu’une fois de plus, il ne soit pas pertinent ici ni d’en examiner les vastes implications pour percevoir l’autorité ducale, ni de spéculer sur les raisons pour lesquelles Charles n’utilisa pas de grand sceau120.
104La première impression subsistante d’un sceau utilisé personnellement par Charles en tant que duc est un sceau rond, armorial d’environ 24 mm de diamètre, représentant les armes ducales bretonnes, hermines (4, 3, 2, 1) sur un fond géométrique, mais sans légende (9). En dépit de la référence à ‘notre sceau’ il est possible que ce soit un sceau à usage de contrats (de la cour de Guingamp)121. De façon plus convaincante, un second et plus grand sceau armoriai d’un type conventionnel, portant les armes de Bretagne, d’environ 32 mm de diamètre, avec la légende SIGILLUM KAROLI DUCIS BRITANNIE, fut utilisé en 1345 ou 1346 (79, cf. aussi 162-164). Il semble qu’il ait été le sceau principal du duc le reste de sa vie, puisqu’on le trouve sur des lettres traitant de toutes sortes d’affaires et publiées sous les catégories i-iv détaillées ci-dessus (p. 27). C’était donc l’équivalent à la fois en usage, forme et taille des sceaux privés que Jean IV utilisa plus tard ou que préféraient les rois d’Angleterre122.
105Dans ses dernières années Charles utilisa également un signet ou sceau secret dont il existe une seule impression qui, heureusement, est très belle. D’environ 17 mm de diamètre, il est attaché sur des lacs de soie au traité du 9 août 1356 (181), bien que la marque laissée par son impression existe aussi sur une requête envoyée au chancelier d’Angleterre (297), et on y faisait fréquemment référence quand il fut apposé à beaucoup d’autres documents, souvent comme un sceau d’absence123. En 1356, on l’annonça comme ‘nostre petit seel quel nous portons devers nous’ tandis que plus tard il était appelé ‘nostre signet de secret’ (188, 239, 245). D’abord décrit précisément par Déprez, il montre un heaume ‘de profil couronné, cimé d’une tête d’aigle sur un champ semé d’hermines’124. Dans l’absence d’un grand sceau ducal, il est bon de remarquer le symbolisme de la couronne, un prélude à son exploitation beaucoup plus importante par les Montfort, successeurs de Charles125.
106Charles gouverna en Bretagne par les droits de sa femme ; comme il a déjà été noté, ils publièrent fréquemment des lettres ensemble tandis que l’absence du duc du duché pour une grande partie de la période allant de 1347 à 1358, signifiait que Jeanne publiait beaucoup de lettres à son propre nom à ce moment-là et à d’autres. Bien que quelques-unes annoncent l’usage de son sceau (un certain Geoffroy de Dinan fut accusé de le contrefaire en 1345),126 il ne subsiste aucune impression des sceaux qu’elle utilisa avant le 1er février 1348 (99).
107Comme Charles, la duchesse avait donc deux types principaux de sceaux ; un sceau rond et armorial et un signet.
108Son premier sceau armorial subsistant, qui resta utilisé au moins de 1348 à 1364, avait un diamètre d’environ 32 mm et montre les armes de Bretagne accolées à Penthièvre (la Bretagne, avec une bordure)127. Il n’y a pas de légende dessus. Après la mort de Charles, elle adopta un nouveau sceau armorial, aussi de forme ronde et ayant 35 mm de diamètre (305). Il représentait également la Bretagne partie de Penthièvre mais dans un losange entouré de quatre rondaches sur lesquelles se trouvaient respectivement des hermines (pour la Bretagne), des hermines avec une bordure (Penthièvre), trois lions (une variante de Léon) et un écu parti (probablement une variante d’Avaugour)128. Il y avait quatre anges gravés entre les rondaches et le dessin entier était placé dans un encadrement géométrique compliqué avec la légende ; SEEL IEHANE DUCHESSE DE BRETAIGNE129. Les rondaches arborant les armes de Bretagne et de Penthièvre sont de plus séparées par ce qui semble être une petite couronne. Ce sceau a peut-être été regravé plus tard puisqu’il a été suggéré qu’une lecture de la légende sur des impressions plus tardives mais endommagées devrait être ; SIGILLUM IOHANNE BRITANIE DUCISSA, bien que je n’aie pas été à même de le justifier130. Il apparaîtrait donc que Jeanne continua à utiliser jusqu’à sa mort en 1384 un sceau qu’elle employa d’abord en 1364. Alors qu’elle gouvernait encore en tant que duchesse, on sait qu’elle utilisa, comme sceau d’absence, celui de la prévôté de Nantes au moins à une occasion (207).
109Bien que Jeanne eût, en 1360 au plus tard, un signet ou sceau secret qui était quelquefois apposé avec son sceau armorial, et également avec les sceaux armoriaux et signets du duc (239, 245, 257), le premier exemple subsistant, qui est à peine déchiffrable, est un sceau minuscule de 7 mm de diamètre portant l’image d’un ange, d’un oiseau ou d’une fleur, datant de 1365 (305). En 1369 elle possédait aussi un autre signet microscopique portant les armes de Bretagne partie de Penthièvre, qu’à l’occasion (ce qui était nouveau) elle utilisait comme contre sceau pour son sceau armorial (320)131. Aucun de ces signets n’avait de légende. Il n’est pas clair, à cause de son mauvais état de préservation, si une autre impression d’un signet qui a maintenant 9 mm de diamètre, montrant probablement un oiseau, sur des lettres du 22 juillet 1378 (347) est un autre exemple de son premier signet ou un troisième signet. Malheureusement les signets plaqués sur les lettres du 10 et 12 juillet 1379 (355, 356) n’ont laissé que les traces de leurs anciennes impressions.
110L’usage du scellage dans la chancellerie ducale à cette époque était inconsistant et mal règlementé, un sujet dont les histoires, si elles sont vraies, pourraient surprendre ; ainsi celle de Charles qui, pendant qu’il se promenait à cheval dans la campagne, appelait ses clercs afin de procurer immédiatement et sur place des lettres à des quémandeurs importuns pour remédier à leurs plaintes !132 Même dans les lettres les plus solennelles, l’annonce du sceau était souvent absente comme l’était aussi la référence aux modes de fixation ou à la couleur de la cire, sauf de temps à autre à la cire verte. Comme il a été noté ci-dessus (p. 27), on utilisait quatre modes de fixation, bien que le scellage sur lacs de soie fût extrêmement rare et que le nombre de lettres subsistantes dont le sceau était plaqué à l’origine soit également petit. L’utilisation d’une languette de clôture pour l’envoi de lettres fermées a été mentionné.
111Comme il était courant ailleurs en France à ce moment-là, les donations à perpétuité étaient scellées en cire verte sur double queue de parchemin. La cire rouge fut aussi utilisée de façon importante pour différentes sortes d’affaires, quelquefois apparemment interchangeable avec la verte, en particulier les lettres que Jeanne publia à son propre nom. C’étaient les deux couleurs de cire utilisées exclusivement par la chancellerie bretonne au règne suivant mais des impressions qui sont aussi brunes ou noires subsistent pour le règne de Charles et de Jeanne133. En toute probabilité, celles-ci ont subi une décoloration avec le temps, bien que les couleurs de certaines semblent si homogènes qu’on pourrait penser que ce sont peut-être les teintes originales. On n’a découvert aucune impression de cire naturelle (blanche ou jaune) bien qu’à une date aussi tardive que 1315 on l’utilisât pour les lettres de Jean III134.
112Les déficiences de cette enquête sur les pratiques de la chancellerie seront évidentes ; un grand nombre de problèmes se rapportant aux sceaux de Charles et de Jeanne restera insoluble à moins que d’autres impressions ne soient mises en lumière. Étant donné l’état actuel des choses, il est clair qu’ils ne firent pas un grand usage des sceaux, ayant besoin seulement de deux types principaux - armorial et signet - et ils se montrèrent peu disposés à les changer, bien qu’on sache, grâce à un inventaire des biens de Jeanne en 1384 et à une quittance que donna Jean, comte de Penthièvre, en 1393, que Charles possédait au moins neuf matrices de ses différents sceaux135. À part l’emploi du motif de la couronne, il y a peu de choses pour suggérer qu’eux-mêmes ou leurs conseillers avaient réalisé pleinement la valeur emblématique et propagandiste de ces petits mais puissants symboles d’autorité. Ce fut à Jean IV de saisir l’occasion avec empressement, parce que, quand il accéda au pouvoir, la chancellerie bretonne était encore extrêmement rudimentaire à la fois dans son organisation et ses pratiques.
Le contenu des actes
113La gamme des activités ducales, qu’on peut retrouver dans les documents subsistants publiés ici, est considérable. Il n’est peut-être pas surprenant que les affaires financières occupent une large place, bien qu’une absence presque complète de registres de comptes concernant le duché soit une lacune importante ; ceux qui sont fragmentaires et qui subsistent pour la vicomté de Limoges (1344-1347), et les restes de ceux des comtes de Blois de cette époque, révèlent ce qui a été perdu136. Des ordres relatifs aux paiements de différentes sortes, ainsi que des donations impliquant des concessions financières s’élevant au total à un quart des articles pour la période allant de 1341 à 1364 concernant spécifiquement le duché de Bretagne. La négociation d’un seul prêt important des banquiers du pape en 1345 donne lieu à plusieurs articles supplémentaires137. La seule autre large catégorie qui a presque le même nombre d’articles est celle qui est liée à la diplomatie ducale ; la correspondance (y compris des pétitions et des lettres à la papauté), les preuves de l’envoi d’ambassades, les négociations conduisant aux trêves ou aux traités de paix, la rançon du duc etc. Moins nombreux, mais importants pour l’information qu’ils fournissent, les mandements concernant les enquêtes judiciaires ou les conflits sont assez bien représentées (un grand nombre d’entre eux avaient aussi bien sûr des implications financières). Certains arrêts rendus par le Parlement de Paris se rapportant à Charles et Jeanne ont été inscrits.
114La juridiction gracieuse du duc se révèle par des confirmations d’anciens privilèges à des bénéficiaires laïques et ecclésiastiques, des lettres de non-préjudice ou de protection (principalement pour les autorités de l’église), des amortissements et des répits d’hommage. Le duc donnait à l’occasion son approbation, ou conférait son autorité, à des transactions privées parmi ses sujets en apposant son sceau à des documents rédigés au nom d’autres parties tels que des testaments, des contrats de mariage ou des obligations financières (cf. 16, 77, 292). A l’inverse de son successeur, cependant, Charles n’utilisa pas de façon inhabituelle ou considérable des notaires pour enregistrer des transactions, qu’elles fussent de nature politique ou privée138.
115Des indications sur la nature et l’exercice de la prérogative ducale dans ces textes incluent l’autorisation des foires et des marchés et des lettres de rémission, bien qu’on puisse noter qu’à une exception près, tous les pardons subsistants que Charles accorda reçurent l’autorisation de Philippe VI139. On remarque aussi qu’entre 1342 et 1347 Charles associa toujours et prudemment sa femme aux donations de propriété à perpétuité ou aliénations de droits qui faisaient partie des prérogatives ducales, par exemple, par des amortissements (cf. 4, 8, 20). Il semble que ce soit la reconnaissance que son droit de le faire venait directement de l’autorité de Jeanne, qui avait hérité du duché. Après son retour de captivité en Angleterre, il montra des signes de confiance grandissante et d’assurance, parce qu’il fit quelquefois des cessions similaires sans référence à sa femme (263, 275). Malgré tout, ils continuèrent à agir de concert en plusieurs occasions jusqu’à la mort du duc.
116Quant à l’accroissement de l’autorité ducale à cette époque, deux donations révèlent particulièrement la capacité législative du duc, une que Jeanne accorda à la ville de Nantes pendant la captivité de Charles (98), et un décret concernant la frappe de monnaie (247, 248), qui sont rédigés sous la forme d’ordonnances solennelles, bien que ce soit un domaine encore relativement peu développé de l’activité ducale comme l’a fait remarquer Pocquet du Haut- Jussé140. Cependant, il attira aussi l’attention sur le fait qu’Edouard III aida à stimuler les États bretons rudimentaires quand il avait besoin de nobles bretons et de communautés urbaines pour confirmer les termes des traités négociés avec Charles en 1352-1353141. Cette intervention et d’autres demandes pressantes faites à cette époque par la guerre, la diplomatie et les finances, stimulèrent certainement des développements institutionnels aussi bien que le débat politique à la fois dans le conseil ducal et parmi les nobles, les ecclésiastiques et les représentants des villes les plus importantes. On peut en trouver des allusions dans certains de nos documents (152, 154, 181).
117Beaucoup de documents traitent de la division incertaine et artificielle entre les intérêts publics et privés de la famille ducale - accords familiaux, partage d’héritages, contrats de mariage qui constituent une catégorie très importante dans les documents subsistants. On y trouve amplement enregistrés des concessions de terres que la duchesse fit à Charles en Bretagne et à l’extérieur, le règlement des revendications de parents de Jeanne de terres provenant de l’héritage d’Avaugour en Bretagne et ailleurs142, ainsi que les propres revendications de Charles à une part de l’héritage paternel. Le sort de Jean et Guy, les deux fils aînés, otages en Angleterre, fut scellé par le traité de 1356 ; Guy allait mourir en captivité en 1385 sans regagner la Bretagne. Jean n’y retourna qu’après la mort de sa mère ; pendant son veuvage, un troisième fils, Henri, lui apporta quelque consolation143. On connaît les termes dans lesquels leur sœur, Marie, épousa Louis, duc d’Anjou ; ceux, par contre, dans lesquels une autre sœur, Marguerite, épousa Charles d’Espagne, connétable de France, sont perdus144.
118Tandis que les documents subsistants fournissent une sélection arbitraire, de sorte que nous ne pouvons pas être certain qu’ils soient une collection vraiment représentative de la gamme entière des affaires publiques ou privées de la famille ducale, leur empreinte individuelle sur les événements peut quelquefois être observée. Ceci est particulièrement le cas en ce qui concerne leur patronage ecclésiastique - la direction et l’étendue de leurs donations à différentes églises monastiques ou à des maisons de mendicité. Ce furent particulièrement les Franciscains qui lancèrent le culte de ‘St Charles’ après la mort du duc145, mais selon les preuves réunies ici, Charles distribua ses faveurs de son vivant de façon égale parmi les communautés séculières et régulières, les ordres monastiques plus anciens et les plus récents ordres mendiants146. Il est aussi clair qu’il s’occupa de la préservation de certaines reliques et d’autres trésors, ce qui est lié à la documentation beaucoup plus importante concernant ses intérêts artistiques et son patronage produite au procès de canonisation en 1371147.
119En dépit du caractère formel du langage utilisé, il est possible de trouver de temps à autre des témoignages sur les relations domestiques du duc et de la duchesse, suggérant qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre une authentique affection148. Il est aussi facile de démontrer la façon dont Jeanne assuma un rôle diplomatique et administratif actif lors de la capture de son mari en 1347. Les déplacements de Charles et de Jeanne avant et après cet événement sont retracés de façon plus détaillée dans l’Itinéraire (ci-dessous p. 47-51) ; ici nous pouvons simplement noter que cette édition procure un rapport plus complet sur les allées et venues du couple qu’il ne l’a été jusqu’ici.
120Après la mort de Charles en 1364, Jeanne ne semble pas avoir écarté la possibilité d’un remariage pendant un certain nombre d’années149, mais en l’occurrence, elle resta fidèle à sa mémoire et fut associée de près à sa tentative de canonisation en 1371. L’emprisonnement ininterrompu de ses fils, Jean et Guy, en Angleterre, resta un facteur puissant qui détermina ses actions bien qu’on ait peu de nouvelles informations à ce sujet150. Pendant toute la durée de son veuvage, les intérêts familiaux restèrent une inquiétude prédominante et persistante. Un effort final de sa part pour changer le cours de la guerre de succession échoua quand elle revendiqua le duché confisqué à Jean IV en 1378 ; en 1379 elle n’était pas prête à s’opposer à son retour au duché et avec un altruisme considérable, permit que les revendications de Penthièvre soient écartées pour le plus grand bien du duché. Au moment de sa mort, la fortune des Penthièvre en Bretagne était au plus bas ; la présente édition nous permet de montrer avec une plus grande précision comment cette situation s’était produite151.
Les conventions éditoriales
121En général les principes adoptés pour mon Recueil des actes de Jean IV ont été suivis, c’est à dire, des conventions conseillées pour l’édition des textes par la Royal Historical Society plutôt que par l’École des Chartes152. Chaque acte est soigneusement numéroté, suivi de la date (jour, mois, année) et endroit de publication, s’il est connu. Puis suit un bref résumé donnant des détails sur la nature et le contenu du document ; dans le cas où une mention ou des notes abrégées sont les seuls éléments connus, ils peuvent servir de résumé pour plus de brièveté. Sous la rubrique A suivent des détails sur l’endroit d’un document original et une courte description diplomatique, y compris une note sur les dimensions (en millimètres, largeur x longueur), le mode de seellage et des commentaires sur son état actuel si nécessaire. Les rubriques B, C, D etc. contiennent des détails de copies plus récentes, normalement en ordre chronologique. De brèves mentions ou analyses se trouvent sous la rubrique Ind. (= indiqué), et des versions publiées sous Pub., aussi en ordre chronologique, s’il y a eu plusieurs éditions précédentes. L’acte suit.
122L’annotation des actes individuels a été limitée autant que possible ; aucune tentative n’a été faite pour fournir un commentaire complet sur les problèmes textuels ou linguistiques ni pour élucider entièrement le contexte historique, bien qu’une référence soit faite à l’occasion à une documentation secondaire importante. Les individus et les lieux ne sont pas tous identifiés à cet endroit ; afin d’éviter des répétitions inutiles, la plupart de ces détails se trouveront à l’Index.
123Quand un original subsiste, on peut assurer qu’il a servi de base à l’actuelle édition, sinon la copie la plus ancienne a été normalement prise. À chaque fois qu’il a été possible, on a fourni des textes complets, avec un minimum d’abréviations. Pour les raisons données ci-dessus (p. 6) de longs textes diplomatiques qui ont été publiés plusieurs fois n’ont pas été réédités intégralement. La ponctuation et l’usage de majuscules ont été modernisés et dans les plus longs documents des paragraphes ont été introduits pour faciliter la lecture ou la référence. La plupart des abréviations textuelles ont été écrites en entier, sauf noms communs fréquemment répétés (e.g. mons. pour monseigneur, l. pour livre, etc.) ou lorsque, dans l’onomastique ou la toponymie, cela reste ambigu. Les consonnes j et v ont été utilisées quand le texte a i et u. Les chiffres romains ont été gardés dans les originaux ; quand les copies ont des chiffres arabes, ceux-ci on été utilisés. Aucun accent n’a été ajouté aux originaux du quatorzième siècle ; ceux qui ont été trouvés dans des copies sont reproduits sans autre addition. On a évité l’insertion des apostrophes superflus. Des passages dans le texte où un document est endommagé et des mots qui se sont perdus ou sont devenus illisibles, sont indiqués entre crochets ; tous les mots à l’intérieur de ceux-ci sont des suggestions de l’éditeur. Quand une partie du texte a été omise délibérément, ceci est indiqué par des points de suspension ; ils sont parfois suivis d’un précis éditorial entre crochets. Des interlinéations sont indiquées soit en note, soit entre guillemets.
Notes de bas de page
1 Mélanges historiques et archéologiques de Bretagne, ii (1856), 80 cité par A. Bigaignon, ‘Une figure éminente du Panthéon breton ; Even Begaignon, évêque de Tréguier (xive siècle)’, Bulletin de la société d’émulation des Côtes-d’Armor, cxx (1992), 27. Pour De Barthélemy, voir Jean-Yves Guiomar, Le Bretonisme. Les historiens bretons au xixe siècle, Mayenne 1987, p. 337-338.
2 A. de La Borderie, Nouveau recueil d’actes inédits des ducs et princes de Bretagne (xiiie et xive siècles), Rennes 1902, p. 5.
3 Bulletin de la société archéologique de Nantes et de la Loire-Inférieure, xlv (1904), 247-273 ; pour sa carrière, voir Guiomar, Le Bretonisme, p. 307-308. Cette introduction est le complément de celle donnée dans mon Recueil Jean IV, i. 11-73 où on peut trouver des détails beaucoup plus complets sur les actes d’autres ducs de Bretagne. Pour un compte rendu général sur ‘The Chancery of the duchy of Brittany from Peter Mauclerc to Duchess Anne, 1213-1514’ [publié pour la première fois dans Landesherrliche Kanzleien im Spätmittelalter, Munich 1984, ii. 681-728], voir mon recueil d’articles, The Creation of Brittany, Londres 1988, p. 111-158.
4 Par exemple, en 1345-1346, Olivier du Guesclin et Guillaume de Rougé furent envoyés comme réformateurs généraux de Bretagne dans la vicomté de Limoges (ci-dessous, 78), tandis que Jean de Montbourchier servait comme capitaine de Nantes (65, 70) et gouverneur de Limoges (196).
5 C. Spinosi, ‘Un règlement pacifique dans la succession de Jean III, duc de Bretagne à la vicomté de Limoges’, Revue historique de droit français et étranger, 4e sér. xxxix (1961), 453-467 traite les problèmes légaux clairement mais ignore la dimension administrative. Pour l’arrêt du 10 janvier 1345 voir 55 ci-dessous. Histoire du Limousin et de la Marche, éd. René Morichon, 3 t. 1972-1976, i. 132-140 donne un compte rendu sommaire un peu inexact de l’histoire de la vicomté sous la ‘Maison de Bretagne (1275-1456)’.
6 Arch. dép. Pyrénées-Atlantiques [APA], E 740 ; ci-dessous p. 273-276.
7 Cf. 24, 27, 31, 111, 143, 144, 147, 149, 151, 183.
8 Cf. 6, 25, 28, 92, 95, etc.
9 Voir la liste d’abréviations (ci-dessus p. 11-13) ; CPL ; CPP ; Déprez, Clément VI ; Gasnault, Innocent VI ; Urbain V. Lettres communes. Mes recherches ont été beaucoup facilitées par les fichiers inédits de René Blanchard (‘Actes de Charles de Blois’ et ‘Actes de Jeanne de Penthièvre’, ALA, 107 J 22ter, 22quator et 2912) ; cf. Recueil Jean IV, i. 22.
10 Cf. A. Duchesne, Histoire de la maison de Chastillon sur Marne, Paris 1621, Preuves, où on pourra trouver quelques arrêts. H. Furgeot et al., Actes du Parlement de Paris. Deuxième série, de l’an 1328 à l’an 1350. Jugés, 3 t. Paris 1920-1975 et Brigitte Labat-Poussin et al., Actes du Parlement de Paris. Parlement criminel. Règne de Philippe VI de Valois. Inventaire analytique des Registres X2a 2 à 5, Paris 1987 fournit un guide pour des procès concernant Charles et Jeanne jusqu’à 1350. Voir aussi, J. Viard, ‘Lettres d’État enregistrées au Parlement sous le règne de Philippe de Valois’, Annuaire bulletin de la société de l’histoire de France, 1897 et 1898 (cf. ci-dessous 36). Je suis redevable à M. J.-M. Carbasse du Centre d’Étude d’Histoire Juridique, Université de Paris 11, qui a effectué des recherches dans ses fonds, pour cette information ; on trouve très rarement des mentions de Charles et de Jeanne dans les registres du Parlement de 1341 à 1364.
11 J’ai fait seulement quelques sondages (d’après des Inventaires sommaires) aux Arch. dép. de l’Aisne (pour Guise) et aux Arch. dép. Haute-Vienne (pour Limoges), bien que la plupart des documents qui concernent l’administration de la vicomté se trouvent à Pau aux APA (cf. Baron de Corbier, ‘La vicomté de Limoges et la comté du Périgord. Leur réunion à la couronne à l’avènement de Henri IV’, Bull. de la soc. archéologique et historique du Limousin, lxiii (1913), 28). Je suis redevable à M. Robert Chanaud, Directeur des Arch. dép.de la Haute-Vienne, qui a confirmé qu’il n’y a pas, apparemment, de lettres originales de Charles et de Jeanne maintenant à Limoges. C’est le mariage d’une arrière-petite fille, Françoise, héritière de la vicomté, avec Alain d’Albret en 1468 qui apporta les documents à Pau (A. Luchaire, Alain le Grand, sire d’Albret, Paris 1877 (réimprimé, Genève 1974), p. 14). La mère d’Alain était Catherine de Rohan et Alain est né à St-Brieuc ; ses efforts pour se marier plus tard avec la duchesse Anne sont bien connus.
12 Un cinquième original possible à St-Brieuc (227) a échappé à la détection jusqu’à présent.
13 La plupart concernent la division des terres provenant de la succession d’Avaugour et se trouvaient aux archives anciennes de Rohan, à Blain avant la Révolution, quand ils furent sauvés par Louis Bizeul (1785-1861). Pour sa carrière, voir Guiomar, Le Bretonisme, p. 295-300.
14 27 juin 1364 (290).
15 Cf. [Institut de France], Chantilly, Les Archives, Le Cabinet des titres, iii (Paris 1928), passim.
16 Voir la liste d’abréviations ; Lobineau ; Preuves.
17 Par exemple, l’accès en France aux calendriers publiés de Her Majesty’s Stationery Office est très limité.
18 355, 356 ; cf. B. A. Pocquet du Haut-Jussé, ‘La dernière phase de la vie de Du Guesclin ; l’affaire de Bretagne’, BEC, cxxv (1967), 142-189 pour le contexte politique et la meilleure discussion de cette correspondance.
19 A. de La Borderie et B. Pocquet, Histoire de Bretagne, 6 t. Rennes & Paris 1896-1914, réimprimé Mayenne, 1975, iii. 400-597 ; Jonathan Sumption, The Hundred Years War, i. Trial by battle, Londres 1990, p. 370 et seq. pour le compte rendu le plus complet en anglais du début de la guerre de succession en Bretagne.
20 A. de Sérent et F. Plaine, Monuments du procès de canonisation du bienheureux Charles de Blois, duc de Bretagne, 1320-1364, St-Brieuc 1921, p. 459-753.
21 Cf. ci-dessus n° 11. Je suis très reconnaissant à M. Jacques Staës, Directeur des Archives des Pyrénées-Atlantiques, pour son aide à retrouver des documents à Pau. Les références données aux documents dans la Série E à Pau cité par Plaine, Monuments semblent utiliser un système ancien de numération avant celui établi par P. Raymond dans l’Inventaire sommaire, série E (1867).
22 E. Déprez, ‘La « Querelle de Bretagne » de la captivité de Charles de Blois à la majorité de Jean IV de Montfort (1347-1362), i. Pendant la captivité de Charles de Blois (1347-1356)’, MSHAB, vii (1926), 25-60 [on n’a jamais publié la suite].
23 B. A. Pocquet du Haut-Jussé, Les papes et les ducs de Bretagne, 2 t. Paris & Rome 1928, i. 266-346.
24 Déprez a commencé l’édition de Clément VI. Lettres closes, patentes et curiales se rapportant à la France, qui a été terminée par J. Glénisson et G. Mollat (3 t. Rome, 1901-61) et il a publié un premier fascicule d’Innocent VI. Lettres closes, patentes et curiales se rapportant à la France (Rome 1909), repris plus tard dans P. Gasnault, M-H. Laurent et N. Gottieri, Innocent VI. Lettres secrètes et curiales (4 t. Paris & Rome, 1959-1976, à suivre).
25 A. Vauchez, La Sainteté en Occident aux derniers siècles du Moyen Âge d’après les procès de canonisation et les documents hagiographiques, Rome 1981, réimprimé 1994, p. 90-95, 267-71, 420- 426.
26 Cf. aussi A. Vauchez, ‘Canonisation et politique au xive siècle. Documents inédits des Archives du Vatican relatifs au procès de canonisation de Charles de Blois, duc de Bretagne (+ 1364)’, Miscellanea in onore di Monsignor Martino Guiusti [Collectanea Archivi Vaticani 6], Vatican City 1978, ii. 381-404.
27 Pour l’argument concernant la canonisation de Charles en 1376, voir M. Denis-Boulet, ‘La canonisation de Charles de Blois (1376)’, Revue d’histoire de l’Église de France, xxviii (1942), 217- 224, mais pour une réfutation, M.-H. Laurent, ‘Charles de Blois fut-il canonisé en 1376’, ibid., xlvi (1951), 182-186 et xlvii (1952), 192-4, la position généralement acceptée maintenant (Vauchez, Sainteté, p. 292 n° 5).
28 Par exemple, les détails sur les pratiques de la chancellerie sous Charles (cf. ci-dessous p. 32-42).
29 Plaine, Monuments, p. iv-xxii, 723-753.
30 Guiomar, Le Bretonisme, p. 237-240 pour la vie de Plaine (1833-1900), mais il ne dit pas grand chose sur son magnum opus.
31 Jean-Christophe Cassard, Charles de Blois 1319/1364, duc de Bretagne et bienheureux, Brest 1994.
32 Christiane Prigent, Pouvoir ducal, religion et production artistique en Basse-Bretagne, 1350-1575, Paris 1992 ; voir aussi Jean-Yves Copy, Art, société et politique au temps des ducs de Bretagne. Les gisants haut-bretons, Paris 1986 et A. Vauchez, ‘Le duc Charles de Blois (l’Église de France †1364) et le culte des saints rois bretons du Haut Moyen Âge’, Haut Moyen Âge. Culture, Éducation et Société. Études offertes à Pierre Riché, ed. Michel Sot, Paris 1990, p. 605-615 pour des représentations importantes de Charles.
33 Creation of Brittany, passim, et, plus récemment, Michael Jones, ‘« En son habit royal » ; le duc de Bretagne et son image vers la fin du Moyen Age’, Représentation, royauté et pouvoir à la fin du Moyen Âge, éd. J. Blanchard, Le Mans 1995, p. 253-278.
34 Duchesne, Histoire, p. 205-206 pour le mariage ; le contrat est publié, d’après la confirmation de Philippe VI, dans ibid., Preuves, 118-120 (cf. AN, K 42 nos 37 et 372) ; en même temps le roi confirma la division par laquelle Guy, comte de Blois, donna son patrimoine à ses deux fils (Chantilly, Musée Condé, D Carton 2, lettres de Philippe VI, juin 1337).
35 C’est seulement dans le manuscrit d’Amiens des Chroniques de Froissart qu’il est fait mention de l’intervention de Charles dans des campagnes militaires de 1339-1340 (Froissart, éd. Luce, i. 458 ; ii. 194 et 242). Par contraste, des emprunts à son père pour la campagne de 1338 se trouvent toujours dans les bribes de ses comptes (Arch. dép. du Loiret, 2 J 197). Le 27 avril 1341 Philippe VI confirma que Charles devrait payer 20 000 l. ‘quant il ioira de la duche de Bretaigne’ (Duchesne, Preuves, 120, d’après AN, K 1209 n° 12, cf. Plaine, Monuments, p. 487 et AN, K 42 n° 37’) ; il est clairement supposé qu’il deviendra duc, bien qu’une prémonition de la mort inattendue de Jean III quelques jours plus tard, le 30 avril, semble improbable. Le 1er juillet 1341, Guy, comte de Blois reconnait qu’il devait à Jean d’Orlians, bourgeois de Blois, la somme de 10 l.t. ‘quil nous a prestez pour cause de la besogne Charle nostre fils pour le duche de Bretagne’ et promit de le rembourser avant le 24 juin 1342 sur des recettes des halles et menues foires de Blois (Blois, Bibliothèque municipale MS 66 n° 69). Le 27 mars 1343, Charles s’engage pour la somme de 20 000 l.t. due par son frère, le comte de Blois, au roi de Navarre (AN, K 42 n° 37, lettres de Philippe VI).
36 Nantes, Médiathèque, MS 1682 n° 6, 11 mars 1339, pour un accord entre Hervé de Léon et sa femme, Marguerite d’Avaugour, et Charles (sous la tutelle du seigneur de Quintin) et sa femme, Jeanne, nièce de Marguerite, sur la portion de celle-ci provenant de son patrimoine d’Henri d’Avaugour, le grand-père de Jeanne, ils décidèrent que Marguerite devrait avoir ‘pour les frais et levees doudit avenant duques au diffiniement du baill de la terre de Maene’, 200 l. le 1er novembre et le 2 février suivant, et 250 l. à Pâques 1340 et en 1341, ‘pour les levees touchans lavenant a la dicte dame dou temps passe duques au jourdui’. Charles et Jeanne devaient obtenir des lettres de confirmation de Jean III, comme gardien de Jeanne, et du père de Charles.
37 La Borderie, Histoire, iii. 410-415 ; Michael Jones, ‘Some Documents relating to the disputed succession to the duchy of Brittany, 1341’, Camden Miscellany [Royal Historical Society, Londres], xxiv (1972), 1-70 pour les arguments principaux de Jean de Montfort (d’après ALA, E 6 et AN, J 241 n° 44). Ceux de Blois (qui ne subsistent que maintenant dans des transcriptions de la fin du xvie siècle ou du xviie siècle ; BN, MSS français 18697 et 22338, dont AIV 1 F 620 est une copie du xixe s.) et le témoignage de beaucoup de témoins n’ont jamais été édités systématiquement.
38 La Borderie, Histoire, iii. 423 et seq. pour le début de la guerre civile, bien que ce narratif dépende trop de Froissart ; cf. Jones, Creation of Brittany, p. 197-218 ; et ‘Nantes au début de la guerre civile en Bretagne’, Villes, bonnes villes, cités et capitales. Mélanges offerts à Bernard Chevalier, éd. Monique Bourin, Tours 1989, p. 105-120.
39 Jones, Creation of Brittany, p. 197-218 ; idem, Mélanges... Bernard Chevalier, p. 105-120. En juin 1341 Guy, comte de Blois envoya des hommes d’armes de Blois à son fils en Bretagne mais il semble qu’ils revinrent pacifiquement chez eux au début du mois de juillet (Rouen, Bib. mun., Collection Leber MS 5664, quittances de Guillaume de Patay chevalier, Jean de Plain Villier et Guion de Monlion, écuyers, pour eux-mêmes et sept autres, Rennes, 1er juillet 1341). Une quittance identique donnée par Simon de Melun, chevalier sire de la Salle, pour lui, trois chevaliers et 13 écuyers, à Rennes le même jour, se trouve dans BN, MS Nouv. acq. fr. 3637 n° 46. Mais, à partir du 21 septembre un groupe plus important d’hommes d’armes furent envoyés ‘pour la guerre et besoingne de mons. le duc de Bretaigne, son filz’. Ils revinrent à Blois au milieu du mois de novembre quand la première campagne de la guerre venait de se terminer (Rouen, Bib. Mun., Coll. Leber MS 5664, quittances de Jean Dembaize, sire de Chaumont, Geoffroy de Bury, sire d’Osain, Geoffroy de Patay, sire de Beauvergier, pour eux-mêmes, six autres chevaliers et 29 écuyers, données à Vannes, 1er novembre 1341). Pour ‘Les garnisons faicte pour la chevalerie dou duc de Bretaigne par le commandement dou Roy’ pendant l’été ou l’automne 1341 voir ALA, 107 J 22ter, notes de René Blanchard citant Leber, Collection de pièces relatives à l’histoire de France, xix, 86-87, en effet, des extraits des comptes de Lucas le Borgne, tailleur du roi, pour le terme de Noël 1341 (Raymond Cazelles, Catalogue de comptes royaux des règnes de Philippe VI et de Jean II (1328-1364), Paris 1984, p. 64 no 153) faites au xviiie siècle (Rouen, Bib. mun., MS 3401 fos 117-121) et ci-dessous Appendice III, p. 277.
40 Cf. Michael Jones, ‘Edward III’s Captains in Brittany’, England in the Fourteenth Century. Proceedings of the 1985 Harlaxton Symposium, éd. W. M. Ormrod, Woodbridge 1986, p. 99-118, et ’Sir John de Hardreshull, king’s lieutenant in Brittany, 1343-1345’, Nottingham Medieval Studies, xxxi (1987), 76-97 pour ces campagnes.
41 AN, J 636 n° 17, 19 janvier 1343, trêve de Malestroit. Les termes se trouvent dans les chroniques d’Adam Murimuth et de Robert d’Avesbury (Adae Murimuth, Continuatio Chronicarum, Robertus de Avesbury, De Gestis Mirabilibus Regis Edwardi Tertii, éd. E. Maunde Thompson, Londres 1889, p. 129-135, d’après les lettres en latin des nonces papaux, et p.344-351, d’après les termes français de l’accord, avec une traduction anglaise moderne. E. Déprez, ‘La conférence d’Avignon (1344)’, Essays in Medieval History presented to Thomas Frederick Tout, éd. A. G. Little & F. M. Powicke, Manchester 1925, p. 301-320.
42 La Borderie, Histoire, iii. 496 et seq.
43 Michael Jones, ‘Sir Thomas Dagworth et la guerre civile en Bretagne au xive siècle ; quelques documents inédits’, Annales de Bretagne, Ixxxvii (1980), p. 621-639.
44 La Borderie, Histoire, iii. 502-506.
45 Voir l’Itinéraire, ci-dessous p. 47-51.
46 Charles se joint au Dauphin pour une visite à son oncle, l’Empereur Charles IV à Metz pendant l’hiver 1356-1357. Pour son rôle pendant la période révolutionnaire, voir R. Cazelles, Société politique, noblesse et couronne sous Jean le Bon et Charles V, Paris & Genève 1982, p. 253-255, 265-267 et passim.
47 K. A. Fowler, The King’s Lieutenant. Henry of Grosmont, First Duke of Lancaster 1310-1361, Londres 1969, pour cette phase de la guerre, bien que S. Luce, Histoire de Bertrand du Guesclin et de son époque. La jeunesse de Bertrand, Paris 1876 soit toujours valable et que R. Delachenal, Histoire de Charles V, 5 t. Paris 1909-1931 soit sans pareil comme narratif politique. Pour les relations d’Edouard et Jean de Montfort, voir Michael Jones, Ducal Brittany, 1364-1399, Oxford 1970.
48 La Borderie, Histoire, iii. 582-597 (avec une carte du champ de bataille).
49 Lobineau, ii. 508-20 et Preuves, i. 1588-1599 pour le premier traité de Guérande ; cf. Recueil Jean IV, i. n° 42.
50 317, 320, 328, 330 etc. Limoges fut remis à Edouard III après le traité de Brétigny en novembre 1361 (J. M. Rougerie, Ville de Limoges (Haute-Vienne). Table synoptique des archives communales, Limoges 1900, p. 47-48). Le prince Édouard lui-même prit possession en juin 1364 ; Chroniques de Saint-Martial de Limoges, éd. H. Duplès-Agier, Paris 1874, p. 200 ; ‘et mane penultima die sui recessus [i.e. le prince], accepit juramentum fidelitatis a gentibus que usque tunc possidebantur per dominum Karolum de Bles[ensis], ducem Britannie, vicecomitem Lemovicensem, qui omagium fecerat de vissecomitatu supradicto domino duci Aquitanie, et pro villa ista venerabili patri in Christo domino Aymerico abbati Sancti Marcialis’. Il confirma les privilèges de Limoges le 24 novembre 1365 à Angoulême ; John Chandos fit la même chose à Limoges le 15 décembre 1361 (‘Cartulaire du Consolat de Limoges’, éd. C. Chabaneau, Revue des Langues Romanes, xxxviii (1895), 111-141 ; Rougerie, Ville de Limoges, p. 47-49).
51 Jones, Ducal Brittany, p. 35 et Recueil Jean IV, i. 16 pour l’exercice de la régale par Jean IV.
52 Il reste la possibilité qu’en échange de son aide au moment du retour du duc Jean IV en 1379, Jeanne demanda l’assistance du duc dans ses efforts pour obtenir l’élargissement de ses fils. A la fin de 1380 Buonaccorso Pitti était en Angleterre pour l’affaire de leur rançon (Jones, Creation of Brittany, p. 268, 282, additional note), mais une grande partie de ce sujet reste obscure.
53 En plus de cette donation à Ayton Doria, d’autres comme celles à Jean, seigneur de Derval et son neveu Bonabé de Rougé, seigneur de Derval (17, 257) en Bretagne et pour Pierre Becoud, sire de Fléchinel (147) en Guise, sont faites dans des termes les plus prolixes et avec beaucoup d’attention aux clauses de garantie.
54 Cf. Delachenal, Histoire de Charles V, iv. 223 n° 2 pour les contre-lettres du roi (APA, E 742, anc. E 137) constatant que la livraison n’a pas été faite et ‘restituant’ la vicomté à Jeanne. En 1371, au moment où il confirma les privilèges des consuls et habitants de Limoges, Charles V annonça qu’il le faisait ‘sous promesse de garantir la ditte donation envers la duchesse de Bretagne’ (Rougerie, Ville de Limoges, p. 49, lettres du 22 avril 1371).
55 Cf. E. Danbury, ‘English and French Artistic Propaganda during the period of the Hundred Years War ; some evidence from royal charters’, Power, Culture and Religion in France c. 1350 - c. 1550, éd. C. T. Allmand, Woodbridge 1989, p. 75-97.
56 Cf. les trois lettres du 8 avril 1354 (162-164).
57 E.g. dans le mois de janvier 1347 (88, 89).
58 Pour une donation à l’abbaye de Bohéries (dép. Aisne) dans la seigneurie de Guise par Marie et Louis, voir, Chantilly, Musée Condé, D Registre 2, fos 435r-436v, 27 octobre 1362.
59 Cf. R. Cazelles, Lettres closes, lettres « de par le roy » de Philippe de Va lois, Paris 1958.
60 5, 128, 130, 230, 242.
61 Le texte complet apparaît être écrit dans une séance, probablement en juin 1364.
62 Pour la perte de la plupart des supplications originales, cf. L. E. Boyle, A Survey of the Vatican Archives and of its Medieval Holdings, Toronto 1972, p. 149-153 ; mais cf. aussi E-A. van Moé, ‘Suppliques originales addressées à Jean XXII, Clément VI et Innocent VI’, BEC, xcii (1931), 253-276.
63 On disait en 1371 qu’on avait utilisé du papier sous le règne de Charles (Plaine, Monuments, p. 137) et Jean IV a certainement utilisé du papier dans les années 1360 (Recueil Jean IV, i. 25).
64 Cf. la présence de Charles à Ploërmel le 26 octobre 1344 (35), un point fort des Anglo-Bretons depuis 1346 (La Borderie, Histoire, iii. 530) et ses ordres au capitaine de Suscinio en 1360 (239, 241) et au capitaine et au receveur d’Auray la même année (242) et en 1364 (290).
65 Cf. Recueil Jean IV, i. n° 409, ‘Par les gentz des regguestes’ (1382).
66 Recueil Jean IV, i. 34.
67 Plaine, Monuments, p. 98 (André) ; je n’ai pas trouvé de lettres pour les longues périodes du 22 novembre 1349 au 12 mai 1350, mars au 29 août 1352, du 17 février au 18 août 1355, du 5 décembre 1355 au 7 août 1356, ou pour celle du 7 décembre 1362 au 24 juillet 1363 ; très peu subsistent de novembre 1349 à août 1352 et de novembre 1354 à août 1356. Les plus grand totaux des lettres subsistantes par année sont ; 1344 (17), 1345 (22), 1348 (17), 1354 (16), 1357 (22) et 1360 (17) ; tandis que les minima sont ; 1350 (7), 1353 (6), 1355 (4) et 1363 (7).
68 Pour cette tradition historiographique voir Privilèges de la ville de Nantes, éd. S. de la Nicollière- Teijeiro, Nantes 1883, p. vi et M. Planiol, Histoire des Institutions de la Bretagne, éd. J. Brejon de Lavergnée, 5 t. Mayenne 1981-1984, iii. 23 ; je l’ai acceptée sous réserve (Creation of Brittany, p. 113) ; mais cf. aussi Plaine, Monuments, p. 732 et seq. pour l’animosité de Jean IV contre la mémoire de Charles de Blois.
69 Cf. Plaine, Monuments, p. 63, ‘in quo erant carte et littere tocius sui ducatus’.
70 Pocquet du Haut-Jussé, Les papes et les ducs, i. 317, 321, 326.
71 Plaine, Monuments, p. 118.
72 APA, E 624 n° 1 m. 5 cf. 60. Un roncin, valant 20 l., qui fut envoyé de Limoges à Rennes pour Olivier du Guesclin a été donné plus tard au chancelier pour un voyage en France (ibid., m. 6, 3 février 1346) et d’autres paiements ont été effectués à Gautier de St-Pern comme chancelier en mai 1346 (ibid., m. 7). Pocquet, Les papes, i. 337 pour sa promotion à Vannes.
73 Recueil Jean IV, i. sub nomine ; Jones, Création of Brittany, p. 134-135, et cf. 125n, qu’il faut corriger.
74 Seulement le premier et le dernier actes sont cités par numéro
75 Cette signature n’est connue que de l’édition de Lobineau et de Preuves ; on a lu E. peut-être au lieu de G., si c’est le cas, la référence devrait être à Guillaume Le Noir (ci-dessous, note 79). Voir aussi n° 89.
76 Il était toujours au service ducal en 1351 quand il reçut un sauf-conduit pour aller en Angleterre (PRO, C76/29 m. 15, 28 janvier 1351).
77 Peut-être le même que J. Vernon ci-dessous.
78 On n’a trouvé aucune information supplémentaire.
79 Cf. ci-dessus note 75.
80 André, alors âgé de 54 ans, du Mans, fut témoin en 1371 (Plaine, Monuments, p. 93-98), alléguant qu’il avait servi Charles comme notaire et serviteur de la famille. Son témoignage sur des pratiques de la chancellerie bretonne est très détaillé et important.
81 Cf. note 77 ci-dessus.
82 La Chapelle, M.A., archidiacre de Tréguier, alors âgé de 59 ans environ, fit un témoignage très complet en 1371 (Plaine, Monuments, p. 71-77). Il est clair qu’il apporta des mémoranda financiers à Angers, parce qu’il pouvait donner des chiffres précis sur le coût du patronage artistique du duc ; il acheta aussi lui-même une fois à Paris cinq cilices pour Charles.
83 Cf. notes 92 et 94.
84 Giquel était probablement toujours en vie en août 1367 quand un ‘Georget Giquel’ reçut l’ordre de faire une enquête au sujet de l’abbaye de Savigny (AN, L 977 n° 1264) ; cf. aussi note 86.
85 J’ai fait une distinction entre Georges Giquel et ‘Tugiquel’. Un P. Giquel servait Jeanne en 1378 (346-348) ; Hervé Giquel et Symonet de Konnect furent appelés ‘clers et secretaires de la dicte feue damme’ quand on fit un inventaire de ses biens en septembre 1384 (A. de La Borderie, Inventaire du mobilier de Jeanne la Boiteuse, duchesse de Bretagne (1384), Nantes 1854 [= Revue des provinces de l’Ouest, 9e liv., mai 1854, 202-211]).
86 Macé Rouaud, écuyer de Minibriac, diocèse de Tréguier, rappela en 1371 que le duc avait commandé à Gouret de rembourser des droits (Plaine, Monuments, p. 169).
87 Cf. Recueil Jean IV, i. nos 328, 333-334, 413, 417 ; ii. n° 537. Il faut le distinguer d’un homonyme qui était le capitaine de Ploërmel en 1394 (ALA, E 238 f. 68r) et de Jean de la Chapelle, chevalier, qui fut témoin d’un accord en 1408 (ALA, E 163 n° 2).
88 Seul acte connu de ce clerc.
89 Renseignement donné par une seule transcription du 17e siècle ; peut-être le même que Guillaume Le Noir, ci-dessus note 79.
90 Renseignement donné par une seule mauvaise transcription du 17e siècle où on a, peut-être, fait une confusion avec les témoins de la donation du duc. Phelippes était un des plus importants conseillers du duc, ce qui est bien attesté par d’autres documents (cf. Plaine, Monuments, p. 89). Il était ‘Britannie senescallum’ en 1345 (Chronique de Richard Lescot, éd. J. Lemoine, Paris 1896, p. 70) et est toujours en vie en 1372 (Lettres secrètes et curiales du Pape Grégoire XI, 1370- 1378, relatives à la France, éd. L. Mirot et al., 5 t. Rome 1935-1957, n° 1018). Il fonda deux chapellenies, une dans l’hôpital de La Roche Derrien et l’autre dans la chapelle de St Yves à Ploulec'h, voir Urbain V. Lettres communes, n° 17691
91 Peut-être le même que ‘Johannes Mathei’ qui témoigna d’une évasion miraculeuse de pendaison au Mans (Plaine, Monuments, p. 207). Il était toujours dans le service de Jeanne en 1369 (320).
92 Cf. notes 83 et 94 ; on ne sait pas s’il y a une parenté entre ces trois clercs avec le surnom Hac ou un lien avec la seigneurie de Hac au Quiou (sur celle-ci voir Michael Jones, Gwyn I. Meirion-Jones, Jon R. Pilcher et Frédéric Guibal, ‘Un des grands manoirs bretons : le château de Hac au Quiou’, Le Pays de Dinan x (1990), 171-207).
93 Un clerc normalement au service de Louis, duc d’Anjou.
94 Cf. notes 83 et 92 ; ‘Hamo de Hac’, chanoine de St-Brieuc et curé de l’église de Tregavou, diocèse de St-Malo, fut proposé pour un canonicat dans la cathédrale de Laon par Jean II en 1362 (Urbain V. Lettres communes, nos 3667 et 4676).
95 Recueil Jean IV, i. 38-39 pour sa carrière ; les dernières lettres ducales qu’il écrivit sont datées du 13 août 1387 (ibid., ii. n°637) mais il continua de conserver un canonicat dans la cathédrale de Vannes en 1391 (Arch. Morbihan, 64 G 6 f°. 9r).
96 Comme chanoine de St-Pol-de-Léon, Gautier fut envoyé par Jeanne dans une ambassade au pape Clément VI en août 1350 (129).
97 Un clerc au service de Louis, duc d’Anjou.
98 Renseignement fourni par une mauvaise transcription du 18e siècle ; le nom est peut-être déchiré, peut-être faut-il lire Le Noir.
99 Peut-être le même que Mr Guillaume Beranger chanoine de St-Malo, âgé de 50 ans environ, qui témoigna en 1371 (Plaine, Monuments, p. 56-60, cf. 118, 153, 184), quand il allégua qu’il avait servi le duc pendant douze ans, avant d’être nommé secrétaire et aumonier au retour du duc d’Angleterre (cf. aussi Pocquet, Les papes, i. 322 pour une mission qu’il fit à Avignon en 1354).
100 On ne connaît pas sa parenté avec Guillaume Belengier.
101 Il fut plus tard dans le service de Jean IV (cf. Rec. Jean IV, i. nos 132, 152, 342).
102 Ancien étudiant à Paris, en 1371 Raoul, âgé de 30 ans environ, était Recteur de Plouzevedé, diocèse de St-Pol-de-Léon et Official de l’archidiaconat de Tréguier. Il disait qu’il avait connu Charles pendant cinq ans et qu’il fut son secrétaire pendant trois ans, écrivant des lettres pour le duc la nuit en secret (Plaine, Monuments, p. 84-89, 238-239, 444, 452).
103 Il était âgé de 40 ans environ quand il témoigna en 1371. Natif du diocèse de Quimper, Bachelier-ès-lois canoniques, il était chanoine de la cathédrale de Nantes, de St-Pol-de-Léon et d’Angers. Il allégua qu’il avait servi le duc pendant vingt ans comme tuteur de ses fils, Jean et Guy Il continua de négocier pour la libération des otages jusqu’en 1385-1386 (cf. Preuves, ii. 482, 511 ; Foedera (0), vii. 454 = PRO, C76/69 m. 12).
104 Voir ci-dessus note 100.
105 Recteur de Pledren, diocèse de St-Brieuc, et âgé de 55 ans environ en 1371, il allégua qu’il avait servi le duc pendant vingt deux ans, débutant quand il était ‘comte de Penthièvre’. Il suivit le duc en Angleterre bien qu’il ne fût pas présent avec le duc pendant ses quatre dernières années. Il était aussi pendant quelque temps argentier ducal (Plaine, Monuments, p. 64, 73, 137, 142, 153, 184).
106 Natif de Goudelin, diocèse de Tréguier, âgé de 53 ans environ en 1371, il allégua qu’il avait connu Charles au temps de son mariage. Il servit ‘in curia senescallorum’ pendant quinze ans et puis comme alloué et lieutenant du sénéchal de Guingamp, avant d’être secrétaire du duc pendant quinze ans. Entre 1360-1364 il était sénéchal de Cornouaille (cf. Plaine, Monuments, p. 135-140, 330,426, 428).
107 Ecuyer de Ploemagoar, diocèse de St-Brieuc, âgé de 45 ans environ en 1371, il connaissait le duc depuis son mariage, et dans les années 1361-1364 était, allégua-t-il, son conseiller et garde des sceaux de contrats de Guingamp, où il tenait toujours le sceau de la duchesse. Il disait que Charles avait fait commander à ses serviteurs de ne pas diffamer son rival : ‘Ipse est de genere Britannie, et si haberet dedecus, ego non haberem honorem’ (Plaine, Monuments, p. 171 ; cf. aussi 336-338, 343, 344, 346, 444). Peut-être le même qu’Henri le Prevôt qui était sénéchal de Tréguier et de Guingamp en 1377 (ACA, E 1286).
108 En 1371 Le Voirrier (Vitreari), âgé 26 (sic), de St-Florent-le-Vieil, diocèse d’Angers, allégua qu’il était secrétaire royal, bien que son nom ne se trouve pas dans les Mandements et actes divers de Charles V, éd. L. Delisle, Paris 1874. II disait qu’il avait servi le duc comme secrétaire pendant cinq ans et qu’il avait trouvé, quand il fit un inventaire de ses biens dans la Tour Neuve à Nantes après sa mort, ‘unum scrinium cum tribus ciliciis infra existentibus’ (Plaine, Monuments, p. 176). Il occupa, cependant, la fonction très importante de secrétaire principal de Jeanne pendant son veuvage (ci-dessous 305, 310-313, 321-323, etc.). Comme Johanni Vitrarii, clerc du diocèse de Nantes et chanoine de la cathédrale de Nantes, il a reçu un autre prebende le 30 janvier 1371 (Grégoire XI (1370-1378). Lettres communes, éd. A-M. Hayez et al., ii (1992), n° 8165).
109 Clerc de Guingamp, âgé de 60 ans en 1371, il était notaire à Guingamp pendant vingt trois ans et pendant qu’il exerçait les fonctions de receveur pour les trois dernières années.
110 Pour leurs carrières, voir Tableau 1 sub nomine. Le 30 mai 1367 Urbain V donna la permission à Le Taillandier de conserver un canonicat à Tréguier ainsi qu’un autre à St-Malo et des bénéfices dans le diocèse de Nantes (Urbain V. Lettres communes, éd. M-H. Laurent et al., 12 t. 1954-89, n° 20562). En 1362 il rédigea le contrat de mariage d’Olivier de Clisson et de Beatrix de Laval (Cart. Laval, éd. B. de Broussillon, n° 3269).
111 Plaine, Monuments, p. 71-77 (le témoignage de Pierre ; il se disait âgé de 59 ans environ) ; pour Jean cf. Recueil Jean IV, sub nomine.
112 Plaine, Monuments, p. 44-46 (Mr Roland de Coestelles) ; 93-98 (G. André) : 118-124 (Alain de Tenou), etc.
113 Georges Giquel, Guillaume Le Noir, Guillaume Paris et Jean Le Taillandier reçurent des sauf-conduits d’Édouard III en juillet 1357 (200 et note).
114 Hamo de Hac, par exemple, qui occupait déjà Tregavou, diocèse de St-Malo, et un canonicat à St-Brieuc, reçut un canonicat à la cathédrale de Laon sur la pétition de Jean II en 1362 (Urban V, Lettres communes, nos 3667 and 4676) ; il est probablement identique à ‘H. de Hac’ (245).
115 307 ; peut-être aussi le même que Y. Brient (302) ; Recueil Jean IV, i. n° 368.
116 Plaine, Monuments, p. 41, 46, 59, 88, 89, 98, 136, 168 (Gouret).
117 Cf. Michael Jones, ‘The Seals of Charles de Blois and Jeanne de Penthièvre, duke and duchess of Brittany, 1341-64 ; a provisional survey’, Estudis Castellonencs 6 (1994-1995), 687-694, pour une première esquisse, reprise ici avec de légères rectifications.
118 Bien que la famille d’Avaugour possédât une partie de la ville, Dinan devint une partie du domaine ducal à la fin du xiiie s.
119 Cf. 27, ‘sur double queue de parchemin et cire verd... armoye dedens le seu dudit seel de armoires...’, description en 1451 des lettres d’avril 1344. Un document de 1393 suggère que Charles avait un ‘grand’ sceau (cf. ci-dessous note 135) mais en l’absence d’impression subsistante et du manque d’autres preuves, on peut déduire que c’est son sceau armorial décrit ci-dessous.
120 Cf. Jones, Estudis Castellonencs, 6 (1994-1995), 692-693.
121 Ibid. 692 et cf. 9.
122 L. Douët d’Arcq, Collection des sceaux, 3 t. Paris 1863-1868, i. n° 542 d’après une impression sur un document avec la référence ‘Arch. de l’Empire K 1148’, maintenant introuvable (cf. ci- dessous 73 et 80) ; Recueil Jean IV, i. 42-44. Je suis très reconnaissant à Mme Martine Dalas-Garrigues du ‘Service de Sigillographie’ aux Archives Nationales pour son aide, malheureusement vaine, pour retracer ‘AN, K 1148’. Le sceau plaqué utilisé en janvier 1347 (88) avait approximativement 34 mm de diamètre
123 La première mention d’un signet par Charles est probablement à Calais le 7 octobre 1351, ‘escript souz nostre merche’ (139). Pour son usage comme sceau d’absence, 239, 243 et 248.
124 Déprez, MSHAB, vii (1926), 50, voir aussi E. Lefort des Ylousses, ‘Le sceau et le pouvoir L’évolution du sceau des ducs de Bretagne du xiie au xve siècle’, MSHAB, lxviii (1991), 135, où on peut trouver une reproduction. Entre autres choses, Jeanne posséda en 1384, ‘un petit coffret carre de cuir blanc, ouquel sont le signet d’or de Monseigneur Charles’ avec un autre coffret en cuir ‘sanz claveure, ou sont ouyt seaux d’argent tant granz que petiz qui furent de Monseigneur Charles et furent depecez et rompuz’ (A. de La Borderie, Inventaire du mobilier de Jeanne la Boiteuse, duchesse de Bretagne (1384), Nantes 1854 [= Revue des provinces de l’Ouest, 9e liv., mai 1854, 204]).
125 Cf. B. A. Pocquet du Haut-Jussé, ‘Couronne fermée et cercle ducal en Bretagne’, Bull. philologique et historique, années 1951-1952, p. 103-112 ; Jean-Yves Copy, ‘Du nouveau sur la couronne ducale bretonne ; le témoignage des tombeaux’, MSHAB, lix (1982), 171-194. Jeanne posséda ‘une couronne d’argent doree’ en 1384 (La Borderie, Inventaire, 205).
126 Actes du Parlement de Paris, Parlement criminel. Règne de Philippe VI de Valois. Inventaire analytique des Registres X2a 2 à 5, éd. Brigitte Labat-Poussin, Monique Langlois & Yvonne Lanhers, Paris 1987, n° 4223v ; Geoffroy de Dinan, chevalier, âgé de 50 ans, qui témoigna en 1371 (Plaine, Monuments, p. 187-191), est probablement le même homme.
127 G. Demay, Inventaire des sceaux de la Collection Clairambault à la Bibliothèque Nationale, 2 t. Paris 1885-1886, i. n° 1516 (d’après 138).
128 Les armoiries d’Avaugour étaient normalement Argent, un chef gueules (Pol Potier de Courcy, Nobiliaire et armorial de Bretagne, 6e édn., réimprimé, Mayenne 1986, i. 28).
129 Douët d’Arcq, Collection des sceaux, i. n° 543.
130 ALA, Fichier des sceaux, nos 257 et 262 d’après des impressions sur ALA, E 218 n° 16, 30 mars 1376 (339) et E 68 n° 8, 28 juillet 1378 (348). Dans le premier cas (exhibé dans La Bretagne au temps des ducs, Abbaye de Daoulas/Musée Dobrée, Nantes, juin 1991 - février 1992, Catalogue, p. 34 n° 15), la légende est clairement en français, comme elle l’est dans la dernière impression (361).
131 Douët d’Arcq, Collection des sceaux, i. n° 543 pour ce signet comme contre-sceau (d’après AN, J 242 n° 51, 9 juillet 1369, 320). L’inventaire des biens de la duchesse (1384) mentionna ‘un petit forcier ou sont le seel de Madamme avec la chaine d’argent’ et ‘le signet et la chaine d’or’ (La Borderie, Inventaire, 203).
132 Plaine, Monuments, p. 88-9.
133 Pour un premier usage de cire verte par Charles, voir ALA, E 148 n° 8, 15 septembre 1344 (33) ; pour Jeanne, 98, 99, 115 ; pour cire brune-noire 121, 136, 138, 177, 361.
134 Cf. ALA, E 236 f. 36r ; pour des exemples plausibles de décoloration de verte ou rouge à brun, 121, 162, 163, 194.
135 R. Blanchard, Lettres et mandements de Jean V, duc de Bretagne, 5 t. Nantes 1889-1895, i. lxxv n° 2 (cf. Inventaire des autographes et documents historiques réunis par M. Benjamin Fillon, éd. E. Charavay, 2 t. Paris 1878-1879, i. 52 n° 209, ‘Le signet et la chêne d’or de Monsieur Charles ; ouyt seux rompus qui furent de Monsr. Charles, tant granz que petiz, les queulx sont d’argent... le signet d’or de Madame la Duchesse...’, Lamballe, 23 décembre 1393) ; tous ces biens étaient présents en 1384 (La Borderie, Inventaire, 203-211 ; cf. ci-dessus n° 88). Jones, Creation of Brittany, p. 118 et seq. ; Recueil Jean IV I, 35-40 pour des développements sous Jean IV.
136 APA, E 624 n° 1, comptes de Pierre Molin le jeune, receveur de la vicomté de Limoges ; Rouen, Bib. mun., Coll. Leber MS 5664 (ci-dessus n° 39) ; ACA, 22 J 1, 22 lettres originales, des comptes du comte de Blois 1344-1345, dont plusieurs se référaient aux paiements de ses dépenses et à ceux de ses serviteurs pendant les guerres en Bretagne. Par exemple, on commanda aux ‘gens des comptes’ d’allouer à Jean Le Buissier, clerc, 1250 l.t., pour un prêt fait par le comte à son frère devant Guérande (6 septembre 1344) et Maillefer de Raupemont, écuyer reçut la compensation pour un cheval tué à cet endroit, tandis que trois valets des ‘grandes chevaux’ du comte d’Alençon reçurent 60 s. quand le comte quitta l’hôtel de Blois (28 août 1344). Ces documents proviennent en toute probabilité de la collection Joursanvault (cf. Catalogue des archives de M. le Baron de Joursanvault, 2 t. Paris 1838). Des documents comparables pour la période postérieure à 1345 subsistent aux Arch. dép. Loiret, 2 J 189, tandis qu’aux mêmes archives se trouve une autre partie importante de cette collection (Arch. dép. du Loiret, Collection Joursanvault, sous-série 6 J. Inventaire analytique, Orléans 1976), bien que les documents qui concernent la Bretagne datent des années 1390 et suivantes.
137 57, 58, 62, 66, 68, 69, 122. Un prêt de 10 000 écus par Philippe VI en janvier 1345 laissa moins de traces ; Les journaux du Trésor de Philippe VI de Valois (1338-1349), éd. J. Viard, Paris 1899, n° 159 et cf. H. Moranvillé, ‘Extraits de journaux du Trésor (1345-1419)’, BEC, xlix (1888), 156 n° 9, ‘Mercurii xxvj [janvier 1345]. Cepimus super Regem sic ; Dux et ducissa Britannie, dominus Karolus et domina Johanna, pro mutuo sibi facto per dominam Reginam, de summa Xm scut. auri, etc.’
138 Cf. Recueil Jean IV, i. 13 ; Michael Jones, ‘Notaries and Notarial Practice in Medieval Brittany’, Notariado público y documento privado ; de los orígenes al siglo XIV. Actas del VII Congreso Intemacional de Diplomática, Valencia, 1986, 2 t. Valencia 1989, ii. 773-815, esp. 792-794.
139 39-53, 139 ; cf. J. C. Cassard, ‘La grâce du duc. Remède à la violence ou affirmation de sa souveraineté ?’, MSHAB, Ixxiii (1995), 31-61. On peut aussi noter qu’un nombre considérable des lettres ducales sont préservées dans des confirmations royales, une pratique qui disparaîtra presque entièrement sous Jean IV et ses successeurs.
140 B. A. Pocquet du Haut-Jussé, ‘La genèse du législatif dans le duché de Bretagne’, Revue historique de droit français et étranger, 4e sér. xl (1962), 351-372.
141 Idem, ‘Les faux États de Bretagne de 1315 et les premiers États de Bretagne’, BEC, lxxxvi (1925), 388-406 ; en 1356 Édouard demanda spécifiquement des lettres de quittance, scellées par le duc, la duchesse et les évêques, les nobles et les communautés de Bretagne, avant de les décharger des obligations du traité de 1353 et la signature d’un nouveau traité (198).
142 Nantes, Médiathèque MS 1682 n° 6, 11 mars 1339 (ci-dessus note 36), pour un premier essai de régler la division de la succession d’Avaugour entre Jeanne et sa tante, Marguerite d’Avaugour.
143 Jones, Creation of Brittany, p. 263-282 pour le cas de Jean et Guy de Bretagne. En avril 1362 Audroin de la Roche, abbé de Cluny, était en Angleterre encore une fois pour négocier le ‘matrimonio contrahendo cum prole regis Angliae et Karoli de Blois’, (Chronica Johannis de Reading et Anonymi Cantuariensis, 1346-1367, éd. James Tait, Manchester 1914, p. 152). Plus tard, Henri (361) accompagna son beau-frère, Louis d’Anjou, en Italie et porta le titre de ‘Despot de la Romagna’ (cf. Duchesne, Histoire, p. 240 et Preuves, p. 132-133).
144 Delachenal, Histoire de Charles V, i. 82 date le mariage de l’année 1351 ; Cazelles, Société politique, p. 94 donne ‘début de l’année 1352’ et F. Autrand, Charles V, Paris 1994, p. 118 donne mars 1352 ; peut-être que le duc considéra comme un moyen pour obtenir de la monnaie pour sa rançon mais il n’y a aucun détail convaincant. Charles d’Espagne fut assassiné le 27 janvier 1354 et Marguerite mourut peu de temps après. Apparemment, Charles reçut cette information avec grande égalité d’âme (Plaine, Monuments, p. 39).
145 Cf. A. de Sérent, ‘Charles de Blois, duc de Bretagne (1319-1364) et l’Ordre de Saint François’, Études Franciscaines, 7 (1956), 204-221 et 8 (1957), 59-75 ; Vauchez, La Sainteté, p. 110, 269-271.
146 Au moins 55 privilèges et donations aux ecclésiastiques ont été découverts. Des abbayes (27) et les cathédrales (10) sont mieux représentées que les ordres mendiants (8).
147 Cf. 38 (St-Sauveur de Dinan), 253 (Notre-Dame de Lamballe) ; Prigent, Pouvoir ducal, p. 119-132.
148 Cf. les termes exagérés sur lesquelles Jeanne donna quelques seigneuries à Charles (19, 22). Le procès de canonisation n’est pas très explicite sur le sujet de leur parenté et Jeanne ne donna pas son témoignage en 1371 bien qu’on sache que Charles, habitué à dormir sur une paillasse de paille, permettra à Jeanne d’avoir un lit de plume, et qu’il enlevât son cilice quand il dormait avec elle (Plaine, Monuments, p. 22, 34, 106).
149 Cf. 308, 4 mai 1366, ‘et aussi promist encore a fere obligier son mari se aucun en prenoit et espousoit si tost que espouser laroit’.
150 Comme d’autres membres de la famille, Jean et Guy donnèrent (à Devizes, Wiltshire, le 15 mai 1371) une procuration pour l’assemblée des témoins à présenter aux commissaires papaux chargés de faire l’enquête sur la sainteté de Charles (cf. 330). Des comptes subsistent pour leur soutien en Angleterre pour la plus grande partie de la période de 1364 à 1385 ; PRO, E364/4 m. B ; 6 m. 35r ; 7 m. A ; 10 m. E ; 11 m. G ; 12 m. Ar ; 14 m. C ; 25 m. 49r et E372/ 41 Ed III, m. 40.
151 Immédiatement après sa mort, Jean IV ordonna la saisie de ses biens dont un inventaire subsiste (La Borderie, Inventaire, cf. ALA, E 216/2 et Recueil Jean IV, ii. n° 521).
152 Cf. Recueil Jean IV, i. 48-49.
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