Introduction à la première partie
p. 33-34
Texte intégral
1Le regroupement des questions qui concernent les « nouveaux mondes » européens « atlantiques », de l’espace caraïbe aux Amériques, nous a semblé évident. Certes, les espaces sont relativement cloisonnés, entre les colonies de l’Espagne, du Portugal d’une part, les treize colonies britanniques d’Amérique du Nord et leur voisin, le Canada arraché à la France en 1763 de l’autre, et les îles à esclaves. Mais il s’agit de colonies dont les relations avec les métropoles présentent bien des aspects comparables. Deux d’entre eux connaissent des révolutions « victorieuses », au poids historique très inégal, mais d’une importance symbolique exceptionnelle. Les treize colonies britanniques ont déjà amorcé en 1773 le processus qui va les conduire à la première indépendance d’une colonie blanche à l’époque moderne, face à l’Angleterre, en des étapes nettes : la Déclaration d’indépendance, la guerre, la difficile construction d’un État fédéral doté d’une Constitution. Saint-Domingue n’entre en révolution qu’après le début de la Révolution française, de 1791 à 1802. Elle devient alors la première colonie noire à s’émanciper de la tutelle d’une grande puissance, la France, jusqu’à faire abolir la traite et l’esclavage. Pendant ces décennies, les empires coloniaux ibériques ne connaissent pas de soulèvements majeurs, en dehors de la révolte de Tupac Amaru II au Pérou et de rébellions de créoles blancs. Les réformes et les politiques souples des administrateurs espagnols et portugais permettent d’éviter dans un premier temps la contagion révolutionnaire. Les études transversales ne sont pas assez avancées pour réaliser une synthèse aboutie des comportements de ces trois espaces, mais un continent est en train de « naître » par les révolutions, qui pourra construire des rapports internes autour du modèle américain du Nord. Les indépendances respectives portent peut-être en germe la fin annoncée d’un cycle colonial débuté quatre siècles auparavant. À la distance qui pénalise la connaissance directe des affaires européennes s’ajoutent des situations, des contextes profondément différents de ceux qui vont secouer les nations et les puissances du continent européen. Les enjeux commerciaux et maritimes s’accompagnent de tensions politiques, diplomatiques et stratégiques, qui vont faire des « nouveaux mondes » des déclencheurs en matière de révolutions.

Le monde atlantique au XVIIIe siècle. Extrait d’André Corvisier, Précis d’histoire moderne, Paris, PUF, 1971.
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