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Catégorisations résidentielles et (dé)valorisation des habitants

La campagne présidentielle française de 2007 dans la presse écrite

p. 35-50


Texte intégral

« Malgré toutes nos contradictions, je préfère mille fois le bourgeois bohême au bourgeois tout court, et Montmartre ne sera jamais le XVIe. Vous êtes dans un bastion de la gauche écolo, un coin libéral-libertaire où vous entendrez peu discuter chômage, retraites et insécurité, mais beaucoup développement durable et sans-papiers. » (Libération, 30/03/2007, p. 7.)
« Le quartier chic, tel un club fondé sur l’exclusion active des personnes indésirables, consacre symboliquement chacun de ses habitants en lui permettant de participer au capital accumulé par l’ensemble des résidents ; au contraire, le quartier stigmatisé dégrade symboliquement ceux qui l’habitent, et qui, en retour, le dégradent symboliquement, puisque, étant privés de tous les atouts nécessaires pour participer aux différents jeux sociaux, ils n’ont en partage que leur commune excommunication. » (Bourdieu, 1993, p. 166-167.)

1À l’intersection du champ médiatique et du champ politique, qui sont deux puissantes instances dans la production des normes, les périodes de campagnes électorales constituent des espaces-temps sociaux particuliers. De Frédéric Nihous (CPNT) qui a choisi l’expression « la ruralité d’abord » comme slogan de sa campagne présidentielle de 2007, à Olivier Besancenot (LCR) qui a opté pour le décor du city-stade d’un quartier de grands ensembles pour tourner certains clips de campagne, les espaces géographiques et leurs images sociales sont partie prenante des dispositifs de communication politique. L’utilisation stratégique de ces images donne à lire l’importance des significations (positives ou négatives) qui leur sont associées en fonction des systèmes de valeur, ce qui souligne la portée politique de ces images. Diffusées au cours des campagnes électorales, elles participent à la production des représentations collectives qui portent sur les types d’espace résidentiel, et les valeurs attribuées à ces espaces rejaillissent ensuite sur leurs habitants comme le montre la citation de Pierre Bourdieu placée en exergue.

2De ce point de vue, les campagnes électorales et la manière dont elles sont traitées médiatiquement constituent des moments d’observation particulièrement riches pour les chercheurs en sciences sociales. Les articles de presse publiés pendant ces moments spécifiques sont souvent mobilisés comme matériaux de recherche en science politique, en science du langage ou en science de l’information et de la communication. Lors de la campagne présidentielle de 2007, la revue Mots. Les langages du politique a ainsi consacré aux « Débats pour l’Élysée » un numéro thématique et pluridisciplinaire, numéro dont les géographes sont pourtant absents1. Paradoxalement et alors que les médias qui véhiculent des images ont un rôle important dans la production de l’espace, peu de géographes français se sont intéressés à ces questions (Raoulx, 2006). Si certains de leurs travaux portent sur les outils de communication utilisés par les candidats et les partis pendant les campagnes électorales – les professions de foi et l’instrumentalisation des cartes (Bussi, 1998), les processus d’appropriation des panneaux d’affichage électoraux à l’échelle intra-urbaine (Veschambre, 1997) ou les stratégies d’occupation de l’espace numérique dans le cadre de campagnes où Internet joue un rôle croissant (Rivière, 2007) – le rôle des médias en tant que producteurs de représentations est souvent négligé alors qu’il est central2. Face à cet angle mort, il semble important de décrypter dans quelle mesure les catégorisations d’espaces géographiques dans les médias participent aux processus de (dé) valorisation et de hiérarchisation des groupes sociaux.

3Il s’agit plus précisément de se pencher sur les rapports entre les catégorisations des types d’espaces résidentiels, celles des groupes sociaux, et celles des attitudes politiques associées à ces groupes sociaux, tels que l’on peut les analyser dans la presse écrite3. Dans un contexte contemporain où les types de médias se diversifient rapidement (multiplication des chaînes de télévision, Web 2.0, etc.)4, cette focalisation sur la presse écrite s’explique par le fonctionnement du champ journalistique, qui est caractérisé par une très forte « circulation circulaire de l’information » (Bourdieu, 1996), de sorte que quelques titres de la presse écrite définissent les thématiques légitimes reprises ensuite par les autres médias. En termes de « hiérarchie sociale des objets » (Bourdieu, 1975), le choix de la presse écrite ne doit cependant pas être perçu comme celui d’un média « noble » qui relèguerait l’étude de la télévision au rang d’objet indigne. Ce parti pris exprime plutôt la volonté d’interroger le rôle de certains médias en tant que producteurs de représentations, en amont du rôle joué par la télévision dont l’impact dans la formation des valeurs et des normes est tout à fait déterminant, comme l’a récemment rappelé un ouvrage sur « la banlieue » (Sedel, 2009).

4Pour cela, le corpus construit se compose d’articles issus de quatre titres majeurs de la presse écrite nationale aux lignes éditoriales contrastées (L’Humanité, Libération, Le Monde, Le Figaro). Le dépouillement systématique de ces journaux a été effectué sur une période de quatre mois qui débute avec la collecte des parrainages d’élus nécessaires pour se présenter à l’élection et se clôt avec la fin du mandat présidentiel de Jacques Chirac5. En partant de la lecture de ces articles, seuls ceux contenant à la fois une catégorie d’espace résidentiel (par exemple « les cités »), une catégorisation de groupe social (« les jeunes »), et une catégorisation de comportement politique (« Ségolène Royal ») ont été retenus dans le corpus6. Des analyses exploratoires ont ensuite permis de faire ressortir trois types d’espaces résidentiels : les quartiers populaires de grands ensembles, les espaces ruraux faiblement peuplés et les centres-villes. Afin d’explorer la manière dont leurs images sont médiatiquement construites par le biais des attributs sociaux et politiques de leurs habitants, on a finalement procédé à des tris croisant les catégorisations présentes7. On se propose donc d’analyser comment les catégorisations politiques et sociales des habitants de ces trois types d’espaces résidentiels participent à la construction réciproque de leurs images médiatiques, tout en étant attentif à la dimension (dé)valorisante des mots et des registres de catégorisation utilisés. Pour cela, le cheminement de cette contribution part des centres-villes pour se rapprocher pas-à-pas des mondes ruraux, afin de montrer que les représentations des différents types d’espaces sont aussi construites les unes par rapport aux autres.

ENTRE « BEAUX QUARTIERS » ET « COIN LIBÉRAL-LIBERTAIRE »

5Les espaces de centre-ville occupent une place réduite dans les articles dépouillés, avec seulement 21 articles, soit 9 % du corpus. Face à de tels effectifs, on ne peut pas accorder aux différences de ventilation entre les journaux une réelle signification : de 2 articles sur 35 dans Le Figaro, 6 sur 85 dans L’Humanité, 4 sur 39 dans Le Monde, à 9 sur 81 dans Libération. Par ailleurs, c’est l’expression neutre de « centre-ville » qui est la plus fréquente pour désigner ces espaces centraux. Elle est suivie par les « beaux-quartiers » puis par les « quartiers bobo », deux termes qui renvoient certes à des espaces géographiques dont la composition sociale est caractérisée par la forte présence des classes sociales supérieures, mais qui correspondent à des univers sociaux différents.

6Au-delà de l’indice que constitue la présence de ces deux catégories résidentielles, la lecture approfondie de l’ensemble des catégorisations résidentielles, socioprofessionnelles et politiques présentes au sein des articles traitant des espaces urbains centraux montre que l’on a affaire à deux types de lieux de résidence différents : d’un côté les « beaux quartiers » de la bourgeoisie traditionnelle (par exemple Neuilly-sur-Seine ou le 16e arrondissement de Paris) tels qu’ils sont par exemple étudiés par les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot (1989) ; de l’autre des espaces urbains hyper-centraux qui sont souvent des arrondissements parisiens auparavant populaires (par exemple le 11e ou le 18e arrondissement parisien) et qui sont concernés par des processus de gentrification. Les autres catégorisations résidentielles relevées dans les articles sur les centres-villes permettent d’ailleurs de distinguer ces deux types de lieux de résidences centraux. On peut ainsi isoler d’un côté les catégorisations « beaux quartiers », « banlieue chic », « banlieue cossue », « quartier chic », « quartier tranquille », « ville aisée », « ville de bourges » et « ville prisée » ; et de l’autre le « quartier bobo », le « bastion de la gauche écolo », le « coin libéral-libertaire », le « quartier gay », le « quartier gentrifié », le « village » ou la « réserve d’intermittents ».

7Le recours aux descriptions paysagères (fig. 1) permet de saisir un peu plus l’ambiance telle qu’elle est relatée et construite dans la presse écrite : d’un côté (a) les paysages et les ambiances calmes et feutrées des espaces bourgeois, de l’autre (b) les paysages et les ambiances animées, voire exubérantes, des espaces concernés par le processus de gentrification. Les noms propres de lieux relevés dans les articles renvoient également à ces deux types de lieux de résidence : d’un côté les 5e, 6e, 7e, 8e, 15e, 16e, et 17e arrondissements de l’ouest parisien, les communes de Neuilly-sur-Seine, Annecy, Bordeaux, et le département des Hauts-de-Seine ; de l’autre les quartiers de Montmartre et du Marais, les 11e, 12e et 18e arrondissements du nord et de l’est de Paris. C’est donc l’échelle de la petite couronne francilienne qui semble la plus pertinente pour situer ces lieux présentés dans la presse. Ils soulignent bien la dualité entre espaces bourgeois et espaces gentrifiés qui recoupe de manière très nette l’opposition est-ouest au sein des quartiers de la capitale. Les autres noms propres de lieux, non figurés ici, renvoient à des communes des métropoles du sud du pays (Lyon et sa très chic voisine Champagne-au-Mont-d’Or, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Nice ou Annecy) qui apparaissent parmi les espaces traditionnels de la bourgeoisie. Plus largement encore, les quelques départements évoqués dans le corpus renvoient à ce dernier type d’espace, à l’image de la Savoie et de ses stations de sports d’hiver huppées ou de la Gironde et de son vignoble bordelais.

Figure 1 : Des beaux-quartiers aux espaces gentrifiés

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Source : Dépouillement du corpus de presse, 2007 ; Photographies extraites de Libération.

8Bien qu’assez peu nombreux, les registres de catégorisation du social présents dans les articles sur les espaces urbains centraux éclairent les registres de (dé) valorisation médiatique mobilisés. On retrouve ainsi dans Libération un cocktail sociologique associant ensemble un « architecte », un « artiste », une « animatrice en sculpture », un « commerçant de gauche », un « australien avant tout parisien », un « ex de la pub », une « productrice à France Inter », une « prof de piano diplômée de philosophie », « un sculpteur », et même tout simplement un « urbain », tous résidents dans des « quartiers bobos » où la « vieille garde popu de Montmartre » raille la « bobocratie artistico-machin ». Dans cette énumération, il manquerait presque un « journaliste à Libération » tant l’on sent, chez certains journalistes de ce quotidien, une fascination non sans ironie à l’égard des mondes sociaux qu’ils décrivent à travers les « quartiers bobos8 ». Peut-être parce que le microcosme décrit est relativement proche non seulement des auteurs des articles mais aussi des lecteurs potentiels. Les expressions présentes dans Libération pour désigner les habitants des espaces bourgeois sont par contre construites sur un mode plus classique : « cadres sup’ », « avocat », « ingénieur », « patron », « chef d’entreprise », « directeur financier » et présentent les habitants sous un jour moins favorable au regard de la ligne éditoriale du quotidien : « jeune femme avec 6 enfants », « dame en 4X4 », « électeur en Ferrari », « chrétiens », ou « scoute de France ». Dans Le Monde, on retrouve aussi un mélange de catégories du social désignant la bourgeoisie traditionnelle (« cadre », « bourgeoisie éclairée », « Français les plus riches », « magistrat retraité », « maître de maison »), la bourgeoisie de la nouvelle économie financière (« gérant de fonds », « trader ») et le milieu des intellectuels (« acteur », « sociologue », « universitaire »). Les articles de L’Humanité ne traitent pas des quartiers gentrifiés, mais se concentrent uniquement sur la description des « beaux quartiers » en utilisant des catégorisations du social emblématiques de la vieille bourgeoisie : « aristocrates », « avocats », « bourgeois », « cadre », « grand patron », « PDG », « privilégiés ». On y trouve aussi des catégorisations (« kékés à la coupe saut du lit de l’Oréal ») et des extraits d’entretiens d’habitants (« Ça sent le fric partout, les BMW, Mercedes, Audi… ») qui témoignent d’une certaine forme de dégoût vis-à-vis des classes supérieures et de leurs attributs, tout en faisant l’hypothèse qu’un tel sentiment n’est pas sans liens avec l’intériorisation des clivages sociaux et des violences symboliques qu’ils impliquent chez des classes populaires dont L’Humanité se veut le porte-voix.

9Politiquement, c’est la catégorie « Nicolas Sarkozy » qui est la plus fréquente, surtout d’ailleurs lorsqu’il est question des « beaux quartiers », tandis que les catégories « François Bayrou » et « Ségolène Royal » apparaissent plus fréquemment quand il est question de « quartiers bobo ». Il est par ailleurs significatif de noter qu’aucun des six articles de L’Humanité traitant des espaces urbains centraux (plus précisément des espaces bourgeois) ne comporte de catégorisation politique de gauche, tandis qu’aucun des deux articles du Figaro traitant des espaces urbains centraux – plus précisément des espaces gentrifiés – ne comporte de catégorisation politique de droite, si ce n’est une occurrence de « François Bayrou ». Aux antipodes des « extrémistes », nombreux chez les « ruraux » comme on le verra ensuite, une partie des « urbains » sont construits dans les discours médiatiques dominants comme des « centristes », des « écologistes », ou des « sociaux-démocrates », autant d’attitudes politiques modérées et/ou consensuelles censées témoigner de leur urbanité. Mais lorsque l’on passe le périphérique, les univers sociaux et politiques dépeints sont bien différents.

DES « CITÉS TRÈS POPULAIRES » AUX « QUARTIERS OÙ DARTY N’OSE PLUS ALLER »

10Ce sont de loin les quartiers populaires de grands ensembles qui sont le plus traités dans le corpus (62 % des articles) même si ce constat varie fortement en fonction du quotidien considéré : de moins de la moitié dans Le Monde et Libération à près de 80 % dans L’Humanité. Au sein des catégorisations résidentielles qui décrivent les quartiers populaires de grands ensembles, quatre expressions sont nettement plus fréquentes que les autres : « banlieue » (61 occurrences), « quartier populaire » (41), « quartier » (40) et « cité » (36). Au total, 91 expressions différentes sont présentes dans le corpus et on peut regrouper ces expressions en trois ensembles, dont les contours ne sont pas hermétiques pour autant. Dans le premier, les expressions utilisées sont globalement neutres (« banlieue », « quartier », « cité », « agglomération », « périphérie ») et reprennent parfois des catégorisations administratives (« ZUS », « ZEP », « ZUP »). Dans le deuxième, les catégories résidentielles sont tournées vers le social ou le politique (« quartier populaire », « cité populaire », « ville populaire », « cités HLM », « quartiers les plus défavorisés », « quartier en immense difficulté », « ville communiste », « ville rouge »…). Enfin et dans le troisième, les qualificatifs sociaux et politiques des lieux sont évacués et remplacés par des précisions relatives aux problèmes ou aux désordres qui régneraient dans ces quartiers (« quartier sensible », « banlieue à risques », « banlieue poudrière », « banlieue qui flambe », « la zone », « lieu réputé chaud », « quartier où Darty n’ose plus aller », « quartier quadrillé par la BAC », « territoires à la dérive », « territoires perdus de la République »).

11En étudiant la distribution des occurrences qui renvoient à ces trois ensembles selon les journaux, des différences majeures se font jour entre les titres qui axent les catégorisations résidentielles en prise avec le social ou le politique (50 % dans L’Humanité, ou 41 % dans Le Monde) et les journaux qui mettent en avant une catégorisation liée aux problèmes ou aux désordres supposés (35 % dans Le Figaro). Si l’on en croit l’ordre d’apparition des catégorisations sociales associées à ce type d’espace résidentiel, les principaux acteurs de ces désordres seraient les « jeunes » (56 occurrences sur les 58 que compte l’ensemble du corpus). Tous les journaux dépouillés placent les « jeunes » au premier rang des catégorisations du social, sauf Le Monde où les « ouvriers » puis les « employés » apparaissent les premiers. Dans ce quotidien et par rapport aux autres, on note une surreprésentation des CSP et/ou des métiers parmi les registres de catégorisation du social utilisés : « ouvrier », « employé », mais aussi « ingénieur », « professeur », « profession intermédiaire » et « travailleur social » figurant parmi les 10 catégories les plus fréquentes, ce qui contribue à dresser un tableau plus varié (et plus réaliste) de la composition sociale des quartiers de grands ensembles.

12À la manière des catégorisations résidentielles construites sur le mode des « problèmes » et des « désordres » censés définir les quartiers de grands ensembles, les catégories du social utilisées dans Le Figaro portent plus sur les comportements et les pratiques des habitants, et notamment sur ceux généralement attribués aux « jeunes » : « racaille », « bande », « casseur », et « délinquant » font ainsi partie des mots les plus employés. Au plan politique, c’est la catégorisation « Ségolène Royal » qui est la plus fréquente (52 occurrences), suivie de « Marie-George Buffet » (32 occurrences mais qui sont exclusivement présentes dans les articles de L’Humanité…) puis de « communiste » (28 dont 21 dans L’Humanité). À l’inverse, « Nicolas Sarkozy » est cité autant de fois que « Ségolène Royal » dans les catégorisations politiques associées aux quartiers de grands ensembles dans les articles du Figaro. À noter que pour la presse, « l’inscription sur les listes électorales » semble n’avoir lieu que dans les quartiers de grands ensembles puisque toutes les occurrences de cette attitude politique y sont concentrées.

13À ces catégorisations résidentielles, sociales et politiques, sont associés des noms propres de lieux à partir desquels se dessine une géographie que l’on peut établir de manière très précise grâce au travail de dépouillement des noms propres cités, en distinguant ensuite le type de lieu dont il s’agit (arrondissement parisien, communes, département). Ainsi, 40 % des occurrences de noms propres de départements cités renvoient ici à la « Seine-Saint-Denis », au « 93 » voire au « 9-3 » de sorte que ce département constitue l’incarnation de la figure des « cités » dans la presse, comme le révèle la première carte (fig. 2). Parce que les cartes réalisées à l’échelle des départements français posent généralement plus de problèmes qu’elles n’apportent d’éclairages, une carte à l’échelle communale a été réalisée en associant des figurés ponctuels (cercles proportionnels au nombre d’occurrences de la commune) et surfaciques (trames resituant la commune au regard de sa catégorie d’espace selon le Zonage en Aires Urbaines de l’INSEE). Et la seconde carte confirme le poids écrasant des communes franciliennes, Argenteuil et Clichy-sous-Bois en tête, qui représentent environ la moitié des occurrences du corpus, et épousent d’ailleurs bien le découpage des communes appartenant au pôle urbain parisien (fig. 3).

Figure 2 : Géographie du corpus : les « banlieues » (1)

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Sources : IGN, Dépouillement du corpus de presse 2007 ; Crédits photo : Libération, 2007 ; Traitements graphiques et cartographiques : Jean Rivière, UMR ESO 6590 CNRS.
(Départements cités dans les articles dépouillés)

Figure 3 : Géographie du corpus : les « banlieues » (2)

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Sources : IGN, INSEE, 1999 ; Dépouillement du corpus de presse, 2007 ; Cartographie : Jean Rivière, UMR ESO 6590 CNRS, 2009
(Communes citées dans les articles dépouillés)

14C’est finalement une géographie assez fidèle de la France des grands ensembles que le corpus permet de dessiner. Outre les périphéries populaires de Paris, on y retrouve Lyon et ses banlieues, les communes ouvrières du département du Nord, les grandes villes du bassin méditerranéen dans lesquelles les populations précarisées sont souvent concentrées dans les quartiers centraux, ou encore des communes-centres d’aires urbaines moyennes qui accueillent aussi leur lot de quartiers d’habitat social paupérisés. Les images médiatiques sont également forgées via des descriptions paysagères qui rappellent les thèmes de la sarcellite des années soixante-dix : des paysages défigurés par les dalles, le béton, des barres aux tailles inhumaines où l’utilisation de termes du registre médical véhicule l’idée de pathologie (« cicatrice »), des bâtiments vétustes où les couleurs dominantes sont ternes (le grisâtre, le jauni), ces paysages et ces bâtiment devant à tout prix être détruits pour éradiquer les « problèmes » de ces quartiers. Les photographies des paysages de banlieue sont construites sur le même mode et utilisent fréquemment la figure des tours au pied desquelles des jeunes stéréotypés « tiennent les murs » : grosses lèvres renvoyant à leurs origines africaines, code vestimentaire du sweat à capuche et mains dans les poches pour évoquer leur supposée inactivité permanente.

15Ces éléments participent donc du renforcement et de la stigmatisation de la figure des « quartiers », présentés comme des « territoires à problèmes », habités par des populations précarisées de plus en plus présentées comme les « nouvelles classes dangereuses » (Beaud, Pialoux, 2003 ; Tissot, 2007). Quand les habitants des espaces ruraux sont considérés comme dangereux, c’est plus à cause de leurs choix électoraux que de leurs conduites sociales suspectes, quoique…

DE LA « RURALITÉ » AU « TROU PAUMÉ »

16Loin derrière les quartiers populaires de grands ensembles, les espaces ruraux constituent le deuxième type de lieu de résidence, avec 30 % des articles du corpus. Là encore, des différences importantes existent selon les journaux puisque ce taux varie de 14 % dans L’Humanité à un peu plus de 40 % dans Le Monde ou Libération. C’est le mot « village » qui est le plus utilisé comme catégorisation résidentielle ; viennent ensuite les termes « petites communes », « ruralité », « campagne » et « rural ». Même si le mot « village » est le plus fréquent, les catégorisations résidentielles de Libération insistent régulièrement sur l’isolement et le calme qui caractériseraient les espaces ruraux : « bourg », « bourgade », « paisible bourgade », « hameau », « le coin », « mas isolé », « trou paumé ». Le terme de « village » n’apparaît par contre que très peu dans Le Figaro où l’on retrouve plutôt des catégorisations esthétisantes (« campagne ») ou essentialistes (« ruralité »)9.

17L’impression qui se dégage à la lecture de ces catégorisations est bien celle de l’isolement, de faibles densités voire de désert sur de grandes étendues comme en témoignent certaines descriptions de paysages : « un vent frais balaie la place déserte du village, 300 âmes perchées sur les monts du Forez ». Les noms propres de lieux relevés dans les articles confirment cette idée, tout comme la carte sur laquelle sont figurées les 69 communes citées (fig. 410). On observe aussi un recours fréquent à des noms de départements (19 départements), de régions (8 régions, dont plusieurs sont tournées vers les activités agricoles : Alsace, Pays de la Loire et Bretagne pour les plus souvent citées), voire de cantons ou de « pays » physiques. Dans cette « France rurale », où ils sont pourtant largement minoritaires, les « agriculteurs » constituent de loin la catégorie du social la plus fréquente, plus encore si on y ajoute les autres catégorisations qui renvoient aux exploitants agricoles au sens large : « éleveur », « exploitant », « paysan », « fermier », « vigneron », « viticulteur », « apiculteur », « monde agricole », « monde paysan » qui sont aussi décrits comme des « champions des subventions » selon Le Figaro. Cette omniprésence des catégorisations liées au monde agricole est renforcée par les descriptions paysagères qui insistent sur les types de cultures et les terroirs agricoles. On retrouve tout de même la catégorie « ouvrier » au deuxième rang (cinq des onze occurrences du mot sont extraites de L’Humanité) qui vient rappeler utilement que les ouvriers – et plus généralement les classes populaires – sont depuis longtemps majoritaires dans les espaces ruraux bien qu’invisibles dans les médias, quand ils évoquent ces univers géographiques (Renahy, 2005 ; Beaud, Confavreux, Lindgaard, 2006).

18Dans les articles de presse dépouillés, les populations des espaces ruraux sont des « gens » ou des « ruraux » plus que des « habitants » et on retrouve aussi des « gens du cru », « gens du pays », « gens du village », « villageois » et même des « gens qui travaillent » ou des « gens vrais », comme si ces deux catégories n’existaient pas ailleurs. Ces habitants sont aussi des « bons Français », des « Français de seconde zone », des « blancs », des « petits », des « petites gens », des « irréductibles gaulois » ou des « paroissiens ». Parmi les registres de catégorisation du social liés aux appartenances religieuses, la part de la religion chrétienne est d’ailleurs écrasante puisque seize des dix-neuf occurrences de termes renvoyant à cette religion sont présents dans des articles qui traitent des espaces ruraux, alors que les quartiers de grands ensembles sont médiatiquement construits comme figure inverse avec les multiples catégorisations liées à l’islam.

Figure 4 : Géographie du corpus : les « villages »

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Sources : IGN, Dépouillement du corpus de presse 2007 ; Crédits photo ; Libération, 2007 ; Traitements cartographiques : Jean Rivière, UMR ESO 6590 CNRS.
(Communes citées dans les articles dépouillés)

19Les « chasseurs » et autres « amateurs de gibier d’eau » sont ici au premier plan, comme leurs attitudes politiques supposées (« Frédéric Nihous », « CPNT », « vrai écologiste ») qui ont des occurrences plus élevées que dans le corpus complet. Politiquement, ce sont les mots « Nicolas Sarkozy », « Jean-Marie Le Pen », et « FN » qui sont les plus présents. « Ségolène Royal » n’apparaît qu’en quatrième position et on compte huit catégorisations politiques renvoyant à la droite parmi les douze plus fréquentes, contre cinq dans l’ensemble du corpus. Au-delà des noms de candidats et de partis, les expressions désignant les attitudes politiques renvoient aussi à la droite et à l’extrême droite : « très à droite » (deux des trois occurrences du corpus), « extrême droite » (trois sur six), tout comme les adjectifs utilisés qui contiennent une certaine charge normative et sont surreprésentés dans les articles traitant des espaces ruraux : « frontiste » (deux sur trois), « lepéniste » (deux sur trois), « populiste » (deux sur trois). À ces catégorisations électorales renvoyant à la droite, vient s’ajouter la présence régulière de mots liés aux organisations syndicales agricoles de droite : « FNSEA », « Coordination Rurale », « Jeunes Agriculteurs ». Là encore, seules les catégorisations politiques issues de L’Humanité divergent en plaçant en tête les occurrences de « Marie-George Buffet » à égalité avec celles de « Nicolas Sarkozy ».

20Au total, la plupart des catégorisations employées pour désigner les espaces ruraux et leurs habitants donnent l’image à la fois figée et passéiste d’espaces et de groupes sociaux qui n’auraient pas évolué depuis des décennies, image renforcée par les attitudes politiques dévalorisantes (par rapport aux lignes éditoriales des quotidiens où elles sont relevées) qui sont associées à ces catégorisations résidentielles et socioprofessionnelles. La caricature de la carte 3 est à ce titre exemplaire. Sous ses différentes facettes poussées à l’extrême, caricature oblige, le monde rural y est présenté sur le mode de l’arriération : le candidat qui sollicite le parrainage du maire appartient au mouvement « la France des vraies gens » et le maire – au fort accent du cru et évidemment analphabète – lui propose de faire une croix à la place d’une signature, la commune s’appelle « Prozac », les habitants font sécher leurs slips sur les fils électriques, l’un des habitants sodomise un porc, etc. Cette analyse des représentations produites par les médias met en évidence l’urbano-centrisme latent des lectures « savantes », ici celles des journalistes par rapport aux lecteurs, qui passe par une propension à la stigmatisation lorsqu’il s’agit d’envisager ce qui se passe dans les espaces ruraux11.

CONCLUSION : UN PÉRIURBAIN « INVISIBLE », MAIS PAS INTROUVABLE !

21Au sein de ces univers ruraux médiatiquement construits comme réactionnaires dans une partie des articles, subsistent quelques catégorisations permettant de déceler des changements en cours, et notamment la périurbanisation12. Ça et là, des « villages avalés par l’urbanisation », une « commune [qui] se gauchise doucement » avec de « nouveaux habitants » ou de « nouveaux arrivants » sont en effet décrits mais sur un mode souvent tout aussi caricatural : des « néo-ruraux chevriers », des « yé-yés du plateau » qui jouent le rôle de « socialistes du coin » ou qui sont forcément d’« extrême gauche »… Et s’il s’agissait là d’espaces périurbains, autrement dit des grands absents de ce tour d’horizon des espaces résidentiels identifiés dans le corpus ?

22Plusieurs phénomènes peuvent expliquer l’apparente invisibilité de ce « tiersespace » (Vanier, 2000). Dans l’exploitation qui est proposée du corpus et dans le mode de construction de ce dernier, il constitue une catégorie diluée à la fois dans les articles identifiés comme relevant des espaces ruraux et dans ceux portant sur des « zones pavillonnaires » ou des « zones de pavillons assez modestes » mais classés, en tant que périphéries, avec les catégorisations relatives aux espaces des banlieues populaires. Si l’on observe attentivement la carte 3, il apparaît pourtant que peu d’occurrences considérées comme relevant des « espaces ruraux » correspondent réellement à des communes situées dans l’espace à dominante rurale, du moins tel qu’on peut l’appréhender selon la nomenclature de l’INSEE. D’ailleurs, sur les 61 communes relevées dans les articles et considérées comme « rurales » dans le corpus, la majorité (36) sont des communes périurbaines monopolarisées ou multipolarisées. Et même quand ces communes appartiennent à l’espace à dominante rurale, la carte 3 souligne qu’elles sont souvent situées en périphérie immédiate d’aires urbaines et rarement disséminées dans le « rural profond » pour reprendre une terminologie de l’INSEE plus ancienne. Comment interpréter cela ?

23D’une part ce résultat permet de discuter de la pertinence d’une nomenclature de l’INSEE qui inclue dans les couronnes périurbaines des communes relativement éloignées des centres urbains et dont certaines caractéristiques morphologiques ou paysagères demeurent très proches de celles que l’on associe généralement au monde rural. Ces ressemblances entre l’image associée au périurbain, c’est-à-dire la « marée pavillonnaire » pour la plupart des journalistes », et les représentations dominantes qui ont trait à propos du « rural », pourraient expliquer pourquoi les journalistes ont choisi de se rendre dans ces communes situées à moindre distance (et donc à moindre coût) des grandes villes où sont justement localisées les rédactions des journaux, et parfois les journalistes eux-mêmes. Catégorisations médiatiques et catégorisations « scientifico-administratives » ne se recoupent donc ici que très partiellement. D’autre part, cette dilution des espaces périurbains dans les autres catégories d’espaces résidentiels peut aussi être une conséquence de la méthodologie adoptée, c’est-à-dire un tri des lieux dégagés qui s’appuie sur les représentations préalables du chercheur. Au regard de la difficulté à établir avec précision quel type d’espace était parfois décrit par certains articles, ce sont peut-être mes propres registres de catégorisation qui m’ont conduit à classer tel ou tel article dans une catégorie qui ne lui correspondait pas exactement au regard des intentions du journaliste. Là, ce sont les catégorisations savantes du chercheur qui pourraient gêner a priori la mise au jour des catégorisations journalistiques.

24De telles approximations, qui restent préférables aux biais qu’aurait impliqués un traitement quantitatif automatisé et qui ne jouent que très marginalement sur les résultats obtenus, demeurent toutefois inévitables tant l’on touche ici à des objets dont la perception est normative. Car les catégories utilisées varient aussi en fonction des stratégies éditoriales (et électorales) des titres de presse, qui mobilisent des registres de catégorisation plus ou moins (dé) valorisants selon qu’ils souhaitent ou non disqualifier telle ou telle catégorie d’espace ou d’habitants. Pour cela, les classements sociaux produits par les médias peuvent s’appuyer sur l’inégale légitimité sociale des choix électoraux.

Notes de bas de page

1 Ce numéro comprend en outre une bibliographie thématique sur les campagnes présidentielles à laquelle il est possible de se référer (Barbet, Mayeffre, 2009).

2 À l’exception notable de l’article intitulé « Le périurbain a-t-il mauvaise presse » (Billard, Brennetot, 2009) qui est paru après la tenue du colloque dont est issu cet ouvrage.

3 Par facilité d’écriture, on parlera parfois de catégories résidentielles, de catégories du social et de catégories du politique, tout en étant bien conscient que ces opérations intellectuelles de catégorisation sont toutes des classements sociaux.

4 Sur les nouveaux usages politiques d’internet lors de la campagne présidentielle de 2007, voir : Vedel, Cann, 2008.

5 Les rubriques prises en compte dans le corpus correspondent aux pages généralistes de ces quotidiens, ainsi qu’à des séries régulières de reportages de terrain.

6 Il serait d’ailleurs intéressant d’élargir l’analyse à des lieux qui ne renvoient pas aux fonctions résidentielles : espaces de vie différents (« l’hôpital », la « prison »), espaces publics (la « gare », le « métro », la « rue », le « marché »), lieux de travail (« l’usine », la « technopole », les « docks »), lieux de cultes (la « cathédrale », la « mosquée », le « temple »), lieux de formation (« l’école », le « campus »), lieux de loisirs (« cinéma », « stade »), car des images qui participent aux processus de classements des groupes sociaux sont aussi associées à ces lieux.

7 L’Analyse des Correspondances Multiples convient bien à ce type de données, mais elle aurait impliqué une simplification des mots (lemmatisation) appauvrissant les textes, et les catégorisations les plus (dé)valorisantes auraient alors disparu. Pour préserver cette richesse, ont aussi été pris en compte les noms propres de lieux (« Neuilly-sur-Seine », « la dalle d’Argenteuil », « le 16 e arrondissement », « les quartiers nord de Marseille », « la Creuse », la « Seine Saint Denis », etc.) qui, par leur ancrage dans les représentations et la mémoire collective, viennent renforcer la désignation des catégorisations évoquées ou bien sont utilisés de manière métaphorique pour incarner symboliquement ces catégories. Quand seuls des noms propres de lieux (« à Billancourt », « la gare du nord », « aux 4 000 », « sur le plateau du Larzac ») étaient présents sans qu’il soit fait explicitement référence à un type d’espace résidentiel, ils ont été écartés car dans la mesure où les représentations sont des constructions socialement hiérarchisées, le chercheur se heurte au risque de classements normatifs.

8 Sur les dimensions idéologiques de l’importation puis du succès du terme de « bobo » en France, voir une note de lecture critique de l’ouvrage Bobos in paradise (Clerval, 2005).

9 Sur la critique de ces glissements, voir : Mischi, Renahy, 2007, 2008.

10 Celles-ci sont toutes présentes seulement une seule fois, alors que les noms propres associés à la catégorisation résidentielle des grands ensembles populaires sont très concentrés sur certaines communes franciliennes et sur un département emblématique.

11 « Ces univers sociaux sont essentiellement présentés dans l’espace public, mais aussi dans une certaine littérature scientifique, comme des reliquats d’un “avant” (un temps ancien, dépassé, pré-moderne, traditionnel, etc.), prompts à voir resurgir les réflexes les plus “archaïques” dont les campagnes seraient le réservoir. En milieu rural, les idées et pratiques sont forcément “enracinées”, les groupes sociaux “en déclin” ou “en crise”, les acteurs essentiellement “agricoles” et en proie au “malaise”. De telles perceptions générales influent sur la manière dont on se représente la compétition politique dans les espaces ruraux, dont on y envisage la production des choix électoraux […]. Disqualification sociale des populations rurales et stigmatisation de leurs attitudes politiques vont souvent de pair. Ainsi, ce qui prime en matière de politisation, ce sont fréquemment des interprétations en termes d’arriération et d’autoritarisme. Dans la lignée des descriptions stigmatisantes du “poujadisme”, phénomène particulièrement influent dans les petites communes, cette grille de lecture ethnocentrique des comportements ruraux domine les études électorales lorsqu’elles renvoient le vote dit “rural” du FN, mais aussi de CPNT, à un rejet de la modernisation sociale et économique. » (Mischi, Renahy, 2008, p. 9-10.)

12 Dans certains de ces articles, notamment ceux de L’Humanité, on a ainsi pu relever une influence du modèle de la « ville à trois vitesses » (Donzelot, 2004). Celui-ci a connu une diffusion médiatique facilitée par la sortie d’un Atlas des nouvelles fractures sociales (Guilluy, Noyé, 2004) qui est construit selon cette grille de lecture assez efficace d’un point de vue didactique. Certains extraits d’articles du corpus le révèlent clairement : « Faute d’une politique publique dotée de moyens pour la construction sociale, la loi du marché nourrit la spéculation, laquelle crée à son tour une ségrégation géographique par l’argent. Qu’il y ait ou non des drapeaux tricolores aux fenêtres, cela donne les centres-villes pour les ménages aisés, les lointains villages pavillonnaires pour les revenus moyens et les cités dégradées pour les plus pauvres. » (L’Humanité du 27/03/2007.) Le rôle de passeur de certains chercheurs qui publient des tribunes médiatiques n’en est que plus important à explorer (Ripoll, Rivière, 2007).

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