De la veille de la Grande Guerre à 1939 : espaces frontaliers et représentations du champ de bataille par les cadres dirigeants de l’armée française
p. 113-127
Texte intégral
1Toute frontière militaire est perçue comme une zone dangereuse, certes, mais surtout comme un espace qui résulte d’une élaboration mentale, bien davantage encore d’une construction géographique.
2La « lecture » de la frontière du Nord-Est de la France (essentiellement l’espace mosellan-alsacien) fluctue considérablement de 1913-1914 à 1938-1939 en fonction de plusieurs critères :
- un système de représentations des élites militaires qui lui-même dépend de modes intellectuelles plus ou moins érigées en dogme à une époque donnée. Ce premier type de frontière perçue est fonction de l’outillage mental d’époques différentes ;
- Des compromis entre une lecture strictement militaire (le souhaitable) et une lecture « civilo-militaire » (le possible) en fonction d’un système de contraintes (évolutions démographiques, économiques, diplomatiques).
3Dans cette communication, nous passons d’une utilisation de la frontière du Nord-Est telle qu’elle a pu être imaginée par les milieux militaires dirigeants à une frontière plus ou moins subie, une frontière de compromis, imposée par des événements ou des contraintes.
4La meilleure des stratégies consiste à amener l’adversaire à combattre sur un terrain que l’on a soi-même choisi. Cette conviction, ancrée de longue date, suppose de multiples rapports à l’espace le long de la frontière définie d’abord et avant tout comme une zone dangereuse. C’est particulièrement flagrant lorsque l’on évoque les frontières du Nord-Est français entre 1914 et 1939. Cette frontière, perçue dans un rapport imaginé à l’espace, n’obéit pas seulement à une définition géographique ou politique. Les perceptions mentales de la frontière dépendent de convictions construites en fonction du contexte d’une époque, parfois dogmatisées, qui souvent fonctionnent par référence à un conflit antérieur, en résonance avec ce conflit en quelque sorte. La lecture de l’espace se fait en fonction des contraintes du terrain, mais aussi de la manœuvre que l’on espère pouvoir y mener. Ainsi, le militaire imagine cette frontière du Nord-Est en fonction d’un système de représentations. C’est le premier temps de notre démarche. La frontière du Nord-Est est tellement « verrouillée » par différents concepts stratégiques – et ce ne sont, bien évidemment, pas les mêmes en 1914 et en 1939 – que, finalement, elle devient difficile à exploiter et qu’il faut envisager des « détournements » de frontière. Mais, la vraie frontière militaire ne peut finalement être élaborée qu’en fonction de multiples contraintes : relations complexes entre le possible et le souhaitable, évolutions du contexte international, poids de l’économie, relations complexes entre les pouvoirs civils et militaires. Au total, les militaires n’ont jamais une liberté d’action complète pour mettre en œuvre la manœuvre de défense des frontières ou d’attaque à partir de celles-ci. Il en résulte la construction d’une frontière subie, une frontière de compromis, en tous les cas dont l’approche constitue notre troisième temps. Nous voudrions aujourd’hui suivre ces trois temps pour essayer de décrypter la complexité de systèmes de représentations enchevêtrés qui constituent autant d’écheveaux délicats à démêler.
LES FRONTIÈRES DU NORD-EST À L’AUNE D’OUTILLAGES MENTAUX SUCCESSIFS DES DÉCIDEURS MILITAIRES : LA FRONTIÈRE IMAGINÉE
5« En 1930, l’Europe irritée du mauvais vouloir et des insolences du gouvernement, déclara la guerre à la France. Trois armées allemandes franchirent les Vosges. […] En France, l’organisation fut faite très rapidement. Le général de Gaulle mis à la tête de 200 000 hommes et de 518 canons, le général de Boisdeffre commandait une armée de 150 000 soldats et 510 canons1. » Cette anticipation bien connue de la part d’un enfant de 9 ans nommé Charles de Gaulle permet de percevoir comment les frontières du Nord-Est sont sur-valorisées dans l’imaginaire post-traumatique français d’après 1870.
6En 1914 comme en 1939, les frontières du Nord-Est (Lorraine-Alsace) attirent tous les regards. Il y a bien focalisation au sens optique du terme, concentration des rayons lumineux sur une zone étroite. Mais nous sommes bien au cœur d’un système de représentations mentales qui fait que d’autres parties d’un front éventuel sont négligées ou perçues comme secondaires. Les décideurs militaires finissent par penser le tout à partir d’une partie. Plusieurs registres de représentations existent à propos de la frontière lorraine et alsacienne. Cette focalisation aboutit à une manière de sacralisation avant la Grande Guerre qui devient une sanctuarisation avant la deuxième guerre.
7En 1914, la frontière du Nord-Est doit revenir le plus vite possible à son visage d’avant 1870. C’est en cela qu’elle devient un espace sacralisé du territoire national. En 1939, au nom de la « sécurité d’abord2 » et de la défensive, la sanctuarisation prend la forme du bétonnage de ce même espace.
8Quels sont les éléments de représentations qui viennent cimenter cette sur-valorisation du Nord-Est ?
9À la veille de la Grande Guerre, la défaite de 1870 pèse, bien sûr de tout son poids. Une véritable obsession de la frontière de l’Est se développe dans les années qui suivent. Sur un catalogue d’histoire militaire de l’éditeur Berger-Levrault qui compte 169 titres en 1914, 79 sont consacrés à l’humiliation de 18703. Le système fortifié mis en place par le général Séré de Rivières répond bien à cette obsession en positionnant deux arcs de cercles successifs tendus vers la frontière moselloalsacienne. Un premier arc court de Verdun à Toul, un second d’Épinal à Belfort4. Une position fortifiée de deuxième ligne couvre l’arc Maubeuge-Reims. De vieilles places fortes comme Longwy ou Montmédy complètent le dispositif. L’obsession de la défaite et le rejet mémoriel de 1870 jouent beaucoup dans la compréhension des évolutions de doctrines et l’élaboration des plans de guerre français successifs5, essentiels pour saisir les représentations de la frontière, tout comme l’est l’image que les stratèges français se font de l’ennemi. Alors que le premier plan d’après la défaite, celui de 1875, accorde une grande importance au plateau de Langres et au Morvan afin de couvrir les industries du Massif central, dès le deuxième plan de 1877, la crainte d’une attaque allemande à partir de Metz se développe. Jusqu’au plan VII de 1884, la posture est clairement défensive. En revanche, à partir du plan VIII du 15 mars 1887, l’idée germe d’attaquer le front de la première ligne allemande entre Metz et Strasbourg. Les plans XI, XII et XIII, élaborés entre 1890 et 1895, reposent sur l’existence d’une puissante masse centrale française, capable aussi bien d’attaquer et de rompre le front ennemi que de défendre victorieusement un grand Est entre Épinal et Sainte-Menehould. Le plan XIV consacre 60 Grandes Unités sur un total de 65 au seul front du Nord-Est6. Le plan XV (1903) constate un renforcement considérable des forces allemandes sous Metz et la construction d’une position fortifiée entre Molsheim et Strasbourg. Le 28 juillet, Jacques Joseph Joffre remplace le général Michel. Les jeunes Turcs de l’armée exultent. Dès le 29 août, Joffre se range de leur côté en avançant que le plan de guerre doit organiser « l’offensive française et non la parade à une offensive allemande7 ». Le ton est donné. Le plan XVII, qui entre en vigueur le 15 avril 1914, donne une priorité absolue au théâtre d’opérations du Nord-Est.
10En 1964, le général Valluy revoyait ces opérations de 1914 avec un regard accusateur :
« On décida de se précipiter, en somme tête baissée, sur l’adversaire et dès la concentration terminée. D’abord en Lorraine, par les deux couloirs qui restaient libres, celui de Morhange et celui de Sarrebourg, cette offensive qualifiée de “prompte” et de “décisive” serait de nature à faire réfléchir les Allemands s’ils s’engageaient en Belgique et à les contraindre à faire revenir quelques-unes de leurs forces du Nord vers le Sud8. »
11Sûrs de la capacité offensive des soldats français, les stratèges n’ont pas tenu compte des avertissements que, dès 1908, le général Silvestre, ancien attaché militaire à Berlin, avait fait parvenir à Paris. Il insistait notamment sur la coopération étroite que les Allemands développaient entre infanterie et artillerie, à une date où ceux qui osaient penser le lien en France étaient pénalisés dans leur carrière. Il insistait également sur le souci d’application de toutes les innovations techniques, automobile, mitrailleuse, ou TSF9.
12Le débat sur la place des frontières du Nord-Est s’inscrit, bien évidemment, dans le cas de l’avant guerre de 1914, dans un débat plus vaste sur l’offensive/défensive. Ce débat a fait couler tellement d’encre, avec parfois des simplifications excessives, que l’on hésite à en rappeler les termes.
13La veille de la Grande Guerre voit s’opposer les partisans de la défensive, tels que les généraux Maudhuy ou Michel, les colonels Debeney, Pétain ou Henry et les partisans de l’offensive, Foch ou le lieutenant-colonel Loyseau de Grandmaison. Les oppositions entre les uns et les autres ne sont pas aussi tranchées que ce que l’on écrit parfois. Foch et de Grandmaison estiment surtout qu’il ne faut pas laisser à l’ennemi la moindre initiative en début de conflit.
14L’évolution vers l’offensive a commencé à partir des années 1885, sous la houlette d’officiers enseignant à l’École de guerre (Bonnal ou Maillard). Leur influence se fait sentir dans la rédaction du règlement de 1895 qui préconise des attaques sur des fronts étroits avec des formations denses. À bien des égards, il s’agit d’un regard archaïsant, puisque la défaite de 1870 est attribuée par cette école de pensée à l’abandon des grands principes napoléoniens. Dès lors, seule l’offensive en rase campagne est susceptible d’apporter la victoire.
15En 1909, le commandant Bize, commentant le règlement d’infanterie de 1904 ; appelle les combats de 1870 à la barre des témoins pour avancer :
16« C’est la contre-attaque du 1er tirailleurs, réalisé sans un coup de fusil, qui rejette les Prussiens du XIe corps dans le Petit-Bois et dans le Niederwald. On pourrait multiplier les exemples. Le feu, seul, ne décide pas, n’oblige pas des troupes braves à se retirer. » Et il ajoute, dans le sens du poil de l’époque, « nous pouvons conclure avec notre règlement : “l’offensive, où le mouvement en avant trouve son plein développement, s’impose dans la généralité des cas” » (alinéa 252)10.
17Parodiant Joseph de Maistre, pour qui « une bataille perdue est une bataille que l’on croit perdue », Foch estime que la bataille est gagnée par celui des deux adversaires qui ne veut pas s’avouer vaincu. Dans cette perspective, seule l’infanterie peut réellement gagner la bataille. L’artillerie comme la cavalerie ne peuvent être que des armes accompagnatrices. Toujours dans cette perspective, le taux de perte ne doit pas être un facteur déterminant. S’appuyant sur des exemples napoléoniens, comme la bataille de Wagram, Ferdinand Foch avance qu’une troupe décimée – si elle conserve son moral intact – peut venir à bout d’une troupe décimante par son ascendant moral supérieur. Si l’attaque part de près, « la considération du feu que l’on subit passe au second plan11 ». La puissance de feu nouvelle des armes modernes est censée donner l’avantage à l’assaillant et de plus, dans le combat rapproché, la vieille devise de Souvaroff est citée comme un credo, « la balle est folle, la baïonnette seule est intelligente ». Dans ces conditions, la guerre ne peut être que courte, tant la violence du choc doit être grande et insupportable sur la durée. Ceux des historiens qui avancent que la Grande Guerre est une matrice devraient peut-être s’intéresser davantage aux années qui la précèdent avant de parler de « brutalisation » à tout propos.
18En février 1911, le lieutenant-colonel de Grandmaison prononce à l’École de guerre une conférence dans laquelle il affirme :
« La méthode offensive seule peut forcer la victoire, il faut s’y préparer et y préparer les autres en cultivant avec passion, avec exagération et jusque dans les détails infimes de l’instruction, tout ce qui porte la marque de l’esprit offensif. Allons jusqu’à l’excès et ce ne sera peut-être pas assez […]. Il faudra préjuger, se décider sur des renseignements incertains, risquer et risquer beaucoup. […] Dans l’offensive, l’imprudence est la meilleure sûreté12. »
19Les partisans de la défensive se situent dans une perspective historique et insistent sur les changements intervenus dans les périodes les plus récentes. Ainsi s’exprime le colonel Pétain dans une de ses conférences à l’École supérieure de guerre en 1911 :
« C’est à l’étude de la bataille napoléonienne entreprise il y a une vingtaine d’années qu’il faut attribuer le retour à des formations épaisses et massives d’attaque. Les procédés en usage sous le premier empire ne sont plus valables de nos jours. Les guerres du Transvaal et de Mandchourie se sont chargées de mettre les choses au point et de réduire à néant les théories sur l’emploi des masses. Avec l’armement actuel, fusils et canons à tir rapide, mitrailleuses, poudre sans fumée, la base de toute tactique doit être d’obtenir le mouvement par le feu13. »
20Aux manœuvres d’Artois, en 1913, le colonel Pétain aurait déclaré, après un exercice mené par un partisan de l’offensive à tout crin : « Messieurs, le général le Gallet s’est proposé, afin de mieux frapper vos esprits, de présenter la synthèse de toutes les fautes qu’une armée moderne ne doit plus commettre14. »
21Ces débats sur la doctrine se retrouvent dans la perception des hommes de troupe par les cercles militaires dirigeants.
22Le regard social de l’époque des élites sur le soldat participe incontestablement de ce système de représentations, incluses d’ailleurs dans une lecture ouvertement raciale de l’époque. Le colonel de Maudhuy, écrit dans son ouvrage Infanterie15, en 1911 : « Le fantassin, c’est l’homme, l’homme, c’est la race. Il faut donc étudier la race, car c’est d’elle que doivent dépendre l’organisation, l’instruction, la tactique. » Ferdinand Foch, dans une conférence à l’École supérieure de guerre à la veille de la guerre exprime bien cette dimension : « Nous avons un soldat indiscutablement supérieur à celui d’outre-Vosges par ses qualités de race, activité, intelligence, entrain, impressionnabilité, dévouement, sentiment national16. » Le règlement d’infanterie de 1904 affirme, pour sa part, que « l’offensive surexcite la force morale et s’adapte si parfaitement au caractère français, qu’elle concerte l’ennemi et lui enlève sa liberté d’action17 ».
23Ainsi, à la veille de 1914, la perception de la frontière du Nord-Est a-t-elle évolué en fonction de la guerre antérieure, de la scansion de modes intellectuelles en vigueur à différentes époques (défensive/offensive) et de la capacité opérationnelle des hommes de troupe, perçue dans une grille de lecture sociale bien de son temps.
24À la veille de la Seconde Guerre mondiale, on retrouve toutes ces composantes qui viennent construire une alchimie décisionnelle complexe, mais dans une forme recomposée par les événements de la Grande Guerre.
25La notion de « champ de bataille préparé » est un héritage de la Grande Guerre. La passerelle mentale avec le système des tranchées est limpide. Les fortifications doivent être la systématisation des tranchées qui ont été, durant le conflit de 1914-1918, un système imposé aux états-majors. Du « champ de bataille préparé », on passe aux « fronts fortifiés », c’est-à-dire que l’on opère une rigidification mentale.
26En mars 1920, le ministère de la Guerre (A. Lefèvre) fait étudier plusieurs champs de bataille potentiels. Les trois champs retenus sont encore tous au Nord-Est. L’un est appelé « champ de bataille sur le Rhin », le second « champ de bataille à l’ouest du Rhin » et le troisième « champ de bataille de Lorraine ». Il s’agit clairement dans ce troisième cas de figure, de protéger les bassins houillers sarrois ainsi que la voie d’invasion traditionnelle en direction de Verdun.
27La séance du 17 mai 1920 est l’une des premières à penser l’organisation de la défense du territoire après la Grande Guerre. Elle aboutit clairement à une option offensive. Les travaux de fortification envisagés en Alsace-Lorraine doivent avoir pour but « d’arrêter l’ennemi et de préparer une base permettant à une manœuvre offensive de se dérouler en pays ennemi18 ». Le lien avec la fortification permanente se fait par le biais d’une réflexion sur le rôle qu’ont joué les forts français ou belges dans la Grande Guerre. En août 1914, les combats semblent prouver l’inanité d’un système de fortification permanente par la faillite des fortifications belges. En France, le fort du Manonviller, couvrant la trouée de Charme, tombe au bout de 3 jours et 130 coups de mortier de 420 mm. L’explosif semble partout avoir raison de la cuirasse. Mais des arguments en faveur de la fortification réapparaissent dans le même temps. Le rideau Toul-Verdun résiste bien en septembre 1914 et permet d’assurer les arrières pendant la manœuvre de la Marne. C’est surtout lors des batailles successives de Verdun que le béton se refait une image positive. À plusieurs reprises, ce sont des forts désarmés qui structurent littéralement la bataille (Vaux, Douaumont, mais aussi Froideterre et Moulainville). Le bétonnage sort réhabilité de la Grande Guerre alors que les débuts du conflit l’avaient dévalorisé. La victoire de 1918 permet également d’étudier les fortifications laissées par les Allemands à leur départ, celles de Metz, de Strasbourg ou de Thionville. Elles permettent de mesurer une véritable avance des architectes militaires allemands. Ces ouvrages, à la différence des forts français, sont capables de tirer dans tous les azimuts. La leçon n’est pas perdue.
28En 1932, la construction des principaux ouvrages de la future ligne de défense de Lorraine/basse Alsace est entamée. Bientôt, les parlementaires sont invités à visiter les travaux afin de vérifier que les crédits votés sont bien utilisés. Une rallonge est d’ailleurs obtenue en 1934, pour équiper les « nouveaux fronts ». Il s’agit en fait de réduire l’intervalle entre le front lorrain et celui de basse Alsace.
29Ainsi le front de la Lauter est poussé jusqu’à la Sarre en barrant le plateau de Rohrbach. Le front de Lorraine s’étend jusqu’aux crêtes dominant Saint-Avold. La brèche qui subsiste sur une quarantaine de kilomètres constitue la « trouée des étangs » où des inondations doivent empêcher la praticabilité du terrain et où près de 400 petits blockhaus sortent de terre jusqu’au 10 mai 1940.
30Les enseignements de la Grande Guerre n’ont pas été oubliés. Le feu tue. La tactique française répugne donc à penser l’offensive en terrain libre, le feu devant immanquablement briser tous les assauts.
31La fortification de la frontière du Nord-Est est-elle obsolète dès son apparition ? Il faut se méfier des reconstructions mémorielles qui ont tendance à être exprimées à la lumière d’une défaite de juin 1940 qui n’était ni prévisible ni inéluctable19. Au plan technique, la ligne Maginot n’est pas une aberration. À la même époque, la Tchécoslovaquie, l’Allemagne fortifient également des pans entiers de leurs frontières. En outre, si l’on se rappelle bien que la ligne Maginot doit amener les Allemands à renoncer à un choc frontal en Lorraine et à les amener plus à l’ouest, on s’aperçoit qu’elle remplit parfaitement sa mission.
LA FRONTIÈRE DU NORD-EST MODIFIÉE PAR DES REGARDS PÉRIPHÉRIQUES. LA FRONTIÈRE ÉTENDUE
32En 1914 comme en 1939, les 3es bureaux partent d’un axiome incontournable à leurs yeux. Les Allemands ne pourront pas fournir des efforts de deux côtés à la fois.
33En décembre 1900, le colonel Keller, chef de bureau de l’état-major fédéral de l’armée de la Confédération helvétique, précise que la Suisse restera neutre en cas de guerre en Europe, mais qu’elle « a incontestablement le droit de s’allier à l’adversaire du belligérant qui aurait pénétré sur son territoire et de l’appeler à son aide pour repousser l’adversaire20 ». Dès 1881, le général Séré de Rivières admet qu’une attaque italo-allemande pourrait passer par la Suisse, soit en violant son espace national, soit avec son assentiment21. En 1893, le plan XII prévoit une action préventive contre la Suisse pour empêcher une alliance militaire de la Confédération avec l’Allemagne. Dans les premières années du XXe siècle, l’obsession française à l’égard de la frontière du Nord-Est s’étend à la frontière suisse. En 1901, le Conseil supérieur de la guerre prévoit de prélever des troupes sur les 14e, 15e et 19e corps d’armée pour les tenir en réserve, en cas d’une attaque allemande sur la trouée de Belfort après un passage en Suisse. La hantise est alors une alliance germano-helvétique. En 1902, le 2e bureau français estime que « l’Allemagne a trop d’admirateurs en Suisse pour qu’elle ne soit pas l’allié éventuel dont on escompte le succès22 ».
34Dans le même temps, ou presque, en février 1904, le 2e bureau français avance qu’une action sur la Belgique, sans déclaration de guerre, n’est plus à exclure. Dorénavant, le risque peut se déplacer plus au Nord-Ouest.
35Le général Michel, notamment, comprend précocement que les Allemands peuvent être amenés à éviter les ensemble fortifiés de Lorraine et à déborder largement par la Belgique. On sait que le 19 juillet 1911, Michel est désavoué par le Conseil supérieur de la guerre et remplacé par Joffre. Ce dernier ne perd pas de vue certaines convictions de son prédécesseur et les intègre dans ses propres plans. La note du 27 octobre 1911 de Joffre indique bien quels mouvements doivent suivre les armées de la République en cas d’attaque allemande. Le 6e point prescrit bien la « possibilité de pousser en avant le dispositif de débarquement de la 6e armée (armée de réserve dite armée de Paris) de façon à pousser jusqu’à la Meuse la tête des cantonnements de concentration », mais le 7e point évoque également la « possibilité de rapprocher de la frontière belge les débarquements de la 5e armée, dite armée d’Amiens, et de prévoir le transport dans la région de Givet-Fumay d’une division hâtive formée par un corps d’armée de cette armée23 ». Ainsi le général en chef pense prioritairement à une action sur la Lorraine, mais ne s’interdit pas une opération en Belgique.
36Le 4 août 1914, Joseph Joffre fait supprimer le passage relatif à une éventuelle action en Suisse dans le plan XVII. Le viol de la neutralité belge a suffisamment soulevé l’indignation internationale pour que les Français ne procèdent pas à l’identique24. En fait, dès 1912, l’état-major allemand considère qu’un passage par la Suisse serait bien trop coûteux en hommes. « L’option suisse » réapparaît après Verdun. Des bruits affirment que les Allemands envisagent alors de passer par la Confédération. Le chef d’état-major de Foch, le général Weygand, séjourne d’ailleurs discrètement à Berne – en accord cependant avec les autorités militaires suisses – pour négocier la mise en place éventuelle d’un état-major franco-helvétique25.
37En 1914, c’est la Russie qui doit participer aux efforts communs. Paradoxalement, en 1938, la situation stratégique de la France est plus mauvaise qu’en 1914. La Russie manque à l’appel. Il faut aux Français construire une alliance de revers. Le 3e bureau de l’état-major des armées s’applique à élaborer des plans26.
38En 1929-1930, la mission militaire du général Denain en Pologne s’efforce de coordonner les plans des alliés de la France, notamment l’idée d’une offensive roumaine et tchécoslovaque et surtout d’une offensive générale polonaise sur Berlin à partir de Poznan. Dans cette hypothèse, il y a bien extension considérable de la notion de frontière. Il s’agit en fait de projeter la guerre dans plusieurs dimensions coordonnées, l’action des Polonais et des Roumains étant relayée par une offensive française contre l’Allemagne, entre Rhin et Moselle.
39En 1933, le commandant Charles de Gaulle élabore des plans de guerre qui incluent l’annexion de la rive gauche du Rhin et la constitution d’une fédération danubienne pour combler le vide laissé par le démantèlement de l’empire austrohongrois27. Cette réflexion demeure une utopie, même si elle en dit long sur les appréhensions d’un ancien combattant de 1914.
40Plus tard des projets plus grandioses sont avancés. En 1935, l’idée d’une grande offensive française sur la rive droite du Rhin, permettant de rejoindre des forces franco-italiennes arrivant d’Autriche par la vallée du Danube, se fait jour. Le retournement d’alliance de l’Italie ne permet pas à ce projet d’aller plus loin. En 1937, le général Colson (chef d’état-major de l’armée de terre) lance l’idée d’une offensive sur le Danube au départ de l’Alsace. En 1938, c’est le bloc Pologne, plus Petite Entente (Roumanie, Yougoslavie, Tchécoslovaquie) qui doit entrer dans le jeu. Mais tout ceci relève de l’utopie. Les Français demeurent méfiants sur les capacités opérationnelles de leurs alliés de revers, mais surtout envisagent que seul le front franco-allemand serait réellement important28. Cette espèce de projection dans le lointain de la frontière Nord-Est ne tient pas. L’espace français finit toujours par l’emporter mentalement. Il faut bien alors se résoudre à préparer des actions militaires sur une frontière subie, construite en fonction de contraintes diverses.
DES FRONTIÈRES SUBIES : DES CONTRAINTES QUI CONSTRUISENT DES FRONTIÈRES DE COMPROMIS
41Les contraintes qui amènent à certaines lectures de la frontière sont de nature extrêmement différentes. Elles peuvent être d’ordre institutionnel et de rivalités de pouvoir.
42À la veille de la Grande Guerre, les jeunes Turcs de l’armée militent en faveur de Joffre pour qu’il accède au poste de généralissime. Ils pensent qu’ils manipuleront facilement ce gros homme aux apparences débonnaires. En cela, ils se trompent.
43Le débat entre les « défensifs » et les « offensifs » se manifeste bien au cours des grandes manœuvres de 1910. Le thème en est une offensive allemande sur le front Belfort-Metz. Gallieni et Foch commandent l’armée allemande, Pau et Castelnau, l’armée française. Joffre est directeur des services de l’arrière. Ces manœuvres sont singulièrement éclairantes. Elles tendent à montrer que des forces à peu près égales n’arriveraient à aucun résultat tangible, du fait des fortifications qui existent de part et d’autre. Le général Michel en conclut que la frontière de l’Est est bel et bien sanctuarisée et que les Allemands seront contraints d’adopter un vaste mouvement de conversion par la Belgique. Il préconise donc un redéploiement des troupes françaises de Belfort à la mer du Nord. Il n’a pas le temps de mettre son plan en œuvre puisqu’il est remplacé par Joffre en juillet 1911.
44Joffre écrit dans ses mémoires, publiées un an après sa mort, qu’il a tenu compte, pour l’élaboration du « plan XVII » des multiples contraintes :
« Je basai l’idée générale de la manœuvre sur une combinaison d’offensive et de défensive. Une zone défensive englobait une tête de pont créée à Nancy, Toul, les hauts de Meuse jusqu’en amont de Verdun, et prolongé par la fortification passagère vers Buzancy et Rethel. À droite de cette position économiquement tenue, une première armée contre-attaquait en direction de Sarrebourg-Sarreguemines, couverte face à Strasbourg par une attaque secondaire29. »
45Dans l’entre-deux-guerres, la rivalité entre la « maison Gamelin » et la « maison Weygand » est particulièrement explicite. Elle amène le politique a mettre sur pied un compromis. En janvier 1930, Maxime Weygand est désigné comme chef d’état-major mais doit « cohabiter » avec Maurice Gamelin comme premier sous-chef. Si la cohabitation se termine en janvier 1935 avec la limite d’âge de Weygand, le conflit entre les deux « maisons » ne se réduit pas pour autant.
46Les compromis obéissent à des temps et à des rythmes. Dans l’entre-deuxguerres, la remilitarisation de la Rhénanie constitue, bien sûr une étape essentielle.
47Le 7 mars 1936, 19 bataillons allemands, accompagnés de 13 groupes d’artillerie, pénètrent en zone démilitarisée, en violation des articles 42 à 44 du traité de Versailles.
48À partir de mars 1936, la pensée militaire française se dégrade véritablement. Dans sa note du 28 mars 1936, le général Gamelin observe : « L’idée d’envoyer rapidement en Rhénanie un corps expéditionnaire français, même sous une forme plus ou moins symbolique est chimérique30. » L’idée de menacer l’Allemagne au cœur est abandonnée. L’idée même d’une offensive entre Rhin et Moselle est considérée dorénavant comme dangereuse. L’auto-intoxication des militaires français sur la capacité vulnérante des armées allemandes l’a emporté.
49Les compromis sont surtout imposés par des évolutions patentes. Dans l’entredeux-guerres, la capacité opérationnelle des armées françaises va diminuant. Cela oblige à des recompositions dans la perception de la frontière. Les arbitrages imposés par la politique intérieure ou par les évolutions diplomatiques sont, bien entendu, également déterminants. La stratégie défensive de la frontière du Nord-Est qui prévaut en 1939, relève du politique, alors que la stratégie offensive qui avait cours en 1914 relevait davantage du militaire. En 1914, le pouvoir civil laisse les militaires définir la doctrine alors que dans l’entre-deux-guerres, c’est le politique qui impose aux militaires la stratégie défensive.
50Le climat politique change profondément entre 1914 et 1939. Entre les deux guerres, le pacifisme s’impose à des pans entiers de la société française, notamment chez les anciens combattants31. L’arrivée au pouvoir du cartel des gauches n’arrange rien. Son électorat est majoritairement pacifiste. Cela a des conséquences directes. En 1924, l’état-major tchèque propose des exercices sur carte. Cette seule idée entraîne l’opposition du ministère français des Affaires étrangères, par crainte du retentissement que cet exercice pourrait avoir32. Il faut aussi se souvenir combien, en 1924, l’image de la France est écornée par l’affaire de la Ruhr.
51Au niveau diplomatique, les attitudes successives de la Belgique sont, incontestablement, une des clefs de compréhension des postures militaires françaises des années vingt et trente.
52Les accords militaires franco-belges de 1920 prévoient une intervention française en Belgique dès les premières heures de combat. Ces accords orientent très fortement la stratégie française. Il faut que la frontière du Nord-Est soit infranchissable afin qu’elle soit purement défensive, pendant que le maximum de forces doivent être envoyées à la rencontre de l’adversaire en Belgique. « La défense de la France se fait en Belgique33 », répète inlassablement Philippe Pétain en ces débuts d’années vingt.
53Le 14 octobre 1936, Léopold III s’éloigne considérablement de la solidarité militaire avec les Français, qui prévalait depuis la fin de la Grande Guerre et pose la neutralité belge comme principe absolu. Il s’agit d’une manifestation de méfiance à l’égard de la puissance protectrice des Franco-Britanniques, en même temps qu’une certaine inclination personnelle et de son entourage proche. Le général Raoul Overstraeten, son principal conseiller militaire, n’est pas des plus francophiles. Ce changement d’attitude radical de la part de la Belgique oblige à un changement important dans la préparation des modalités d’intervention de l’armée française. La Belgique doit être un champ de bataille. Mais il faut envisager un éventuel revers en Belgique. Dans cette approche, c’est bien le trauma de 1914 et de Charleroi qui rejoue. Donc, il faut protéger aussi la frontière franco-belge entre le saillant de Maubeuge et l’Escaut. Environ 14 kilomètres de secteur fortifié sont construits devant Maubeuge, comprenant quatre petits ouvrages et des casemates.
54La situation de la démographie française constitue un autre argument incontournable de compromis dans la construction de frontières de combat. Dans les années 1920, l’essentiel de la réflexion stratégique française consiste à savoir comment résister au choc allemand à venir dans les premiers mois.
55Dès le début des années 1920, le poids de l’argument démographique est énorme. Les dirigeants civils comme militaires français savent que la démographie du pays doit atteindre un étiage absolu en 1935. Ils disposent donc d’une quinzaine d’années pour élaborer le moyen de mettre l’espace national à l’abri d’une attaque allemande. La ligne Maginot est finalement la solution de bon sens face à une démographie anémique. Il s’agit bien de pallier l’absence de poitrines par le bétonnage de la frontière la plus exposée. Il faut fortifier par nécessité démographique. Le rapport n° 171F de la Commission de défense des frontières (dirigée par le général Guillaumat), en date du 6 novembre 1926 est tout à fait explicite à cet égard :
« Ainsi, elle a conçu un système à la fois solide et profond, favorisant une lutte opiniâtre et de longue durée, aux limites mêmes du territoire national. Si habile que soit le commandement, si bien organisées et instruites que soient les troupes, la fortification permanente s’impose comme l’un des instruments essentiels à la défense du pays. Elle seule est capable de jouer certains rôles indispensables dans le cas d’opérations que le commandant en chef serait amené à exécuter dans le voisinage des frontières, pour un motif quelconque. En cas d’événement grave, elle offre une suprême ressource. Enfin, avec le perfectionnement des armes, elle autorise des économies d’occupation croissantes… Ainsi elle doit être considérée comme un sacrifice pécuniaire à consentir pour compenser la faiblesse de la natalité34. »
56Ce rapport aboutit concrètement à la loi de programme de 1929.
57La contrainte économique existe enfin. La deuxième vague de construction de casemates sur la frontière de l’Est abandonne la casemate de type Maginot pour celle, dite STG (« Section technique du génie »), moins coûteuse à mettre en place, mais beaucoup plus vulnérable et beaucoup moins bien armée35.
58Mais au vrai, tous ces arguments dissimulent mal une autre contrainte encore plus forte puisqu’elle tourne à une manière de blocage intellectuel majeur. Traumatisés par l’ampleur des pertes de 1914-1918, les stratèges français ne veulent plus envisager un choc frontal avec l’Allemagne. Mentalement, ils se refusent dorénavant à envisager même l’idée d’une offensive sur la frontière du Nord-Est36. C’est bien encore une fois la meilleure preuve que les institutions, comme les hommes, construisent leur mémoire.
59En guise de conclusion, je voudrais insister sur deux dimensions qui me semblent importantes.
60La première concerne une révolution mentale dans le milieu des décideurs militaires. Les deux épopées napoléoniennes avaient donné naissance à des générations d’officiers supérieurs et généraux fort courageux certes, mais qui n’étaient que des sabreurs, c’est-à-dire des exécutants. La défaite de 1870 avait été, à bien des égards, la manifestation de la fin de règne d’officiers supérieurs ne sachant pas toujours lire une carte. De ce point de vue, la création de l’École supérieure de guerre, copie francisée de la « Kriegsakademie », se veut un antidote à la défaite. Outre qu’il permet de voir combien le modèle allemand s’impose, il s’agit dorénavant de faire des décideurs militaires des intellectuels capables d’appréhender toutes les manœuvres de l’ennemi et d’y parer. Mais du coup s’impose parfois dans les sphères dirigeantes de l’armée des représentations assez dogmatiques renforcées par le caractère évidemment hiérarchique de l’institution. Cette évolution est assez visible en ce qui concerne les perceptions successives de la frontière du Nord-Est. Par voie de conséquence, et malgré le fait que les généraux français essaient de penser toutes les options de l’ennemi, le concept clauséwitzien de « dérapage », c’est-à-dire la propension que peuvent connaître les plans à tomber à l’eau, n’est pas suffisamment intégrée comme une dimension essentielle de la guerre.
61La seconde dimension de ma conclusion concerne la perception même de la frontière. Il me semble que les frontières du Nord-Est ont connu des lectures en anamorphose, aussi bien avant la Grande Guerre qu’avant la Seconde Guerre. Malgré l’existence d’autres options, inscrites dans des évolutions chronologiques, la frontière du Nord-Est demeure constamment sur-représentée d’une manière ou d’une autre, preuve que les guerres résonnent toujours l’une sur l’autre.
Notes de bas de page
1 Cité par Gallo Max, L’appel du destin, Paris, Laffont, 1998, p. 38.
2 Voir sur ces questions la contribution capitale de Vaïsse Maurice, Sécurité d’abord, la politique française en matière de désarmement, 1930-1934, Éditions Pédone, 1981.
3 Voir chef de bataillon Goya Michel, « L’élaboration de la doctrine militaire française avant 1914 », Revue historique des armées, n° 4/2002, p. 104.
4 Mary Jean-Yves et Hohnadel Alain, Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, tome 1, Paris, L’Encyclopédie de l’armée française, 2000, p. 9.
5 Voir pour la description de ces plans, général Bernède Allain (2S), « Les armées de la République entrent en guerre », 14-18, hors série, n° 2, mars 2005.
6 Bernède Allain, op. cit., p. 27.
7 Cité par le général Bernède Allain, op. cit., p. 33.
8 Général Valluy (dir.), La Première Guerre mondiale, tome 1, Paris, Larousse, 1968, p. 61.
9 Masson Philippe, Histoire de l’armée française de 1914 à nos jours, Paris, Perrin, 1999, p. 22.
10 Commandant Bize, op. cit., p. 102.
11 Cité par Galtier-Boissière Jean, La Grande Guerre, Productions de Paris, s. d., p. 164.
12 Ibidem, p. 164.
13 Cité par Rocolle Pierre, « Maîtres et disciples », Colloque du centenaire de l’École supérieure de guerre, Paris, 1976, p. 47 ; cité par Masson Philippe, op. cit., p. 18.
14 Cité par Ratte Philippe, De Gaulle, la vie, la légende, Paris, Larousse, 2000, p. 21.
15 Colonel de Maudhuy, Infanterie, Paris, Lavauzelle, 1911, p. 37.
16 Cité par Weygand Maxime, Foch, Paris, Flammarion, 1947, p. 41.
17 Commandant Bize, de l’état-major du 17e C.A., préface du général Bonnal, Le règlement d’infanterie (combat) expliqué par l’histoire. À propos des règlements de 1904. Paris, librairie militaire R. Chapelot et Cie, 1909, SHAT, 41 331, p. 104.
18 SHAT, 1 N20.
19 Voir Cochet François, Les soldats de la Drôle de Guerre, Paris, Hachette, 2004. Voir également, les travaux du colonel Frieser Karl-Heinz, Le mythe de la guerre-éclair. La campagne de l’Ouest en 1940, Paris, Belin, 2003.
20 SHAT, 7N 1608.
21 Voir sur les relations ambiguës entre la France et la Suisse, capitaine Lahaie Olivier, « La France et l’Allemagne face au principe suisse de la neutralité armée de 1871 à 1918 », Revue historique des armées, n° 233, 4/2003, p. 107-121.
22 SHAT, 7N 1608.
23 Maréchal Joffre, Mémoires, Paris, Plon, 1932, p. 113.
24 Voir Lahaie Olivier, art. cit., p. 112.
25 Ibid., p. 121.
26 Voir Sarmant Thierry, « Les plans d’opérations français en Europe centrale, 1938-1939 », Revue historique des armées, 4/1999, n° 217, p. 13-22.
27 SHAT, 2 N 210-2.
28 On retrouve là une conviction comparable à celle profondément ancrée chez le général Joffre au moment de la conférence de Chantilly, en décembre 1915.
29 Maréchal Joffre, Mémoires, Paris, Plon 1932, p. 3.
30 SHAT, 7 N 3450-1, cité par Sarmant Thierry, op. cit., p. 21.
31 Voir la thèse fondamentale de Prost Antoine, Les anciens combattants et la société française, Paris, PFNSP, 1977 et Vaïsse Maurice (dir.), Le pacifisme en Europe des années vingt aux années cinquante, Bruxelles, Bruylant, 1994.
32 Sarmant Thierry, op. cit., p. 13-22.
33 Cité par Rocolle Pierre, op. cit., p. 67.
34 Cité par Mary Jean-Yves et Hohnadel Alain, op. cit., tome 1, p. 13-14.
35 Pierre Rocolle n’hésite pas à parler de « fortification de pacotille » in La guerre de 1940, tome 1, Paris, Armand Colin, 1990, p. 101.
36 L’attitude de Gamelin à l’égard de l’offensive de la Sarre, le 7 septembre 1939, est tout à fait significative de ce refus mental d’envisager l’offensive. Le généralissime ne pense à aucun moment à une offensive d’envergure et replie les troupes françaises à la première difficulté.
Auteur
université Paul Verlaine-Metz
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