La guerre dans le roman grec
p. 39-52
Texte intégral
1Parmi les sources antiques considérées avec faveur à la période moderne, les Moralistes au premier rang desquels on compte évidemment Plutarque, et les Historiens, notamment ceux d’Alexandre, occupent une place de choix. Mais le goût du public se portait tout autant sur le Roman grec. La popularité de la traduction française que donna Amyot d’Héliodore et de Longus, belle infidèle du XVIe qui fut pourtant fréquemment rééditée, suffit pour le montrer. Les autres romans furent surtout connus au XVIIIe et particulièrement appréciés - à l’exception de Longus, jugé immoral. Toutefois, s’intéresser au roman grec dans le cadre de journées d’études sur un thème militaire n’est pas dénué d’un certain paradoxe : ce sont des romans d’amour ! Le paradoxe est d’ailleurs double : ceux que nous avons conservés datent des premiers s de notre ère, soit en pleine paix romaine. Ainsi s’explique-t-il que leur aspect militaire ait peu suscité l’attention des savants, hormis une étude encore récente et fort bien venue d’A. Scarcella1. Est-ce à dire que le présent travail est sans objet ? On ne saurait le croire, tant le monde du roman grec est vaste et mouvant. Où A. Scarcella présente un inventaire raisonné de son contenu polémologique, notre ambition est d’en présenter une typologie. Où il les replace dans un ensemble de traditions militaire, nous souhaiterions en faire l’analyse en y distinguant les strates et en y opposant - il y en avait dans l’Antiquité - les Anciens et les Modernes. Où enfin il en prend le contenu comme un tout imposé et intangible, il nous paraît que le caractère composite, en matière de guerre, du roman grec, caractère qu’il faut considérer comme une des lois du genre, n’exclut pas son utilisation comme document historique et non seulement comme document littéraire.
2Rappelons d’abord la réalité : les romans grecs conservés sont au nombre de cinq : Chéréas et Callirhoé, dû à Chariton, actuellement daté fin Ier-début IIe ; Daphnis et Chloé que Longus paraît avoir écrit à l’époque d’Hadrien ; Leucippé et Clitophon d’Achille Tatius, qui est antérieur à la fin du IIe ; les Éthiopiques d’Héliodore, rédigées au milieu du même ; enfin les Éphésiaques de Xénophon d’Éphèse qui est l’abréviation mal datée mais postérieure à Auguste d’un original impossible à fixer chronologiquement. Cinq œuvres écrites aux deux premiers s de notre ère, mais héritières d’un genre qui pourrait trouver son origine lointaine à l’époque classique avec la Cyropédie de Xénophon, et qui pourrait logiquement avoir été créé à la période hellénistique. Telle est en tout cas la manière de voir actuelle des spécialistes du roman grec2. Nous serions d’autant plus tentés de l’adopter qu’une tentative de pesée globale à laquelle nous nous sommes livrés, va tout à fait dans le même sens. De son contenu détaillé, exposé en annexe3. extrayons les données les plus significatives, qu’on comparera utilement avec celles qu’une précédente pesée globale menée avec la même méthode et portant sur les sources d’Alexandre nous avait permis d’obtenir4. Le simple récit des événements se situe, selon les romans considérés, entre 28 et 40 %, avec un poids moyen vers 34 % ; pour les sources d’Alexandre, nous sommes entre 13 et 39%, avec un point moyen vers 25%. Pour le fait guerrier (en y comprenant le brigandage qui, dans le roman grec prend la forme d’une véritable guerre), nous sommes entre 8 et 18% avec un point moyen vers 12%, alors que, pour les sources d’Alexandre, la fourchette va de 5 à 42 %, le point moyen étant de 18 %. Ce qui se rapporte directement aux deux héros, leur psychologie et leur histoire d’amour pèsent de 16 à 33%, poids moyen 24% ; quand il s’agit d’Alexandre, les chiffres vont de 9 à 45 avec un poids moyen de 25 %. Pour le voyage, les faits géographiques et les curiosa, nous avons pour les romans de 6 à 21 % avec une moyenne de 13% et pour Alexandre de 5 à 17, la moyenne se situant à 10%. Pour le merveilleux, le roman grec donne de 12 à 20%, le point moyen étant à 16%, les sources d’Alexandre se situant, elles, entre 12 et 25%, avec un point moyen de 18%. À la lecture de cet ensemble fastidieux de chiffres, par-delà les inévitables disparités, il est clair que le roman grec et les sources d’Alexandre ont des sources d’intérêt globalement comparables. Cette constatation autorise, à notre sens, les conclusions suivantes :
- Le goût qui a présidé à la composition du roman grec est le même que celui qui a motivé les historiens d’Alexandre à partir de Diodore : l’action est un prétexte à dépayser le lecteur et pour cela, le faire voyager dans le temps pour suivre l’exemple d’un héros réel ou de héros de fiction, ou le déplacer dans l’espace, à la recherche de merveilleux ou de curiosa.
- Le développement de nos deux sources a été concomitant entre le Ier et le IIIe de notre ère.
- Dans ces conditions, on peut se demander si la naissance du roman grec n’est pas une retombée de l’épopée d’Alexandre dont il constituerait, en quelque sorte, un doublet de fiction. Ainsi, de même que des mémorialistes et historiens d’Alexandre ont écrit les sources d’information nécessaires sur le conquérant de l’Orient dès la fin du IVe, sources que nous avons perdues à l’exception de fragments plus ou moins longs, de même on peut envisager que des romans aient été composés dès le IIIe, qu’ils aient disparu mais qu’ils aient servi à fonder un genre littéraire dont les romans conservés, ceux des Ier-IIIe s de notre ère, sont les héritiers.
3Qu’on ne croie pas que ces considérations nous éloignent de notre objectif. On peut y trouver au moins une des explications de la place tenue par la guerre dans des romans écrits en pleine paix romaine : le poids de la tradition et l’origine même du genre littéraire. Mais il en est d’autres que l’étude présente tentera de mettre en évidence. Pour ce faire, nous partirons de la guerre réelle pour parvenir à déterminer le caractère composite de notre source et enfin tenter d’en retrouver la logique historique et romanesque.
LA GUERRE RÉELLE ET SES SUBSTITUTS
La guerre réelle : événements et mécanismes
4Chez Longus, dont les Pastorales sont censées se passer avant 427, date où Mytilène perdit son indépendance5, nous assistons à une guerre frontalière entre elle et Méthymne, deux Cités de l’île de Lesbos. Elle débute par une agression contre Méthymne. Devant l’assemblée des citoyens immédiatement réunie, une plainte est introduite et une guerre akeryktos, c’est-à-dire sans envoi de hérauts, sans déclaration préalable est décidée. Dix vaisseaux immédiatement disponibles sont envoyés et partent dès le lendemain, les rameurs servant également de soldats (II, 19 et 20, 1). Il s’agit d’une démonstration de force et d’une razzia. Au retour, faute de vent, les navires avancent de 10 stades seulement, puis se mettent au mouillage en pleine mer. La nuit est calme, ils profitent du butin. Mais un tremblement de terre vient montrer la colère divine : Pan apparaît, ce qui déclenche une panique chez les Méthymniens. Ils relâchent Chloé qu’ils avaient enlevée. Puis c’est la riposte des Mytiléniens : ils envoient une infanterie de 3 000 boucliers (aspis, terme utilisé par Hérodote V, 30 pour désigner des hommes lourdement armés) et 500 cavaliers. Ils foncent sur Méthymne qui préfère traiter.
5Chez Chariton, dont le Chairéas et Callirhoé est censé se passer dans les dernières années du Ve, c’est une révolte de l’Égypte qui déclenche une guerre sur terre et sur mer. Les Égyptiens gagnent Péluse avec des forces considérables, puis envahissent la Syrie et la Phénicie et y prennent plusieurs Cités. Au conseil du Grand Roi, la guerre est donc décidée (VI, 8). On utilise des deux côtés des mercenaires. Le combat s’engage sous Tyr, assiégée par les Égyptiens et va jusqu’au corps à corps. La ville tombe non à la suite d’un véritable assaut, mais d’un coup de main (VII, 4, 3-9). La guerre continue avec les renforts perses. Deux batailles ont lieu, l’une sur terre, l’autre sur mer. Sur terre, peu de détails sont donnés. C’est un combat de fantassins. Les Égyptiens résistent longtemps, puis cèdent. La cavalerie intervient, ce qui permet de décrire quelques exploits personnels (VII, 5, 12-13). Sur mer, c’est la victoire des Égyptiens révoltés, menés par Chairéas. Il n’y a pas eu de véritable résistance des Perses. Leurs navires sont soit échoués et pris à terre, soit mis en fuite (VII, 6, 1-2). Arados, le lieu de bataille, est une île à 30 stades du continent. Chairéas peut se replier devoir accompli et évite la panique en répandant le bruit que, sur terre aussi, les siens ont été victorieux (VIII, 2, 3-7), selon un procédé bien connu des auteurs de stratagèmes6.
6Chez Achille Tatius, dont le Leucippé et Clitophon est bien hors du temps, une guerre des Thraces contre Byzance est mentionnée mais sans détail aucun (1,3,6).
7Chez Héliodore, dont le contenu des Éthiopiques est difficilement datable, la guerre est partie intégrante du roman. Elle oppose Oroandatès, satrape perse d’Égypte et les Éthiopiens qui ont mis la main sur les mines de pierres précieuses et veulent revenir à leurs anciennes frontières, soit à la Première Cataracte. On distingue dans le conflit trois modes de combat :
- une guerre de mouvements. Oroandatès envoie un ambassadeur au roi des Éthiopiens. Elle dépasse Philae, ville déjà prise par l’Éthiopien, puis fait volte-face et prend la ville par surprise, quand elle se croyait en sûreté (VII, 29 et VIII, 1). Le stratagème est fréquent.
- une guerre de siège. Les Éthiopiens font mouvement sur Syène. Le satrape craint que la ville ne soit prise. Il s’y rend vite (VIII, 15), malgré une embuscade (lochos) dans laquelle tombent ses éclaireurs, jeunes soldats bien armés (VIII, 16 ; l’épisode est utile à l’action car c’est alors que les deux héros sont faits prisonniers par les Éthiopiens), progressant grâce à ses éclaireurs et ses espions (optêres et skopoi VIII, 17) et s’y enferme pour la tenir avec armes, défenses et machines (IX, 1). Le roi des Éthiopiens arrive trop tard pour l’en empêcher et il manque de place pour l’assiéger, tant le nombre de ses hommes est grand. Il tente un assaut qui échoue. Il décide, au lieu d’user la patience des défenseurs ou d’utiliser des machines de siège, d’entreprendre des travaux pour la détruire sur place : une circonvallation, des fossés et des talus hors de portée des projectiles, puis il détourne les eaux du Nil pour isoler la ville. Son but est de faire craindre à l’ennemi la noyade ou la chute de ses murailles sous l’effet de l’eau. C’est l’occasion de décrire leur activité fébrile de consolidation et de sape pour laisser un trajet à l’eau si elle s’infiltre. Mais le mur s’affaisse et deux tours s’effondrent. On négocie alors. Oroandatès accepte que Syène se rende si on le laisse sortir avec armes et bagages vers Éléphantine pour demander des instructions à son Roi, honneurs de la guerre qui ne lui sont pas accordés. Il profite cependant d’une cérémonie religieuse pour fuir avec ses hommes en petits groupes. Il se fait reconnaître à Éléphantine car il en connaît le mot de passe, cependant que le roi des Éthiopiens occupe Syène avec deux phalanges d’hoplites (IX, 2-5).
- une bataille terrestre. Elle est occasionnée par le retour d’Oroandatès avec de nouvelles troupes. Elle se déroule selon les règles en ordre de bataille (taxis). Celui-ci est minutieusement décrit : côté perse, à l’aile droite les Perses et les Mèdes, hoplites en avant, archers derrière ; à l’aile droite, les Égyptiens, les Libyens et les étrangers avec les javelotiers et frondeurs (akontistes, sphendonites et toxotai) pour attaquer l’ennemi sur les ailes ; enfin au centre les chars à faux, les kataphraktai, cavaliers cuirassés dont l’armement est minutieusement décrit (casque d’une pièce, épée, lance, cuirasse mobile à ailettes, cnémides, le cheval étant également protégé par des lamelles et jambarts ; lance liée à la main du cavalier et au col du cheval pour la charge), et une phalange de porte-lance. Côté éthiopien, des éléphants à tour pour s’opposer aux kataphraktai, ailleurs des archers. Les Éthiopiens obtiennent la victoire car d’une part ils ont laissé l’ennemi s’adosser au fleuve ce qui lui a supprimé toute possibilité de retraite, d’autre part ils ont bénéficié de leur mobilité, les archers étant opposés aux fantassins, les fantassins s’attaquant à la cavalerie et désarçonnant les cavaliers par-dessous. De plus, les armes éthiopiennes étaient empoisonnées. Dans ces conditions, comment s’étonner que la victoire des Éthiopiens ait été totale (IX, 14-19).
Piraterie et brigandage comme substituts de la guerre
8Les cas méritent une description moins longue, mais la fréquence de citation est grande. La caractéristique militaire apparaît :
- Dans la sémantique. Les termes utilisés sont liés au mot polemos. Le combat y est dit machè, la victoire nikè7. Les pirates ont des machaira, sortes de coutelas larges utilisés par les peltastes (Longus, I, 28) et portent sur la poitrine des cuirasses couvertes d’écailles et des cnémides qui leur vont à mi-jambe (Ibid., 30,1). Lorsqu’ils suspendent leur action, c’est par une aspondos ekecheiria, suspension d’armes sans garantie mais dans laquelle on épargne les suppliants, expression qui a un sens juridique à l’époque classique8.
- Les effectifs des brigands sont étendus : la bande d’Hippothoos compte au moins 500 hommes (Éphésiaques, Ν, 1). On peut même atteindre un millier. Parfois c’est un ou plusieurs villages de brigands coalisés (Éthiopiques I, 31). Chez Achille Tatius, 10000 brigands s’opposent à 5000 soldats réguliers (III, 24,1).
- Les déplacements sont ceux d’une véritable armée. Ainsi, dans les Éphésiaques, Hippothoos forme une bande en Cappadoce puis part en Syrie où il opère razzias et massacres. Il séjourne ensuite comme voyageur et non comme brigand à Laodicée de Syrie, part vers la Phénicie, puis vers l’Égypte et parvient à la frontière de l’Éthiopie.
- Hors des déplacements, les brigands vivent en véritable camp retranché, protégé par un fossé (Achille Tatius, III, 15). Ils peuvent même posséder une ville (Éthiopiques, I, 5, 3 ; Achille Tatius, N, 18, 1, où leur ville est prise et rasée).
- Il y a de véritables batailles entre brigands. Ainsi, chez Achille Tatius, le lecteur est appelé à partager leurs cris de guerre ou leurs sonneries de trompette. Le combat est hoplitique, mais la tactique des peltastes est utilisée. Tout se termine enfin au corps à corps (III, 13). On peut se battre aussi sur l’eau, comme chez Héliodore (I, 31) où, dans les marais du Nil, les brigands se disposent avec leurs bateaux en tronc de bois évidés « comme s’ils se disposaient pour le combat », c’est-à-dire en ligne, comme dans une véritable bataille navale.
- Les combats contre les autorités sont parfois des batailles rangées. Ainsi Polyidos, à la tête de sa colonne (strateuma) mène un combat (machè) jusqu’à la nuit (Éphésiaques, V, 3). Parfois ce sont même des sièges. Ainsi, dans les Éthiopiques (VII, 1), Thyamis assiège Memphis et contraint l’ennemi à négocier.
9Un brigandage qui ressemble donc fort à une véritable guerre. Reste à se demander pourquoi il est si présent. Mais auparavant, décryptons les éléments de ce puzzle.
DES INFORMATIONS COMPOSITES
La période classique
10La période classique est celle où sont censés se passer la plupart des romans. Rien d’étonnant à ce qu’elle soit à l’origine de nombreuses informations. Ainsi, chez Longus, la guerre entre Mytilène et Méthymne est liée à l’inspiration classique. C’est un conflit frontalier comme on en connaissait jusqu’à la guerre du Péloponnèse. Il est décidé par l’assemblée des citoyens comme c’est normal dans la Grèce des Cités. 10 vaisseaux sont envoyés pour prendre du butin sur le territoire ennemi. Une telle tactique de dévastation fut notamment employée par les Athéniens lors de la Guerre du Péloponnèse. On notera toutefois que les soldats servent de rameurs, ce qui est un usage archaïque ou appartient à la fin de l’époque classique : en temps normal en effet, l’hoplite ne ramait pas. Quant à la riposte de Mytilène, elle se déroule sur terre avec 3000 soldats et 500 cavaliers. La proportion est admissible, même si le nombre de chevaux est un peu fort. Ce n’est que par déduction que l’on s’avise qu’il s’agit d’hoplites, le texte utilisant le terme d’aspis qui désigne le bouclier rond ou ovale mais qu’Hérodote applique à une troupe d’hoplites. C’est une expression de type ancien qui traduit bien la volonté archaïsante du texte.
11Chez Chariton, les Égyptiens utilisent des mercenaires contre Tyr. Ce sont des Lacédémoniens, des Corinthiens, des Péloponnésiens (VII, 3, 7). C’est un souvenir de l’époque classique où l’armement hoplitique était le plus performant du bassin méditerranéen. Ils disposent d’ailleurs de la panoplia, armement hoplitique complet, ce qui nous oriente vers le début de la période, la tendance à l’allègement ayant été sensible au fil des temps.
12Toujours chez Chariton, la bataille navale a lieu en trières, autour d’une île, à 30 stades du continent. Nous retrouvons là un fait réel : la trière est un bateau de zone côtière plus que de haute mer. Les batailles navales classiques ont lieu à proximité de la côte en s’adossant souvent à une île ou un îlot, comme aux Iles Arginuses. Dans les romans, les navires sont échoués sur terre et pris sans défense, ou s’enfuient. Mais la prise de navires à terre est fréquente chez Thucydide. Souvenonsnous aussi d’Aigos Potamos, où, d’après Xénophon, c’est à terre que la flotte athénienne fut surprise et incendiée9. Enfin, la défense du port de Syracuse (VIII, 6, 34) avec fermeture par chaînes, envoi d’éclaireurs, préparation de brûlots pour contrer l’adversaire - en fait, il s’agit de Chairéas qui rentre chez lui-, est inspirée des livres VI et VII de Thucydide et de la défense des Syracusains contre Athènes lors de la guerre du Péloponnèse.
13Chez Héliodore, la tentative d’utiliser contre Syène les eaux du Nil n’est pas sans évoquer des souvenirs classiques : la disparition de Sybaris sous les eaux du Crathis en 510 et surtout l’utilisation par Epaminondas en 485 du fleuve qui traverse Mantinée pour ébranler les fondations de ses murailles : un mur ne doit pas être trop proche d’un fleuve. La description même du mur de Syène qui peut s’effondrer, laissant choir des pierres et de la terre, se réfère même à une réalité datable : il s’agit d’une muraille postérieure à la fin du Ve, élevée selon la technique de l’emplekton, mais à chaînage très insuffisant10.
14La bataille sous Syène enfin a des aspects classiques clairs : une bataille sous les murs de la ville ; une utilisation partielle de phalanges hoplitiques ; un ordre de bataille minutieusement décrit : on pense à Thucydide qui l’indique toujours, mais ne donne pas ensuite le déroulement de la bataille, on pense aussi à l’ordre de bataille perse décrit par Diodore (XIV, 22, 5-7) avec les chars à faux et le Grand Roi au centre. En revanche, la tactique utilisée n’est guère classique.
Les éléments hellénistiques
15Ils appartiennent surtout au domaine de la poliorcétique. On notera chez Longus (III, 2) le coup de main tenté contre Méthymne, en faisant avancer au plus vite ses troupes afin de faire irruption par une porte non encore gardée, selon des méthodes décrites par Énée le Tacticien (3, 5, 18, 23) qui nous amène au moins au milieu du IVe . Plus net encore est chez Chariton (VII, 5, 4-6) le combat sous Tyr qui se termine par la prise de la ville : il se déroule au corps à corps, à l’épée et aux lances (xiphos et logchos), soit dans une structure serrée comme la phalange, ce qui engendre un tohu-bohu envisageable seulement avec les effectifs hellénistiques. Quant au siège de Syène dans les Éthiopiques (IX, 2-5), la circonvallation avec talus ou l’utilisation de machines de siège sont par essence hellénistique, comme la chronologie de la muraille et la présence de tours (hellénistique ou du moins classique tardif). Le siège de Syène avec ses ouvrages fait ainsi penser au siège de Tyr par Alexandre dont il est un peu un démarquage. La sape et le tunnel établi par les adversaires appartiennent aussi au monde d’Énée et à sa Poliorcétique ou à la période hellénistique.
16Sur terre, on notera que les kataphraktes, cavaliers lourdement armés et protégés, n’apparaissent pas avant Philippe II ou Alexandre en Grèce et sont une spécialité du monde séleucide. La tactique de tuer les chevaux par-dessous et l’utilisation mobile des archers également. La présence de la phalange de porte-lance dans l’armée perse pourrait rappeler la phalange macédonienne.
17En termes de conduite de la guerre, il est clair que le déplacement des troupes égyptiennes au-delà de l’Égypte vers la Syrie et la Phénicie lors de la révolte des Égyptiens décrite par Chariton est un écho des six guerres de Syrie autour de la Syrie Creuse et du glacis de protection établi par les Lagides autour de leurs possessions. C’est aussi un écho de la campagne de Ptolémée IV, qui faillit contrôler le royaume séleucide. En sens inverse, le chemin fait par Hipothoos dans les Éphésiaques à la tête de sa bande de brigands de Cappadoce en Phénicie, en Syrie, puis en Égypte et pour finir aux portes de l’Éthiopie est très exactement le chemin que ferait un roi séleucide pour contrôler l’Égypte.
18On remarquera enfin que l’épisode de la capture par Chairéas de l’épouse du Grand perse qu’il renvoie noblement à son mari (VIII, 3, 8-9) est un démarquage évident de l’épisode d’Alexandre et de la femme de Darius.
Les éléments d’époque romaine et impériale
19Ils sont peu nombreux, mais on relève la présence de troupes en garnison, à Memphis comme dans les principales villes d’Égypte et la disponibilité très rapide de troupes, parfois même dans la journée (chez Longus pour les deux Cités de Lesbos, anachronique à une époque où l’armée était constituée de citoyens). De plus, le recours aux circonvallations est aussi romain qu’hellénistique. La description du camp des brigands est plus proche de ce qu’était un camp romain que d’un camp de mercenaires grecs comme celui du cap Ténare.
20En matière tactique, le choix d’un lieu de bataille où l’ennemi est adossé à un fleuve rappelle au moins trois occasions où les Romains intervinrent : la Trébie et Trasimène où ils en furent victimes, et Pydna où ils en bénéficièrent.
21En termes d’armement enfin, les kataphraktes perses furent employés encore au Ier contre les Romains. On en verra pour preuve les Vies de Lucullus et de Crassus. La pratique de tuer les chevaux par-dessous également11.
Les éléments de toute époque
22On relèvera tout d’abord les ruses de guerre. Elles furent fréquentes du IVe au Ier. Certaines sont bien connues des auteurs de Stratagèmes : la fausse nouvelle pour raffermir le moral des siens, le mouvement de fuite sous couvert d’attaque, l’embuscade dans un lieu resserré, l’embuscade avec contournement de l’adversaire, la fuite durant une cérémonie religieuse12. Ici, du fait que nous sommes entre barbares, il est évident que le non-respect de la parole donnée et l’utilisation de la ruse passent pour normales. D’autre part, l’aspect ritualiste de la guerre antique apparaît bien. On distingue la guerre akeryktos de la guerre déclarée. La conclusion de trêves entre généraux, suivies ou non de négociations et de paix est dans toute l’Antiquité le processus normal. Le pouvoir politique contrôle, mais n’intervient que plus tard.
23L’importance du fait religieux dans la guerre mérite enfin d’être soulignée. Intervention de divinités comme aux périodes classique et hellénistique - on notera qu’il s’agit de Pan (Longus, II, 25), ce qui nous amène surtout aux IV-IIe siècles -, prise d’auspices avant combat, sacrifices après victoire sont des faits normaux, pour les Grecs (cf. Héliodore, I, 28) comme pour les Barbares (le Grand Roi sacrifiant à Héraclès, cf. Achille us, VIII, 5, 2).
Un monde de nulle part
24La guerre apparaît comme le fait des urbains et non des ruraux. Cette opposition villes-campagnes est artificielle et totalement inimaginable dans le monde des Cités, tout autant que l’opposition des ruraux-brigands aux urbains-tenants de l’ordre établi.
25Toutefois, la guerre est omniprésente. Il existe dans certaines régions, en Égypte notamment, des zones de non droit. Les brigands, et pas seulement en période de révolte, contrôlent des villages, peuvent rassembler des armées de 10 000 personnes, n’hésitent pas à assiéger une ville aussi grande que Memphis, et les autorités de la ville les légitiment en négociant avec eux. On pourrait arguer du fait qu’Héliodore écrit dans la première moitié du IIIe pour croire qu’il décrit des phénomènes contemporains. Il est vrai, la Paix romaine perd alors de son efficacité. Mais pas à ce degré-là : on connaît des soulèvements en Égypte, mais selon la tradition égyptienne de refus du travail et de fuite dans les collines non cultivées qui bordent le Nil. Nous n’en sommes pas encore au niveau des Bagaudes.
26Plus encore, l’omniprésence de la guerre est discernable dans la violence ambiante, fut-elle décrite de manière fort convenable, on pourrait dire « à l’eau de rose ». Les bergers peuvent se transformer en brigands sans en être autrement gênés (Xénophon, III, 12, 2). Pour les particuliers, il ne paraît pas anormal d’être armé, comme Hippothoos qui, dans les Éphésiaques, voyage armé (II, 14,I ; III, 2, 10). Même une femme ne dédaigne pas le recours aux armes, comme Anthia (ibid., IV, 5, 5) qui, pour défendre sa vertu, utilise et même fort utilement une épée qui se trouvait là ! La guerre existe même de façon privée. Dans les Éthiopiques, Thagène enlève Chariclée au cours d’une véritable expédition guerrière dans laquelle l’auteur utilise l’expression estratêgei ton erôtikon polemon, il dirigea en stratège cette guerre amoureuse : hommes en arme, cris de victoire, fracas de boucliers, crainte de toute la ville qui se croit attaquée, tout ceci au milieu de la nuit (IV, 17-18). Pourtant, dans un enlèvement, la discrétion est plutôt recommandée ! Mais dès le lendemain, l’assemblée des citoyens vote la guerre (polemon), tous les citoyens, armés comme au combat (machê) partent à la poursuite du ravisseur (IV, 21). On comprend mal !
27À la guerre privée s’ajoutent les violences liées la religion. Le sacrifice humain, qui n’est attesté dans le monde grec qu’au niveau du mythe, apparaît chez Achille Tatius avec une vierge devenue victime expiatoire, dont on retire le cœur et les entrailles qui sont cuits et mangés par les assistants (III, 12,2-15). Chez les Éthiopiens aussi, pour le salut de la patrie, les prémices de la guerre y compris les prisonniers sont sacrifiés quand il s’agit d’ennemis de race étrangère (X, 7, 1-2). Ce sont des brigands, ce sont des Éthiopiens, de toute façon des Barbares, mais quand même, nous nageons en pleine invraisemblance ! Reste à expliquer pourquoi, à des éléments composites, certes, mais réels, s’ajoutent tant d’invraisemblances.
LOGIQUE HISTORIQUE OU LOGIQUE ROMANESQUE
Les romans grecs comme source historique
28Dans une certaine mesure, le roman grec peut passer pour une source historique. On comprendra évidemment qu’il faille déterminer dans quelle strate historique nous nous trouvons et l’origine de l’information. Les auteurs de romans avaient manifestement lu les historiens d’époque classique tout comme Polybe ou Énée le Tacticien, du moins sa Poliorcétique. Leur connaissance des auteurs de Stratagêmata, dont ceux qui ont été conservés sont pourtant leurs contemporains, est plus mince. Les historiens d’Alexandre, qui leur sont antérieurs, ont également été dépouillés, encore que ce soit l’aspect romanesque, présent notamment chez Quinte Curce, qui les a le plus touchés. Au gré de leurs lectures, ils ont glané des éléments d’information qui ont parfois disparu. Ainsi s’explique-t-il par exemple que la description des kataphraktes par Héliodore (IX, 15) soit la plus précise que nous connaissions et que sa lecture aide à comprendre les brèves mentions présentes chez Diodore ou Plutarque. De même, pour les tactiques « élastiques » des peltastes ou des archers, on bénéficie avec eux d’une description « sur le terrain » qui n’apparaît pas souvent chez les historiens classiques. Le déroulement de la bataille, à plus forte raison son vécu ne sont que très rarement décrits, au moins avant Polybe. Dans le roman, en revanche, nous avons le bruit, la poussière, la confusion de la bataille (cf. Héliodore, I, 30). Nous avons aussi les morts et les blessés. Même si, comme chez Homère, nous avons des combats singuliers, comme chez Homère aussi, la guerre est tangible.
29Toutefois, dans le roman, les anachronismes abondent, de même que les mélanges d’époque. Dans ces conditions, pourquoi la guerre est-elle si souvent mentionnée ?
Place de la guerre dans la société
30Bien que nos romans aient été écrits dans un monde globalement en paix, la guerre reste encore, dans le monde qu’ils présentent, le critère majeur de différenciation sociale. La gloire militaire assure un renom durable. La trière amirale d’Hermocrate porte encore, plusieurs années après, les ornements de la victoire (Chariton, III, 5,3). Les Grands tiennent, comme chez Chariton (VII, 4,1), à être équipés d’armures magnifiques, rutilantes - l’éclat des armes est d’ailleurs souvent mentionné - et ils ont avec eux une troupe digne de leur richesse et de leur personnage. Tel est le cas de Dionysos chez Chariton (VI, 9). La victoire assure un prestige durable à Chairéas (Ibid., VIII, 3, 12)
31Présente dans la vie des Grands, la guerre l’est également dans celle de la Cité. Au début des Éphésiaques (1,2, 1-4) les éphèbes, jeunes hommes arrivant à l’âge militaire, sont au premier rang du cortège dans la procession en l’honneur d’Artémis, et ils portent de nombreux attributs de paix, mais aussi des attributs de guerre. De même, chez Héliodore, pour les cavaliers rassemblés dans une cérémonie en l’honneur de Thétis, soit 50 en 2 files avec chaussures, chlamydes, caparaçon, chanfreins. Le capitaine porte une lance de frêne à pointe d’airain (III, 3). Ce sont donc des hoplitai porteurs de lance. Ils sont à l’image de la cavalerie macédonienne. Il est clair que les cultes traditionnels se sont maintenus, avec leur aspect guerrier comme les jeux pythiques, avec course en armes (Ibid., IV, 14). Fait du passé ressuscité par l’imagination du romancier ? Ce n’est pas le plus probable. Plus justement, c’est une preuve de plus que les Cités grecques vivent encore dans le monde classique, la Cité n’étant pas morte à Chéronée, loin de là !
32S’il n’y a plus de guerres générales, il y a encore des conflits pour délimiter les territoires et la nécessité d’assurer la sécurité existe toujours. Dans le roman, il y a donc des soldats professionnels, mercenaires (Chariton, VII, 3 ; ce sont bien évidemment des Grecs), soldats réguliers en activité (Achille Tatius, III, 24, il est vrai en Égypte) ou retraités (Éphésiaques, III, 12, 2). Mais surtout, les Cités ont toujours leurs éphèbes, leurs gymnases avec leurs gymnasiarques et leurs palestres. L’épigraphie d’ailleurs montre bien que ce fut réellement le cas l’époque impériale. Il est clair que la paideia grecque, fondée sur la culture de guerre traditionnelle, s’est maintenue. Ne serait-elle pas la cause du maintien de la guerre dans le roman ?
Guerre et fiction romanesque
33Le rôle joué par la guerre dans le roman est triple : en premier lieu on notera sa nécessité dans la progression même du roman. Il s’agit de romans d’amour et de séparation. Les deux amants devront donc combler les distances qui les séparent, qu’elles soient géographiques, juridiques (l’un d’eux devient esclave), ou mentales. Or, tout au départ les destine l’un à l’autre. Il faut donc créer les obstacles puis les multiplier par une série de rebondissements. La guerre et le brigandage jouent ce rôle, servent de ressort à l’action et rendent les amants prisonniers du fatum.
34En second lieu, il est évident que la guerre ne peut être perpétuelle ni connaître autant de rebondissements. Il faut que l’action dure. Le brigandage le permet. Il apparaît donc comme un substitut de la guerre, ce que montre bien, on l’a vu, la sémantique.
35En troisième lieu, la capacité des jeunes gens à fonder un foyer, à montrer qu’ils sont adultes est rendue manifeste par la manière dont ils dominent le destin. Le roman grec est celui d’une paideia qui triomphe des obstacles. On comprend alors les nombreuses allusions à la guerre et à son caractère nécessaire. II convient de montrer qu’on peut combattre comme simple soldat tout autant que comme chef, qu’on peut être élu par ses futurs soldats pour commander une expédition, selon les vieilles traditions classiques - évidemment anachroniques à l’époque impériale-, comme le fait Chairéas (Chariton, VII, 3). Il faut mieux que les autres garder son sang-froid (Ibid., VII, 4, 9). Il faut savoir conserver le moral de ses troupes et s’acquérir l’affection de ses soldats, comme tout chef qui se respecte (Ibid., VII, 5, 10 et VIII, 2). Il convient de montrer le savoir faire qu’on a acquis à la palestre comme Habrocomos qui a pratiqué la chasse, l’équitation et l’escrime avec armes pesantes (Éphésiaques, I, 1,2), ou Hipothoos avant de devenir brigand (Ibid., III, 2,2). Il convient de montrer son courage comme le fait Daphnis, pourtant berger, face aux pirates. Et c’est par la connaissance de l’équitation, donc par son éducation passée, que Clitophon fait se fait reconnaître comme un homme de bonne famille, et donc échappe à l’esclavage après avoir été libéré de chez les brigands par un stratège inconnu (III, 14,2). D’ailleurs, les brigands ont eux aussi leur paideia, et le combat entre deux factions de brigands est d’abord le combat singulier entre leurs deux chefs, qui ne dédaignent pas le duel avec les héros (Éthiopiques, IV, 4, 1-2 et V, 32).
36Dans ces conditions, l’image de la guerre véhiculée par le roman grec n’est pas sans intérêt. D’une part, elle insiste sur le vécu, à la différence des historiens qui en général ne donnent pas de détails ou des techniciens qui s’intéressent à des points particuliers. D’autre part, l’examen des métaphores est révélateur : l’amour est vu comme une guerre (Éphésiaques, 1,2,1 ; 8, 2-3) ; les paroles sont des blessures (Achille Tatius, 11, 29, 3-4 ; Chariton, I, 1, 7) ; le contact avec les animaux - un moustique est un guerrier, son bourdonnement une trompette, sa blessure celle d’une flèche et après l’attaque, il chante le péan (Leucippé et Clitophon, II, 22) - ou les autres humains est parfois vécu de manière militaire. Les prétendants à la main de Callirhoé tiennent un véritable conseil de guerre et décident la guerre (polemos) contre Chairéas (Chariton, I, 2, 2). Tout ceci prouve que, à travers la guerre, c’est l’apprentissage de toute une vie qui se fait. N’est-ce pas parce que la guerre était perçue comme nécessaire, comme l’instrument de la vengeance divine - la guerre châtiera le juge est-il dit par Chariton (VII, 1, II)-, bref comme partie intégrante du monde grec encore au IIe de notre ère ?
ANNEXES
Annexe 1. Le roman grec, tentative de pesée globale
Annexe 2. Les sources d’Alexandre, tentative de pesée globale
Notes de bas de page
1 A. Scarcella, La polémologie des romans, in (éd.) M. F. Basiez, Ph. Hoffmann et M. Trede, Le monde des romans grecs, Paris, ENS 1992, p. 63-74.
2 Sur le sujet, voir la synthèse récente de A. Billault, La création romanesque dans la littérature grecque à l’époque impériale, Paris, PUF, 1991.
3 Infra, p. 51. Les éditions utilises sont celles de la C.U.F. Le relevé a été fait quart de page par quart de page. Lorsque le contenu était attribuable à plusieurs catégories, le partage a été fait entre chacune d’entre elles.
4 Voir J.-N. Corvisier, Les sources sur l’histoire d’Alexandre, mythe et réalités, sous presse in Alexandre, Légende et réalités, Actes de la Journée d’Études tenue à Amiens le 7 mars 2001, Métis 2003.
5 Cf. A. Scarcella, La Tecnica dell’imitazione in Longo Sofisto, Giornalo Italiano di Filologia, 23, 1971, p. 34-59, qui pointe notamment les similitudes entre la langue de Longus et celle de Thucydide au livre III.
6 Cf. par exemple Polyen, II, 1, 3.
7 Éthiopiques, I, I ; 27 ; 30 ; V, 25. Cette terminologie n’est que partiellement caractéristique de la guerre : si polemos s’emploie rarement dans un contexte non guerrier, machè ou nikè sont utilisés par exemple pour des épreuves panhelléniques. Mais leur emploi pour le brigandage est frappant.
8 Cf. Thucydide, V, 32.Il ne s’agit pas d’une véritable trêve (spondê), mais il y a quand même une suspension des hostilités comme lors des concours panhelléniques (Ekecheiria). Sur le vocabulaire de la paix, entre autres, E. J. Fernandez-Nieto, Tregua sagrada, diplomacia y politica durante la guerra del Peloponneso, in E. Frezouls et A. Jacquemin (éd.) Les relations internationales, Actes du colloque de Strasbourg 15-17juin 1993, Paris, diff. de Boccard, 1995, p. 161-187 et J.-N. Corvisier, le passage de la guerre à la paix dans le monde grec antique, in M. Vaïsse (éd.), De la guerre à la paix, Cahiers du CHD, Paris, 2001, p. 11-32.
9 Sur la trière, J. S. Morrison et J. F. Coates, The Athenian Trireme, Cambridge Univ. Pr., 1986. Pour les conditions normales de la guerre sur mer, voir aussi J.-N. Corvisier, Guerre et Sociétés dans les mondes grecs, 490-322 av. J.-C., Paris, Colin, 1999, p. 25-29 et 71-81, avec réf.
10 Hérodote, V, 44-45 ; Xénophon, Helléniques, V, 2, 4-5. Pour la datation des murailles, L. Karlsson, Fortification Tower and Masonry Technics in the Hegemony of Syracuse 405-211 B-C, Stockolm, 1992. Voir aussi J.-N. Corvisier, Guerre et Sociétés, op. cit., p. 124-137 avec réf.
11 Plutarque, Lucullus, 509 c, 510 b, d, e ; Crassus, 554 c, 556 a, 556 a, 558 e, 559 a.
12 Chariton, VIII, 2,5 ; cf. Polyen, II, 1,3 ; VIII, 7,8, cf. Polyen, III, 13,3 ou VI, 19,3 ; Héliodore, II, 12,2, cf. Polyen, II, 1,27 ; Héliodore, VI, 13 ; Héliodore, IX, 10.
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