L’aube des relations diplomatiques franco-russes : les ambassades moscovites en France au XVIIe siècle
p. 11-32
Texte intégral
1Au début du XVIIe siècle1, la Moscovie connaît une période de déstabilisation, le temps des troubles, durant laquelle ses voisins polonais et suédois contraignent Moscou à leur reconnaître une partie de ses territoires occidentaux. Les cessions de la Carélie, de l’Ingrie, de Kiev avec la rive gauche du Dniepr, ainsi que la puissance militaire des Polonais et des Suédois amènent les tsars à privilégier l’expansion vers le sud et l’est. Au XVIIe siècle, la Moscovie ne fait par conséquent pas véritablement partie de l’Europe politique, et son influence se limite à la périphérie orientale du continent. Ses relations avec les pays occidentaux en général sont épisodiques. On ne compte que cinq ambassades russes venues en France au cours du XVIIe siècle (1615, 1654, 1668, 1681 et 1687) ainsi que trois missions d’envoyés du tsar (1635, 1673, 1685) qui sont difficiles à étudier côté français faute de documentation suffisante2. Ces rencontres, motivées par le désir des tsars d’entrer en relation avec le Roi Très Chrétien, peuvent être l’objet d’une double lecture. Elles sont, d’abord, les premiers dialogues politiques entre la France et la Russie, mais elles sont également des moments de confrontation de deux cultures qui se révèlent à travers des pratiques diplomatiques différentes. Les rencontres se traduisent par des difficultés récurrentes qui attestent le faible niveau de relations entre les deux États.
DES RELATIONS DIPLOMATIQUES ÉPISODIQUES
2Le premier véritable contact diplomatique direct entre la France et la Moscovie date de 1585. Le nouveau tsar Fedor envoie un représentant à Henri III pour lui donner connaissance de son avènement. En retour, l’année suivante, le roi de France dépêche à Moscou François de Carle qui négocie des privilèges commerciaux pour les négociants français. Il y a ensuite, à une date indéterminée, la mission d’un dénommé Ragon, envoyé par le tsar à la fin du XVIe siècle sur laquelle nous ne disposons que de fort peu de renseignements3.
3La première véritable ambassade du XVIIe siècle arrive à Bordeaux en novembre 1615. Les représentants du tsar doivent d’abord obtenir la reconnaissance de Michel Romanov, élu deux années auparavant, ensuite recueillir des renseignements sur la France et, enfin, obtenir de Louis XIII qu’il interdise à ses sujets de servir chez les ennemis du tsar. Au-delà de ces points précis, l’ambassade moscovite doit initier un échange entre les deux pays, puisque les envoyés sont chargés d’obtenir une réponse du roi de France ou, mieux encore, la désignation d’une ambassade pour Moscou4. Ils ne remplissent que leur premier objectif, puisque Louis XIII accepte de rédiger une lettre au tsar Michel. Il y affirme sa volonté d’œuvrer « pour le bien commun de nos empires », et de perpétuer « la liberté du commerce et l’affermissement de celle-ci en nos pays, terres et seigneuries, comme en celles que vous possédez », il évoque enfin l’envoi d’une ambassade à Moscou qui n’a lieu qu’en 16295.
4Si l’on excepte la présence d’un émissaire du tsar en 1635, il faut attendre près de quarante ans pour qu’une nouvelle ambassade moscovite vienne à Paris6. Ce n’est qu’en 1654 que l’ambassadeur moscovite Constantin Matchekin arrive en France pour remettre une lettre d’Alexis Ier à Louis XIV. Elle expose les raisons qui ont conduit le tsar à déclarer la guerre à la Pologne. Le principal grief est l’usurpation de titulature dont se seraient rendus coupables les rois de Pologne7. Le diplomate fait également connaître le souhait de son maître de voir le roi de France s’entremettre en sa faveur auprès de la cour de Varsovie8. En réponse, Louis XIV exhorte Alexis à rechercher la paix, et accepte de faire valoir sa médiation, si toutefois elle est acceptée par le roi de Pologne.
5En 1668, la délégation conduite par Pierre Ivanovitch Potemkin réside près d’un mois à Paris. L’ambassadeur rencontre Louis XIV pour lui annoncer la fin de la guerre contre la Pologne, et chercher les conditions permettant de développer une bonne correspondance entre les deux cours9. Il doit en particulier faire connaître le désir du tsar de voir un ambassadeur de France à Moscou, et son souhait d’encourager les relations commerciales directes entre les deux pays10. Potemkin a plusieurs conférences à ce sujet avec des commissaires royaux, mais comme il ne dispose pas d’instructions suffisantes, aucune véritable négociation n’est initiée. Le diplomate rencontre le corps des marchands de Paris qui cherche à s’informer sur les produits et les modalités du commerce de Russie11. Finalement, il repart avec une lettre de Louis XIV pour Alexis, et une proposition de traité de commerce qu’il devra faire examiner à son retour à Moscou12.
6Potemkin revient en France en mars 1681. Sa mission a deux objets : faire part à Louis de l’avènement de Fedor III, tsar depuis 167613, et la négociation d’un traité de commerce. Potemkin a notamment une conférence avec Colbert de Croissy, secrétaire d’État aux Affaires étrangères, auquel il remet un mémoire sur les conditions que le tsar est disposé à accorder aux négociants français qui viendraient à Arkhangelsk, le seul port occidental dont dispose la Moscovie14. Il offre en particulier d’exempter de taxes les marchandises locales exportées vers la France, et de faire bénéficier les produits français des mêmes droits d’entrée que pour leurs équivalents étrangers. Mais la discussion tourne court, faute d’être assuré que les Français seront bien traités à Arkhangelsk, Colbert de Croissy y met fin15. Une nouvelle fois, l’ambassade moscovite ne produit rien. Potemkin reçoit une lettre de Louis XIV contenant des généralités sur sa volonté de contribuer au maintien de la paix entre le tsar et ses voisins16.
7Dans les années 1680, l’intérêt pour la Moscovie gagne une nouvelle faveur. Il s’agit avant tout de stimuler les échanges commerciaux. Le marquis de Béthune est envoyé à Moscou avec pour mission de « consulter sérieusement ensemble [avec les Russes] pour casser les impositions si ruineuses au commerce17 ». Il n’est cependant pas question d’un véritable traité de commerce puisque, selon Colbert de Croissy, qui doute de la réelle bonne volonté des Russes, « les humeurs et maximes des Français sont tant différentes de cette nation [la Moscovie] qu’il n’y a point d’apparence que ces deux nations si contraires s’accordent et, par conséquent, le dit traité de commerce s’anéantira de soi-même18 ». La réflexion sur l’intérêt d’un accord commercial se retrouve dans plusieurs mémoires qui sont intégrés à l’instruction de La Piquetière, désigné pour partir à Moscou en 1682. Sa négociation commerciale doit couvrir des discussions politiques19. Il s’agit pour Louis XIV de s’assurer de la paix en Europe du nord-est, au moment où les relations avec l’allié privilégié suédois connaissent une véritable dégradation. La mission de La Piquetière est néanmoins abandonnée en raison des fortes incertitudes entourant la situation diplomatique de l’espace baltique en général, et les dispositions du gouvernement de Moscou en particulier20.
8Il reste, enfin, la dernière ambassade moscovite qui arrive en France en 1687, l’année de l’intégration de la Russie à la Sainte Ligue dirigée contre les Ottomans. La régente Sophie, qui exerce la réalité du pouvoir à Moscou au nom de ses frères les tsars Ivan V et Pierre Ier, envoie plusieurs représentants à Londres, La Haye, Berlin, Florence, Venise, Copenhague, Stockholm, Madrid et Versailles21. La délégation moscovite destinée à la France est conduite par Jacob Dolgorouki. Il arrive à Dunkerque au début du mois de juillet 1687. En dehors de la reprise des discussions commerciales entamées en 1668 et 1681, le but principal de Dolgorouki est d’obtenir l’adhésion de la France à la Sainte Ligue ou, à défaut, un engagement à ne pas attaquer un des membres de cette coalition, en l’occurrence l’Empereur. Au nom de Louis XIV, Croissy rejette clairement l’hypothèse d’une entrée en guerre contre la Porte ottomane, mais s’engage à demeurer neutre dans le conflit oriental22.
9Cette promesse verbale est le seul résultat de la mission de 1687. Son insignifiance reflète assez bien celle plus générale des relations diplomatiques franco-russes au XVIIe siècle. Car, globalement, les missions des ambassadeurs russes auprès du Roi Très Chrétien ne débouchent sur rien, tout comme celles des représentants français qui font le trajet inverse vers Moscou, Deshayes Courmenin en 1629, Desminières en 1656-1657, et le marquis de Béthune en 168023. Pour résumer, les discussions entre les deux gouvernements tournent toujours autour de trois points. Il y a, d’abord, les sollicitations russes pour s’assurer de la neutralité française dans les conflits engagés contre la Pologne ou l’Empire ottoman24 ; le second sujet important est le commerce et la conclusion d’un éventuel traité, dont on parle régulièrement mais qu’on ne négocie jamais à proprement parler ; enfin, troisième point, l’envoi d’une ambassade à Moscou qui constituerait pour le tsar une reconnaissance de la part du roi de France. Mais, concrètement, aucun accord, politique ou commercial, n’est jamais signé, ni même réellement envisagé. Le gouvernement français ne s’intéresse pas à la Moscovie, il est peu au fait de son actualité. Pour preuve, en 1657, Louis XIV s’adresse encore au tsar Michel pourtant mort douze ans auparavant, alors même qu’il avait reçu en 1654 des ambassadeurs moscovites venus avec une lettre d’Alexis Ier25. Vue de France, la Moscovie est reléguée à l’extrême marge de l’échiquier politique européen et ne fait pas figure de véritable partenaire politique. Cependant, à la fin du XVIIe siècle, les deux pays commencent à s’opposer indirectement à cause de la bienveillance de Louis XIV pour l’Empire ottoman, l’ennemi méridional de Moscou. La rivalité devient frontale lors de l’élection polonaise de 1697. Le tsar Pierre Ier refuse alors absolument de voir un prince français ceindre la couronne de Pologne, craignant que ce ne soit le prélude à une alliance polono-ottomane dirigée contre lui26. Plus de six mois avant l’élection, les représentants russes à Varsovie affirment publiquement que si le prince de Conti est élu roi de Pologne, 100 000 Moscovites entreront dans le pays27. À l’occasion de sa Grande Ambassade à l’Ouest en 1697 et 1698, Pierre confirme ses mauvaises dispositions pour Louis XIV qu’il regarde comme l’allié de son ennemi ottoman28.
10Au XVIIe siècle, l’histoire des relations diplomatiques franco-russes stricto sensu n’est donc pas très riche, mais elle est, en revanche, d’un grand intérêt du point de vue de l’anthropologie historique. En délaissant le fond des rencontres, pour se concentrer sur leur forme, il est possible de caractériser l’absence de normes de dialogue entre les deux pays. Elle s’incarne dans une série d’incidents et de difficultés protocolaires plus ou moins graves résultant du comportement des ambassadeurs du tsar jugé surprenant, au mieux, indécent et insultant, au pire.
LES FORMES DU DIALOGUE DIPLOMATIQUE
Des arrivées inattendues
11L’arrivée des diplomates russes en France est toujours une surprise. En 1615, ce sont deux navires venus de Hollande qui arrivent à Bordeaux avec à leur bord les représentants du tsar. Ils débarquent dans le port aquitain ayant appris que le jeune roi Louis XIII s’y trouve pour célébrer son mariage avec Anne d’Autriche. Il faut organiser à la hâte une réception mais, faute de précédent, les Français ne savent quel cérémonial adopter. En 1654, 1668 et 1681, les Moscovites entrent en France au Havre, Bayonne et Calais sans en avoir reçu préalablement l’autorisation. Le gouvernement français est systématiquement surpris, et doit dépêcher un envoyé en urgence. En 1681, un gentilhomme de la Maison du roi dénommé Storff est dépêché à Calais pour accompagner la délégation moscovite sur le trajet qui doit la mener jusqu’à Paris. Il est doté des pleins pouvoirs pour obtenir toute l’aide dont il aura besoin pendant le trajet de la part des maires, échevins, gouverneurs et officiers qui doivent lui fournir assistance29. Mais les Moscovites rechignent à prendre la route de Paris, estimant que le nombre de carrosses, de charrettes et les chevaux loués pour l’occasion ne forment pas un cortège suffisamment prestigieux30. Malgré la surprise et le désagrément, bon gré mal gré, les Moscovites sont naturellement accueillis et, dès lors, se pose immédiatement le problème de la communication.
12En l’absence d’ambassades permanentes, les tsars envoient des délégations qui font une tournée en Europe occidentale. Paris et Versailles ne sont par conséquent qu’une étape d’un long périple qui dure plusieurs mois. Dans ces conditions, les ambassadeurs moscovites prennent soin d’avoir avec eux des personnes connaissant les langues étrangères. En 1615 et 1654, il y a des interprètes qui parlent le néerlandais. Dans le second cas, il s’agit du fils d’un marchand flamand installé en Moscovie31. Le discours de l’ambassadeur subit donc une double traduction : russe-flamand, puis flamand-français. En 1668, la situation est différence car l’ambassadeur Potemkin connaît le latin. Néanmoins, il est accompagné d’au moins deux « translateurs32 », l’un capable de passer du russe à l’allemand, et l’autre connaissant « assez mal » le latin, selon Sainctot l’introducteur des ambassadeurs. Les problèmes de communication se résolvent d’eux-mêmes puisque lors du passage de l’ambassade à Blois, un jacobin d’origine russe, qui affirme que Potemkin lui a épargné la vie en Pologne plusieurs années auparavant, se propose de faire fonction d’interprète33. Enfin, en 1687, Storff, qui est chargé d’acheminer les Moscovites jusqu’à Versailles, est accompagné d’un certain Krok, mousquetaire du roi et moscovite d’origine, tout désigné pour être interprète34.
13Une fois la communication établie, surgit systématiquement la même demande. Selon la coutume en vigueur dans leur pays, les ambassadeurs moscovites demandent à être défrayés par le roi de France. Or, il est d’usage en Occident que chaque prince supporte les frais des missions qu’il envoie à l’étranger. Cependant, Louis XIV fait une exception pour les diplomates moscovites et leur suite, puisque l’envoyé qu’il leur dépêche règle toutes les dépenses35. Le coût des ambassades moscovites est composé du remboursement des dépenses engagées entre le moment du passage de la frontière et l’arrivée de l’envoyé du roi de France ; de la prise en charge de tous les frais de voyage vers Paris ; du séjour en lui-même ; de la location de matériel (vaisselle, meuble, linge, carrosses…) ; enfin, de différentes gratifications et cadeaux pour les membres de la délégation moscovite, notamment les interprètes, ainsi que pour les Français qui ont été employés à divers services36. Bien que les ambassades venues en France comptent entre une soixantaine et une centaine de personnes, et que leur séjour dure entre un mois et demi et deux mois et demi, les difficultés relatives à l’argent ne viennent pas du coût qu’elles occasionnent mais du comportement des ambassadeurs. Ceux-ci, en effet, semblent être aux yeux de leurs hôtes français au moins autant intéressés, sinon plus, par le profit qu’ils peuvent retirer de leur ambassade que par le service de leur maître. Catheux, qui les accompagne de Bordeaux à Paris en 1668, remarque qu’ils ont « beaucoup épargné » sur la somme forfaitaire que le roi d’Espagne leur avait allouée lors de l’étape précédente de leur tournée occidentale, et observe « les Moscovites aiment moins la bonne chère que l’argent qui est fort rare dans leur pays37 ». Ce sentiment vient de l’habitude qu’ont les envoyés moscovites de vendre des fourrures, ce qui est le seul moyen dont ils disposent pour se procurer de l’argent à l’étranger. Or, comme ils sont défrayés par le prince qui les accueille, on attribue à leur seule cupidité le bénéfice des ventes de fourrures. Le jugement du marquis de Dangeau, selon lequel les ambassades moscovites sont d’ordinaire composées « de misérables à qui ils [les tsars] veulent faire gagner quelque argent38 », montre le décalage entre la vision française de l’honneur d’un ambassadeur et les pratiques bassement mercantiles des Moscovites. Ce qui est considéré comme un manque de dignité doit être replacé dans le cadre de la perception globale de la Moscovie et de ses habitants.
L’écho des stéréotypes
14Bien que la Russie n’apparaisse pas dans l’horizon diplomatique français, l’empire des tsars n’est pas inconnu en France, mais il est certainement méconnu. À partir du XVIe siècle, il y a en Occident une inflation d’écrits sur la Russie, en particulier sous la forme de relations de voyage39. Parmi ceux-ci figurent six témoignages directs de Français qui se sont rendus sur place aux XVIe et XVIIe siècles40. Ils contribuent à former une représentation du monde russe qui est complétée par les ouvrages étrangers les plus diffusés. Le plus connu est celui du diplomate impérial Sigmund von Herberstein qui publie en 1549, après deux séjours en Russie, ses Rerum Moscoviticarum commentarii. Ce livre, qui connaît de multiples rééditions, pose les bases de la représentation du monde russe jusqu’au XVIIIe siècle41. Les Russes sont dépeints comme fourbes, dévergondés, ignorants, se livrant sans aucune retenue à la beuverie. Les quelques témoignages français sont à l’unisson, et reflètent bien le regard d’ensemble posé par les Occidentaux sur la Moscovie42. Les ambassades du tsar sont ainsi l’occasion d’une confrontation entre les représentations préalables du monde russe et un échantillon de la réalité moscovite.
15À Paris, les ambassades orientales attirent généralement un nombreux public comme, par exemple, l’entrée des représentants du roi de Pologne en 1645 qui provoque déjà l’admiration des spectateurs43. Les ambassades russes sont des spectacles particuliers par l’ampleur de la délégation qu’elles comportent et l’apparence de leurs membres. Au milieu du siècle, les spécificités des ambassades moscovites sont signalées dans la Gazette de Théophraste Renaudot. Elle évoque les tenues luxueuses des ambassadeurs du tsar, et la centaine, parfois plus, de personnes composant le cortège44. Ils sont, écrit Berlize à propos de l’ambassade 1654, « vêtus comme les Turcs », portant « des bonnets de velours doublés de marte ou de fourrures et [une] robe qui ne leur va que jusqu’à la cheville45 ». Les tenues chamarrées, mais aussi leurs longues barbes qu’ils ne coupent qu’après l’audience de retour à Moscou, font forte impression auprès des foules européennes46. Certains moments de l’ambassade sont plus solennels, et donc plus spectaculaires, que d’autres, notamment l’entrée à Paris ou les audiences royales. On peut citer l’arrivée de l’ambassadeur du tsar dans la capitale en 1687 avec une escorte de 45 hommes à cheval portant des arcs et des flèches47. Il est possible d’avoir une idée de l’apparence des ambassadeurs moscovites grâce au portrait de Pierre Ivanovitch Potemkin, venu en Occident en 1668 et 1681, réalisé par le peintre espagnol Juan Carreno de Miranda, actuellement conservé au musée du Prado à Madrid. Les tenues vestimentaires sont le signe manifeste de leur appartenance à une sphère étrangère, plus précisément orientale. En dehors des audiences royales et des entretiens avec les ministres, les ambassadeurs russes profitent de leur séjour à Paris pour faire des visites et se trouvent exposés aux yeux du public. En 1668, Potemkin se rend au château de Vincennes, à Versailles, à la manufacture des Gobelins. Il assiste également à des spectacles, en particulier à une représentation de l’Amphitryon de Molière48.
16On retrouve sous la plume de ceux qui fréquentent régulièrement la délégation du tsar certaines observations qui font écho aux stéréotypes les plus répandus sur les Moscovites. Il y a d’abord leurs pratiques alimentaires liées à des interdits religieux que les Français ne comprennent guère. En 1668, pendant une période de deux semaines, les Moscovites font, selon Catheux qui les accompagne, « une espèce de carême », durant lequel ils ne mangent que du poisson à l’huile. En dehors de cette période, ils refusent de consommer du lapin, trop commun, ou des pigeonneaux, trop innocents49. En ce qui concerne la boisson, les Moscovites se distinguent désagréablement par leur propension à s’enivrer, ce qui ne fait que confirmer leur réputation d’ivrognerie50. Les quantités d’eaux-de-vie, de bière, de cidre ingurgitées, et les comportements qu’elles induisent, nourrissent les stéréotypes récurrents sur la brutalité des mœurs moscovites. En 1668, l’ambassadeur Potemkin, qui vient d’apprendre qu’il ne se sera défrayé que jusqu’au moment du départ, passe sa mauvaise humeur sur un de ses interprètes âgé de soixante ans51. Enfin, leur ignorance des bons usages et des affaires européennes traduit leur peu d’appétence pour le savoir, comme le soulignent fréquemment les voyageurs européens se rendant dans l’empire des tsars52. La surprise face à des attitudes déconcertantes et l’incompréhension de certaines pratiques pourraient se cantonner au domaine de l’anecdotique, si des comportements de mêmes types ne venaient pas entraver la tâche des ambassadeurs. Or, systématiquement, les négociations des Moscovites sont perturbées par des exigences protocolaires.
Les difficultés protocolaires
17Les rencontres diplomatiques sont codifiées par un cérémonial précis. Les préséances doivent refléter la hiérarchie des puissances, la retranscrire en acte, et donc illustrer concrètement le rapport des forces politiques. Le protocole est le langage comportemental de la société des États et des princes qui s’est élaboré de manière empirique entre les puissances occidentales. L’intensité de leur commerce politique aboutit à l’émergence de normes dont l’observation doit permettre de faire l’économie des querelles protocolaires. Or, avec les ambassades moscovites, les incidents sont récurrents et constituent même la matière principale des archives relatives au séjour des envoyés du tsar en France.
18L’incident diplomatique le plus ancien mettant en cause la France et la Moscovie a lieu à la fin du XVe siècle à Milan lorsque les ambassadeurs d’Ivan III, le premier à porter de titre de tsar, refusent de céder la préséance à ceux de Charles VIII53. Même aux yeux de leurs voisins, les Suédois notamment, les diplomates du tsar adoptent des comportements déconcertants54. Lors des séjours en France, les exigences inconvenantes des ambassadeurs moscovites parsèment les rencontres diplomatiques. Elles se concentrent surtout autour de trois points.
19Le premier est leur détermination à voir le roi en personne afin de lui montrer leurs lettres de créance ou délivrer le message du tsar. D’ordinaire, la première étape pour les envoyés étrangers est une rencontre avec le ministre des Affaires étrangères qui vérifie leurs accréditations. En 1615, les ambassadeurs moscovites demandent que les étrangers soient exclus de l’audience royale pour pouvoir lire au jeune Louis XII l’intégralité de la lettre de leur maître55. En 1654, après une première rencontre avec le roi au cours de laquelle Constantin Matchekin expose les motifs ayant conduit Alexis Ier à entrer en guerre contre le roi de Pologne, il refuse obstinément d’avoir la lettre de réponse d’une autre personne que Louis XIV. Après avoir affirmé qu’on lui fera « couper la tête » s’il ne reçoit pas la lettre des propres mains du roi, il s’enferme dans son logement d’où il ne sort qu’une fois satisfait au bout de deux semaines56. La seconde exigence concerne l’attitude du roi de France, qui doit ôter son chapeau à chaque fois que le nom du tsar est mentionné et rester debout pendant la lecture de son message. Si les ambassadeurs russes acceptent de faire des concessions sur la station debout du roi, sauf pour donner ou recevoir les lettres, en revanche, ils obtiennent qu’il se découvre dès que le nom du tsar est prononcé57. Enfin, la dernière cause récurrente de difficultés protocolaires vient du respect scrupuleux de la titulature du tsar, aussi bien lorsqu’elle est mentionnée oralement que par écrit dans le préambule des lettres qui lui sont destinées58. En 1668, Potemkin est reçu par les échevins bordelais qui ont la maladresse de parler du « Grand duc de Moscovie59 ». L’ambassadeur reprend immédiatement ses interlocuteurs en leur précisant qu’en dehors de « sa Czarée Majesté » il ne saurait accepter d’autres titres pour son maître60. Alors qu’entre princes occidentaux l’ensemble de la titulature n’est pas indiqué dans les correspondances entre souverains, les Moscovites parviennent à l’obtenir. Dès 1615, suite à l’insistance des ambassadeurs, Louis XIII condescend, au nom de ses « sentiments fraternels à l’égard du tsar », à faire porter l’intégralité des titres de Nicolas Ier sur la lettre qui lui est destinée. En 1668, la rédaction de la réponse royale se révèle particulièrement délicate. Pierre Ivanovitch Potemkin entre dans une grande colère lorsqu’il voit qu’on tarde à lui remettre une version latine de la lettre de Louis XIV à Fedor III, assurant « qu’on pourrait le faire ici mourir de faim, lui trancher la tête, et le couper par morceaux qu’aussi bien on le ferait mourir en son pays s’il allait manquer à apporter cette copie61 ». L’ambassadeur obtient finalement satisfaction, mais encore faut-il que la titulature soit exacte, ce qui n’est pas le cas des deux premières versions qui lui sont remises. Enfin, à ces difficultés récurrentes, s’ajoutent des demandes ponctuelles qui paraissent bien incongrues, comme celles de se déplacer absolument en carrosse, y compris sur des distances infimes62.
20Les exigences protocolaires des ambassadeurs du tsar sont le reflet de la culture politique moscovite. Pour en rester aux principales caractéristiques, il faut rappeler que les princes de Moscovie ne s’imposent véritablement dans le monde russe que sous le règne d’Ivan III (1462-1505), comme le symbolise l’adoption du titre de tsar, jusque-là réservé aux khans tatars et aux empereurs byzantins. Le tsar hérite de ces derniers un pouvoir mêlant l’autorité religieuse et la puissance politique, par la réunion en sa personne d’une nature humaine et divine. La théorie de Moscou, troisième Rome, lui confère une dimension sacrée plus importante que celle des souverains occidentaux63. La culture politique russe est profondément marquée par la sacralité de la hiérarchie entourant le tsar, d’où découlent des préséances strictes qui la mettent en scène. Leur respect est la garantie du bon ordre et de l’harmonie64. Mais la culture politique russe des préséances curiales est difficilement transposable dans le domaine diplomatique. La position éminente du tsar pousse ses ambassadeurs à exiger un traitement qu’ils estiment digne du rang de leur maître65. Ces considérations s’imposent à toutes les autres, et deviennent une règle impérative faisant fi des traditions et des habitudes des cours étrangères puisque, comme le tsar Alexis le fait savoir à l’Empereur, « les envoyés et les ambassadeurs des autres États ne peuvent pas servir de modèle66 ».
21Les exigences de la diplomatie moscovite sont assez largement connues. La Gazette de Renaudot rapporte à plusieurs reprises le caractère « extravagant » et « ridicule » des ambassadeurs de Moscou67. C’est peu de dire que leurs prétentions surprenantes mettent les Français dans l’embarras. En raison du peu de relations entre les deux pays, les aspects formels des rencontres diplomatiques n’ont jamais été codifiés, chaque séjour des Moscovites est une expérimentation, à l’instar de ce qui se pratique avec les représentants des princes orientaux68. De fait, l’étude des ambassades du XVIIe siècle montre que les demandes des diplomates russes ont été généralement satisfaites, en particulier concernant la répétition des audiences royales, l’attitude du roi, ou encore la formulation des titres du tsar dans les lettres qui lui sont destinées. La propension du gouvernement français à accorder à leurs hôtes ce qu’ils réclament peut précisément s’expliquer par le caractère incongru de leurs demandes qui, dans le système français des préséances, n’ont pas de véritable signification. Au fond, il ne coûte rien à la majesté du Roi Très Chrétien d’accorder une audience supplémentaire aux diplomates moscovites, ou faire indiquer l’intégralité de la titulature du tsar dans les lettres qu’il lui adresse. Ce peut être aussi un moyen d’éviter des difficultés et, ce faisant, d’écourter le séjour de diplomates avec lesquels il y a fort peu d’objets véritables de négociation. Ces condescendances manifestent une certaine bonne volonté de la part du roi de France, qui ressort d’autant plus lors de l’ambassade de 1687. Son originalité est de susciter des problèmes avant même qu’elle ne commence. Pourtant, pour une fois, un secrétaire moscovite avait été dépêché à Versailles pour prévenir de l’arrivée prochaine d’un représentant du tsar. Mais il est renvoyé pour avoir refusé de montrer ses lettres de créance et de donner la moindre information à Colbert de Croissy, ministre des Affaires étrangères, au motif qu’il ne devait s’adresser qu’à Louis XIV. C’est donc avec une grande surprise, et un certain mécontentement, que l’on apprend la nouvelle de l’arrivée à Dunkerque de l’ambassadeur Dolgorouki et sa suite de plus d’une centaine de personnes. Les instructions délivrées à Storff reflètent le désagrément causé par cette visite inattendue, puisqu’il doit commencer sa mission en faisant « connaître au dit ambassadeur que Sa Majesté est surprise d’apprendre qu’il soit arrivé dans ses États avec une suite si nombreuse sans lui en avoir fait donner avis auparavant69 ». Il doit ensuite se montrer ferme si les ambassadeurs « forment des prétentions insoutenables [il] leur déclarera qu’il est inutile qu’ils se donnent la peine de continuer leur voyage70 ». Les difficultés ne tardent à survenir puisque, conformément à la tradition moscovite, l’ambassadeur Dolgorouki n’entend délivrer son message qu’à Louis XIV. Alors que cette condition avait généralement été accordée précédemment, cette fois Storff reste ferme, leur disant qu’ils peuvent rebrousser chemin s’ils n’acceptent pas de rencontrer Colbert de Croissy avant de voir le roi. Storff obtient également que les diplomates moscovites renoncent à leur garde d’arquebusiers pour faire leur entrée à Paris71. En l’occurrence, les ambassadeurs, sous peine de ruiner leur mission, acceptent de renoncer à certaines de leurs exigences et entrent dans une autre logique cérémonielle.
22La stigmatisation des prétentions chimériques et déraisonnables des Moscovites et leur pointillisme sourcilleux que l’on trouve dans les témoignages contemporains ne doivent pas induire en erreur. En effet, l’attachement aux préséances n’est pas l’apanage des envoyés du tsar. Il ne faut pas oublier que, du village à la cour du roi, sous des formes différentes, elles sont au cœur de la société française d’Ancien Régime. Pour qui ne connaît pas l’étiquette de Versailles, la sensibilité des courtisans à tel ou tel détail aurait bien pu passer pour une futile vanité. Les préséances sont un langage du comportement social qui inscrivent ceux qui les suivent dans une hiérarchie implicite ou explicite. Les difficultés de cérémonial qui surviennent lors des ambassades russes témoignent finalement bien plus d’une inadéquation de langage symbolique que d’une susceptibilité particulière des représentants du tsar. Dans une étude comparatiste, André Berelowitch montre la proximité de la nature des préséances moscovites avec celles qui se pratiquent en France72. À l’échelle internationale, le cérémonial des ambassadeurs accompagne inévitablement le développement de la diplomatie comme art du dialogue entre les États73. Dans l’espace sémiologique que constitue le théâtre de l’Europe, Louis XIV affirme dès le début de son gouvernement personnel sa détermination à tenir toute sa place, comme le montrent les incidents de Londres en 1661 et de Rome en 1662, puis la revendication ostentatoire des « droits de la reine » en 1667. Il s’agit pour le roi de France d’affirmer son rang dans un ordre établi, et de rappeler qu’il a le pas sur les autres princes européens. Pour les Moscovites les choses sont différentes, car la diplomatie du tsar fait irruption en Europe au XVIIe siècle dans un monde dont elle ne possède pas ou, ne veut pas suivre, les codes. Les préséances diplomatiques, comme toute structure protocolaire, sont discriminantes, par les égards accordés aux représentants de certains princes alors qu’ils sont refusés à d’autres74. Or, dans le cérémonial français le tsar n’a pas sa place, il est traité par défaut comme un prince oriental75. La multiplication des incidents protocolaires traduit un hiatus entre les normes occidentales usitées pour le dialogue entre les souverainetés et la culture politique moscovite. Les formes courantes du cérémonial entre princes européens ne manifestent pas suffisamment de considération pour le tsar aux yeux de ses envoyés. Comme leurs ambassades ont un caractère occasionnel et qu’il n’y a pas de véritable enjeu pour les deux partenaires, la nécessité de trouver des formes d’échanges commodes ne s’impose pas.
23La rigidité des préséances diplomatiques moscovites ne saurait expliquer à elle seule l’absence de véritables transactions politiques entre la France et la Russie. Si la méconnaissance des usages protocolaires occidentaux peut expliquer les difficultés formelles des ambassades, l’ignorance n’est pas seule en cause. Depuis le milieu du XVIe siècle, le gouvernement du tsar s’est doté d’une structure chargée des Affaires étrangères, le bureau des ambassades. Il compte plusieurs dizaines de traducteurs et d’interprètes dont la tâche principale est de collecter les informations venues de l’étranger76. Moscou dispose donc des moyens de connaître les préséances usitées à l’Ouest. Lors de l’ambassade de 1687, Storff rejette sur les Moscovites la responsabilité des graves problèmes qui surviennent. Il leur signale qu’ils n’ont qu’à s’informer des usages en vigueur dans les cours européennes, afin de prévenir toute difficulté77. En fait, l’envoyé de Louis XIV accuse les Moscovites de faire preuve de mauvaise volonté. Dès lors, il faut se demander pourquoi les ambassadeurs formulent toujours les mêmes demandes sachant qu’à Paris, et dans nombre de cours étrangères comme à Vienne, leurs exigences créeront des difficultés ? Au fond que cherchent-ils ? En partant de l’idée que la reconnaissance de la dignité et de la titulature du tsar est l’un des axes majeurs de la politique étrangère moscovite depuis la fin du XVe siècle, on peut se demander si la véritable finalité des ambassades destinées à la France n’est pas la reconnaissance de la position éminente du tsar, et que les points concrets à discuter, traités de commerce ou médiation de paix, ne sont que des supports, pour ne pas dire des prétextes. L’intransigeance sur la transcription de la titulature, les honneurs extraordinaires, au sens étymologique, à rendre aux ambassadeurs considérés comme des figures du prince, sont une manière pour le tsar de recevoir concrètement la reconnaissance de ses pairs que sont les souverains européens, et notamment français. A contrario, dès le début du XVIe siècle, alors que le jeune État moscovite achève de se constituer, les négociations de paix avec ses voisins se déroulent de manière bien plus simple car il est nécessaire de les faire réussir78. Par conséquent, on peut se demander si le degré de rigidité des préséances ne varie pas en fonction de l’enjeu de la négociation. S’il s’agit de gagner la considération des autres souverains, alors tous les gestes, toutes les paroles, doivent y contribuer. Chaque manquement pourra être considéré comme une atteinte à l’honneur du tsar ; s’il faut parvenir à un résultat concret, il devient nécessaire d’éliminer ce qui est susceptible d’ajouter des difficultés supplémentaires, les préséances en sont d’autant allégées. Les changements protocolaires instaurés par Pierre le Grand, qui ouvre véritablement la diplomatie russe vers l’Europe en développant les ambassades permanentes, traduisent une volonté de faciliter le dialogue international. Le tsar abandonne une partie des traditions moscovites, notamment celle de défrayer ses ambassadeurs à l’étranger. Sur ce point, qui a suscité bien des difficultés auprès de cours occidentales, Pierre Ier décide de se conformer à l’usage européen. On peut trouver d’autres manifestations de la volonté d’alléger la pompe protocolaire dans l’apparence des lettres de créance des ambassadeurs. C’est ainsi que celle délivrée à André Matvéev en 1705, a une ornementation simplifiée, elle est signée de la main du tsar et n’indique pas l’intégralité de ses titres79. Si l’existence de deux cultures politiques différentes peut expliquer les difficultés formelles des rencontres diplomatiques franco-russes, l’absence de véritable enjeu commun et de nécessité d’initier une négociation sur le fond n’impose pas de trouver des formes de dialogue. La distance culturelle se double d’une distance politique que les ambassades successives du XVIIe siècle ne contribuent pas à réduire. Tout au contraire, les incidents les plus graves se produisent lors de l’ambassade de 1687.
24Dans le laps de temps séparant leur débarquement à Dunkerque et l’arrivée de Storff qui doit les accompagner jusqu’à Paris, les Moscovites commencent à vendre leurs fourrures. Ils doivent cesser leur commerce lorsque l’envoyé de Louis XIV conditionne la délivrance de passeports à l’apposition de sceaux sur les bagages afin d’éviter la vente de marchandises entrées dans le royaume sans supporter les droits de douane. Les Moscovites acceptent avec difficultés mais, à peine arrivés à Saint-Denis, ils recommencent à vendre leurs pelleteries « oubliant la qualité d’ambassadeur pour agir en marchand de détail préférant leur profit et intérêt particulier à l’honneur de leurs maîtres80 ». Cette fois, un prévôt assisté d’hommes d’armes est dépêché à l’hôtel des ambassadeurs pour saisir les bagages des Moscovites, conformément à la loi81. Il s’en suit une situation confuse puisque plusieurs membres de l’ambassade jettent des marchandises par les fenêtres pour échapper à la confiscation, alors que le chancelier moscovite sort un couteau. Suite à l’échauffourée, Storff reçoit ordre d’emmener au plus vite les Moscovites à Dunkerque. Mais le jour du départ de Paris, ils refusent de partir avant d’avoir eu une nouvelle audience avec Louis XIV. Pour les contraindre, on leur retire les officiers qui sont à leur service ainsi que les meubles de leur logement. On les avertit qu’ils devront dorénavant supporter eux-mêmes les frais de leur séjour. Storff justifie la fermeté de sa réaction par le refus des Moscovites de « se conformer aux volontés du roi et de suivre l’usage ordinaire du royaume » comme ils s’y étaient engagés à leur arrivée82. La fermeté finit par payer, puisque les Moscovites acceptent tout ce qui leur est demandé pour avoir une audience de congé avec le roi, sans laquelle ils assurent qu’ils risquent de perdre la vie à leur retour à Moscou. Louis XIV consent finalement à les recevoir de nouveau. Une fois l’ultime difficulté surmontée, puisque les Moscovites désirent prolonger leur séjour au-delà du terme qui leur a été fixé, l’ambassade s’achève enfin83. À la suite de cet épisode mouvementé, Louis XIV fait savoir qu’à l’avenir il ne prendra plus en charge le séjour des envoyés du tsar, et que lui-même donnera à ses ambassadeurs le nécessaire pour subsister lorsqu’ils iront à Moscou84. Les problèmes de l’ambassade de 1687 ont un véritable impact politique puisqu’elle ruine toute possibilité de conduire une négociation, notamment sur le traité de commerce85. Les incidents restent dans les mémoires, puisqu’en 1698, alors qu’il entreprend sa tournée en Occident, Pierre Ier émet le désir de venir en France « quand il serait assuré d’y être bien reçu86 ». Cette fois, selon Saint-Simon, Louis XIV « déclina honnêtement sa visite de laquelle il ne voulut point s’embarrasser », Pierre n’était alors, selon les mots du mémorialiste, que le souverain « d’une nation méprisée et entièrement ignorée pour sa barbarie87 ».
25Ce jugement résume à lui seul la perception française de la Moscovie à la fin du XVIIe siècle. On peut en retrouver les éléments fondamentaux dans l’étude des ambassades du tsar venues en France : pas de véritable objet de négociation et une méconnaissance réciproque qui prend ses racines dans deux cultures différentes. Les séjours français des ambassades moscovites du XVIIe siècle ne contribuent pas à faciliter les relations entre les deux pays, car il manque un cadre commun permettant d’initier une véritable transaction politique. Cette carence est une des conséquences de la marginalité de la Moscovie, et le signe de son insignifiance dans le jeu politique européen. L’adoption par Pierre le Grand des normes protocolaires occidentales rendue nécessaire par le développement des ambassades permanentes à partir du début du XVIIIe siècle, marque l’intégration de ce que l’on doit désormais appeler la Russie dans l’espace diplomatique européen considéré comme une société des États et des princes. Elle traduit aussi l’avènement de la Russie au rang des grandes puissances du continent.
Relation de la réception faite à Constantin Garasnnott Matscharhnen, envoyé du grand-duc de Moscovie, 165488
26« Le 25 octobre 1654, M. le comte de Brienne89, secrétaire d’État des pays étrangers m’envoya de chez lui étant à Paris et moi aussi, un courrier qui lui était venu de la ville de Rouen lequel m’amena un nommé Juan Vitlch Wilner, né en Moscovie et fils d’un flamand et d’une flamande marchands demeurant en Moscovie, lequel devait servir de truchement [c’est-à-dire d’interprète] à un gentilhomme envoyé de la part du Grand duc de Moscovie Alexei Mikaelowitscheh Empereur de Russie, le dit envoyé s’appelait Constantin Garasnott Matscharhnen, son secrétaire le sieur André Carpowitsen Bogdanott.
27Celui qui m’amena le dit truchement était un homme qui se disait être de Rouen et avoir été en Moscovie et avait servi les Vénitiens [comme] ingénieur, lequel entendait avec grande peine le dit truchement qui parlait avec lui flamand […]. Il demande de la part dudit envoyé d’être défrayé depuis son arrivée en France qui était au Havre de Grâce étant venu d’Amsterdam audit Havre dans un vaisseau que Mrs les États90 lui avaient donné, et défrayé tout le temps qu’il avait été sur leurs terres, c’est pourquoi ils [les Moscovites] demandaient qu’on leur en fit autant, étant la coutume de leur pays de défrayer tous ceux qui y vont de la part des Princes étrangers. Je leur dis que ce n’était [pas] la coutume en France, que néanmoins j’en parlerai à la Reine Régente91 et à M. le Cardinal92.
28Il fut résolu que j’irai le prendre dans les carrosses de leurs Majestés à Saint Denis à l’épée Royale, et qu’on ne payerait point la dépense qu’il avait faite à Saint Denis où il demeura 8 jours, en attendant qu’on put avoir de l’argent de M. de Servien93, auquel le Roi avait commandé […] qu’il en donnât. M. de Brienne s’y employa, et on n’en put avoir que le 2 Novembre qu’on donna 2400 livres dont je dis à M. Girault [l’interprète venu de Rouen] qu’il donna un mot de fournir quittance. Il fut résolu avec M. Servien qu’on dépenserait cent livres, tant pour son logement, nourriture que toute autre chose par jour, et que pour la dépense qu’il avait faite au Havre, et depuis jusqu’au jour que je l’avait été prendre dans les carrosses du Roi il n’aurait rien.
29Pour parler avec lui, il y avait un homme qui parlait flamand au sieur Frisse, jadis banquier qui me disait en français ce que le dit interprète lui disait en flamand, n’ayant pu trouver personne à Paris qui parlait moscovite. Nous étions tous quatre dans le carrosse du Roy et dans l’autre qui était celui de la Reine le sieur Girault, le secrétaire de l’envoyé et deux Hollandais qui étaient venus avec eux d’Amsterdam et 8 valets vêtus de vert qui étaient derrière les carrosses qui se mirent à pied aux portières du carrosse en entrant dans la ville.
30Je les ai menés en la rue Dauphine en un logis garni que je fis louer et je donnais à faire la dépense à un de mes gens et mon cuisinier, comme m’avait dit M. le cardinal croyant que ce ne serait que pour 5 ou 6 jours, mais voyant l’incommodité que j’en recevais et craignant qu’on ne les traitât [pas] à leur goût je voulus leur faire donner de l’argent. Mais M. Frisse me dit qu’ils ne voulaient recevoir eux-mêmes de l’argent et que lui le prendrait si je [le] voulais et les traiterait. M. le cardinal ne le voulu [pas], ayant opinion que le dit Frisse ne les fit jeûner ce qui eut pu être, d’autant que je reconnu par le moyen d’un flamand que je mené que l’interprète et Frisse s’entendent ensemble pour [faire] avoir un présent plus beau à l’interprète qu’au secrétaire, encore que le secrétaire fût parent d’un des conseillers du Grand duc de Moscovie. Ils étaient vêtus comme les Turcs à la réserve de leurs cheveux qu’ils portent longs et des bonnets de velours doublés de marte ou de fourrures, et de leur robe qui ne leur va que jusqu’à la cheville de pied. Ils ne mangent pas si mal proprement que les Turcs et Polonais, ils boivent de l’eau de vie tant qu’on leur en veut donner, bière et cidre en abondance. L’envoyé, le secrétaire et un autre burent par jour 8 pintes d’eau de vie et usaient du tabac en abondance.
31Quatre jours après leur arrivée je fus prendre congé. Le dit envoyé dans les carrosses de leurs majestés, les deux truchements, le secrétaire, l’envoyé et moi étaient dans le carrosse du roi, le secrétaire tenant la lettre du Grand duc de Moscovie avec du taffetas rouge tout hautement (au derrière du carrosse) et la portait toujours comme cela jusque dans la chambre du roi. Après que l’ambassadeur l’ait prise au secrétaire qui était aussi entré dans le balustre et les truchements se répétant l’un après l’autre. Après quoi il présenta la lettre au roi la tenant toujours avec le taffetas et demanda au roi des nouvelles de sa santé de la part du Grand duc, le roi demande aussi des nouvelles de la santé de son maître lequel s’étant levé de son siège demandant des nouvelles de la santé du Grand duc, comme le truchement avait dit à M. de Brienne que c’était la coutume dans leur pays en nommant le nom de leur seigneur de se lever du siège où on est. Il fit dire par le truchement qu’il s’étonnait qu’on ne faisait pas le même honneur à son maître, que [celui que fait] le Turc, l’Empereur, le Sophi de Perse et le Grand Khan de Tartarie qui avaient coutume de se lever quand ils demandaient des nouvelles de la santé du Grand duc où quand ils nommaient ses titres. Le roi lui fit dire par M. Brienne que ce n’était pas la coutume en France mais que pour montrer l’état qu’il faisait du Grand duc de Moscovie, il leva son chapeau de dessus sa teste et l’ambassadeur témoigna être satisfait.
32Au sortir de chez le roi, il [se rendit] chez la reine, lui fit une profonde révérence comme je lui avait fait. N’ayant point de lettre pour elle, et encore qu’on lui eut dit qu’il lui fit un compliment par son truchement, il ne dit rien mais seulement qu’il avait ordre de son maître de savoir des nouvelles de sa santé. Il témoigna n’être [pas] satisfait de ce que le truchement n’avait dit d’abord tous les titres de son maître, mais comme il était tard, le truchement ne les pu lire. La reine se leva de dessus son siège lorsqu’il nomma le Grand duc et me dit de l’en avertir par le truchement, [tout comme] la reine lui [avait fait dire] qu’elle le dispensait de les lire [les titres]. Ils [les Moscovites] ne font cas dans ce pays là des reines, ni de toutes les femmes, et ne s’enquièrent jamais d’elles, et quand le Grand duc a eu deux filles consécutives d’une femme il la répudie et fait bâtir un couvent où il la met ses filles avec elle, et se remarie à une autre. Ils sont schismatiques Grecs et reconnaissent un patriarche qui pour toute reconnaissance baille la valeur de cent livres à celui de Constantinople. Ils ne manient quasiment point d’argent en leur pays et les pièces qui courent parmi le peuple sont de deux sols, un sol, deux liards, une perdrix s’y vend deux liards, un mouton douze ou treize sols et le reste à l’équipollent.
33Le lendemain de son audience, il voulut porter un livre au roi dans lequel étaient les sujets et les raisons qu’il avait de faire la guerre aux Polonais, mais après que M. De Brienne qui était secrétaire d’État et un de ses commissaires [lui eurent demandé le livre], il insistait de le vouloir donner en propre main du roi, disant qu’il avait ordre de parler toujours au roi et non à d’autres, n’ayant jamais voulu voir M. de Brienne avant le roi, ni y envoyer son secrétaire pour lui faire voir son pouvoir, [attestant qu’] il était envoyé du Grand duc de Moscovie, encore qu’on lui eut dit que c’était l’ordre [du roi] et qu’on ne pouvait pas savoir autrement s’il était envoyé ou non de cette part. M. Chanut avait mandé ici qu’il était passé à Amsterdam où il était ambassadeur pour le roi et qu’il avait été reconnu pour tel en passant.
34Quand je lui dis [à l’envoyé moscovite] qu’il pourrait s’en aller quand il lui plairait après avoir demeuré ici 15 ou 16 jours et n’avoir voulu sortir de son logis, lui ayant offert un carrosse lorsqu’il voudrait sortir et aller voir le Louvre et tout ce qu’il pouvait désirer voir et qu’il aurait du contentement quand il serait retourné de dire les belles choses qu’il avait vues. Il me dit qu’il ne voulait rien voir et qu’il désirait la réponse du roi de sa propre main et de sa propre bouche et qu’il demeurerait ici jusqu’à ce que cela fut, qu’autrement étant de retour et disant que ce serait le secrétaire d’État qu’il lui aurait baillé la lettre du roi et non le roi que son maître lui ferait couper la tête. C’est pourquoi dès le lendemain je le fus prendre en carrosse et mené à l’audience où le roi lui donna de sa main une lettre qu’il avait écrite en parchemin enveloppé d’un papier sur lequel il y avait : “Au Grand duc de Moscovie” après qu’il l’eut prise du roi la donna à son secrétaire qui la porta les deux mains hautes jusqu’en son logis comme il avait porté celle de son maître.
35Je lui portais 3 ou 4 jours après une chaîne d’or de mille écus, une de cent écus au secrétaire et une ordonnance de 200 écus à l’interprète flamand Frisse et cent écus à celui qui lui servait d’interprète qu’il avait amené de Moscovie. La chaîne pour l’envoyé avait été faite et ordonnée de 3 600 écus mais comme le comte de Brienne avait promis et dit à M. le cardinal Mazarin que son présent et que son défraiement jusqu’au Havre ne coûterait que 3 300 écus, M. Servien ne voulait donner davantage d’argent. […] M. de Brienne demanda au roi et à la reine s’il ne trouverait point bon l’on vendit pour 200 livres la dite chaîne qui, étant de 3 600 écus, [permettrait] qu’on donnerait les dits 600 écus au truchement pour faire la dépense jusqu’au Havre ce que leurs majestés accordèrent, et m’en ayant donné le commandement je fut porter la chaîne chez Lescot lequel l’acheta, et 544 écus furent donner en présence du Moscovite au sieur Frisse, truchement. Il se trouvait un homme qui parla à celui qui était venu de Moscovie qui dit que le Moscovite entendait et voyait très bien ce qu’on avait baillé au sieur Frisse ce qui nous assura qu’il ne lui en ferait pas tant passer conne nous avions crains. Ils partirent deux jours après pour aller au Havre.
36Le dit envoyé était un homme très bien fait et le moins curieux de savoir quoique ce fut. Il ne put jamais dire de quelle maison était ni la femme, ni la mère du Grand duc. Ils [les Moscovites] ne savent quasi pas écrire pour la plupart, ils passent leur temps à boire dans leur logis et s’ennuient souvent et par après se battaient. Deux jours avant que de partir, si les Suisses du roi que j’avais mis pour empêcher la foule du peuple qui eut été par leur logis, et mêmes des filous, sous prétexte de les voir, [n’avaient pas été là] l’envoyé et son secrétaire se seraient fait tués, car ils voulurent leur [aux curieux] faire donner des coups, leur façon étant de les faire mettre sur le ventre et à grands coups de fouet les fustiger. Mais le dit secrétaire s’était mis en état de se venger des Suisses qui au bruit les furent séparer [les Moscovites et les curieux], et ils burent après jusqu’à 3 heures après minuit tous ensemble et les Suisses avec eux, leur querelle ayant commencé à 8 heures du soir. Il ne se passait guère de jour qu’il [l’envoyé] ne se battit avec quelqu’un des siens jusqu’à leur faire porter des marques très dangereuses ne se souciant pas de tuer ou d’estropier. Le truchement nous dit qu’il avait été tué dans Amsterdam un homme qui parlait français qu’il avait été amené par un Moscovite et que souvent cela leur arrivé étant ivres.
37Le sujet du voyage de l’envoyé était pour donner avis au roi des raisons qu’avait le Grand duc de faire la guerre au roi de Pologne, disant qu’un pince chrétien qui fait la guerre à un autre prince chrétien est obligé de faire connaître le juste sujet qu’il a de lui faire la guerre à tout le monde et même de se soumettre au jugement de tel prince qui se voudra mêler de les accorder, ayant cru que le roi était frère de la reine de Pologne (L. Marie de Gonzague, fille du duc de Mantoue). C’est pourquoi il [le Grand duc] envoyait écrit dans un livre les raisons qu’il avait de faire la guerre au roi de Pologne afin que le roi ne l’assistait et lui mandait que s’il se voulait mêler de les accommoder qu’il y consentirait et envoya en même temps à l’Empereur, au roi de Suède et autres princes pour leur en donner avis.
38Ils sont si peu instruits des affaires étrangères qu’ils ne connaissaient la parenté d’aucun prince, ni même leurs plus proches voisins et le prince ne veut qu’ils apprennent à lire ni à écrire.
39Ils envoient trois sortes de personnes vers les princes étrangers qui sont ambassadeurs, envoyés ou petit ambassadeur, et courriers. Leurs ambassadeurs viennent avec 300 personnes tout au moins, les envoyés avec 30 ou 40 et les courriers 10 ou 12 toutes les dites ambassades se font à leurs dépens et quand ils sont de retour on leur donne des gouvernements à proportion de dépenses qu’ils ont fait et comme leur duc a absolu pouvoir sur eux ils ont de même absolu pouvoir sur ceux de leur gouvernement ».

Pierre Ivanovitch Potemkin d’après l’almanach royal de 1669.

Pierre Ivanovitch Potemkin lors de sa seconde ambassade en Espagne, 1681-1682, par Juan Carreno de Miranda, Madrid, musée du Prado.
Notes de bas de page
1 Ce texte prolonge une partie des réflexions élaborées à l’occasion de la communication effectuée avec Marie-Karine Schaub, « La rencontre de deux cultures diplomatiques : l’ambassade moscovite de 1668 à la cour de Louis XIV », à l’occasion de la journée d’études Louis XIV et les souverains du bout du monde, organisée à Versailles par le professeur Lucien Bély et Géraud Poumarède, le 30 juin 2007.
2 Ces différentes ambassades ont été l’objet d’un article succinct : Seydoux M., « Les ambassades russes à la cour de Louis XIV, d’après les documents des archives du ministère des Affaires étrangères », Cahiers du Monde russe et soviétique, 1968, IX, 2, p. 235-240. On peut également trouver des extraits de documents des archives du ministère des Affaires étrangères dans Rambaud A., Recueil des Instructions aux ambassadeurs de France, Russie, t. 1, Paris, 1890, Félix Alcan, p. 19, 39-46, 54-65, 81-88.
3 Cette mission est même contestée par certains historiens russes. Nous la tenons pour véritable sur la foi d’un article : Kalmykow A., « A sixteenth-century russian envoy to France », Slavic Review, 1964, p. 701-705.
4 Nasarov V. et Ouvarov P., « Les premiers Bourbons et le premier Romanov : la relation de l’ambassade en France d’Ivan Kondyrev et de Michaïl Neverov », Le Traité de Vervins, in Labourdette J.-F., Poussou J. -P. et Vignal M.-C. (dir.), Paris, PUPS, 2000, p. 474 et 476.
5 Archives du ministère des Affaires étrangères (ci-après désigné AAE), Correspondance politique (ci-après désigné CP), Russie, vol. 1, f° 10, Louis XIII au tsar Michel, 16 décembre 1615.
6 Il n’y a que très peu de renseignements sur la présence de l’envoyé du tsar. Il a bien remis une lettre à Louis XIII, rencontré Anne d’Autriche et Richelieu. Rousset de Missy J., Supplément au corps universel diplomatique du droit des gens, t. IV, Le cérémonial diplomatique des cours d’Europe, t. I, Amsterdam La Haye, 1739, p. 127.
7 « Translat. du russe en français de la lettre du très illustre et puissant grand seigneur Tsar et Grand duc Alexei Michailowitsch de toute la Russie seul maintenadeur, au très illustre et très puissant prince Louis Quatorzième roi de France et de Navarre », AAE, CP, Russie, suppl., vol. 1, fos 79-82.
8 Ibid., « Ambassadeurs et autres ministres de la cour de Russie en France », f° 88.
9 « Nous vous envoyons la présente qui vous fera connaître la passion que Nous avons de faire une très chère et très étroite amitié avec votre Majesté […] Nous établirons pour l’avenir de part et d’autre une correspondance d’ambassadeurs afin d’entretenir une bonne amitié et une alliance entre nos deux couronnes pour conserver la foi chrétienne et votre amitié que nous avons souhaitée de tout temps », lettre du créance du grand-duc de Moscovie, 1667, AAE, CP, Russie, vol. 1, f° 24.
10 Galitzin E., La Russie du XVIIe siècle dans ses rapports avec l’Europe occidentale : récit de voyage de Pierre Potemkin, envoyé en ambassade par le tsar Alexis Mikhaïlovitch à Philippe IV d’Espagne et à Louis XIV en 1668, Paris, Gide, 1855, p. 343-344.
11 Ibid., p. 359-362.
12 Louis XIV à Alexis, AAE, CP, Russie, vol. 1, fos 41-43, 19 septembre 1668. Le projet de traité de commerce comporte 15 articles reproduits dans Galitzin E., La Russie du XVIIe siècle dans ses rapports avec l’Europe occidentale, op. cit., p. 352-356.
13 Lettre de créance des ambassadeurs du grand-duc de Moscovie, AAE, CP, Russie, suppl. 1, f° 88, 14 septembre 1680.
14 Voir le projet de traité de commerce dans AAE, CP, Russie, vol. 1, fos 135-136.
15 « Mémoire historique sur le commerce entre la Grande Russie et les États étrangers et particulièrement la France », AAE, Mémoires et Documents (ci-après désigné MD), Russie, vol. 3, fos 47-49.
16 Lettre de récréance aux grands-ducs de Moscovie, donnée à leurs ambassadeurs, AAE, CP, Russie, vol. 1, f° 161, 3 juin 1681.
17 « Colbert de Croissy au résident qui est à Moscou [le marquis de Béthune] », 4 juillet 1681, dans Sbornik Imperatorskag° Russkag° Istoricheskag° Obshchestva, vol. 34, Saint-Pétersbourg, 1881, p. 400.
18 Ibid., id.
19 « Mémoire historique sur le commerce entre la Grande Russie et les États étrangers et particulièrement la France », non daté, AAE, MD, Russie, vol. 3, f° 52.
20 Lossky A., « La Piquetière’s projected mission to Moscow in 1682 and the Swedish policy of Louis XIV », in Essays in Russian History. A collection dedicated t° George Vernadsky, Hamden, Archon books, 1964, p. 71-106.
21 Hughes L., « V. T. Postnikov’s 1687 mission to London : Anglo-Russian relations in the 1680’s in British sources », Slavonic and East European Review, vol. 68, n° 3, juillet 1990, p. 448.
22 « Extrait de la conférence de 1687 entre Croissy et les ambassadeurs moscovites, tenue à Saint-Denis, le 1er sept. 1687 », AAE, CP, Russie, vol. 2, fos 122-125.
23 Rambaud A., Recueil des instructions aux ambassadeurs, Russie, op. cit., p. 32 et 39-74.
24 Il peut aussi s’agir d’inviter le roi de France à rejoindre la lutte contre les ennemis du tsar. C’est par exemple le cas avec la mission d’André Vinius en 1673. Il remet à Louis XIV une lettre du tsar Alexis dans laquelle celui-ci l’exhorte à mettre un terme au conflit dans lequel il est engagé, la guerre de Hollande, pour se tourner contre « l’ennemi commun de tous les chrétiens » et ses « belliqueuses légions », ibid., p. 62-63.
25 Lortholary A., Le mirage russe en France au XVIIIe siècle, Paris, Boivin, 1951, n. 12, p. 279.
26 Wittram R., Peter I Czar und Kaiser, Göttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 1964, vol. 1, p. 148.
27 Lewitter L. R., « Peter the Great and the Polish Election of 1697 », Historical Journal, vol. 12, 1956, p. 131.
28 Selon le témoignage du résident hanovrien à Londres, Heusch, le tsar « met les Français en parallèle avec les Turcs », Mediger W., Mecklembourg, Russland und England-Hannover 1706-1721, ein Beitrag zur Geschichte des nordischen Krieges, Hildesheim, August Lax, 1966, n. 218, p. 158.
29 « Ordre de rendre les honneurs au duc de Moscovie par tous les lieux où il passera. 5 avril 1681 », AAE, CP, Russie, vol. 1, f° 115.
30 AAE, CP, Russie, vol. 1, f° 105 sans titre, et f° 116, Storff à Croissy, 12 avril 1681.
31 « Relation de la réception faite à Constantin Garasnnott Matscharhnen, envoyé du Grand duc de Moscovie », 1654, par Berlize, Bibliothèque de l’Institut, coll. Godefroy, ms. 476, f° 268.
32 Mot dérivé du verbe translater « vieux mot qui signifiait autrefois traduire », d’après le Dictionnaire de Furetière de 1694, non paginé.
33 « Journal de sieur de Catheux touchant les Moscovites arrivés en France en 1668 », AAE, CP, Russie, vol. 1, fos 56 et 59. En 1681, le discours de l’ambassadeur est traduit du russe en allemand, puis », de l’allemand au français, « Entrée et réception des ambassadeurs du Grand duc de Moscovie en 1681 », AAE, CP, Russie, vol. 1, f° 132.
34 « Ordre de 300 livres de gratification pour le sieur Krok », AAE, CP, Russie, vol. 2, f° 90, 30 juin 1687.
35 « Ordonnance du roi sur la façon de recevoir les ambassadeurs du Grand Duc de Moscovie fait à Saint Germain en Laye », 5 août 1668, AAE, MD, Russie, vol. 3, f° 117.
36 Voir l’état détaillé des dépenses pour l’ambassade de 1668, « Sur la dépense faite de la part du roi Louis XIV pour faire défrayer et traiter le sieur Potersskin ambassadeur du Czar Alexis auprès de Sa Majesté en 1668 », 31 décembre 1668, AAE, MD, Russie, vol. 3, fos 118-119.
37 « Journal de sieur de Catheux touchant les Moscovites arrivés en France en 1668 », AAE, CP, Russie, vol. 1, f° 56.
38 Journal du marquis de Dangeau, t. 1, Paris, 1854, 19 mai 1685, p. 175.
39 Dans la première moitié du XVIe siècle, on compte une dizaine de relations de voyage, dans la seconde plus de soixante-dix. Pelus M.-L., « Un des aspects de la naissance d’une conscience européenne : la Russie vue d’Europe occidentale au XVIe siècle », in La conscience européenne au XVe et au XVIe siècle, coll. de l’École normale de jeunes filles, Paris, 1982, p. 313. Mund S., Orbis Russiarum : genèse et développement de la représentation du monde « russe » en Occident à la Renaissance, Genève, Droz, 2003. Dans une perspective plus large, Poe M., « A people born to slavery » : Russia in early modern European ethnography, 1476-1748, Ithaca, Cornell University Press, 2000.
40 Ils forment la matière de l’étude de Mervaud M. et Roberti J.-C., Une infinie brutalité : l’image de la Russie dans la France des XVIe et XVIIe siècles, Paris, Institut d’Études Slaves, 1991.
41 Liechtenhan F. D., « Le Russe, ennemi héréditaire de la Chrétienté ? La diffusion de l’image de la Moscovie en Europe occidentale aux XVIe et XVIIe siècles », Revue Historique, 1991, n° 577, p. 81.
42 Au début du XVIIe siècle, Jacques Margeret, un mercenaire français qui a servi sous Boris Goudounov (1584-1598), témoigne : « L’ignorance est la mère de leur dévotion [aux Moscovites]. Ils abhorrent les études et principalement la langue latine. Il n’y a chez eux ni école ni université. » Il estime que les Russes forment un peuple « grossier et barbare », Margeret J., Un mousquetaire à Moscou. Mémoires sur la première révolution russe, 1604-1614, Alexandre Benningsen (éd.), Paris, Maspero, 1983, p. 55.
43 « La magnifique entrée des ambassadeurs polonais dans la ville de Paris (1645) », Trésors et secrets du Quai d’Orsay, Pierre-Jean Rémy (éd.), Paris, J. -C. Lattès, 2001, p. 135-138.
44 Haffemayer S., L’information dans la France du XVIIe siècle. La Gazette de Renaudot de 1647 à 1663, Paris, Champion, 2002, p. 197 et 373.
45 « Relation de la réception faite à Constantin Garasnnott Matscharhnen, envoyé du Grand duc de Moscovie, 1654 », par Berlize, Bibliothèque de l’Institut, coll. Godefroy, ms. 476, f° 270. La tenue est identique en 1681 avec des « robes à grands revers de marte et de zibeline », « Relation de ce qui s’est passé au sujet des ambassadeurs de Moscovie en France en 1681 », AAE, CP, Russie, vol. 1, f° 125.
46 Mayerberg, « Les mœurs des Moscovites », in Laran M. et Saussay J., La Russie ancienne, Paris, Masson, 1975, p. 270. Sur les réactions anglaises lors de l’ambassade moscovite de 1662 à Londres, voir Roosen W., « Early Modern Diplomatic Ceremonial : A Systems Approach », Journal of Modern History, 52, 1980, p. 467-468 et The Diary of Samuel Pepys, Londres, 1925, p. 162.
47 « Sur le cérémonial observé en France à l’égard des ministres envoyés par les Czars de la Grande Russie », AAE, MD, vol. 3, f° 124.
48 « Relation de ce qui s’est passé à la réception de Pierre Joanides Potemkin, ambassadeur du Grand Duc de Moscovie en 1668 », in Rousset de Missy J., Le cérémonial diplomatique des cours d’Europe, op. cit., p. 97.
49 « Journal de sieur de Catheux touchant les Moscovites arrivés en France en 1668 », AAE, CP, Russie, vol. 1, fos 58-60.
50 C’est en particulier le cas lors de l’ambassade de 1654, Lortholary A., Le mirage russe en France au XVIIIe siècle, op. cit., p. 12.
51 « Journal de sieur de Catheux touchant les Moscovites arrivés en France en 1668 », AAE, CP, Russie, vol. 1, f° 68.
52 « Ils sont si peu instruits des affaires étrangères qu’ils ne connaissent la parenté d’aucun prince, ni même leurs plus proches voisins et le prince ne veut qu’ils apprennent à lire ni à écrire « Relation de la réception faite à Constantin Garasnnott Matscharhnen, envoyé du Grand duc de Moscovie, 1654 », par Berlize, Bibliothèque de l’Institut, coll. Godefroy, ms. 476, f° 275. Par exemple le voyageur holsteinois Oléarius note : « Ils [les Moscovites] n’apprennent point d’art, ni de science et ils n’appliquent point l’esprit à l’étude », Relation de voyage d’Adam Oléarius en Moscovie Tartarie et Perse, Paris, 1666, p. 143.
53 L’incident se produit en novembre 1493 à l’occasion du mariage de l’empereur Maximilien Ier et de Blanche de Milan, « Préséance des rois de France sur ceux de Naples et de Moscovie », 1493, Bibliothèque de l’Institut, coll. Godefroy, ms. 467.
54 Ils sont l’objet d’un chapitre particulier dans l’Historia de gentibus septentrionalibus (1555) de l’érudit suédois Olaus Magnus, qui figure dans l’épitomé français l’Histoire des pays septentrionaux, Anvers, 1561, p. 151-153. Pour les rois de Suède, les formes de l’étiquette moscovite sont des arguties traduisant les manières orientales de leurs voisins, Andersson I., Eric XIV, Wahlström & Widstrand, rééd. Falun, 1993, p. 58.
55 Nasarov V. et Ouvarov P., « Les premiers Bourbons et le premier Romanov », art. cité, p. 475.
56 « Relation de la réception faite à Constantin Garasnnott Matscharhnen, envoyé du Grand duc de Moscovie, 1654 », par Berlize, Bibliothèque de l’Institut, coll. Godefroy, ms. 476, f° 272.
57 Ibid., f° 271 et « Sur le cérémonial observé en France à l’égard des ministres envoyés par les Czars de la Grande Russie », AAE, MD, Russie, vol. 3, fos 121-122. Le fait de lever son chapeau est un acte auquel les Moscovites tiennent beaucoup, au point de se plaindre ouvertement de l’Empereur qui reste couvert lors de l’ambassade viennoise de 1684, « Relation de ce qui s’est passé dans l’ambassade des Moscovites faite à Vienne auprès de l’Empereur au commencement de l’année 1684 », AAE, CP, Russie, vol. 2, f° 99.
58 L’enjeu pour les Russes et d’obtenir la reconnaissance de l’intégralité de la titulature du tsar, conférée par Dieu au même titre que le pouvoir politique, Schaub M.-K., Pouvoir et sacralité du tsar. Les rituels de couronnement et leur symbolique (1498-1682), thèse de doctorat, sous la direction de Claudio Ingerflom, École des hautes études en sciences sociales, 1999, p. 244-249.
59 Dans cet article et les suivants, les citations respectent les majuscules du texte diplomatique.
60 Rousset de Missy J., Supplément au corps universel diplomatique, op. cit., p. 94. Sur l’évolution de la titulature des tsars, voir « Observations sur le cérémonial des lettres écrites au roi de France par les Czars de la Grande Russie », AAE, MD, Russie, vol. 3, fos 107-111.
61 « Journal de sieur de Catheux touchant les Moscovites arrivés en France en 1668 », AAE, CP, Russie, vol. 1, f° 65.
62 Le cas se produit en 1668 et en 1681, « Journal de sieur de Catheux touchant les Moscovites arrivés en France en 1668 » et « Relation de ce qui s’est passé au sujet des ambassadeurs de Moscovie en France en 1681 », AAE, CP, Russie, vol. 1, fos 62 et 129.
63 Coquin F. -X., « La philosophie de la fonction monarchique en Russie au XVIe siècle », Cahiers du monde russe et soviétique, 1973, vol. 14, n° 14-3, p. 253. Pour une approche plus pointue, Schaub M. -K., Le tsar russe à l’époque moscovite. Les couronnements et le pouvoir politique, à paraître chez Champ Vallon.
64 Berelowitch A., La hiérarchie des égaux. La noblesse russe d’Ancien Régime, XVIe - XVIIe siècles, Paris, Seuil, 2001, p. 272-273.
65 « Ils se sont même crus d’un rang plus élevé que les autres rois, ainsi ils ont prétendu qu’on rendît à leurs ambassadeurs dans les cours étrangères et ailleurs les honneurs singuliers et plus grands qu’aux autres », Rousset de Missy J., Mémoires sur le rang et la préséance entre les souverains de l’Europe, Amsterdam, 1746, p. 47.
66 Potemkine V. (dir.), Histoire de la diplomatie, Paris, Librairie de Médicis, 1946, p. 226.
67 Haffemayer S., L’information dans la France du XVIIe siècle, op. cit., p. 203.
68 AAE, MD, Russie, vol. 3, « Sur le cérémonial observé en France à l’égard des ministres envoyés par les Czars de la Grande Russie », f° 120.
69 Instruction pour Storff, 1687, AAE, CP, Russie, vol. 1, f° 165.
70 Ibid., fos 165-166.
71 « Mémoire concernant l’ambassade des Moscovites de l’année 1687 », anonyme sans doute de la main de Storff car écrit à la première personne du singulier, AAE, CP, Russie, vol. 2, f° 118, et « Sur le cérémonial observé en France à l’égard des ministres envoyés par les Czars de la Grande Russie », MD, Russie, vol. 3, f° 123.
72 Berelowitch A., La hiérarchie des égaux…, op. cit., p. 286.
73 Bély L., « Souveraineté et souverains : la question du cérémonial dans les relations internationales à l’Époque moderne », Annuaire Bulletin de la Société de l’Histoire de France, 1993, p. 27-43.
74 Roosen W., « Early Modern Diplomatic Ceremonial », art. cité, p. 475-476.
75 « Réception des ambassadeurs orientaux », in Rousset de Missy J., Supplément au corps universel diplomatique du droit des gens, op. cit., p. 93.
76 Schaub M. -K., « Se comprendre avec difficulté : les pratiques de négociation à l’époque moscovite », in Ferrer I Mallol M. T., Moeglin J. -M., Péquignot S. et Sanchez martinez M., Negociar en la Edad Media (Négocier au Moyen Âge), Barcelone, Consejo Superior de Investigaciones Cientificas, 2005, p. 375.
77 « Mémoire concernant l’ambassade des Moscovites de l’année 1687 », AAE, CP, Russie, vol. 2, fos 119 et 121.
78 Schaub M. -K., « Se comprendre avec difficulté », art. cité, p. 384-385.
79 « Observations sur le cérémonial des lettres écrites au roi de France par les Czars de la Grande Russie », AAE, MD, Russie, vol. 3, fos 111-115.
80 « Mémoire touchant la conduite qu’ont tenu en France les ambassadeurs de Moscovie », AAE, CP, Russie, vol. 2, f° 135.
81 « Ordre du roi à un exempt de la prévôté de l’Hôtel de saisir les marchandises apportées aux ambassadeurs de Moscovie », 18 août 1687, AAE, CP, Russie, vol. 2, f° 95.
82 « Mémoire concernant l’ambassade des Moscovites de l’année 1687 », AAE, CP, Russie, vol. 2, f° 120.
83 Ibid., id.
84 « Sur le cérémonial observé en France à l’égard des ministres envoyés par les Czars de la Grande Russie », AAE, MD, Russie, vol. 3, fos 126-127. L’empereur Léopold Ier, qui avait reçu la même ambassade avant son passage en France, prend une résolution identique.
85 L’ambassadeur moscovite « se conduisit fort mal pendant le séjour qu’il fit en France et se rendit si peu agréable au roi et à toute la nation française qu’il ne serait pas parvenu à conclure un traité de commerce proposé en 1681, quand même il aurait trouvé dans les ministres de Sa Majesté le désir d’entrer dans cette discussion », « Mémoire historique sur le commerce entre la Grande Russie et les États étrangers et particulièrement la France », AAE, MD, Russie, vol. 3, f° 53.
86 « Mémoire concernant le Czar de Moscovie dans lequel il est parlé du voyage que Czar ferait en France s’il était assuré d’y être reçu », 1698, AAE, CP, Russie, vol. 2, f° 139.
87 Saint-Simon, Mémoires, vol. 1, Paris, Gallimard, 1983, p. 461.
88 Bibliothèque de l’Institut, coll. Godefroy, ms. 476, fos 268-276. L’auteur est Nicolas de Berlize, introducteur des ambassadeurs à la cour de France depuis 1635. Afin de faciliter la lecture et la compréhension du texte, l’orthographe et la ponctuation ont été partiellement modernisées.
89 Henri-Auguste de Loménie, comte de Brienne (1594-1666), secrétaire d’État aux Affaires étrangères de 1643 à 1663.
90 Il s’agit des États-Généraux des Provinces-Unies.
91 Anne d’Autriche (1601-1666), régente de France pendant la minorité de son fils Louis XIV.
92 Jules Mazarin (1602-1661), principal conseiller d’Anne d’Autriche et parrain de Louis XIV.
93 Abel Servien (1593-1659), surintendant des Finances de 1653 à 1659.
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