Chapitre XI. La circulation monétaire en Bretagne de 1364 à 1491
p. 381-408
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Texte intégral
1En 1364 la nouvelle situation politique a des implications directes sur la circulation monétaire. La longue période de stabilité qui s’ouvre en Bretagne à la fin du xive siècle est très utile pour mesurer les effets économiques de la politique d’indépendance des Montforts. Pour autant, cette situation n’a pas que des avantages pour l’historien, car si les années 1370 sont riches d’enfouissements dus aux opérations militaires liées à l’exil de Jean IV, il est plus difficile de suivre les évolutions par la suite. Cependant, si les trésors de l’époque de François II et Anne sont souvent mal décrits, les archives apportent un complément utile à notre documentation, en particulier les tables de change de la fin de l’époque ducale. Cela permet une confrontation des données, très utile pour appréhender la valeur de nos sources.
La circulation monétaire au temps de la paix bretonne (1364-1442)
2Ce cadre chronologique large est imposé par la documentation. Les trésors caractéristiques des années 1370-1380 ne sont pas assez nombreux pour discerner les grandes tendances. Il faut donc prolonger l’étude jusqu’au règne de Jean V pour se faire une idée précise de la situation. L’absence ou la présence de monnaie au nom de François est de plus un élément pratique pour séparer les deux périodes du temps des Montforts.
La masse monétaire
Répartition des monnaies
3La composition des trésors fait immédiatement apparaître la disparition des espèces nées de la guerre de Succession. Les monnaies de Charles de Blois sont totalement absentes des trésors, à l’exception d’un denier dans celui de Saint-Herblon. Les pièces de Jean IV, frappées pendant la guerre, disparaissent de la même façon, ainsi que les monnaies bretonnes au type anglais qu’on ne trouve plus après 1364, signe de leur disparition rapide de la circulation et de leur refonte. Il faut y voir les effets d’une décision politique, car il s’agit pour le duc de faire oublier le plus rapidement possible la compétition entre les deux prétendants, d’apparaître comme l’unique souverain des Bretons et de montrer au parti blésiste qu’il n’a plus sa place dans la vie politique. C’est aussi une décision d’ordre économique. Les monnaies des années 1341-1364 sont d’une qualité déplorable, et il faut assainir rapidement la masse monétaire. Comme nous l’avons vu plus haut, les ateliers de Nantes, Rennes et Vannes sont particulièrement actifs dans les années 1360-1370. Ce pic d’activité s’explique en grande partie par la liquidation rapide de la mauvaise monnaie.
4Par leur nombre important, les trésors trouvés en Bretagne apportent des informations d’ensemble fiables. Le tableau suivant a été réalisé en additionnant toutes les monnaies signalées dans les enfouissements et les trouvailles isolées.
Tableau 80. – Répartition des monnaies trouvées en Bretagne (1364-1442)1. Source : Corpus des trésors.

5On constate en premier lieu que les monnaies bretonnes occupent majoritairement le terrain. Le phénomène est encore plus net en ce qui concerne les trouvailles isolées et les monnaies de fouilles avec 53,3 % du total, les trois autres catégories se répartissant de façon à peu près harmonieuse. On note aussi la place très importante des monnaies royales dans les trésors, avec une diminution de l’ordre des deux tiers pour les trouvailles isolées. Lors du tri qui s’opère pendant la phase de constitution du trésor, la monnaie royale a, semble-t-il, beaucoup de succès. Deux grandes explications entrent en ligne de compte. C’est une monnaie utilisable sans difficulté dans toute l’étendue du royaume et elle bénéficie d’un a priori plus favorable en période de crise que la monnaie bretonne. Les Bretons doivent se douter que quand le roi diminue le titre de sa monnaie, le duc le fait également et peut-être encore plus fortement. À ces raisons positives s’en ajoutent d’autres fondées sur l’expérience des temps récents : dans les années 1360, le souvenir de la mauvaise monnaie du temps de guerre reste très vivace. C’est encore plus durable pour l’or puisqu’on ne connaît qu’une trouvaille de monnaie d’or bretonne dans le duché. Il s’agit d’un florin de Jean V, émis à Nantes, trouvé à Saint-Christophe-des-Bois. Les découvertes de monnaies d’or royales sont par contre nettement plus nombreuses.
6Parallèlement à ces données globales, il faut se tourner vers les monnaies isolées et de fouilles pour aborder l’usage de la monnaie au jour le jour. Quand elles sont convenablement décrites, elles apportent des détails intéressants sur l’utilisation quotidienne des espèces. En Bretagne, entre 1364 et 1442, la répartition s’établit comme suit :
Tableau 81. Répartition par valeur des monnaies isolées. Source : Corpus des trésors, des monnaies isolées et de fouilles.

7Les trois groupes sont d’importance égale, et on constate le même phénomène dans la Normandie lancastrienne, avec d’ailleurs quasiment les mêmes chiffres (20 monnaies noires pour 18 monnaies blanches)2. Il faut donc écarter l’idée d’une circulation quotidienne uniquement composée de pièces noires, deniers et doubles. Les monnaies de plus forte valeur servent aussi à l’usage quotidien, de même que l’or, bien que la classification de ces espèces soit plus délicate. Nous ne disposons pas, à notre connaissance du moins, de relevés de troncs comme ceux qui ont pu être utilisés par M. Bompaire et A. Guerreau pour approcher le problème grâce à des données significatives3. Le grand nombre de jetons découverts indique qu’ils font aussi partie de la vie quotidienne à partir des années 1360. Ils sont plus difficiles à analyser que les pièces car les descriptions sont rarement détaillées. En particulier, il ne faut utiliser les mentions de jeton ou de jeton de nuremberg qu’avec prudence dans la mesure où ce sont des objets qui ont été produits jusqu’au xviiie siècle, et même au-delà, et qu’il est difficile de les dater précisément. Instruments de comptabilité sans valeur intrinsèque ni fiduciaire, ils ne sont pas recherchés très longtemps par ceux qui les égarent. On peut malgré tout se demander s’ils ne servent pas dans la vie quotidienne comme petite monnaie. Rien ne permet de l’affirmer, mais le phénomène est attesté plus tard4. En tout état de cause, ils commencent à être utilisés en nombre à la fin du xive siècle, peut-être comme monnaie, au moins comme outil. Le cas de Rennes est particulièrement intéressant car, si l’on écarte les jetons mal décrits ou regroupés sous le terme générique de jetons de Nuremberg, il en reste tout de même cinq qui peuvent être datés du xive et du xve siècle5.
Tableau 82. – Répartition par origine des monnaies isolées6. Source : Corpus des trouvailles isolées.

8Le tableau n° 82 fait apparaître la place prépondérante des espèces ducales dans la circulation quotidienne, preuve de leur bonne qualité et du travail efficace des changeurs. Mais avec des chiffres plus importants que pour les monnaies isolées, les trésors permettent une approche plus fine de la situation. Parmi les espèces bretonnes, le gros à l’écu heaumé est celle qui a le plus de succès auprès des thésauriseurs dans les années 1360-1370. Il apparaît dans la plupart des trésors et représente un peu plus de 65 % des monnaies indigènes7. Ce phénomène est confirmé par son abondance relative sur le marché numismatique, parmi les monnaies de cette époque. Les autres pièces se partagent le reste du groupe, mais leur petit nombre ne permet pas de tirer de conclusions significatives. Par la suite, le blanc aux hermines domine dans les trésors, complété par des monnaies étrangères et surtout royales. Avec 45 % de la masse monétaire globale, ces dernières forment un groupe non négligeable. Les espèces d’argent à succès sont peu nombreuses. On trouve essentiellement les gros du xiiie et du xive siècle, de bonne qualité (Louis IX) ou prétendue telle (ses successeurs), qui gardent les faveurs du public. Le blanc au K de Charles V, émis dans les années 1365-1385, occupe aussi une place de choix et il est présent dans tous les grands trésors du règne de Jean IV, à Saint-Pol-de-Léon, Vannes II bis, Josselin, Guérande, mais aussi à Duault et Saint-Herblon (1417-1422). Les guénars et florettes se retrouvent à Duault, Saint-Herblon, Dol, Lamballe V, mais les monnaies de la France anglaise sont plus discrètes, et ne figurent qu’à Fougères II et Saint-Méen II.
L’or
9La circulation de la monnaie d’or est plus facile à appréhender, du fait d’un meilleur pointage des trouvailles. La première constatation porte sur le grand nombre de monnaies découvertes en Bretagne, qui concernent la période 1365-1442 et qui se répartissent de la façon suivante, pour les monnaies clairement identifiées :
Tableau 83. – Répartition des monnaies d’or royales découvertes dans les trésors (1364-1442). Source : Corpus des trésors.

10Si l’on s’en tient au nombre des occurrences, c’est sous Charles VI que l’on cache le plus de monnaies d’or, mais il faut corriger cette remarque par le dénombrement des mentions de monnaies qui favorisent Charles V. Dans ce phénomène, il est difficile de déterminer ce qui s’explique par un contexte plus ou moins agité, et ce qui relève d’une plus grande utilisation du métal jaune. La comparaison avec la Normandie voisine n’est pas possible, car il n’y a pas là assez de trouvailles répertoriées pour cette période8. On peut tout de même constater que le duché ne fait pas preuve d’originalité. Les monnaies d’or de Charles V et Charles VI sont très abondantes, tant sur le marché numismatique que dans les trouvailles monétaires9. Le nombre de pièces d’or trouvées isolément est plus surprenant10. Compte tenu de la forte valeur libératoire des monnaies d’or (au moins une livre), nous avons choisi de classer ces monnaies isolées dans les trésors11. À Bain, on ne compte pas moins de trois trouvailles, bien séparées dans le temps (1859, 1862 et 1898), ce qui laisse penser à un trésor découvert pièce après pièce. Les descriptions ne sont pas suffisamment détaillées pour trancher, il en va de même à Vertou. Il reste malgré tout dix cas de monnaies d’or isolées. L’habitude de les coudre dans les doublures, ou de les porter sur soi, amenait lors des lessives, ou par suite de l’usure, à perdre ces monnaies au même titre que les pièces d’argent. Elles montrent la même répartition que les pièces trouvées en trésor12. Comme dans le cas des monnaies d’argent isolées ou des trésors marins, les monnaies étrangères sont mieux représentées, pour les mêmes régions (Flandre, Angleterre, Péninsule Ibérique). Il faut aussi relever le seul florin de Jean V découvert en Bretagne. Le fait qu’il s’agisse d’une monnaie isolée, découverte sous un chemin, révèle que ces pièces ont circulé dans le duché, mais probablement très peu de temps et en petite quantité.
11Le trésor de Vannes I mérite une étude détaillée. Il a été trouvé dans les ruines d’une ancienne construction incendiée, hors les murs, signalé lors de la réunion de la Société Archéologique de Nantes du 5 juillet 1870, et publié par M. de Closmadeuc dans le Bulletin de la société polymathique du morbihan de la même année13. Il compte une soixantaine de pièces en or bien conservées, dont celles de Philippe VI, Jean le Bon et Charles V forment l’essentiel. Il a été enfoui vers 1365-138514. Le nombre, la variété et la valeur des pièces (plus de 60 £) en font une trouvaille de premier ordre. Sa composition indique un trésor d’économies, aux monnaies soigneusement triées et amassées sur le long terme. L’écart entre la plus ancienne, le royal de Philippe VI (1328) et la plus récente, le royal de Charles V (1365), est de l’ordre d’une quarantaine d’années, soit une vie humaine. La présence d’une monnaie rare, comme le splendide ange d’or15 de Philippe VI qui n’a été émis que du 27 janvier au 4 février 1341, laisse imaginer une épargne accumulée sur le long terme, avec des possibilités d’accès aux toutes dernières monnaies royales, ainsi qu’aux monnaies étrangères, comme le prouvent le florin et les monnaies anglaises. Comme c’est le cas pendant toute la période, les monnaies féodales sont discrètes, et le royal16 de Charles le Mauvais a très bien pu être confondu avec celui de Charles V. On note enfin l’absence de monnaies bretonnes, royal ou franc à cheval de Charles de Blois. La localisation du dépôt autorise à l’attribuer à un riche marchand, en contact avec le royaume et l’étranger, ce qui n’a rien de surprenant pour une cité commerçante comme l’est Vannes au xive siècle. La présence dans cette ville de deux autres trésors de cette période ne s’explique pas. Nous espérions pouvoir les mettre en rapport avec un événement dramatique et bien daté, comme à Saint-Pol-de-Léon en 137517. Mais rien dans l’histoire de la ville dans les années 1370-1380 ne justifie trois trésors, à moins que les chroniques n’aient pas gardé trace de quelques faits grave, ce qui serait surprenant.
12Les mentions de monnaies d’or dans les textes confirment ce que nous apprennent les trésors, avec toutefois plus de précision chronologique.
Tableau 84. – Les mentions de monnaies d’or dans les textes (1365-1385). Sources : comptes et registres de chancellerie18.

13Nous arrêtons le tableau en 1385, lorsque l’écu de Charles VI remplace le franc de Jean le Bon et Charles V. Le franc domine les transactions, mais le tableau ne restitue pas une évolution. Alors qu’avant l’exil du duc (1373-1379), l’écu est majoritaire, il est ensuite rattrapé et dépassé par le franc entre 1380 et 1385. Le mouton et le royal sont essentiellement présents dans la décennie 1360, et disparaissent ensuite. Le florin est discret, mais présent. Certains documents indiquent l’utilisation simultanée de plusieurs espèces différentes. Dans les dépenses de voyage de la duchesse Jeanne de Navarre, entre juin et septembre 1386, on note par exemple des paiements en florins (1140), en francs (1000) et en moutons (400)19.
Tableau 85. – Les mentions de monnaies d’or dans les textes de 1386 à 1416. Sources : comptes et registres de chancellerie.

14Créé en 1385, l’écu de Charles VI n’apparaît à Lamballe qu’en 1387. Jusqu’en 1403, les francs dominent largement. La parité entre les deux monnaies s’établit en 1404-1405, et à partir de 1406 les écus supplantent les francs, même si ceux-ci réapparaissent ensuite régulièrement dans la documentation. Le royal disparaît totalement de la circulation, mais le flourence d’or continue à figurer dans les comptes20. On relève aussi quelques mentions de nobles anglais, mais toujours dans de petites proportions. L’impression générale qui ressort de l’étude des textes est que l’usage de l’or s’intensifie avec le temps, mais que la Bretagne accuse un certain retard quant aux nouvelles espèces royales. On sent les comptables attachés au franc, et méfiants vis-à-vis du nouvel écu. Comme on peut s’y attendre, la monnaie d’or bretonne est totalement absente des textes, ou du moins, si les appellations florin et mouton recouvrent les pièces de Jean V, elle reste largement minoritaire.
Les monnaies féodales et étrangères
15Les monnaies féodales sont relativement peu représentées21. Leur circulation n’est pas sûre en dehors de la principauté émettrice, la qualité de l’aloi peut difficilement être connue, et les raisons qui poussent à thésauriser les monnaies royales jouent ici à l’envers. Par contre, elles s’insèrent bien dans la circulation quotidienne. Il faut dire qu’au xve siècle les principautés qui battent monnaie sont peu nombreuses, et les seules à être représentées de manière significative dans les trésors bretons sont l’Aquitaine et la Bourgogne. La Provence est absente, mais on trouve une monnaie d’or du Dauphiné, de Louis II (XI). Mieux représentées dans les trésors, les monnaies étrangères circulent à part égale avec les précédentes. Avec 11 mentions, les Iles Britanniques et la Flandre dominent le lot. Cette dernière principauté est favorisée par le gros au lion, qui connaît un grand succès en Occident et qui s’insère d’autant mieux dans la circulation bretonne qu’il a été copié par Jean IV et Charles de Blois22. Il faut cependant relativiser la part des monnaies flamandes, tout comme celle des monnaies anglaises, car elles sont en grande partie liées à la circulation monétaire de la guerre de Succession. Elles disparaissent presque totalement après 1370. On remarque enfin des monnaies ibériques et hanséates, en moins grand nombre. Pour ce qui est des monnaies étrangères, la différence observée entre les trésors et les monnaies isolées et de fouilles s’explique comme on l’a vu par l’efficacité des changeurs qui ne laissent pas en circulation les monnaies exogènes.
16Caractéristique des régions côtières, les trésors marins appellent une approche différente. Si l’on part du principe que ces monnaies ont été perdues par des marins, ou tout au moins des hommes vivant quotidiennement au contact de la mer, elles donnent une meilleure idée du commerce international et relèvent plus du groupe des monnaies isolées que des trésors. Nous possédons trois trouvailles de ce type, Crozon, Douarnenez, Plouguerneau, toutes découvertes dans le Finistère. Les datations sont relativement difficiles à établir : à Douarnenez, on découvre en 1929 une monnaie d’or d’Edouard III. À Plouguerneau, c’est la bourse d’un marin qui est retrouvée lors de fouilles sous-marines23. Elle contient 8 monnaies et fragments, dispersés sur une aire de 15 cm de diamètre, dont deux monnaies de Jean V des années 1420, un blanc au polylobe de Nantes ou Morlaix, et un double aux trois mouchetures dans un trilobe, de Nantes. La trouvaille comprend aussi six pièces castillanes, de Henri III (1390-1406) ou Henri IV (1454-1474) des ateliers de Cuenca, Séville, peut-être Tolède et Burgos. Enfin, la trouvaille inédite de Crozon, découverte en 1996 ou 1997, offre un ensemble de monnaies royales de Philippe IV le Bel et de Philippe VI, un blanc à l’hexalobe de Jean IV, d’atelier illisible, un blanc à la targe de Dinan, un demi-blanc à la targe de Nantes et un double aux 3 hermines dans un trilobe, d’atelier illisible. On y trouve aussi deux monnaies étrangères, un gros au lion de Louis II de Male (1346-1384) et un autre de Thierry de Heinsberg (1336-1361). Le trésor n’est probablement pas complet et peut être daté des années 1430. Comme on le constate, la précision n’est pas toujours au rendez-vous des descriptions, mais ces ensembles permettent tout de même quelques observations.
17La Bretagne y apparaît correctement représentée, avec six des dix-huit monnaies. Ce n’est pas surprenant du fait de la localisation de ces trésors en Basse-Bretagne. De plus, ces derniers relèvent du domaine des bourses perdues, et l’on sait que la monnaie locale y est toujours bien représentée. Les neuf pièces étrangères évoquent immédiatement le grand large et les relations commerciales. Il est tout à fait intéressant de remarquer qu’elles correspondent aux destinations privilégiées du commerce breton médiéval, la Flandre, l’Angleterre et la péninsule Ibérique. Les marins ont toujours été de grands pourvoyeurs de monnaies étrangères, et ce d’autant plus que les liaisons sont régulières. On comprend assez bien que le marin de l’épave de l’Aber-Wrac’h ne change pas ses pièces, parce qu’il sait pertinemment qu’il va perdre de l’argent dans l’opération, alors qu’au prochain voyage il pourra s’en resservir sur place. Les monnaies royales ne sont présentes qu’à Crozon et en petit nombre (3). Ces trois découvertes apportent donc une autre vision de la circulation monétaire, plus marquée par le commerce, et complémentaire de celle qu’autorisent les trésors et les monnaies isolées.
Diffusion de la monnaie bretonne
18La cartographie des trésors et des monnaies isolées en Bretagne montre des changements importants par rapport à l’époque des Dreux. Elle fait apparaître une répartition plus harmonieuse qu’à la période précédente, même si l’intérieur du Léon, de la Cornouaille et du Vannetais sont moins bien couverts. Il faut rattacher cette situation à une démographie plus faible de régions pauvres24.
Répartition des trésors.

Diffusion des monnaies isolées.

19La carte de répartition des monnaies isolées et de fouilles reproduit la précédente, et accentue même les zones de plein et de vide. On remarque en effet le poids significatif de la Haute-Bretagne et des côtes, alors que l’on retrouve les mêmes régions défavorisées qu’aux xie-xiie siècles. Il faut tout de même avoir à l’esprit l’effet déformant du travail des sociétés savantes du xixe siècle. Les nombreuses recensions d’Ille-et-Vilaine sont autant le reflet d’une monétarisation plus forte de l’économie que de la curiosité des membres de la Société Archéologique. La superposition des deux cartes n’en met pas moins un peu plus en valeur la « Bretagne du vide ».
20Les témoignages de la présence de monnaies bretonnes dans le royaume sont particulièrement nombreux au xve siècle. La carte de dispersion des trésors qui en contiennent est particulièrement parlante. Dans les années 1417-1422, elles apparaissent en Normandie, mais en assez petit nombre25. J.-C. Moesgaard constate qu’elles sont malgré tout plus fréquentes que les monnaies bourguignonnes ou delphinales. La situation change radicalement après la crise. Le blanc à l’hexalobe prend la place du niquet, et il est particulièrement fréquent dans la région de Dieppe. C’est d’ailleurs la monnaie d’argent qui a le plus de succès, avec 274 occurrences dans les dépôts où les types sont détaillés et dénombrés26. L’auteur explique ce phénomène par le soulèvement du Pays de Caux, facteur de nombreux enfouissements. Il faut y voir aussi la traduction des relations maritimes entre les ports bretons et normands. Au milieu des années 1430, les targes prennent le relais des blancs à l’hexalobe, dont l’approvisionnement est désormais rompu par suite de la fin des émissions de ce type. Les monnaies d’or suivent la même route, mais dans un registre moins élevé, ce qui est compréhensible. On compte, en effet, 29 florins de Jean V dans le trésor de la Lucerne-d’Outremer (Manche) et un dans le trésor d’Ecorche (Orne). Nous ne pouvons que regretter la description sommaire du trésor de Pontvallain (Sarthe), enfoui vers 1422 : il contenait des florettes bretonnes à côté de florettes et de guénars de Charles V et Charles VI, et il aurait permis d’éclairer la façon dont les imitations ducales se glissent dans la circulation du royaume. Si les monnaies de la guerre de Succession ont disparu en Bretagne, ce n’est pas le cas ailleurs et on trouve des monnaies de Charles de Blois et de Jean de Montfort (1345-1364) à La Ferté-Imbault (36 sur 413), Goincourt (1 sur 123), et même d’Arthur II à Metz et Taillebourg.
Trouvailles de monnaies bretonnes hors de Bretagne.

Les effets de la crise
21Deux trésors bretons seulement sont précisément datés de la période 1417-1422, à Duault et Saint-Herblon, mais le premier est mal décrit. Ils comprennent des blancs au K de Charles V, des monnaies bretonnes anciennes, comme 74 gros et demi-gros à l’écu heaumé à Duault, mais surtout des guénars et des florettes royaux. Une demi-plaque de Philippe le Bon est la seule monnaie étrangère de l’ensemble. Faute de trouvailles bretonnes en nombre suffisant, il faut encore se tourner vers la Normandie voisine, dont la situation est bien connue en raison de la guerre et des nombreux enfouissements qu’elle provoque. Pendant la crise, les pièces bretonnes représentent une part importante de la masse monétaire de cette région, car elles sont très présentes dans les trésors, ce qui atteste de leur succès, mais aussi de l’importance des frappes27. Par exception, nous possédons un témoignage littéraire de leur circulation. Le Bourgeois de Paris nous apprend dans son journal qu’à la date du 9 décembre 1424
« couraient blancs de huit deniers parisis, petits blancs aux armes de France et d’Angleterre, et couraient niquets et noirets, quatre pour un niquet, trois niquets pour un blanc ; et si avait très grande foison de blancs de huit deniers aux armes de Bretagne, dont plusieurs marchands, bourgeois et autres qui en avaient, furent trompés, car soudainement, fut publié qu’ils ne couraient plus que pour sept deniers parisis. Ainsi perdirent tous ceux qui en avaient la huitième partie de leur pécune28 ».
22Il s’agit très certainement du blanc à l’hexalobe, abondamment frappé après la crise, à moins que ne circulent encore des blancs au champ semé d’hermines.
23La crise a des répercussions sensibles sur la circulation de l’or. De même qu’après 1423 on ne trouve plus de mention de francs dans les comptes de la châtellenie de Lamballe29, de même les monnaies d’or disparaissent de la comptabilité de Moncontour durant cette période, en particulier de janvier 1420 à janvier 1421. Il faut attendre 1422 pour voir réapparaître les écus dans les diverses recettes ducales, mais la situation ne redevient normale qu’à la fin de la décennie30. L’or reste aussi en partie surévalué en Bretagne, comme s’en plaint Jean V le 12 février 1425. En effet, dans les comptes de Lamballe de 1420-1422 et 1422-1423, le moutonnet est légèrement surévalué, estimé à 13 s 4 d, mais il reste à un cours très proche de son cours d’origine de 12 s 10 dt. En juillet 1422, l’écu vaut à nouveau 22 s 6 dt31. Il ne faut donc pas forcément noircir la situation. En 1427, la monnaie bretonne est réévaluée, et le blanc est ramené de 15 à 6 d32. S’ouvre alors une longue période de stabilité monétaire, qui se poursuit jusqu’aux années 1460.
De François Ier à Anne de Bretagne (1442-1491)
24L’étude de la circulation des monnaies de François II et Anne est compliquée par l’absence de trésors bien datés et bien décrits, et de plus, les monnaies de la duchesse sont surtout présentes dans les trésors postérieurs à son mariage avec Charles VIII, ce qui ne va pas sans poser des problèmes d’interprétation. Il nous a donc fallu traiter la situation dans son ensemble, sans vraiment pouvoir mettre en valeur les ruptures chronologiques. Ces contraintes obligent le plus souvent à raisonner par mention, et non par comptage33. En ce qui concerne les trésors dépassant la date de 1491, les monnaies de Louis XII ont été gardées pour ne pas fausser les statistiques, mais toutes les trouvailles qui renfermaient des monnaies de François Ier, roi de France, ont été écartées. Les monnaies flamandes au nom des ducs de Bourgogne ont été classées avec les monnaies féodales.
La circulation générale
25Les problèmes liés à la description des trésors bretons apparaissent clairement dans le tableau qui suit, où les mentions sont plus nombreuses que les monnaies, fait révélateur de la négligence des inventeurs. La crise de 1417-1422 a chassé les pièces anciennes qui circulaient encore, et il n’y a qu’une mention de monnaie de Charles de Blois et deux de Jean IV (et encore la confusion est-elle possible entre ses monnaies et celles de son successeur). Comme il fallait s’y attendre, les monnaies de Pierre II et d’Arthur III sont quasiment inexistantes, et les pièces de François II forment l’essentiel de la circulation. La duchesse Anne n’est pour ainsi dire pas représentée, et il est difficile de savoir si les monnaies qui lui sont attribuées sont de 1488-1491 ou de 1498-1499.
Tableau 86. – Les monnaies bretonnes dans les trésors bretons (1442-1515). Source : Corpus des trésors.

Tableau 87. – Les monnaies royales dans les trésors bretons (1442-1515). Source : Corpus des trésors.

26Si le nombre de mentions reste cohérent par rapport à celles de la monnaie bretonne, les monnaies royales sont surreprésentées en nombre en raison de la bonne description du trésor de Visseiche (1505), où elles sont massivement présentes. On constate cependant qu’elles occupent une place importante en Bretagne et que le duché n’arrive pas à en limiter l’entrée. Il faut noter l’absence de monnaies de la France anglaise, qui sortent rapidement de la circulation après 1442. Si l’on écarte le trésor de Glomel II qui explique la présence de l’essentiel des monnaies royales du xive siècle, on constate aussi que la crise entraîne la disparition des espèces françaises frappées avant 141734. Un comptage réalisé uniquement sur les monnaies des trésors enfouis avant 1491 donne les mêmes résultats, la Bretagne étant mentionnée 17 fois et le royaume 20.
Tableau 88. – Les monnaies isolées en Bretagne (1442-1499). Source : Corpus des trésors.

27Les découvertes de monnaies isolées appellent les mêmes observations, mais avec un léger renforcement de la part des espèces bretonnes. La circulation monétaire quotidienne en Bretagne est dominée par les monnaies ducales et royales, auxquelles se mêlent quelques pièces bourguignonnes. Les étrangères sont quasiment absentes, à l’exception de monnaies espagnoles et portugaises. François II, malgré une politique monétaire volontariste, ne réussit donc pas à endiguer l’invasion de la monnaie du roi. Les monnaies féodales35 pénètrent également en Bretagne, assez nombreuses et caractéristiques de la situation politique du royaume à la fin de la guerre de Cent Ans. Si l’on écarte une monnaie de Saint-Martin-de-Tours, on ne trouve en effet que les pièces des grands princes.
Tableau 89. – Les monnaies féodales dans les trésors bretons (1442-1515). Source : Corpus des trésors.


28Les monnaies des territoires bourguignons arrivent en tête, en particulier les espèces de Flandres, reflet des liens commerciaux avec cette région depuis le début du xive siècle. Les autres sont celles des princes du royaume et des régions périphériques, le Dauphiné étant avantagé par le fait que ses monnaies circulent en même temps que la monnaie royale. La présence de monnaies savoyardes est confirmée par quelques monnaies italiennes, ce qui ne saurait surprendre en raison de l’établissement à Nantes dans le courant du xve siècle de marchands originaires de la péninsule. Cette ventilation des espèces se retrouve dans les listes de monnaies dressées à la fin du xve siècle.
29Il en va ainsi de la table de change de 1490, à ceci près que les plaques, qui y sont mentionnées, ainsi que dans un mandement de la fin des années 1450, n’apparaissent pas dans les trésors, à moins que ce ne soit sous le terme générique de monnaies de Flandre. Le cours inchangé des doubles et des deniers prouve qu’ils ont une valeur fiduciaire. Il s’agit du type à l’hermine passante, mais aussi de toutes les autres petites monnaies acceptées avec cette valeur, comme en témoigne un denier de Saint-Martin-de-Tours dans le trésor de Bréhand.
Tableau 90. – Table de change des monnaies d’argent. Sources : ALA B 12, f° 103-104, et Kerhervé, L’État breton…, p. 190.

Tableau 91. – Les monnaies étrangères dans les trésors bretons (1442-1515). Source : Corpus des trésors.


30Reflet d’un commerce maritime de plus en plus ouvert, les monnaies étrangères confirment ce que la période précédente laissait entrevoir. Les navires bretons circulent de la Mer du Nord à l’Adriatique36. Il faut faire des monnaies rhénanes un groupe à part. Il s’agit pour l’essentiel de monnaies d’or de faible aloi, qui envahissent au xve siècle la circulation monétaire occidentale37.
31Quant aux monnaies bretonnes découvertes dans les trésors étrangers, elles confirment les conclusions précédentes et mettent également en relief l’importance des relations commerciales avec les pays de la façade atlantique et de la Mer du Nord. Des monnaies bretonnes sont attestées en Allemagne, au Luxembourg et plus encore dans le grand espace économique des Pays-Bas bourguignons. Au chapitre de l’or, on remarque la découverte d’un demi-florin au cavalier de François II à Monheim, près de Düsseldorf, et d’un florin du même duc à Herrenthals38. À part une glose, nous ne savons rien de la première découverte39.
Tableau 92. – Les monnaies bretonnes dans les trésors étrangers de la fin du M oyen Âge. Source : Corpus des trésors.

Note 11
32Par contre, la seconde est mieux connue. Il s’agit d’un trésor de 225 monnaies d’or et 22 d’argent, enfoui vers 158040. La pièce bretonne est très usée et la légende se limite à quelques éléments, preuve d’une longue circulation. Les trésors montrent le succès des blancs à l’hexalobe et des targes de Jean V qui courent encore à la fin du xve siècle. Les monnaies de François II circulent aussi, et pour certaines arrivent assez rapidement à l’étranger si l’on en juge par leur présence dans les trésors de Nederheim et Horion-Hozémont. Les ateliers sont variés et indiquent une circulation monétaire aérée, qui n’est pas limitée aux abords de l’atelier.
L’or
Tableau 93. – Les monnaies d’or découvertes en Bretagne (1442-1499). Source : Corpus des trésors.

33L’or reflète un autre aspect du problème, plus révélateur du grand commerce que pour la monnaie d’argent. Force est de constater la rareté de la monnaie bretonne. Si l’on met à part la soi-disant découverte d’une monnaie d’or de Pierre II signalée par Lecoq-Kerneven, le répertoire actuel des florins et demi-florins au cavalier de François II s’élève à huit mentions, dont trois pour la Bretagne, trois pour la France et deux pour l’étranger41. Par contre, avec un total de 14 occurrences, les monnaies royales arrivent largement en tête des découvertes, les États bourguignons de Philippe le Bon en fournissant deux, comme le Dauphiné. L’Europe rhénane est citée trois fois, et l’Angleterre, la Hongrie, Venise et l’Espagne fournissent en tout cinq mentions. Il n’y a donc aucune différence entre les pièces d’or et la circulation monétaire en général, à l’exception de la petite place qu’occupent les « cavaliers » de François II. Cela s’explique par la discrétion des frappes, aggravée par l’abondance de monnaies royales dont les émissions sont bien plus importantes et plus fréquentes. Cependant, les actes du pouvoir et de la vie quotidienne sont très riches d’informations et permettent de compléter la documentation. Ils confirment que de 1442 à 1458, la monnaie royale domine la circulation et montrent que les monnaies se répartissent entre royaux, saluts, écus et écus neufs42, fait qui ressort également du décompte des monnaies détaillées par le testament de Pierre II.
Tableau 94. – Les mentions de monnaies d’or employées dans les actes entre 1442 et 1458. Sources : Duplessy, Les monnaies…, registres de chancellerie et comptes.

Note 11
34Les sources écrites posent un problème épineux car elles différencient rarement les écus, et en particulier l’écu royal de son homologue breton. Il faut en tenir compte dans l’analyse des textes et des tableaux, et savoir que cette mention cache deux réalités que nous ne pouvons appréhender que difficilement. Dans l’ensemble, écus, royaux et saluts s’équilibrent, avec une préférence des usagers pour l’écu. L’écu neuf est peu employé, mais de plus en plus au fur et à mesure que le temps passe. À l’exception de cette dernière pièce, ce sont ces monnaies que l’on trouve dans le testament de Pierre II, avec des proportions différentes, qui correspondent à ce que le duc a dans ses coffres à ce moment-là43. Après la crise en effet, l’écu d’or est régulièrement frappé de janvier 1423 à 1427. En 1436, l’écu neuf le remplace jusqu’en 1457. Le royal et le salut sont émis respectivement en 1429-1431 et 1433. Dans le cas du salut, le modèle de Charles VII est rare alors que celui de Henri VI, émis en 1423, est abondant, et c’est probablement celui qui circule en Bretagne44. Notons enfin, à côté des monnaies, le don d’un marc d’or pour le rachat d’une seigneurie, signe que le métal en lingot sert encore au xve siècle45.
35La situation évolue sensiblement de 1458 à mars 1466, date de la frappe du florin au cavalier de François II.
Tableau 95. – Les mentions de monnaies d’or employées dans les actes (1458 et 1466). Sources : Duplessy, Les monnaies…, registres de chancellerie et comptes.

Note 11
36Si les écus confirment leur bonne place dans le classement des monnaies d’or, les écus neufs ont du mal à s’imposer. Les royaux diminuent sensiblement, et leur quasi-disparition s’annonce à la fin de la période, tout comme pour les saluts qui ne font que deux apparitions résiduelles. Le franc n’est cité qu’une fois. Le problème d’identification des espèces, patent avec l’écu, se complique après la frappe du florin au cavalier de François II, car il est difficile de savoir si les textes qui parlent des royaux évoquent le royal en tant que pièce distincte, ou la monnaie d’or royale en général, par opposition à la monnaie bretonne.
Tableau 96. – Les mentions de monnaies d’or employées dans les actes (1466-1475). Sources : Duplessy, Les monnaies…, Grierson, Monnaies du Moyen Âge, p. 273, registres de chancellerie et comptes.


37Entre la date de la première émission attestée du florin au cavalier de François II et celle de l’écu au soleil de Louis XI, la situation n’évolue guère. Par contre, deux actes mentionnent des monnaies qui ne figurent habituellement pas dans les mandements ducaux, comme les ducats vénitiens, les nobles anglais, les florins du Rhin, les monnaies frappées à Tournai et les ridders bourguignons. Ces mentions confirment ce que nous apprennent les trésors sur l’existence de ces pièces « exotiques » et leur place restreinte dans la circulation monétaire.
Tableau 97. – Le paiement d’Yvon de Quélen à son oncle G uillaume le 3 avril 147146. Sources : ADM 31 J 285, et Kerhervé, L’État breton…, p. 189.

38Le paiement détaillé ci-dessus permet de se faire une idée un peu moins sèche de ce que les comptables médiévaux ont dans leurs caisses. Il faut noter qu’ils font bien la différence entre le noble léger, émis de 1412 à 1464, et le noble à la rose postérieur à la réforme de 1464-1465 et plus lourd47.
Tableau 98. – Les mentions de monnaies d’or employées dans les actes (1475-1491). Sources : registres de chancellerie et comptes.

39Entre 1475 et 1491, l’écu s’affirme comme la monnaie d’or la plus employée, laissant loin derrière les autres valeurs. L’écu neuf disparaît presque et se place au même niveau que les saluts, les francs et les royaux, au chapitre des monnaies désaffectées. Les bourguignonnes et anglaises restent toujours aussi discrètes. Par contre, la grande nouveauté est l’apparition dans les comptes de pièces d’or bretonnes telles que le florin (6 mentions) et l’écu (1 mention), dans une proportion confirmée par les trésors, c’est-à-dire loin derrière les monnaies royales. Notons aussi l’ambiguïté des comptables qui utilisent sous un même vocable francs, écus et royaux, parce qu’ils ont la même valeur fiduciaire48, et il devient dès lors difficile de préciser la place de chacun d’entre eux. Seuls les inventaires occasionnels permettent de mieux détailler les pièces, comme c’est le cas pour ceux de Julien Thierry, riche bourgeois et serviteur de l’État, entre 1489 et 1491, quand il prête de fortes sommes à la duchesse Anne. Les listes de trois versements sont parvenues jusqu’à nous et nous renseignent précisément sur la situation de la circulation monétaire à l’extrême fin de la période ducale.
Tableau 99. – Les emprunts de la duchesse A nne à Julien Thierry (1489-1491). Source : Pocquet du Haut-Jussé, « Les emprunts de la duchesse Anne à Julien Tierry », AB, 1962, p. 269-293.


40L’image n’est pas tout à fait conforme à ce que nous venons de voir, et on ne peut que regretter l’absence de séparation entre les écus bretons et ceux du roi, et l’incertitude qui entoure les florins ducaux pose le problème de l’identification. Il doit s’agir en 1489 du florin au treff sur lequel nous n’avons que très peu de renseignements. La première différence par rapport au tableau précédent tient à la rareté des écus, que ce soient les écus vieux, neufs ou au soleil alors que l’on sait qu’ils représentent l’écrasante majorité de la circulation de métal jaune à cette époque en Bretagne comme l’atteste l’étude des textes et des trésors. En parallèle, certaines espèces sont surreprésentées, comme les ducats, saluts, postulats, angelots et les florins d’Utrecht. Ces pièces reflètent en premier lieu l’horizon commercial de Julien Thierry. Mais en homme d’affaires avisé, il se débarrasse d’abord des pièces étrangères ou de titre bas, et se réserve les monnaies de bonne qualité et faciles à placer dans la vie quotidienne. De ce point de vue, la place des monnaies d’Utrecht est significative avec 13,5 % de florins et 20,4 % de postulats, auxquels on peut sans doute rajouter les florins au monde et au Saint-André (1,6 %), soit un peu plus du tiers de l’ensemble. Ces monnaies sont bien présentes dans les trésors, mais en petit nombre, alors qu’elles font partie de la vie quotidienne des hommes d’argent, si l’on en croit la découverte en fouilles dans les déblais de Tonquédec d’un jeton au type des florins rhénans49. On s’attendrait à trouver des ridders bourguignons, mais il faut croire qu’à cette époque ils ont cessé de circuler en Bretagne.
Tableau 100. – Les tables de change (1488-1490). Sources : Kerhervé, L’État breton…, p. 188, ALA B 11 f° 133 et B 12 f° 103-104.

41Les tables de change des années 1488-1490 permettent de compléter la liste des pièces d’or et de vérifier les informations données par les différentes sources. La comparaison de tous ces documents résume la circulation de l’or en Bretagne à la fin du temps des Montforts. Sur 28 types de pièces détaillés, 25 % sont des monnaies royales, ce qui est caractéristique de leur présence quotidienne. S’il n’est pas surprenant d’y voir les écus couronne et au soleil, les francs sont plus étonnants car ils ne sont plus frappés depuis 142250. Les moutons et agnels n’y figurent pas, mais ils n’apparaissent plus non plus dans les comptes ni les trésors sous François II. Les espèces bretonnes viennent d’être émises à l’époque de la rédaction des tables51. Il ne peut pas être question du florin de Jean V et il ne peut s’agir que de ceux de François II et Anne. Les monnaies étrangères sont celles des régions avec lesquelles la Bretagne commerce, sauf les États du Rhin qui inondent la circulation de monnaies de mauvaise qualité. Les principautés sont présentes, Bourgogne, Savoie, Dauphiné, Foix et Guyenne, comme dans les trésors.
La situation au début du xvie siècle
42Enfoui vers 1505, le trésor de Visseiche est bien connu et permet de proposer un tableau de la circulation monétaire quatorze ans après la fin de l’indépendance. Il s’agit d’un ensemble de plus de 300 monnaies conservées dans un vase et découvertes en 1875 dans une maison52. 87 pièces sont détaillées, mais les proportions de l’ensemble ne sont pas connues.
43Les monnaies bretonnes ne sont que neuf, de Jean IV (1), Jean V (1), Arthur III (1) et François II (6). Il faut y voir l’illustration d’une refonte rapide des monnaies ducales, qui disparaissent ainsi de la circulation. La mesure est moins efficace que celle prise par Jean IV vis-à-vis des monnaies de Charles de Blois, mais nous pouvons tout de même penser que le pouvoir royal ne tient pas à voir subsister trop longtemps les témoins de l’indépendance des Montforts.
44Les autres monnaies féodales sont inexistantes, à l’exception d’un grand blanc de Jean II, duc de Bourbon (1459-1488), et de deux monnaies des dauphins Charles (1417-1422) et Louis (1440-1456). Les monnaies royales forment donc l’essentiel de la trouvaille, avec 30 pièces de Louis XI, 43 de Charles VIII et 11 de Louis XII. Les pièces émises par le roi en Bretagne sont représentées par quatre blancs, deux inédits de Nantes, un blanc à la couronne de Nantes et un autre de Rennes53. Les autres espèces fournissent un tableau assez remarquable des ateliers qui fonctionnent alors dans le royaume, sans que l’un l’emporte véritablement sur l’autre54. La carte de répartition fait cependant apparaître le poids de l’Ouest, en particulier celui des ateliers de Saint-Lô, Angers, Tours et La Rochelle, mais les échanges ne s’arrêtent pas là. Le sillon rhodanien est aussi représenté, surtout Lyon avec laquelle les Bretons sont en relation depuis plusieurs décennies, et on devine un axe de circulation en direction de Nantes, par l’intérieur via Bourges. Le commerce maritime est ponctué par des pièces de Bayonne, Bordeaux et La Rochelle au sud, et Saint-Lô, Rouen et Tournai au nord. Les monnaies étrangères sont absentes55. Il est possible que le contrôle de l’État sur la circulation soit désormais plus efficace.
Origine des monnaies du trésor de Visseiche.

45Les monnaies bretonnes ne disparaissent pas totalement de la circulation occidentale puisqu’on en retrouve dans les trésors jusqu’à la fin du xvie siècle, mais uniquement hors de Bretagne, à Longué56 (1552), Herrenthals (1580), Châtillon-en-Dunois57 (fin xvie siècle) et Fécamp (1596)58. Elles courent encore en juin 1640 puisqu’à cette date, Louis XIII décide de faire contremarquer d’une fleur de lis dans un grènetis les anciennes pièces de billon encore en circulation et de fixer leur valeur à un douzain, quelles que soient leur origine et leur époque. Deux collections privées abritent une targe de Jean V et un gros d’Anne (1488-1491) contremarqués. Le gros est rogné, ce qui n’est pas surprenant compte tenu du décalage chronologique et de la fiduciarité de cette pièce au xviie siècle. À l’inverse, en Bretagne, la présence des monnaies des Montforts dans les trésors ne dépasse pas le début du xvie siècle, confirmation de ce que nous apprend celui de Visseiche. Comme on retrouve des monnaies ducales au xvie siècle dans les trésors du royaume, on ne peut que conclure à la volonté politique délibérée de faire disparaître sur place le souvenir du temps de l’indépendance pour faciliter l’intégration de la nouvelle province.
*
46L’image de la circulation monétaire que nous donne la documentation est donc très cohérente. Le duché assure efficacement une production monétaire utile et ses monnaies s’imposent dans la vie quotidienne. Après 1364, Jean IV commence par éliminer les traces de la guerre de Succession, et en particulier les monnaies subsistantes de son adversaire, qui disparaissent très vite de la circulation. Dans le même temps, les espèces bretonnes trouvent leur place dans la vie économique, même si celles du roi continuent à occuper largement le terrain, et spécialement la monnaie d’or. La Bretagne subit la crise de 1417-1421, mais celle-ci ne semble pas avoir d’effet durable sur la masse monétaire. Sous François II, la situation ne change guère par rapport à la première moitié du siècle. La présence de plus en plus fréquente de pièces aux hermines dans les trésors étrangers, et en particulier en Europe du Nord, et l’utilisation en Bretagne de pièces provenant du même espace géographique, phénomène confirmé par les tables de change ducales, montre bien la réussite du commerce extérieur breton. Faute de trésors bien décrits et en nombre suffisant, il est difficile d’appréhender la situation à la fin du règne de François II et pendant le court règne de la duchesse Anne, même si se pose le problème de l’identification des écus mentionnés dans les documents financiers. Par contre, la quasi-disparition des espèces ducales dans les trouvailles bretonnes après 1491 révèle les effets d’une politique de suppression des symboles de l’indépendance du duché, corroborée par l’extrême rareté des monnaies émises par la duchesse reine en 1498-1499.
Notes de bas de page
1 Quand le nombre de pièces n’était pas précisé, nous en avons attribué arbitrairement 2 pour « des monnaies ». Dans l’ensemble, les mentions s’équilibrent, au moins pour ce qui est des monnaies royales et bretonnes.
2 Moesgaard, La circulation…, p. 34-36.
3 Bompaire, « Pour une histoire des monnaies noires », Mélanges Jean Favier, Brest, 1999, p. 349-371 et A. Guerreau, « La circulation des petites espèces à Mâcon (1510-1528) d’après les inventaires des collectes de l’indulgence pour la réparation du pont », Mélanges Jean Favier, p. 425-451.
4 À Mâcon au début du xvie siècle, ils représentent 6 à 7 % des monnaies noires. Guerre au, » La circulation des petites espèces… », p. 435.
5 Toulmouche, Histoire archéologique…, p. 123-143 : 2 jetons au type de l’agnel, trouvés dans la Vilaine ; PVSAIV (1844-1847), 1859, p. 53, 90 et 96 : 1 méreau frappé à l’imitation des monnaies de Jean le Bon et Charles VI ; 1 jeton de l’époque de Jean V, aux armes de Bretagne et qui porte en légende : JETEZ SANS FALLIR ; 1 méreau marqué de deux fleurs de lis et au revers d’une croix pattée.
6 Les chiffres ne sont pas identiques au tableau précédent car les descriptions ne permettent pas toujours d’intégrer les trouvailles dans l’un et l’autre, du fait d’une description insuffisante, comme « 1 gros » (sans origine), ou « 1 monnaie de Jean IV » (sans valeur).
7 Total des pièces : 349 monnaies dont 229 gros à l’écu heaumé.
8 Moesgaard, La politique…, p. 50-51.
9 Il suffit, pour s’en convaincre, de consulter l’index de Duplessy 2, p. 178.
10 Même si l’on tient compte d’une possible sous-déclaration des trésors, qui amène l’inventeur à ne signaler qu’une monnaie dans un lot plus important, le chiffre reste impressionnant. La méconnaissance de la législation en matière de trouvailles monétaires pousse certains inventeurs à ne mentionner qu’une pièce sur 20 ou 30, afin de connaître la valeur de l’ensemble, sans courir le risque de se faire confisquer la trouvaille par l’État. La loi prévoit, en effet, que l’inventeur garde la moitié de sa découverte, l’autre revenant au propriétaire du terrain.
11 Liste :Bain I, III et VI ; Bourg-Blanc ; Locronan ; Nantes II ; La Noë-Blanche ; Piré-sur-Seiche I ; Plédéliac III ; Plonéis ; Saint-Christophe-des-Bois ; Vertou I et II ; Rennes, fouilles, 4 exemplaires ; Landévennec. On peut y rajouter Lamballe III et Plougonvelin, qui comprennent chacun une monnaie d’or et deux monnaies d’argent.
12 Détail : Charles V : 1 franc à cheval ; Charles V : 1 franc à pied ; Charles V : 1 franc à pied ; Charles V : 1 monnaie d’or ; Charles VI : 1 agnel ; Charles VI : 1 écu d’or ; Henri VI : 1 salut d’or de La Rochelle ; Henri VI : 1 ange d’or ; Jean V : 1 cavalier de Jean V ; Louis II (XI) (1440-1446) : ½ écu d’or ; Louis II de Male : 1 monnaie d’or ; Edouard III : 1 quart de noble d’or frappé en 1363-1369 ; Jean II de Castille : 1 double d’or.
13 PVSAN 1870-1871, 5 juillet 1870, p. 79, et Closmadeuc, « Découverte de monnaies en or (xive s.) dans l’ancien terrain du Marché-au-Seigle (Vannes) », BSPM, 1870, p. 14-15, et Duplessy, Les trésors monétaires…, t. ii, n° 403.
14 Les descriptions permettent d’identifier : Philippe VI (1328-1350) : 1 royal d’or ; 1 écu d’or ; 1 ange d’or ; Jean le Bon (1350-1364) : 1 franc d’or ; Charles V (1364-1380) : 1 royal d’or ; Charles le Mauvais, roi de Navarre (1349-1387) : 1 royal ; Edouard III (1327-1377) : 1 noble et 1 demi-noble d’or, 1 florin (de Florence ?).
15 Duplessy 255.
16 Poey d’Avant 182.
17 Jean IV débarque en Bretagne avec les Anglais, en particulier Edouard, comte de Cambridge, au mois d’avril 1375. Ils se lancent dans une chevauchée, au cours de laquelle ils s’emparent de Saint-Mathieu, Saint-Pol-de-Léon (3 mai) puis Morlaix, Guingamp, etc. La signature d’une trêve le 27 juin, annoncée en Bretagne le 2 juillet, met fin aux hostilités. Jean IV rembarque en septembre pour l’Angleterre, après avoir rendu toutes les villes dont il s’était emparé. La Borderie, Histoire…, t. iv, p. 34-40.
18 Pour établir ce tableau et ceux qui concernent la période suivante, nous avons relevé systématiquement les mentions de monnaies d’or citées dans les registres de chancellerie (ALA B 1 à 13), les actes publiés (Jones pour Jean IV et Charles de Blois, Blanchard pour Jean V) ainsi que toutes les archives et tous les documents que nous avons consultés, selon les listes de sources manuscrites et publiées, données en annexe. Il nous a semblé que la publication de ces 40 pages de chiffres n’apporterait rien de très intéressant à ce travail, mais nous les tenons à la disposition des chercheurs qui en auraient besoin.
19 Dépenses du voyage de la duchesse Jeanne de Navarre, AIV 1 F 626, 1386.
20 Comme celui de Guillaume Moreau, receveur ordinaire de Nantes, AIV 1 F 626, f° 1.
21 Contrairement à la situation dans le royaume, dans les années 1350. Le roi ne peut que constater la circulation de monnaies anciennes, décriées et étrangères. La situation ne s’améliore pas dans les années 1430, Bompaire, L’atelier monétaire royal…, p. 290-292.
22 Carte dans « Bretagne et Flandre xive-xvie siècles », p.18.
23 Bompaire et Lhour, « L’épave de l’Aber-Wrac’h (Plouguerneau, Finistère). Une bourse de monnaies castillanes et bretonnes du xve s. », BSFN, juillet 1989, p. 629-632.
24 La carte de répartition des trésors de 1364 à 1442 s’accorde à peu près avec celle de la densité de la population dressée à partir de la réformation générale des feux de 1426-1430, Kerhervé, L’État breton…, p. 547.
25 Moesgaard, La politique monétaire…, p. 42 et 62-63.
26 Il est suivi par le blanc aux neuf hermines (33), la florette (20), la targe (11), le double (8) et le guénar (2), Corpus des trésors.
27 Ibid., p. 37.
28 Le journal d’un bourgeois de paris, éd. C. Beaune, p. 219, n° 417.
29 Chauvin, Les comptes…, p. 43.
30 Kerhervé, L’État breton…, p. 207.
31 Chauvin, les comptes…, p. 48-49.
32 Kerhervé, L’État breton…, p. 207.
33 Les monnaies du duc François Ier ont été arbitrairement classées avec celles de François II.
34 Il est regrettable que le trésor de Glomel II n’ait pas été mieux décrit car il est d’une grande variété chronologique et géographique. Il aurait donné une très bonne représentation de la situation à la fin du règne de François II.
35 À défaut d’un autre terme, nous conservons cette appellation peu adaptée à cette période, mais consacrée par l’usage.
36 Ce qui expliquerait la présence de monnaies hongroises.
37 Il s’agit des florins d’Utrecht, au monde et de Saint-André, etc. ; sur ces monnaies de bas aloi, Grierson, Monnaies du Moyen Âge, p. 272-280.
38 Actuellement en Belgique, arrondissement de Turnhout.
39 Cette monnaie est publiée par Caron, « Un demi-cavalier d’or de François, duc de Bretagne », Gazette Numismatique Française, ii, 1898, p. 56-60, qui se borne à la décrire et à signaler le lieu de découverte, sans plus de précisions. Des recherches pour essayer d’en savoir plus n’ont rien donné, si ce n’est qu’un autre exemplaire est passé en vente Vinchon, 10 mai 1979, n° 112, avec les mêmes informations.
1 Quand nous n’avons pu identifier l’État ou la principauté, nous l’avons localisé en fonction des frontières actuelles, dans ce cas en italique.
40 Naster, « Trouvaille de monnaies des xve et xvie siècles à Herenthals », RBN, 1955, p. 150-158 et 1956, p. 174-185, et van Keymeulen, Les trésors monétaires modernes trouvés en Belgique 1434-1970, Bruxelles, 1973, n° 77.
41 Lecoq-Kerneven, « Carte numismatique de la péninsule armoricaine », ASFNA, 1867, p. 184-209 et une carte ; p. 205, il signale la découverte d’une monnaie d’or de Pierre II. À prendre avec grande précaution compte tenu de la personnalité de l’auteur. Bréhand : cavaliers de François Ier et François II ; Glomel : des écus de François II ; Soudan : 1 cavalier de François Ier ; Bourdet : 1 cavalier d’or de François Ier ; Boussac : 1 cavalier d’or de François II (PA 1310) ; La Lucerne-d’Outremer : 29 florins de Jean V ; Monheim (Allemagne) : un demi-cavalier d’or de François II ; Herrenthals (Belgique) : 1 écu de François II. Cette monnaie n’est pas rare sur le marché numismatique et il est probable que nous sommes loin d’avoir recensé toutes les trouvailles.
42 Nous raisonnons uniquement en mentions de monnaies et non en quantité, étant donné l’irrégularité de la documentation.
1 Il s’agit de la date de la première émission, à titre indicatif.
43 DM II 1703-1709.
44 Duplessy 457 (Charles VII) et 443 (Henri VI). Le salut de Charles VII n’est émis qu’à Tournai, du 20 au 30 mai 1433, pour un total de 1 600 exemplaires, dont seulement deux subsistent, Duplessy, Les monnaies…, p. 249.
45 1457 (7 novembre), registre de chancellerie, DM II 1713.
1 Comme le salut, le franc de Charles VII (Duplessy 451) est très rare, et il faut plutôt y voir celui de Charles V.
46 La famille de Quélen est un ramage de Porhoët. Si Guillaume et Yvon ne sont pas très connus, Olivier chevalier de l’Hermine et du Porc-Epic, est grand maître de l’artillerie de Bretagne au xve siècle ; il meurt en 1471. Potier de Courcy, Armorial et nobiliaire…, art. Quélen.
47 Émis à 120 grains entre 1344 et 1412, le noble est abaissé à 108 grains jusqu’en 1464-1465, date à laquelle il revient à 120 grains, renseignement M. Dhénin, et Grierson, Monnaies du Moyen Âge, p. 273.
48 C’est le cas d’Alain Labbé, receveur de Vannes, en 1486-1492, Kerhervé, L’État breton…, p. 758, note 314.
49 S’il ne s’agit pas d’un jeton de Nuremberg qui immobilise ce type pendant longtemps.
50 Duplessy 451, Charles VII. Comme il est rarissime, il faut plutôt y voir des francs à cheval et à pied de Charles V.
51 Sur la chronologie des émissions, cf. chapitre précédent.
52 Il est signalé une première fois le 8 décembre 1885 lors d’une réunion de la Société Archéologique d’Ille-et-Vilaine, PVSAIV 1887, 8 décembre 1885, p. lxxix, et publié l’année suivante par l’abbé Charles Robert : « Monnaies bretonnes et françaises du xive et xve s. trouvées à Visseiche (Ille-et-Vilaine) », BMSAIV, 1888, p. 21-31.
53 Bigot 1312 et 1339.
54 Angers : 5 ; Bayonne : 1 ; Bordeaux : 2 ; Bourges : 7 ; Châlons-sur-Marne : 3 ; Fontenay : 1 ; Grenoble : 3 ; Limoges : 1 ; Lyon : 9 ; Mâcon : 1 ; Montélimar : 1 ; Montpellier : 2 ; Paris : 1 ; Perpignan : 1 ; Poitiers : 3 ; La Rochelle : 4 ; Rouen : 4 ; Saint-Lô : 7 ; Saint-Pourçain : 1 ;Tarascon : 1 ;Toulouse : 4 ;Tournai : 3 ;Tours : 7 ; Troyes : 3.
55 Les monnaies de Perpignan ont été émises par Louis XI (1463-1473 et 1475-1483), et un atelier royal fonctionne à Tournai au moins depuis Charles VI, et il reste en activité jusqu’au 17 novembre 1507, Duplessy, Les monnaies…, p. 287 et 332.
56 Un blanc de Jean V, 1 blanc de François II et un blanc d’Anne (1498-1499).
57 Sur 1841 monnaies, les n° 1084 et 1085 sont un blanc et un double de Nantes au type Bigot, Essai…, planches xxvi var. et xxx.9, de Jean V.
58 1 demi-gros à l’écu heaumé de Jean IV pour Rennes, Bigot, Essai…, planche xxiv, n° 6 ; 1,65 g.
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