Chapitre VIII. Guerre civile et concurrence des monnaies en Bretagne (1341-1364)
p. 269-306
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Index géographique : France
Texte intégral
1Aux prises avec des difficultés politiques et militaires, les trois compétiteurs, Jean de Montfort, dit le Captif, puis son fils Jean IV, et Charles de Blois, s’affrontent dans une lutte sans merci, et ils font « feu de tout bois » en matière financière et monétaire. Dans un premier temps, les deux partis copient sans vergogne les monnaies royales d’argent. À la fin des années 1350, Charles de Blois décide de rompre avec cette pratique, il frappe monnaie d’or et engage alors la Bretagne sur une voie nouvelle. Contrairement à ce qu’on pourrait attendre étant donné le contexte politique, la circulation monétaire est bien maîtrisée par les pouvoirs en cause, qui profitent des difficultés du roi pour innover en la matière. En parallèle avec la partition du duché, les ateliers se multiplient alors que l’administration se renforce. Compte tenu des similitudes qu’offrent les monnayages en présence et pour limiter les inévitables répétitions auxquelles aurait conduit l’analyse séparée de chacun d’entre eux, nous avons choisi d’en faire l’étude globale afin de dégager les grandes orientations, ce qui n’exclut pas l’étude de détail de tel type ou de telle personnalité lorsque le cas l’exige.
Une importante production monétaire
Des ateliers très actifs
2Pour une période où les textes ne nous donnent aucune indication, seule la répartition des pièces dans les trouvailles permet une approche statistique de l’ampleur de la production. Si on part du principe que les monnaies des deux ducs circulent conjointement, et qu’au moment de cacher son trésor le propriétaire ne fait pas de tri, les informations fournies par les découvertes peuvent être acceptables.
Tableau 36. – Répartition des monnaies par duc (1341-1364)1. Source : Corpus des trésors.

3Les monnaies de Charles de Blois sont de trois à quatre fois plus fréquentes que celles de son adversaire dans les trésors et les trouvailles isolées. La proportion est déjà nettement plus forte dans les trésors bretons et les trésors exogènes. Elle s’accentue encore pour ce qui est des monnaies isolées, en Bretagne et hors de Bretagne. La cohérence de l’ensemble des informations permet de dire que les frappes de Charles de Blois sont probablement trois à quatre fois plus importantes que celles de son adversaire. La répartition par atelier nous livre une information différente et complémentaire2.
Tableau 37. – Répartition des monnaies de Charles de Blois par atelier. Source : Jézéquel, Les monnaies…

Tableau 38. – Répartition des monnaies de Jean de Montfort et Jean IV par atelier. Source : Jézéquel, Les monnaies…


4Ces deux tableaux permettent de constater que le nombre d’émissions monétaires est le même pour les deux adversaires, 212 pour Charles et 205 pour Jean de Montfort et Jean IV. La prépondérance des monnaies blésistes dans les trésors ne peut donc s’expliquer que par une frappe bien plus massive. Dans le cas de Charles de Blois, l’étude de la production par atelier est quasiment impossible du fait de la très grande proportion de monnaies d’atelier inconnu, près des trois-quarts de l’ensemble. Dans l’ordre d’importance, on trouve Rennes, Nantes puis Guingamp, mais on ne peut pas en dire plus. Mis à part le court principat de Jean de Montfort, où l’on frappe également à Nantes, peu de temps mais beaucoup, et peut-être à Rennes, les ateliers montfortistes qui se distinguent sont Brest, Guérande, Quimperlé et Vannes, qui produisent indifféremment des espèces anglo-bretonnes et des imitations. Les autres ateliers, comme Landerneau ou Hennebont, sont très discrets. Les monnaies rennaises posent un problème de chronologie, même si on laisse de côté le gros au I, postérieur à la guerre3 : le denier portant DVX dans le champ et le denier aux hermines posées 2 3 24, sont deux types spécifiquement bretons, datés des années 1350, mais ils pourraient aussi avoir été frappés après 1364.
Le temps des créations
5Trois ateliers nouveaux, Quimper, Landerneau et Hennebont, viennent compléter ceux qui existent déjà. La tentative de Charles de Blois pour créer un atelier monétaire à Quimper est intéressante à plus d’un titre. D’une part, elle nous renseigne sur la mise en place d’une petite unité de production à une période où les officines se multiplient, mais elle fait aussi apparaître les résistances auxquelles le pouvoir doit faire face. D’autre part, la liquidation de l’affaire nous montre comment l’atelier sert d’expédient fiscal en cas de nécessité5. Au mois d’août 1360, l’évêque Geoffroy Le Marhec se trouve absent de son diocèse. Charles de Blois envoie à Quimper Barthélémy, maître de la monnaie de Guingamp, avec des lettres patentes qui l’autorisent à ouvrir un atelier. Le chapitre se plaint à l’évêque et l’informe que le duc a envoyé des commissaires pour établir « une maison ou fabrique de monnoye, avec lettre de déclaration pour l’Evesque qu’il n’entendoit pas que l’ouvrage qu’il y feroit portât préjudice aux droits et libertés de l’église ». Le duc vient à Quimper le 16 août et s’installe au palais épiscopal. Il explique aux vicaires généraux qu’il lui faut payer sa rançon de 100 000 florins, et pour cela il a décidé de créer un atelier monétaire dans la cité, et de lever un impôt de 12 d par livre pour la défense de la place. Les vicaires généraux persistent dans leur refus et font afficher et crier les décisions prises en vue de préserver les privilèges de la ville et de l’évêque. Le lendemain, Charles de Blois les convoque et leur explique qu’en tant que duc, il est libre d’installer un atelier où il l’entend car « pour la fabrication de la monnoye dans la ville, elle luy appartenoit par ses droits royaux et de souveraineté6 ». Ses officiers se mettent en quête d’un endroit et finissent par s’arrêter sur une grande maison de la rue Keréon7. Le 25 août, le maître Barthélémy, aidé de Hervé Péan et de Rioc de Keralhen, commence à construire les fournaises tandis que le receveur Guillaume du Ménez fait fermer les portes de la ville de façon à contrôler l’entrée des marchandises. Voyant cela, les vicaires excommunient les officiers ducaux. Le capitaine de la place et le sénéchal de Charles de Blois s’en emparent et les font jeter hors de la ville. Trois jours plus tard, une réunion de conciliation a lieu. Elle aboutit à la fermeture de l’officine, mais les Quimpérois n’échappent pas à « l’imposition du vingtième qu’il [le duc] faisoit exiger8 ». Il est difficile de savoir si Barthélémy et ses auxiliaires ont eu le temps de frapper des monnaies. Dans ce cas l’émission aurait été courte et de faible importance, et actuellement, aucune pièce n’a pu être identifiée comme sortant de l’atelier de la rue Keréon, ce qui rend cette hypothèse bien improbable. Quoi qu’il en soit, on assiste ici, phénomène exceptionnel, à la genèse d’un atelier monétaire éphémère, et l’on voit aux prises les différents pouvoirs qui régissent la société civile.
6L’existence d’un atelier à Hennebont était pressentie depuis longtemps mais la monnaie de référence posait problème. Denis-Lagarde fut un des premiers à signaler des doubles aux dix hermines de Jean IV, à la croix de revers cantonnée d’un H, sur le modèle déjà connu de Charles de Blois9. Elles ont été trouvées parmi un nombre considérable de monnaies françaises en juillet 1860, aux environs de Redon. Lecoq-Kerneven reprend l’attribution à Hennebont. Dans un article de l’Annuaire de la Société Française de Numismatique et d’Archéologie, il publie un « denier » (en fait un double) qui provient de la trouvaille de Quimperlé II et qui porte au droit dix hermines posées 3 4 310. Caron le publie sous trois numéros différents, et l’attribue en même temps à Jean II, à Jean le Captif et à Jean IV11. Dans une lettre à Maxe-Werly, Caron défend ses attributions de monnaies bretonnes et note au passage que pour la monnaie d’Hennebont de Jean le Captif, il ne fait que citer Lecoq-Kerneven et son interprétation de H pour Hennebont12. Il signale aussi que Lecoq -Kerneven l’a déjà « taxé d’inexactitude »… La présence de trois exemplaires très lisibles dans le trésor de Plouagat, corroborée par l’étude de plusieurs autres par Yannick Jézéquel, permet de confirmer la lecture de la lettre. L’étude du type aux hermines, caractéristique d’Hennebont, place l’activité de l’atelier à la fin des années 1340. Rappelons enfin que c’est à cette époque que Jean IV crée l’atelier de Landerneau, sur lequel nous ne possédons aucun renseignement.
Double-deniers de Jean de Montfort, de l’atelier de Hennebont. Trésor de Plouagat, J 223.

Monnaies et ateliers anglo-bretons13
7Contrairement à ce qui se passe habituellement au xive siècle, les sources écrites qui concernent les monnaies de type anglo-breton sont assez nombreuses. À défaut de pouvoir reconstituer l’ordre des émissions, elles permettent de compléter efficacement l’étude des monnaies et des trésors.
8La première mention date du 20 février 1342. Il s’agit d’une lettre donnée à Westminster par Edouard III, qui signale que Jeanne de Flandre et Amaury de Clisson s’engagent à prêter au roi une partie du trésor du duc de Bretagne pour que le souverain fasse frapper monnaie en Bretagne, sans que cette fabrication ne porte préjudice au duché ni à ses habitants. Le lendemain, un acte précise que le prêt porte sur 68 000 £t, délivrées en deux paiements à Robert d’Artois et au comte de Northampton14. Le 10 mars 1343, le roi d’Angleterre envoie des monnayeurs dans le duché, afin de fabriquer de quoi solder ses troupes15. L’émission porte sur un total de 1 000 £st. Les monnaies alors frappées sont probablement les demi-gros à légende COMES RICHMOT16, en nombre si on en juge par les 34 variétés actuellement recensées17.
Demi-gros de Jean de Montfort à légende COMES RICHMOT. Jézéquel 240.

9Par la suite, des textes ponctuent la vie des ateliers de Quimperlé (1354) et de Brest (1357)18, mais aucun ne décrit les espèces frappées. Il est possible que les premières émissions aient repris le type anglais strict, mais il est fort probable que les pièces auraient porté le nom d’un atelier breton. À titre de comparaison, à Calais, le 6 février 1348, Edouard III ordonne qu’on frappe des monnaies semblables à celles que l’on émet en Angleterre, mais le 28 mai 1349, il revient sur sa décision et laisse au commandant et à la municipalité la liberté de faire frapper celles qui conviennent le mieux aux habitants et aux pays voisins, ses sujets ou amis19. Rien ne permet de déterminer s’il s’est passé la même chose en Bretagne, mais, si l’on en croit les trésors, circule déjà à cette époque une monnaie spécifique, à légende COMES RICHMOT.
10L’étude des trouvailles, pour déterminer la chronologie des émissions, est assez décevante20. Un seul trésor a livré ces monnaies en nombre (Lambézellec), mais il est si mal décrit qu’il est difficile à dater. Le demi-gros à légende COMES RICHMOT apparaît pour la première fois dans le dépôt de Priziac, bien daté de septembre 1350-avril 135121, ce qui permet de réfuter l’hypothèse de Bigot qui le place dans la période « bretonne » après 136422. Cette monnaie réapparaît ensuite à Saint-Caradec, vers 1358-1360, Plounévez-Lochrist, vers 1360, Lambézellec (1355 ?) et Arradon (1360 ?).
Gros anglo-breton de Jean de Montfort : au nom d’atelier dans le champ (Brest), aux cinq mouchetures (Brest) et à la grande hermine (inconnu). Jézéquel 229, 236 et 241.

11On trouve dans le trésor de Malestroit I des monnaies au nom d’atelier dans le champ, vers 1353-1355, mais le corpus des enfouissements est trop maigre pour savoir si l’émission est plus tardive, ou si tout simplement, le propriétaire du trésor de Priziac n’en avait pas sous la main, ce qui expliquerait leur absence dans l’ensemble le plus précoce. On en trouve par contre à Tourc’h (1355-1356), Lambézellec et Arradon. Ce sont par ailleurs ces deux trésors mal connus qui ont fourni les seuls exemplaires de monnaies aux cinq mouchetures dans le champ et à la grande moucheture. On ne peut guère en tirer de conclusion, si ce n’est que ces deux derniers types circulent probablement de la fin des années 1340 à la fin de la guerre. Une seule monnaie au type anglais a été découverte hors de Bretagne. C’est un demi-gros de Guérande trouvé à Marcamps23, dans un trésor enfoui au plus tard entre 1350 et 1362, et qui comprend 109 monnaies, dont 31 royales, 73 espèces anglaises d’Aquitaine, 3 doubles de Rennes de Charles de Blois, un double de Jean IV et un demi-gros de Guérande, au nom d’atelier dans le champ, GERA24. Il est tout à fait intéressant de noter la présence de cette dernière dans la France anglaise, où elle circule en même temps que des pièces d’Aquitaine au nom d’Edouard. Son type très particulier y est certainement pour beaucoup.
Tableau 39. – Chronologie des monnaies anglo-bretonnes de Jean IV d’après les trésors. Source : Corpus des trésors.

12La typologie apporte en effet des renseignements intéressants. Le demi-gros sans lettre d’atelier, à légende COMES RICHMOT, peut être rangé dans l’ensemble anglo-breton parce qu’il reprend le modèle de la croix longue et du cantonnement de la croix de revers par trois fois trois globules, caractéristiques de la production d’Outre-Manche. La moucheture d’hermine placée dans le dernier canton est présente pour bien différencier ces espèces de leurs semblables anglaises. La légende comte de Richemont relève de la même logique. Elle offre une grande variété de différents, et Y. Jézéquel note qu’il n’est pas « possible de faire la part de ce qui peut revenir aux ateliers, s’il y en eut plusieurs, et de ce qui est propre aux émissions25 ». On peut malgré tout distinguer trois variétés, d’après les meubles situés aux extrémités de la croix de revers, qui peut être non cantonnée ou bien présenter des points ou des annelets, mais si on cherche à classer les émissions par différent, on n’obtient pas de résultat cohérent, surtout si l’on part du principe qu’il n’existe que quatre ateliers anglais26. Elles pourraient avoir été frappées par les monnayeurs anglais envoyés par le roi Edouard III dès 1343, mais quelques éléments plaident en faveur d’une datation plus basse. Le comté de Richemont appartient à Jean III de 1334 à 1341, puis Jean de Montfort en est investi le 24 septembre 134127, mais en 1345 il semblerait qu’il ne passe pas officiellement à son fils. Un mandement du 8 mars 1350 donne pourtant le titre comtal à ce dernier, qui par un acte du 13 janvier 1361 renonce à ses droits en faveur du duc de Lancastre28. La pièce pourrait donc avoir été frappée au début de cette période, ce que confirment les trésors.
13Un deuxième type se caractérise par la présence de cinq mouchetures dans le champ. À l’avers, on lit IOHANNES DVX BRITAN(IE), et au revers MONETA suivi du nom de l’atelier29. Les hermines ont une forme longue très caractéristique. Au revers, on retrouve la croix longue, cantonnée de quatre fois trois globules. Ces monnaies sont habituellement appelées des gros, et offrent des poids qui oscillent entre 2,2 et 3,2 g. Un troisième modèle présente le nom de l’atelier dans le champ, avec une ou deux lignes, au dessous cinq hermines et au dessus un oméga accompagné ou non d’un ou plusieurs points30. Au revers, toujours une croix longue mais cantonnée de deux fois une moucheture et de deux fois trois globules. La légende MON FORT BRIT ANIE, a été lue par le docteur Macé, monnaie forte31. Nous sommes plutôt tenté d’y voir le titre seigneurial de Jean IV. Un quatrième type n’est pas attesté dans les trésors32. Selon des études anciennes, il présente à l’avers un écu chargé de six (Vannes) ou huit mouchetures (Quimperlé), et au revers la croix longue, cantonnée comme précédemment. La légende est classique, IOHANNE DVX BRITH ou BRITANI, et au revers MONETA suivi du nom de l’atelier. Cette rare monnaie devait faire partie d’un trésor découvert avant 1857 puisqu’elle figure dans le livre de Bigot et nulle autre variété n’a été signalée depuis33. Sa taille en fait un gros, mais son poids oscille entre 1,7 et 3 g. Le cinquième type représente une grande moucheture posée dans le champ, et à l’avers la légende IOHANNES DVX, au revers BRITANIE, avec le même décor. Trois légendes sur les quatre exemplaires répertoriés se terminent par un trèfle, ce qui n’est pas sans rappeler les demi-gros au COMES RICHMOT, mais cette titulature n’apparaît pas sur cette monnaie. Enfin, Yannick Jézéquel n’a pas classé une monnaie dans ce groupe, dont elle forme pourtant le sixième et dernier modèle. Il s’agit d’un gros, connu uniquement pour Guérande34, et assez élaboré, qui présente à l’avers le champ écartelé, avec aux 1 et 4, six mouchetures d’hermine, et aux 2 et 3, le lion de Montfort. Au revers, la croix longue est cantonnée de quatre hermines, et entourée de la légende MONETA GVERRANDI. Il pourrait aussi s’agir d’un écartelé de Bretagne et de Flandre, en référence au lion des armoiries de Jeanne de Flandre.
14Les ateliers monétaires qui ont émis ces espèces sont au nombre de quatre : Brest, Guérande, Quimperlé et Vannes. Ils couvrent les régions traditionnellement d’obédience montfortiste, telles que les reconnaît le traité de Brétigny en 1360. La production par type et par atelier permet de se faire une idée de leur importance relative.
Tableau 40. – Répartition des monnaies anglo-bretonnes par type, atelier et variété. Source : Jézéquel 229-243.

15Deux ateliers se distinguent nettement, Brest et Quimperlé, qui sont d’ailleurs connus par les textes. Les ateliers de Vannes et de Guérande ont une activité plus réduite, mais Guérande émet trois types de monnaies différents, ce qui laisse penser que toutes les pièces précisant l’atelier ont été frappées conjointement.
Production des ateliers anglo-bretons.

La monnaie de Limoges sous Charles de Blois
16Dès le début de la guerre, la ville de Limoges passe sous le contrôle de Charles de Blois. Il est difficile de croire que Jean de Montfort s’est précipité en une chevauchée inopinée à Limoges afin de s’emparer du trésor ducal puis serait rentré à Nantes avec l’argent35. Il est possible que l’interprétation fautive de l’inventaire des monnaies trouvées à Nantes à la mort de Jean III ait induit les historiographes médiévaux en erreur. En effet, il comprend de très grosses sommes exprimées en monnaies de Limoges, dont une partie frappée à Nantes. À partir de là, les chroniqueurs auraient interprété le texte et expliqué cette singularité par un aller-retour à Limoges. Nous ne savons pas ce que le feu duc y avait déposé, mais il est possible que le trésor de la Tour Neuve de Nantes a largement suffi à Jean de Montfort pour faire la guerre et acquérir quelques fidélités36. Toujours est-il que Charles de Blois prend rapidement le contrôle de Limoges et commence à y monnayer, à une date difficile à préciser, en imitant la monnaie royale. La première émission est un denier qui correspond à la période 1343-134837.
Denier et gros de Charles de Blois émis à Limoges. Jézéquel-Limoges 11 et 16.

17Il ne copie pas un type royal particulier, si ce n’est qu’il se rapproche d’un denier de Philippe VI38. Charles doit s’accommoder de la concurrence royale à partir de 1346, quand Philippe VI installe un atelier dans la Cité39. Les monnaies frappées par la suite sont bien datées des années 1351-1356 et 1360 : il s’agit de deux deniers, d’un double à la couronne et au blason d’hermine, de gros à la fleur de lis et à la couronne40.
18Le 13 décembre 1358, le régent Charles interdit toutefois le monnayage de Charles de Blois à Limoges pour cause d’imitation des types royaux et de mauvaise qualité des espèces41. Le mandement prescrit aux monnayeurs de ne plus participer à la frappe sous peine de se voir déchus de leurs privilèges, et aux bourgeois de refuser les espèces qui seraient malgré tout émises. L’acte reproche surtout à Charles de Blois de porter ou de faire porter du métal précieux hors du royaume (portare seu portari facere aurum, argentum seu bilhongnum, extra dictum regnum) et de fondre la monnaie royale, ce qui relève du faux monnayage caractérisé42. Cette pratique est sûrement à mettre en rapport avec le paiement de la rançon du duc capturé à la Roche-Derrien en 1347. Dans ce domaine, Charles de Blois, comme ses compétiteurs, n’en est pas à une infraction près. La frappe d’une imitation du gros blanc aux fleurs de lis de décembre 1360 prouve que cette interdiction n’a pas été respectée43. Un second problème se pose, plus difficile à résoudre. D’après A. Blanchet, qui a étudié en détail les ateliers limousins, celui de Limoges passe sous la tutelle du Prince Noir le 8 mai 136044, un fait difficile à admettre car dans ces conditions, Charles de Blois n’aurait pas pu imiter une pièce française émise en décembre, à moins qu’elle n’ait été frappée en Bretagne, avec le titre de vicomte de Limoges45. Quant au denier au blason d’hermines à la lettre V, il peut difficilement avoir été frappé à Vannes, place forte montfortiste46.
Denier de Charles de Blois à l’écu de Bretagne, croix de revers cantonnée d’un V. Jézéquel-Limoges 13.

19Il faut plutôt y voir l’initiale de VICECOMES, placée là pour meubler le canton de la croix, et donc l’attribuer également à Limoges. Cette suggestion ne manque pas d’intérêt. Comme le remarque Michel Dhénin, il est probable que l’on trouvera à l’avenir de nouveaux types précisément datés qui permettront sans doute d’affiner la chronologie47.
20Au total, le paysage des ateliers monétaires sort donc profondément transformé par la guerre. Les ducs rivaux s’adaptent aux nouvelles conditions comme au resserrement de l’économie. Ces changements influent également sur les monnaies frappées et, en particulier, le phénomène d’imitation, amorcé sous Jean III, prend après 1341 une ampleur jamais atteinte.
Typologie des monnaies
21La mauvaise conservation de certaines pièces et des hypothèses hasardeuses ont fait naître dans l’imagination de certains numismates des spécimens surprenants. De plus, des monnaies oubliées ou non retrouvées affleurent dans la documentation et méritent toute notre attention car elles sont très révélatrices des arrière-pensées politiques du pouvoir.
Jean de Montfort et Jeanne de Flandre
22Le court principat de Jean de Montfort et de Jeanne de Flandre (1341-1345) n’a donné lieu qu’à une production limitée de types monétaires, dont la spécificité n’a été mise en valeur que récemment. Bigot, reprenant une hypothèse de Barthélémy, affirme en effet « qu’on ne peut attribuer avec certitude aucune monnaie à ce prince48 ». Il attribue le double qui porte NANT dans le champ à Jean IV49, considérant qu’il n’a pu être frappé par Jeanne de Flandre puisque celle-ci perd la ville de Nantes en 134250. Pour lui, cette monnaie imite le type émis par Philippe VI à partir de 1346. Poey d’Avant reprend l’hypothèse, mais Caron la rend à Jean le Captif51. Y. Jézéquel attribue cinq monnaies à ce dernier, mais deux types fournissent de nombreuses variétés. En fait, on ne peut pas toujours faire la différence entre la production de Jean de Montfort et celle de Jean IV, car elles relèvent de la même logique.
Double et denier de Nantes de Jean le Captif. Jézéquel-Limoges 93 et 95.

23Une monnaie est attribuée avec sûreté au premier, c’est celle qu’il frappe à Nantes52. Les monnaies qui portent BRE ITO en deux lignes dans le champ ont été également frappées sous son autorité, ou au tout début de la minorité du futur Jean IV. Elles correspondent au type royal à légende FRA NCO en deux lignes, émis par Philippe VI à partir de 134353. On en connaît actuellement sept variétés, mais il en sortira certainement d’autres de terre. En imitant de près la monnaie royale, Jean de Montfort continue dans la voie inaugurée par Jean III à la fin de son règne. Les princes bretons ne sont d’ailleurs pas les seuls à imiter les monnaies de Philippe VI au début des années 1340, puisqu’on trouve aussi des copies en Bourgogne, à Bar, Cambrai, Bergerac, Metz… Le phénomène s’accentue sous le règne de Jean le Bon, mais Bar, Bourgogne, Cambrai et Evreux s’illustrent par leur constance dans l’imitation54.
24Une imitation attribuée à Jeanne de Flandre est par contre sortie de l’imagination de Soullard, qui la fait naître en 1913 dans le Bulletin de la Société Archéologique de Nantes55. Cette monnaie est reprise par de Mey56 et figure dans le livre de Y. Jézéquel57. Il s’agit d’une imitation du lion de Jean III, duc de Brabant (1312-1355), présentée comme étant d’un billon de très bon titre58. Pour Soullard, la pièce a été émise à Rennes, seul atelier à avoir un matériel assez complet pour une telle frappe et plus important à l’époque que ceux de Vannes et Guérande. La ville est reprise par les blésistes en mai 1342, ce qui laisse une période suffisante pour monnayer. Deux ans après la publication de cette interprétation, A. Blanchet propose une rectification59. Il suggère de lire : LOT BRITNO DUC et non IO (hanna) DUC (issa) LOT BRIT (an) I (e), DUC étant mis pour ducis, ce qui en fait un double de Charles de Blois, LOT apparaissant en trompe l’œil, ce que reprend A. Dieudonné60. Yannick Jézéquel ne tranche pas et l’accorde à Charles de Blois, mais aussi à Jean IV61. Nous serions très tenté d’y voir une contrefaçon, si ce n’est qu’elle est de bon titre, ce qui est inhabituel pour de la fausse-monnaie…
La frappe de l’or
25Nombreux sont les ateliers princiers qui commencent à frapper de l’or au xive siècle comme le Dauphiné et la Bourgogne dès 1327, Perpignan en 1340, la Provence et la Savoie en 135162. Le mouvement est en grande partie lié aux difficultés que rencontre le roi, par suite du déclenchement de la guerre de Cent Ans. En Bretagne, il faut attendre 1358 et l’imitation par Charles de Blois du royal de Jean le Bon, dont le duc reprend les deux émissions, à légende longue puis courte63. La frappe de l’or est avant tout une manifestation politique, et relève d’une volonté d’accroître le prestige de la principauté. Il s’agit pour le prince breton de prendre ses distances avec la monarchie, et l’aspect commercial ne vient donc qu’en second lieu. Le phénomène n’est pas propre à la Bretagne. On trouve déjà la même logique à l’origine des monnaies d’or de Saint Louis ou des rois d’Angleterre.
26D’autres nécessités imposent la frappe de l’or pendant la guerre de Succession, non seulement l’obligation de payer les gens de guerre qui apprécient ce type de rétribution, mais aussi celle d’acquitter la rançon de Charles de Blois, ce qui n’est pas sans analogie avec ce qui se passe dans le royaume lors de la frappe du franc à cheval64. La frappe de ces pièces est aussi une forme déguisée d’impôt. Quand les changeurs apportent des monnaies décriées à l’atelier, le duc leur rend l’équivalent avec son effigie, mais après en avoir tiré le bénéfice du seigneuriage. Il serait très intéressant de comparer l’aloi des monnaies d’or royales et bretonnes, et bien surprenant d’y trouver le même titre. Le jeu sur la qualité de l’alliage est une source supplémentaire de revenu pour le pouvoir émetteur, mais pour l’instant, la vérification n’a pas été faite. Charles de Blois n’est pas le seul à avoir imité cette pièce dont au moins huit princes se sont inspirés65.
Royal et franc d’or de Charles de Blois. Jézéquel 98-99.

27Sans vouloir créditer à tout prix Jean IV de pièces d’or, il est fort possible qu’il en ait monnayées. Le breton d’or, dessiné dans le registre de Lautier, pose bien des problèmes d’interprétation66. Il y figure avec l’analyse suivante :
« Le 17E jour de septembre 1374, la monnaie cy après déclarée avoit cours en la duché de Bretaigne. Portraict des monnoyes de Bretaigne, ausquelles fut donné cours, en attendant la monnoye ordonnée estre faicte par ledit sr. Roy, en laquelle la légende auroit seullement ces mots : Moneta Britanniae au lieu de Johannes dux Britaniae ; et fut ordonné que incontinent que de ladite nouvelle monnoye le païs seroit remply, la vieille précédente monnoye cy après portaicte, seroit décriée et mise au feu pour billon, le tout ainsi que s’ensuit : bretons d’or à 22 caratz et demy, de deux deniers 6 grains de poids chacune pièce, vallant 14 s 3 d tz. »
28Suit le dessin du breton d’or67.
Le breton d’or de Jean de Montfort, d’après un registre de changeur et d’après la gravure de Duby. Dhénin, « Florin et double-florin… », p. 198, et Salaün, « Le franc à cheval… », p. 40.

29Interprétée par Duby, la gravure représente le duc tête nue. Ce type est inspiré du franc à cheval de Jean le Bon, mais la similitude avec celui de Charles de Blois est criante, à l’exception de la légende. Le duc est figuré à cheval, galopant à gauche, l’épée nue et haute. Le manteau du cavalier et la housse du cheval sont herminés, comme sur la pièce de Charles de Blois. Le type du revers est celui de la monnaie royale, à l’exception des hermines qui ponctuent les rentrants du quadrilobe. Les légendes sont très intéressantes. À l’avers, on lit + IOHANNES : DEI : GRA BRETONV : DVX. C’est une légende inspirée de celle du roi. L’orthographe BRETONV peut être due à une erreur de transcription de Lautier, mais elle est attestée sur d’autres monnaies de Jean de Montfort68 et de Jean IV69. Il faut rester prudent sur la formule par la grâce de Dieu, car c’est celle de la monnaie d’origine, mais elle est malgré tout révélatrice de l’état d’esprit et de la volonté d’indépendance du duc. D’ailleurs, on la retrouve à l’identique sur le royal de Charles de Blois, preuve que les deux adversaires partagent la même opinion sur l’origine divine de leur pouvoir. La légende de revers est plus intéressante. Si l’on en croit le dessin, elle comporte une faute d’orthographe : + IN (étoile) IAVTORIV (étoile) MEV ( ?) INTENDE (étoile), pour IN ADIVTORIVM MEVM INTENDE. Plusieurs hypothèses sont plausibles. Marc Bompaire remarque que très souvent la description des pièces est faite mentalement, et ne tient pas forcément compte des détails. La forme des lettres est souvent interprétée sans souci d’exactitude, et il ne faut peut-être pas lui accorder trop d’importance70. Il peut aussi y avoir une contamination de légende avec celle du florin de Jean V71. Il se pourrait enfin qu’il s’agisse du prototype de la légende des monnaies d’or bretonnes, qu’on retrouve peu de temps après sur le gros à l’écu heaumé et le botdragger de Jean IV, dans la décennie 1364-1374, et dans ce cas elle doit retenir l’attention de l’historien72.
30Le registre de Lautier signale que la pièce pèse 2,87 g, soit le poids du florin, et que son titre est de 937/1 000, contre 5,827 g et 1 000/1 000 pour le modèle, ce qui renforce l’hypothèse de la contamination entre le franc de Jean IV et le florin de Jean V dans la mémoire du rédacteur de la notice73. Sinon, l’imitation deviendrait totalement incohérente, et il valait mieux copier directement le florin de Florence. Avec un diamètre de 27 mm, si l’on en croit le dessin, la pièce est un peu plus petite que celle de Jean le Bon (29 mm), mais nettement plus grande que le florin de Jean IV (24 mm). La question reste posée et ne trouvera sa réponse qu’avec la découverte d’un exemplaire. En attendant, un texte du xvesiècleévoquepeut-êtrelefrancdeJeanIV : » unggrantflorind’orherminé74 ». Mais il peut aussi bien se référer au franc de Charles de Blois, sans nommer le compétiteur de la Maison de Montfort. S’il n’y a pas eu confusion des titres, la monnaie de Jean IV est en tout cas inférieure en qualité à celle du roi, ce qui n’est pas surprenant quand on connaît les pratiques des ducs pendant la guerre. Une autre monnaie, dont le souvenir est perdu, pourrait aussi dater du règne de Jean IV. Elle est signalée par l’enquête de 1455 sur les droits des ducs de Bretagne. Le témoin Jehan Orege déclare que « le duc Jehan, ayeul du Duc de présent, fit faire monnoie d’or petite comme moutonnets75 ». Il reprendrait alors le mouton-net de Jean le Bon, daté de janvier et mars 135776. Rien ne permet de confirmer l’information car cette pièce n’apparaît jamais dans les documents consultés, mais son modèle non plus. Par contre, les archives en signalent dans les années 1420, et nous serions tenté d’y voir une monnaie de Jean V frappée à cette époque.
31La question des débuts du monnayage de l’or en Bretagne est donc loin d’être résolue et tous les numismates rêvent de publier un inédit77. Les séries en argent sont mieux connues, malgré une nette tendance des princes à copier sans vergogne les monnaies de leurs pairs.
Les séries numismatiques spécifiquement bretonnes
32Si on laisse de côté les imitations de monnaies royales ou flamandes, il ne reste que peu de types spécifiquement bretons en circulation pendant la guerre, habituellement les mêmes chez les deux adversaires. Charles de Blois produit un type sui generis avec le denier aux quatre hermines, à la légende TVRONVS CIVIS78.
Le denier aux quatre hermines de Charles de Blois. Jézéquel 161.

33Cette monnaie n’apparaît dans aucun trésor référencé, ce qui rend la datation difficile. Les deniers portant DVX dans le champ, ainsi que les deniers et doubles au champ d’hermines, sont frappés par Charles de Blois79 et Jean IV80. Ces pièces figurent conjointement dans les trouvailles de Priziac (septembre 1350avril 1351), Lambézellec (1355 ?), Plounévez-Lochrist (1360) et Plouagat. Le trésor de Quimperlé II, mal connu, contient des monnaies aux hermines. Il faut donc voir dans ces types des monnaies émises en même temps par les deux compétiteurs, ce qui est traditionnel à la fin des années 1340. La monnaie de Charles de Blois qui porte DVX dans le champ a certainement connu une durée d’émission assez longue si l’on en croit les 21 variétés répertoriées. Il est difficile de distinguer les différents d’émission, de maître ou d’atelier, mais des exemplaires au nom de Jean IV sont connus avec la lettre R, ce qui pourrait indiquer qu’ils ont été frappés après 1364, à moins qu’il ne s’agisse de monnaies imitées de Charles de Blois, et dans ce cas le R ferait partie de l’imitation puisque Montfort ne contrôle pas l’atelier de Rennes avant la fin de la guerre. Comme nous le soulignions dans le chapitre sur les monnaies des Dreux, rien ne permet d’attribuer à Jean III les monnaies au champ d’hermine cantonné d’un annelet81. Il faut y voir une monnaie de la guerre de Succession, au différent non identifié.
Les imitations
34L’imitation répétée des monnaies royales par Charles de Blois, Jean de Montfort et Jean IV est caractéristique de cette époque. Cette pratique présente un grand intérêt. Elle permet de glisser cette monnaie dans la circulation ambiante, en réduisant le risque de la voir refusée. L’efficacité de la méthode n’est pourtant pas toujours garantie, comme l’a montré l’étude des trésors monétaires, puisque les monnaies de Charles de Blois circulent essentiellement dans sa zone d’influence, comme celles de son adversaire dans la sienne. Cette opération offre néanmoins des avantages financiers non négligeables. En suivant de près les dévaluations monarchiques, en les aggravant au passage, elles permettent à chaque fois de gagner sur le seigneuriage et la quantité de monnaies frappées.
Les monnaies royales
35La comparaison des émissions royales et bretonnes permet de se rendre compte à quel point la pratique de l’imitation a été systématique. Un tableau dressé une première fois par Caron, repris et complété par Y. Jézéquel est tout à fait parlant82. Dans les premières années de la guerre, de 1346 à 1351, Charles et Jean usent du même subterfuge. On trouve à partir de cette date des « blancs » dans les deux séries, mais qui ne correspondent pas forcément. Plutôt que d’invoquer une interruption d’ouvrage des ateliers, il faut voir dans cet état de fait la conséquence des lacunes de notre documentation. Si l’on précise que ce sont de grosses monnaies, blanc ou gros, dont on connaît la rareté, il faut attendre de les retrouver avant de risquer toute conclusion. Il reste tout de même possible qu’en 1359 les ateliers montfortistes aient été au chômage car la liste des imitations montre une lacune importante, d’avril 1359 à août 1360. Il s’agit d’une période de trêve et le besoin d’argent pour solder l’armée se fait peut-être moins sentir alors. Il faut aussi noter la rapidité avec laquelle les ducs copient les monnaies royales. Les différents d’émission nous renseignent particulièrement bien sûr ce point. C’est le cas du gros aux trois lis émis de juin à octobre 1359, dont on connaît au moins six copies en une demi-année83.
Tableau 41. – Le gros aux trois lis et ses imitations par Charles de Blois. Source : Duplessy, Les monnaies…, et Jézéquel, Les monnaies…

Le gros aux trois lis, modèle royal et imitation de Charles de Blois. Duplessy 307 et Jézéquel 102.

36Les émissions bretonnes suivent mois après mois celles du royaume, et on peut même se demander si certaines variétés de Charles de Blois n’indiquent pas des variétés intermédiaires (deux bras de la croix pointés, trois points dans le champ) car elles n’existent pas sur le modèle. Le trésor de Ruffiac est particulièrement intéressant pour comprendre la circulation de ces monnaies, car les espèces royales et bretonnes y sont nombreuses, et la répartition entre des types particulièrement variés apporte un éclairage particulier.
37Les imitations bretonnes apparaissent en décalage par rapport à leurs modèles, et elles ne semblent pas circuler en même temps. Par contre, les séries de Charles et de Jean sont homogènes l’une par rapport à l’autre. De plus, les monnaies royales sont pour l’essentiel de grosses monnaies, blancs et gros, alors que les monnaies bretonnes sont des monnaies noires, doubles et deniers. À cette époque, il est difficile de trouver en Bretagne de la grosse monnaie frappée sur place, et on ne voit dans le trésor qu’un gros et un blanc bretons, contre 15 royaux. Les seules pièces de valeur viennent donc de l’extérieur. Cette donnée est confirmée par le marché numismatique contemporain, sur lequel les grandes monnaies de la guerre de Succession sont rares.
Tableau 42. – Les monnaies royales et leurs imitations dans le trésor de Ruffiac. Source : Corpus des trésors.


38Le trésor de Ruffiac contient également une imitation anonyme du double parisis de Jean le Bon, émis le 11 juillet 135584. Compte tenu de la composition de ce dépôt, J. Duplessy l’attribue plutôt à Charles de Blois. Une autre pièce, inspirée du bourgeois fort de Jean le Bon (janvier 1357), ne porte pas le nom du prince85. Enfin, le gros au lion anciennement attribué à Jeanne de Flandre, ne porte pas non plus de nom de duc. Il est difficile de comprendre ce qui a pu pousser à émettre ces monnaies anonymes, si ce n’est la négligence d’un graveur. Comme une telle hypothèse est difficile à envisager pour trois monnaies différentes, nous serions tenté d’y voir le résultat de l’activité d’un faux-monnayeur, actif dans la deuxième moitié de la décennie 1350.
39Les ducs ne se contentent pas de copier la monnaie royale. Profitant habilement des monnaies à succès, ils étendent cette pratique à d’autres espèces, en particulier les monnaies flamandes, qui envahissent la circulation monétaire au milieu du conflit de succession.
Les monnaies flamandes
40Les monnaies flamandes occupent une place importante dans les trésors du centre de la France au xive siècle, mais également en Bretagne où il arrive que leur proportion soit supérieure à celle des autres monnaies. On constate une évolution assez sensible tout au long du siècle. Elles apparaissent en Bretagne dans le trésor de Vannes III (enfoui vers 1315-1317), avec un double de Jean II de Brabant (1294-1312), frappé à Bruxelles, et des monnaies de Chiny86. À Saint-Jean-Brévelay (1314-1317), on retrouve un double de Louis V (1268-1299) battu à Chiny et un denier de Gaucher de Châtillon (1313-1322) frappé à Yves. Pendant la guerre de Succession, les monnaies d’argent deviennent fréquentes.
Trouvailles de monnaies flamandes.

41On rencontre majoritairement des monnaies au lion de Louis II, qui forment un peu moins de la moitié des monnaies du Nord, mais aussi des monnaies de Brabant, de Namur, de Gueldre et de Hollande87. Il s’agit de gros au lion qui ont très bien pu se glisser dans la circulation monétaire en profitant de leur ressemblance.
Les gros au lion de Charles de Blois et Jean de Montfort. Jézéquel 159 et 214.

42Les Bretons imitent aussi ces pièces, en particulier le gros compagnon ou gros au lion88. Il est émis primitivement par Louis Ier, comte de Flandre (1322-1346), en 1337, puis modifié à partir du 20 janvier 1346, par une croisette initiale au lieu d’un aigle. La frappe est continuée par Louis II (1346-1384) et la dernière émission voit le jour le 2 mars 1364, après affaiblissements successifs du titre. Charles de Blois en donne deux émissions, à légende KAROLLVS et CHAROLLVS89. Jean en produit davantage90. Comme on l’a vu plus haut, cette monnaie connaît un très gros succès en Bretagne durant les années 1350. À cette époque, les imitations portent une croisette initiale, et copient donc la première émission commune de Louis Ier et de Louis II, du 20 janvier 1346. Un demi-lion fauté, avec l’avers de la maille de Jean le Bon, de septembre 1351, confirme la chronologie91. La Flandre n’a frappé que des gros et tiers de gros, et le demi-gros au lion est relativement rare puisqu’il n’existe que pour l’Aquitaine anglaise92. On peut aussi remarquer que certains gros au lion de Jean IV ont un V parasite dans le nom du duc, IOVHANNES, et l’on retrouve cette particularité en Aquitaine93. Il s’agit d’imiter au plus près le LVDOVICOS de Louis de Flandre.
43Les gros bretons au lion circulent en même temps que leur modèle et ses imitations diverses. C’est particulièrement net à Tourch (1355-1356) où, sur un total d’environ 1600 pièces, 1179 ont été examinées. Les gros au lion y sont particulièrement nombreux, et l’essentiel est formé par les 680 monnaies de Louis Ier et Louis II de Flandre (57,6 %). Viennent ensuite les imitations brabançonnes, de Jean III (1312-1355) avec 6 gros au lion, de Jeanne et Wenceslas (1355-1383), 2 de l’atelier de Vilvorde. Le Hainaut (1 exemplaire), Namur (2), la Hollande (3) et la Gueldre (1) sont aussi représentés. Pour la Bretagne, on en trouve deux de Charles de Blois et trois de Jean IV. Cette trouvaille atteste du succès de ce type monétaire, mais aussi de l’imbrication des originaux et des imitations. Charles de Blois et Jean IV savent parfaitement ce qu’ils font quand ils ordonnent de monnayer ces pièces : il s’agit pour eux de profiter d’un courant économique porteur, et éventuellement de faire des bénéfices en fondant les originaux, au titre élevé, pour leur substituer des contrefaçons. La carte de circulation est aussi révélatrice du succès de l’opération, puisqu’ils sont répartis sur l’ensemble du territoire breton, y compris à l’intérieur de la péninsule, à l’exception toutefois de la région rennaise.
Les mutations
44Facile à suivre quand il s’agit des imitations de types royaux, la liste des mutations est plus difficile à établir pour les monnaies bretonnes, limitées en variétés. Il est inutile de refaire ici le tableau des mutations qui affectent le royaume entre 1335 et 1360 : il suffit de se reporter aux travaux sur la monnaie de Jean le Bon94. Les sources bretonnes ne livrent qu’un acte du 26 avril 1351, qui indique que le 21 du même mois « la monnoie se mua en Bretagne95 ». Dans ces conditions, on peut difficilement mettre les initiatives monétaires bretonnes en rapport avec celles de la monarchie. L’émission de l’écu d’or de mars 1351 reprend le dernier écu de Philippe VI sans variation, et il n’y a rien de significatif non plus du côté de la monnaie d’argent. En Bretagne, on ignore les réactions du pouvoir, mais se demander comment Charles de Blois, dont le sens de l’équité et de la justice est reconnu par nombre de témoins de l’enquête de canonisation, a pu tolérer les mutations à répétition, n’a guère de sens96. Il lui a fallu s’y résoudre par nécessité, et s’aligner sur la politique royale pour continuer à monnayer sans voir fuir sa monnaie vers le royaume ou ailleurs. Les abaissements de titre permettent aussi de trouver l’argent nécessaire à la poursuite de la guerre, et les besoins sont accrus en 1347 par la capture de Charles et la rançon à verser.
45Ce phénomène inflationniste a des effets désastreux sur la valeur du métal précieux dont le cours « flambe ». Nous sommes mal renseignés, mais les trois indications que nous possédons montrent que le marc d’argent passe de 2 £ 14 s 7 d en 1312 à 9 £ 12 s en février 1341 puis à 12 £ 10 s l’année suivante97. Ce n’est pas surprenant car la guerre, les mutations perpétuelles dans le royaume comme dans les deux régions bretonnes antagonistes tirent les prix à la hausse. Les populations sont conscientes des effets désastreux du phénomène, qu’elles vivent d’ailleurs au quotidien. Le trésor de Plouagat, fort de 428 pièces, comporte 380 deniers et doubles de types identiques. Son propriétaire a dû faire changer ses monnaies et on lui a remis ce qui se faisait alors. Six mois plus tard, on lui aurait remis d’autres pièces. Les usagers sont aussi conscients de la dévaluation. Un échange de terres daté de mars 1352 précise que les estimations sont faites pour « le seurplus en deniers, de tele monnoie comme en gros tournoys d’argent, du poiz et de la loy du temps monseigneur le roy Phelippe, fils monseigneur le roy saint Loys », et la récapitulation précise que le « change » en deniers s’élève à « quatre vins dix neuf livres seize soulz trois deniers maille poitevine parisis, tele monnoie que dessus est dit98 ». Face aux variations constantes, on cherche donc à établir les contrats en monnaie forte, dûment identifiée, même s’il faut remonter loin dans le temps. Il faut aussi s’adapter et anticiper la différence de cours entre le moment où un échange est conclu et le paiement. Toutes ces nouveautés et le rythme rapide de la production, lié à son importance, obligent le pouvoir à surveiller plus attentivement la gestion des ateliers. Il faut dès lors renforcer l’administration monétaire : c’est à l’époque des imitations, comme on l’a vu plus haut, qu’apparaissent les premiers généraux maîtres des monnaies, en Bretagne comme à Limoges.
La circulation monétaire
46En 1341, la Bretagne sort d’une longue période de paix et de prospérité. Sa monnaie est composée essentiellement de deniers et de doubles, et la circulation monétaire fait la part belle à la monnaie royale. Les monnaies féodales sont encore bien présentes et les deniers au nom de Foulque ou d’Herbert du Mans circulent toujours. Les bouleversements politiques et militaires que provoque la guerre de Succession influent sur la monnaie de façon durable et transforment radicalement le paysage monétaire breton.
Évolution chronologique
La situation au début du conflit
47Les trésors du début de la guerre, Locmariaquer, Riec-sur-Bélon et Hennebont, indiquent une circulation identique à celle de la fin de la période des Dreux99. Ils ont été enfouis dans le sud de la péninsule, région dans laquelle ont lieu les premiers combats. On y retrouve les monnaies royales en nombre, avec des espèces bretonnes mais aussi de Limoges et les pièces féodales et étrangères habituelles. Les monnaies royales sont, pour l’essentiel, des pièces de Philippe VI (1328-1350), ce qui n’est en rien surprenant. La période d’inflation qui marque les débuts de la guerre de Cent Ans oblige le roi à monnayer abondamment et sous de nombreux types, et ces pièces inondent le pays. Nous n’avons pas de chiffres précis pour le trésor de Locmariaquer mais elles en forment la grande majorité. À Riec, elles représentent plus de 62 % de l’ensemble et 76 % à Hennebont. Les gros constituent de bons ensembles, mais les pièces d’or sont discrètes, avec simplement un lion d’or de Philippe VI. On trouve en complément des pièces de Charles IV, Louis X, mais aussi des pièces du xiiie siècle comme à Riec. Les monnaies bretonnes sont bien représentées mais arrivent tout de même loin derrière en nombre. Les monnaies de Jean III dominent, avec un complément de monnaies de Limoges dont huit variétés sont présentes à Riec. Les monnaies féodales et étrangères, comme auparavant, sont celles d’Anjou, d’Aquitaine, d’Angleterre, etc. La Bourgogne occupe une place à part, bien représentée à Riec avec 28 doubles et deniers, mais aussi à Locmariaquer. Nous pouvons enfin remarquer une rupture entre les deux premières trouvailles de 1340-1341 et la troisième de 1341-1342. On y voit apparaître pour la première fois une monnaie de Charles de Blois, une imitation du double tournois du premier type de Philippe VI, ainsi que 31 imitations de la même pièce par Jean III ou Jean le Captif. D’emblée, ces pièces se glissent dans la circulation monétaire, au même titre que les officielles. Notons aussi la présence de l’unique pièce de Charles dans cette région dominée par les Montforts100.
La fin des années 1340
48La documentation nous fait hélas défaut pour suivre les évolutions pendant la décennie et il faut attendre les années 1350 pour trouver des trésors suffisamment précis pour appréhender la circulation monétaire. Quatre trouvailles sont datées de cette période : Saint-Gilles-Vieux-Marché II (1345-1350), Savenay I (1348-1350), Quimper IV (1349-1350) et Priziac (1350-1351), qui forment unensemble de 769 monnaies décrites.
Tableau 41. – Les monnaies du début des années 1350 en Bretagne101. Source : Corpus des trésors.

49Les monnaies royales qui courent sont toujours celles de Philippe VI, et l’absence des monnaies de Jean le Bon permet de préciser les bornes chronologiques. Avec 210 monnaies seulement, soit 27,3 % de l’ensemble, les monnaies de Philippe VI reculent considérablement dans le paysage monétaire, même si elles sont associées à des pièces de Philippe le Bel et Charles IV à Saint-GillesVieux-Marché. La monnaie royale représente 425 pièces, soit un peu plus de la moitié du total (55,4 %). À Saint-Gilles, Savenay et Quimper, les monnaies bretonnes sont absentes, à l’exception d’une pièce du futur Jean IV dans le premier trésor. Par contre, à Priziac, on en trouve 105, complétées par des pièces de Jean III et de Limoges. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène. La circulation monétaire a tendance à être cloisonnée à cause du conflit, et les monnaies de Brest, par exemple, circulent essentiellement dans le nord du Finistère. Il ne serait donc pas surprenant de ne pas trouver de monnaies bretonnes à Quimper102. Mais cette raison est insuffisante pour expliquer leur absence, alors qu’on y observe des espèces auvergnates ou flamandes, et trois trouvailles sur quatre prouvent une volonté délibérée d’écarter les espèces indigènes. Il faut donc y voir le résultat d’un tri sélectif de la part des utilisateurs qui, très conscients de la mauvaise qualité des monnaies d’imitation, les refusent pour ne garder que les pièces royales, au moins quand ils en ont l’occasion. Ce n’est pas toujours possible pour eux. La composition du trésor de Priziac montre bien que les imitations circulent de concert avec les monnaies royales. C’est en particulier le cas du gros à la couronne dont on trouve 5 exemplaires de la 4e émission royale et une imitation de Verdun par Henri d’Apremont (1312-1349). De même, les doubles parisis royaux, imités par Charles de Blois et son adversaire, sont représentés dans cette trouvaille. Ce phénomène, que l’on constate nettement pour la première fois, est appelé à devenir presque systématique. Notons enfin que si l’on en juge par le rapport entre les monnaies de Charles de Blois (101) et celles de Jean (5), la zone de découverte des trésors apparaît comme blésiste à ce moment103.
50Les monnaies étrangères se répartissent entre un ensemble anglais (186) et un autre flamand (28). La présence de monnaies anglaises n’est pas surprenante en soi. Les liens économiques avec l’Aquitaine et les Iles Britanniques expliquent cet état de chose, qui a également ses raisons d’être politiques. L’alliance des Montforts avec les Anglais ne peut en effet que favoriser les liens commerciaux et monétaires. Rappelons qu’Edouard III trouve même plus pratique d’envoyer des monnayeurs en Bretagne afin d’assurer sur place une partie de la frappe monétaire. La qualité des esterlins anglais, à l’aloi élevé, explique aussi leur présence dans ces ensembles de monnaies triées. Il faut enfin remarquer les origines globalement peu variées de ces monnaies, qui indiquent une circulation monétaire resserrée sur le duché, le royaume et l’Angleterre, c’est-à-dire les pays d’origine des belligérants de Bretagne. La seule ouverture concerne la Flandre, résultat des liens maritimes entre les deux principautés.
La décennie 1350
51Deux trésors couvrent la décennie 1350, Tourc’h et Saint-Caradec. Ces deux trouvailles forment un ensemble important dont 1 379 monnaies ont été décrites.
Tableau 42. – Les monnaies des années 1350 en Bretagne104. Source : Corpus des trésors.

52Les monnaies royales conservent une place honorable, mais leur recul relatif se confirme, surtout pour les pièces de Jean le Bon qui ne sont que 142, soit un peu plus de 10 %. Par contre, elles regroupent l’essentiel des pièces d’or et de fait, représentent une forte somme à l’intérieur de l’ensemble. Si la disparition des monnaies féodales se confirme, la discrétion des monnaies bretonnes pose le même problème qu’auparavant. Force est de constater que la préférence des usagers va vers les monnaies flamandes105 : avec 52 % de l’effectif, elles s’assurent la majorité absolue, ce qui explique les imitations auxquelles se livrent alors Charles et Jean. Ils ne font que profiter de l’élan de ces pièces, et cela leur réussit puisque 5 des 10 monnaies bretonnes conservées appartiennent à la catégorie des copies. Les monnaies étrangères sont donc bien représentées, mais une inversion de tendance s’est produite par rapport au début de la décennie, et les espèces anglaises occupent la deuxième place. Les monnaies d’Ecosse, de Toul et de Luxembourg se glissent à leur côté, et la monnaie aragonaise pourrait être le fruit du commerce maritime comme le résultat de la présence de forts contingents espagnols au service du roi de France.
La fin de la guerre (1360-1364)
53C’est la situation à la fin de la guerre que l’on appréhende le mieux, avec six trésors bien décrits, Ruffiac II, Pluvigner, Vannes IV, Plounévez-Lochrist, Savenay III et Oudon. Ils permettent de bien comprendre les effets de ce conflit et de la politique monétaire des deux adversaires durant cette période.
Tableau 45. – Les monnaies de la fin de la guerre (1360-1364). Source : Corpus des trésors.

54La monnaie royale poursuit son lent retrait et ne représente qu’un peu moins d’un tiers de l’ensemble. Les espèces flamandes reculent aussi, mais demeurent en bonne place et l’emportent largement sur les autres pièces étrangères, anglaises pour l’essentiel. Les monnaies féodales ne rassemblent toujours qu’un très maigre effectif. Les monnaies bretonnes s’affirment majoritairement avec plus de la moitié des trouvailles, ce qui est tout à fait nouveau. Il faut toutefois tempérer cette remarque par le fait que le trésor de Pluvigner ne compte aucune monnaie bretonne, phénomène déjà constaté auparavant en d’autres lieux. Mais l’impression reste que les Bretons ont surtout à leur disposition des monnaies bretonnes. Il faut aussi y voir le résultat de la politique de Charles de Blois. En 1360, une ordonnance décrète que « nulle monnoie de hors le royaume n’auroit cours par le duché106 », et la constitution des trésors atteste qu’elle n’a pas été si mal observée, ce que confirment d’autres trouvailles, en particulier à Oudon.
Tableau 46. – Répartition des monnaies entre les deux compétiteurs. Source : Corpus des trésors.

55Le tableau n° 46 fait apparaître la stricte mainmise de Charles de Blois sur les régions qu’il contrôle. Les monnaies de Montfort y sont largement minoritaires et la circulation est dominée par les espèces blésistes et, accessoirement, les pièces royales. La situation est beaucoup moins tranchée dans les terres relevant des anglo-montfortistes (Plounévez-Lochrist, Vannes…), où les monnaies de Jean IV circulent en même temps que celles de Charles, en plus grand nombre quand même. Au total, la production de Charles de Blois s’affirme cinq fois plus importante que celle de Montfort.
La circulation de l’or
56C’est avec la guerre de Succession que l’or fait son entrée en Bretagne. Il y en avait bien sûr avant, et très tôt comme l’attestent les trésors, mais sa présence restait discrète. À partir de 1345, les mentions dans les actes se multiplient, révélatrices d’un usage croissant, et les textes commencent à se montrer plus diserts sur les espèces en circulation107. Au début du conflit, le florin de Florence est la monnaie d’or habituelle. Rapidement remplacé par l’écu royal, il n’apparaît plus que de loin en loin, mais il a marqué les esprits et demeure présent dans le vocabulaire sous le titre de florin à l’écu, comme ces « cinq cens florins d’or a l’escu de coing de monseigneur le roy », remis au comte de Blois pour l’achat de Château-Renaud108. L’écu s’impose par contre durablement et domine dans les paiements, en nombre de mentions et de monnaies109. En 1355, les comptables qui parlent d’écus précisent s’il s’agit d’écu johannes, probablement par opposition à ceux de Philippe VI qui circulent encore. Dès 1361, on voit poindre les francs et royaux, promis à un bel avenir. Ces monnaies sont relativement faciles à identifier. L’écu est d’abord celui de Philippe VI, émis à partir de 1337 et régulièrement jusqu’en 1349110. Ensuite, celui de Jean II prend sa place, à partir de 1351111. Le royal d’or de 1358-1359 et le franc à cheval de 1360 marquent la fin du conflit112. Les monnaies étrangères sont inexistantes, à l’exception du noble anglais.
Tableau 47. – Corpus des monnaies d’or de la guerre de Succession trouvées en Bretagne113. Source : Corpus des trésors.

57Globalement, les pièces d’or sont peu nombreuses dans les trésors, avec une moyenne de trois par trouvaille. L’analyse de détail de celles de Philippe VI confirme l’impression laissée par les textes : on constate une pénétration lente des monnaies d’or, et celles du début du règne ne sont représentées que par un lion (1338) et un double royal (1340)114. Les écus (1337-1349) se font plus nombreux, avec 28 exemplaires, et il y a fort à penser qu’ils proviennent plutôt des dernières émissions. Ils ne cessent pas de circuler après 1350 puisqu’ils sont encore présents dans la trouvaille de Vannes I, enfouie après 1365. Les monnaies de Jean le Bon sont attestées par beaucoup de petites trouvailles, puisque l’ensemble ne compte qu’une monnaie de plus que pour Philippe VI, alors qu’il y a trois fois plus de mentions que de pièces115. On dénombre 8 mentions d’agnels, pour 12 pièces. L’agnel a donc eu beaucoup de succès, ce que ne laissent pas apparaître les textes, puisqu’il n’y est fait aucune allusion à cette époque. Il n’est pas surprenant de trouver 15 écus de Jean le Bon, mais francs et royaux sont rares, avec une seule occurrence de cette dernière monnaie. Il faut attendre la deuxième partie du règne de Jean IV pour que se multiplient mentions et trouvailles. Les mentions de monnaies étrangères confirment par ailleurs la place du florin116 : si la découverte d’un florin d’Aragon peut s’expliquer par les liens commerciaux qui unissent la Bretagne et la péninsule ibérique depuis longtemps, celle du florin du roi des Romains Charles IV est plus surprenante et n’appelle aucun commentaire particulier.
58Ces pièces font partie de la vie quotidienne des Bretons. Les monnaies d’or isolées sont trop nombreuses pour que l’on puisse parler d’un usage épisodique117. En août 1356, des quêtes ont lieu pour la libération de Charles de Blois, et un tronc installé à Tréguier rapporte 10 écus Jehan, 5 florins et 490 gros de Flandre. Dans une autre église du Trégor, la même opération se solde par 18 florins d’or à l’écu118. Deux ans plus tard, le duc ordonne de lever un impôt d’un demi-écu par feu, et ce rattachement du fouage à la monnaie d’or est significatif de l’emploi ordinaire de cette dernière119. Les quelques mentions de cours indiquent même que le métal jaune est surévalué. En 1355, l’écu vaut entre 53 et 54 s120, mais il est possible qu’il s’agisse des premières émissions de Philippe VI encore en circulation, de poids et de titre élevés. La même année, l’écu johannes vaut 32 s, soit une fois et demi son cours normal121. Si le poids de la pièce est toujours le même (4,532 g), son titre est passé de 1 000 à 750 entre 1337 et 1351. Ces cours nominaux élevés sont aussi à mettre en rapport avec les fortes dévaluations du moment dans la France royale : le cours du marc d’or s’élève à 78 £t en moyenne au cours de la décennie 1351-1360, celui du marc d’argent à 13 £ 7 s 6 dt. Ils n’étaient respectivement qu’à 54 £t et 4 £t dans les années 1331-1340122. En septembre 1359, un mandement de Charles de Blois ordonne qu’ » à la Saint Michel l’an LIX, l’on ne recevrait escu dor que pour XX sous123 ». Nous ne savons pas dans quelle mesure ce texte a été suivi d’effet, mais il est révélateur de la volonté du pouvoir d’assainir le marché monétaire en revenant à une monnaie forte.
59On ne sait pratiquement rien de l’importance de la frappe des monnaies d’or de Charles de Blois. Le royal comme le franc à cheval a dû être refondu massivement par les Anglais après le versement de la rançon124. Comme le note Y. Jézéquel avec raison, le duc imite doublement le roi, dans la monnaie et dans la rançon ! Les monnaies d’or bretonnes n’apparaissent nulle part dans la documentation avant les années 1390 et les textes dans lesquels Jean IV démontre son droit de frapper monnaie blanche. La présence à Rouen des deux royaux de ce prince s’explique par la composition du trésor, qui comprend, outre une chaise d’or de Philippe VI, 88 royaux de Jean le Bon, ainsi qu’une imitation de cette monnaie par Charles le Mauvais125. Elles sont enfouies entre avril 1359 et décembre 1360, au cœur de la ville, à 100 m de la cathédrale. Comme les monnaies d’argent, les monnaies d’or bretonnes imitées de celles du roi se glissent ainsi dans la circulation générale. Leur rareté indique peutêtre que malgré tout, elles sont repérées et écartées, à moins qu’elles ne soient simplement frappées en trop petit nombre pour occuper une place significative sur le marché.
60En fin de compte, la circulation de l’or ne donne qu’une idée partielle de la réalité économique au jour le jour. La diffusion des espèces d’argent permet de compléter notre documentation, et au-delà des aspects économiques, de mettre en valeur des phénomènes plus politiques, liés à la conjoncture.
Répartition des trésors et diffusion des monnaies
La circulation monétaire, témoin des affrontements en Bretagne
61La diffusion des monnaies des deux compétiteurs permet de se faire une idée des zones d’influence de chacun, et de savoir si leur contrôle sur la circulation monétaire se révèle efficace126.
62Les cartes mettent en évidence la réalité de l’emprise de chaque pouvoir sur la circulation des monnaies. Les espèces de Montfort circulent essentiellement dans le Sud de la Bretagne. Le phénomène est d’autant mieux attesté que les trouvailles les plus importantes ont été faites dans cette région, alors que les trouvailles du Nord sont restreintes en nombre, à l’exception de la région brestoise, montfortiste. La carte des monnaies de Charles de Blois est plus difficile à interpréter. Les plus importantes découvertes de ses pièces ont été opérées dans les régions blésistes du Nord et de l’Est bretons. Cela n’empêche pas un semis de trouvailles, certes moins riches mais significatives, en pays montfortiste. Jean a plus de mal que son adversaire à contrôler la circulation monétaire dans sa zone d’influence, mais si nous gardons en mémoire qu’il monnaye beaucoup moins que Charles, il est normal que les populations utilisent les monnaies de ce dernier en complément de celles de Jean. Il faut aussi rappeler le caractère confus de ce conflit et le caractère fluctuant des zones d’influence. Ces cartes ne peuvent tenir compte des bouleversements dans le contrôle de tel ou tel ensemble régional127. Une carte de synthèse apporte d’autres enseignements.
La circulation des monnaies de Charles de Blois (en haut) et des deux Jean de Montfort d’après les trésors.

63On constate sur la carte de répartition que le sud de la Bretagne semble avoir été plus touché par le conflit que le nord. Certaines trouvailles peuvent être rattachées à des événements particuliers, comme à Hennebont qui correspond au siège de la ville par les Français et aux aventures de Jeanne la Flamme (printemps-été 1342). C’est aussi le cas de Riec-sur-Belon (avril 1340-novembre 1341), dont l’enfouissement peut s’expliquer par les affrontements dont la région est le théâtre en 1342, en particulier le débarquement et les actes de piraterie de Louis d’Espagne128. Malestroit (1353-1355) peut être rapproché, sous toute réserve, des opérations de l’été 1352, lorsque Gui de Nesle fait de la ville sa base d’opération129. Cinq trésors sont datés de l’année 1360, Oudon, Plounévez-Lochrist, Ruffiac, Savenay III et Saint-Caradec (1359-1360), au temps de la reprise de la guerre après la rupture de la trêve franco-anglaise de Bordeaux le 24 juin 1359, reprise assez marquée en Bretagne semble-t-il, puisque des affrontements ont lieu à Ploërmel (fin 1359), Derval, Lesneven, Roscoff, et Malestroit130.
Les trésors de la guerre de Succession (1341-1364).

64Une carte de localisation des cinq trésors bien datés de 1 360 surimposée avec les zones de combat permet d’éclairer deux trouvailles. Il est très facile de mettre en rapport celui de Plounévez-Lochrist avec des engagements militaires : les Anglais détruisent une colonne franco-bretonne d’une centaine d’hommes à Lesneven, puis s’emparent du fort Bloscon près de Roscoff. De même, la présence d’un trésor à Ruffiac s’explique fort bien à proximité de Malestroit et Ploërmel, où des combats ont lieu entre tenants des deux partis. Enfin, les trésors de Savenay et Oudon pourraient correspondre à l’avancée d’une troupe du sud-est vers le nord-est de la péninsule. Plus tardif (1364), celui de Pluvigner est à mettre en lien avec la bataille d’Auray, car les deux communes ne sont distantes que d’une dizaine de kilomètres. En définitive, si la grande majorité des trésors enfouis entre 1341 et 1364 le sont à cause de la guerre, il n’est pas toujours possible de rattacher chacun à un événement particulier, mais dans certains cas la raison d’être de l’enfouissement peut au moins être supposée.
Les trésors et les lieux de conflit de l’année 1360.

Une économie resserrée
65Dans un contexte de guerre civile sur le territoire assez restreint de la péninsule armoricaine, la dispersion des pièces par atelier marque le cloisonnement ou l’ouverture de l’économie. S’il est difficile de mesurer le phénomène pour des ateliers à la production pléthorique (Nantes et Rennes en particulier), celle d’unités moins dynamiques est plus facile à suivre. Dans l’ensemble, les ateliers montfortistes signent leurs monnaies, ce qui n’est pas systématique chez les blésistes131. Il devient alors possible d’étudier la dispersion de ces monnaies et donc de mesurer la fluidité de la circulation monétaire. Malgré un échantillon réduit, quelques évidences se dégagent. Les monnaies brestoises par exemple, ne se trouvent que dans trois trésors, Plounévez-Lochrist, Lambézellec et Ruffiac. Les monnaies de Quimperlé ne sont présentes qu’à Malestroit et Plounévez-Lochrist.
Diffusion des monnaies de Guérande et Vannes de Jean de Montfort.

66La situation est plus intéressante pour les ateliers de Guérande et Vannes pour lesquels l’échantillon est plus large. Les espèces qui y sont émises restent cantonnées dans la zone montfortiste, le sud de la péninsule et la région brestoise. Le paysage semble figé, la présence des monnaies se limite aux abords immédiats des Monnaies. Il faut y voir le résultat d’une économie cloisonnée, repliée sur elle-même du fait de la guerre. Les deux partis maîtrisent bien la circulation dans les zones qu’ils contrôlent et laissent passer peu de monnaies de leur adversaire. Hors de Bretagne, la situation est aussi assez tranchée. Les monnaies du futur Jean IV ne circulent pour ainsi dire pas, et quand elles le font, c’est le plus souvent en même temps que celles de Charles de Blois ; encore s’agit-il des imitations de monnaies royales. Nous ne connaissons qu’une monnaie au type anglais trouvée hors de Bretagne, en Aquitaine.
Diffusion des monnaies de Charles de Blois. Salaün, « La circulation… », p. 39.

67La carte de diffusion des monnaies de Charles de Blois montre par contre une circulation sur tout l’ouest de la France132. Ce sont les monnaies bretonnes les plus fréquentes hors du duché, toutes époques du conflit confondues. Elles couvrent tout le grand ouest, des Pyrénées aux Flandres. Ces imitations s’insèrent parfaitement dans la circulation monétaire du moment, avec probablement l’accord tacite de l’autorité royale. La trouvaille de Baubigny est assez révélatrice133. Il s’agit de huit monnaies découvertes en 1968 lors des fouilles du village déserté de Dracy et enfouies vers 1358-1364. Elle se compose de six monnaies de Jean le Bon et deux deniers de Charles de Blois émis vers 1354-1355. La conservation ensemble des monnaies royales et de leurs imitations, dans une région où les textes ne mentionnent pas à l’époque la circulation de monnaies bretonnes, dans un contexte archéologique précis, apporte une preuve supplémentaire de la réussite de la politique ducale d’imitation. Par contre, il est difficile d’affirmer qu’il y a « une quasi-absence de ces monnaies dans la zone dominée par les Anglais134 ». Elles sont présentes en Aquitaine et au-delà, mais leur raréfaction tient plus à l’éloignement qu’à une volonté de les retirer de la circulation. Par ailleurs, les travaux de G. Salaün, J.-C. Moesgaard et O. Jeanne Rose sur la Normandie augmentent le poids de cette région au détriment des autres. Il y a fort à croire qu’une étude systématique des rapports de fouilles des régions au sud de la Loire apporterait nombre de nouveautés.
68Les différents aspects de la circulation monétaire, dans un contexte aussi troublé que celui de la guerre de Succession, permettent d’aller au-delà des considérations strictement économiques, et de mettre en valeur d’autres réalités, comme les zones de conflit ou la bipartition du pays entre les belligérants. L’étude des ateliers permet de mieux comprendre les mécanismes d’émission et l’adaptation à une situation de crise. Au total, les conditions économiques nées de la guerre provoquent dans la péninsule un recul très net de la place de la monnaie royale dans la circulation monétaire, au profit de la monnaie bretonne. À partir des années 1350, des monnaies étrangères de qualité, flamandes notamment, font irruption sur le marché et s’imposent durablement. Les ducs ne se gênent pas pour profiter de leur élan et les copier, comme ils imitent les espèces royales. Ils étendent aussi cette activité prohibée à l’or, dont l’usage se répand rapidement à la même époque. Enfin, ils adaptent l’administration monétaire aux nouvelles conditions économiques et politiques. Reste à savoir dans quelle mesure toutes ces nouveautés peuvent s’imposer définitivement ou s’il ne s’agit que d’un effet conjoncturel.
Notes de bas de page
1 Quand les inventaires mentionnent « des monnaies » sans plus de précision, nous en avons compté 2.
2 Le gros au I n’a pas été retenu (1365). Les monnaies de Charles de Blois de Tréguier et Jugon non plus, ni celle de Jean IV de Guingamp, J 225. Elles ont été classées comme inconnues. Les inédits ont par contre été comptabilisés (très peu nombreux, en général signalés dans le texte).
3 Jézéquel 185-187, avril 1365.
4 Jézéquel 190 et 228.
5 Cet événement est difficile à dater précisément. Le document qui nous renseigne le plus précisément, la plainte du chapitre de Quimper, est daté du 10 septembre. Dom Morice le place en 1345, et Arthur de La Borderie en 1358, à cause du séjour de Charles de Blois dans la ville du 16 au 25 août, DM I 1455-1456, et La Borderie, Histoire…, t. iii, p. 561, note 1. Dans les Actes de Jean IV, M. Jones l’attribue à Jean et le donne sans précision chronologique, mais il procure dans les actes de Charles de Blois une lettre datée du 18 décembre 1361, Jones, Actes de Charles de Blois…, acte 264, et Blanchard, Actes de Jean IV…, acte n° 1194. C’est d’après une glose de Hévin que M. Jones place une première fois le texte dans les actes de Jean IV. L’affaire se situe entre août 1360 et décembre 1361, AIV 1 F 64, fonds Hévin, Responses à griefs, moyens d’appel et pièces que baille en la cour révérend père en dieu, mons. françois de Coëtlogon, evesque et comte de Quimper.
6 Le Men, Monographie de la cathédrale de Quimper (xiiie-xve s.), Quimper, 1877, p. 92 ssq.
7 Elle est désignée par un acte postérieur sous le nom Domus in qua fuerunt fabri de Guingampo. M. de Blois ajoute que dans le mémoire de Hévin pour la défense des droits de l’évêque de Quimper, lors de la réformation du domaine en 1680, inséré dans les Questions féodales de cet auteur, il est fait mention d’un autre atelier monétaire installé dans cette ville sous Jean IV, Chauffier, « Un méreau quimpérois », Association bretonne, 1873, p. 41.
8 Le Men, Monographie…, p. 92 ssq.
9 Denis-Lagarde, » Description de quelques monnaies récemment découvertes en Bretagne », Bulletin de la société académique de Brest, 1861-1862, p. 331-346.
10 Lecoq-Kerneven, « Monnayage de Jean IV, dit le Captif, duc de Bretagne, premier compétiteur de Charles de Blois. Étude historique sur la numismatique bretonne », ASFNA, 1868, p. 149-161. PVSAIV 1870, p. lvi, 13 mars 1866 : Lecoq fait un exposé sur le monnoyage (sic) de Jean IV. À la question : « Doit-on considérer comme émises par Jean IV des monnaies frappées à Hennebont et trouvées au nombre de 20 près de Quimperlé ? », il conclut par oui. À noter que l’intervention suivante est de M. Duplessix… sur les origines de la ferrure du cheval…
11 Caron, 41, 44, 59.
12 « Lettre de M. E. Caron à M. L. Maxe-Werly », RN, 1884, p. 146-152.
13 Étude détaillée dans Coativy, « Monnaies et monnayeurs anglais en Bretagne pendant la guerre de Succession (1341-1364) », Armor Numis, n° 103, octobre 1993, p. 3-9.
14 Cité dans Merson, « Un monnayage anglo-breton au xive s. ? », BSFN, juin 1984, p. 508-511.
15 1343 (10 mars), DM I 1436-1437. R. A. Merson ne précise pas si les dates qu’il cite sont ancien style ou nouveau style, ce qui ne facilite pas la mise en place chronologique.
16 Jézéquel 240.
17 33 dans Jézéquel. Une inédite dans ma collection : moucheture et croissant en début de légende de revers, croix cantonnée de quatre annelets.
18 DM I 1494 et 1521, et Bigot, Essai…, pièce justificative xxiv. Publié par Barthélémy dans la RN 1858, p. 252.
19 Poey d’avant, Monnaies…, p. 377-378.
20 Priziac : 4 demi-gros B XXVI 6 var. : COMES RICHMOT ; Malestroit i : atelier dans le champ : Guérande, Quimperlé, Vannes ; Tourc’h : 3 gros de Vannes VENET dans le champ ; Saint-Caradec : 1 demi-gros COMES RICHMOT ; Plounévez-Lochrist : 1 demi-gros COMES RICHMOT ; Lambézellec : au moins 8 gros de Brest différents, dont 5 avec BREST dans le champ et 3 aux 5 mouchetures, gros de Guérande (5 mouchetures dans le champ), gros de Vannes Caron 66 (5 mouchetures dans le champ), gros de Quimperlé Caron 78 (5 mouchetures dans le champ), demi-gros, 7 variétés (légende COMES RICHMOT), double Caron 82 (double à la grande moucheture) ; Arradon : 1 demi-gros de Vannes (VENET dans le champ), 1 double Caron III 17 1 moucheture dans le champ, 1 demi-gros COMES RICHMOT.
21 Jézéquel 240.
22 Bigot 818-820.
23 « Trouvailles de monnaies », ASFNA, 1895, p. 382-384, et Duplessy 2, n° 201.
24 Jézéquel 230 c.
25 Jézéquel, Les monnaies…, p. 133.
26 Brest, Guérande, Quimperlé et Vannes.
27 Duplessy, « Les monnaies de Jean IV de Bretagne avec le titre de comte de Richemont », BSFN, octobre 1962, p. 189-190, et Merson, « Un monnayage anglo-breton au xive siècle ? », BSFN, juin 1984, p. 508-511.
28 Jones, Ducal Brittany…, p. 172-174. L’honneur anglais est rendu à Jean IV le 20 juillet 1372, au moment de son alliance avec Edouard III ; il le garde pendant son exil (1373-1379) mais le reperd le 13 novembre 1381, le roi Richard II n’ayant pas accepté le revirement du duc de Bretagne et la signature du second traité de Guérande avec le roi de France.
29 Jézéquel 236-239.
30 D’après Bigot, Poey d’Avant, Monnaies…, et Caron, Monnaies… Il nous avait semblé en 1993 que ces signes abréviatifs avaient une signification. Compte tenu des nouvelles variétés publiées par Y. Jézéquel, cette hypothèse n’est plus valable, Coativy, « Monnaies et monnayeurs anglais… », p. 5.
31 Macé, « La monnaie forte de Jean IV de Bretagne (1345-1399) », RN, 1926, p. 162-168.
32 Jézéquel 242-243.
33 Bigot 519 et 890-895.
34 Jézéquel 261.
1 Une variété inédite, collection privée.
2 Jézéquel 230 et 231 comptés ensemble.
3 Gros et demi-gros ensemble.
4 Jézéquel 234 et 235 comptés ensemble.
35 Bouchart, Grandes croniques…, t. ii, p. 37 et 49, s’appuyant sur Froissart, explique qu’une fois reconnu duc par les Nantais, Jean de Montfort se rend à Limoges pour s’emparer du trésor de Jean III, qu’il rapporte à Nantes. Plus loin, il explique qu’après la mort de Jean de Montfort, Jeanne la Flamme fait le tour de ses garnisons et distribue aux gens d’armes foeson de deniers et souldoiz.
36 Sur la chevauchée de Jean de Montfort à Limoges, La Borderie, Histoire…, t. iii, p. 424-425, et Jones, « Nantes au début de la guerre civile en Bretagne », Villes, bonnes villes, cités et capitales, Tours, 1989, p. 105-120.
37 Jézéquel-Limoges 11. Le piéfort existe.
38 Duplessy 282. Il ne reprend pas non plus un type de Bretagne.
39 Blanchet, « Le monnayage de Limoges-Château… », p. 5-6.
40 Jézéquel-Limoges 12-17.
41 Guibert, « La monnaie de Limoges », p. 15.
42 Blanchet, « Le monnayage de Limoges-Château… », p. 5-6.
43 Jézéquel-Limoges 16, de décembre 1360, et 17, de 1360-1361 ; Duplessy 312.
44 Ibid. Avec une erreur dans Dieudonné, Manuel…, t. iv, p. 249 qui explique que la contestation entre Charles et le roi est tranchée en 1360 par la mort de Charles.
45 On sait que sous les Dreux des monnaies avec la légende COMES RICHMOT ont été émises par des ducs n’ayant jamais possédé ce titre.
46 D’après les imitations, l’atelier de Vannes fonctionne pour Jean IV de 1346 à la fin du conflit.
47 Dhénin, « Les monnaies des vicomtes… », p.104.
48 Bigot, Essai…, p. 122.
49 Bigot 497, Poey d’Avant 584-586, Jézéquel 93.
50 Bigot, Essai…, p. 153.
51 Caron, Monnaies…, p. 46-47.
52 Jézéquel 93 a à g.
53 Duplessy 275.
54 Dieudonné, Manuel de numismatique française…, t. iv, p. 401-2 ; Moesgaard, « Les imitations des monnaies royales françaises par les seigneurs mosans (xive-xve s.) », Cahiers numismatiques, mars 99, p. 21-28 : pour profiter de l’imitation des monnaies royales, les petites seigneuries doivent organiser un réseau de redistribution de leurs monnaies pour que l’opération soit rentable. En pays mosan (région de Maastricht), les imitations sont particulièrement nombreuses, en particulier des monnaies d’or de Jean le Bon, mais surtout des monnaies de billon : le denier tournois de 1346 est imité dans au moins 10 seigneuries !
55 Soullard, « Monnaie bretonne inédite émise par Jeanne de Flandre, comtesse de Montfort, duchesse de Bretagne », BSAN, 1913, p. 501-508, 1 planche.
56 De Mey 121.
57 Jézéquel 160.
58 Cette monnaie était pressentie ou connue de Chautard, Imitation des monnaies au type du gros tournois, Bruxelles, 1872, p. 24.
59 Blanchet, « Additions et rectifications », RN, 1915, p. 386-387.
60 Dieudonné, manuel de numismatique française…, t. iv, p. 127.
61 Jézéquel 214 bis, avec note explicative p. 97.
62 Contamine et alii, L’économie…, p. 260.
63 Duplessy 293 du 22 août 1358 et 293 A du 15 avril 1359 ; Jézéquel 98 b, c et d et 98 a.
64 Le franc à cheval de Charles de Blois réapparaît au début de l’année 1895. Lors de la séance du 5 janvier, quelqu’un présente la photographie de celui qui appartient à M. Macqueron d’Abbeville, PVSAN 1895, 8 janvier 1895, p. 24. À la même époque Émile Caron le publie : « Franc à cheval inédit de Charles de Blois, duc de Bretagne (1341-1364) », Bulletin de Numismatique, mai 1895, p. 41-45. Il reprend les mêmes informations, mais ajoute la gravure de la monnaie et quelques renseignements supplémentaires et cite en particulier un texte de de Saulcy, du 17 septembre 1374, qui décrie les bretons d’or à « 22 caratz et demy, de deux deniers 6 grains de poids valant 14 s 3 d tz ». Pour lui, il s’agit de cette monnaie. Un an et demi plus tard, Soullard fait des observations sur cette pièce à la Société Archéologique de Nantes, PVSAN 1896, 7 juillet 1896, p. 40-41.
65 Princes ayant imité le franc à cheval : Charles de Blois ; Jeanne, duchesse de Brabant ; Arnould d’Orey, seigneur de Rummen (+ 1370) ; Pierre André, évêque de Cambrai (1368-1372) ; Louis de Mâle (1344-1384) ; Raimond IV, prince d’Orange ; Guillaume III, comte de Hainaut (1356-1389) ; Guy de Luxembourg, comte de Ligny (1364-1371).
66 Un article est paru sur le sujet, Salaün, « Le franc à cheval de Jean IV : mythe ou réalité ? », ASBNH, 1998, p. 40-41 ; contrairement à ce que dit l’auteur, il n’apparaît pas pour la première fois chez Duby, mais celui-ci ne précise pas d’où il le tient.
67 Saulcy, Recueil de documents…, t. i, p. 531.
68 Jézéquel 95 : BREITO dans le champ.
69 Jézéquel 193 : MONETA BRET.
70 Bompaire, « Identification et lecture des monnaies au xive siècle », RN, 1984, p. 196-197.
71 C’est l’opinion de Dhénin, « Florin et double… », p.198.
72 Jézéquel 244-250 et 251.
73 Le registre de Lautier est un registre de changeur du xvie siècle, Dhénin, « Florin et double… », p.19.
74 Blanchard, Actes de Jean V…, t. i, p.C.
75 DM II 1664.
76 Duplessy 292.
77 Cela arrive ; le franc à cheval de Charles de Blois, le demi-écu d’or au cavalier et l’écu couronne de François II, ou l’écu hybride de Louis XII ne sont connus qu’à un ou deux exemplaires.
78 Jézéquel 161.
79 DVX : Jézéquel 123-124, avec un doute sur l’obole que nous verrions plutôt comme un denier. L’examen du trésor de Plouagat fait apparaître de nombreuses variantes de module dues aux techniques employées dans les ateliers monétaires. Cf. chapitre sur la frappe des monnaies et le travail des ouvriers. Champ d’hermines : Jézéquel 162-165 ; le denier se caractérise par des hermines posées 2 3 2 et le double 3 4 3.
80 DVX : J 189-191, avec un doute sur le double, que nous voyons comme denier. Champ d’hermines : Jézéquel 223-228.
81 Jézéquel 88 bis.
82 Caron, Monnaies…, pl. iii, et Jézéquel, Les monnaies…, p. 262-275.
83 Duplessy 307 et Jézéquel 102.
84 Jézéquel 110 et Duplessy 316. Publiée par Duplessy, « Double breton inédit sans nom de duc (vers 1360) », BSFN, juillet 1966, p. 76-77.
85 Jézéquel 113 et 355.
86 Il s’agit de doubles de Louis V (1268-1299) et d’Arnould III (1299-1310).
87 Sur la diffusion des monnaies flamandes, Duplessy, « Les monnaies de Flandre, de Brabant et de Hainaut dans les trésors du centre de la France », BSFN, juin 1962, p. 162-165.
88 Duplessy 2, p. 19, pour le nom de cette pièce. Pour les comtes de Brabant, Witte, Histoire monétaire des comtes de Louvain…, Anvers, 1894, et pour les Flandres, Gaillard, Recherches sur les monnaies des comtes de Flandre, Gand, 1857, et Deschamps de Pas, Essai sur l’histoire monétaire des comtes de Flandre, Paris, 1863. Serrure, « L’imitation des types monétaires flamands au Moyen Âge », Annales de la Société Archéologique de Bruxelles, t. xiii, 1899.
89 Jézéquel 159.
90 Jézéquel 214-219.
91 Duplessy, « Demi-gros au lion de Jean IV, duc de Bretagne (1345-1399) (inédit) », BSFN, mai 1990, p. 821-822 ; poids : 1,71 g, J 219 (le poids des gros au lion de Louis II de Flandre est de 3,7 g à la première émission, et de 3,13 g à la septième et dernière).
92 Caron 251 et pl. x, n° 19.
93 Woodead, « Le gros au lion de Bergerac », BSFN, novembre 1975, p. 841-843.
94 En particulier, étude de Fournial, Histoire monétaire…, p. 97-110.
95 Compte de la baronnie de Fougères, AIV 1 F 623, 1351, f° 93.
96 Sur le sens de l’équité du bienheureux, Cassard, Charles de Blois, p. 79 ssq.
97 Ogée, Dictionnaire…, t. ii, p. 118 et 120. Le premier cours semble bas par rapport à celui du marc dans le royaume (3 £ 14 s 2 dt, Favier, Finance et fiscalité…, p. 61). D’une part, Ogée n’est pas toujours une source très fiable en matière de monnaie, mais d’autre part, les cours indiqués par J. Favier sont des moyennes décennales pondérées et peuvent donc masquer des fluctuations. Il n’en reste pas moins que le mouvement de hausse reste important, même avec un marc à plus de 3 £.
98 Jones, Actes de Charles de Blois…, acte 147.
99 Certaines de ces trouvailles ont déjà été étudiées dans la partie précédente, mais elles assurent la transition entre la paix et la guerre, d’où la nécessité de les reprendre ici pour mettre les ruptures en évidence.
100 Sur le contrôle de la région d’Hennebont au début de la guerre, La Borderie, Histoire…, p. 449 ssq.
101 Échantillon de 767 monnaies. 2 monnaies indéterminées ont été écartées. Les monnaies flamandes ont été placées avec les étrangères.
102 C’est peut-être une des raisons qui poussent Charles de Blois à vouloir y implanter un atelier monétaire.
103 Elle est disputée entre les deux partis pendant toute la guerre.
104 Six monnaies frustes n’ont pas été prises en compte.
105 Ainsi que les monnaies de Hainaut, de Brabant et de Gueldre, imitées du gros compagnon.
106 DM I 1533-1534, Planiol, La Très Ancienne Coutume…, p. 355, et Jones, Actes de Charles de Blois…, acte 247, 1360 (avant le 20 juin).
107 Marc Bloch a été un des premiers à souligner l’intérêt de relever les différentes monnaies dans les textes, cf. « Le problème de l’or au Moyen Âge », Annales d’Histoire Economique et Sociale, 1933, p. 1-34. J. Day se sert de cette méthode avec succès pour étudier la circulation monétaire dans la région de Florence à la fin du xiiie siècle, cf. « La circulation monétaire en Toscane au temps de Dante », Monnaies et marchés au Moyen Âge, Paris, 1994, p. 29-39.
108 Jones, Actes de Charles de Blois…, acte 194, 1357 (3 mars).
109 Plus de 18 000 monnaies, pour 14 mentions, sans compter les écus johannes.
110 Duplessy 249.
111 Duplessy 289.
112 Duplessy 293 et 294.
113 Les 27 monnaies d’or de Mellac, mal décrites, ont été écartées, de même que le franc à cheval de Jean le Bon trouvé « dans la région de Nantes ».
114 Philippe VI : 1 lion d’or (1338) ; 1 double royal d’or (1340) ; 20 écus d’or (1337-1349) ; 8 écus d’or (1337-1349).
115 Jean le Bon (1350-1364) : 1 agnel ; 1 agnel ; 1 agnel ; 2 agnels ; 1 agnel d’or ; 2 agnels ; 2 agnels ; 2 agnels ; 14 écus d’or ; 1 écu d’or ; 2 royaux d’or ; 1 monnaie d’or ; 1 monnaie d’or.
116 Étrangères : 1 florin d’or ; 1 florin d’or assez usé qui serait de 1330 ; 1 florin ; Charles IV, roi des Romains (1346-1355) : 1 florin d’or ; Aragon : 1 monnaie d’or.
117 On en trouve à Bain VII, Guérande I, Guipry, Quimper III et Inconnu I Finistère.
118 AIV 1 F 623, f° 117 ; enquête pour la canonisation de Charles de Blois, f° 320.
119 Jones, Actes de Charles de Blois…, actes 214-215, 1358 (avant le 16 mars).
120 AIV 1 F 623, f° 95 bis v°, et compte de la baronnie de Fougères, AIV 1 F 623, f° 95 bis v°.
121 Compte de la baronnie de Fougères, AIV 1 F 623, f° 95.
122 Favier, Finance et fiscalité…, p. 61.
123 Cité par Jones, Actes de Charles de Blois…, p. 203, note 1, 1359 (29 septembre).
124 Il est libéré en 1356 moyennant une rançon de 70 000 écus.
125 Lenain, « Le trésor de Rouen », BSFN, juillet 1956, p. 60 et décembre 1956, p. 84-85 ; Lafaurie, « Le trésor de Rouen », BSFN, octobre 1956, p. 67-68, et Duplessy 2, n° 299.
126 Les monnaies de Jean de Montfort ont été comptabilisées avec celles de Jean IV. L’échelle des cartes est semi-logarithmique.
127 Phénomène bien mis en valeur sur la carte de l’État Breton, Skol Vreizh, p. 11, mentionnant les villes et places fortes tenues temporairement et définitivement par l’un ou l’autre parti.
128 La Borderie, Histoire…, t. iii, p. 460-462.
129 Ibid., p. 531.
130 Ibid., p. 562-563. Les zones de conflits qu’il signale pour l’année 1360 sont Bécherel ; Châteaulin ; Derval ; Evran ; Lesneven ; Malestroit ; Meillac ; Ploërmel ; Plouégat-Moysan ; Redon ; Roscoff ; Saint-Méen.
131 Comme les monnaies sans différent d’atelier, J 98-110, 113-115…
132 Nous nous sommes servi de la carte dressée par Gildas Salaün dans son article sur la circulation des monnaies de Charles de Blois. Son corpus de trésors est réduit pour la Bretagne, mais suffisamment proche du nôtre pour l’étude du royaume.
133 Poisson, « Un groupe de monnaies de Jean le Bon et Charles de Blois trouvé sur le site médiéval de Dracy (Côte-d’Or) », BSFN, février 1973, p. 341-342 et Duplessy, Les trésors monétaires…, t. ii, n° 35.
134 Salaün, « La circulation des monnaies de Charles de Blois », ASBNH, 1997, p. 39.
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