Annexe. Synthèse des cas retenus
p. 245-257
Texte intégral
Christophe

1Caractéristiques familiales
2– alliances : le groupe est tiré vers le moyen-haut par la mère
3– évolution professionnelle : légère ascension professionnelle
4– effets : sentiment de stagnation ; faible projection dans l’avenir
5– milieu modeste, profil bas
6– tissu serré d’interconnaissances ; logique clanique
7Traits structurants
8– absence de reconnaissance de sa différentialité positive ; reste humble
9– appartenances aux groupes
10Espaces traversés par Christophe
11– école publique (Bac C)
12– JOC ; Franca ; BAFA
13– école d’ingénieurs à Rennes
14– entraîneur de basket
15Tendances et dispositions
16La réussite l’écarte des siens
17– disposition à travailler en équipe ; animation, encadrement
18– respect des règles
19– écartèlement : recherche des preuves de sa valeur individuelle/souci du communautaire
20– quête d’un groupe d’appartenance
21– recherche (logique) du proche (physique, géographique et affectuel)
22– propension à la mesure, à la pondération
23– au sacrifice de soi (dévouement) pour autrui mêlé d’une recherche de reconnaissance
Trajectoire professionnelle de Christophe
24En 1989 Christophe débute son parcours professionnel en intégrant une petite entreprise d’informatique, une société de service (Entreprise N° 1’), à Rennes, ville dans laquelle il fit son école d’ingénieurs, il y restera quatre ans. Dans cette première entreprise Christophe fait du développement informatique mais, au bout d’un an et demi il prendra la tête d’une équipe de trois personnes et aura, à la fin de son séjour dans l’entreprise N° 1’une quinzaine de personnes sous sa responsabilité dans le cadre de suivis de projets (il deviendra chef de projet). Rapidement ses activités se diversifient aux côtés d’un « chef » qu’il admire.
25En 1993, à la suite d’une conversation avec un ami, Christophe se rend compte que ses primes d’intéressement sont négligeables relativement à celles que touche celui-là. Il décide alors d’envoyer un curriculum vitae à l’entreprise dans laquelle travaille cette personne (l’entreprise N° 2’est une filiale d’une entreprise nationale), sa candidature ne sera retenue qu’un an plus tard. Il quittera alors le monde de la technique pour celui de la qualité. Dans l’entreprise N° 2’Christophe devient ingénieur qualité entre 1993 et 1997. L’environnement dans lequel il travaille évolue rapidement, avec lui, ses activités se diversifient, un poste d’encadrement lui est proposé, il l’accepte. Christophe occupe ce poste d’encadrement de premier niveau depuis maintenant 4 ans.
26L’entreprise N° 2’dans laquelle se trouve Christophe depuis quatre années est rachetée par la filiale N° 2” en 1997, la première sous-traite alors à la seconde. N° 2”rachètera en 2001 N° 3’(société anglo-saxonne), son principal concurrent. Mais N° 3’effectue, au niveau international, des activités proches de celles que réalise N° 2’, cette fois sur le plan national. N° 3’, est le premier mondial dans la data, N° 2’était le premier en France. Depuis juillet 2001, Christophe est dans la société N° 3’qui appartient à la filiale N° 2”, et il affirme toujours travailler pour N° 2’1. Le lecteur peut désormais reprendre la lecture du texte à partir du sous-chapitre Des effets d’une insertion plurielle.
Philippe

27Caractéristiques familiales
28– alliances : relative homogénéité, alliance par le haut qui profite au père
29– évolution professionnelle : vocation paternelle détournée, le père se met au service de l’entretien du capital maternel ; l’avenir professionnel s’assombrit
30– effets : crispation sur la nécessité de faire ses preuves ; nécessité de la réussite
31Traits structurants
32– père absent
33– suivi parental distancié
34– la reproduction passera par la reconversion
35– « venger » le père
36Espaces traversés par Philippe
37– fort contrôle des fréquentations (altérité mise à distance)
38– école communale, Bac D ; éthique de l’excellence dans la séparation et le respect des règles
39– faculté d’économie (Maîtrise)
40– clubs sportifs
41Tendances et dispositions
42– maîtrise et culte de soi
43– sens de l’efficacité
44– culte de l’effort, du mérite
45– sens de la compétition, du dépassement ; mettre les autres au service de soi
46– pas de doute quant à son appartenance sociale
47– certitude de soi
48– vision binaire du monde ; darwinisme social
49– disposition à la méfiance, à la vigilance, à la rétention, à la rigueur
Trajectoire professionnelle de Philippe
50En 1988, Philippe est embauché en tant que commercial dans l’entreprise N° 1 (entreprise d’édition de logiciel de gestion de trésorerie) à Nantes, il y travaille 2 ans. Cette entreprise n’est qu’une unité, dans l’Ouest, d’un groupe aux dimensions nationales en forte croissance et dont le siège se trouve à Paris. Le responsable régional de cette unité, personnage pour qui Philippe a une grande estime, proposera à ce dernier d’aller travailler à Paris, ce qui a pour effet de stimuler Philippe, qui accepte et deviendra « commercial grand compte ».
51Après avoir remporté les deux challenges commerciaux proposés par son entreprise, Philippe donne sa démission et rentre dans une autre entreprise française (entreprise N° 2) dans laquelle il restera trois ans, toujours à Paris. En 1993 Philippe rentre dans une multinationale anglo-saxonne (entreprise N° 3) spécialisée dans la hightech. Dans un premier temps, il s’occupe du secteur du transport en tant qu’accountmanager, et exercera trois métiers différents dans cette entreprise. L’entité parisienne, qui compte 800 salariés, fait partie d’un ensemble beaucoup plus vaste. Philippe commence à recueillir les signes de l’excellence… Le lecteur peut dès à présent se reporter au sous-chapitre Des effets d’une insertion plurielle puis, poursuivre la lecture du texte avec l’étude de cas n° 1 Renforcement des logiques de position et destin social.
Reprise du parcours professionnel de Philippe
52Au bout de cinq années passées dans l’entreprise N° 3, Philippe est licencié ; nous sommes alors en 1998. Philippe intègre alors l’entreprise N° 4 dans laquelle il restera six mois… Là, un commercial avec qui il avait travaillé dans une entreprise précédente, reprend contact avec lui pour lui proposer de le suivre dans la constitution d’une « boîte » regroupant quelques personnes autour d’une idée nouvelle et prometteuse. Philippe les rejoint et s’investit sans compter. Les champs des possibles s’ouvrent devant lui. Sa multipositionnalité plusieurs fois dominante le fait accéder à des lieux de prestige, professionnels et autres. Les relations qu’il tisse dans ces différents milieux lui facilitent à leur tour l’accès à des positions salariales convoitées. Son capital économique monte en puissance. Philippe cumule sur lui les signes de l’excellence. Il se dirige vers le statut de chef d’entreprise… mais il faudra attendre avant que l’idée ne porte ses fruits. Le lecteur peut désormais reprendre le texte avec l’étude de cas n° 6 intitulée La dynamique de l’adaptation aux contradictions du système.
Louis

53Caractéristiques familiales
54– alliances : homogamie du haut et stabilité ; maintien et progression des acquis
55– évolution professionnelle : stabilité par le haut ; hérédité professionnelle paternelle
56– effets : sentiment d’indépendance et de maîtrise sur les hommes et les choses
57– logement : séparation, distinction positive, hauteur, le cœur ; l’extérieur au service de l’intérieur
58– forte emprise paternelle
59Traits structurants
60– un long rite initiatique
61– contrôle prolongé et constant sur les fréquentations
62– injonction : deviens-le-même
63– le flou s’installe sur la pertinence du « choix » de l’élu
64Espaces traversés par Louis
65Tous les espaces traversés ont en commun une forme de distance par le haut à l’égard du reste du monde.
66– École privée, Bac littéraire chez les jésuites
67– Sciences-Po Paris
68Tendances et dispositions
69– éthique de la responsabilité, culte de l’excellence, de l’effort, du contrôle de soi, de la
70rigueur – esprit de corps
71– propension à être servi et à servir une cause
72– un vecteur de transmission intergénérationnel ; un devoir de lignée
73– absence de « Je »
74– assurance quant à la certitude de sa valeur
Trajectoire professionnelle de Louis
75Louis sort diplômé de Sciences-Po Paris en 1981. Sa vie professionnelle débute au Canada, sous l’impulsion de son père qui, en mobilisant son réseau de relations, parvient à l’introduire dans une entreprise de renommée internationale (entreprise A). L’ombre de son père plane sur Louis… De 1981 à 1986 Louis travaillera dans cette première entreprise, au Canada, puis, en France, il y fera de l’audit interne et du contrôle de gestion.
761986 marque un tournant important dans la vie professionnelle et familiale de Louis. À cette date, Louis est rappelé par son père, celui-ci lui demande de rejoindre l’« affaire familiale » à Reims. Son père en est encore le patron… pour peu de temps. Personne ne soupçonnait alors les dangers qui guettaient l’entreprise familiale. La requête de son père est lourde de sens. Louis ne peut feindre de savoir ce qu’elle signifie. Par son appel, le père de Louis indique à son fils la poursuite d’un parcours initiatique qui, en cas de succès, devrait l’amener à prendre la direction de son entreprise. La proposition ne se refuse pas, lourde d’enjeux, elle renferme aussi nombre d’espoirs contenus. Louis exercera diverses activités au sein de cette entreprise familiale, il sera successivement responsable de zone export (1986), puis contrôleur de gestion (1990).
77Mais soudain, ce que l’on pourrait appeler un plan de vie s’effondre brutalement. Implicitement promis à occuper un poste de direction dans l’entreprise de son père, Louis subit alors les affres d’un nouvel esprit du capitalisme contre lesquelles son père n’aura pris garde de se prémunir en conservant, entre peu d’héritiers, le monopole sur les parts de son entreprise. La société subira une violente attaque boursière, elle sera placée sous le contrôle d’un groupe (X), le père de Louis sera évincé brutalement. Louis hésite à partir… mais reste. Il sera licencié en 1993, après avoir subi nombre de vicissitudes.
78Quand on sait que Louis conçoit son existence sur le mode d’un devoir de transmission intergénérationnel, on comprend alors tout le poids de cette séparation. Dans cette rupture, c’est non seulement une vie qui bascule, c’est aussi une raison d’être au monde qui s’obscurcit. En 1994 Louis retrouve un travail, il fera du contrôle de gestion dans une société de capital développement, quittera cette entreprise trois ans plus tard, et passera, dans ce laps de temps, un troisième cycle à l’IAE (Institut d’Administration des Entreprises) de Paris. En 1998 Louis rentre dans une entreprise américaine à Paris, il y deviendra directeur administratif et financier. Des conflits avec un patron nouvellement arrivé l’amèneront à un douloureux licenciement (1999). Il aura connu trois périodes de chômage depuis son entrée dans le monde du travail. Louis se lance dans une start-up en 2000, mais abandonnera rapidement. Il deviendra, un an plus tard, responsable administratif et financier dans un cabinet d’avocats parisiens. C’est à cette période que nous avons commencé à l’interroger. Le lecteur peut maintenant se reporter à l’étude de cas n° 3 intitulée Des effets d’invisibles frontières.
Thierry

79Caractéristiques familiales
80– alliances : homogénéité de la culture parentale (homogamie du bas)
81– évolution professionnelle : passage accéléré de la terre à l’usine au monde des services
82– effets : ouverture limitée à d’autres horizons professionnels
83Traits structurants
84– choix du nécessaire
85– deviens-autre-que-moi ; mais quoi, et comment ?
86Espaces traversés par Thierry
87– école publique (Bac C)
88– école d’ingénieurs à Rennes (importance de la dimension collective)
89– obtention d’un diplôme d’ingénieur synonyme d’un sentiment d’accomplissement
90Tendances et dispositions
91– à travailler en commun
92– à la polyvalence
93– propension à la vulnérabilité
94– suspendu au verdict d’autrui
95– incertitude quant à sa valeur
96– difficultés à jouer des rôles, à s’adapter à des situations variées
97– le devoir-faire-ses-preuves se poursuit au-delà du prévisible
98– recherche (logique) du proche (physique, géographique, affectuel)
Trajectoire professionnelle de Thierry
99La recherche d’emploi de Thierry commence en 1989. Malgré un marché de l’emploi favorable aux ingénieurs, ses ambitions sont restées modestes. Sa première expérience professionnelle débute, pourrait-on dire, de façon involontaire, puisque Thierry se retrouve placé dans une entreprise, à Paris, plus par surprise que par choix. Il y restera un an. En insistant, Thierry parvient à revenir à Nantes. Il intègre alors une entreprise (A1) de télécommunications.
100Thierry restera un peu plus de deux ans dans un service (de l’entreprise A1) qui le marquera par les pressions d’un supérieur. Son travail ne le satisfait pas, il considère qu’il est sous-employé. Pendant cette période, il essaiera de changer d’orientation professionnelle. Accepté à un entretien pour devenir enseignant dans une école d’ingénieurs, il n’obtiendra pas le poste et arrêtera là ses recherches. Sur sa demande, Thierry change à nouveau d’équipe, nous sommes en 1992. Le contenu de son travail le satisfait. Désireux d’aller travailler à l’étranger pour des missions ponctuelles, Thierry parvient à partir dans une filiale Belge de l’entreprise A1, il y passera deux ans. Le travail qu’il effectue comble ses souhaits professionnels.
101À son retour à Nantes, toujours dans l’entreprise A1, Thierry intègre une nouvelle équipe et demande à passer au temps partiel. Il effectuera par la suite, jusqu’en 2001, d’autres missions à l’étranger qui l’entraîneront sur pratiquement tous les continents. Bien que plébiscité pour son travail à l’étranger par ceux chez qui il accomplit ses missions, Thierry ne rencontre pas la même reconnaissance sur le site nantais. Au cours de toutes ces années, il n’aura gravi aucun échelon dans l’entreprise A1. Le lecteur peut désormais se reporter à l’étude de cas n° 3, Des effets d’invisibles frontières.
Reprise du parcours professionnel de Thierry
102Sur le site nantais, l’entreprise A1 ne donne toujours pas de signes de reconnaissance à Thierry. Tout semble progressivement se bloquer avec force d’évidence pour lui, les postes, les augmentations de salaires, les primes, les propositions de stock-options, et même la possibilité de choisir son équipe de travail. Un profond sentiment d’injustice l’habite. À cela il faut ajouter les craintes et suspicions naissantes à l’égard des autres, ces « ils » anonymes qui dans l’ombre de son absence médisent et conspirent. Pourtant, Thierry hésite encore à partir. Le lecteur peut poursuivre la lecture du texte par l’analyse de cas n° 6 La dynamique de l’adaptation aux contradictions du système.
Bernard

103Caractéristiques familiales
104– alliances : la branche paternelle assure le maintien
105– évolution professionnelle : hérédité professionnelle paternelle ascensionnelle
106– logement (caserne) : constitution d’une vision manichéenne et binaire du monde
107– autoritarisme paternel/docilité maternelle
108– respect des hiérarchies
109Traits structurants
110– attention parentale différenciée, redoublée d’un deviens-comme-moi paternel
111– entre crainte et fascination à l’égard d’un père autoritaire
112Espaces traversés par Bernard
113– école publique (BEPC)
114– Mai 68 : forte rupture avec le père…
115– apprécie et retrouve, avec Mai 68, un monde communautaire et totalisant
116Tendances et dispositions
117– à la mobilité (par rejet du passé)
118– absence de distance au rôle
119– vision sexuée des tâches
120– forte sensibilité aux marques de hiérarchie
121– comptes à régler avec le père
122– regarde le monde à distance, comme une image
Trajectoire professionnelle de Bernard
123Après quelques années passées au service de l’armée, Bernard, qui a alors 23 ans (nous sommes donc en 1973), trouve rapidement du travail en tant que photographe dans un laboratoire photos. À la faveur d’une conjoncture très favorable, d’un marché en expansion des « minilabs », il intègre une autre entreprise où il sera rapidement promu responsable de laboratoire, puis nommé cadre en 1983.
124Du jour au lendemain, cette nomination, inattendue, le fait basculer « dans un autre monde », « de l’autre côté », celui de la direction, monde aussi inaccessible que craint, mais aussi éloigné de celui des employés. Flatté par cette proposition, Bernard endosse alors l’habit du cadre, autant dans ses attributs distinctifs que dans ses fonctions. Ses activités consistent alors à analyser les résultats des magasins, mais aussi à contrôler les comportements et la tenue vestimentaire des employés. Un autre volet de ses activités le conduira à faire du recrutement et de la formation du personnel.
125Depuis ce jour et pendant 12 années, Bernard consacrera l’essentiel de son temps au travail. Son investissement dans le travail est tel que Bernard n’hésite pas à déclarer qu’il a sacrifié sa vie familiale au profit de sa vie professionnelle. Il invoquera les soucis et le stress afin d’expliquer ses comportements. Le lecteur peut désormais se reporter à l’étude de cas n° 4, La technique de l’art de la technique.
Reprise du parcours professionnel de Bernard
126Bernard sera licencié en 1995. Il se met immédiatement à la recherche d’un emploi. Après quelques expériences courtes et malheureuses, Bernard cumule les déceptions. Il trouve que le monde du travail est devenu plus violent. Les propositions qu’on lui fait le satisfont peu. Au fil du temps, Bernard revoit ses aspirations à la baisse. Il sera finalement embauché en tant qu’employé. Au début, cette nouvelle situation ne le satisfait pas… il finira par s’en accommoder. Si sa nomination au statut de cadre l’avait propulsé « dans un autre monde », cette dernière expérience lui fait franchir la frontière symbolique en sens inverse. Le lecteur peut reprendre le suivi du texte à partir de l’étude de cas n° 9, L’éviction, pertes et profits.
Béatrice

127Caractéristiques familiales
128– alliances : le second mariage du père atteste de son ascension professionnelle (« changement » d’ethos paternel)
129– double habitus et effacement de la mère naturelle
130– évolution professionnelle : sur deux générations (des grands-parents au père), accélération de la progression (de la terre à l’usine au bureau), du paysan au « cadre maison »
131– effets : fusion-confusion : père, travail, entreprise, existence ; relation enchantée à l’entreprise
132– logement : séparation avec le monde ouvrier ; visibilité des distances sociales
133Traits structurants
134– l’existence passe par le reniement des origines familiales et professionnelles
135– poursuivre et entériner les preuves de l’appartenance au haut
136– deviens-ce-que-j’aurais-aimé-être
137Espaces traversés par Béatrice
138– basculement de l’école publique à un établissement privé (Bac C)
139– colonies de vacances ; CEMA
140– école supérieure de commerce
141Tendances et dispositions
142– art de détecter et d’interpréter les signes de reconnaissance sociale
143– capacité à jouer différents rôles ; adaptation
144– animation
145– recherche d’appartenance ; entre deux mondes
146– propension à l’admiration et à la convoitise du haut, repousser le bas
Trajectoire professionnelle de Béatrice
147La recherche d’emploi de Béatrice débute en 1984, elle a alors 22 ans. Sans trop d’effort, elle parvient à se faire embaucher dans l’entreprise M, à Paris. Béatrice devient élève ingénieur commercial. Les recrues, dont elle fait partie, ne commencent pas à travailler immédiatement, elles suivent des formations et des stages en entreprise. Mais les choses s’engagent mal pour Béatrice qui se retrouve en face de ceux que son père craignait et admirait tout à la fois : des centraliens et des polytechniciens. Ces formations et stages se passent dans la douleur. Béatrice pense que l’entreprise s’est trompée en la recrutant, elle ne se sent pas à la hauteur. Elle débute pourtant son activité professionnelle dans cette entreprise M, avec une fonction d’ingénieur commercial. Mais, très vite, elle lâchera prise, l’angoisse l’envahit.
148Béatrice sera remerciée, son départ accompagné d’un chèque important. Mais ce licenciement l’affectera. Elle se met donc à rechercher du travail. Son père l’informe qu’une grande entreprise (N) recrute. Elle postule, est prise. Nous sommes alors en 1985. Béatrice sera la première femme cadre dans la filiale de l’entreprise N. Elle y travaillera de 1985 à 1991. Affirmant qu’un jeune cadre se doit de ne pas rester plus de deux ou trois ans sur le même poste, Béatrice décide d’évoluer. Dans cette entreprise, elle sera tour à tour l’adjointe d’un chef de service, puis fera de l’achat et de la vente d’acier et, pour finir, du contrôle de gestion. C’est à cette période que nous la retrouvons dans l’étude de cas n° 5 intitulée Le cadre caméléon.
Reprise du parcours professionnel de Béatrice
149Béatrice se marie en 1991 et aura un premier enfant. Elle quitte Paris pour la Bretagne, suit son mari (commerçant en vins), et prend un congé maternité. Dans un premier temps, cette vie de femme au foyer la comble, mais au bout d’un an, elle se lasse. Béatrice sera recrutée par un laboratoire médical pour un travail de commercial, mais sera licenciée sans en connaître les raisons. En 1994 elle retrouve du travail dans un laboratoire pharmaceutique, elle n’a alors plus le statut cadre. Un nouveau déménagement, un nouvel enfant, et peu de perspectives, l’amèneront à quitter ce travail.
150En mobilisant son réseau, Béatrice obtient un emploi de formateur et de consultant, à Paris. Elle travaillera dans ce cabinet de 1994 à 1999, à cette date, elle divorce, opte pour quitter ce travail et se décide à chercher un plein temps dans la région nantaise. Toujours par relation, Béatrice est embauchée dans un cabinet spécialisé dans la formation et le conseil auprès d’entreprises, elle y sera la seule femme consultante. Elle restera jusqu’en 2002 dans ce cabinet, et le quittera pour une société d’assurance où elle deviendra cadre de haut niveau, elle fera du marketing opérationnel. Mais, dès son arrivée, une fusion a lieu, et les deux plus gros salaires de l’agence sont licenciés.
Notes de bas de page
1 En espérant que le lecteur nous pardonnera cette gymnastique. Nos efforts pour rendre claires les explications de Christophe ne seront probablement pas venus à bout de la confusion qui est la sienne. Cumulés, ces efforts de clarification donnent pourtant une idée de la complexité de la configuration.
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