Chapitre VII. Les temps fantasmes de la guerre en armes
p. 105-114
Texte intégral
1Tant à Tours, à Poitiers qu'à Bourges, la lecture des registres de délibérations ou de comptes montre qu'autour des premières crises du xvie siècle (1512 puis 1522-1525) la perception du fait militaire a changé dans la ville. Sans aucun doute, après l'interlude pacifique des années 1490-1512, l'alerte de 1512 induit un effet de contraste qui trouble la quiétude municipale. Presque lointaine voire exotique, la guerre reprend alors subitement le chemin du royaume, devient un élément tangible de la vie quotidienne. Interprétées dans le cadre de cette irruption brutale, les décisions prises par les corps de ville peuvent sembler tout à fait légitimes. Pourtant dans toutes les alertes qui rythment le xvie siècle, les menaces demeurent souvent vagues. En 1512, les Anglais pénètrent à peine dans le royaume. En 1522-1524, les aventuriers qui parcourent le royaume restent somme toute assez loin des villes. Cependant, les décisions municipales telles qu'elles sont rapportées dans les registres de délibérations ou de comptes montrent une effervescence politique et militaire presque incomparable, en tout cas surprenante. À la réactualisation ordinaire du guet et de la garde de la ville, s'ajoutent en effet de multiples mesures qui traduisent l'émergence d'une véritable communauté en armes, d'une armée urbaine qui n'a pas connu d'équivalent dans l'histoire de ces villes, même au plus fort de la guerre de Cent Ans.
L'ordre humain
2Selon l'article 28 des Établissements de Rouen sur lesquels sont bâtis les statuts communaux de Poitiers, Bourges et Tours, il revient au maire de conduire la ville à l'ost. Ce devoir militaire, inscrit au plus profond de la mission communale, ne doit cependant pas troubler la lecture de la vocation militaire des municipalités (ou des assemblées d'habitants). Il s'agit en fait d'entretenir la surveillance des murs de la ville qui eux présentent la vraie force de la cité. Cette garde se traduit par le traditionnel guet mentionné tout au long du Moyen Âge et qui subsiste encore par la suite. Entre 1500 et 1560, dès les premières rumeurs, les habitants de la ville et de la châtellenie (ou de la septaine à Bourges) sont enrôlés et, chacun à leur tour, viennent assurer leur charge sur les murs ou aux portes. C'est ainsi qu'à Poitiers en 1512 plus de 850 personnes venant des paroisses de la châtellenie sont, par roulement, soumises à cette charge1
3Le guet est bien connu et a maintes fois été décrit. Ce qui semble marquer plus particulièrement les années 1500-1560, c'est la mobilisation du potentiel humain des cités. Pourtant, l'ordre qui prévaut à cette organisation n'est pas récent. Il s'agit d'une répartition des hommes en fonction de leur habitation dans la ville dans de petites compagnies (les « dizaines »), réunies dans de plus grosses (les « cinquantaines », puis les « centaines »), suivant une hiérarchie pyramidale dont les cadres sont tenus par les principaux échevins sous les ordres du maire. À Poitiers, à Bourges ou à Tours, le fait est clair, le début du xvie siècle marque une installation durable de la mobilisation selon ce modèle. Cet ordre n'est pas évoqué à Poitiers au cours de la guerre de Cent Ans et la notion de « dizaine »qui apparaît au détour de rares actes, reste difficilement interprétable2. Comme à Tours où de petites compagnies sont mentionnées plusieurs fois avant 1436, leurs attributions restent difficiles à déterminer3. Il ne s'agit pas en tout cas de structures durables, issues de pratiques traditionnelles et rodées, car, à chaque nouvelle crise, tout reste à refaire et l'ordre ancien n'est que rarement repris. Ainsi en 1465, la ville de Tours mobilise trois à quatre cents personnes volontaires mais sans cadre précis alors qu'en en 1468, pour assurer la garde de la cité pendant le passage du roi, le corps de ville a recours aux services payés de deux cents personnes toutes les nuits4. Si le guet ou la garde des portes tout au long du xve siècle est une préoccupation essentielle des corps de ville, l'organisation d'une armée urbaine avec une véritable vocation militaire ne semble pas constituer pour les corps de ville un élément de leur autorité.
4Il n'en est plus de même au début du xvie siècle, où les responsables municipaux entament une véritable réorganisation de leurs ressources humaines. Si le guet est évidemment maintenu et toujours codifié selon des mêmes règles strictes, l'ordre de guerre qui est créé dans les villes dépasse largement les nécessités de la surveillance des murailles. Dans la capitale poitevine, cet ordre militaire apparaît pour la première fois en avril 1512 et résulte d'un recrutement par paroisse5. Chaque groupe a une responsabilité entière sur le morceau de muraille qui lui est attribué et doit faire rapport des réparations à effectuer et certainement aussi de la distribution des places. Ainsi les archives conservent des répartitions précises qui respectent un ordre strict6. Toute cette organisation est reconduite en juin 1523, en 1542, en juillet 1544 puis en août 15577. Lors de cette dernière occasion, la mobilisation semble bien rodée. La ville est promptement divisée en six quartiers de quatre à cinq paroisses dont les habitants sont conscrits sous les ordres de cinq échevins répartis sur les murailles. Régulièrement les échevins reçoivent l'ordre d'inspecter les troupes qu'ils dirigent et de pourvoir au départ des nobles de la ville au ban du roi8. À chaque fois, un état de siège assez contraignant est instauré et, face aux libertés que certains tentent de s'octroyer, il est très vite rappelé que chaque habitant est tenu de servir en personne et ne peut s'absenter de la ville plus d'une nuit9.
5Il est remarquable de constater la simultanéité avec laquelle une organisation très proche se met en place à Tours. Il faut là aussi attendre les années 1510-1520 pour noter l'apparition de « dizaines »regroupées en « centaines »réparties en fonction des quartiers et des paroisses10. S'il ne semble pas y avoir dans l'ordre tourangeau des « cinquanteniers », par contre les « quarteniers »sont attestés. Au nombre de quatre, ils dirigent les centeniers dans chaque quartier11. Un cadre strict vient régir l'absence ou les attributions de tous ces hommes auxquels un serment de fidélité est demandé afin qu'ils soient déclarés « bons et loyaux au roi12 ». Comme à Poitiers, c'est au sein de chaque quartier que s'organisent les réparations, le curage des fossés, voire l'organisation véritable des dizaines13. À cet ordre, tous les citadins sont associés, y compris les veuves qui doivent se débrouiller pour y envoyer des hommes équipés14. En 1522, face à l'imminence des premiers pillages, cette structure est promptement remise en place et même si, face à la nature de la menace, elle ne peut certainement être entretenue sur un temps long, le corps de ville se tient au fait des forces qui peuvent être mobilisées à tout moment, avant d'en rétablir l'ordre au début de l'été 152315.
6Quant à Bourges, si les comptes de la ville ne peuvent rapporter la mise en place d'un tel cadre, ils laissent apparaître également, dès les premières années du xvie siècle, la présence de « dizeniers », aux attributions toutefois plus floues. Sans pour autant détenir une charge municipale, ces personnes inscrivent leur rôle en dehors des périodes de crise dans des fonctions policières. À la veille des guerres de religion ils s'occupent particulièrement de la garde des portes de la ville16, et doivent peut-être être confondus avec les quatre capitaines (ou leurs compagnons) dont la présence est mentionnée dans la cité dès 155417. Un état de 1561 en indique la quantité (dix par quartier) et les noms18. Ils agissent à l'intérieur de chaque quartier, cadre fonctionnel qui marque fortement l'administration de la cité berruyère. Agents de sûreté (leur action est mentionnée à l'occasion de plusieurs incendies ou des épidémies de peste19), il est difficile de ne pas voir dans leur présence l'entretien larvé et dormant des structures propres à l'organisation militaire de la communauté urbaine.
7Ainsi, l'organisation humaine de la défense urbaine a franchi, autour de 1512- 1522, un cap à Poitiers, à Tours, sans doute à Bourges, comme cela est aussi attesté à Angoulême20 et dans plusieurs autres cités. À la lecture des délibérations parfois enflammées et des décisions énergiques prises au cours de chacune des crises, il est clair que les conseils municipaux deviennent alors les états-majors qui manquaient jusque-là dans les cités.
Le cadre matériel
8Cette réorganisation complète du cadre humain s'accompagne d'une plus stricte surveillance des conditions matérielles pour la défense de la cité. Les murailles font, bien sûr, l'objet d'une attention particulière subordonnée on l'a dit aux « dizeniers »répartis sur les murs. En 1512, après plus de vingt ans de paix, les travaux sont importants et l'enceinte est l'objet de vastes campagnes de réhabilitation. Cependant, la réparation des brèches, voire la reconstruction d'une partie de l'enceinte, relève d'attributions communales traditionnelles mentionnées tout au long du Moyen Âge. L'originalité des entreprises municipales réside ailleurs. Il s'agit en effet d'adapter la défense urbaine à l'usage de l'artillerie. Action qui passe par la mise en conformité des murailles, mais aussi, et peut-être surtout, par la constitution d'une véritable artillerie municipale.
L'enceinte
9Sans aucun doute, au début du xvie siècle l'enceinte urbaine ne répond plus aux conditions de la guerre moderne. Depuis sa construction, les faubourgs se sont étendus et les enclore apparaît de plus en plus comme une impérieuse nécessité. L'idée est avancée à Poitiers en 1522, mais devant la tâche le corps de ville ne peut trouver ni les ressources ni les énergies suffisantes21. Bien souvent encore l'aménagement de la muraille ou des portes reste du ressort des habitants des quartiers alentour. Le projet de François Ier de construire une nouvelle enceinte à la ville de Tours révèle toute la complexité de la question plus que la vétusté d'une muraille qui a plus de 160 ans. L'idée de ceindre la ville d'un nouveau rempart est formulée pour la première fois en mars 1518 au détour d'une délibération22. Elle répond certainement à une réelle nécessité dans une ville dont la population a considérablement augmenté du fait de la présence royale. Toutefois, « l'accroissement de la ville »est bien une ambition royale autour de laquelle cependant des intérêts particuliers s'expriment. Les lettres officielles accordant aux habitants l'autorisation d'agrandir de la ville (avec la permission d'enclore les faubourgs) sont publiées en novembre 1520 sans que le corps de ville ait soumis un quelconque désir au souverain23. Dans cette affaire, l'intervention de Jacques de Beaune, au plus fort de sa gloire, semble essentielle24. Si les bourgeois, dès décembre, font réaliser et porter au roi plusieurs « pourtracts et monstrez de la ville25 »afin d'en préparer l'application, ils ne seront jamais véritablement porteurs du projet. En 1522, malgré la présence dans la ville des commissaires de la cour et de la chambre des comptes, le conseil se désengage du projet et déclare « qu'il se fera en temps d'opportunité pourveu qu'il plaise au roi y aider26 ». Seuls quelques travaux sont entrepris à l'entrée des faubourgs27, car déjà les premiers aventuriers s'annoncent. Les préoccupations financières du souverain sont dès lors ailleurs. Ainsi, l'adaptation des remparts urbains est une question qui reste en suspens. En l'absence de grands chantiers, on peut penser que dans l'ensemble les vieux murs sont jugés suffisants, même si, après tout, aucun n'a connu l'épreuve de la guerre. Si en 1512, la muraille poitevine semble dans une piteuse condition28, il ne faudra pas très longtemps pour la remettre en état, preuve que l'attention municipale ne s'en est jamais vraiment détournée complètement et que les inspections réalisées, après chaque nouvelle élection du maire, sont globalement suivies d'effet. Il en va de l'honneur de la cité.
10En fait, les seuls véritables travaux d'envergure réalisés sur l'enceinte urbaine auront lieu à Poitiers autour de 1512 et à Bourges en 1553 (et peut-être aussi en 155629). Dans la première, il s'agit clairement d'adapter le flanc sud-ouest de la ville au feu de l'artillerie. Celui-ci, pourtant bien protégé par la porte de la Tranchée, est complété par l'ajout de deux moineaux et surtout par le creusement, à plusieurs centaines de mètres de la porte, d'un grand fossé venant barrer l'éperon rocheux en avant de la ville30. À Bourges, en 1553, des lettres patentes sont obtenues du souverain afin de lever plus de 3 000 livres sur les habitants, somme employée aux fortifications. Les comptes de la ville révèlent alors que l'on entreprend une visite générale des ouvrages de fortification et la construction (ou peut être une sévère réfection) de la bastille d'Auron31.
L'artillerie municipale
11La grande entreprise des corps de ville va être de constituer une véritable artillerie municipale. Il reste relativement difficile de connaître l'état de l'armement communal avant les premières années du xvie siècle. La ville de Tours s'est bien vue doter autour des années 1440 de plusieurs arbalètes et d'une douzaine de couleuvrines. Le corps de ville de Poitiers dresse autour des mêmes dates plusieurs inventaires (perdus) des ressources urbaines en la matière. Dans les deux cas cependant, la ville compte largement sur l'armement privé32. Il faut dire aussi que les pièces municipales, encore dans la seconde moitié du xve siècle, sont facilement réquisitionnées par le roi ou ses officiers et ne sont pas forcément restituées33. Ainsi en 1512, le Conseil poitevin s'interroge sur la pièce de « grosse artillerie »dont les plus anciens se souviennent encore. Celle-ci semble avoir été égarée de façon mystérieuse34. Quoi qu'il en soit, tant à Poitiers, que Tours ou Bourges, l'armement collectif ne semble pas avoir été véritablement une préoccupation dans des villes où le souverain lui-même entrepose et entretient une partie de ses propres pièces d'artillerie35.
12Si l'on en croit l'exemple poitevin, en 1512, l'ordre de constituer un arsenal municipal vient du roi lui-même. Devant les paroles de Louis XII (qui stipule bien que l'artillerie de fonte « est le principal36 »), la municipalité se lance dans la réalisation de différentes pièces, dont une demi-douzaine de gros canons. Le réarmement est brutal et coûteux. Il en coûte plus de 1 450 livres à la municipalité de Poitiers, soit presque la moitié des dépenses de l'année budgétaire 1511-151237, mais un inventaire dressé en juillet 1514 montre que la ville est dorénavant bien équipée : elle possède alors sept grosses pièces d'artillerie, onze pièces de petite artillerie de fer, et encore 19 brigandines, 14 arbalètes, 9 couleuvrines, ainsi que des piques, des cuirasses, de la poudre et tout l'équipement qui les accompagne38. En 1522, la ville détient toujours ces pièces, en partie seulement car certaines ont été réquisitionnées par le roi, et se lance dans une nouvelle campagne de fabrication39. Cinq à six milles livres sont peut-être alors attribuées de nouveau à tous ces travaux40, alors que le conseil réactualise l'ancien droit de bourgeoisie (payé à l'entrée de tout nouveau membre au corps de ville) affecté à la réalisation de pièce d'armes41. La communauté tourangelle se lance autour des mêmes dates dans des entreprises similaires et demande à chacun de ses échevins la réalisation d'une ou deux arquebuses à crochet42. Il semble qu'en 1512, elle possède déjà quelques pièces d'artillerie en fonte, mais pense aussi à en faire d'autres « plus utiles ». Les quelques pièces de fer (couleuvrines) qui sont conservées à l'hôtel de ville sont elles directement placées sur les murailles43. En mai de la même année, le conseil décide de fondre toutes les petites pièces en métal afin d'en réaliser une ou deux plus grosses ce qui ne semble tout de même pas suffisant pour la défense de la ville. Si pendant un temps Jacques de Beaune pense faire venir plusieurs pièces et des hallebardes de Lyon, fin juin, deux pièces de 1800 et 1300 livres sont fondues pour la ville qui essaie d'obtenir des munitions de différents calibres44. En 1522, comme pour chacune des alertes du xvie siècle, cette artillerie communale est apprêtée45, mais déjà une nouvelle organisation se dessine.
Vers une gestion collective de l'artillerie dans la ville
13En effet, si un petit arsenal se constitue rapidement et permet de subvenir aux nécessités les plus urgentes, les corps de ville atteignent très vite leurs limites budgétaires et doivent chercher un autre moyen pour compléter leurs ressources armées. Il faut trouver l'argent là où il se trouve, c'est-à-dire dans les différents corps constitués de la société urbaine : chez les religieux, chez les corporations de métiers, voire auprès des universitaires. Encore une fois la démarche apparaît presque simultanément à Poitiers et à Tours. Ce n'est plus cette fois-ci l'alerte de 1512 qui provoque les changements, mais bien la crise qui s'ouvre en 1522. Si en 1512, les deux corps de ville comptent sur leurs propres pièces ou sur celles de leurs habitants (dont ils tiennent des inventaires à jour46), en 1522, alors que l'état de crise se prolonge, il ne semble plus question de faire reposer la défense urbaine sur des bases aussi fluctuantes et peu sûres malgré la multiplication des mesures de police sur la circulation des armes.
14Ainsi, les religieux sont les premiers à être sollicités. Leur collaboration aux affaires militaires est attestée tout au long du xve siècle, notamment à Tours. Ils travaillent aux fossés, voire à la réparation des murailles en cédant ou en prêtant aux corps de ville plusieurs sommes. Au xvie siècle, un pas supplémentaire est franchi puisque cette fois ils doivent contribuer à l'artillerie. À Tours, leur participation est requise dès 1512 mais le corps de ville éprouve des difficultés pour les contraindre à agir47. À Poitiers autour de la même date, un mutisme fuyant est la seule réponse formulée aux réclamations du corps de ville, malgré la teneur des lettres de mobilisation publiées par le roi48. Les entreprises poitevines, après 1522, traduisent la collusion d'intérêt entre le souverain et la ville aux dépens des ecclésiastiques. Déjà sollicités pour contribuer aux murailles, ils le sont dès septembre pour établir plusieurs pièces d'artillerie mais malgré la réactualisation du même ordre l'année suivante il est peu probable qu'ils s'y conforment49. En 1525, les principaux chapitres de la ville s'opposent catégoriquement à une participation et refusent de se cotiser. La municipalité cherche alors des appuis et obtient, un an plus tard, des lettres du roi pour obliger les différents chapitres à fondre chacun une pièce de 1 500 livres, « selon l'intérêt de la ville50 ». Progressivement donc, sous la double contrainte du roi et de la ville, les religieux s'équipent51.
15Toutefois, seul le recours aux corps de métiers permet à la ville de constituer l'ossature de son parc d'artillerie. À Tours, en août 1522, ils semblent déjà équipés et plus d'une vingtaine de métiers jurés présentent l'état de leur artillerie52. À Poitiers, sollicités également dès 1522, ils ont obéi aux injonctions communales. En 1524, ils présentent métier par métier soit leurs pièces, soit le compte des artilleurs qu'ils ont rétribués53. Par la suite chaque métier, sous certaines conditions, devra détenir et entretenir une ou plusieurs pièces dont la comptabilité est régulièrement tenue à jour par le corps de ville54. Ainsi en 1539 à Poitiers, devant l'empereur qui fait son entrée solennelle dans la ville, leurs pièces s'ajoutent à celles de la municipalité pour saluer le monarque. La ville peut s'enorgueillir alors d'une quarantaine de grosses pièces55. Lors de chaque crise, par la suite, les métiers tiendront pleinement leur rôle militaire sous la direction du corps de ville56.
16Enfin, un appoint est apporté dans le cas poitevin par l'Université et ses docteurs, corps privilégié dans la ville. Leur pièce d'artillerie n'est pas attestée en 1539 lorsque la ville accueille l'empereur mais, en 1548, l'institution scolaire a répondu aux demandes municipales et en fait parvenir au moins une au Conseil pour équiper les murailles57. Cette aide qui reste ponctuelle est toutefois bien réelle.
17Que ce soit sur le plan humain ou matériel, les corps de ville, au début du xvie siècle, réorganisent donc profondément leurs structures militaires. Autrefois ballottés par des conflits dont les intérêts semblaient largement les dépasser (mais qui s'exprimaient à leurs portes), les conseils urbains apparaissent désormais presque transcendés par leur rôle militaire dans une guerre aux résonances pourtant fort lointaines. Les mesures qui viennent d'être évoquées, et certainement plus encore le ton et la manière dont les délibérations retranscrivent la mobilisation des forces urbaines, traduisent l'affirmation de l'idéal municipal. Par-delà la police de la ville, celui-ci trouve une dimension supplémentaire par l'adhésion à un modèle militaire. Situation paradoxale toutefois et largement fantasmée puisque les menaces réelles restent somme toute très lointaines. En rassemblant l'ensemble des forces urbaines derrière et autour d'eux, les gouvernements urbains se sont transformés en de véritables états-majors ce qu'ils n'ont jamais été, même au plus fort de la guerre de Cent Ans. Ce surinvestissement dans l'action militaire montre un modèle urbain de gouvernance qui atteint son paroxysme par une participation sublimée aux guerres du royaume.
Notes de bas de page
1 Poitiers, arch. comm., Registre 11, fos lii à lviii.
2 Au milieu du xve siècle, à plusieurs reprises, des « dizaines »apparaissent à Poitiers sans que l'on puisse leur attribuer véritablement une vocation militaire (Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 4, p. 312, 24 juillet 1465). Il peut s'agir en effet de groupes de personnes qui, par quartier, contribuent à la police de la ville, ou de groupes qui composent le guet (id., registre 11, f° 35 v°).
3 Pour l'analyse des conditions militaires à Tours au xve siècle, voir B. Chevalier, « L'organisation militaire à Tours, au xve siècle », dans Bull. phil. hist., 1959, p. 445-453.
4 Tours, arch. comm., BB 32, f° 76 v°. Il est convenu que ces hommes se relaieraient par centaine toutes les deux heures.
5 Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 12, p. 170. Chaque « LXXV »devient un « cinquante nier »et reçoit la direction de cinq « dizeniers ». Les échevins et conseillers prennent eux le titre de « centenier »bien qu'ils soient à la tête de trois « cinquanteniers ». Au sommet de la hiérarchie militaire urbaine se place le maire qui, outre la fonction de « centenier », porte aussi le titre de « Cappitaine de la ville ». En juillet 1523, alors que le conseil répartit les cinquantaines sur les murs, il fait également la répartition des paroisses (id., registre de délibérations n° 18, p. 304).
6 La première répartition des différentes compagnies sur les murs a lieu le 6 avril 1512 (ibid, p. 161 à 166, elle sera revue en mai, p. 207-208). En théorie chaque échevin reçoit la garde d'un « porteau »de la ville mais dans la pratique il est clair que chaque compagnie se répartit le long de l'enceinte, autour d'une ou plusieurs tours. Manifestement, les forces urbaines se concentrent sur les deux extrémités de la ville : sur le mur de la Tranchée (de la tour de Vouneuil à la tour à l'Oiseau ou tour du Coing) se placent 20 % des forces. Un nombre similaire de personnes est affecté à la défense des sorties nord de la ville (portes Saint-Ladre et de Rochereuil). Autre point fort de la défense, le flanc sud-est de la ville, surveillé par huit échevins et leurs compagnies. Quant aux parties nord-ouest et nord-est de l'enceinte, elles sont quelque peu délaissées, mais possèdent de solides atouts géographiques.
7 Poitiers, arch. comm., registres de délibérations n° 18, p. 256, n° 25, p. 1 (31 juillet 1542), n° 26, p. 1 (28 juillet 1544) et n° 35, p. 43-54 (23 août 1557). Cette dernière référence présente le détail de tous les postes occupés par les échevins et les bourgeois qui les secondent ainsi que des paroisses qui composent les six quartiers de la ville.
8 Id., registre de délibérations n° 11, p. 226-227, 14 juin ; p. 232, mi-juin ; p. 240, 21 juin 1512.
9 Tout départ doit de plus être autorisé par le maire (conditions réaffirmées en 1512, ibid., p. 227, 14 juin, et p. 247, 22 juin 1512).
10 Tours, arch. comm., BB 34, fos 92 v° à 96, 9 juin 1512.
11 Leur présence est mentionnée le 19 juin 1512 (ibid, f° 101 v° à f° 102 v°). Le détail de la répartition est indiqué dans les pages des registres de délibérations. Sous ces « quarteniers », on trouve cinq centeniers pour le quartier d'Amont, trois centeniers pour le quartier qui s'étend de la rue de Malentras au milieu de la rue Traversaine, six centeniers pour celui qui s'étend de la rue Traversaine à la porte Saint-Martin et enfin six autres pour le quartier qui part de cette dernière et s'étend vers La Riche. La présentation des noms de chaque « quartenier », « centenier »et « dizenier »est effectuée devant les conseils des 5 et 17 juillet 1512 (ibid., f° 114 àf° 125).
12 Ibid, f° 102 v°, 19 juin 1512. Le 23 juin, il est précisé qu'ils doivent se présenter au maire avant toute absence (ibid, f° 105). Le 25, un des « quarteniers »(le trésorier de la reine, J. Gaudin) refuse son poste. La ville en choisit un autre (ibid., f° 105 v°). Le serment est demandé par le Conseil de la ville le 28 juin 1512 (ibid., f° 114).
13 C'est ce qui ressort de l'assemblée du 25 juin 1512 (ibid, f° 105 v° et 106).
14 Ibid., f° 102 v°, 19 juin 1512.
15 En avril 1523, le conseil demande aux représentants de chaque paroisse de faire savoir par écrit le nombre de personnes qui pourraient être mobilisées pour la défense de la ville (id., BB 36, f° 51 v°). En mai, le Conseil évoque leur rétablissement (ibid, f° 59) et présente un état de répartition (f° 67 v° à f° 68). Début juin, il reçoit leur serment (f° 69 v°).
16 Bourges, arch. comm., CC 338, p. 64 (1561) et CC 339, p. 63 (1562). À cette dernière date, pour la première fois il est fait mention de la rétribution de ces « dizeniers »qui se présentent par quartier.
17 Id., CC 328, p. 109. Ces derniers sont indiqués toutefois à la suite du passage d'un nombre important de gens de guerre. Ils possèdent alors 48 compagnons.
18 Id., FF 4, Rôle des capitaines et dizeniers de la ville de Bourges (1561).
19 En 1506, le « dizenier »du quartier Saint-Sulpice reçoit 70 sous pour avoir pris part à la lutte contre un feu (Bourges, arch. comm., CC 277, p. 50). En 1559, leur rôle en matière de prévention contre l'incendie est encore rappelé (voir 1487 : la vieille ville en flammes..., op. cit., p. 72). Entre-temps, en 1532, les capitaines des différents quartiers ouvrent les portes des maisons touchées par la peste (Bourges, arch. comm., CC 304, p. 69).
20 A. Giry a noté également la présence d'une milice organisée selon les mêmes termes et dans les mêmes buts à Angoulême en 1542. Elle mobilise 4500 hommes (Les établissements de Rouen..., op. cit., t.I, p. 346).
21 Poitiers, arch. comm., registre de délibérations, n° 18, p. 64, 4 septembre 1522.
22 Tours, arch. comm., BB 34, f° 344 à f° 347.
23 Paris, Arch. nat., X1a 1524, f° 9, cité dans Catalogue des actes de François Ier..., op. cit., t.I, p. 233, n° 1278.
24 Il faut dire que lorsque François Ier accorde aux Tourangeaux le droit de construire une nouvelle enceinte, dans le même temps Jacques de Beaune, seigneur de Semblançay, reçoit en don du souverain la totalité des anciennes murailles, boulevards, tours et fossés de la ville de Tours, alors démantelés (Paris, Arch. nat., Xla 1524, f° 9, cité dans Catalogue des actes de François Ier..., op. cit., t.I, p. 233, n° 1279).
25 Tours, arch. comm., CC 66, fos 94 et 94 v° (décembre 1520) et f° 104.
26 Id., BB 35, f° 32 v°, 18 mars 1522.
27 Ils sont indiqués en 1523 dans les délibérations. Il s'agit de travaux « autrefois conclus »dont la teneur exacte n'est pas précisée. Sont évoqués simplement des fossés, ponts et autres forteresses (Tours, arch. comm., BB 36, f° 61, 8 mai 1523). Peut-être s'agit-il des quelques travaux mentionnés par E. Giraudet et qui sont entrepris à Saint-Pierre-des-Corps et à Sainte-Anne (Histoire de Tours, op. cit., t. II, p. 65).
28 En juin et juillet les brèches entre le Tyson, Saint-Cyprien, et le pont Joubert, sont colmatées, les tours Sainte-Catherine et du Tyson sont remises à neuf et chacune des portes de la ville sans exception est un jour ou l'autre restaurée (Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 11, p. 147,201-203, 246-247, 281-282, ou encore 298-299). Les fossés sont recreusés et nettoyés (ibid., p. 225-226, 14 juin 1512).
29 Si l'on en croit le journal de Jean Glaumeau, de mai à juillet 1556, l'abbaye Saint-Sulpice se ceint de murailles (J. Glaumeau, Journal de l'histoire du Berry depuis 1541 jusqu'en 1562, Bourges, 1867, p. 88). Ces travaux ne sont pas mentionnés dans les registres de comptes des deniers communs, mais ils ne sont peut-être pas réalisés aux frais de la ville.
30 L'idée de construire une douve au-dessous de l'aumônerie Sainte-Madeleine ne semble pas neuve. Les délibérations des conseils montrent en effet qu'il s'agit ici de terminer la réalisation d'un projet « encomm- mancé autresfois », mais qui n'a jamais abouti. Sans aucun doute la tâche a été longue et pénible. Les registres des comptes rapportent le paiement de 976 journées de travail effectuées uniquement sur cette douve (Poitiers, arch. comm., K 66, fos 24 r° et v°). Quatre membres du corps de ville sont désignés toutes les semaines pour surveiller les ouvriers qui y travaillent (id., registre de délibérations, n° 11, p. 267, 5 juillet 1512).
31 Bourges, arch. comm., CC 326, p. 80 et EE 5, lettres du 22 août et procès-verbaux de réfections à réaliser sur les fortifications. Il accorde aussi dans ces lettres le droit aux maire et échevins de demander à chaque habitant la rétribution d'une journée de travail (ou plus selon la faculté de chacun).
32 Celui-ci est régulièrement inventorié lors des montres d'habitants (par exemple en 1522, Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 17, p. 70, 17 mars).
33 À Bourges, en 1484, le corps de ville reçoit une commission de Charles VIII en faveur de Pierre de Rohan nommé lieutenant du roi pour tout le Sud-Ouest pour lutter contre les pillages. La ville reçoit l'ordre de lui céder son artillerie et il n'est pas question qu'il la rapporte (Bourges, arch. comm., EE 3, 22 juillet 1484). En 1461, la ville de Poitiers cède deux de ses brigandines au comte du Maine pour placer sur sa galée qui part vers l'Angleterre (Poitiers, arch. comm., J 1257). En 1478, un ordre proche est adressé à la ville de Tours qui doit acheminer six couleuvrines vers Orléans (Tours, arch. comm., EE 3).
34 Poitiers, arch. com., registre de délibérations n° 11, p. 124 et 198. Le Conseil affirme qu'en 1508 la ville possédait une pièce que le sénéchal lui aurait prise pour emmener hors de la ville (vers l'abbaye de l'Étoile). Les échevins auraient alors refusé de lui prêter, mais ils n'auraient jamais vu restituer la pièce.
35 C'est du moins ce qui ressort de nombreux ordres donnés par le souverain lui-même dans plusieurs lettres closes adressées tant à Poitiers qu'à Bourges. Celles-ci demandent aux corps de ville de prendre en charge et veiller au charroi de son artillerie. C'est le cas à Poitiers en 1466 et 1475 (Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 6, p. 17 et n° 7, p. 182) et à Bourges en 1485, 1486 ou encore en 1536 (voir Bourges, arch. comm., AA 13 et Lettres de Charles VIII et Louis XII..., op. cit., D. Rivaud [éd.], p. 43 et p. 74).
36 Lettres du 14 mai 1512 (Lettres des rois de France... op. cit., B. Ledain[éd.], p. 195).
37 Poitiers, arch. comm., K 66 (voir pour le détail D. Rivaud, « La crise militaire de 1512-1513 et ses conséquences politiques sur le corps de ville de Poitiers », dans Bull. soc. Ant. Ouest, 5e série, t. VIII, 1992, p. 43-44).
38 Poitiers, arch. comm., E 28, 17 juillet 1514. Il s'agit d'un inventaire complet qui décrit ce que contient chaque salle de l'hôtel de ville.
39 En avril 1523, la ville a fait parvenir des boulets aux compagnies du maréchal de Foix er a également prêté deux pièces d'artillerie (Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 18, p. 234). N'ayant jamais vu revenir ces dernières prêtées sur ordre du roi, la ville s'en plaint en 1523 (ibid., p. 246). Le conseil achète alors une grange pour y construire des fourneaux, rétribue des canonniers et commande 10000 livres de poudre (ibid, p. 74-76, 16 septembre 1522 ; p. 310-317, comptes du canonnier de la ville ; p. 317, 23 juillet 1523).
40 En l'absence de registres de comptes, il convient cependant de rester prudent sur ces chiffres certainement surestimés, car ils sont présentés par le corps de ville à la suite de la demande royale faite à la ville de 3600 livres comme don gratuit. Il s'agit alors pour le Conseil de montrer les multiples charges qui pèsent sur la communauté (id., registre de délibérations n° 18, p. 346-347).
41 Celui-ci, mis en place en novembre 1467, était dévolu à supporter les charges militaires de la ville. Il se monte alors à deux écus d'or qui sont attribués à la réalisation de pièces d'artillerie (id, registre de délibérations n° 5, p. 108-109, 20 novembre 1467). En 1524, ce droit est désormais fixé en fonction des prix des différentes pièces d'artillerie. Chaque nouveau bourgeois doit alors payer l'équivalent d'une pièce de petite artillerie représentant 40 livres de cuivre, alors que tout nouvel échevin en devra une équivalente à 300 livres, ou fournir ce poids en mitraille (id., p. 414 et 418, janvier 1524). Toutefois, quelques jours plus tard le Conseil de la ville annonce qu'un échevin devra l'équivalent de deux haquebutes à crochets, et les bourgeois une seule (ibid. p. 433, 18 janvier 1524). Déjà en 1523, François Jacques, nouvel entrant au corps de ville, devait fournir de la mitraille pour faire réaliser sa pièce d'artillerie (ibid., p. 254, 8 juin). Les nouveaux échevins ne semblent pas cependant respecter leur devoir à la lettre, puisqu'en 1558, au cours d'un conseil, il est précisé que nombreux sont ceux qui ont payé 25 écus au lieu de fournir une pièce d'artillerie (id., registre de délibérations n° 35, p. 185, 10 janvier 1558).
42 Les autres membres du corps de ville feront, eux, « selon leur puissance » (Tours, arch. comm., BB 34, P 86, 21 mai).
43 On ne sait pas où sont conservées les pièces de fonte en 1512. Elles sont toutefois amenées à l'hôtel de ville pour être inspectées (ibid., f° 77 v°, 12 mai 1512). La poudre de la ville est entreposée dans la tour Quiquengroigne du cloître de Saint-Martin (ibid.).
44 Jacques de Beaune a déjà donné début mai 12 arquebuses à la ville ainsi que des armures (ibid, f° 79 et f° 87, mai 1512). Début juin, la commission pour la défense de la ville reçoit aussi la charge de s'occuper de l'armement (ibid., f° 96). Un des échevins de la ville est nommé maître artilleur et reçoit la charge de réaliser des boulets de fer et de pierre, de préparer les couleuvrines et de remonter la petite artillerie de fer (ibid., f° 101, 19 juin et f° 105 v°, 25 juin 1512).
45 Par exemple : visite de l'artillerie : id., BB 35, f° 110, 26 août 1522 ; CC 71, f° 55, 1537 ; CC 73, f° 197 v°, septembre 1548.
46 Le cas est particulièrement clair à Tours où une liste est dressée en avril, une autre en mai 1512 et par la suite on peut penser que cet état est surveillé de près par les « dizeniers »installés sur les paroisses (Tours, arch. comm., BB 34, f° 63 à P66 et f° 77).
47 Des demandes leur sont formulées en mai puis en juin (id., BB 34, f° 92, P102 v°, f° 112). Les bourgeois ont bien du mal à faire appliquer les lettres du roi sur la mobilisation. Il est également stipulé que les religieux qui habitent dans la ville doivent participer au guet sur les murs. Un règlement semble encore une fois réalisé pour les contraindre à curer les fossés (ibid., f° 102 v° et f° 155 v°).
48 Celles-ci sont présentées devant le corps de ville de Poitiers le 10 mai 1512 (Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 11, p. 198). Les requêtes du corps de ville se multiplient ensuite, mais en vain (ibid., p. 201-202, 221-222...).
49 Id., registre de délibérations n° 18, p. 67-69, et p. 282.
50 Id., E 30, 15 décembre 1525 et E 31, juin 1526.
51 Toutefois, ils laisseront difficilement l'entière direction de leurs pièces aux autorités communales. En 1539, pour l'accueil de Charles Quint, plusieurs textes signalent toutefois que leurs pièces sont associées à celles de la ville (Poitiers, Bibliothèque municipale, ms. 391 (51), f° IIIIxx VIII v° ; arch. comm., registre de délibérations n° 22, p. 129). À cette date, le chapitre de Notre-Dame-la-Grande, comme certainement tous les chapitres de la ville, possède une unique pièce que la fabrique de la paroisse prépare pour emmener à la porte de La Tranchée (Poitiers, arch. dép. Vienne, G 1286).
52 Tours, arch. comm., BB 35, f° 115 à f° 118. Leurs pièces sont ensuite placées sur les murs de la ville.
53 Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 18, p. 409.
54 La ville évoque le 22 octobre 1537 le problème des boulets et fait rassembler l'artillerie des méuers (id., registre de délibérations n° 20, p. 369).
55 Celles-ci sont placées pour cette occasion sur les murs. L'artillerie des métiers en constitue certainement la majorité (Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 22, p. 129 ; bibliothèque municipale, ms. 391 [51], f°IIIIxx VIII v°, et Triumphesd'honneur... [relation anonyme de l'entrée, imprimée dès 1539], abbé Lambert [éd.], Mémoires de Martin et Guillaume Du Bellai-Langei, Paris, 1753, t. VI, p. 339-367).
56 Après la crise liée à la gabelle en 1548, l'artillerie des métiers reste au logis du maire où elle semble d'ailleurs s'abîmer (Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 30, p. 122, 31 octobre 1548). Pour éviter tout abus, en février suivant, elle est rendue à la garde de ses responsables, mais les munitions restent à l'échevinage (id., p. 172, 11 février 1549). Enfin, en août 1557, sur demande municipale, les maîtres des vingt principaux métiers jurés de Poitiers viennent présenter au plus fort de la brève mobilisation urbaine l'inventaire des pièces et des munitions qu'ils détiennent au nom de leur corps (id., registre de délibérations n° 35, p. 56-63, 23 août 1557).
57 Id., registre de délibérations n° 20, p. 321, 17 août.
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