Conclusion
p. 99
Texte intégral
Un premier basculement
1Le milieu du xve siècle marque dans l'histoire des relations entre les villes et le roi un premier véritable basculement. Alors que jusque-là les deux pouvoirs se faisaient face, s'interpellaient sans pouvoir véritablement se répondre, au mieux correspondaient courtoisement, les voilà désormais entrés dans une phase de relations actives. Les marques d'un vrai échange de services sont bien présentes tant sur le plan militaire que financier. Celui-ci s'est bâti au long d'une action quotidienne sur le terrain au cours de laquelle les corps de ville ont su et pu assumer de nouvelles responsabilités. Entre 1430 et 1470, les conditions se trouvent réunies pour favoriser une telle évolution. Certaines viennent du centre, ainsi en est-il des nécessaires réformes de l'ordre militaire et fiscal qui font disparaître progressivement les dangereuses troupes logées et nourries sur le pays. D'autres résultent de capacités municipales à mobiliser plus vite et mieux que d'autres l'aide matérielle, financière voire humaine. Autour d'intérêts communs naissent de nouveaux équilibres qui font se répondre des aspirations respectives et des capacités réciproques. Et dans ce mouvement, par leur désir d'obtenir la sécurité du pays, les villes ont tenu à l'échelle régionale un rôle moteur.
2Il en ressort avant tout des mentalités municipales profondément bouleversées. Les quelques responsabilités acquises depuis 1430 poussent les pouvoirs urbains vers de nouveaux horizons. Les efforts pour réformer les institutions, l'action des corps de ville à la tête des revendications provinciales, comme d'ailleurs aussi l'intérêt que porte le roi à la vie des institutions urbaines, révèlent l'émergence d'aspirations collectives et laissent apparaître une personnalité urbaine différente de ce qu'elle était au début du siècle. Il ne s'agit plus tout à fait de bourgeoisies attachées à leurs intérêts particuliers comme elles l'étaient encore à Poitiers vers 1370. Les voici investies d'une charge collective qui dépasse leurs seuls intérêts de groupe. Cette évolution se trouve au cœur du processus de recomposition du modèle monarchique et constitue une des données de la transformation de l'ancien modèle princier en un autre, royal pourrait-on dire, qui sait mobiliser les forces utiles du pays. Il reste encore à savoir si après 1470 cet essai peut être transformé.
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