Conclusion
p. 39
Texte intégral
1370-1430, dernières rencontres entre le prince et les villes
1S'il faut marquer un premier temps d'arrêt dans l'analyse diachronique, ce serait certainement autour de 1430. Jusqu'à cette date, et depuis 1370 au moins, il s'agit pour Poitiers et Bourges surtout, puis pour Tours un peu plus tard, d'une période où la fonction de capitale s'affirme et dépasse même un temps celle de capitale provinciale qu'elles avaient acquis dès le milieu du xive siècle. Incontestablement pour elles, et de façon paradoxale dans l'histoire de France, une période d'apogée s'ouvre. Ce qui en fait le ciment sur le plan politique c'est avant tout le service du prince ou plutôt le service dû au prince et la fidélité individuelle ou collective à un naturel seigneur. C'est en effet dans un rapport individuel, pleinement hérité du droit féodal, dans la pleine lignée des cadres sociaux lentement élaborés au long du Moyen Âge, que se conçoivent les relations entre le monde des villes et le roi. Pour les collectivités (institutionnalisées ou non par des statuts), l'exercice du devoir féodal, et pour les individus, l'appel des offices, sont les deux lignes de forces qui conditionnent l'évolution politique des sociétés citadines au tournant des xive et xve siècles.
2Cette période, et pas seulement dans ses dernières années, permet aussi de cerner les limites du modèle princier, son incapacité à dépasser les antagonismes caractéristiques du conflit féodal et son inaptitude apparente (et intrinsèque ?) à explorer de nouvelles pistes. Le sort des villes aux heures les plus sombres, laissées à elles-mêmes face à l'impossible rétablissement de la paix, témoigne du manque cruel d'outils d'intégration capables de s'adresser à des individualités, à un groupe, voire à un peuple. Vers 1430, au sein du royaume de France, il semble implicite que le modèle princier a vécu. Seul le miracle qu'entretien l'épopée johannique peut encore laisser croire à sa survie. Les collectivités bourgeoises dans l'espace de responsabilité qui est le leur pressent le roi à explorer de nouvelles pistes politiques, pistes qui partent avant tout de la nécessaire gestion d'une situation locale toujours aussi incertaine.
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