Chapitre II. Le temps des capitales royales (1418-1436)
p. 27-38
Texte intégral
1La cession en apanage des duchés de Poitou et de Berry au dauphin Charles le 17 mai 14171 marque, à posteriori, une rupture dans l'histoire des villes du centre ouest. Plus largement, les événements de 1418 bouleversent profondément la géographie politique du royaume et confèrent brusquement aux anciennes capitales de Jean de Berry un rôle national quelque peu inattendu. Cette rapide transformation politique, l'enchaînement des événements qui y concourent, laissent bien souvent dans l'ombre la responsabilité de villes qui, si l'on en croit les différentes chroniques du règne de Charles VII, ne possèdent pas de véritable personnalité politique. Elles serviraient pour ainsi dire de toile de fond à des enjeux qui les dépassent et ne feraient que subir les contrecoups d'événements qui leur seraient largement extérieurs et étrangers. Sans aucun doute les enjeux qui font l'histoire politique à cette époque sont ailleurs. À la lecture des registres de délibérations cependant, force est de constater que la question de la participation politique des villes mérite d'être reposée. Et cela, d'autant plus qu'elle n'est pas forcément acquise.
Tours en 1418 : ville rebelle puis ville royale
2En effet, en 1418 dans la capitale tourangelle la question du choix entre le roi et le prince se pose avec acuité. À la différence de Bourges ou Poitiers, pour lesquelles les sources urbaines sont peu loquaces et où les conditions particulières laissent penser que les corps de ville n'ont apparemment pas de choix, à Tours l'éloignement relatif du dauphin ouvre quelque peu le champ politique. Pourtant depuis juillet 1416, le futur Charles VII est duc de Touraine alors que son frère, héritier de la couronne, est toujours vivant. Ce sont alors des révérences de circonstance que le corps de ville effectue à son égard. Dès l'attribution du duché, une délégation de bourgeois part vers Poitiers où le prince se trouve alors pour lui présenter la révérence de la ville et lui apporter en signe de reconnaissance un gobelet de trois marcs d'or2. En juillet 1417, de grandes fêtes sont organisées pour saluer son entrée, mais déjà il est dauphin. En septembre, c'est au tour de la dauphine de passer en ville, alors qu'une délégation des habitants est partie dès août auprès de Charles pour lui signaler le continuel harcèlement des pilleurs bourguignons3. Ce salut respectueux et prudent (identifiable également dans la capitale poitevine4) est bien vite secoué par les contrecoups d'événements de porté nationale, qui se déroulent aux portes de la ville. Le 2 novembre, la reine Isabeau, emprisonnée à Blois sous prétexte de faits scandaleux, mais ouverte aux propositions bourguignonnes, est enlevée au couvent de Marmoutier où elle vient écouter la messe. De là, Jean Sans Peur et la reine s'avancent vers Tours. Il reste difficile de comprendre le climat politique qui règne dans la ville à ce moment- là, mais il semble que pour favoriser l'ouverture des portes Isabeau ait promis aux habitants une exemption de taille et des autres impôts5. Les Tourangeaux ne semblent pas insensibles à de telles propositions, pèsent leurs intérêts et, après peut-être quelques hésitations, accueillent alors les deux princes6. Les principaux détenteurs du pouvoir urbain changent alors. Un capitaine dévoué au duc de Bourgogne, Charles Labbé, s'installe avec une compagnie de 200 lances à la tête d'une cité sans corps de ville constitué7. Pour assurer sa domination sur la ville, quelques jours après son départ pour Chartres (le 5 novembre), la reine promet par lettres patentes des lettres de justice et de grâce pour quiconque abandonne le parti du dauphin avant de consigner en mars 1418 tous les biens de ceux qui ont pris le parti de celui-ci8. La domination bourguignonne semble donc s'installer et tous les éléments sont réunis pour qu'elle perdure9. Une correspondance conciliante est entretenue entre la ville et le duc qui doit régulièrement tempérer les réactions urbaines face aux exactions du capitaine bourguignon10.
3Ainsi, lorsque le Dauphin se présente sous les murs de Tours vers le 22 au 22 juillet 1418, alors que son avenir semble bien obscur et ses forces encore limitées, la ville solidement tenue par Labbé ne faiblit pas, bien que ce soit son naturel seigneur (et duc) qui lui demande obéissance. Charles, dans l'impossibilité de soutenir un siège, est obligé de se replier vers Chinon. Les Tourangeaux sortent grandis et sont confortés le 27 juillet par des lettres de Charles VI qui, ayant prévu un plus long siège, leur demandent de résister courageusement aux entreprises de son fils11. L'été 1418 marque la suspension provisoire des opérations militaires et la multiplication des tentatives diplomatiques entre le dauphin et Charles VI. Au cours de ces dernières, le cas de Tours est envisagé et la remise de la ville constitue un point essentiel pour le dauphin12. Avec le rejet de la paix en octobre 1418, une période de conflit s'ouvre de nouveau dans laquelle Tours demeure le premier objectif des troupes du dauphin stationnées en Poitou et dans le sud de la Touraine. Un siège s'annonce donc inévitable puisque la détermination des Tourangeaux semble indéfectible. Celui-ci s'ouvre le 26 novembre pour se terminer plus d'un mois après, le 28 décembre13. Il est bien difficile de comprendre l'atmosphère politique qui préside dans la ville pendant ce mois et d'expliquer la reddition de Charles Labbé. Sans aucun doute, les 14000 livres que lui cède le dauphin en plus de la châtellenie de Montreuil-Bonnin en Poitou l'aident dans son choix. Il finit donc par prêter serment au dauphin. L'attitude des bourgeois reste, elle, plus mystérieuse, même si les actions de Labbé provoquent certaines discussions dans la ville14.
4Bien que Charles accorde dès le 30 décembre des lettres de pardon, une période de normalisation s'engage alors. Les officiers bourguignons reçoivent des sauf-conduits, le 13 janvier les six principaux bourgeois sont convoqués pour voir dans quelle mesure la ville pourrait lui fournir 30 000 francs afin que « [de] tout ce qui est fait le temps passé n'en soit plus parlé15 ». Il est assez difficile, à la lecture des registres de délibérations, de savoir quelle somme sera réellement fournie par la communauté urbaine dont les représentants, dès le 15, s'attachent à remontrer au roi la pauvreté de la cité. À la fin de janvier, 1 500 livres au moins semblent levées sur la population et, en février, les registres montrent un « prest »de 4 000 francs accordé au dauphin16. Ces mesures s'accompagnent de l'expulsion de la ville des plus fidèles partisans du duc de Bourgogne qui ont d'ailleurs déjà fui puisque leurs femmes sont visées alors17. Il semble donc bien que l'on puisse soupçonner l'existence de clans politiques. Enfin le personnel administratif de la région est lui aussi renouvelé, Charles nomme un nouveau bailli, Guillaume d'Avaugourt, et un nouveau capitaine, Antoine du Pesle. Les bourgeois adoptent désormais sa cause et, lorsqu'il fait de nouveau son entrée le 3 mai 1419, la communauté pour l'accueillir le plus solennellement possible prélève sur ses membres plus de 1 300 livres18. L'entente est désormais de mise et des signes extérieurs le prouvent dans les années qui suivent. En mars 1421, Charles, de passage, reçoit plus de 168 livres de cadeaux et la reine (qui arrive fin avril) 140 livres19 De même, deux ans plus tard en octobre 1423, la ville accueille généreusement la famille royale en payant plus de 150 moutons gras, dressant des tentes et fabriquant un dais de drap d'or20.
Sociétés urbaines et haute administration royale : une réelle dichotomie
5À Bourges et Poitiers, le fait principal de l'histoire urbaine entre 1418 et 1422 demeure l'arrivée progressive à l'intérieur de leurs murs des différentes cours souveraines. Leur installation et leur mise au travail, sur plus de dix ans, permet de sonder la réactivité politique de la société urbaine locale et l'investissement des bourgeois individuellement auprès du dauphin. De Poitiers, Charles fait un centre judiciaire et intellectuel, en installant, le 21 septembre 1418, la cour et juridiction souveraine du royaume21. La première cession de ce nouveau Parlement s'ouvre le premier décembre de la même année et son rôle ne va pas cesser de croître, malgré l'ouverture en 1420 d'un organe similaire à Toulouse. La concurrence est mal supportée par les membres du Parlement de Poitiers dont le Conseil, dès 1426, demande l'union des deux cours et finit par obtenir satisfaction en octobre 142822. Le rôle de la ville se renforce encore après 1432, lorsque l'Université y est créée. La capitale poitevine voit aussi se reformer le siège de la Cour des aides, le 22 octobre 142523, mais c'est Bourges qui fait figure de capitale financière. Cette ville retrouve une Chambre des comptes en mars 1422 puis la Chambre des monnaies24. La première a peut-être siégé tout d'abord à Poitiers, puis à Tours, avant de venir rejoindre le principal lieu de résidence du souverain25. C'est en effet à Bourges que Charles, dans les premières années de son règne, fixe sa résidence. Les Conseils royaux, lorsque le roi est à Bourges, se tiennent certainement dans le palais ducal encore tout neuf, alors que la cour doit se déplacer entre le palais de l'archevêché et le château de Mehun-sur-Yèvre. C'est là d'ailleurs que Charles se marie en avril 1422, puis que, le 30 octobre de la même année, il arbore officiellement le titre de roi. C'est enfin dans la capitale berruyère que le 3 juillet 1423 naît et est baptisé son fils Louis26. Cette fonction résidentielle est évidente au moins jusque dans les premiers mois de 1424, les passages royaux en Berry restant par la suite plus sporadiques, au moins jusqu'en 142827. Les deux anciennes capitales ducales reçoivent donc tous les attributs politiques du rôle national que l'on entend leur faire jouer. Cependant, comprendre dans quelle mesure l'élite urbaine s'implique dans ces institutions reste délicat.
6Même si les différentes sources urbaines pour cette période demeurent trop indigentes pour révéler tous les liens politiques qui ont pu exister entre l'élite urbaine et les sphères royales, l'étude des membres du Parlement permet rapidement de faire une première constatation. L'institution reste très parisienne et, jusqu'à son retour à Paris en 1436, elle sera peu perméable aux influences locales28. En effet, les dix-sept membres installés en 1418 viennent tous de l'ancienne institution parisienne. Seuls, à cette date, deux des douze conseillers peuvent se rattacher à une origine poitevine, encore que l'un des deux, Jean Tudert, ait depuis les premières années du xve siècle au moins, rejoint les sphères politiques parisiennes29. Parmi les autres rares Poitevins que l'on peut distinguer parmi les membres ou le personnel du Parlement, très peu sont de Poitiers même, un est de Bourges, Guillaume Gouges de Charpaignes, mais comme presque tous les nouveaux conseillers, il fait partie d'une famille qui gravite autour des milieux parlementaires parisiens30. En sens inverse, aucun membre du Parlement n'intègre pendant cette période le corps de ville de Poitiers, malgré le repli de plusieurs familles parisiennes après 1418 en Poitou (les LeTur, Jouvenel...). Si leurs membres ne dédaignent pas quelques bénéfices ecclésiastiques, la politique urbaine ne semble pas les intéresser. Reste le problème du personnel d'écriture qu'il est bien difficile de connaître et de rapporter à une quelconque réalité urbaine voire régionale. Une semblable dichotomie entre milieux urbains et royaux se retrouve sur le plan culturel, lorsqu'il fut question d'implanter une Université à Poitiers. Là, cependant, la finalité est clairement annoncée, puisqu'il s'agit de permettre la réunion des maîtres parisiens ainsi que celle des écoliers, en exode depuis 1418.
7Seule la Cour des aides, reconstituée à Poitiers en 1425, semble plus permissive aux représentants locaux31. Cependant l'ordonnance du 22 octobre ne doit pas faire illusion. Si sur les six premiers généraux conseillers, quatre au moins semblent provenir du milieu urbain local, l'analyse de leur passé récent montre qu'il s'agit de Poitevins d'adoption qui suivirent le repli des institutions parisiennes. Hugues de Combarel, évêque de Poitiers, qui fait alors office de président, est en fait attaché au service de la Cour des aides depuis 1410 ; Guillaume Le Tur est, lui, avocat fiscal au Parlement depuis 1413 et substitut du procureur du roi au Parlement de Poitiers depuis 1420 (et il deviendra président en 1427). Quant à Goeffroy Vassal qui semble attaché à la capitale poitevine (il apparaît comme chanoine de la cathédrale en 1435), il fait, lui aussi, partie de la société parlementaire32. En fait, seul Maurice Claveurier peut être considéré comme un véritable Poitevin. Il est déjà lieutenant général, c'est-à-dire, en l'absence quasi effective et quotidienne du sénéchal, le plus important des représentants royaux de l'administration provinciale. Il est assez proche du roi qui, en 1425, le fait membre de l'Ordre de l'Étoile33. La Cour des aides de Poitiers n'a donc de réellement poitevin que le nom.
8L'installation définitive de la Chambre des comptes à Bourges en 1422 (après avoir peut-être été un temps à Tours) peut laisser supposer que, à la suite du règne de Jean de Berry, une tradition financière s'est maintenue dans la capitale berrichonne. Il n'existe pas, à ce jour, d'étude sur le personnel de cette chambre, mais un dépouillement des extraits des anciens mémoriaux collationnés avant leur destruction permet de suivre avec fidélité le renouvellement des maîtres, des clercs et autres greffiers, huissiers et correcteurs qui furent attachés à la direction de cette institution de 1422 à 143634. Entre ces deux dates, 23 maîtres se succèdent, ainsi que 23 clercs, 2 greffiers, 2 ou 3 huissiers et un correcteur, soit en tout 51 personnes au moins35. Si l'étude prosopographique de tous ces individus est hors de propos ici, il convient au moins de pointer la présence des Berruyers. En tout et pour tout, il y en a six36 :
- Arnoul Belin, maître clerc de 1421 à 1436, et qui remplace Nicolas d'Orgencourt37. Au début des années 1430, il semble être démis de ses fonctions puis rétabli par la suite. Bien connu à Bourges, il est un des fidèles de Jean de Berry qui lui donne le 10 mai 1404 la trésorerie de la Sainte-Chapelle38.
- Robinet d'Estampes, maître extraordinaire de 1423 à 1441. Lui aussi fur un fidèle de Jean de Berry, comme d'ailleurs plusieurs autres membres de sa famille. Son frère, Jean, a le maniement des finances du même prince alors que Robinet, favori du duc, reçoit en 1402 la charge de faire l'inventaire de ses joyaux. Anobli en 1405, il reçoit 10 000 francs par testament de Jean de Berry « pro gratuitis serviciis sibi impensis ». Enfin, il aura la charge de réaliser le dais funèbre et d'exécuter le testament du duc39.
- Macé Sarrebource, clerc de 1422 à 1430, remplacé à cette date par Charles Le Concher40. Il est également issu d'une famille qui s'illustre particulièrement dans l'entourage de Jean de Berry41. Macé est secrétaire du duc peut-être dès la fin du xive siècle. En 1402 il reçoit l'ordre de comptabiliser les deniers ordonnés pour la fondation de la Sainte-Chapelle42.
- Etienne de Ruppy (ou de Roupy), dit de Cambray, clerc extraordinaire de juin 1430 à novembre 1432, qui remplace Aymeri Le Noz43. Mentionné chanoine de Bourges, il est peut-être celui qui deviendra ensuite évêque d'Agde. Son origine familiale reste mystérieuse. Il se rattache sans aucun doute à la famille de Jean de Ruppy dit aussi de Cambray, seigneur de la Tour de Clamecy, qui, après avoir été au service du Comte des Flandres, aurait été donné à Jean de Berry auprès duquel il devint valet de chambre avant de passer au service de Charles VI. Ce Jean, marié à la fille du lieutenant général du sénéchal de Berry (David Chambellan), est peut-être le père d'Etienne44.
- André Le Roy, tout d'abord clerc des comptes de mars 1423 à 1433 est remplacé par Jean Baullet lorsqu'il devient alors le premier Correcteur des comptes de la Chambre de Bourges45. Sa famille est solidement ancrée en Berry. Il est le petit-fils de Martin Le Roy, seigneur de Saint-Florent et Maître d'Hôtel du duc Jean, dont il partagera l'héritage en 1438 avec son cousin Jacques (officier de la Maison du roi). De plus, il va se marier avec la nièce de Martin Gourges de Charpaignes, évêque de Clermont46.
- Enfin, François Buille, clerc de 1433 (il remplace Macé Jouvelin47) à 1437. Il s'agit là aussi d'une famille assez importante dont certaines branches gravitent autour de Jean de Berry à la fin du xive siècle48. Bien que d'origine marchande, certains membres de ses membres semblent très vite occuper des postes liés à l'administration des monnaies du roi. Philippe, grand oncle de François, est général des monnaies, mentionné en 1425 et en 1437, alors qu'une partie du reste de la famille travaille à la monnaie de Bourges49.
9Ces quelques rapides biographies, bien qu'incomplètes, sont tout de même assez significatives. Quelques constatations s'imposent. Tout d'abord, il est manifeste que les Berruyers présents dans cette chambre proviennent de l'ancienne administration ducale. Certes, le nombre total de Berrichons est limité, mais il confirme qu'une partie de l'ancienne cour ducale se retrouve au service du dauphin50. Ainsi, six ans au moins après la dispersion de la chambre ducale, la tradition financière locale trouve une certaine résurgence. Enfin, comme dans l'exemple poitevin, il convient de noter l'absence de membres de l'élite urbaine dans ce groupe. Cinq de ces personnages sont des seigneurs ruraux ou des religieux. Un seul semble sortir d'une famille qui s'inscrit dans une démarche de conquête du pouvoir local, à savoir François Buille51.
10L'univers des grands offices royaux et des cours souveraines, même dans ces temps de crise aiguë, semble donc constituer un milieu particulièrement fermé52. Cette imperméabilité aux membres des élites urbaines traduit certainement une inadéquation profonde entre ces dernières toujours proches de la marchandise et un milieu royal qui en est nettement dégagé. D'ailleurs, le seul provincial qui arrive nettement à percer, Maurice Claveurier, a une histoire qui se construit sur deux décennies de travail politique et son ascension résulte d'une fréquentation de milieux politiques variés. Plusieurs autres personnes entre 1 420 et 1 430 semblent s'être essayées, mais en vain. La genèse politique et économique mouvementée du futur grand argentier, Jacques Cœur, est également là pour le rappeler. Bien que les documents restent trop lacunaires pour que l'on suive sa carrière avec assurance, certaines évolutions semblent troublantes. Allié avant 1421 par mariage avec les Léodepart, gendre de Lambert qui occupe l'office de prévôt de Bourges, il bénéficie de l'embellie économique liée à la présence de la cour à Bourges. Ses premiers pas vers le pouvoir ont lieu vers 1427 lorsqu'il s'associe avec Ravant Le Danois, déjà en charge des monnaies de Poitiers et d'Orléans. Celui- ci lui cède la gestion de la monnaie de Bourges. Certes, l'expérience tourne mal puisque deux ans plus tard on le retrouve accusé de malversations. Il ne désarme cependant pas et obtient des lettres de rémission qui modèrent l'amende53 et qui lui permettent de continuer son activité jusqu'en 1 432. Même si les fraudes reprennent rapidement (il forge à nouveau des « royaux »de moindre poids), rien ni personne ne semble pouvoir limiter son entreprise. Une bonne entente avec les milieux royaux lui permet encore de renforcer sa position, favorisée de plus par l'accession de Ravant Le Danois à l'office de général des monnaies de France54. Il est alors curieux de constater que c'est à ce moment-là que Jacques fait le choix de partir vers l'Orient, alors que les événements diplomatiques tournent à l'avantage de Charles VII et que des opportunités financières, économiques voire politiques sont certainement réalisables. Peut-être sent-il tout simplement qu'en 1430, il est encore bien difficile pour les membres de l'élite urbaine de gagner la confiance de l'entourage royal et de pénétrer durablement des sphères qui restent très parisiennes. Il en est de même pour Pierre de Valenciennes, fournisseur des armées royales dès 1 429. Celui-ci ne semble pas vouloir et pouvoir recueillir sur le moment d'avantages politiques de sa position privilégiée auprès du roi. Élu prud'homme de Bourges en 1 440, il limite plutôt ses ambitions politiques à des responsabilités locales55.
Un contexte politique défavorable pour des corps de ville méfiants
11À ces incompatibilités presque structurelles entre sociétés urbaine et royale, il faut ajouter que le contexte ne facilite pas non plus la fluidité des relations entre les différents corps politiques. À un entourage royal soumis à des jeux d'intrigues complexes, font face des élites urbaines qui restent dans l'expectative et des corps de ville qui subissent les contrecoups de ces multiples luttes d'intérêts. Plusieurs affaires montrent qu'entre 1423 et 1430 la vie quotidienne des conseils municipaux est parfois sérieusement troublée par des enjeux qui les dépassent. Tel est le cas en 1 424 lorsqu'un différend oppose le grand écuyer Pierre Frotier à Maurice Claveurier, lieutenant général du Poitou. Ce dernier, sur ordre du roi, a arrêté les sergents du grand écuyer. L'affaire éclate le jour de la première entrée de Charles en tant que roi. Le corps de ville soutient Claveurier qui, cette année-là, est maire56. Le conflit part devant le Parlement où il trouve peut-être une solution, mais l'année suivante les règlements de comptes continuent. Le grand écuyer obtient non seulement la révocation du lieutenant général mais aussi celle du sénéchal (de Torsay). Son ambition ne s'arrête pas là puisqu'il est nommé sénéchal du Poitou et capitaine de la ville57. Si, avec l'élimination politique du président Louvet et de Tanguy du Chastel, Pierre Frotier voit lui aussi son avenir compromis (Claveurier et Torsay retrouvent alors leurs fonctions), ce nouvel épisode des « debats et brouillis touchant le faict du gouvernement du royaume58 »secoue directement l'autorité municipale.
12Face à ceux-ci, pour les corps de ville, il n'existe qu'une ligne de conduite à suivre pour ne pas trop s'investir dans des alliances calamiteuses : renouveler leur obéissance au roi en luttant pour le bon gouvernement contre les mauvais conseillers. Tel est le point de vue urbain adopté en 1425 lorsque Yolande d'Aragon obtient l'élimination des vieux conseillers armagnacs qui entouraient jusqu'alors le roi. L'affaire va trouver une résonance simultanée dans les villes de Poitiers, Bourges et Tours. Partie d'Angers, Yolande arrive début avril à Poitiers où son gendre est maintenu pour ainsi dire prisonnier par Frotier qui dirige alors la ville avec 200 hommes. Dans le même temps, Richemont, lui aussi parti d'Angers, arrive à Tours (14 avril) ou il semble imposer sa volonté aux bourgeois en leur empruntant 500 livres59. L'objectif de ce dernier reste cependant Bourges ou siège la Chambre des comptes. Il y arrive rapidement et proclame clairement son intention de chasser le président Louvet du pouvoir. Les bourgeois de Bourges semblent le soutenir et annoncent eux-mêmes que tous ceux qui soutiendraient encore Louvet doivent quitter la ville60. Bourges est donc rebelle à l'autorité royale. Les troupes restées fidèles se mettent alors en marche vers la capitale berruyère. Dans la longue série de tractations qui suit, les villes ne sont pas véritablement mises en cause (puisque Charles n'arrivera pas tout de suite à Bourges) mais toutes sont prises à témoin par les clans qui s'affrontent. Ainsi Richemont, une fois à Bourges, s'adresse aux bourgeois de Lyon et de Tours pour les inciter à suivre l'exemple berruyer. Le camp royal n'est pas en reste et ses délégations se multiplient. La première arrive à Tours le 2 juin, sous la direction d'un secrétaire royal, Guillaume Dreux, qui dit avoir de « bonnes nouvelles de Bourges61 ». Quatre jours plus tard, c'est un conseiller du roi qui arrive à son tour, Simon Charles, pour annoncer que, sous peu, tout sera réglé et que la ville doit de nouveau recevoir les officiers royaux. Les bourgeois, bien embarrassés, font alors preuve de diplomatie et de prudence en se prétendant pour la paix dans le royaume62. Ainsi, les derniers assauts contre Louvet et les Armagnacs qui entourent le roi se traduisent par une intense activité relationnelle dans laquelle les villes sont des protagonistes privilégiés, que l'on cherche à conquérir politiquement (Bourges) ou au moins dont on veut capter l'attention (Tours).
13De la même façon, les corps de ville ont bien du mal à se tenir à l'écart de l'opposition politique qui s'exprime un peu plus tard entre La Trémoïlle et Richemont. C'est le cas de la ville de Bourges vers laquelle s'avancent, dès les premiers mois de 1428, les comtes de Clermont et de Pardiac, ainsi que Jean de La Brosse, maréchal de Boussac. Depuis l'été 1427, ils forment une alliance avec le connétable qui a perdu alors son influence à la cour. La ville est commandée au nom de Charles VII par de Prie et de Bonnay. Ces derniers, bien qu'aidés par La Borde qui a le commandement de la Grosse Tour de la ville, ont du mal à résister. Finalement, les bourgeois enfoncent les portes de celle-ci avec, semble-t-il, la complicité de certains officiers royaux63. Si Bonnay cède devant les comtes, de Prie va trouver la mort en résistant dans la Grosse Tour. Les comtes de Pardiac et de Clermont trouvent donc un appui solide dans la population. Il faudra attendre l'arrivée massive des troupes royales et du roi lui-même pour que de sérieuses négociations soient entreprises et que finalement l'affaire se règle dans le calme64.
L'impossible sécurisation du pays
14Toutes ces affaires ne doivent pas faire oublier de plus que l'ennemi est d'abord l'Anglais et que celui-ci occupe encore largement le nord de la Loire. En ces temps difficiles l'état de guerre pour les corps de ville pose un certain nombre de problèmes. Les champs de bataille sont certes loin, mais la sécurité du pays reste à assurer, ce qui ne va pas sans mal.
15Pour les villes, il faut ainsi supporter la charge des troupes. C'est à Tours que de 1423 à 1426 l'impact récurrent de leur présence est la plus pesante. La donation du duché de Touraine à Archibald Douglass en 1424 n'aurait posé aucun problème si elle ne s'était pas accompagnée de l'installation des troupes écossaises en Touraine dans le but avoué d'indemniser ce capitaine de la solde que le roi ne peut lui payer. Tolérées par l'autorité royale, ces troupes mènent de multiples ravages dans le pays. À Tours, les pillages semblent sévères. De plus, les principaux offices sont distribués aux différents capitaines écossais65 et les dettes que ces derniers font en quelques mois sont assez considérables. L'anéantissement des forces écossaises à Verneuil (et la disparition du duc) vient délivrer les Tourangeaux de longues semaines de tensions. Seule la prise en charge des dettes par le roi calme difficilement les esprits urbains.
16En 1426, un conflit autour de la sécurité en Touraine voit de nouveau le jour. À la suite de différents pillages organisés par les capitaines des forteresses de Langeais, Maillé et de la Rochecorbon, les villes de Tours, Loches et Amboise forment une sorte de ligue défensive66. Ses résultats semblent peu probants, les pillages continuent, les villes doivent en appeler au roi. C'est celui-ci, conseillé par la reine de Sicile, duchesse de Touraine, qui décide l'envoi de 200 hommes en garnison à Tours sous la direction du comte de Foix (Jean de Grailly). La charge financière est alors fort lourde pour la ville qui craint de plus l'arrivée d'une troupe supplémentaire dans la région. Tout en proposant leurs propres solutions les habitants refusent cette installation67 et se recommandent une nouvelle fois au roi pour limiter l'aide accordée. Un conflit ouvert est alors déclaré. Le roi et la duchesse entendent imposer Jean de Grailly, quitte à le payer sur les revenus du domaine royal de Touraine, comme précisé dans des lettres royales du 6 décembre apportées par l'évêque de Reims. Tours refuse, s'estimant trop éloignée des lieux de conflit pour entretenir une troupe aussi conséquente. Malgré tous les écueils que leur oppose Grailly68, les bourgeois tourangeaux refusent, estimant la ville trop éloignée des lieux de conflit pour entretenir une troupe aussi conséquente. Bien que la ville fasse elle aussi quelques concessions, de nouvelles lettres du roi et de la reine de Sicile arrivent le 22 décembre dans lesquelles le souverain montre son mécontentement. Le 23 les bourgeois affirment que, la ville étant sous l'obéissance du roi, « ils la garderont [seuls] comme vrais et loyaux sujets ». Requête bien vaine puisque le 23 janvier suivant le roi place toute la Touraine, cette fois-ci, sous la responsabilité de Jean de Grailly, avant de se rétracter, à peine un mois plus tard69.
17Problème insondable alors que le rétablissement de la paix locale, d'autant plus que les troubles sont du fait pour un certain temps encore des troupes que le roi installe lui-même sur le pays. Trouver une solution, sur le terrain, apparaît donc comme une chose impossible. C'est peut-être à Poitiers qu'au détour d'une situation apparemment inextricable de nouvelles pistes se dessinent. Là aussi en 1426 les difficultés persistent inexorablement. Les bourgeois multiplient les requêtes, délèguent des ambassades et obtiennent même du souverain quelques dédommagements70. L'année suivante, Charles VII promulgue de nouvelles lettres interdisant cette fois l'entrée des gens d'armes dans la ville71. La volonté royale ne trouve pas véritablement d'échos, les paroles ne sont pas accompagnées de changements significatifs. Et c'est en décembre de cette année-là que face à l'absence désespérante de sécurité le roi désabusé demande aux bourgeois de pourvoir eux-mêmes à leur sécurité72. Il n'envisage donc plus d'aider à la mise en armes des villes alors que partout les routes sont moins sûres. Désormais les corps de ville, livrés à eux-mêmes, doivent assurer à grands frais une sécurité qui n'est jamais garantie73. De la part du roi, c'est quelque part surtout l'abandon officiel d'une de ses responsabilités, abandon qui peut traduire dans l'instant un désarroi total et ce d'autant plus que, les textes le prouvent, c'est l'ensemble des structures administratives provinciales qui chancellent74.
Notes de bas de page
1 Cette donation a lieu le 17 mai 1417 (Ordonnances des rois de France..., t. VIII, p. 409).
2 E. Giraudet, Histoire de Tours, Tours, 1873, p. 197 (d'après Tours, arch. comm, CC 16).
3 Tours, arch. comm, BB 1, fos 3 v° et 6.
4 À Poitiers, le corps de ville, en octobre 1417, prête simultanément et prudemment serment au roi et au dauphin tout en leur jurant d'être loyal et obéissant contre tous leurs adversaires (Poitiers, arch. comm. registre de délibérations n° 1, p. 106 et J 556 et J 581).
5 La reine aurait fait publier à Tours des lettres stipulant que nul ne paie gabelle, imposition et autres subsides. D'après E. de Monstrelet, Chroniques, J.-A.-C. Buchon (éd.), Paris, 1875, p. 422 (chap. clxxxvi).
6 Il est impossible de parler ici de véritable accueil solennel, même si quelques présents en torches, vin, avoine et poissons sont proposés par la ville au maître d'hôtel du duc (Tours, arch. comm, CC 17, fos 44 et 62). Les festivités sont peut-être suggérées dans la chronique de E. de Monstrelet. Celle-ci rapporte que dès leur entrée, il leur fut fait « grand chaire ».
7 Ce n'est qu'autour de cette date qu'apparaissent les premiers registres dits de délibérations du corps de ville. Il s'agit en fait de la compilation des procès-verbaux des assemblées des habitants mélangés aux ordres de dépenses émis par les élus. S'y ajoutent également quelques quittances. Ces documents restent encore largement à découvrir (Tours, arch. comm., série BB).
8 Lettres du 31 mars 1418 (Tours, arch. comm., EE 2, copie).
9 Toutes les informations sur cet épisode de l'histoire de la ville de Tours ont été réunies par M.-J.-M. Delaville Le Roulx dans « La domination bourguignonne àTours et le siège de cette ville (1417-1418) », dans Cabinet Historique, 1877, p. 161-213).
10 Ibidem., p. 168. La reine entretient également des relations épistolaires avec Tours. La ville de plus n'hésite pas à envoyer des députés vers le duc de Bourgogne pour se plaindre des diverses garnisons qui occupent le pays (ibidem, p. 171 et 174). En juin 1418, le capitaine bourguignon, Charles Labbé, promet de ne retenir en garnison dans la ville que le nombre de soldats qui plaira aux bourgeois (Tours, arch. comm., EE 2).
11 Lettres historiques des archives communales de Tours..., V. Luzarche (éd.), Tours, 1861, p. 20.
12 Dans l'« Avis faits pour le bien de la pais et union du royaume », articles qui doivent servir de base à un éventuel accord, Charles précise bien que parmi ses exigences la remise de Tours est essentielle (G. Du Fresne de beaucourt, Histoire de Charles VII, Paris, 1881,t.I, p. 103).
13 Sur ce siège voir M.-J.-M. Delaville Le Roux, « La domination bourguignonne... », op. cit, p. 202-210.
14 Il reste difficile de savoir si des conflits internes opposaient des bourgeois favorables au dauphin avec ceux favorables au duc de Bourgogne. C'est autour des actions de Labbé que se cristallisent les quelques désaccords connus mais qui se révèlent sans conséquence apparente (ibidem, p. 174, mai 1418).
15 Tours, arch. comm., BB 1, 3e cahier, P46.
16 Ibidem, 3e cahier, respectivement fos 49 v° et 50 v°. Le surplus des 4 000 F semble servir aux réparations de la ville.
17 À savoir les femmes de Colas Lemaitre, de Thomas le Conte et de Marquade, et d'un certain Ernolet ainsi que les filles Baudry (Tours, arch. comm., BB 1,3e cahier, f° 50).
18 Tours, arch. comm., BB 1, 3e cahier, Fos 53 et 53 v°. À la lecture de ces textes, il reste tout de même difficile de parler de véritable entrée royale solennelle.
19 Tours, arch. comm., CC 18, f° 108 v°.
20 Tours, arch. comm., BB 2, fos 71 et 72. À cela s'ajoutent des torches, des dons de vin et d'avoine. Le roi semble entrer dans les premiers jours d'octobre et la reine arrive le 28 du même mois.
21 Ordonnances des rois de France..., t. X, p. 477-480.
22 D'après le registre du conseil du Parlement de Poitiers (Toulouse, arch. dép. Haute-Garonne, ms. 59 (F 49), cité par R. Favreau, La ville de Poitiers..., op. cit, p. 278).
23 Ordonnances des rois de France..., t. XIII, p. 105.
24 Dans un premier temps semble-t-il c'est à Poitiers que sont centralisés les baux de toutes les monnaies des pays soumis au dauphin (Ordonnances des rois de France..., t. XI, p. 23-26).
25 C'est ce qu'affirme G. Du Fresne de Beaucourt, Histoire de Charles VII, op. cit., t.I ;p. 418-419.
26 Ibidem, t.I, p. 232, et t. II, p. 55, 58, 60, 61.
27 Il ne semble pas passer par le Berry en 1425 ni en 1427.
28 D. Neuville, « Le Parlement royal à Poitiers (1418-1436) », dans Revue Historique, t. VI, 1878, p. 1-28 et 272-314.
29 Jean Tudert est mentionné prévôt de l'église de Poitiers en 1400 puis doyen de l'église de Paris après 1412. Le second Poitevin est l'archidiacre de Poitiers, Guillaume Guerin (R. Favreau, La ville de Poitiers..., op. cit, p. 280).
30 Guillaume est conseiller puis maître des requêtes, il a pour oncle Martin Gouges, évêque de Clermont, un proche de Jean de Berry.
31 Ordonnances des rois de France..., t. XIII, p. 105. R. Favreau se demande si cette création tardive, voulue par le roi qui a choisi Poitiers plutôt que Bourges, ne résulte pas de pressions politiques poitevines (R. Favreau, Une famille bourgeoise..., op. cit., p. 23).
32 R. Favreau, La ville de Poitiers..., op. cit, p. 288.
33 R. Favreau, ..., op. cit, p. 24.
34 Les mémoriaux de la chambre des comptes de Charles VII à Bourges étaient cotés h (1421-1436). Des extraits ont été recopiés avant la destruction des fonds de la chambre des comptes de Paris et sont aujourd'hui conservés aux Archives nationales. Il s'agit de PP 110, p. 145 à 159. H. Jassemin (La chambre des comptes de Paris au xve siècle, précédé d'une étude sur ses origines, Paris, 1933), dans l'index qui accompagne son ouvrage, intègre une liste des officiers de cette Chambre établie d'après les « filiations »réalisées au xviiie siècle (Archives nationales, P 2635 à 2640). Celle-ci ne semble pas cependant être complète.
35 Certains cas non comptabilisés ici restent ambigus car il n'est pas toujours précisé par H. Jassemin (op. cit., index) s'ils se rapportent à la chambre des comptes de Paris ou à celle de Bourges, les deux fonctionnant en parallèle.
36 Les dates de leurs offices sont celles indiquées par H. Jassemin (op. cit, index), il n'a pas été possible de les vérifier.
37 Paris, arch. nat., PP 110, p. 146 et 157.
38 F. Lehoux, Jehan de France..., op. cit, t. III, p. 15.
39 D'après Thaumas de La Thaumassière, Histoire de Berry...,op. cit.,t. IV, p. 115-116, et F. Lehoux, Jehan de France..., op. cit., t. Il, p. 487 note 4, t. III, p. 14-15, 404-405 et 411.
40 Paris, Arch. nat., PP 110, p. 154.
41 Un Mathieu Sarrebource est mentionné par Thaumas de La Thaumassière (Histoire de Berry.... op. cit., t. IV, p. 473), comme étant maître de la chambre des comptes du duc de Berry mais aussi son secrétaire « des commendements ». Il aurait été anobli en 1410.
42 F. Lehoux, Jehan de France..., op. cit., t. III, p. 10, qui cite Bibl. nat. France, P.O. 2635, Sarrebource.
43 Paris, Arch. nat., PP 110, p. 157.
44 Toutes ses informations sont données par Thaumas de La Thaumassière (Histoire de Berry..., op. cit., t. IV, p. 352-353). Elles doivent cependant être prises avec précaution car F. Lehoux n'en fait pas rapport dans son travail.
45 Paris, Arch. nat, PP 110, p. 157.
46 Thaumas de La Thaumssière, Histoire de Berry..., op. cit, t. III, p. 84.
47 Paris, Arch. nat, PP 110, p. 157 et P 2640, f° 118 v°.
48 Il est relativement difficile de reconstituer les filiations généalogiques, mais il semble très plausible que tous les Buille remontent à un drapier installé à Bourges au milieu du xive siècle (M. Renggle, Les Buille. Étude d'une famille berruyère et d'une fortune au xve siècle, mémoire de maîtrise, Paris I, 1971, tableaux généalogiques). Certains membres de cette famille sont témoins du duc Jean en 1370 dans l'hommage rendu par celui-ci à l'archevêque de Bourges suite à l'achat de la châtellenie de Mehun-sur-Yèvre (F. Lehoux, Jehan de France..., op. cit., t.I, p. 195).
49 M. Renggle, Les Buille..., op. cit, p. 20-30.
50 Une analyse plus large de la cour du dauphin laisserait certainement de la même façon apparaître la présence d'anciens officiers ducaux. La famille de Bar en fournit entre autres un bon exemple. Jeannin de Bar était valet de chambre du duc. Son premier fils Jean, seigneur de Villemenard, est apothicaire et valet de chambre de Charles VII, alors que son second fils (Jean IIIe du nom) en est le chambellan et capitaine du château de Tours (Thaumas de la Thaumassière, Histoire de Berry..., op. cit, t. III, p. 202-203, et J. Chartier, Chroniques de Charles VII, roi de France, Paris, P. Jeannet libraire, 1858, t. III, p. 327).
51 Ses neveux essaieront de s'insérer dans l'élite politique urbaine et régionale par la suite. Aymery Buille qui va finir échanson du roi a tout d'abord été élu puis lieutenant des eaux et forêts (M. Renggle, Les Buille..., op. cit., p. 30).
52 Encore conviendrait-il de rechercher les alliances des familles parisiennes qui viennent s'installer autour de Poitiers. Cette quête est longue et difficile faute de documents et ne viendrait sans doute pas bouleverser ces conclusions qui résultent des importants travaux de reconstitution de familles menés par R. Favreau.
53 Paris, Bibl. nat. France, coll. Dupuy vol. 551, lettres du 6 décembre 1429.
54 M.Mollat, Jacques Cœur ou l'esprit d'entreprise au xve siècle, Paris, Aubier, 1988, p. 16-19.
55 Il s'agit certainement de la même personne citée en 1453 comme prévôt de Bourges (voir Les affaires deJacques coeur..., op. cit., t.I, p. 125, et Thaumas de la Thaumassière, Histoire de Berry..., op. cit., t. IV,p. 488).
56 R. Favreau, La ville de Poitiers.... op. cit., p. 264.
57 Paris, Arch. nat., Xla 9197, fos 338-340, d'après R. Favreau, La ville de Poitiers..., op. cit., p. 264, note 788.
58 Chroniques de la Pucelle..., Vallet de Viriville (éd.), p. 250.
59 Tous les détails de ces voyages et tractations ont été exposés par G. Du Fresne de Beaucourt (Histoire de Charles VII, op. cit., t. II, p. 92-93).
60 C'est du moins ce qui se dégage de l'analyse d'une lettre des habitants de Bourges (ou de Richemont, plus vraisemblablement) au corps de ville de Lyon (Lyon, arch. comm., registre de délibérations, BB 1, f° 228, cité par G. Du Fresne de Beaucourt, Histoire de Charles VII, t. II, p. 93).
61 Tours, arch. comm., BB 3, f° 35 (d'après ibidem, t. II, p. 93).
62 C'est ainsi le jugement de G. Du Fresne de Beaucourt sur la réponse des Tourangeaux (Histoire de Charles VII, op. cit., t. II, p. 93).
63 C'est ce qui ressort de l'analyse faite par G. Du Fresne de Beaucourt (ibidem, t. III, p. 164-165). L'ensemble de cette histoire est détaillé par L. Raynal (Histoire du Berry..., op. cit., t. III, p. 17-19) qui reprend et corrige les pièces et l'analyse proposées par Thaumas De La Thaumassiere (Histoire de Berry..., op. cit.).
64 Les comtes se rendent au roi sous condition que celui-ci convoque les États Généraux et que ceux-ci puissent se tenir dans le calme. Ils recevront en plus des lettres de rémission le 17 juillet (G. Du Fresne de Beaucourt, Histoire de Charles VII, op. cit., t. III, p. 166).
65 Tel est le cas de l'office de capitaine de la ville cédé à un certain Adam Douglas, certainement parent du duc (B. Chevalier, La ville de Tours..., op. cit., t.I, p. 127-128).
66 Tous les détails et toutes les références relatives à cette affaire sont fournis par Ch. Grandmaison, « La ville de Tours en 1426 et 1427 ; un épisode de la guerre de Cent Ans », dans Mém. Soc. arch. Touraine, t. XIII, 1861, p. 339-347.
67 Les raisons militaires ne semblent effectivement pas tenir. Les représentants urbains proposent plutôt de renforcer les cadres policiers déjà en place (à savoir la troupe du bailli) en levant 50 hommes d'armes et 20 de traits, le tout pour un coût estimé 13 000 livres ce qui semble nettement moins que la somme demandée par le roi pour l'entretien des 200 hommes du comte de Foix (ibid.).
68 À plusieurs reprises les députations urbaines reviennent détroussées par les hommes du comte de Foix (ibid.).
69 Finalement, le 12 février 1427, un jacobin vient annoncer aux habitants de Tours que Jean de Grailly ne viendra pas (ibid.).
70 À partir de février 1426 la ville de Poitiers délègue des ambassades vers le roi et obtient (le 2 mai) des lettres pour contraindre les commissaires des francs- fiefs à suspendre leurs actions à l'encontre de bourgeois qui ont déjà beaucoup perdu à la suite du passage de plusieurs compagnies (Poitiers, arch. comm., J 671 et 672, et B. Ledain, Les maires de Poitiers..., op. cit., p. 349).
71 Id., E 20, acte du 20 octobre 1427. Seules les compagnies se présentant avec des lettres signées du roi pourront faire leur entrée.
72 Ils n'ont d'ailleurs pas attendu ces lettres pour le faire. Dès juin, la ville se met en armes (d'après B. Ledain. Les maires de Poitiers..., op. cit., p. 351-352).
73 Lorsqu'en 1427, le maire de Poitiers doit se rendre auprès du roi qui se trouve à Châtellerault, il se fait accompagner par vingt-quatre hommes en armes (Poitiers, arch. comm., J 726, cité par R. Favreau, La ville de Poitiers..., op. cit., p. 273).
74 En témoignent les réclamations du bailli de Touraine en 1425-1426. Celui-ci présente à la ville de Tours sa situation : avec l'avancée des Anglais, ses biens personnels ont été enlevés, ses gages ne lui ont pas été versés depuis un temps fort long. Il suscite alors toute la pitié des bourgeois qui lui accordent plusieurs présents de vivres (Tours, arch. comm., BB 3, 2 janvier 1426 et 2 août 1426).
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