Cinquante ans de recherche sur les élites politiques françaises de l’époque contemporaine
p. 27-37
Texte intégral
1Pour qui s’intéresse à ceux qui ont exercé ou exercent le pouvoir en France, le syntagme « élite » demeure indéniablement le plus pertinent car, comme le souligne Christophe Charle, il « permet d’embrasser les divers types de groupes dirigeants et dominants qui se sont succédé en France depuis deux siècles et demi et dont les appellations historiquement datées ont changé au il des régimes ». Quant à la forme plurielle « élites », elle est préférable au singulier, car elle « permet d’évoquer leur pluralité à certains moments dans le champ du pouvoir et leur légitimité en permanence contestée1 ».
2Ces élites politiques françaises font aujourd’hui débat. S’il est besoin de s’en convaincre, il suit de consulter la place que les médias leur accordent2 ! Se posent les questions de leur compétence, de leur sens de l’intérêt général et de leurs possibles conflits d’intérêts. Se développe aussi, à grande échelle, un complotisme protéiforme dont les élites sont systématiquement le centre, en quelque sorte le sentiment d’une « conspiration des puissants ». La démagogie et le populisme – qu’il ne faut évidemment pas confondre3 – y trouvent un terreau propice.
3Ce sujet brûlant, passionnel, mais aussi délicat, soufre cependant d’un défaut d’analyse patent. Des travaux importants lui ont certes été consacrés, depuis des articles ou des numéros spéciaux de grandes revues intellectuelles4 jusqu’à des livres publiés à l’étranger comme en France5, mais la plupart restent dans la généralité, choisissent un angle d’approche thématique ou problématique restreint, ou suivent un biais idéologique ou méthodologique, ce qui entraîne des simplifications excessives, voire des contresens6. Une conception subjective, figée, étroite des élites revient au mieux à occulter partiellement le réel, au pire à le falsifier. Lorsqu’on se livre à un inventaire des travaux généraux qui permettraient de donner au sujet une profondeur historique, on est d’ailleurs frappé par son indigence, alors qu’à l’étranger de multiples publications existent sur le sujet7.
4En dehors de la grande fresque d’Emmanuel Beau de Loménie, Les Responsabilités des dynasties bourgeoises rédigée sur trente ans et marquée du sceau d’un légitimisme qui entendait régler ses comptes avec l’orléanisme8, il n’y a guère eu, pendant longtemps, que Les Bourgeois conquérants de Charles Morazé9, avant que Jolyon Howorth et Philip Cerny10, Guy Chaussinand-Nogaret11 ou encore Rainer Hudemann et Georges-Henri Soutou12 ne proposent des éclairages collectifs très précieux mais, là encore, partiels parce qu’excessivement synthétiques ou kaléidoscopiques. Sujet difficile ; sujet qui n’était pas à la mode à l’époque où dominaient, en France, l’école des Annales et l’histoire marxiste et qui ne l’est guère plus à l’heure du grand écart épistémologique entre histoire globale et micro-histoire ; sujet néanmoins capital !
5Nous avons récemment donné une synthèse sur l’histoire des élites françaises au cours des trois cents dernières années13. Nous proposons à la suite le travail historiographique qui a précédé la rédaction de cet ouvrage.
6La question de l’exercice du pouvoir par les élites est nécessairement première, même si elle a connu moins de renouvellements que d’autres parce qu’en la matière beaucoup avait déjà été écrit et que cette histoire apparaît la plus classique au sein d’une histoire politique déjà critiquée pour son classicisme. Les recherches des dernières années se sont donc concentrées plutôt sur la tendance à l’oligarchisation des élites et sur leur cycle de vie, dans la lignée des travaux de Vilfredo Pareto et de Roberto Michels14, mais aussi sur les périodes de transition et sur les phénomènes épuratoires qui y sont liés15.
7Comme l’a souligné avec force Max Weber, la société peut se concevoir comme un champ de luttes entre instances de différentes natures et au sein de chacune d’elles entre dominants et dominés16. Selon lui, toute élite contemporaine ne peut se contenter d’imposer sa domination par la force et doit se justifier d’y recourir ou réaliser ce qu’il appelle la théodicée de ses privilèges, en imposant la croyance de sa supériorité, soit par la tradition, soit par le charisme, soit par la conformité légale.
8C’est toute la question de la légitimation de l’élite qui a été abordée au cours du dernier demi-siècle par des travaux très différents, depuis la magistrale biographie consacrée par Jean Tulard à l’empereur des Français, Napoléon ou le mythe du sauveur dans laquelle l’auteur démontre qu’il n’aurait pu être ce qu’il a été sans le soutien des notables et qu’il a chuté en grande partie pour l’avoir perdu17, jusqu’aux nombreux ouvrages publiés sur le suffrage universel et la représentation démocratique, à commencer par ceux de Pierre Rosanvallon18. Parallèlement, le rapport à ses élites d’un peuple français qui en instruit régulièrement le procès depuis 1789 a été traité par plusieurs chercheurs de Pierre Birnbaum19 à Patrice Pierre20. La déconnexion des élites avec la société de leur temps, questionnement très actuel mais aussi très tôt envisagé par les historiens pour la in de l’Ancien Régime ou pour l’« étrange défaite » de 1940, à la suite de Marc Bloch, contemporain des événements, est aujourd’hui appliquée à d’autres périodes21.
9Au cours des dernières années, l’histoire des intellectuels, qui a toujours été un champ d’investigation privilégié en histoire politique, s’est posée la question de la réception des idées et des œuvres à la suite des travaux fondamentaux de l’historien de la littérature Paul Bénichou22, au travers d’études sur les milieux intellectuels dans leur globalité23 ou sur leurs principales figures24. La notion de génération à laquelle Jean-François Sirinelli a consacré sa thèse de doctorat avant de la théoriser et d’y revenir dans plusieurs autres ouvrages25 a donné naissance à l’un des domaines les plus dynamiques de l’histoire des élites autour de l’idée d’une culture de génération avec des ouvertures sur les relations intergénérationnelles et sur les héritages politiques26. L’hérédité en politique, lieu commun des travaux sur la France des notables, a été plus particulièrement étudiée sous les régimes républicains27.
10La question des parcours élitaires est d’ailleurs une thématique clé, abondamment traitée par l’historiographie. La dynamique relative des groupes sociaux au sein des élites a ainsi donné lieu à de nombreux travaux souvent dans une perspective franco-française, mais parfois aussi dans le cadre d’un utile comparatisme international : montée en puissance indéniable de la bourgeoisie28, déclin de la noblesse inexorable mais différencié selon les secteurs29, émergence limitée et tardive des « populaires30 »… Inscrits dans l’essor de l’histoire du genre, des travaux se sont penchés sur le rôle des femmes, d’abord égéries, puis parties prenantes de la vie politique31.
11Parallèlement, de nombreux historiens se sont interrogés sur la formation et sur les apprentissages des élites françaises. Certains y ont cherché les raisons des parcours politiques ultérieurs, comme Timothy Tackett qui a expliqué les révolutionnaires de 1789 par leur formation dans la France des Lumières32. Les écoles spéciales ou grandes écoles, spécificités françaises issues pour les premières d’entre elles de cette même Révolution, ont principalement focalisé l’attention de Polytechnique à HEC en passant par l’École normale supérieure, la première École nationale d’administration et l’École libre des sciences politiques33. Cependant, les lycées et les facultés de droit, autres creusets des élites politiques du xixe siècle et les enseignements qui y étaient dispensés ont aussi été étudiés34. Quoique plus rares, des travaux se sont aussi intéressés aux facultés de province de l’avant-dernier siècle et ont montré comment leurs diplômés se sont insérés dans les élites dirigeantes locales ou régionales35.
12Si la vulgate a fait pendant longtemps des débuts de la Troisième République le passage du modèle de domination notabiliaire à un autre, plus démocratique et méritocratique, à la suite du célèbre discours prononcé par Gambetta à Grenoble, en septembre 1872, sur l’avènement des « couches nouvelles », les historiens bien informés ont montré qu’il s’agissait là davantage d’une affirmation de principe que d’une réalité36. Dans la continuité de la République des ducs d’Halévy et de celles des professeurs de Thibaudet, les historiens ont eux-mêmes multiplié les « Républiques à épithète » pour tenter d’en caractériser une facette élitaire fondamentale à leurs yeux37.
13Cependant, depuis cinq décennies, les historiens ont surtout investi de plus en plus massivement le chantier de l’étude des élites par la monographie sur une individualité ou sur un groupe avec la volonté d’en embrasser tout ou au moins la plus grande partie. Le retour en grâce de la biographie et l’émergence de la prosopographie du contemporain n’y sont pas étrangers. Malgré l’attaque en règle lancée par Pierre Bourdieu, en 1986, contre « l’illusion biographique38 », le genre, considérablement renouvelé, par exemple en rompant avec la linéarité du récit de vie classique39 ou en multipliant les points de vue sur la personnalité étudiée40, est redevenu un élément à part entière de l’intelligibilité historique41. Quant à la prosopographie, elle s’est inspirée de l’approche globalisante et statistique de la sociologie et de la science politique et, dès les années 1950-1960, Mattéi Dogan a dressé grâce à elle des portraits types de parlementaires de la Troisième République et a étudié leurs modes de recrutement et leurs carrières42. La prosopographie a commencé à intéresser les historiens des élites politiques de la France contemporaine surtout à la suite de la thèse d’André-Jean Tudesq sur les grands notables de la fin de la monarchie de Juillet43. Pour mener à bien son ambitieux projet d’étudier historiquement « la psychologie sociale » du groupe social dirigeant la France au mitan du xixe siècle, la couche supérieure de l’électorat censitaire en 1840, Tudesq a passé en revue son implantation géographique, les différents capitaux et réseaux qu’il a pu mobiliser, les divers champs d’activité dans lesquels il s’est mu. Cela lui a permis d’aborder la question cruciale de ses réactions face aux crises économiques, sociales et politiques des années 1840 et de montrer que la conscience de classe n’a émergé en son sein que très timidement en fin de période. À la suite de ce travail pionnier, sans que cette énumération n’ambitionne l’exhaustivité et en excluant l’histoire du temps présent, signalons que des études ont été menées par des chercheurs isolés, le plus souvent dans le cadre d’une thèse de doctorat, sur les sénateurs et les députés du Consulat et du Premier Empire44, les pairs de France et la droite sous la Restauration45, les conseillers généraux et les députés de la monarchie de Juillet46, les conseillers d’État et les députés du Second Empire47, les ministres de la Troisième République48, les élites fin de siècle49, les membres de la Fédération République du Rhône50, l’épiscopat de l’époque concordataire51, les parlementaires de l’entre-deux-guerres52, les quatre-vingts qui ont refusé de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en juillet 194053, les membres du Conseil national de Vichy54, les gaullistes du Sud-Ouest au temps du RPF55, les hommes du progressisme chrétien sous la Quatrième République56 ou encore les parlementaires socialistes sous le même régime57.
14La prosopographie a aussi donné lieu à de grandes enquêtes collectives, lancées sous l’égide du Centre d’histoire du xixe siècle des universités Paris-Panthéon-Sorbonne et Paris-Sorbonne sur les conseillers généraux de 187058, les députés à l’époque de la coalition contre Molé59, les maires du Consulat à nos jours60 ou encore les parlementaires de la Troisième République61. La IVe section de l’École pratique des hautes études a joué aussi un rôle précurseur, grâce à Michel Fleury et à Bertrand Gille, avec un Dictionnaire biographique du conseil municipal de Paris et du conseil général de la Seine62. De son côté, l’École des hautes études en sciences sociales n’a pas été en reste en publiant, depuis 1979, et à l’initiative de Louis Bergeron et de Guy Chaussinand-Nogaret, un ouvrage de présentation sur les notables du Premier Empire, bientôt suivi par des volumes départementaux, travail qui se poursuit encore aujourd’hui63. Il faudrait encore citer ici l’enquête lancée en 2008 par Bernard Lachaise sur les élites gaullistes de la Seconde Guerre mondiale aux années 1970 ou les autres enquêtes de la Fondation Charles de Gaulle et de la Fondation Georges Pompidou. Avec elles, nous sommes ici au contact de la sociologie, de la science politique et de l’histoire.
15Les passerelles se sont d’ailleurs multipliées ces dernières années entre les trois disciplines. Un rassembleur comme Pierre Bourdieu est parvenu à fédérer des sociologues venus d’horizons divergents – fonctionnalistes, structuralistes ou interactionnistes, mais aussi des politologues et des historiens comme Christophe Charle, en érigeant en principe une forme d’empirisme méthodologique dont la prosopographie a pu être l’une des facettes64. Un colloque tenu à Dijon, en mars 1991, a permis un dialogue pluridisciplinaire fructueux autour de la notion de dynastie politique65. Des politologues comme Yves Déloye, Bastien François ou Bernard Lacroix travaillent régulièrement avec les historiens à des enquêtes prosopographiques66. Des travaux de sociologues ou de politologues comme celui que Jean-Luc Bodiguel a consacré, voilà trente-six ans déjà, aux anciens élèves de l’École nationale d’administration, empruntent beaucoup à la méthode prosopographique67.
16La plupart des universitaires spécialisés en histoire des élites contemporaines donnent désormais des sujets à caractère prosopographique, à leurs étudiants. Il existe quelques places fortes de la prosopographie dans l’Université française liées soit à une tradition historique comme le Centre d’histoire du xixe siècle de Paris-Panthéon-Sorbonne et de Paris-Sorbonne qui achève une enquête sur les acteurs politiques de 1848 commencée en 2002, soit à la présence d’un praticien averti. Citons, à défaut d’être exhaustif et au risque d’oublier des collègues, les universités Bordeaux-Montaigne, de Clermont, de Lorraine, d’Orléans, de Bretagne occidentale, où Yvon Tranvouez a été l’un des premiers à consacrer un séminaire à la prosopographie, en l’occurrence celle des notables bretons des années 1930 aux années 1950 et où Christian Bougeard a donné plusieurs travaux illustrant les facettes de la prosopographie appliquée au politique68, ou encore de Nice avec Jean-Paul Pellegrinetti et l’enquête ICEM dont il a été le concepteur et le principal maître d’œuvre.
17L’étude prosopographique ne se conçoit qu’en rapport avec les questions qu’on entend lui poser : changement de régime et répercussion sur le personnel dirigeant69, émergence de nouvelles couches sociales et incidence sur la transformation de la classe politique70, recherche d’une articulation entre pouvoir régional et influence nationale71, traduction locale de phénomènes politiques nationaux ou au contraire affirmation de spécificités politiques régionales72…
18Les petites élites locales commencent à être étudiées de près, à la suite des travaux de Jean-Paul Jourdan pour le Sud-Ouest et de ceux de Jean Le Bihan pour l’Ille-et-Vilaine. Tel est aussi le cas des espaces satellites de la politique après les recherches pionnières de René Rémond et de Gilles Le Béguec : conférences d’éloquence parlementaire, mouvements de jeunes, salles de rédaction des journaux politiques, clubs de réflexion… Enfin, la convergence récente de la biographie et de la prosopographie est un secteur prometteur. Jean-Noël Jeanneney a été un précurseur en montrant, voilà plus de quarante ans, la constitution d’un groupe de pression patronal au travers du grand industriel lorrain François de Wendel73. Jean-Marie Moine et Jean Garrigues ont poursuivi dans cette voie, l’un avec sa monographie essentielle sur les maîtres de forges centrées sur quelques figures clés74, l’autre avec sa biographie de Léon Say, en évoquant la façon dont cet homme du centre gauche a su acquérir une position politique prééminente au début de la Troisième République, grâce à son appartenance à de multiples réseaux75.
19Les regroupements partisans, les associations, les groupes et les réseaux d’influence sont d’ailleurs, depuis de nombreuses années, l’objet de l’attention soutenue des historiens des élites politiques. Si l’étude d’une sociabilité notabiliaire faisant la part belle au politique a donné lieu à de solides travaux dont émergent naturellement ceux de Maurice Agulhon76 et de Jean-Pierre Chaline77, ou plus récemment de Jean Joana78 et de Steven Kale79, le xxe siècle se taille ici la part du lion dans le cadre d’une organisation et d’une professionnalisation croissante de l’activité politique dont Max Weber avait souligné l’importance avant qu’Éric Phélippeau ne rouvre le dossier en précisant comment, de la fin du Second Empire à la Grande Guerre, toute une ingénierie politique, et en particulier électorale, s’est développée80. Ces regroupements ont été abordés dans leur grande variété depuis ceux qui ont directement concouru à l’expression du suffrage politique et qui ont aspiré à exercer le pouvoir, comme les partis81 et les groupes parlementaires82 et ceux dont l’ambition a été plus modeste et l’action indirecte, mais ouverte, comme les ligues83, les syndicats84, les associations85 et les clubs de réflexion86, ou plus ou moins occulte, comme les groupes de pression et les réseaux d’influence87. La franc-maçonnerie occupe ici, et de longue date, une place importante dans l’historiographie88. Plus récemment, Patrick Cabanel s’est attaqué à l’un des « quatre autres États confédérés de l’anti-France » dénoncés par Maurras en s’attachant à la part prise par les protestants dans l’installation de la Troisième République et dans la construction d’une « laïcité à la française89 ». Des historiens comme Olivier Dard90 se sont également intéressés au développement de l’expertise technocratique dans l’entre-deux-guerres qui puise ses racines dans le xixe siècle encyclopédiste, saint-simonien et scientiste91 et qui a favorisé l’éclosion du mythe de la synarchie et du complot permanent92.
20Plus largement, la création d’une bourgeoisie d’État centralisée et toute puissante, fille de la Révolution voire de la monarchie d’Ancien Régime selon la tradition d’analyse tocquevillienne93, matrice d’une consanguinité française entre politique et administration et qui, loin d’être remise en cause par l’affirmation de l’État de droit défini au moment de l’absolutisation républicaine94 aurait été confortée par elle, est dénoncée comme l’une des causes, si ce n’est la cause principale du mal français95. Dans ce cadre-là, le corps préfectoral a fait l’objet d’une attention particulière depuis cinquante ans96, les entourages de l’exécutif depuis quarante97, mais c’est surtout la formation des élites qui focalise aujourd’hui l’attention. Sciences Po Paris et l’ENA sont en particulier l’objet d’une très abondante production scientifique souvent fort critique98. Dans la continuité des travaux des politologues américains, James Burnham, Robert Dahl et Robert Putnam, des chercheurs français ont montré comment, de ce côté-ci de l’Atlantique, le patronat qui a pu jadis s’investir en politique a plus intérêt aujourd’hui à mettre en avant d’anciens condisciples ou des personnalités issues des mêmes réseaux que lui99.
21Ces travaux sont souvent d’autant plus pertinents qu’ils adoptent une perspective comparatiste100. Les élites se pensent de plus en plus à l’échelle internationale, y compris par les historiens modernistes et dix-neuviémistes qui mettent au jour des logiques transfrontalières101. La déconnexion du réel s’inscrirait d’ailleurs dans le cadre d’une nouvelle géographie qui n’est pas spécifique à la France, celle de la mondialisation, des villes-mondes qui concentrent les élites aux périphéries dominées, exploitées ou délaissées102.
22On voit donc la multiplicité des travaux entrepris et la fécondité des voies empruntées au cours des dernières années.
23Néanmoins, les historiens français des élites connaissent trop peu les travaux néo-élitistes qui ont été réalisés depuis une trentaine d’années en science politique et qui ont permis, à travers une démarche très empirique, de définir le nouveau paradigme d’« élites de projet », en plaçant au cœur de leur réflexion l’étude clinique des comportements des élites, les processus de prise de décisions par le pouvoir, le rôle joué par les groupes situés en deçà des autorités formelles pour imposer leur vision, le savoir technique que ceux-ci mettent en œuvre pour y parvenir et leur capacité à rester en place au-delà des changements de régime103. D’un point de vue méthodologique, l’analyse sociale des réseaux est aussi trop peu exploitée104. C’est pourtant en empruntant de nouvelles pistes comme celles-ci que notre connaissance des élites françaises contemporaines progressera encore.
24L’enjeu est de taille car, comme le constate justement Guy Chaussinand-Nogaret, « écrire l’histoire des élites, c’est écrire l’histoire de la France même, car elles en sont le miroir et renvoient son image ; histoire sociale et politique, sans doute, mais avant tout histoire des mentalités, des représentations et des symboles, elle est d’abord un “lieu de mémoire” où se réfléchit la nation105 ».
Notes de bas de page
1« Légitimités en péril. Éléments pour une histoire comparée des élites et de l’État en France et en Europe occidentale (xixe -xxe siècles) », Actes de la recherche en sciences sociales, 116-177, mars 1997, p. 39.
2Le Point, no 2035 du 15 septembre 2011, « Le scandale des élites » ; Coignard Sophie et Gubert Romain, L’Oligarchie des incapables, Albin Michel, 2012 ; Deloire Christophe et Dubois Christophe, Circus politicus, Albin Michel, 2012 ; Bacqué Raphaëlle, Richie, Grasset, 2015.
3On lira à cet égard le dernier essai de Delsol Chantal, Populisme. Les demeurés de l’histoire, Monaco, Éditions du Rocher, 2015.
4Esprit, Commentaire, Le Débat, La Revue politique et parlementaire … Ainsi du no 53 du Débat, « Les élites dirigeantes françaises en question », 1989-1, du no 980 de La Revue politique et parlementaire, « Élites et peuple : fracture ou crise ? », novembre-décembre 1995, et du no 236 d’Esprit, « Les élites de la république sur la sellette », octobre 1997.
5Voir ici l’emblématique The Revolt of the Elites and the Betrayal of Democracy publié par le sociologue et historien marxiste américain Christopher Lasch en 1994. L’ouvrage a été traduit et publié en français sous le titre La Révolte des élites et la trahison de la démocratie, Climats, 1999.
6Quoique intéressant l’ouvrage de Bernard Maurice, Les Élites françaises. Essai critique (L’Harmattan, 3 vol., 2010) ne propose qu’un survol très partiel.
7Dans l’abondante production internationale sur les élites, on peut citer, à titre d’exemple, l’important programme international de recherche en sociologie historique EURELITE, dirigé par Maurizio Cotta et Heinrich Best, au début des années 1980, qui a permis de publier Parliamentary Representatives in Europe 1848-2000. Legislative Recrutment and Careers in Eleven European Countries, Oxford, Oxford UP, 2000.
8Beau de Loménie Emmanuel, Les Responsabilités des dynasties bourgeoises, Paris, Denoël, 1943-1974, 5 vol.
9Morazé Charles, Les Bourgeois conquérants, Paris, Armand Colin, 1957, rééd. Complexe, 1985, 2 vol.
10Howorth Jolyon et Cerny Philip, Elites in France : Origins, Reproduction and Power, Londres, Frances Pinter, 1981.
11Chaussinand-Nogaret Guy, Histoire des élites en France du xvie siècle au xxe siècle : l’honneur, le mérite, l’argent (Tallandier, 1991, rééd. Hachette, 1994) qui fait suite à son Histoire des élites (1700-1848) [La Haye, Mouton, 1975].
12Soutou Georges-Henri, Eliten in Deutschland und Frankreich im 19 und 20 Jahrundert, Munich, Oldenburg Verlag, 1994.
13Anceau Éric, Les Élites françaises des Lumières au grand confinement, Paris, Passés Composés, 2020.
14Pour le premier Pareto Vilfredo et Michels Roberto, The Rise and Fall of the Elites. An Application of Theoretical Sociology, Totowa, he Bedminster Press, 1968 (première publication en italien et sous une autre forme en 1901) et pour le second Les Partis politiques. Essai sur les tendances oligarchiques des démocraties, Paris, Flammarion, 1914.
15Gerbod Paul et alii, Les Épurations administratives (xixe et xxe siècles), Genève, Droz, 1977 ; Novick Peter, L’Épuration française (1944-1949), Paris, Balland, 1985 ; coll., L’Épuration de la magistrature de la Révolution à la Libération : 150 ans d’histoire judiciaire, Paris, Loysel, 1994 ; Bonhomme Éric, La République improvisée. L’exercice du pouvoir sous la Défense nationale, 4 septembre 1870-8 février 1871, Paris, Eurédit, 2000 ; Anceau Éric, L’Empire libéral, 2 vol., Paris, SPM, 2017.
16Weber Max, en particulier dans Le Savant et le politique, rééd. Paris, Plon, coll. « 10/18 », 1959 (traduction de deux conférences en allemand Wissenschaft als Beruf de 1917 et Politik als Beruf de 1919).
17La première édition en a été publiée chez Fayard en 1977.
18Rosanvallon Pierre, Le Sacre du citoyen. Histoire du suffrage universel en France, Paris, Gallimard, 1992, et Le Peuple introuvable. Histoire de la représentation démocratique en France, Paris, Gallimard, 1998.
19Birnbaum Pierre, Le Peuple et les gros. Histoire d’un mythe, Paris, Grasset, 1979, et La France imaginée. Déclin des rêves unitaires ?, Paris, Fayard, 1998.
20Patrice Pierre, Les Élites politiques et le peuple dans la France du xixe siècle, Paris, L’Harmattan, 2010.
21Waresquiel Emmanuel de, L’Histoire à rebrousse-poil. Les élites, la Restauration, la Révolution, Paris, Fayard, 2005.
22Bénichou Paul, Le Sacre de l’écrivain, Paris, Corti, 1973, et Le Temps des prophètes. Doctrines de l’âge romantique, Paris, Gallimard 1977.
23Ory Pascal et Sirinelli Jean-François, Les Intellectuels en France de l’affaire Dreyfus à nos jours, Paris, Armand Colin, 1986 ; Charle Christophe, Naissance des intellectuels (1880-1900), Paris, Éditions de Minuit, 1990 ; Prochasson Christophe, Les Intellectuels et le socialisme, xixe -xxe siècle, Paris, Plon, 1997 ; Dosse François, La Marche des idées. Histoire des intellectuels, Paris, La Découverte, 2003.
24Julliard Jacques et Sand Shlomo, Georges Sorel en son temps, Paris, Le Seuil, 1985 ; Joly Bertrand, Déroulède, l’inventeur du nationalisme, Paris, Perrin, 1998.
25Sirinelli Jean-François, Génération intellectuelle. Khâgneux et normaliens dans l’entre-deux-guerres, Paris, Fayard, 1988.
26Spitzer Alan B., The French Generation of 1820, Princeton, Princeton University Press, 1987 ; Caron Jean-Claude, Générations romantiques, les étudiants de Paris et le Quartier latin, 1814-1851, Paris, Armand Colin, 1991 ; Bouneau Christine et Le Mao Caroline (dir.), Jeunesse(s) et élites. Des rapports paradoxaux en Europe de l’Ancien Régime à nos jours, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009 ; Bantigny Ludivine et Baubérot Arnaud (dir.), Hériter en politique. Filiations, générations et transmissions politiques (Allemagne, France et Italie, xixe -xxie siècle), Paris, Presses universitaires de France, 2011.
27Patriat Claude et Parodi Jean-Luc (dir.), L’Hérédité en politique, Paris, Economica, 1992 ; Niess Alexandre, L’Hérédité en République. Les élus et leurs familles dans la Marne (1871-1940), Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2012.
28Lhomme Jean, La Grande Bourgeoisie au pouvoir (1830-1880). Essai sur l’histoire sociale de la France, Paris, Presses universitaires de France, 1960 ; Daumard Adeline, Les Bourgeois et la bourgeoisie en France depuis 1815, Paris, Aubier, 1987 ; Kocka Jürgen (dir.), Les Bourgeoisies européennes au xixe siècle, Paris, Belin, 1997 ; Charle Christophe, La Crise des sociétés impériales, Allemagne, France, Grande-Bretagne, (1900-1940). Étude d’histoire sociale comparée, Paris, Le Seuil, 2001.
29Serman William, Les Origines des officiers français (1848-1870), Paris, Publications de la Sorbonne, 1979 ; Meyer Arno, La Persistance de l’Ancien Régime. L’Europe de 1848 à la Grande Guerre, Paris, Flammarion, 1983 ; coll., Les Noblesses européennes au xixe siècle, Rome, École française de Rome, 1988 ; Higgs David, Nobles, titrés, aristocrates en France après la Révolution (1800-1870), Paris, Liana Levi, 1990 ; Fiette Suzanne, La Noblesse française des Lumières à la Belle Époque, psychologie d’une adaptation, Paris, Perrin, 1997 ; Petiteau Natalie, Élites et mobilités : la noblesse d’Empire au xixe siècle (1808-1914), Paris, La Boutique de l’histoire, 1997.
30Pudal Bernard, Prendre parti. Pour une sociologie historique du PCF, Paris, Presses de la FNSP, 1989.
31Guichard Marie-Thérèse, Les Égéries de la République, Paris, Payot, 1991 ; Knibiehler Yvonne, Germaine Poinso-Chapuis. Femme d’État, Aix-en-Provence, Édisud, 1998 ; Dumons Bruno, Les Dames de la Ligue des femmes françaises (1901-1914), Paris, Le Cerf, 2006 ; Bard Christine et Pavard Bibia, « Femmes oustiders en politique », Parlement(s). Revue d’histoire politique, no 19, juillet 2013.
32Tackett Timothy, Par la volonté du peuple. Comment les députés de 1789 sont devenus révolutionnaires, Paris, Albin Michel, 1997.
33Shinn Terry, Savoir scientifique et pouvoir social. L’École polytechnique, 1794-1914, Paris, Presses de la FNSP, 1980 ; Meuleau Marc, HEC, 1881-1981. Histoire d’une grande école, Paris, Dunod, 1981 ; Osborne T. R., A Grande Ecole for the Grands Corps. The Recruitment and Training of the French Administrative Elite in the Nineteenth Century, New York, Columbia University Press 1983 ; Thuillier Guy, L’ENA avant l’ENA, Paris, Presses universitaires de France, 1983 ; Sirinelli Jean-François (dir.), École normale supérieure. Le livre du bicentenaire, Paris, Presses universitaires de France, 1994 ; Belhoste Bruno, La Formation d’une technocratie. L’École polytechnique et ses élèves, Paris, Belin, 2003.
34Harrigan Patrick, Mobility, Elites and Education in French Society of the Second Empire, Waterloo, W. Laurier University Press, 1980 ; Weisz George, The Emergence of Modern Universities in France (1863-1914), Princeton, Princeton University Press, 1983 ; Boudon Jacques-Olivier (dir.), Napoléon et les lycées, Paris, Nouveau Monde éditions, 2002 ; Le Van-Lemesle Lucette, Le Juste ou le Riche. L’enseignement de l’économie politique, 1815-1950, Paris, CHEFF, 2004.
35Burney John M., Toulouse et son université. Facultés et étudiants dans la France provinciale du xixe siècle, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 1977 ; Le Marec Yannick, Le Temps des capacités. Les diplômés nantais à la conquête du pouvoir dans la ville, Paris, Belin, 2000.
36Charle Christophe, Histoire sociale de la France au xixe siècle, Paris, Le Seuil, 1991 et Les Élites de la République (1880-1900), Paris, Fayard, postface de la nouvelle édition de 2006. Voir aussi Kropp Jérôme, La Méritocratie républicaine. Élitisme et scolarisation de masse sous la IIIe République, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014.
37Charle Christophe, La République des universitaires (1870-1940), Paris, Le Seuil, 1994 ; Garrigues Jean, La République des hommes d’affaires (1870-1900), Paris, Aubier, 1997 ; Le Béguec Gilles, La République des avocats, Paris, Armand Colin, 2003.
38Dans un article paru sous ce titre dans sa revue, les Annales de la recherche en sciences sociales, no 62-63, janvier 1986.
39Theis Laurent, Guizot, Paris, Fayard, 2008.
40Comme le font, par exemple, les ouvrages de la collection « Facettes » aux Presses de Sciences Po.
41Dosse François, Le Pari biographique. Écrire une vie, Paris, La Découverte, 2005.
42« La stabilité du personnel parlementaire sous la Troisième République », Revue française de science politique, 1953 (avec Peter Campbell) ; « Le personnel ministériel en France et en Grande-Bretagne », Revue française de science politique, avril-juin 1957 ; « Les filières de la carrière politique sous la Troisième République », Revue française de sociologie, octobre-décembre 1967.
43Tudesq André-Jean, Les Grands Notables en France (1840-1849). Étude historique d’une psychologie sociale, Paris, Presses universitaires de France, 1964.
44Azimi Vida, Les Premiers Sénateurs français, Paris, Picard, 2000, et Menant Fabien, Les Députés de Napoléon (1799-1815), Paris, Nouveau Monde, 2012.
45Waresquiel Emmanuel de, Un groupe d’hommes considérables. Les pairs de France et la Chambre des pairs héréditaire de la Restauration, 1814-1831, Paris, Fayard, 2006, et Tort Olivier, La Droite française : aux origines de ses divisions (1814-1830), Paris, CTHS, 2013.
46Tudesq André-Jean, Les Conseillers généraux en France au temps de Guizot, 1840-1848, Paris, FNSP, 1967, et Julien-Laferrière François, Les Députés fonctionnaires sous la monarchie de Juillet, Paris, Presses universitaires de France, 1970.
47Wright Vincent, Le Conseil d’État sous le Second Empire, Paris, Armand Colin/FNSP, 1972, et Anceau Éric, Les Députés du Second Empire. Prosopographie d’une élite du xixe siècle, Paris, Honoré Champion, 2000.
48Estèbe Jean, Les Ministres de la République, Paris, Presses de la FNSP, 1982.
49Charle Christophe, Les Élites de la République, Paris, Fayard, 1987, et Guillaume Sylvie (dir.), Les élites fins de siècles, xixe -xxe siècle, Bordeaux, Publications de la MSHA, no 168, 1992.
50Bernard Mathias, La Dérive des modérés. La Fédération républicaine du Rhône sous la Troisième République, Paris, L’Harmattan, 1998.
51Boudon Jacques-Olivier, L’Épiscopat français à l’époque concordataire, 1802-1905, Paris, Le Cerf, 1996.
52Le Béguec Gilles, L’entrée au Palais-Bourbon. Les filières privilégiées d’accès à la fonction parlementaire (1919-1939), thèse d’État (dir. René Rémond), université Paris X-Nanterre, 1989.
53Wieviorka Olivier, Les Orphelins de la République. Destinées des députés et sénateurs français (1940-1945), Paris, Le Seuil, 2001.
54Cointet-Labrousse Michèle, Le Conseil national de Vichy, vie politique et réforme de l’État en régime autoritaire, 1940-1944, Paris, Aux amateurs de livres, 1989.
55Lachaise Bernard, Le Gaullisme dans le Sud-Ouest au temps du RPF, Bordeaux, Fédération historique du Sud-Ouest, 1997.
56Tranvouez Yvon, Catholiques et communistes. La crise du progressisme chrétien (1950-1955), Paris, Le Cerf, 2000.
57Castagnez Noëlline, Socialistes en République. Les parlementaires SFIO de la Quatrième République, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2004.
58Girard Louis, Prost Antoine et Gossez Rémi, Les Conseillers généraux de 1870, Paris, Presses universitaires de France, 1970.
59Girard Louis, Serman William, Cadet Édouard et Gossez Rémi, La Chambre des députés en 1837-1839, Paris, Publications de la Sorbonne, 1976.
60Agulhon Maurice, Girard Louis, Robert Jean-Louis et Serman William, Les Maires en France du Consulat à nos jours, Paris, Éd. du CNRS et Publications de la Sorbonne, 1986.
61Mayeur Jean-Marie, Chaline Jean-Pierre et Corbin Alain (dir.), Les Parlementaires de la Troisième République, Paris, Publications de la Sorbonne, 2003. Dans le cadre de cette enquête, cet ouvrage a été précédé et suivi par de nombreux autres à caractère régional, ainsi que par un autre consacré aux sénateurs inamovibles.
62Fleury Michel et Gille Bertrand, Dictionnaire biographique du conseil municipal de Paris et du conseil général de la Seine, Paris, Imprimerie municipale, 1972.
63Bergeron Louis et Chaussinand-Nogaret Guy, Les Masses de granit. Cent mille notables du Premier Empire, Paris, Éditions de l’EHESS, 1979.
64Au sein du Centre de sociologie européenne de l’EHESS, dans sa collection bien nommée « le sens commun » ou dans sa revue les Actes de la recherche en science sociale.
65Patriat Claude et Parodi Jean-Louis (dir.), L’Hérédité en politique, Paris, Economica, 1992.
66Bernard Lacroix et son équipe ont ainsi collaboré à l’enquête sur les parlementaires de la Troisième République du Centre d’histoire du xixe siècle déjà évoquée. Le maître d’œuvre du Groupe d’analyse politique de Paris-Ouest-Nanterre a donné un article au titre fort évocateur : « Six observations sur l’intérêt de la démarche prosopographique dans le travail historiographique » au volume collectif dirigé par Mayeur Jean-Marie et alii (dir.), Les Parlementaires de la Troisième République, op. cit., p. 27-42.
67Bodiguel Jean-Luc, L’École nationale d’administration, vol. 2, sociologie, les anciens élèves de l’ENA, Paris, Presses de la FNSP, 1978.
68Avec Jarnoux Philippe, Élites et notables en Bretagne de l’Ancien Régime à nos jours, Brest, CRBC, coll. « Kreiz », 1999 ; coll., Les Socialistes dans le Finistère (1905-2005), Rennes, Apogée, 2006.
69Wright Vincent, Les Préfets de Gambetta, Paris, Publications de la Sorbonne, 2007.
70Dumons Bruno, Pollet Gilles et Saunier Pierre-Yves, Les Élites municipales sous la Troisième République. Des villes du Sud-Est de la France, Paris, CNRS Éditions, 1987 et 2002.
71Tudesq André-Jean, Les Grands Notables…, op. cit.
72Przyzbyla Francis, Le Blé, le sucre et le charbon. Les parlementaires du Nord et leur action, 1881-1889, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2007.
73Jeanneney Jean-Noël, François de Wendel en République. L’argent et le pouvoir (1914-1940), Paris, Le Seuil, 1975.
74Moine Jean-Marie, Les Barons du fer. Les maîtres de forges en Lorraine du milieu du xixe siècle aux années trente. Histoire sociale d’un patronat sidérurgique, Metz, Serpenoise, 1989.
75Garrigues Jean, Léon Say et le centre gauche, 1871-1896. La grande bourgeoisie libérale dans les débuts de la Troisième République, thèse de doctorat d’histoire, Paris Ouest-Nanterre, 1993.
76Agulhon Maurice, Le Cercle dans la France bourgeoise, 1810-1848. Étude d’une mutation de sociabilité, Paris, Armand Colin, 1977.
77Chaline Jean-Pierre, Les Bourgeois de Rouen. Une élite urbaine au xixe siècle, Paris, Presses de la FNSP, 1982, et Sociabilité et érudition. Les sociétés savantes en France, Paris, CTHS, 1995.
78Joana Jean, Pratiques politiques des députés français au xixe siècle, du dilettante au spécialiste, Paris, L’Harmattan, 1999.
79Kale Steven, French Salons. High Society and Political Sociability from the Old Regime to the Revolution of 1848, Baltimore/Londres, John Hokins University Press, 2005.
80Offerlé Michel (dir.), La Profession politique, xixe -xxe siècle, Paris, Belin, 1999, et Phélippeau Éric, L’Invention de l’homme politique moderne. Mackau, l’Orne et la République, Paris, Belin, 2002.
81Judt Tony, La Reconstruction du parti socialiste (1921-1926), Paris, Presses de Sciences Po, 1976 ; Mayeur Jean-Marie, Des partis catholiques à la démocratie chrétienne xixe -xxe siècle, Paris, Armand Colin, 1980 ; Berstein Serge, Histoire du parti radical, Paris, Presses de Sciences Po, 1980-1982, 2 vol. ; Huard Raymond, La Naissance du parti politique en France, Paris, Presses de Sciences Po, 1996, ouvrages suivis par une multitude de monographies.
82Ils ont été beaucoup moins étudiés que les partis, en dehors de rares monographies dont la plus aboutie est celle de Hüdemann Rainer, Fraktionsbildung im französischen Parlament. Zur Entwicklung des Parteiensystems in der frühen DrittenRepublik (1871-1875), Munich, Artemis, 1979.
83Kéchichian Albert, Les Croix de feu à l’âge des fascismes, Seyssel, Champ Vallon, 2006 ; Leymarie Michel et Prévotat Jacques (dir.), L’Action française, culture, société, politique, Villeneuve-d’Ascq, Presses du Septentrion, 2008, et les trois publications qui ont suivi.
84Launay Michel, La CFTC (1919-1940). Origines et développement, Paris, Publications de la Sorbonne, 1986.
85Rougerie Jacques et Rubel Maximilien (dir.), « La Première Internationale », Le Mouvement social, numéro spécial, avril-juin 1965 ; Labrousse Ernest (dir.), La Première Internationale, l’institution, l’implantation, le rayonnement, Paris, CNRS Éditions, 1968 ; Andrieu Claire, Le Béguec Gilles et Tartakowsky Danièle (dir.), Associations et champs politiques. La loi de 1901 à l’épreuve du siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2001.
86Andrieu Claire, Pour l’amour de la République. Le Club Jean Moulin, 1958-1970, Paris, Fayard, 2002.
87Prost Antoine, Les Anciens Combattants et la société française (1914-1939), Paris, Presses de la FNSP, 1977, 3 vol. ; Garrigues Jean (dir.), Les Groupes de pression dans la vie politique contemporaine en France et aux États-Unis de 1820 à nos jours, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2002.
88Faucher Jean-André, Les Francs-maçons et le pouvoir de la Révolution à nos jours, Paris, Perrin, 1986 ; Martin Luis P. (dir.), Les Francs-maçons dans la cité. Les cultures politiques de la franc-maçonnerie en Europe, xixe -xxe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2000 ; Hazareesingh Sudhir et Wright Vincent, Francs-maçons sous le Second Empire. Le Grand Orient de France à la veille de la Troisième République, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2001.
89Cabanel Patrick, Les Protestants et la République de 1870 à nos jours, Bruxelles, Complexe, 2000, et Cabanel Patrick, Le Dieu de la République. Aux sources protestantes de la laïcité, 1860-1900, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003.
90Dard Olivier, Jean Coutrot : de l’ingénieur au prophète, Besançon, Presses universitaires franc-comtoises, 1999, et Dard Olivier, Le Rendez-vous manqué des relèves des années trente, Paris, Presses universitaires de France, 2002.
91Dhombres Nicole et Jean, Naissance d’un nouveau pouvoir. Sciences et savants en France, 1793-1824, Paris, Payot, 1989 ; Marnot Bruno, Les Ingénieurs au Parlement sous la Troisième République, Paris, CNRS Éditions, 2000 ; Bret Patrice, L’État, l’Armée, la Science. L’invention de la recherche publique en France (1763-1830), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003 ; Fox Robert, The Savant and the State. Science and Cultural Politics in Nineteenth Century France, Baltimore, John Hopkins University Press, 2012.
92Dard Olivier, La Synarchie ou le mythe du complot permanent, Paris, Perrin, 1998, et Monier Frédéric, Le Complot dans la République. Stratégies du secret de Boulanger à la Cagoule, Paris, La Découverte, 1998.
93Church Clive H., Revolution and Red Tape. The French Ministerial Bureaucracy, 1770-1850, Oxford, Clarendon Press, 1981.
94Baruch Marc-Olivier et Duclert Vincent (dir.), Serviteurs de l’État. Une histoire politique de l’administration française, 1875-1945, Paris, La Découverte, 1987, rééd. 2000 ; Sacriste Guillaume, La République des constitutionnalistes. Professeurs de droit et légitimation de l’État en France (1870-1914), Paris, Presses de Sciences Po, 2011 ; Berstein Serge et Rudelle Odile (dir.), Le Modèle républicain, Paris, Presses universitaires de France, 1992.
95Ainsi que le souligne le best-seller éponyme Peyrefitte Alain, Le Mal français, Paris, Plon, 1976. Voir aussi Crozier Michel, Le Phénomène bureaucratique, Paris, Le Seuil, 1963 ; Suleiman Ezra, Les Hauts Fonctionnaires et la politique, Le Seuil, 1976 ; Birnbaum Pierre, Les Sommets de l’État. Essai sur l’élite du pouvoir en France, Paris, Le Seuil, 1977 ; Birnbaum Pierre et alii, La Classe dirigeante française, dissociation, interpénétration, intégration, Paris, Cordes, 1978 ; Chagnollaud Dominique, Le Premier Ordre. Les hauts fonctionnaires xviiie -xxe siècles, Paris, Fayard, 1991.
96Richardson Nicholas, The French Prefectoral Corps, 1814-1830, Cambridge, Cambridge University Press, 1966 ; Siwek-Pouydesseau Jeanne, Le Corps préfectoral sous la Troisième et la Quatrième Républiques, Paris, Presses de la FNSP, 1969 ; Wright Vincent et Le Clère Bernard, Les Préfets du Second Empire, Paris, Armand Colin, 1973 ; Foulon Charles-Louis, Le Pouvoir en province à la Libération : les commissaires de la République, 1943-1946, Paris, Presses de la FNSP, 1975 ; Wright Vincent, Les Préfets de Gambetta (1870-1871), Paris, PUPS, 2007 ; Anceau Éric, Boudon Jacques-Olivier et Landgraf Éric (dir.), « Maupas un préfet en politique de la monarchie de Juillet au Second Empire », numéro thématique, Histoire, Économie et Société, 2, 2015.
97Baecque Francis de et alii, Les Directeurs de ministère en France, xixe -xxe siècle, Genève, Droz, 1976 ; Rémond René et alii, Quarante ans de cabinets ministériels, Paris, Presses de la FNSP, 1982 ; Eymeri-Douzans Jean-Michel, Bioy Xavier et Mouton Stéphane (dir.), Le Règne des entourages. Cabinets et conseillers de l’exécutif, Paris, Presses de Sciences Po, 2015.
98Suleiman Ezra, Les Élites en France. Grands corps et grandes écoles, Paris, Le Seuil, 1979 ; Le Débat, no 64, marsavril 1991, dossier : « Sciences Po et la formation des élites en France » ; Gaillard Jean-Michel, L’ENA, miroir de l’État de 1945 à nos jours, Bruxelles, Complexe, 1999 ; Garrigou Alain, Les Élites contre la République. Sciences Po et l’ENA, Paris, La Découverte, 2001.
99Garrigues Jean, Les Patrons et la politique de Schneider à Seillière, Paris, Perrin, 2002 ; Barjot Dominique, Dard Olivier, Garrigues Jean, Musiedlak Didier et Anceau Éric (dir.), Industrie et politique, en Europe occidentale et aux États-Unis (xixe -xxe siècle), Paris, PUPS, 2006
100Joly Hervé (dir.), Formation des élites en France et en Allemagne, Paris, CIRAC, 2005.
101Voir par exemple Boehler Jean-Michel, Lebeau Christine et Vogler Bernard, Les Élites régionales (xviie -xxe siècle) : construction de soi-même et service de l’autre, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2002.
102Comme Christopher Lasch avait été l’un des premiers à l’évoquer dans The Revolt of the Elites…, op. cit.
103Lowell Field George et Higley John, Elitism, Londres, Routledge/Paul Kegan, 1980 ; Lowell George Field, Higley John et Burton Michael, « A New Elite Framework for Political Sociology », Revue européenne des sciences sociales, 28 (88), 1990, p. 149-182.
104Voir par exemple, à ce sujet, Lemercier Claire, « Analyse de réseaux et histoire », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 52-2, avril-juin 2005.
105Dans l’avant-propos de son ouvrage, Histoire des élites en France …, op. cit., p. 13.
Auteur
Maître de conférences HDR à Sorbonne Université, membre de l’UMR SIRICE et vice-président du CHPP.

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