Du culte au cabinet
Espaces de la prière dans des traités dévotionnels en Angleterre du xvie au xviiie siècle
p. 359-368
Texte intégral
Le prêtre : « Alors mon enfant, faut-il prier Dieu uniquement dans une église ? N’est-il pas vrai que nos familles et nos chambres sont des lieux de prière aussi bien que l’église et que là aussi tout bon chrétien peut chercher Dieu1 ? »
1Du xvie au xviiie siècle en Angleterre et en Grande-Bretagne, le discours dévotionnel et didactique sur la prière reste largement inchangé. Bien évidemment, les différentes sensibilités au sein du protestantisme anglais induisent des inflexions parfois importantes, mais dans leurs grandes lignes, les traités dévotionnels sur la prière, qu’ils soient d’anglicans ou de non-conformistes2, sont suffisamment proches pour qu’on puisse les étudier comme un tout, comme une doxa, ou comme l’expression d’une idéologie stable et puissante qui se retrouve néanmoins face aux contradictions nées de la dialectique, inhérente au protestantisme, entre l’individualisation de la pratique religieuse et de la relation avec Dieu d’une part, et la nécessité d’une surveillance des fidèles de tous les instants de l’autre3. Ces traités sont pétris de cette contradiction. Même lorsqu’ils semblent faire confiance aux individus, ils ne peuvent pas s’empêcher d’entourer la pratique de la prière de toute une panoplie d’instructions, de mises en garde et de contraintes qui démontrent la peur que la prière, acte premier de toute affirmation de la foi, ne dérape et n’échappe à la tutelle de l’organisation ecclésiastique ou confessionnelle, quelle qu’elle soit.
2La prière devait se pratiquer sous trois formes et dans trois lieux différents : la prière publique dans les lieux de culte ; la prière familiale, dans les maisons ; et la prière privée, principalement mais pas forcément individuelle, qui devait avoir lieu dans une pièce privée. Ces trois types de prière devaient se pratiquer conjointement, l’un ne pouvant se substituer aux autres. Ils avaient tous leurs lieux désignés et leurs propres temporalités : la prière publique se tenait dans les églises, chapelles, ou meeting houses4 surtout le dimanche ; la prière familiale le plus souvent dans un des parloirs (parlours) au moment des repas ou en début et fin de journée ; et la prière privée, la plus amovible, autant de fois que possible, même si les journées de travail imposaient souvent sa pratique le matin et le soir. La prière privée fut souvent préconisée comme préparation à la prière publique de même que les prières publiques pouvaient être reprises en famille, voire pendant une prière individuelle. Même si en général les traités dévotionnels abordent ces trois types et lieux de prière séparément, ce sont les connexions entre eux qui révèlent leurs fonctions respectives. C’est ainsi que le grand puritain Richard Baxter divise son monumental Christian Directory publié en 1673 mais écrit, selon l’auteur, dans les années 1664-1665, en quatre parties : la première consacrée à l’éthique chrétienne ou les devoirs privés, la deuxième à l’économie chrétienne ou les devoirs familiaux, et la troisième au contexte institutionnel et aux devoirs ecclésiastiques, la quatrième partie étant réservée à la politique chrétienne ou nos devoirs envers nos dirigeants et nos voisins5. La progression du privé vers le politique est significative, mais c’est l’interdépendance de ces quatre dimensions dans la vie de chaque chrétien que Baxter cherche constamment à souligner.
3Deux textes fondamentaux sous-tendent le discours sur la prière. Le premier est biblique, le sujet de maints sermons sur la prière privée. Lors du sermon sur la montagne rapporté dans l’Évangile selon saint Matthieu, le Christ appelle à la prière privée en la contrastant avec les prières publiques pratiquées au vu de tous par les pharisiens. Voici le texte (Matthieu 6 : 5-6) dans la traduction de la Bible du roi Jacques publiée en 1611 :
« Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour être vus des hommes. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense. Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra6. »
4Nous reviendrons à l’utilisation du mot closet plus tard. Dans un premier temps, il convient de souligner l’opposition entre les deux types de prière. Même si les églises protestantes pouvaient prétendre que c’était parce qu’ils étaient juifs et qu’ils priaient debout dans la rue que le Christ avait accusé les pharisiens d’hypocrisie, le texte pouvait également être lu comme une mise en cause des dangers de la prière publique en général et une incitation à pratiquer surtout la prière privée. Les non-conformistes, notamment ceux de tendance quiétiste, avaient tendance à l’interpréter de cette manière. Les théologiens de l’Église d’Angleterre, ainsi que les non-conformistes pour qui la prière collective était à la base de leur identité collective en tant que congrégation, cherchaient à combattre l’hypocrisie qui pouvait résulter d’une assistance au culte destinée uniquement à se montrer et à faire étalage de son assiduité, en insistant sur la nécessité d’une prière privée complémentaire, notamment en amont de la prière collective. Le statut de la prière familiale entre ces deux pôles était ambigu. Parfois décrite comme un office religieux en miniature, le père de famille prenant le rôle du prêtre, elle pouvait également être vue comme une prière privée élargie.
5Le deuxième texte fondamental, né suite à la Réforme protestante, est le Livre de la prière commune, The Book of Common Prayer ou, pour donner le titre de la première édition de 1549, The booke of the common prayer and administracion of the sacramentes, and other rites and ceremonies of the Churche : after the vse of the Churche of England. Il s’agit d’un recueil de textes bibliques accompagnés de prières à utilisation liturgique, le tout présenté en fonction du calendrier des offices. Son objectif était de fixer et de réglementer la pratique de la prière en évitant au clergé de devoir chercher ses propres textes. Mais la question de la légitimité de l’utilisation de prières importées ou inventées fut souvent discutée, ainsi que celle de l’utilisation des prières du Book of Common Prayer pour la prière privée ou familiale. Certains commentateurs, notamment ceux de l’Église d’Angleterre, préconisaient l’utilisation de textes écrits pour la prière privée, notamment les psaumes qui étaient également accessibles sous forme de psautiers. D’autres, notamment les puritains, prônaient un style de prière plus spontané, laissant parler le cœur. Selon eux, c’était le propre de la prière privée de ne pas être contrainte par le rituel de la prière collective. Cette dialectique entre la prière publique réglementée et visible et la prière privée potentiellement libre et confidentielle parcourt tous les traités sur le sujet.
6Du point de vue générique, The Book of Common Prayer est un croisement entre un livre de prières et un Primer, un livre de prières mais aussi d’instruction (sous forme de catéchisme) qui, au cours des xviie et xviiie siècles, se mue en livre d’instruction pour les enfants. À la suite de la publication du Book of Common Prayer en 1549 et de sa révision en 1552, l’imprimeur William Seres s’est vu accordé l’exclusivité des droits d’impression de ces Primers. Son exclusivité fut de courte durée, car la catholique reine Mary mit fin à l’usage du Livre de la Prière commune peu après son accession au trône. A Primmer, or boke of priuate prayer nedefull to bee used of all faythful Christians sortit de l’imprimerie de Seres juste au moment où Mary devint reine en 1553. Comme tant de traités qui lui succèdent, ce livre d’instruction vise à préparer ses lecteurs à la pratique de la prière privée. Comme le dit la préface royale, due à Édouard VI peu avant sa mort, il se justifiait « Parce qu’il est nécessaire de disposer d’une uniformité de prières à usage privé et comme en auront besoin pour occuper leur temps les enfants et d’autres de nos sujets qui ne sont pas ministres ou curés dans les églises7 ». Il était nécessaire donc de faire rentrer la discipline de la prière dans la pratique religieuse privée de chacun.
7Le livre de Seres fut suivi de bien d’autres guides de conduite chrétienne dont certains étaient consacrés plus spécialement à la pratique de la prière. Ce sont ces traités qui ont été consultés pour la rédaction de cet article. Mais la prière est également abordée dans des sermons, dans des livres d’instruction familiale (dont The Family Instructor de Daniel Defoe cité en exergue), et dans des recueils de prières à usage privé. L’étonnante homogénéité de cette littérature la rend extrêmement répétitive. C’est ainsi que les thèmes abordés par une série de sermons du baptiste Joseph Morris, publiée deux ans après sa mort survenue en 1755, peuvent nous servir d’introduction, tant ils empruntent aux traités du siècle précédent. Six sermons traitent successivement de la prière privée, de la prière familiale et de la prière publique. Les deux premiers s’appuient sur les versets de l’Évangile selon saint Matthieu cités plus haut. Pour Morris, la religion des juifs cherchait à se montrer à l’extérieur, alors que le christianisme fut caractérisé par son intériorité. La dévotion dont parle le Christ consiste en « ces prières que les hommes offrent à Dieu d’eux-mêmes, et qui, étant en elles-mêmes de nature secrète, devraient être proférées en secret, pas dans la synagogue ou tout autre lieu fréquenté8 ». Parce qu’elles sont individuelles, ces prières peuvent s’adapter aux besoins de chacun, notamment à la confession de ses péchés. Prier en privé est une preuve de sincérité, car nous pouvons tous accomplir en public des actions en apparence bonnes mais qui ne cherchent qu’à solliciter l’approbation des autres.
8La prière familiale est un devoir et il incombe selon Morris, aux chefs de famille de s’assurer de l’assistance de tous, enfants et domestiques compris. Ceux qui refusent d’y assister doivent être bannis de la maison. Il préconise de faire précéder ces prières par la lecture de passages de la Bible ou de livres d’instruction religieuse (une façon pour Morris de faire rentrer des textes de sa propre sensibilité baptiste). Il convient que le langage de ces prières soit simple et direct et que les participants mettent de côté leurs différends familiaux. Toutefois, l’efficacité de la prière familiale, selon Morris, dépend de la pratique régulière de la prière privée :
« si les hommes veulent être capables de prier Dieu en famille, il faut qu’ils pratiquent la prière privée. La vraie raison pourquoi certains n’arrivent pas à prier devant d’autres est parce qu’ils n’ont pas l’habitude de prier pour eux-mêmes. Le fait de prier quotidiennement dans leurs cabinets leur donnerait les bonnes tournures d’esprit et une provision d’expressions adaptées aux prières en d’autres occasions9 ».
9Pour Morris, la pratique de la prière familiale renforce et la discipline des enfants et le respect des parents. En cela, elle contribue à leur réussite éducative et professionnelle.
10Les deux derniers sermons traitent de la prière publique. Comme pour la prière familiale, Morris constate que l’assistance au culte est en baisse. Il insiste sur le fait que lors d’un service religieux, ce n’est pas que le sermon qui compte ; les fidèles doivent aussi prier et demander la bénédiction de Dieu. Le tableau qu’il peint d’une société qui tourne le dos à l’église est un constant leitmotiv de tous les discours sur la prière, quelle que soit l’époque :
« Les pères de famille sont chaque soir dans leurs clubs avec leurs amis à préparer leurs sorties dominicales vers la campagne proche où ils passeront leur temps à bavarder, à boire et à s’amuser. Parce qu’ils ne sont pas chez eux pour maintenir l’ordre dans leurs familles, les fils et les apprentis se fixeront des rendez-vous avec leurs amies où ils pourront passer leur temps à se distraire ou pire, au lieu de le passer au culte, si toutefois leurs parents eussent daigné y assister. Le dimanche matin, le cœur endolori, nous les voyons partir en foule de partout dans la ville en route pour la campagne, comme un troupeau de moutons à la dérive. Et parce que notre jeunesse est ainsi fourvoyée par leurs parents et leur maîtres, le nombre de familles qui délaissent Dieu augmente inéluctablement et la profanation du jour du seigneur devient de plus en plus habituelle10. »
11Même si cette préoccupation est bien caractéristique du xviiie siècle, ce que dit Morris n’est pour la plupart, qu’une reprise des traités de Thomas Cobbet (1654), de Thomas Brooks (1665) ou d’Oliver Heywood (1671). L’angoisse diffuse quant à la dissipation d’une jeunesse exposée à des tentations urbaines se reflète dans un intérêt accru pour la prière familiale à partir de la fin du xviie siècle. Mais le discours sur la prière privée reste sensiblement le même depuis la Réforme protestante et c’est ce discours que je voudrais brièvement analyser maintenant.
12Cette prière privée est considérée comme la plus nécessaire mais aussi la plus problématique des trois parce qu’elle remet la responsabilité entière de sa conduite aux mains d’un seul individu, sans surveillance. Elle est nécessaire car, comme le disent plusieurs auteurs, elle est une preuve de sincérité. « Plus sincère est l’âme, plus elle accomplira le devoir de la prière privée11 » écrit Thomas Brooks. Cette sincérité semble d’abord garantie par l’absence de la recherche de reconnaissance et de visibilité qui peut corrompre la prière publique. Mais l’inquiétude demeure que, coupée des autres, livrée à elle-même (et à Dieu), cette âme puisse déraper, pire s’exposer aux tentations du diable.
13Le lieu de la prière privée est celui du closet, le terme utilisé par la Bible du roi Jacques dans le passage de l’Évangile selon saint Mathieu. Situé dans les maisons bourgeoises ou aristocratiques au bout d’une enfilade de pièces allant des pièces de réception (appartments) vers la chambre (chamber ou bedroom) à travers des couloirs vers cet ultime espace confiné et entièrement privé, le closet était le lieu des secrets à la fois matériels (documents, lettres, curiosités) et métaphysiques. Dans le closet, un individu pouvait ouvrir son cœur à Dieu, pas pour lui révéler quoi que ce soit, car Dieu voit tout, mais pour détailler ses péchés et demander le pardon, pour s’exprimer librement sans que personne d’autre l’entende. De ce rapprochement entre la pièce et la prière privée qui y a lieu, naît l’expression « the closet of the heart » qui peuple les traités dévotionnels du xvie au xviiie siècle. Il s’agit d’une relation à la fois métaphorique et métonymique. Au cœur de la maison, le cœur s’ouvre à Dieu. The closet of the heart devient synonyme de la conscience, mot-clé du protestantisme, surtout pour les puritains : « La méditation est la clé de la conscience qui ouvre le cabinet du cœur : elle est l’œil de l’âme par lequel elle contemple tout son état, ses défauts et les dangers qui la menacent » écrit Leonard Wright en 159112. Nathaniel Heywood, près d’un siècle plus tard, développe le contraste entre cet espace privé et les lieux plus publics : « Nous devons garder Dieu dans nos cœurs : pas dans le hall des sens, mais dans le cabinet de notre cœur13. » Le paradoxe central du closet et de la closet prayer est qu’en s’y enfermant on devient invisible aux autres mais on s’ouvre à Dieu à qui on est toujours visible. Le closet est le lieu secret où Dieu voit tout.
14L’indépendant (congrégationaliste) Samuel Slater est un fervent partisan de closet prayer. Pour lui, comme pour d’autres puritains, c’est en privé, pas pendant la prière publique, qu’on doit laisser éclater la ferveur de sa foi et sa passion pour Dieu et le Christ :
« Entrez, entrez dans votre cabinet ou votre chambre ô chrétien et fermez la porte derrière vous : prenez plaisir dans votre retraite. Quand personne ne vous voit, Dieu vous voit, oui et il aime vous voir ; et quand personne ne vous entend, Dieu vous entend et ce qu’il entend il aime – vos prières, vos soupirs, vos gémissements sont sa musique14. »
15Pourtant Slater, comme d’autres, prévient que Dieu ne sera pas le seul à vouloir rentrer au closet. Le diable y entrera aussi :
« il vous suivra comme un chien jusque dans vos chambres et fera intrusion dans vos cabinets : si la porte est fermée, il y entrera. Vous ne pourrez pas vous débarrasser de ce vieillard, de ce vieux serpent et où qu’il se trouve vous pouvez être sûr que ce n’est pas pour votre bien15 ».
16Il convient alors de rester sur ses gardes :
« Je te conjure de réfléchir en toi-même et de sérieusement mesurer à quel point un cabinet sans Dieu est un lieu profane, sans prière ; combien il empeste les narines de Dieu. Malgré toutes les douceurs que tu puisses y mettre, sans devoir sacré pour le parfumer, quel endroit inique sera ta chambre ! Quel enfer d’où la glorieuse majesté céleste est exclue, autant qu’il t’est possible de l’exclure. Sans prière il n’y aura pas de place pour Dieu, je veux dire pour sa grâce. Et en l’absence de Dieu il y entrera mille diables16. »
17C’est pour prévenir cette éventuelle corruption et pour s’armer contre les assauts du diable, que les traités dévotionnels fournissent au fidèle des munitions sous forme de prières, de conseils et d’instructions détaillées quant à la façon de prier, la posture, les gestes à adopter, le ton de la voix, ou les sujets à aborder pendant la prière. Pas besoin ici de détailler toutes ces préconisations qui s’appuient sur toute une série de textes bibliques : c’est avant tout la conscience qui permet de se soumettre à Dieu et de résister aux tentations du diable. « Examinez d’abord votre propre conscience, de quelle sorte de tentation ou de péché vous êtes encombré, et priez instamment Dieu pour y remédier17 » conseille le Primmer de Seres. « Nous allons à nos dévotions sans autres témoins que Dieu et notre propre conscience18 » dit Nathanael Resbury qui, en bon anglican qui se méfie néanmoins de la subjectivité des non-conformistes, ajoute que cette conscience peut parfois nous inciter à faire notre devoir sans qu’on y croie vraiment. Pour Thomas Brooks pourtant, la conscience nous rappellera toujours que nous ne pourrons jamais échapper à Dieu. Utilisant un langage qui rappelle une autre utilisation du closet, celle de la rédaction de lettres et de documents privés, il décrit la conscience non pas comme l’émanation du cœur, mais comme un instrument de surveillance :
« La conscience est l’espion de Dieu en notre sein. La conscience, comme un scribe ou un greffier, est assis dans le cabinet secret de votre cœur, plume à la main. Elle rédige un diurnal de toutes vos actions et crimes secrets qui échappent à la connaissance des hommes. Elle note l’heure quand, le lieu où, les personnes avec qui et la manière dont ces vilenies ont été perpétuées, et ce de façon si claire et évidente, que quoi que vous fassiez, et où que vous soyiez, leurs lettres ne seront jamais annulées ou effacées jusqu’à ce que Dieu siège en jugement. Qu’un homme commette un péché dans le lieu le plus reculé que la politique humaine puisse élaborer ; qu’il fasse tout ce qu’il peut pour cacher ses péchés, les revêtir et les couvrir, tout comme l’a fait Adam ; la conscience jouera le rôle de juge de telle façon à apporter les preuves, convoquer la loi, exhorter à la punition, et prononcer la peine de condamnation19. »
18Ce langage quasi orwellien génère une angoisse qui semble en totale contradiction avec la ferveur des exclamations et la joie de la connaissance de Dieu que la prière privée est censée induire.
19Le closet, en apparence le lieu le plus hermétique, le plus fermé, le plus secret, qui permet de prier en toute liberté sans les contraintes de la prière publique, s’avère un lieu qui attire les regards, qu’on épie et dont on se méfie. Comment ne pas penser à encore d’autres fonctions du closet, ce lieu caché qui ne peut qu’attirer les regards voyeuristes ? Dans un sermon, toujours sur le texte de saint Matthieu, prêché devant la reine Mary le 27 août 1693, Nathanael Resbury, parlant de cette liberté qu’accorde la prière privée et la ferveur qu’on peut y exprimer, laisse glisser son langage vers un érotisme qui, certes, accompagne souvent la relation entre le croyant et le Christ, voire le croyant et l’Église ou le Christ et l’Église, mais qui prend ici une dimension étonnante à cause de la double fonction du closet, érotique et religieuse :
« C’est ainsi que pour plus facilement déclarer nos envies, nous épancher en confession, répéter notre gratitude, ouvrir nos âmes avec tous les transports d’amour et de joie et rendre son amour et ses faveurs librement et tendrement, quand nous prions nous devons souvent entrer dans nos chambres, fermer la porte et prier Dieu notre père qui nous voit en secret. Car en effet, quand les marques d’affection se font pressantes, et la passion de l’amour réciproque s’élève plus que d’habitude, le désir naturel de solitude et de retrait se fait sentir afin que rien ne puisse l’interrompre et que les caresses et l’aboutissement de l’amour ne puissent pas être vus à tort comme indécents20. »
20Le closet est un lieu d’intimité. Comme le dit Thomas Brooks avec le même langage érotique hérité des Cantiques : « Ô les baisers secrets ! les caresses secrètes ! les visites secrètes ! les chuchotements secrets ! les acclamations secrètes ! les vœux secrets ! les découvertes secrètes !, etc. que Dieu accorde à ses fidèles quand ils sont seuls, dans un trou, sous l’escalier, derrière une porte ou dans une prison21 ! » La pratique de la prière est constamment liée aux lieux qu’elle habite. Ce sont ces lieux, l’église, la maison, la chambre ou le cabinet, qui dictent la façon de prier et le contenu même de la prière. Ces lieux correspondent également à la disposition d’une maison : les pièces de réception où tous se rassemblent, les parlours ou petits salons pour les familles, et les chambres ou cabinets où l’on se retire pour être seul · e. En plaçant la maison au centre de ce dispositif, le puritain américain Cotton Mather en fait le lien essentiel entre la nation et l’individu où la cellule familiale devient à la fois un groupe familial et une nation en miniature :
« Il incombe à chaque homme d’engager aussi sa MAISON au service du Dieu toutpuissant. Nous faisons tous partie d’une maison ou d’une autre. Parfois on appelle ainsi une nation. Dans Ezéchiel 3.1. il est dit, Parle à la maison d’Israël ! Ainsi chacun doit travailler afin de promouvoir le service de Dieu dans la nation à laquelle il appartient. Mais la plupart du temps la famille est désignée par le même nom, ainsi que dans le texte devant nous [Josué 24.15. “Moi et ma maison, nous servirons l’Eternel”]. C’est une métonymie ; la maison signifie ceux qui habitent la maison. Ceux qui habitent ensemble dans la même maison doivent œuvrer pour que le même Dieu puisse être servi par tous ceux qui vivent sous ce toit. Cela engage notamment les responsables de la maison22. »
21Cette métonymie s’applique bien entendu aux églises et autres lieux de prière, ces « maisons de Dieu », de même que l’Évangile selon saint Jean parle de la maison de Dieu ayant plusieurs demeures (Jean 14 : 2). John Bunyan consacre un poème à la construction, la maintenance et la gouvernance de cette maison où tous sont les bienvenus23. Comme chez Defoe, la maison prend un rôle central dans l’exercice de la foi.
22Quel que soit le lieu de la prière, la question de la visibilité reste essentielle. Ensemble, les fidèles ou les membres d’une famille peuvent s’observer et se surveiller. Pendant la prière privée, ils sont visibles de Dieu et ne peuvent pas se cacher des autres ni de leurs propres consciences. Mais cette surveillance sociale et intérieure n’est pas suffisante. Les traités dévotionnels sont là pour dicter la marche à suivre, pour baliser à la fois la pratique de la prière et les dispositions qu’il convient d’adopter avant de s’y mettre. C’est ainsi que malgré la désapprobation de certains, comme Richard Sherlock qui pense que la prière privée et la prière publique devraient rester distinctes, plusieurs traités incluent des prières individuelles à prononcer à chaque étape du sacrement, en plus de celles qui font partie de l’office. Dans son ouvrage au titre parlant The Common-Prayer-Book the Best Companion in the House and Closet as well as in the Temple (1687) (Le Livre de la prière commune le meilleur compagnon à la maison et au cabinet, aussi bien qu’à l’église), William Howell fournit des prières pour toutes les étapes de la vie, ainsi que d’autres à utiliser pendant le sacrement même et pour les méditations qui préparent à la prière, le tout complété par des prières tirées des psaumes. À la fin, il dresse un tableau des péchés organisé selon les dix commandements, « qu’il est nécessaire que tous ceux qui voudraient les identifier, en faire la confession et s’engager à repentir, examinent avec diligence24 ». De cette façon, la conduite de la prière privée devient fortement codifiée. Visible à Dieu mais aussi surveillée et contrôlée par l’accompagnement textuel qui l’entoure, la prière privée ne laisse guère de place à l’individuation que le protestantisme appelle de ses vœux.
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23Que pouvons-nous conclure de cette brève plongée dans les traités dévotionnels consacrés à la pratique de la prière ? Comme le disent nombre d’entre eux, la prière constitue la pierre angulaire de toute croyance et de toute pratique religieuse et plus spécialement de la manifestation de la foi. La prière constitue l’affirmation de l’existence de Dieu, la reconnaissance de sa toute-puissance et de son omniscience. Le priant s’adresse à lui comme à un père mais aussi comme au confesseur. Mais la prière ne peut pas dévoiler quoi que ce soit que Dieu ne connaît déjà : c’est donc une preuve d’honnêteté, la reconnaissance du péché et une soumission totale à la volonté divine. Dans sa forme institutionnelle, c’est aussi une allégeance à la doctrine de l’Église en tant qu’intermédiaire et interprète de la parole divine, mais cette allégeance, dans les églises protestantes de tous bords, n’a pas de sens et pas de validité sans la preuve de la foi individuelle. De même, la toute-puissance et l’omniscience de Dieu impliquent la connaissance intime de chacune de ses créatures. La relation individuelle avec Dieu ne s’établit donc pas nécessairement en dehors des structures ecclésiastiques ou de la liturgie. C’est pourquoi la pratique de la prière individuelle et privée est préconisée autant par l’Église que par les non-conformistes. À travers la pratique de la prière, ce qui est en jeu est l’internalisation de la foi, l’individualisation d’une discipline sans laquelle la prière collective ne serait qu’hypocrisie. Mais il s’agit également d’une discipline pratique, l’adoption d’une règle de vie, héritée en fin de compte des règles monastiques mais investie d’une nouvelle fonction sociale : la soumission de tout désir humain, de tout exercice de la volonté humaine à la volonté et au jugement de Dieu. La dimension sociale et politique de la prière dépasse de loin l’utilisation du Livre de la Prière Commune ou l’organisation de telle ou telle église non conformiste. Il s’agit, à travers une affirmation apparente de la relation individuelle à Dieu, de circonscrire cette individualisation en ne lui donnant une existence réelle qu’à travers une pratique de la prière que les traités dévotionnels s’emploient à cerner et à codifier.
Notes de bas de page
1Minister : « Well, Child, but must we pray to GOD no where but at Church ? Are not our Families and Closets to be the Oratories and Places of Prayer, as well as the Church, and do not all good Christians seek God there ? », Defoe Daniel, The Family Instructor, Londres, 1718, p. 31.
2Le terme anglais non-conformist s’applique aux protestants qui, après l’acte d’Uniformité en 1662, refusaient de se conformer aux rites de l’Église d’Angleterre. Il s’agit donc d’un terme qui désigne moins des croyances que des pratiques religieuses. À la fin du xviie siècle, le mot dissenter a tendance à remplacer non-conformist Pour la période avant 1662 on a l’habitude d’appeler ces mêmes groupes (principalement les indépendants [Congrégationalistes], les presbytériens, les baptistes, les anabaptistes et les quakers), des puritains. Ici j’utilise ces trois termes en fonction de la période chronologique concernée, mais ils restent largement synonymes. L’exception serait les unitariens, exclus de la tolérance accordée par l’acte de 1694 et avec qui la plupart des dissenters refusaient de s’associer, d’autant plus que la doctrine de la Trinité fut attaquée même au sein de l’Église d’Angleterre.
3Il serait bien trop simpliste de réduire cette contradiction à celle entre luthériens d’une part et calvinistes de l’autre. Il s’agit plutôt d’une tension permanente au sein de la très grande majorité des églises et sectes protestantes, à l’exception peut-être des quakers (Society of Friends) qui pratiquaient un culte silencieux qui semblait combiner les trois types de prière en un. Toutefois, s’ils n’avaient pas de clergé ou de hiérarchie cléricale, les quakers avaient mis en place un important dispositif d’aide pastorale destinée à guider et à secourir les membres de la Société qui en avaient besoin.
4Le terme de meeting house désigne un bâtiment, voire une pièce, utilisé pour un culte non conformiste. Le terme générique utilisé par l’Église d’Angleterre et par le pouvoir politique pour désigner tout lieu de culte non officiel était conventicle La loi contre ces conventicles de 1664 interdisait tout culte non officiel rassemblant cinq personnes ou plus en dehors d’une réunion familiale ; la loi de 1670 imposait des amendes à tous ceux qui participaient à de telles réunions. Ces lois sont restées en vigueur jusqu’à leur abrogation en 1689, sauf lorsque Charles II puis Jacques II en suspendaient l’application par des Déclarations d’indulgence.
5Baxter Richard, A Christian Directory : Or, A Summ of Practical Theologie, and Cases of Conscience. Directing Christians, how to use their Knowledge and Faith ; How to improve all Helps and Means, and to Perform all Duties ; How to Overcome Temptations, and to escape or mortifie every Sin, Londres, 1673.
6« And when thou prayest, thou shalt not be as the hypocrites are : for they love to pray standing in the synagogues and in the corners of the streets, that they may be seen of men. Verily I say unto you, They have their reward. But thou, when thou prayest, enter into thy closet, and when thou hast shut thy door, pray to thy Father which is in secret ; and thy Father which seeth in secret shall reward thee openly. »
7« Because it is requisite to hauve some uniforme of dayly prayers fytte to be used priuately as of childrē and divers other our subjects (beynge not the Ministers or Curates of Churches) shall haue fom tyme to tyme occasion to occupie. » Anon., A primmer, or boke of priuate prayer nedefull to bee vsed of all faythful Christians. Whiche boke is auctorised and set forth by the kynges Maiestye, to be taught, learned, read, and vsed of hys louyng subiectes. Ex officina VVilhelmi Seres Tipographi, Londres, 1553, préface.
8« Those prayers which men put up to God by themselves ; and which being in their own nature secret, should be made in secret, and not either in the synagogue, or in any other place of great concourse. » Morris Joseph, Sermons on the following subjects : The care of the soul, the one thing needful. The benefit and importance of Christ’s resurrection. The history of Christ’s ascension. The truth and certainty of Christ’s ascension ; the ends and designs of it ; and the uses to be made or it. Christ’s power in raising the dead. Faith without works ineffectual to salvation. On secret prayer. On family prayer. On public worship, and public instruction, Londres, 1757, p. 302-303.
9« If men would be capable of praying to God in their families, they must live in the practice of secret prayer. The true reason, I fear, why some men cannot pray before others, is because they are not used to pray by themselves. If they daily pray’d in their closets, it would give them a right turn of thought, and readiness of proper expressions for prayer at other times. » Ibid., p. 366.
10« The masters of families, at their nightly clubs, make appointments with their companions, to what part of the neighbouring country they shall repair to spend the Lord’s day in vain chat, drinking, and merriment. And as they are not at home to keep their families in good order, their sons and apprentices make assignations with their young companions, where to trifle, or worse than trifle away that time, which would be employed in public worship, if their parents themselves attended. On the morning of the Lord’s day, with grief of heart we see them, from all parts of the city, crowding into the country, like flocks of sheep going astray. And as our youth are thus misled by their parents and masters, the number of families, who forget God, must unavoidably increase, and this custom of profaning the Lord’s day grow more and more prevailing. » Ibid., p. 408.
11« The more sincere the soul is, the more in Closet duty the soul will be » Brooks Thomas, The Privie Key of Heaven ; or, Twenty Arguments for Closet-Prayer, Londres, 1665, p. 29.
12« Meditation is the keye of conscience, which openeth the closet of the heart : and the eye of the soule, whereby she seeth her whole estate, defect, and danger. » Wright Leonard, The pilgrimage to paradise Compiled for the direction, comfort, and resolution of Gods poore distressed children, in passing through this irkesome wildernesse of temptation and tryall, Londres, 1591, p. 30.
13« We must keep him [God] in our Hearts ; not in the hall of the senses, but in the closet of the heart » Heywood Nathaniel, Christ displayed as the choicest gift, and best master, Londres, 1679, p. 107.
14« Do thou, O Christian, enter into thy Closet, or Chamber, and shut thy door about thee ; do thou take pleasure in thy retirements. When no body sees, thy God doth, yea, and he loves to see ; and when no body hears, thy God doth ; and what he hears, he likes ; thy Prayers, thy Sighs, thy Groans are his Musick. » Slater Samuel, A Discourse of Closet (or Secret) Prayer, from Matt. VI. 6, Londres, 1691, p. 8.
15« He will also dog you into your Chambers, and intrude into your Closets ; when the Door is shut, he will get in ; you cannot, while here, get clear of the old Man, and the old Serpent ; and where-ever he is, you may be sure, He comes for no good. » Ibid., p. 38-39.
16« I earnestly desire thee to think with thy self, and seriously consider, what a profane place is thy Closet, in which there is no Prayer ; how it stinks in God’s nostrils : Whatever other Sweets thou maist have, where there is no holy Duty to perfume it ; what a wicked place, what an Hell is thy Chamber, out of which the Glorious Majesty of Heaven is, so far as thou canst do it, excluded ! If there be no Prayer there, then for certain there is no God there ; I mean, by his gracious presence ; and if there be no God there, then there are a thousand Devils. » Ibid., p. 91-92.
17« First examine thyne owne conscience with what kynde of temptation or synne, thou arte moste encombred wythall, and praye earnestlye unto God for remedyes therefore. » A Primmer, op. cit., p. 21.
18« We take no witness to our Devotions but God, and our own Consciences. » Resbury Nathanael, Of Closet-Prayer. A Sermon Preach’d before the Queen at Whitehall, on Sunday, Aug. 27, 1693, Londres, 1693, p. 11.
19« Conscience is Gods spy in the bosome. Conscience as a Scribe, a Register, sits in the Closet of your hearts with Pen in hand, and makes a Diurnal of all your secret ways, and secret crimes, which are above the cognizance of men. Conscience sets down the time when, the place where, the manner how, and the persons with whom such and such secret wickednesses have been committed, and that so clear and evident, that go where you will, and do what you can, the characters of them shall never be cancelled or rased out, till God appear in judgment. Let a man sin in the closest retirement that humane policy can contrive ; let him take all the ways he can to hide his sins, to cloak and cover his sin as Adam did ; yet Conscience will so play the Judge, that it will bring in the evidence, produce the Law, urge the penalty, and pass the sentence of Condemnation upon him. » Brooks Thomas, The Privie Key of Heaven ; or, Twenty Arguments for Closet-Prayer, Londres, 1665, p. 441-442.
20« So that, for the conveniency of declaring our wants, enlarging our confessions, repeating our thanks, opening our Souls in all the transports of Love, and Joy, and most free and affecting Reciprocations of his Love and Favour, when we pray we should often enter into our closets, and there shut the door, and pray to our Father which seeth us in secret. And indeed, where Endearments are great, and the Passions of Love more than ordinarily high, and mutual, there is a natural desire of Solitude, and Retiredness, that there be no interruption, no mistaken, mis-apprehended indecencies in the mutual Issues and Caresses of Love. » Ibid., p. 14-15.
21« O the secret kisses ! the secret embraces ! the secret visits ! the secret whispers ! the secret chearings ! the secret sealings ! the secret discoveries ! & c. That God gives to his people when alone, when in a hole, when under the staires, when behind the door, when in a dungeon ! » Brooks Thomas, op. cit., p. 44-45.
22« Every man should engage HIS HOUSE also in the Service of the Almighty God. We are all related unto some House of other. Sometimes a Nation is called by that name. So tis said in Ezek. 3.1. Speak to the House of Israel. And thus, every man should labour to promote the Service of God in the Nation which he belongs unto… But most usually, a Family is called by this Name ; and so it is in the Text now before us [Joshua 24.15, But as for me and my house we will serve the LORD.]. Tis a Metonymie ; the House is put for them who dwell in the house. Those who cohabit in the same house are to endeavour that the same God may be served by all under the Roof. And this is incumbent especially on the Superiors in the House. » Mather Cotton, Small Offers Towards the Service of the Tabernacle in the Wilderness. Four Discourses, accommodated unto the Design of Practical Godliness, Boston, 1689, p. 14.
23Bunyan John, A Discourse of the Building, Nature, Excellency, and Government of the House of God, Londres, 1688.
24« Very needful to be perused with diligence by all those who would fully know, rightly confess, and sincerely repent of the sam. » [Howell William], The Common-Prayer-Book the Best Companion in the House and Closet as well as in the Temple, 2e édition, Oxford, 1687, p. 87.
Auteur
Université d’Orléans (POLEN)

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