Polémon Ier et Hérode, Polémon II et Agrippa Ier
Similitudes et relations entre les rois du Pont et de Judée (ier siècle avant notre ère-ier siècle de notre ère)
p. 237-248
Texte intégral
Introduction
1Le roi Darius, qui était un fils de Mithridate, fut placé par Antoine sur le trône du Pont en 39 av. notre ère Mais il mourut seulement deux ans plus tard. Le problème de sa succession se posa alors, car il ne laissait pas d’héritier. Le triumvir n’eut donc le choix qu’entre l’annexion pure et simple ou la création d’un nouveau roi afin de maintenir le Pont comme un royaume allié de Rome. Antoine opta pour cette seconde possibilité et offrit le Pont à Polémon qui avait déjà obtenu, deux ans plus tôt, une fraction de la Cilicie avec le titre de basileus. Polémon n’appartenait pourtant à aucune famille royale. Il était le fils du rhéteur Zénon de Laodicée du Lykos, en Phrygie, un fidèle lieutenant de Rome, qui avait courageusement défendu sa cité face aux assauts des Parthes en 40 av. notre ère, comme le rapporte Strabon (Géogr. 14, 2, 24). Ne pouvant se prévaloir d’aucune légitimité dynastique, Polémon Ier le Zénonide est un roi imposé par Rome1. Il entre dans la catégorie des rois dits « amis » du peuple romain (rex amicus et socius Populi Romani)2, parfois nommés « rois clients » dans l’historiographie.
2L’amicitia revêtait une valeur politique bien précise dans l’Empire : elle désignait un rapport de vassalité entre le roi client et son maître, l’empereur3. Le souverain dit « ami » était, dans les faits, un « roi asservi » (inservitus rex) pour reprendre l’expression employée par Tacite (Histoires 2, 81). Amicus peut être considéré comme une sorte d’euphémisme officiel pour inservitus. L’amitié en question était conçue comme une relation à sens unique, sans réciprocité : Polémon Ier fut l’« ami » d’Antoine puis d’Auguste, mais Antoine puis Auguste ne furent pas les « amis » du roi, le terme amicus désignant un statut particulier qui n’est compatible ni avec celui du triumvir ni bien sûr de l’empereur.
3Les États clients, maintenus ou reconstitués par les Romains, étaient censés matérialiser, par l’existence même de leurs frontières, le principe d’une souveraineté autonome à l’intérieur de l’Empire. Les peuples concernés pouvaient ainsi conserver leur identité au sein de leur propre État. Polémon Ier et son royaume fonctionnaient comme les symboles d’une souveraineté indigène qui aurait été en partie maintenue en dépit de la domination romaine.
4Mais qu’en était-il en réalité ? Les États « amis » présentaient un double intérêt pour Rome. Ils permettaient tout d’abord de déléguer à des princes locaux l’administration de certaines provinces jugées secondaires ou peu hellénisées, suivant un système de « souveraineté à deux niveaux » pour reprendre l’expression de F. Millar4. Ils limitaient ensuite les résistances et les révoltes contre Rome, dans la mesure où ils entretenaient la fiction d’une souveraineté locale. En conséquence, le roi « ami » se trouvait, d’un point de vue institutionnel, dans une position double. Vu de l’extérieur, il était soumis au pouvoir romain ; il n’avait le droit de mener aucune politique extérieure indépendante et était astreint à diverses obligations, notamment militaires. Mais, du point de vue de ses sujets, il n’en exerçait pas moins une véritable autorité, puisqu’il pouvait administrer ses sujets à sa guise. La souveraineté suppose l’exercice de la puissance ; or le roi « ami » avait le pouvoir de maintenir l’ordre dans son royaume, de réprimer les opposants comme il l’entendait, sauf s’il s’agissait de citoyens romains. Sa souveraineté, bien qu’entravée par son statut, était donc bien réelle.
5Comme nous l’avons dit plus haut, avant de régner sur le Pont, Polémon Ier possédait déjà le titre royal : Antoine lui avait confié une partie de la Cilicie Trachée et de la Lycaonie en 39 av. notre ère. Pourquoi ce transfert dans le Pont deux ans plus tard ? On peut émettre l’hypothèse que ce déplacement fût en relation avec l’attribution de territoires ciliciens à la reine d’Égypte, Cléopâtre, dont Antoine était alors l’amant. Polémon ne conserva aucune charge en Cilicie, mais sa nouvelle affectation pouvait être vue comme une promotion, car le roi se retrouvait à la tête d’un bien plus vaste royaume qu’auparavant, et prestigieux de surcroît en raison du souvenir de Mithridate. Comme on l’a parfois remarqué, les rois « amis », de même que les gouverneurs de provinces, pouvaient changer d’affectation et faire carrière, promus au mérite, au gré de leurs maîtres romains5. En 37 av. notre ère, Polémon régnait sur un royaume pontique qui s’étendait de l’Halys à l’Arménie6. Ce territoire fut encore agrandi par la suite : vers 35 av. notre ère : le basileus reçut en outre l’Arménie Mineure, comme le rapporte Dion Cassius (49.44).
6Maintenu par Octave après Actium, en 31 av. notre ère, Polémon fut finalement privé de l’Arménie Mineure, en 20 av. notre ère, lorsque cette région fut rattachée à la Cappadoce, autre royaume « ami ». Le pouvoir romain avait bien sûr toute liberté pour agrandir, réduire ou modifier l’étendue des territoires confiés aux reges amici. C’est à ce titre qu’Auguste, secondé dans la région par Agrippa, chercha, en 18 av. notre ère, à imposer Polémon comme roi du Bosphore, après la mort d’Asander, un ancien satrape de Pharnace, qui avait succédé à son maître (v. 42-18 av. notre ère) ; Asander avait épousé Dynamis, fille de Pharnace, unique dépositaire de l’héritage de la dynastie de Mithridate. Le « plan » défini par Auguste et Agrippa était très cohérent : il s’agissait de marier Polémon à Dynamis, afin que le roi puisse régner sur les deux rives, du nord au sud de la mer Noire7. Mais c’était sans compter sur l’usurpation d’un certain Scribonius qui s’empara du pouvoir et épousa lui aussi Dynamis8. Mais Auguste ne reconnut pas l’usurpateur ; il chargea Polémon de conquérir le Bosphore, mission que le roi devait mener à bien grâce aux troupes auxiliaires dont il avait le commandement, du moins dans un premier temps. Mais nous y reviendrons plus loin.
7Polémon ne constitue pas un cas exceptionnel : il s’inscrit au sein d’un véritable réseau de rois « amis », mis en place par Antoine dans l’Orient romain. Au départ, il s’agissait de consolider la frontière orientale face aux Parthes, d’où ce remodelage voulu par Antoine9. Le triumvir ne conserva le statut de province que pour l’Asie, la Bithynie et la Syrie. Le reste de l’Orient romain fut confié à quatre rois. Outre Polémon qui reçut le Pont, Amyntas se vit confier la Galatie étendue jusqu’à la côte de la Pamphylie et Archélaos la Cappadoce. Enfin, Hérode reçut la Judée, dès 40 av. notre ère, par décret du Sénat, mais il dut conquérir son royaume alors occupé par les Parthes. Il ne prit possession de Jérusalem que trois ans plus tard, en 37 av. notre ère, au moment où, de son côté, Polémon s’installait dans le Pont. Les quatre rois avaient en commun d’être d’énergiques défenseurs des intérêts romains. Ce système fut considéré comme efficace, puisqu’Octave le conserva après Actium.
8Parmi ces rois, je me propose d’en étudier deux plus précisément, Polémon Ier et Hérode, à travers une approche comparative, qui sera ensuite étendue à deux de leurs successeurs, Polémon II et Agrippa Ier. Je m’intéresserai également aux relations entre les deux royaumes « amis », le réseau institué par Antoine et repris par Auguste supposant des contacts privilégiés entre les diverses dynasties. L’empereur favorisait la collaboration entre les rois, l’objectif étant la participation de tous à une même entreprise de pacification et de sécurisation au profit de Rome. On se demandera donc quelles furent ces relations privilégiées entre les souverains des deux dynasties.
9Avant de commencer, précisons que se pose le problème des sources. Concernant Hérode et ses successeurs, notamment Agrippa Ier, on dispose d’une documentation exceptionnelle grâce à l’œuvre de Flavius Josèphe. Par contre, les deux Polémon sont beaucoup moins bien connus : ils ne sont que rapidement mentionnés par Flavius Josèphe, Appien, ou encore Dion Cassius.
Les carrières de Polémon Ier et d’Hérode le Grand : approche comparative
10On peut commencer par tenter une comparaison entre les carrières de Polémon Ier et d’Hérode le Grand. Hérode fut d’abord nommé stratège (stratégos) de Galilée, en 47 av. notre ère, puis de Koilé-Syrie et de Samarie, selon Flavius Josèphe (BJ I, 213). La région désignée par l’expression Koilé-Syrie varie selon les époques, désignant un territoire plus ou moins vaste du sud de la Syrie. Dans le contexte, il s’agit de la région qui porta plus tard le nom de Décapole, au nord-est de la Samarie, un territoire appartenant alors à la Provincia Syria10. Puis Hérode, qui avait fait preuve de sa capacité à bien administrer, dans l’intérêt de Rome, les territoires qui lui avaient été confiés, obtint la promotion suprême que constituait l’accession à la royauté. On sait qu’Hérode avait auparavant reçu les félicitations du gouverneur de Syrie, Sextus César, en 45 av. notre ère.
11Dans le cas de Polémon, on peut deviner une satisfaction identique de la part du pouvoir romain, bien que l’on manque d’informations sur le début de sa carrière. Les deux fidèles agents de Rome en Orient reçurent donc le diadéma et le titre de basileus (rex en latin). La promotion royale de Polémon Ier et d’Hérode était pourtant inattendue, car les deux hommes n’appartenaient à aucune famille de souverains. Les deux élus d’Antoine n’étaient que les fils de deux lieutenants de Rome en Orient : le rhéteur Zénon de Laodicée du Lykos, qui avait grandement aidé les Romains dans leur lutte contre les Parthes, et Antipater, gouverneur de l’Idumée hasmonéenne, qui avait notamment porté secours à Jules César au cours du siège d’Alexandrie (47 av. notre ère), ce qui lui avait valu la citoyenneté romaine. Les Antipatrides sont des Iulii, tandis que les Zénonides sont des Antonii, comme le révèlent certaines légendes monétaires11.
12Autre point commun : les deux rois furent chargés, à des époques différentes (40-37 av. notre ère pour Hérode ; 18-14 av. notre ère pour Polémon Ier) de conquérir leur royaume ou une extension de celui-ci. Hérode lutta pendant trois ans contre les Parthes et son rival hasmonéen, le roi Antigone Mattathias. C’est grâce aux troupes auxiliaires dont il avait le commandement, mais aussi, en fin de compte, avec l’aide du gouverneur de Syrie, Sosius, en 38-37 av. notre ère, qu’Hérode réussit à prendre possession de son royaume.
13Quant à Polémon Ier, en 18 av. notre ère, il reçut d’Auguste le royaume du Bosphore, virtuellement du moins, puisqu’il fut officiellement chargé par l’empereur de conquérir ce nouveau territoire, alors entre les mains de Scribonius. N’y parvenant pas, Agrippa, auquel Auguste avait confié le gouvernement de l’Asie romaine, et Hérode vinrent à la rescousse de Polémon et leur présence dans la base navale de Sinope suffit à effrayer l’ennemi : Scribonius fut assassiné par ses sujets qui préférèrent se rendre. C’est donc l’aide déterminante de la flotte d’Agrippa qui permit à Polémon Ier de faire lui aussi figure de vainqueur. Les rois « amis », qu’il s’agisse d’Hérode ou de Polémon, sont des conquérants largement épaulés par l’armée romaine.
Problèmes de légitimité et mariages dynastiques
14Un problème de légitimité se posa pour les deux rois. Hérode n’appartenait pas à la dynastie hasmonéenne et Polémon Ier ne descendait pas de Mithridate. Tous deux étaient d’ailleurs parfaitement conscients de leur illégitimité familiale12. Pour y remédier, les deux basileis contractèrent des mariages dynastiques. Hérode épousa une Hasmonéenne, Mariamne, pour relier son règne à la dynastie déchue qui jouissait encore d’un grand prestige auprès de la population judéenne ; il s’agissait d’une stratégie matrimoniale qui avait pour fin de consolider le nouveau pouvoir en tentant de l’enraciner localement. Hérode était un Iduméen, non un Judéen ; il avait été imposé (ou comme on le dit aujourd’hui « parachuté ») à Jérusalem par les Romains. On retrouve une situation similaire dans le cas de Polémon Ier, lui aussi imposé à plusieurs reprises : en Cilicie, dans le Pont, puis dans le Bosphore. Dans le Pont, l’intronisation de Polémon ne paraît pas avoir provoqué un rejet particulier de la part de la population locale, du moins si l’on se fie aux trop rares sources disponibles. Il faut dire que la situation n’était pas comparable à celle de la Judée : la dynastie légitime s’était en partie éteinte d’elle-même avec la mort de Darius, mais Polémon devait tout de même faire figure de parvenu. Le véritable « parachutage » de Polémon, comparable en cela à Hérode en Judée, fut sa désignation par l’empereur comme roi du Bosphore13. C’est là qu’il semble bien y avoir eu une véritable résistance. Polémon, pour pallier son illégitimité, épousa Dynamis, fille de Pharnace (et petite-fille de Mithridate), déjà reine du Bosphore depuis plusieurs années, puisqu’elle avait été la femme d’Asander, successeur de Pharnace (v. 42-18 av. notre ère)14.
15On peut donc comparer les épouses des deux rois, Mariamne l’Hasmonéenne et Dynamis la Mithridatide, dont le rôle fut assez similaire. Toutes deux tinrent une place essentielle dans la propagande du début du règne d’Hérode en Judée et de Polémon Ier dans le Bosphore. Ces femmes incarnaient le lien avec les prestigieuses dynasties antérieures ; il s’agissait de faciliter le ralliement des élites, peut-être aussi d’une partie du peuple, au nouveau pouvoir qui cherchait autant que possible à s’inscrire dans une forme de continuité dynastique. Cependant, le résultat fut désastreux pour Hérode autant que pour Polémon. Mariamne fut accusée de complot contre le roi qu’elle aurait tenté d’empoisonner ; elle fut condamnée à mort et exécutée en 29 av. notre ère, soit après huit ans de mariage.
16Polémon Ier ne tarda pas non plus à se brouiller avec Dynamis ; il ne resta pas marié longtemps avec elle, pour des raisons malheureusement mal connues. Diverses hypothèses ont été émises : il semblerait, suivant le scenario le plus généralement admis, que Dynamis ait fomenté une révolte contre son époux, sans doute dans le but d’imposer comme roi du Bosphore Aspourgos, le fils qu’elle avait eu d’Asander. Séparé de Dynamis, Polémon épousa alors Pythodoris, fille de l’Asiarque Pythodoros de Tralles et d’une certaine Antonia, fille du triumvir Marc Antoine, selon la théorie généalogique traditionnellement admise15. Je ne vais pas ici discuter cette hypothèse qui repose, me semble-t-il, sur autant d’arguments en sa faveur qu’en sa défaveur ; elle a d’ailleurs été remise en cause dernièrement par D. Braund16.
17Quoi qu’il en soit, Dynamis, qui avait retrouvé son indépendance, entra en conflit contre son ancien époux qui mourut au combat, en 8 av. notre ère, sans doute alors qu’il était en train d’essayer de reconquérir les territoires perdus. Strabon (Géogr. 11, 2, 11 ; 12, 3, 29) nous dit qu’il périt sous les coups des Aspourgianoi, dans lesquels on peut voir les partisans d’Aspourgos et de Dynamis.
18Dans le cas de Polémon Ier comme d’Hérode, on peut donc parler de « légitimité fabriquée », pour reprendre l’expression d’E. Frézouls17. Les deux rois faisaient figure de parvenus, seules leurs épouses Dynamis et Mariamne incarnant la légitimité dynastique.
Polémon II et Agrippa Ier ou les restaurations « indigènes » de Caligula
19Tibère (14-37 de notre ère) mena une politique de suppression progressive des États « amis », renforçant ainsi le pouvoir central dans l’Empire romain. En fait, cette tendance remontait aux dernières années du principat d’Auguste, qui avait fait déposer Archélaos, fils d’Hérode, et rattacher la Judée à la province de Syrie en 6 de notre ère. C’était donc un préfet romain qui avait pris en charge l’administration de ce qui avait constitué auparavant le cœur du royaume hérodien.
20Dans le Pont, la situation est moins claire, en raison du manque de sources, mais elle paraît bien similaire : Pythodoris continua à régner, après la mort de Polémon, en 8 av. notre ère. La reine se remaria avec son voisin, le roi Archélaos de Cappadoce, mais c’est elle seule qui paraît avoir régné sur le Pont. Archélaos fut déposé par Tibère, au début de son principat, tandis que la Cappadoce fut annexée ; le roi déchu mourut en 17 de notre ère, peu après sa destitution, mais Pythodoris, à nouveau veuve, continua de régner jusqu’à sa mort sur son royaume pontique. La date de sa disparition n’est pas précisément connue : on la situe entre 23 et 31 de notre ère. Que se passa-t-il ensuite ? Le sort du Pont semble incertain pendant quelques années : il est probable que Tibère, fidèle à sa politique de non-remplacement des reges amici, ait annexé la région vers la fin de son principat. Mais on ne sait rien de l’éventuelle administration romaine qui aurait pu s’y installer.
21En 37 de notre ère, Caligula succède à Tibère et se lance dans ce qu’E. Paltiel nomment une politique « pro-native », à l’opposé des suppressions d’États « amis » voulues par Tibère18. Un petit-fils d’Hérode le Grand, Agrippa Ier, est fait roi d’un petit domaine comprenant Chalcis du Liban et quelques territoires du sud de la Syrie (Trachonitide, Gaulanitide et Batanée). Au même moment, un petit-fils de Polémon Ier et de la reine Pythodoris, Polémon II, reçoit de l’empereur le royaume de ses grands-parents.
22Des territoires annexés sous Auguste et Tibère furent donc rendus à des rois « indigènes ». On peut parler de « ré-indigénisation » d’une partie de l’Orient romain sous le principat de Caligula. Il s’agissait d’une politique parfaitement calculée qu’on interprète généralement de deux manières : l’empereur aurait souhaité faire plaisir à Agrippa Ier et à Polémon II, ses compagnons de débauche à Rome ; il aurait également voulu donner le sentiment d’un joug romain moins pesant grâce au rétablissement de dynasties « indigènes » comme l’a montré E. Paltiel. En fait, ces deux explications se complètent plutôt qu’elles ne s’excluent.
23Sous son principat, Claude (41-54) poursuivit cette politique : dès 41, Agrippa Ier vit son royaume considérablement accru par l’ajout de la Judée et de la Galilée ; il dut seulement renoncer à Chalcis du Liban, au profit de son frère, Hérode, nouveau roi créé par l’empereur. Agrippa Ier mourut trois ans plus tard, en 44, et Claude rattacha à nouveau, cette fois définitivement, la Judée à la province de Syrie ; c’est, dès lors, un procurateur qui l’administra.
24Polémon II régna jusqu’en 64, date à laquelle Néron décida d’annexer le Pont dit « polémoniaque » qui fut joint à la province de Galatie. La raison de ce revirement n’est pas claire. En tout cas, Polémon II n’offrit aucune résistance ; il se retira de son plein gré, comme le rapporte Suétone (Néron 18).
Les monnaies de Polémon Ier et d’Hérode le Grand
25On note une différence de taille entre les monnaies d’Hérode, toutes en bronze, et celles de Polémon Ier puis de Pythodoris, exclusivement en argent. Pourquoi cette différence ? Hérode n’eut-il pas le droit de frapper de l’argent ? En fait, l’explication qui peut être avancée est que le shekel tyrien servait alors en Judée de monnaie de référence et notamment d’argent « sacré » pour le paiement du tribut annuel au Temple19 ; Hérode n’aurait donc pas eu besoin de frapper ses propres pièces d’argent en son nom. Dans le nord de l’Anatolie, on ne trouve pas d’attachement semblable à un type monétaire particulier, considéré comme « sacré ». Seule la teneur en argent (94 à 95 %) paraît avoir compté, Polémon prenant pour référence les drachmes de Césarée de Cappadoce20.
26Polémon Ier orne ses monnaies de son buste, ceint du diadéma, à la manière des basileis21. Il n’y a là rien d’original, bien au contraire : il s’agit de la norme « hellénistique », pourrait-on dire. De la même manière, c’est sans aucune surprise qu’on lit au revers le nom et le titre du roi au génitif, accompagné de l’épiclèse Eusébès (« le Pieux »)22.
27Par contre, les motifs ornant les revers paraissent plus originaux : on trouve une étoile à huit branches et une image de Pégase. On peut se demander quelle est la signification prise ici par le cheval mythique. S’agit-il d’une référence au héros Persée, par l’intermédiaire du monnayage de Mithridate VI ? Il faut, dans ce cas, remarquer que le cheval de Polémon est orienté vers la droite, alors que celui des monnaies du célèbre roi du Pont est toujours dirigé vers la gauche. Polémon se contente-t-il de reprendre l’image de Pégase qui figure au revers de deniers frappés à Rome par l’empereur Auguste ? Mais, à Rome, le cheval se tient bien droit sur ses pattes, alors que celui du roi « ami » semble voler dans les airs. Une troisième hypothèse nous paraît envisageable : Pégase étant aussi l’une des constellations répertoriées par l’astronome Claude Ptolémée dans l’Almageste, le cheval mythique pourrait revêtir ici une signification astrale23. L’avantage de cette explication serait de relier les revers des deux monnaies de Polémon : l’étoile à huit branches et Pégase entreraient dans une même catégorie de symboles astraux que le roi aurait tout particulièrement voulu afficher sur son monnayage24. Le cheval pourrait présenter un intérêt géographique : la constellation de Pégase était associée au Nord qu’elle représentait symboliquement. Mais quel nord ? Le Pont, au nord de l’Anatolie, à moins qu’il ne s’agisse du Bosphore sur lequel le roi prétendait également régner. Il pourrait y avoir éventuellement ici la revendication d’une domination sur ce royaume septentrional. Mais il faut être bien conscient des difficultés que pose toute interprétation des symboles du monnayage pontique.
28On observe un prolongement de ces thèmes astraux sur le monnayage de Pythodoris qui succède à son époux en 8 av. notre ère25. Il s’agit cette fois de signes du zodiaque : la balance et le capricorne. Ceux-ci représentent sans doute deux dates, peut-être celles de la naissance et de l’accession au trône de Pythodoris. Par comparaison avec la dynastie commagénienne contemporaine, on peut affirmer qu’il s’agissait là des deux dates essentielles du règne. Sur les monnaies d’Antiochos IV de Commagène et de son épouse Iotapé Philadelphe, le scorpion paraît symboliser le couronnement, tandis que le capricorne se référait à la naissance du souverain26. Cela dit, comme pour Pégase, l’interprétation de ces symboles est ardue. Il est également possible de voir dans le capricorne une référence à l’empereur Auguste dont l’animal fantastique constituait l’un des symboles officiels27. En fait, la polysémie d’un même motif n’est pas à exclure : le capricorne pouvait aussi bien faire référence à Auguste qu’à un événement lié à la dynastie pontique. Mais, encore une fois, en l’absence de sources, on ne peut se contenter que d’hypothèses.
29Les motifs astraux n’en constituent pas moins, pensons-nous, une originalité, non pas proprement pontique, mais plutôt ouest-anatolienne, comme le montre l’exemple commagénien. Polémon Ier et Pythodoris eurent recours à des thèmes « indigènes », même s’ils étaient en partie réinterprétés sous une forme grecque et avaient déjà été diffusés dans d’autres régions de l’Empire. L’avers des monnaies correspond donc au « standard » monarchique de l’époque hellénistique, Polémon et Pythodoris étant figurés comme les autres basileis et basilissai, mais les revers soulignent le caractère local de la monarchie. Le royaume pontique apparaît donc sous une forme double, mais il s’agit d’une dualité non contradictoire, car il n’y a pas d’opposition entre ces deux caractères qui sont complémentaires.
30Les monnaies d’Hérode sont relativement différentes. Je me permets de me référer ici à mes travaux sur la question28. Hérode fit frapper un monnayage dépourvu de toutes images humaines, conformément au dit « deuxième commandement » énoncé dans la Bible (Ex 20.4 ; Dt 5.8). Les thèmes sont liés au culte juif dans le Temple de Jérusalem ; on trouve également des symboles de puissance militaire ou maritime, mais aucun buste du souverain. Le monnayage hérodien n’en est pas moins double : les inscriptions sont grecques, le titre porté par Hérode est celui de basileus et le diadéma constitue le principal attribut monarchique bien qu’il apparaisse seul, sans figuration du visage d’Hérode. Malgré les différences, on peut aussi souligner des points communs entre les monnaies d’Hérode et celles de Polémon Ier : on retrouve, me semble-t-il, un même caractère janiforme, bien que le versant identitaire paraisse un peu plus développé dans le cas d’Hérode. Le roi de Judée fait figure de basileus de type hellénistique, par certains aspects, en même temps que de roi juif traditionnel. Quant à Polémon Ier, il apparaît à la fois comme un souverain hellénistique et comme un roi « anatolien », pourrait-on dire, par l’affirmation d’une identité et d’une originalité locale se référant vraisemblablement à d’anciens thèmes astrologiques mazdéens. L’identité pontique pourrait donc résulter d’une sorte de combinaison entre des éléments iraniens, anatoliens et grecs, comme l’a fait remarquer L. Ballesteros Pastor dans sa contribution sur Pharnace Ier (voir supra dans le présent volume).
31Enfin, les monnaies de Polémon Ier, comme certaines émissions d’Hérode sont datées à partir de la première année du règne : 40 av. notre ère pour le roi de Judée et 37 av. notre ère pour le souverain du Pont. Cette ère zénonide de 37 fut ensuite reprise par Pythodoris qui s’inscrivit ainsi dans la plus parfaite continuité par rapport à son époux défunt29.
Les monnaies de Polémon II et d’Agrippa Ier
32Polémon II fit frapper des monnaies en son nom à Olba, en Cilicie sur lesquelles apparaît son profil, non diadémé, car il ne porte pas encore le titre royal30. Le buste est accompagné de ses noms et titres : archiéreus (« grand prêtre ») du sanctuaire d’Olba et dynastès (« dynaste »)31. On découvre aussi qu’il est citoyen romain, ce qui paraît constituer la norme pour les rois « amis », bien que tous ne le proclament pas. Il se nomme Marcus Antonius Polemo, comme son grand-père Polémon Ier, puisque cette citoyenneté remonte à Marc Antoine.
33Mais c’est ici le monnayage pontique de Polémon II, devenu roi en 37 de notre ère, qui va nous intéresser. Il s’agit à nouveau d’un monnayage d’argent, à une seule exception près32, et ce contrairement au souverain hérodien contemporain : Agrippa Ier. Polémon II fait figurer son buste coiffé du diadéma, comme son grand-père33. Au revers d’une monnaie, il inscrit également son nom et son titre à l’intérieur d’un second diadéma ; du coup, le caractère hellénistique de la monarchie sort renforcé par cette redondance, et ce d’autant plus qu’on remarque la disparition complète des thèmes astraux autrefois chers à Polémon Ier et à Pythodoris34. Polémon II fait aussi figurer le buste de sa mère, Tryphaina, elle-même diadémée car elle était fille de roi et épouse de roi (Cotys VIII de Thrace) ; il s’agissait de souligner le lien dynastique entre les deux Polémon35. Enfin, on voit apparaître des bustes impériaux sur les monnaies pontiques : on reconnaît Claude, Néron et sans doute Britannicus36. Ces images des maîtres romains sont bien sûr en relation avec le statut du roi « client » qui a évolué formellement depuis l’époque de Polémon Ier : l’« ami » du peuple Romain est devenu un « ami » de César et de la famille julio-claudienne. On constate également cette évolution chez les Hérodiens : l’épithète philorhomaios cède le pas devant philokaisar pour Agrippa Ier ou encore philoklaudios pour Hérode de Chalcis ; la relation devient plus personnelle37.
34Agrippa Ier, comme je pense l’avoir montré ailleurs, renforce lui aussi le caractère hellénistique de son monnayage38. En fait, contrairement à son grand-père, Hérode le Grand, il fit frapper deux séries monétaires distinctes : l’une, de type grec, pour les régions non-juives de son royaume, l’autre, strictement aniconique, pour la Judée. Sur la première série, on retrouve les caractéristiques du monnayage de Polémon II : à la fois une dimension dynastique (Agrippa Ier fait figurer des membres de sa famille, en l’occurrence son fils et son épouse), et un hommage rendu à l’empereur, à travers des représentations de Caligula puis de Claude. Seul le type destiné à la Judée revêt un caractère proprement ethnique : il est orné d’un parasol, symbole du pouvoir royal, et d’épis de blé, thème soulignant la prospérité du règne.
Les relations entre les royaumes du Pont et de Judée
35Les seules relations directes attestées entre les rois du Pont et les souverains juifs appartiennent à deux catégories : militaire et matrimoniale.
36En 14 av. notre ère, Hérode se rendit dans le Pont à la tête de sa flotte de guerre, afin de répondre à la convocation d’Agrippa qui se trouvait alors à Sinope. Cette ville servait de base pour la flotte romaine en Anatolie du nord. Il s’agissait de mener une expédition contre l’usurpateur Scribonius qui, comme nous l’avons déjà dit, s’était emparé du royaume du Bosphore39.
37Hérode était, bien entendu, obligé de répondre à l’appel d’Agrippa, son supérieur hiérarchique. Les forces des rois clients servaient, le cas échéant, d’auxiliaires à l’armée romaine ; cela faisait partie des obligations militaires liées au statut des reges socii, qui étaient sollicités ponctuellement40. Hérode disposait d’une flotte de guerre, sans doute constituée d’une centaine de navires ancrés dans le port de Césarée Maritime, nommé Sébastos en l’honneur de l’empereur41. Les monnaies d’Hérode se font d’ailleurs l’écho de cette puissance navale, affichant des symboles tels que l’aplustre (aphlaston) ou l’éperon42.
38Auguste encouragea également les unions entre les dynasties « amies » dans le but de créer un corps unique de reges dont les enfants constitueraient une sorte de vivier pour l’administration de l’Empire.
39Le fils d’Hérode le Grand, Aristobule, épousa ainsi Glaphyra, fille du roi de Cappadoce, Archélaos. Ce type d’union devait renforcer les liens au sein du réseau des États clients. Plus tard, la très célèbre Bérénice, fille d’Agrippa Ier, épousa Polémon II qui accepta de se convertir au judaïsme et se fit circoncire43. Mais le mariage ne dura guère : Bérénice ne tarda pas à retourner en Syrie, auprès de son frère, Agrippa II. Polémon II se remaria alors avec Julia Mamaea, connue par une unique monnaie (RPC no 3844). Le nom sémitique de cette princesse ne laisse pourtant subsister aucun doute sur son origine : elle était la fille de Sampsigéramos II, roi d’Émèse, en Syrie. On a encore une fois ici la preuve que les rois « amis » épousaient les filles d’autres rois « amis ».
40Les expéditions militaires communes et les mariages princiers étaient l’occasion pour les reges de se rencontrer. Mais Agrippa Ier prit également l’initiative d’organiser une sorte de conférence commune qui devait se tenir à Tibériade44. Sans consulter Marsus, le gouverneur de Syrie, il invita les autres princes clients de la région. On vit ainsi arriver Antiochos IV de Commagène, Sampsigéramos d’Émèse, Cotys de Petite-Arménie, Hérode de Chalcis et Polémon II. Ils furent accueillis par un somptueux banquet, subitement interrompu par Marsus en personne venu disperser tout ce beau monde manu militari. Les « amis » de Rome ne pouvaient se réunir sans en demander préalablement la permission à leur maître. Et d’ailleurs, pourquoi se rencontrer ainsi ? Marsus justifia son intervention par la crainte que la conférence ne puisse servir de prélude à une conspiration contre Rome. En fait, il s’agissait de remettre à leur place des princes qui faisaient mine d’oublier qu’ils n’étaient que les instruments de la domination romaine au Proche-Orient. Les relations entre Agrippa Ier et Polémon II, comme entre tous les rois clients, devaient entrer dans un cadre strictement prédéfini par la puissance romaine.
Conclusion
41La comparaison entre Polémon Ier et Hérode le Grand nous a permis de souligner un certain nombre de points communs entre les deux rois. Dans les deux cas, on a affaire à de véritables carrières administratives et militaires comprenant des affectations successives ainsi que des promotions dont l’obtention du titre royal constitue le couronnement. Pourtant, les deux rois n’appartiennent à aucune famille royale ; ils font figure de parvenus, « parachutés » dans leurs royaumes respectifs. Leur légitimité est fabriquée, notamment au moyen de stratégies matrimoniales : Hérode épouse Mariamne l’Hasmonéenne pour les mêmes raisons que Polémon Ier contracte un mariage dynastique avec Dynamis, petite-fille de Mithridate VI.
42Après une période plus ou moins longue d’annexion, les petits-fils de Polémon Ier et d’Hérode, Polémon II et Agrippa Ier, bénéficient, en 37 de notre ère, de la politique de restauration des royaumes « amis » initiée par Caligula. Mais ce rétablissement de rois indigènes n’est que provisoire : Claude rattache la Judée à la Provincia Syria en 44, tandis que Néron fait annexer le Pont à la province de Galatie en 64. Au-delà des carrières de leurs rois, c’est donc les destins mêmes du Pont et de la Judée, au sein de l’Empire romain, qui sont comparables.
43L’étude comparative des monnayages des deux royaumes révèle également des similitudes : Polémon Ier et Hérode revendiquent une identité indigène qui tend à s’effacer sous le règne de leurs petits-fils au profit de motifs monarchiques hellénistiques, dont la présence est accrue, ainsi que d’un hommage appuyé aux membres de la dynastie julio-claudienne.
Notes de bas de page
1Olshausen Eckart, « Pontos und Rom », ANRW 2.7.2, 1980, p. 909-912 ; Sullivan Richard D., « Dynasts in Pontus », ANRW 2.7.2., 1980, p. 913-930 ; Frézouls Edmond, « La politique dynastique de Rome en Asie Mineure », Ktéma 12, 1987 (p. 175-192), p. 177 ; Barat Claire, Sinope dans son environnement pontique, thèse de doctorat sous la direction de P. Debord, Bordeaux III, 2006, p. 356-357.
2Ce titre est officiellement attribué à Polémon Ier en 26 av. notre ère (Dion Cassius, 53, 25, 1).
3Sur le statut d’Hérode, voir Schalit Abraham, König Herodes. Der Mann und sein Werk, Berlin, de Gruyter, 1969, p. 146-167. Sur les rois clients de manière générale : Braund David C., Rome and the Friendly King. The Character of the Client Kingship, Londres/Canberra/New York, Croom Helm/St. Martin, 1984, p. 23-24 ; Braund David C., « Client Kings », Braund David C. (éd.), The Administration of the Roman Empire, Exeter, University of Exeter Press, 1988, p. 69-96 ; Paltiel Eliezer, Vassals and Rebels in the Roman Empire. Julio-Claudian Policies in Judaea and the Kingdoms of the East, Latomus, 212, Bruxelles, 1991, p. 199-205 ; Jacobson David M., « Three Roman client kings: Herod of Judaea, Archelaus of Cappadocia and Juba of Mauretania », Palestine Exploration Quarterly, 133, 2001, p. 22-38.
4Millar Fergus, Rome, the Greek World, and the East, II, Londres, University of North Carolina Press, 2004, p. 229-245.
5Frézouls Edmond, op. cit., p. 175-192 ; Suspène Arnaud, « L’empire et le royaume, des territoires inconciliables ? », in Ivana Savalli-Lestrade et Isabelle Cogitore (éd.), Des rois au prince. Pratiques du pouvoir monarchique dans l’Orient hellénistique et romain (ive siècle av. J.-C.-iie siècle apr. J.-C.), Grenoble, ELLUG, université Stendhal, 2010 (p. 37-53), p. 42.
6Magie David, Roman Rule in Asia Minor, to the End of the Third Century after Christ, 2 vol., Princeton, Princeton University Press, 1950-1951, p. 433.
7Roddaz Jean-Michel, Marcus Agrippa, Rome, École française de Rome, 1984, p. 464.
8On peut se demander si le nom de l’usurpateur est en relation avec Scribonia, première épouse d’Octave, répudiée en 39 av. notre ère ; voir Cosme Pierre, Auguste, Paris, 2009, Perrin, p. 66. Si tel était le cas, il traduirait peut-être une volonté d’en découdre avec le pouvoir impérial.
9Magie David, op. cit., p. 433 ; Buchheim Hans, Die Orientpolitik des Triumvirn M. Antonius, Heidelberg, C. Winter, 1960 ; Cimma Maria Rosa., Reges socii et amici populi Romani, Rome, A. Giuffrè, 1976, p. 284 ; Bertrand Jean-Marie, « Rome et la Méditerranée orientale au ier siècle av. J.-C. », in Claude Nicolet (éd.), Rome et la conquête du monde méditerranéen, tome 2, Genèse d’un empire, Paris, PUF, 1978 (p. 789-845), p. 842-843.
10Smallwood Edith Mary, The Jews under Roman Rule from Pompey to Diocletian, Studies in Judaism in Late Antiquity, Leyde, Brill, 1976, p. 45.
11Burnett Andrew, Amandry Michel et Ripollès Pere Pau, Roman Provincial Coinage, vol. I: From the Death of Caesar to the Death of Vitellius, 44 BC-AD 69 (abrégé RPC), Londres/Paris, British Museum Press/Bibliothèque Nationale de France, 1992, no 3740-3742 et 3844 (Polémon II).
12Flavius Josèphe (AJ XIV, 404) souligne cette illégitimité d’Hérode, tandis qu’Appien évoque celle de Polémon Ier (BC 5, 75).
13Braund David, « Polemo, Pythodoris and Strabo Friends of Rome in the Black Sea Region », in Altay Coşkun (éd.), Roms auswärtige Freunde in der Späten Republik und im frühen Prinzipat, Göttingen, Duehrkohp & Radicke, 2005 (p. 253-270), p. 254.
14Le mariage entre Polémon Ier et Dynamis eut lieu vers 15 av. notre ère (Dion Cassius 54.24.6) ; Frézouls Edmond, art. cité, p. 180.
15Sullivan Richard D., art. cité, p. 920-922.
16Selon Braund David C., art. cité, 2005, p. 259-260, si Pythodoris avait été la petite-fille d’Antoine, Strabon n’aurait pas manqué de le dire.
17Frézouls Edmond, art. cité, p. 182.
18Paltiel Eliezer, op. cit., p. 163-164 et p. 311.
19Ben-David Arye, Jerusalem und Tyros. Ein Beitrag zur palästinischen Münz und Wirtschaftsgeschichte (126 a. C.-57 p. C.), Bâle/Tübingen, J. C. B. Mohr, 1969, p. 7.
20RPC, p. 568.
21RPC, p. 568, no 3801 et 3802.
22Comme l’a montré Olshausen Eckart, « Zum hellenisierung prozess am Pontischen Königshof », Ancient Society, 4, 1974, p. 153-170, la cour, l’administration et l’armée pontiques étaient déjà fortement hellénisées sous le règne de Mithridate VI.
23Claude Ptolémée, La Grande composition (Almageste), VII, 5. Pégase ou le Cheval (Hippos) est la constellation la plus septentrionale de l’hémisphère boréal. Voir Aujac Germaine, Claude Ptolémée, astronome, astrologue, géographe. Connaissance et représentation du monde habité, Paris, Éditions du CTHS, 1993, p. 323.
24Pégase debout, mais dirigé vers la gauche, apparaissait déjà au revers de tétradrachmes de Mithridate VI ; voir de Callataÿ François, L’histoire des guerres mithridatiques vue par les monnaies, Louvain-la-Neuve, Département d’archéologie et d’histoire de l’art, séminaire de numismatique Marcel Hoc, 1997, planche 4, D 41. On retrouve encore le cheval ailé au revers de bronzes frappés à Amisos sous le règne du même souverain : de Callataÿ François, op. cit., planche 48, J. Voir également l’étude des symboles du monnayage de Mithridate que propose Ballesteros Pastor Luis, Mitridates Eupator, rey del Ponto, Universidad de Granada, Grenade, Servicio de Publicaciones de la Universidad de Granada, 1996, p. 382 (Pégase en relation avec Persée, ancêtre mythique des souverains perses) et p. 383 (l’étoile, symbole pontique, éventuelement en lien, à l’origine, avec le dieu Men). Pégase debout, orienté vers la droite, figure au revers de deniers d’Auguste : Mattingly Harold, Sydenham Edward A. et al., Roman Imperial Coinage, I, Londres, Spink and Son, 1923, no 297.
25RPC, p. 568, no 3803-3897.
26Schwentzel Christian-Georges, « Reines commagéniennes : la place des basilissai dans les hiérothésia et Iotapè Philadelphe », Res Antiquae 7, 2010, p. 429-440.
27Suétone (Aug. 94) donne l’explication de la présence du capricorne sur les monnaies d’Auguste : il s’agirait du signe de naissance de l’empereur ; voir Mattingly Harold, Sydenham Edward A. et al., op. cit., no 125.
28Schwentzel Christian-Georges, « L’image officielle d’Hérode le Grand », Revue biblique 114, 2007, p. 565-593.
29Sur l’ère de Polémon Ier appelée « ère zénonide », voir Leschhorn Wolfgang, Antike ären, Zeitrechnung, Politik und Geschichte im Schwarzmeerraum und in Kleinasien nördlich des Tauros, Historia, Einzelschriften, 81, Stuttgart, F. Steiner, 1993, p. 96-99 ; Callu Jean-Pierre, « Ères et monnayages à l’orée de l’Empire romain », Ktéma 18, 1993 (p. 113-129), p. 120. Seul l’an trois est inscrit sur les monnaies d’Hérode ; voir Schwentzel Christian-Georges, art. cité, 2007, p. 590.
30L’attribution de ces monnaies au futur Polémon II nous paraît assurée, bien qu’elle soit impossible à établir avec une absolue certitude ; voir RPC, p. 564-565.
31RPC, p. 566, no 3735-3730.
32RPC, p. 571, no 3844.
33RPC, p. 569, no 3813-3838.
34RPC, p. 569, no 3818.
35RPC, p. 569, no 3810-3811 et 3822.
36RPC, p. 569, no 3814 (Claude), no 3818 (Claude), no 3819 (Claude et Néron), no 3828 (Néron), no 3831 (Néron), no 3836 (Britannicus ?).
37Hérode le Grand est dit philorhomaios dans une inscription athénienne (OGIS 414) ; Agrippa Ier préfère, sur ses monnaies, l’épithète philokaisar, tandis que son frère, Hérode de Chalcis, est philoklaudios ; Schwentzel Christian-Georges, « Images grecques de souverains juifs (63 av. J.-C.-44 apr. J.-C.) », Revue biblique 117, 2010 (p. 528-549), p. 545.
38Schwentzel Christian-Georges, art. cité, 2010, p. 528-549.
39Flavius Josèphe, AJ XVI, 17-23 ; Strabon, Géogr. XI, 2-3 ; Dion Cassius 54, 24, 4-7.
40Suspène Arnaud, art. cité, p. 41.
41Shatzman Israel, The Armies of the Hasmoneans and Herod, From Hellenistic to Roman Frameworks, Texts and Studies in Ancient Judaism (abrégé TSAJ), Tübingen, 1991, p. 186-187 ; Rocca Samuel, Herod’s Judaea: a Mediterranean State in the classical World, TSAJ, Tübingen, J. C. B. Mohr, 2008, p. 190-195.
42Schwentzel Christian-Georges., art. cité, 2007, p. 584-585.
43Frézouls Edmond, op. cit., p. 183 ; Schwentzel Christian-Georges, « Le rôle politique des femmes de la dynastie d’Hérode : Hérodiade, Cypros, Bérénice, Salomé », Res Antiquae 6, 2009, p. 141-152.
44Frézouls Edmond, op. cit., p. 191.
Auteur
Université de Lorraine.
Christian-Georges Schwentzel est professeur des universités. Université de Lorraine (Metz), CRULH (EA 3945). [christian.schwentzel@univ-lorraine.fr].

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