Géopolitique de la mer Noire
p. 77-94
Texte intégral
1D’une superficie d’environ 420 000 km², sans compter la mer d’Azov (37 600 km²), la mer Noire s’étend sur 1 150 km d’ouest en est et sur 600 km du nord au sud. Mer continentale presque fermée, elle ne communique avec la Méditerranée que par les détroits du Bosphore et des Dardanelles (carte 1). Son nom viendrait de l’attribution asiatique de couleurs aux points cardinaux : noir pour le nord, blanc pour le sud, rouge pour l’ouest et vert ou jaune pour l’est. Cette mer au nord de la Turquie a reçu le nom de mer Noire, Kara Deniz en turc (fig. 1), comme la mer Méditerranée est la mer Blanche, Ak Deniz en turc.
Fig. 1. – La mer Noire à Üniye (Turquie).

Carte 1. – La région de la mer Noire.

2Il n’est pas simple de définir la région de la mer Noire. Charnière entre l’Europe, l’Asie et le Moyen-Orient, la mer Noire occupe une place géostratégique aux confins de l’Europe et de l’Asie où se concentrent de nombreux enjeux d’importance mondiale, où convergent ses acteurs régionaux que sont la Turquie, la Russie, l’Ukraine, les Balkans orientaux et le Caucase1. Elle est à la croisée des challenges les plus importants qu’a et qu’aura à faire face la sécurité de l’Europe : migration illégale, dégradation environnementale, approvisionnement en ressources énergétiques, trafic illégal de drogues, d’armes, et conflits gelés. Elle émerge en tant que carrefour décisif pour le futur d’une Europe élargie. La mer Noire est devenue une région à part entière, séparée et séparable de l’Eurasie, avec ses propres dynamiques internes et sa cohésion grandissante. D’ailleurs l’Europe ne s’y est pas trompée puisqu’elle a lancé en 2008, l’Euro région de la mer Noire, qui a pour buts de développer la coopération entre ses membres, de représenter et soutenir leurs intérêts communs et de coopérer avec les organisations internationales de la mer Noire.
3La région élargie de la mer Noire est devenue un pivot émergeant pour la sécurité européenne, pour l’approvisionnement en source d’énergie et la région turque de la mer Noire joue un rôle fondamental dans ce domaine puisqu’elle est le point d’arrivée du gazoduc sous-marin, Blue Stream, qui se termine à Durusu à 60 km de Samsun.
4Pour toutes les raisons qui viennent d’être précisées, la région de la mer Noire turque ne peut pas être séparée de l’ensemble géopolitique auquel elle appartient qui s’étend de l’Europe orientale à l’Asie centrale en passant par la Russie qui a toujours tenté d’avoir un accès aux détroits et donc à la Méditerranée (mer chaude) pour sa flotte. Trois points seront examinés dans cet article. Tout d’abord l’histoire géopolitique doit permettre de comprendre le rôle de pivot qu’elle a toujours joué. Ensuite depuis la fin de la guerre froide, ce rôle s’est renforcé avec la création d’un grand nombre d’organisations régionales et internationales. Enfin aujourd’hui au xxie siècle, elle devient un hub énergétique qui voit s’affronter les politiques russes et turques, ces dernières soutenues par les Américains, pour s’approprier le marché de l’énergie de l’Europe.
Un peu d’histoire géopolitique de la mer Noire
5Carrefour des grandes routes commerciales, route de la Soie ou d’autres reliant l’Europe à l’Asie, un rythme cyclique de flux et de reflux, économiques et politiques, a structuré l’espace pontique et attiré l’attention des grandes puissances. Dès l’Antiquité et le Moyen Âge, une économie complémentaire s’est développée entre les pays méridionaux (céramique et vins grecs, tissus italiens) et les pays de la mer Noire (blé, cire, poissons, esclaves). La mer Noire est un carrefour de civilisations à la croisée des mondes orthodoxe et musulman et de plus en plus des cultures sociétales et politiques occidentales.
De l’Antiquité au xxe siècle
6La période antique a vu se succéder les Perses, les Grecs (dès le viie siècle av. J.-C.) et les Romains (du iiie siècle av. J.-C. au ier siècle apr. J.-C.), alors qu’au Moyen Âge la mer Noire passe sous l’hégémonie de Byzance avant qu’elle ne soit la proie de plusieurs envahisseurs : les Varègues au xe siècle, les Turcs seldjoukides, les Coumans, les armées de Gengis Khan au xiiie siècle. Mais ce fut la conquête ottomane qui changea la configuration politique de la mer Noire : de Trébizonde jusqu’en Crimée et en Bessarabie, ses rives devinrent turques. Ainsi pendant trois siècles, elle demeura un « lac turc2 ». Après 1453 (chute de Constantinople) la mer Noire fut fermée au commerce international. Pourtant, dès 1654, la Russie s’est retrouvée sur les bords de la mer Noire quand elle reçoit, lors du traité de Pereïaslav, l’Ukraine, du chef cosaque Bohdan Khmelnytskyï3. L’accès à cette mer « chaude » revêtait une grande importance. Pierre le Grand (1682-1725), qui rêvait de relier la mer Caspienne à la mer Noire par un canal, s’empare de la mer d’Azov en 1696. Après l’écrasement de la flotte ottomane à Çeşme (en mer Égée) en 1770 et le traité de Küçük Kaynarcı en 1774, le sultan perd les rives de la mer Noire de la presqu’île de Kertch au Dniestr, doit ouvrir les Détroits aux navires de commerce russes et reconnaître la Russie comme protectrice des chrétiens de l’Empire ottoman. L’annexion définitive de l’Ukraine ne se fait qu’en 1781, mais la Russie n’acquiert le statut de puissance de la mer Noire qu’en 1783, sous Catherine II qui annexe le khanat de Crimée, (protectorat de l’Empire ottoman depuis 1478). Avec la mer Noire, la Russie a, dès lors, l’accès aux mers chaudes. C’est la fin de l’isolement russe4. C’est aussi la fin de l’hégémonie ottomane en mer Noire.
7Au xixe siècle, l’empire russe et l’empire ottoman se sont battus en mer Noire aux côtés des grandes puissances de l’époque, la France et l’Angleterre, pour en avoir le contrôle. Ce n’est qu’en 1856 que le traité de Paris5, sous la pression de la Russie, rouvrit la mer Noire aux routes de commerce des autres nations.
La période soviétique et postsoviétique
8Au xxe siècle, le conflit idéologique entre l’Est et l’Ouest, entre le capitalisme et le communisme, s’est déroulé autour de la mer Noire. Pourtant 1991 marque la disparition de l’URSS. Au xxie siècle, quels sont et quels en seront les enjeux ?
9Avec le régime soviétique et la guerre froide, c’était un « lac soviétique », puisque seule la Turquie faisait exception. Une importante flotte soviétique était basée en Crimée. Mais les bouleversements entraînés par la chute du mur de Berlin, la disparition de l’URSS (1991), les « révolutions » en Géorgie (2003) et en Ukraine (2004), ont profondément changé la donne. Pour la Russie, qui ne contrôle qu’une étroite bande côtière, il s’agit d’un recul géopolitique important. La Crimée, cédée à l’Ukraine par Khrouchtchev en 1954, est source de tension. Une flotte militaire russe mouillait à Sébastopol et conservait le droit d’y rester jusqu’en 2017. Vladimir Poutine aurait voulu prolonger ce séjour, avec peut-être le secret espoir qu’un jour, la Crimée redevienne russe. Les événements de 2014 en Crimée, le référendum du 16 mars 2014 et l’adhésion de la République de Crimée à la Fédération de Russie le 18 mars 2014 ont entraîné des tensions entre l’Ukraine et la Russie, mais aussi entre la Russie et l’Union Européenne, entre la Russie et les Etats-Unis, au nom de la violation du droit international et de la souveraineté de l’Ukraine. Depuis le déclenchement de la guerre par la Russie contre l’Ukraine à partir du 22 février 2022, la récupération de la Crimée annexée est un objectif du gouvernement et de l’armée ukrainiens.
10Sur le plan militaire, un autre point de friction avec la Russie risque bien d’être l’implantation de bases militaires de l’OTAN en Bulgarie et en Roumanie, particulièrement la base aérienne de Mihaïl-Kogalniceanu, proche de la mer Noire, utilisée par les États-Unis lors de leur intervention en Irak6. La Russie voit d’un mauvais œil la promesse de Bruxelles d’admettre l’Ukraine et la Géorgie dans l’OTAN, ce qui pourrait l’amener à revoir ses rapports avec l’OTAN. Sous une apparente façade de bonne coopération avec l’OTAN, des problèmes de fond subsistent, dans lesquels se retrouvent des pays de la mer Noire.
11Et il existe d’autres conflits larvés concernant des régions séparatistes soutenues par Moscou, qui y maintient des troupes. L’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, deux territoires autonomes qui font partie de la Géorgie, voudraient s’intégrer à la Fédération de Russie. Mais les États-Unis qui entretiennent des liens privilégiés avec la Géorgie, veillent pour empêcher la fusion. En mars 2005, le parlement géorgien a ratifié un accord de coopération militaire qui offre de nombreux avantages à l’armée américaine7. Cette ratification a suscité de vives mises en garde à la Géorgie de la part de Moscou. La Transnistrie, également soutenue par Moscou qui y maintient une armée, est une république autoproclamée coincée entre l’Ukraine et la Moldavie, dont elle a fait sécession. Le président Poutine chercherait à consolider l’influence de Moscou dans cet espace géostratégique, de crainte de voir un jour l’OTAN s’y installer.
12En juin 2007, les membres du GUAM8 (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan, Moldavie) se sont réunis à Baku pour discuter d’une route alternative pour exporter le pétrole d’Azerbaïdjan en évitant la Russie et de la création d’une force conjointe de maintien de la paix des pays du GUAM, qui pourrait être utilisée pour régler des conflits régionaux sous le mandat du Conseil de sécurité de l’ONU et de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe).
13Ainsi dans l’ensemble géopolitique de la mer Noire, on peut définir deux niveaux : un niveau global, où ce sont les grandes puissances qui se confrontent, et un niveau régional, où ce sont les puissances régionales qui font le jeu. La structuration de l’espace a pu changer selon les époques. À la fin des années 80, « la région de la mer Noire orientale s’ordonnait autour d’un axe nord/sud qui opposait l’ensemble soviétique à la Turquie9 ». Aujourd’hui la coupure s’ordonne selon un axe est-ouest se structurant sur la frontière extérieure de l’UE. C’est pourquoi l’UE par sa géographie mouvante est partie prenante de ce système géopolitique de la région de la mer Noire10.
La mer Noire : un pivot géostratégique
14Il semble que « le Pont Euxin des Anciens grecs n’est pas le limes sud-oriental de l’Union, mais un pivot géostratégique eurasien où interfèrent des stratégies régionales, continentales et planétaires11 ».
15Comme l’indiquent ces tensions, la région de la mer Noire est devenue une zone de confrontation entre deux conceptions opposées, l’une « euro-atlantique » ou proaméricaine et l’autre « euro-asiatique » ou prorusse. Et l’un des enjeux de cet affrontement, c’est la sécurité énergétique de l’Europe. Or, la région de la mer Noire, lieu de passage du gaz et du pétrole de la Caspienne, est la deuxième au monde pour sa richesse en hydrocarbures après le Golfe12. La Turquie, au centre de cet espace et puissance régionale, tente de profiter de la situation pour accroître son importance en jouant sur les deux tableaux.
16L’Europe cherche à diversifier ses approvisionnements en hydrocarbures afin d’éviter le quasi monopole de la Russie13. Les États-Unis ont contribué à la construction de l’oléoduc Baku-Tbilissi-Ceyhan, qui assure l’exportation du pétrole de la Caspienne vers la Turquie sans passer par la Russie, et le gazoduc Baku-Erzurum (Turquie). Le projet du gazoduc TANAP-Nabucco West reliant l’Azerbaïdjan à la Hongrie, en traversant la Turquie, éviterait la Russie. En juin 2006, les Européens approuvaient le projet, en concurrence directe avec le projet South Stream de la société russe Gazprom (cf. cahier couleur, no 3). D’autres projets sont en cours pour éviter les détroits qui sont trop encombrés. C’est le cas du pipeline qui doit aller de Üniye (Ordu) à Ceyhan pour transporter le pétrole brut caspien venant de Supsa (Géorgie) par tankers.
3. – Pipelines et gazoducs dans la région mer Noire-mer Caspienne.

Françoise Rollan.
17« L’importance stratégique de la mer Noire, lieu de passage du gaz et du pétrole de la mer Caspienne et moyen d’accès à la Méditerranée par les détroits du Bosphore et des Dardanelles, n’est plus à démontrer. Elle explique les convoitises dont cette zone est l’objet depuis longtemps14 », des convoitises qui risquent de se prolonger encore longtemps.
18Depuis la fin de la division du monde en deux blocs, de nombreuses organisations régionales ont été créées qui permettent aux pays de travailler ensemble pour créer un espace de paix, de démocratie, de stabilité, de sécurité. Ce n’est que depuis 2007 avec son initiative de synergie de la mer Noire15 que l’Europe a réalisé le parti qu’elle pourrait tirer de cet espace mer Noire-Caucase et Asie centrale qui lui est complètement associé. Ainsi, depuis que les organisations internationales et les grandes puissances (États-Unis, Russie et Union Européenne) s’intéressent à la région de la mer Noire, le paysage des alliances s’est sérieusement compliqué ou plutôt complexifié.
Les organisations régionales et internationales
19Dès 1975 au moment de la détente durant la Guerre froide, une organisation qui ne se limite pas aux pays de la mer Noire a été créée pour faciliter le dialogue et la négociation entre l’Est et l’Ouest. L’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) est la seule organisation européenne accueillant la totalité des États du continent européen ainsi que ceux qui sont nés de la dissolution de l’Union soviétique. Aujourd’hui, outre tous les pays d’Europe, les pays du sud Caucase et de l’Asie centrale en font partie, ainsi que le Canada, les USA et la Russie, soit au total 57 pays16.
20L’Europe et les États-Unis s’intéressent de plus en plus à cette région étendue de la mer Noire, incluant les pays du Caucase du sud, une partie des Balkans et également les cinq États d’Asie centrale, afin de promouvoir la démocratie pour une stabilité dans cette zone où transitent les pipelines et les gazoducs qui alimentent l’Europe17. Ainsi l’Union Européenne a déjà en partie organisé cet ensemble oriental en associant une partie des pays dans sa politique de voisinage (Ukraine, Biélorussie, Moldavie, Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie), de partenariat (Fédération de Russie) et d’accession pour la Turquie18.
21Les pays riverains de la mer Noire ont compris l’importance de leur région et la nécessité de s’organiser pour résoudre les problèmes de sécurité, pour accroître la coopération économique et assurer leur sécurité énergétique. La Turquie, puissance régionale, est le pays qui a le premier tenté de réunir ses voisins afin de regrouper les forces économiques de la région. Mais aujourd’hui l’Union Européenne est en train de comprendre les enjeux de cette zone et elle reprend certains projets pour les renforcer.
22Ainsi plus d’une vingtaine d’organisations ont été créées depuis la fin de la guerre froide qui rassemblent un certain nombre de pays de la mer Noire, du Caucase, des Balkans et d’Asie centrale19. Leurs buts : assurer la paix entre ces pays, leur sécurité, renforcer la coopération, le développement économique, la démocratie, la protection de l’environnement, l’intégration dans les structures européennes. La Turquie est présente dans toutes ces organisations sauf dans trois qui ne regroupent que des pays de l’ex-URSS : la Communauté des États indépendants (CEI) 1991, la CSTO (Organisation du Traité de sécurité collective) créée en 1992 et l’Organisation pour la démocratie et le développement-GUAM créée en 199720.
La Turquie à l’origine de plusieurs organisations régionales
23Elle tente de jouer un rôle moteur dans la région dont elle voudrait bien avoir le leadership.
L’Organisation pour la coopération économique dans la région de la mer Noire (OCEMN ou ZCEMN ou CEMN) créée en 199221, à l’initiative de la Turquie, entre officiellement en fonction le 1er mai 1999. Elle regroupe l’Albanie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Bulgarie, la Géorgie, la Grèce, la Moldavie, la Roumanie, la Russie, la Turquie, l’Ukraine et à partir de 2004, également la Serbie et le Monténégro. Son importance grandit : elle a aujourd’hui, une représentation internationale à Bruxelles et un observateur aux Nations Unies. Depuis 2007, la Commission Européenne lui accorde une attention particulière, puisqu’elle est devenue observateur au sein de la CEMN. Elle a pour but la réalisation d’une zone de sécurité, de stabilité, de prospérité par la coopération économique régionale.
La Brigade Sud-Est européenne (SEEBRIG), initiée par la Turquie le 30 septembre 199922, inclut l’Albanie, la Bulgarie, la Grèce, l’Italie, la Macédoine, la Roumanie et la Turquie ; les États-Unis, la Slovénie, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie et l’Ukraine sont les pays observateurs. Elle doit permettre la consolidation de la stabilité et de la sécurité régionales, l’augmentation de la confiance politique et militaire, le développement de la coopération militaire dans la zone, des relations de bon voisinage entre les pays du sud-est européen, dans le contexte du Processus de la Réunion des ministres de la Défense du sud-est européen (SEDM).
Le Groupe de coopération navale de la mer Noire (BLACKSEAFOR) du 20-21 octobre 1998, à l’initiative de la Turquie, s’est concrétisé le 2 avril 2001 par la signature de l’accord de constitution à Istanbul. Il comprend la Bulgarie, la Géorgie, la Roumanie, la Russie, la Turquie et l’Ukraine. Il a pour but le développement de la coopération et de l’interopérabilité entre les forces navales des pays riverains de la mer Noire23.
Plusieurs organisations ont pour but de faciliter l’intégration dans les structures européennes et internationales
La SECI (Initiative de coopération dans le Sud-Est européen) créée en 1996 avec l’Albanie, la Bulgarie, la Bosnie-Herzégovine, la Grèce, la Croatie, la Hongrie, la Moldavie, la Macédoine, la Roumanie, la Serbie, le Monténégro, la Slovénie et la Turquie. Elle tente de simuler la coopération entre les États participants pour faciliter leur intégration dans les structures européennes24.
Le SEECP (Processus de coopération du Sud-Est européen) aussi en 1996, devenu SELEC (Southeast European Law Enforcement Center) en 2011, regroupe l’Albanie, la Bulgarie, la Grèce, la Macédoine, la Roumanie, la Serbie et le Monténégro et la Turquie ; avec le statut d’observateur : la Bosnie-Herzégovine et la Croatie. Cette organisation voudrait transformer la région en un espace de paix, de sécurité, et de coopération. Elle pose les bases d’une future intégration des États de la région dans les structures européennes et euro atlantiques25.
L’OCEMN ou ZCEMN (Organisation ou Zone de coopération économique dans la région de la mer Noire) est en train de devenir une structure intégratrice dans les structures européennes26.
24En effet, la ZCEMN dispose d’une représentation internationale : son assemblée parlementaire est représentée à Bruxelles. Ce regroupement de parlementaires de la zone soutient les projets mis en place dans son cadre, tout en assurant la promotion auprès de l’UE des aspirations régionales. De plus, elle possède, depuis 1999, le statut d’observateur aux Nations Unies. On peut la qualifier de « forum diplomatique renforcé », fondé sur des rencontres régulières des ministres des Affaires étrangères ou de l’Économie et caractérisé par « l’existence d’institutions complémentaires manifestant des velléités d’intégration plus grande ».
25Ces derniers temps, les relations entre l’Union européenne et l’Organisation de coopération économique de la mer Noire27 se sont intensifiées et les rencontres se sont multipliées. En juin 2007, la Commission a obtenu le statut d’observateur au sein de l’OCEMN.
Le Centre énergétique régional de la mer Noire, (Black Sea Regional Energy Centre) créé en 1991 avec l’Albanie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Bulgarie, la Géorgie, la Grèce, la Macédoine, la Moldavie, la Russie, la Roumanie, la Serbie et le Monténégro, la Turquie, l’Ukraine, cherche la réalisation de l’acquis de l’Union Européenne et l’harmonisation des politiques énergétiques des pays de la région avec celles de l’UE28.
La Force multinationale de paix de l’Europe du Sud-Est, 1998, regroupe l’Albanie, la Bulgarie, la Grèce, l’Italie, la Macédoine, la Roumanie et la Turquie pour des missions de paix sous l’égide de l’ONU et de l’OSCE29.
La Commission de la mer Noire réunit la Bulgarie, la Géorgie, la Russie, la Roumanie, la Turquie et l’Ukraine en vue d’une coopération entre communautés locales et internationales ; la Convention pour la protection de la mer Noire contre la pollution a été ratifiée le 21 avril 1992. En 2008 le Conseil de l’Europe a mis en garde les pays riverains contre un désastre écologique, qui serait provoqué par les milliers de tonnes de déchets toxiques déversés par le Danube30.
Le Réseau de tolérance régionale de la Méditerranée et de la mer Noire, nov. 1995, a été initié par l’Unesco, (Pays de la zone de la mer Noire et de la mer Méditerranée) pour l’exploration des possibilités de création d’un réseau multidisciplinaire de recherche et de formation pour combattre l’intolérance, la discrimination et la violence31.
Le Pacte de stabilité pour l’Europe du Sud-Est (SPSEE) à l’initiative de l’UE 1999 a été créé à l’initiative de l’UE. Il concerne les pays de l’Europe du sud-est, pour l’instauration de la paix, de la démocratie, du respect des droits de l’homme et de la prospérité économique32.
Deux des plus récentes organisations sont particulièrement importantes pour l’UE
26Elles montrent l’intérêt que l’Union européenne porte à la région de la mer Noire pour sa sécurité énergétique, environnementale et le contrôle de ses frontières.
L’Accord cadre de coopération de synergie de la mer Noire, 200733, comprend les États riverains de la mer Noire (Turquie, Bulgarie, Roumanie, Géorgie, Ukraine et Russie) ainsi que l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Moldavie et la Grèce. Cette initiative vient compléter les politiques en cours et cherche à garantir une plus grande cohérence et de meilleures orientations stratégiques. Il a pour objectif de soutenir la coopération régionale visant à résoudre les problèmes qui nécessitent des efforts impliquant l’ensemble de la région, en particulier dans des secteurs tels que l’énergie, l’environnement, les transports, les communications ou encore la mobilité et la sécurité.
27Jamais la Commission européenne ne s’était adressée à la région de la mer Noire d’une façon aussi globale avant 2007, ce qui revenait à lui donner un profil politique clair. Cependant, les relations de l’Union Européenne avec les pays de la région demeurent essentiellement bilatérales et sont basées sur trois processus en cours : la politique de voisinage avec l’Ukraine, la Géorgie, la Moldavie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan, le processus d’élargissement avec la Turquie et le partenariat stratégique avec la Russie. L’approche actuelle est basée sur des projets.
28Ainsi le programme de coopération transfrontalière pour la mer Noire est lancé. Pour la Roumanie-Moldavie-Ukraine, il couvre la côte nord-ouest de la mer Noire avec un budget de 126 millions d’Euros. Le forum de la mer Noire s’intéresse à la société civile. Ses premières activités ont déjà été mises en œuvres.
29Une participation renforcée de l’UE est susceptible d’avoir aussi des retombées positives sur le commerce, la science, la recherche, la culture et l’éducation, ainsi que dans le domaine de l’emploi et des affaires sociales. Le principal objectif de l’initiative reste de dynamiser les actions au niveau régional afin de promouvoir la stabilité et la prospérité dans la région de la mer Noire. La synergie constitue pour ce faire un cadre flexible, inclusif et transparent, fondé sur les intérêts communs de l’UE et de tous les États de la mer Noire. La collaboration avec l’OCEMN et d’autres organes régionaux apportant une valeur ajoutée devrait se poursuivre.
La Constitution d’une Association d’une Euro région de la mer Noire, (BSER-Black Sea Euroregion Association), 2006, comprend les États suivants : Albanie, Arménie, Azerbaïdjan, Bulgarie, Géorgie, Grèce, Moldavie, Roumanie, Fédération de Russie, Serbie, Turquie et Ukraine.
30L’association est enregistrée en Roumanie (Constanţa) pour un temps indéfini. Elle a pour buts de développer la coopération entre ses membres, de représenter et d’encourager leurs intérêts communs et de coopérer avec les organisations internationales existantes de la mer Noire34.
Plusieurs organisations ont un rôle socio-économique et/ou régional
La Banque pour le commerce et le développement dans la région de la mer Noire (BSTDB) 1997, pilier financier de l’OCEMN, qui regroupe l’Albanie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Bulgarie, la Géorgie, la Grèce, la Moldavie, la Roumanie, la Russie, la Turquie et l’Ukraine, contribue à la consolidation de la coopération économique au sein de l’OCEMN et à l’intégration des pays de la mer Noire dans l’économie de marché35.
La Fondation de la mer Noire et de la Caspienne, 1997, associe 53 universités de la région. Elle doit permettre l’identification et l’amélioration des ressources intellectuelles nécessaires pour le développement durable de la région36.
L’Association des capitales de la mer Noire, 1998, (Albanie, Arménie, Azerbaïdjan, Bulgarie, Géorgie, Grèce, Moldavie, Roumanie, Russie, Turquie, Ukraine) s’occupe de la création de programmes pour l’amélioration du système de protection des familles et des enfants37.
Le Réseau des organisations non-gouvernementales de la mer Noire, a été créé en 1993, sous les auspices du Programme d’Environnement de la mer Noire (11 ONG de Bulgarie, 9 ONG de Géorgie, 3 ONG de Roumanie, 9 ONG de Russie, 6 ONG de Turquie, 15 ONG d’Ukraine). Il doit contribuer à la protection et à la réhabilitation de la mer Noire, y compris de la mer d’Azov et au développement durable des pays de la mer Noire par l’augmentation de la participation des organisations non gouvernementales, des gouvernements, des groupes d’affaires et de la population38.
Le Club international mer Noire (International Black Sea Club), 1992, est une ONG internationale qui unit 24 villes de la mer Noire ou de son voisinage (Bulgarie, Géorgie, Grèce, Italie, Moldavie, Roumanie, Russie, Turquie, Ukraine). Elle œuvre pour la consolidation et le développement de la coopération dans le domaine des affaires entre les villes-ports de la mer Noire et de la Méditerranée39.
La Force régionale d’intervention Danube-mer Noire (DABLAS), 2001. Elle regroupe les pays riverains de la mer Noire en vue de la création d’une plateforme de coopération pour la protection de l’eau et des écosystèmes aquatiques dans la région élargie de la mer Noire40.
Le Centre international pour les études de la mer Noire (dans les structures de l’OCEMN), 1998, (Pays de la région élargie de la mer Noire), s’attache à la réalisation des objectifs de l’OCEMN.
L’Initiative pour la sécurité des frontières (BSBSI), ou encore Border Defense Initiative (BDI) 2004, (Pays riverains de la mer Noire) vise à l’amélioration des régimes de contrôle des exportations dans la région de la mer Noire41.
31Conscients de leurs forces et de leurs faiblesses, les pays de la mer Noire ont montré leur aptitude à s’organiser et tenté de se rapprocher du modèle européen de bonne gouvernance. Les pays des Balkans non riverains de la mer Noire sont de plus en plus associés. Le leader dans cette action est sans aucun doute la Turquie, alliée de l’Europe et des États-Unis, le pays de cette région qui a aussi la politique étrangère la plus ouverte. Ainsi des organisations qui se voulaient au départ, régionales, deviennent de plus en plus internationales avec l’intervention de l’Union Européenne et des États-Unis qui s’intéressent à cette région pivot. Elle devient encore une fois le lieu d’affrontement entre l’est et l’ouest, cette fois pour tenter de maintenir un équilibre entre les deux parties. Les sources d’énergie deviennent un enjeu majeur entre les zones de productions qui sont toutes situées à l’est et au sud-est de la mer Noire et les zones de consommation les plus importantes qui sont toutes à l’ouest.
Géopolitique de l’énergie en région mer Noire/Caspienne : Le Hub énergétique en construction
32Les projets énergétiques de la Caspienne42 (voir cahier couleur, no 3) ont pour but de former un nouvel environnement sécuritaire dans la région mer Noire/mer Caspienne, tout autant qu’en Europe. Les réserves sont énormes : environ 32 milliards de barils de pétrole et 40-50 trillions de m3 de gaz.
33Dans cet environnement, la Turquie est très bien située, car ses voisins, les pays du Moyen-Orient, l’Europe, la Russie et les Républiques d’Asie centrale possèdent 68 % de réserves mondiales de pétrole et 75 % des réserves de gaz connues43. Dans ces conditions la Turquie a vocation à devenir un hub énergétique naturel, un pont énergétique entre les pays consommateurs de l’Europe et les pays producteurs du Moyen-Orient, de la Russie et de l’Asie centrale44. Basées sur ses besoins (elle importe 72 % de sa consommation) et sa position géostratégique, les priorités fondamentales de sa politique énergétique sont de sécuriser, de stabiliser et de diversifier les routes de transport de l’énergie. Les décideurs turcs privilégient donc les pipelines longue distance traversant les frontières qui assureront la sécurité énergétique pour la Turquie et les pays consommateurs de l’Ouest.
34L’achèvement des projets internationaux va renforcer le rôle de la Turquie dans la politique mondiale et dans le secteur mondial de l’énergie, car 6 à 7 % de l’approvisionnement global du pétrole transite par son territoire depuis 2010. Ceyhan va devenir un centre majeur de l’énergie et un terminal pétrolier et gazier en Méditerranée orientale. En même temps, la Turquie va devenir la quatrième artère de l’approvisionnement en énergie en Europe après la Norvège, la Russie et l’Algérie.
35Plusieurs projets ont retenu l’attention de la Turquie : le pipeline Baku-Tbilissi-Ceyhan, le pipeline transanatolien Samsun-Ceyhan, le gazoduc Baku-Tbilissi-Erzurum, le gazoduc transcaspien, l’anneau gazier de l’Europe méridionale (le gazoduc transadriatique ou TAP), le projet du gazoduc TANAP-Nabucco West (qui doit remplacer le gazoduc Nabucco), le gazoduc arabe, et le développement de l’exploitation des réserves de gaz naturel irakien. Certains de ces projets ont commencé à fonctionner.
Le pipeline Baku-Tbilissi-Ceyhan
36L’accord pour la construction du pipeline Baku-Tbilissi-Ceyhan (long de 1 768 km dont 1 076 km en Turquie) a été signé le 18 novembre, 1999 à Istanbul. Le pipeline est en activité depuis 2005 (voir cahier couleur, no 3). Depuis 2010, il peut transporter plus de 50 million de tonnes de pétrole vers le port turc de Ceyhan pour ses exportations vers l’ouest. Il pourrait augmenter sa capacité jusqu’à 80 millions de tonnes, s’il recevait un volume supplémentaire de pétrole kazakh du port d’Aktau. Le port turc de Ceyhan sur la Méditerranée est opérationnel 365 jours par an, alors que son concurrent russe sur la mer Noire, Novorossiysk a au moins deux mois d’arrêt à cause des mauvaises conditions climatiques.
Le gazoduc Baku-Tbilissi-Erzurum
37L’accord pour la construction du gazoduc Baku-Tbilissi-Erzurum a été signé en 2001 et au début de 2007 le transport du gaz a commencé. Dans un premier temps, il est prévu que le gazoduc transporte 8,4 milliard de m3 et dans un second, le volume sera augmenté jusqu’à 16 à 18 milliards de m3. La mise en œuvre de ce projet doit améliorer l’alimentation en gaz de la Géorgie et de la Turquie. Ces deux pays, qui étaient tributaires des importations de gaz de Russie et d’Iran, ont donc désormais une source alternative de gaz. Sans compter que cela sert de point de départ pour le transport de gaz supplémentaire pour les autres États de la région de la mer Noire.
38À côté de ces projets déjà mentionnés, où la Géorgie a un rôle clé en tant que pays de transit, d’autres projets sont en cours d’évaluation et pourraient être réalisés dans un futur proche en utilisant le territoire de la Géorgie.
La voie ferrée Kars-Akhalkalaki et le transport des hydrocarbures par rail
39Un rôle fondamental dans la sécurité énergétique de la mer Noire peut être joué par le chemin de fer Kars (Turquie)-Akhalkalaki (Géorgie)45. Le conflit entre la Russie, la Géorgie et l’Ossétie du sud et des problèmes environnementaux ont retardé le projet. Les négociations ont duré plusieurs années, mais un accord a finalement été signé au début de 2008 entre l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie pour que les travaux débutent mi-2008. Cette route doit permettre de transporter le pétrole du Kazakhstan et de l’Azerbaïdjan vers les ports turcs et les raffineries dans la perspective de futures exportations de pétrole et de produits pétroliers vers l’ouest et aussi vers la région de la mer Noire. Il va aussi contribuer à isoler encore plus l’Arménie46.
40La partie géorgienne a été achevée en juin 2012. La voie ferrée Kars-Tbilissi-Baku a été inaugurée le 30 octobre 2017. L’achèvement du projet doit permettre l’augmentation de la circulation des marchandises sur le couloir de transport entre l’Europe et l’Asie traversant la mer Noire, les pays du Caucase du Sud, la mer Caspienne et les pays d’Asie centrale (TRACECA) de 20 millions de tonnes.
Le projet TANAP-Nabucco West entre la mer Caspienne et l’Europe occidentale, évite la Russie
41Il s’agit d’un projet de gazoduc reliant l’Asie centrale et les pays de la Transcaucasie à l’Europe centrale (voir cahier couleur, no 3), afin de diversifier les sources d’approvisionnement énergétique de l’Europe47. Ce projet a la faveur de l’UE politiquement et financièrement48. Le projet Nabucco a pris du retard et se trouve concurrencer par le projet russe (South Stream). Il a été revu en 2012 et comprend désormais le gazoduc TANAP (Trans Anatolian Pipeline), projet Azerbaïdjanais (80 % des parts) associé à la Turquie (20 %)49, long de 2 581 km de la frontière orientale de la Turquie à la frontière bulgare ou grecque. Il permettra le transport du gaz du gisement caspien de Shah Deniz II. Il devra recevoir du gaz du Turkménistan pour atteindre sa pleine capacité (31 million de m3). Il pourrait aussi être raccordé à un gazoduc irakien non encore construit. Il sera connecté à Nabucco West (trajet de Nabucco) qui traversera la Bulgarie (412 km), la Roumanie (469 km), la Hongrie (384 km) et se terminera au hub de Baumgarten an den March en Autriche (47 km). Les négociations qui ont commencé en 2002, ont abouti à la signature d’un accord à Ankara en 2009, entre la Turquie, la Roumanie, la Bulgarie, la Hongrie et l’Autriche, devant les représentants de l’Union européenne et des États-Unis. Les accords ratifiés en 2010 par les gouvernements concernés pour le projet Nabucco demeurent valables, mais en mai 2012 le Consortium de Nabucco a soumis la proposition de Nabucco West au consortium de Shah Deniz qui serait en pourparlers pour prendre une participation dans Nabucco West. L’achèvement qui était prévu pour 2014 sera retardé. Les travaux devraient commencer en 2013 et s’achever en 201850. Cependant une incertitude demeure quant au trajet définitif car deux projets étaient en compétition pour alimenter l’Europe en gaz naturel : soit Nabucco West, soit le TAP (Trans Adriatic Pipeline) plus court et qui traverserait la Grèce, l’Albanie et l’Adriatique pour arriver en Italie du sud où il se raccorderait au réseau existant, ne nécessiterait pas d’investissements, ni d’alimentation supplémentaires. Le choix définitif a été fait par le Consortium de Shah Deniz en juillet 201351. C’est le TAP qui a été choisi surpassant TANAP sur 7 des 8 critères d’évaluation52.
Les gazoducs russes dans la région de la mer Noire
42Ils sont au nombre de deux53 :
Le South Stream, le concurrent de TANAP-Nabucco West, entre la Russie et l’Europe occidentale, évite le passage par l’Ukraine y compris par les eaux ukrainiennes de la mer Noire et sera opérationnel bien avant Nabucco. C’est un projet de gazoduc paneuropéen pour relier la Russie à l’Europe occidentale (2013-2015). D’une longueur offshore de 900 km, d’une capacité de 63 milliards de m3/an et d’un coût de 25 milliards d’euros, il passera sous la mer Noire vers la Bulgarie (536 km), puis la Serbie (411 km) avec une branche vers la Bosnie-Herzégovine (101 km) et une branche vers la Croatie (75 km), la Hongrie (229 km), la Slovénie (266 km), l’Italie (11 km) – voir cahier couleur, no 3. Un accord de la Turquie a été obtenu en août 2009 pour le passage dans ses eaux territoriales. Ce gazoduc permettrait à Gazprom de contourner l’Ukraine et empêcherait la construction de Nabucco West, son concurrent direct54.
43La lutte est rude entre les différentes puissances, car la Russie et la Turquie annoncent en même temps la signature d’accords entre les pays pour les deux projets de gazoducs pour l’Europe. Pour le South Stream : l’Allemagne, l’Italie (ENI), la France (EDF) prennent des participations aux côtés de Gazprom. La Slovénie et la Serbie se joignent au projet russe. Mais la Turquie veut conserver Nabucco West.
Le gazoduc Blue Stream (voir cahier couleur, no 3), achemine le gaz russe en Turquie55 et peut-être par la suite vers l’Europe du Sud et vers Israël. La Russie fournit à la Turquie 60 % de son gaz naturel et 20 % de son pétrole. D’une longueur de 1 213 km, il passe sous la mer Noire sur 400 km, à une profondeur de 2 100 m par endroits. Sa pleine capacité en 2010, est de 16 milliards de m3 et son coût de 3,2 milliards de $. La propriété de Blue Stream Pipeline BV, qui en assure son fonctionnement est une joint venture néerlandaise, qui inclut Gazprom (Russie) et l’ENI (Italie). Gazprom prévoit l’extension du gazoduc Blue Stream vers l’Europe et qui ferait de la Hongrie un hub gazier. Ce projet a toutes les chances d’aboutir alors qu’une grande incertitude plane sur Nabucco56.
44Par ailleurs, un projet d’oléoduc transanatolien Samsun-Ceyhan, qui doit acheminer le pétrole russe et kazakh, a été signé en mars 2011. Il permettra de contourner les détroits du Bosphore et des Dardanelles qui sont surchargés57.
Le gazoduc Transcaspien
45Soutenu désormais par la Turquie, l’Azerbaïdjan et l’UE58, le gazoduc Transcaspien passera sous la mer Caspienne de Turkmenbashı (Turkménistan) à Sangachal (Azerbaïdjan). Il doublera le gazoduc Baku-Tbilissi-Ceyhan jusqu’à Erzurum, de là il sera aussi connecté à TANAP et amènera donc le gaz du Turkménistan à l’Europe centrale. Sa capacité sera de 30 milliards de m3 de gaz/an. Le Turkménistan soutient ce projet qui lui permettrait d’éviter la Russie et l’Iran. Mais la Russie pourrait mettre son veto pour le passage sous la Caspienne ce qui complique fortement l’exportation du gaz turkmène en évitant la Russie.
Conclusion : des relations de plus en plus complexes
46La région élargie de la mer Noire, devenue la frontière de l’Union européenne, l’intéresse de plus en plus. Il s’agit de moins en moins pour l’UE d’établir des relations bilatérales, mais d’organiser de façon globale cette région. L’UE estime avoir un droit de regard sur la région d’autant plus que sa sécurité dépend de ses ressources59. Les ressources énergétiques ne proviennent pas directement de la mer Noire, mais de régions qui lui sont étroitement liées (voir cahier couleur, no 3) : le Caucase du sud, la Caspienne et l’Asie centrale (Turkménistan, Kazakhstan et Ouzbékistan). L’UE ne s’y est pas trompée puisqu’elle a créé et soutient deux programmes : INOGATE et TRACECA.
Inogate60 : portail de l’énergie est un programme international de coopération pour l’énergie entre l’UE et les pays partenaires de l’Europe de l’Est (Biélorussie, Ukraine, Moldavie), du Caucase (Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie), de l’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan et Turkménistan) et de la Turquie. Ces pays sont d’accord pour travailler ensemble pour assurer la convergence des marchés de l’énergie en tenant compte des leurs propres particularités, pour renforcer la sécurité énergétique, pour aider au développement durable de l’énergie, pour attirer les investissements qui iront dans les intérêts communs et régionaux. Le programme assure la communication, le support technique et les fonds nécessaires aux pays partenaires.
Traceca61 est le couloir de transport Europe-Caucase-Asie. C’est un programme interétatique visant à soutenir le développement politique et économique de la région de la mer Noire, du Caucase et de l’Asie centrale par le biais de l’amélioration des transports internationaux. Il s’agit de développer un couloir de transport entre l’Europe et l’Asie traversant la mer Noire, les pays du Caucase du Sud, la mer Caspienne et les pays d’Asie centrale. Lancé en 1993, il a depuis lors, financé 62 projets d’assistance technique et 14 projets d’investissements. L’objectif est d’atteindre d’ici 2015 un système de transport multimodal durable, efficace et intégré à la fois au niveau de l’UE et de TRACECA.
47Prioritairement il aide au développement des relations économiques et du commerce en Europe, dans la région de la mer Noire et en Asie ; il assure l’accès au marché mondial du transport routier, du transport ferroviaire et de la navigation commerciale ; il assure également la sécurité du trafic, du fret et la protection de l’environnement ; il crée des conditions de concurrence équitables pour les opérations de transport62. Il s’agit aussi d’harmoniser les politiques de transport.
48Le transport de l’énergie est bien le nerf de la guerre que se livrent la Turquie (et ses alliés de l’UE, du Caucase et de l’Asie centrale) et la Russie à travers le géant Gazprom. La Turquie bien que se considérant comme une véritable puissance, n’a pas renoncé à ses rêves d’Europe. En créant l’OCEMN (Organisation de Coopération Economique dans la région de la mer Noire) et en tentant de stimuler les échanges économiques avec son voisinage, elle transpose le modèle européen de stabilisation à la région de la mer Noire dans le but de mieux défendre sa candidature à Bruxelles.
49Dans la région, des questions restent sans réponse de la part de l’Union Européenne : la candidature turque et la sécurité dans le Caucase. Même si l’UE semble incarner l’Europe, les États membres de la OCEMN non encore intégrés à l’UE pourraient se trouver coupés du nouvel ordre européen par une Russie redevenue puissante et une Turquie lasse d’attendre son intégration. À terme, le rêve d’une mer Noire-lac européen et porte de l’Europe vers l’Asie centrale pourrait devenir une réalité.63 Mais les États-Unis n’ont pas dit leur dernier mot, car à travers l’OTAN, ils ont déployé des bases avancées de l’OTAN en Roumanie, Bulgarie et Géorgie pour pouvoir intervenir plus rapidement si besoin dans le Caucase64. Ils cherchent à orienter les politiques turques, européennes et caucasiennes, car ils voudraient profiter du pétrole et du gaz de la Caspienne et de l’Asie centrale qui devrait atteindre en plus grande quantité la Méditerranée (terminal de Ceyhan en Turquie).
Notes de bas de page
1Sèbe Charles, Les pays de la mer Noire, dans la crainte des conflits à venir, Paris, L’Harmattan, 1996, p. 7-31.
2[https://www.herodote.net/2_Micmac_autour_de_la_mer_Noire-synthese-2230.php], consulté le 21-12-2021.
3[http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Ukraine/147832], consulté le 21-12-2021.
4[http://www.giotsar.com/histoire-russie/XVIIe-XVIIIe-siecle.php], consulté le 21-12-2021.
5[https://francearchives.fr/commemo/recueil-2006/39465], consulté le 21-12-2021.
6Rozoff R., « Black Sea: Pentagon’s Gateway to Three Continents and the Middle East », 22 February 2009, [https://www.globalresearch.ca/black-sea-pentagon-s-gateway-to-three-continents-and-the-middle-east/12400], consulté le 21-12-2021.
7Rozoff R., « U. S. Prepares Georgia for New Wars in Caucasus and Iran », 9 February 2012, [https://www.globalresearch.ca/u-s-prepares-georgia-for-new-wars-in-caucasus-and-iran/29196], consulté le 21-12-2021.
8Devenu en 2006 au sommet de Kiev, « l’Organisation pour la démocratie et le développement-GUAM », [https://guam-organization.org/en/], consulté le 21-12-2021.
9Sieca-Kozlowski Élisabeth et Toumarkine Alexandre, Géopolitique de la Mer Noire. Turquie et pays de l’ex-URSS, Paris, Karthala, 2000, p. 191.
10Corduban Cristina, La région de la mer Noire dans le contexte de l’élargissement de l’Union Européenne, Nice, Centre International de Formation Européenne, Institut Européen des Hautes Études Internationales, Diplôme des Hautes Études Internationales, 2004, p. 14, [https://www.researchgate.net/publication/335790705_LA_REGION_DE_LA_MER_NOIRE_DANS_LE_CONTEXTE_DE_L%27ELARGISSEMENT_DE_L%27UNION_EUROPEENNE], consulté le 21-12-2021.
11Montgrenier Jean-Sylvestre, « L’Europe et le Pont Euxin », Dossier « Sur les rives de la mer Noire », Regards sur l’Est, 2003, p. 4, [http://regard-est.com/dossier-33-sur-les-rives-de-la-mer-noire], consulté le 21-12-2021.
12Michault Marine, « L’or noir en mer Noire : un nouveau Grand Jeu ? », Nouvelle Europe, 2008, dimanche 4 mai, [http://www.nouvelle-europe.eu/node/475], consulté le 21-12-2021.
13Alsancak Hasan, « The Role of Turkey in Global Energy: Bolstering Energy Infrastructure Security », Journal of Energy Security, May 2010 Issue. [http://www.ensec.org/index.php?option=com_content&view=article&id=247:the-role-of-turkey-in-the-global-energy-bolstering-energy-infrastructure-security&catid=106:energysecuritycontent0510&Itemid=361], consulté le 21-12-2021.
14Ferenczi Thomas, « Voyage autour de la mer Noire », Le Monde, 5 janvier 2007, p. 2. [https://acturca.wordpress.com/2007/01/05/voyage-autour-de-la-mer-noire/], consulté le 21-12-2021.
15Voir plus loin dans la sous-partie Deux des plus récentes organisations sont particulièrement importantes pour l’UE.
16[https://www.osce.org/], consulté le 21-12-2021.
17Henderson Karen et Weaver Carol (dir.), The Black Sea Region and EU Policy. The Challenge of Divergent Agendas, Farnham, Ashgate, 2010.
18Instrument de voisinage et de partenariat européen. Programme pour la région orientale. Document de stratégie, 2007-2013, [https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=LEGISSUM:r17103&from=EN], consulté le 21-12-2021.
19Cojocaru Doru, Géopolitique de la Mer Noire. Éléments d’approche, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 237-250.
20La CEI (Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Géorgie, Kazakhstan, Kirghizstan, Moldavie, Russie, Tadjikistan, Ouzbékistan, Turkménistan, Ukraine) a été créée pour la protection des frontières des pays de la CEI, la constitution d’un système intégré de défense aérienne, la coordination de la planification militaire, la prévention et la lutte contre le terrorisme. La CSTO (Arménie, Kazakhstan, Kirghizstan, Russie, Tadjikistan, Ouzbékistan) a été créée pour la sauvegarde de la sécurité et de la stabilité régionales et internationales, la consolidation de la paix, la défense – sur des bases collectives – de l’indépendance, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté des Etats participants. Le GUAM, qui inclut la Géorgie, l’Ukraine, l’Azerbaïdjan et la Moldavie, marque sa volonté de se rapprocher de l’Occident ; la Turquie et la Lettonie y sont pays observateurs.
21Cojocaru Doru, op. cit., p. 122-127.
22[http://www.seebrig.org/], consulté le 21-12-2021.
23[http://www.mfa.gov.tr/blackseafor.en.mfa], consulté le 21-12-2021.
24[http://www.mvep.hr/en/foreign-politics/multilateral-relationsold/southeast-european-cooperative-initiative-(seci)/], consulté le 21-12-2021.
25[http://rspcsee.org/en/pages/read/], consulté le 21-12-2021.
26Cantuic Nicoleta, Les dernières évolutions au sein de l’organisation de la coopération économique de la mer Noire, Fondation Robert Schuman, Le centre de recherches sur l’Europe, Synthèse no 3, 2001, [https://www.robert-schuman.eu/fr/syntheses/0003-les-dernieres-evolutions-au-sein-de-l-organisation-de-la-cooperation-economique-de-la-mer-noire], consulté le 21-12-2021.
27La CEMN a été instaurée en 1992. Axées à l’origine sur la coopération économique, ses activités ont progressivement été élargies, [http://www.bsec-organization.org/Forms/Default.aspx], consulté le 21-12-2021.
28[http://www.bsrec.bg/], consulté le 21-12-2021.
29[https://www.rcc.int/pages/0/35/rcc-and-regional-initiatives-and-task-forces-in-south-east-europe], consulté le 21-12-2021.
30[https://assembly.coe.int/nw/xml/XRef/X2H-Xref-ViewHTML.asp?FileID=9019&lang=fr], consulté le 21-12-2021.
31[http://unesdoc.unesco.org/images/0010/001099/109936e.pdf], consulté le 21-12-2021.
32[http://www.mvep.hr/en/foreign-politics/multilateral-relationsold/stability-pact-/] (consulté le 21-12-2021).
33Commission des Communautés européennes, 2007, « La synergie de la mer Noire, une nouvelle initiative de coopération régionale ». Bruxelles, 11.04.2007, [https://eeas.europa.eu/archives/docs/enp/pdf/pdf/com07_160_fr.pdf], consulté le 21-12-2021 ; [https://eeas.europa.eu/diplomatic-network/black-sea-synergy_en], consulté le 21-12-2021.
34[https://rm.coe.int/1680719e34], consulté le 21-12-2021.
35[https://www.bstdb.org/], consulté le 21-12-2021.
36[http://www.bscsif.ro/], consulté le 21-12-2021.
37[https://www.pabsec.org/documents.asp?id=2&hl=en], consulté le 21-12-2021.
38[http://www.bsnn.org/], consulté le 21-12-2021.
39Les 24 villes sont : Burgas, Varna, Poti, Batumi, Sukhumi, Le Pirée, Thessalonique, Kavala, Trieste, Tiraspol, Constanţa, Galaţi, Azov, Taganrog, Rostov sur le Don, Stavropol, Anapa, le District de Temryuk, Trabzon, Samsun, Izmit, Odessa, Mykolaiv, Sevastopol, Ilyichevsk, Kherson, Yuzhny, Mariupol, Yalta, Feodosiya. [http://www.ibsc-net.com/index.php?page=home], consulté le 21-12-2021.
40[https://ec.europa.eu/environment/archives/dablas/index_en.htm], consulté le 21-12-2021.
41Mattei Florina Christiana, Combating Terrorism and Organized Crime: South Eastern Europe Collective Approaches, Research Institute for European and American Studies, 2009, p. 14-17, [http://www.rieas.gr/images/rieas133.pdf], consulté le 21-12-2021.
42Cornell Svante E., Jonsson Anna, Nilsson Niklas, Häggström Per, The Wider Black Sea Region: An emerging Hub in European Security, Central Asia-Caucasus Institute and Silk Road Studies Program-A Joint Transatlantic Research and Policy Center, Johns Hopkins University, Washington, Uppsala University, Uppsala, Silk Road Paper, 2006, p. 75-97. [https://www.files.ethz.ch/isn/30268/Wider_Black_Sea_Region.pdf], consulté le 21-12-2021. Chitadze Nika, « The Role of the Caspian Energy Projects in the formation new security environment in the Black Sea/Caspian Region », 2009, [http://www.atlanterhavskomiteen.no/artikkel/11/caucasian-energy-security-and-turkey], consulté le 30-08-2020.
43Tagliapetra Simone, « Rethinking the EU-Turkey Energy Cooperation », Review of Environment, Energy and Economics (Re3), September 2012, [https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2154965], consulté le 21-12-2021.
44Barysch Katynka, « Turkey’s role in European energy security », Centre for European reform, Essays, 2007, [https://www.cer.eu/publications/archive/essay/2007/turkeys-role-european-energy-security], consulté le 21-12-2021.
45[http://www.railway-technology.com/projects/baku-tbilissi-kars/], consulté le 30-08-2020 ; [http://www.railway-technology.com/news/newsgeorgian-section-of-baku-tbilissi-kars-railway-completed], consulté le 30-08-2020.
46Lussac Samuel, « The Baku-Tbilissi-Kars Railroad and Its Geopolitical Implications for South Caucasus », Caucasian Review of International Affairs, vol. 2, no 4, 2008, p. 212-224, [https://www.academia.edu/220716/The_Baku_Tbilisi_Kars_Railroad_And_Its_Geopolitical_Implications_for_the_South_Caucasus], consulté le 21-12-2021.
47Barysch Katynka, « Turkey’s Role in European Energy Security », Centre for European reform, Essays, 2007 [https://www.cer.eu/publications/archive/essay/2007/turkeys-role-european-energy-security], consulté le 21-12-2021.
48[https://www.politico.eu/article/politics-dog-eus-quest-for-gas/], consulté le 21-12-2021.
49Oil & Gas Eurasia, January 3, 2013, [http://www.oilandgaseurasia.com/news/tanap-strengthen-role-turkey-europes-energy-security-erdogan], consulté le 30-08-2020.
50[http://www.nabuccopipeline.com/portal/page/portal/en/press/NewsText?p_item_id=A297E805CEADAB20E040A8C002017939], consulté le 30-08-2020 ; « SOCAR-Turkey: TANAP to be commissioned in 2018 », The Journal of Turkish Weekly, 15 December 2012, [http://www.turkishweekly.net/news/145747/socar-turkey-tanap-to-be-commissioned-in-2018.html], consulté le 30-08-2020.
51[https://www.tap-ag.com/], consulté le 21-12-2021.
52Hurriyet Daily News, 2 July 2013, [http://www.hurriyetdailynews.com/PrintNews.aspx?PageID=383&NID=49917], consulté le 30-08-2021.
53Chitadze Nika, « Geopolitical Realities in the Black Sea/Caspian Region after Georgia-Russia War », Silk Road International Conference “Globalization and Security in Black and Caspian Seas Regions” Tbilissi, Batumi, GEORGIA May 27, 2011 – May 29, 2011, [https://www.yumpu.com/en/document/view/35122495/nika-chitadze-geopolitical-realities-in-the-black-sea-caspian-], consulté le 30-08-2020.
54Barysch Katynka, « Should the Nabucco pipeline project be shelved? », Centre for European Reform, Transatlantic Academy, Policy brief, 2010, p. 10, [https://www.cer.eu/sites/default/files/publications/attachments/pdf/2011/pb_nabucco_5may10-221.pdf], consulté le 21-12-2021.
55Özdemir Volkan, « The Blue Stream Natural Gas Pipeline: Implications on Energy Security and Foreign Policy », OAKA, 2007, cilt 2, sayı 3, p. 135-148, [http://www.acarindex.com/dosyalar/makale/acarindex-1423910596.pdf], consulté le 21-12-2021.
56Barysch Katynka, « Turkey’s Role in European Energy Security », Centre for European reform, Essays, 2007, p. 4-5, [https://www.cer.eu/publications/archive/essay/2007/turkeys-role-european-energy-security], consulté le 21-12-2021.
57[https://fr.sputniknews.com/20110302/188758695.html], consulté le 21-12-2021.
58Socor Vladimir, « Turkey Sees Opportunity in Trans-Caspian Gas Pipeline Project », Eurasia Daily monitor, vol. 9, Issue 164, 2011, [https://jamestown.org/program/turkey-sees-opportunity-in-trans-caspian-gas-pipeline-project/], consulté le 21-12-2021.
59Lussac Samuel, Géopolitique du Caucase, Au Carrefour énergétique de l’Europe de l’Ouest, Paris, Éditions Technip, 2010, chapitre 8.
60[http://www.inogate.org/], consulté le 21-12-2021.
61[http://www.traceca-org.org/en/home/], consulté le 21-12-2021.
62[http://www.kazakhembus.com/in_the_news/central-asias-market-to-open-with-baku-Tbilissi-kars-railway], consulté le 30-08-2020.
63Roger Ludwig, « Coopération économique dans la mer Noire. Vers une Grande Europe », Revue Regard sur l’Est, no 57, 2011, [https://regard-est.com/cooperation-economique-de-la-mer-noire-vers-une-grande-europe], consulté le 21-12-2021.
64Rozoff Rick, « Black Sea: Pentagon’s Gateway to Three Continents and the Middle East », [https://www.voltairenet.org/article159192.html?var_mode=calcul], consulté le 21-12-2021.
Auteur
CNRS.
Françoise Rollan est directrice de recherche émérite du CNRS. CNRS, EEE (UMR 5222). [Francoise.Rollan@msha.fr].

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2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008