Chapitre I. Sociabilités et réseaux universitaires féminins au tournant du xxe siècle
p. 25-52
Texte intégral
« Nous devrions avoir, dit Miss Spurgeon, une fédération internationale des femmes diplômées des universités, comme cela nous aurons au moins fait tout ce que nous pouvons pour prévenir une autre catastrophe. Nous nous sommes regardées avec Miss Sidgwick : “Je suppose alors que je dois rassembler les associations de Collegiate Alumnae”, ai-je dit. Rose Sidgwick ajouta : “et nous devons retourner chez nous et parler avec la Fédération britannique des femmes diplômées des universités”. »
Virginia Gildersleeve, 19541.
1Cet échange entre l’Américaine Virginia Gildersleeve et deux Britanniques, Caroline Spurgeon et Rose Sidgwick, est resté célèbre car il marque le début de la Fédération internationale des femmes diplômées des universités (FIFDU). Les trois femmes se rencontrent pour la première fois en 1918 aux États-Unis, Caroline Spurgeon et Rose Sidgwick ayant été mandatées par leur Gouvernement, avec d’autres professeurs d’université, pour se rendre en Amérique du Nord et tisser des liens officiels entre les universités britanniques, canadiennes et américaines. De ces premiers contacts naissent non seulement une amitié sincère entre Gildersleeve et Spurgeon, mais aussi le projet d’une fédération regroupant les femmes diplômées des universités à l’échelle internationale dans le but de promouvoir l’accès des femmes à l’éducation supérieure et aux professions scientifiques afin de leur permettre de peser sur l’échiquier international.
2Fondée aux lendemains de la Première Guerre mondiale, la FIFDU affiche des ambitions internationalistes qui s’inscrivent dans la mouvance de la Société des Nations (SDN) et de la Commission internationale de coopération intellectuelle (CICI). Cet engagement correspond à ce que les historiens qualifient de « première vague2 » dans la mise en place de mouvements féminins internationaux, qui débute à la fin des années 1880, avec la fondation du Conseil international des femmes, et s’achève au début de la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit, dans ce premier chapitre, de comprendre dans quel climat idéologique, culturel, social et économique s’est élaboré le projet de la FIFDU et de se pencher sur ses principes fondateurs. Dans quelle mesure, dans ces années fondatrices, s’invente une nouvelle catégorie sociale, celle des university women ? Qui sont-elles et quels sont leurs champs d’action ?
3Après avoir rappelé quelques éléments contextuels et comparatifs sur les universités dans les sociétés occidentales et la place que les femmes y tiennent, ce chapitre s’intéresse aux racines (anglo-américaines) du mouvement des university women, par le biais de ce que l’on pourrait qualifier de « proto-histoire » de la FIFDU. Le premier congrès organisé à Londres en 1920 marque une étape essentielle non seulement dans le processus d’institutionnalisation du mouvement, mais également dans son expansion et sa diffusion à l’échelle de diverses nations. En creux de la définition des objectifs, des principes fondateurs et des conditions d’adhésion de la FIFDU se construit une nouvelle identité collective, celle des university women. Le dernier point de l’analyse se consacre à l’étude de cette identité collective, en réfléchissant notamment aux liens qu’entretient la FIFDU avec les mouvements internationalistes, pacifistes et féministes dans la période de l’entre-deux-guerres.
Les femmes et l’Université au tournant du xxe siècle : quelques éléments de comparaison
4Alors que les universités sont longtemps demeurées des bastions masculins, les années 1870-1880 voient l’apparition des premières étudiantes en Europe et en Amérique du Nord. Ce mouvement s’amorce dès la fin des années 1860, lorsque les universités de Zurich et de la Sorbonne ouvrent pour la première fois leurs portes à des étudiantes3. Si la Suisse se place à l’avant-garde de ce phénomène, ce dernier est ambigu : l’accès aux universités concerne majoritairement des étudiantes étrangères, le plus souvent russes, les étudiantes nationales étant laissées pour compte. En France, Julie-Victoire Daubié devient la toute première bachelière en 1861 et remporte, tout du moins en théorie, le droit de s’inscrire dans une université, mais elle doit faire face à de nombreux blocages mentaux et institutionnels qui l’empêchent de suivre les cours dispensés à la Sorbonne4. Ce n’est que dix ans plus tard, après avoir étudié en autodidacte, qu’elle est autorisée à s’inscrire et obtient, la même année, une licence ès-lettres. Malgré le précédent qu’offre en France l’exemple de Julie-Victoire Daubié, il faut attendre 1880, année de promulgation de la loi Camille Sée mettant en place les lycées de jeunes filles, pour que l’accès des femmes aux universités commence à se généraliser en France5.
5L’accès des femmes à l’enseignement supérieur suit différentes chronologies en fonction des contextes nationaux mais aussi des champs disciplinaires. Aux États-Unis, les premiers women colleges sont fondés dans la seconde moitié du xixe siècle, en réponse à la demande accrue d’une éducation supérieure pour les femmes et à un moment où les universités du pays sont encore quasi exclusivement réservées aux hommes6. Jusqu’alors, la justification de l’accès des femmes à un enseignement plus poussé reposait sur l’idée de fournir de meilleures épouses et de meilleures mères à la République américaine, un argument que mobilise notamment Emma Hart Willard, pionnière dans la promotion de l’éducation des femmes dans les États-Unis des années 1820 et 18307. Si cette stratégie s’est révélée payante dans la première moitié du xixe siècle, elle ne suffit plus pour justifier l’amélioration de l’instruction dispensée dans les institutions réservées aux femmes. Pour Margaret Rossiter, la fondation du Vassar College à Poughkeepsie dans l’État de New York en 1865 marque un tournant décisif dans l’éducation supérieure des femmes, cette institution leur offrant pour la première fois une formation universitaire complète8. Sur le modèle du Vassar College, plusieurs autres colleges pour femmes sont créés au cours des années 1870 et 1880, tels que le Smith College en 1871, le Wellesley College en 1875 ou encore le Bryn Mawr College en 1885. Ces women colleges fonctionnent souvent en étroite collaboration avec les grandes universités reconnues du pays, à l’instar du Barnard College à New York, fondé en 1889, affilié à l’université de Columbia dès 19009.
6De telles institutions réservées aux femmes se retrouvent au Royaume-Uni : le Queen’s College est fondé en 1848 et le Bedford College un an plus tard, tandis que Girton, associé à l’université de Cambridge, ouvre ses portes en 1869. Dans les années 1870 et 1880, les universités britanniques s’ouvrent peu à peu aux femmes : celle de Londres décerne des diplômes aux étudiantes à partir de 1878, celle de Manchester à partir de 1883, et les quatre universités écossaises leur emboîtent rapidement le pas10. En 1900, les étudiantes représentent ainsi 16 % de la population estudiantine en Angleterre11.
7Les pays du Nord de l’Europe connaissent une dynamique semblable. Aux Pays-Bas, Aletta Jacobs devient la première femme admise dans une université, en s’inscrivant à Groningen en 187112. Danoises et Suédoises reçoivent le droit de s’inscrire respectivement en 1873 et 1875. En Norvège, il faut attendre la loi Thoresen, du nom de la première femme admise à l’université d’Oslo, Ida Cecilia Thoresen Krog, pour que les femmes puissent s’inscrire à l’université. En 1912, elles représentent près de 25 % de la population étudiante norvégienne, un chiffre à replacer dans un contexte économique et social plus large13. La Norvège passe en effet, entre 1870 et 1920, de l’état de société agraire à celui de société industrielle, avec en corollaire un exode rural important, une forte émigration (essentiellement masculine) vers les États-Unis entraînant une surreprésentation des femmes dans la nation14. La formation universitaire à laquelle elles accèdent est perçue par l’ensemble de la société comme une nécessité, leur permettant de pouvoir subvenir à leurs besoins, et répond, dans le même temps, à une demande de plus en plus accrue dans le secteur des services tels que l’éducation, le domaine des soins ou le travail de bureaux.
8Alors que dans le premier tiers du xxe siècle, une vague de féminisation conquiert peu à peu l’ensemble des universités européennes, cette conquête ne s’est pas faite de manière univoque, ni sans remous. L’ouverture de l’accès aux universités génère de nombreux débats qui ont porté, tout au long des xviiie et xixe siècles, sur l’éducation appropriée pour les femmes. La teneur de ces débats reflète un questionnement plus large portant sur la place qu’elles doivent occuper dans la société et les contemporains s’interrogent sur l’utilité d’une formation universitaire pour les femmes. Certains craignent une dénaturation de la féminité ; ils voient dans cette rupture de l’idéal domestique de l’époque un danger pour l’équilibre genré de la société. En effet, avec l’entrée des femmes à l’université, se pose la question du droit pour les femmes d’obtenir des diplômes universitaires et donc d’investir des professions qui étaient jusque-là chasse gardée des hommes.
9Cette peur de la disparition des frontières de genre est visible à travers la multiplication de caricatures représentant la figure de l’étudiante au tournant du xxe siècle. L’étude que fait Christine Myers des caricatures parues dans le journal étudiant de Glasgow à la veille de l’incorporation du Queen Mary College à l’université de la ville, en 1890, met en exergue la peur ressentie par une partie de la population face à l’éducation supérieure des femmes15. Les étudiantes adopteraient des comportements virils et dangereux, seraient trop peu attirantes pour se marier, trop faibles pour porter un enfant : l’idée d’une impossible conciliation entre la formation universitaire et une vie familiale fait son chemin dans les esprits. Des caricatures de même facture se retrouvent dans différents contextes nationaux. En Norvège, un dessin paru dans le journal Vikingen en 1870 illustre le lien supposé entre l’éducation supérieure des femmes et la perte de la féminité qui conduirait à l’inversion de l’ordre naturel.
Fig. 1. – « Les femmes norvégiennes enterrent la féminité », Vikingen, 1870.

Source : Universitetshistorisk fotobase, Museum for Universitets- og vitenskapshistorie, Oslo.
10La caricature met ainsi en scène quatre femmes vêtues comme des hommes (costume, pantalon, chapeau haut de forme et bottes) et se comportant comme tels (elles fument et l’une d’entre elles porte sous le bras un club de golf, un sport masculin). Elles portent un cercueil sur lequel est écrit Kvindeligheden, « féminité », et le titre « Les dames norvégiennes enterrent la féminité » est sans équivoque : le dessinateur pointe la dénaturation de la nature féminine du fait de l’entrée des femmes à l’université. Selon son point de vue, les étudiantes sont amenées à se comporter comme des hommes, à adopter des traits masculins au détriment de la vertu féminine : autant de transgressions des normes genrées16.
11La peur d’une virilisation des femmes au contact des hommes ou encore les risques d’une promiscuité induite par la mixité de l’éducation supérieure influencent les débats sur la coéducation de l’époque. La mixité pose problème au sein même de l’université, certains professeurs et étudiants refusant ce qu’ils perçoivent comme une invasion féminine. Lorsqu’en 1897 Blanche Edwards devient la première femme interne des hôpitaux de France, les étudiants la brûlent en effigie17. En Angleterre, bien qu’il n’existe pas officiellement de distinction de sexe dans les universités, Carol Dyhouse souligne la manière dont les premières générations d’étudiantes doivent garder profil bas et sont presque systématiquement exclues des clubs étudiants18. L’expérience suisse de la mixité sert d’exemple à d’autres universités européennes, tout particulièrement en Allemagne tandis que les témoignages des premières étudiantes américaines présentes dans les institutions suisses au cours des années 1870 alimentent le débat sur la coéducation aux États-Unis19.
12En outre, alors que les femmes gagnent peu à peu le droit de s’inscrire à l’université et d’obtenir des diplômes, leur intégration varie selon les facultés. Certaines disciplines s’ouvrent rapidement aux étudiantes, à l’instar de la médecine, des sciences ou des langues vivantes. En Angleterre, les étudiantes se dirigent majoritairement vers les « Arts », se destinant pour la plupart à l’enseignement20. Plus prometteuses en termes de débouchés et d’emploi, ces disciplines correspondent également à l’image des femmes dans la société au tournant du xxe siècle et à leurs supposées qualités spécifiques21. Les études de droit ou de théologie, en revanche, demeurent des bastions masculins. Dans le cas de la France et dans les autres « centres » universitaires européens, la présence massive d’étudiantes étrangères, véritables pionnières, ouvre la voie aux autochtones. En 1870 à Paris, rappelle Carole Christen-Lécuyer, 71,3 % des étudiantes sont des étrangères22. Ce phénomène correspond à ce que Patrick Ferté qualifie de « face sombre » de la peregrinatio academica heureuse (l’exemple du Grand Tour), ce qui révèle des logiques discriminantes23. Le départ des femmes pour des universités étrangères traduit souvent le manque d’opportunités auquel elles sont confrontées dans leur pays d’origine.
13Dans le premier quart du xxe siècle, le nombre d’étudiantes continue à croître, si bien que la population féminine dans les universités européennes, bien que toujours minoritaire, cesse d’être anecdotique et cette tendance s’accentue aux lendemains de la Première Guerre mondiale. Le passage de l’amphithéâtre à la chaire demeure toutefois une exception : dans les années 1910 et 1920, seule une poignée de pionnières parviennent à être élues professeures d’université. Dans les pays anglo-saxons, il reste difficile pour les femmes d’accéder à un poste universitaire en dehors des women colleges24. Mais en dépit de cette persistance des obstacles pour des carrières féminines à l’université, les femmes diplômées sont devenues une réalité dans de nombreux pays. La mise en place d’associations d’anciennes élèves et de réseaux universitaires féminins rend compte de cette identité de groupe qui émerge peu à peu entre la fin du xixe siècle et le début du xxe siècle, tandis que le lien entre l’éducation des femmes et l’émancipation féminine est de plus en plus souvent mis en avant par les féministes25. C’est dans ce contexte que l’apparition et le développement du mouvement de femmes diplômées des universités doivent être replacés.
L’avènement de l’International Federation of University Women
14Les mouvements féminins universitaires d’ampleur internationale prennent racine dans ce que l’on peut appeler les premiers contacts internationaux : des réseaux d’interconnaissances sont entretenus et développés par des femmes qui voyagent et qui écrivent, que ce soient des ouvrages scientifiques, des articles ou des lettres personnelles envoyées de par le monde, et préparent ainsi la voie à l’émergence de réseaux de nature plus formelle. Alors que se mettent en place, au tournant du xxe siècle, les premières associations d’anciennes élèves, leur champ d’action se limite le plus souvent à l’échelle locale voire nationale. Dans le premier quart du xxe siècle, on assiste à un processus d’internationalisation de ce mouvement de femmes diplômées d’université. Après s’être attachée à comprendre les ressorts de ce processus d’internationalisation, avant que la FIFDU ne soit officiellement fondée, l’analyse se concentre sur les premières années d’existence et le fonctionnement de l’organisation, et en particulier sur le premier congrès international organisé à Londres en 1920, qui marque ainsi une étape décisive dans l’institutionnalisation du mouvement des university women.
Aux origines des university women
15Le mouvement des university women est né aux États-Unis dans le dernier tiers du xixe siècle lorsqu’en 1881, à l’initiative de Marion Talbot et Ellen Richards, une vingtaine d’anciennes élèves des women Colleges américains se réunissent à Boston afin d’évoquer les problèmes rencontrés par les femmes diplômées aux États-Unis. Au cours de ce premier rendez-vous informel, les participantes décident d’organiser une large réunion l’année suivante afin de discuter de la possibilité d’organiser une association destinée aux femmes diplômées des women Colleges. Selon Marion Talbot et Lois Rosenberry, qui publient en 1931 une histoire de l’Association américaine des femmes diplômées des universités (ou American Association of University Women, AAUW), 70 anciennes élèves des colleges de la côte Est des États-Unis répondent à cette invitation et se retrouvent le 14 janvier 1882 à Boston26. Cette date marque le début de la toute première organisation de femmes diplômées des universités au monde.
16Le but principal de la jeune Association of College Alumnae (ACA) est d’œuvrer « pour le développement des chances des femmes dans l’enseignement supérieur et au travail27 » mais aussi de les défendre contre les marques d’hostilité et de suspicion à leur encontre. L’ACA constitue une sorte de « groupe de pression28 » avant l’heure, pour reprendre l’expression de Margaret Rossiter, visant à défendre l’intérêt des femmes munies d’un bagage universitaire. Les membres fondateurs de l’association, telles que Ellen Richards, chimiste et initiatrice du champ de l’économie ménagère (home economics), ou Christine Ladd-Franklin, mathématicienne et logicienne américaine, sont personnellement convaincues de la nécessité d’une telle organisation. Leurs parcours universitaires portent les marques des discriminations genrées : bien qu’ayant rempli toutes les conditions pour obtenir un doctorat à l’université Johns Hopkins, C. Ladd-Franklin se voit refuser ce diplôme en 1883. Ce n’est qu’en 1927, soit quarante-quatre ans plus tard, que la mathématicienne peut enfin l’obtenir29.
17La question de l’accès des femmes aux études à l’étranger est le point central évoqué lors de la réunion de l’ACA tenue en 1885. Si certains de ses membres ont eu l’opportunité d’aller étudier en Europe, l’obtention d’un diplôme étranger ne relève pas de l’évidence. Martha Carey Thomas (1857-1935), par exemple, séjourne en Europe grâce au soutien financier de sa famille. En 1882, elle parvient à obtenir un diplôme en linguistique à l’université de Zurich, mais après que ce diplôme lui a été refusé à Leipzig. Alors qu’il existe des bourses destinées à aider les étudiants américains à se rendre dans les universités allemandes, de nombreuses femmes américaines n’ont pu bénéficier d’un financement extérieur et, tout comme Martha Carey Thomas, ont dû compter sur leurs propres ressources ou celles de leur famille pour entreprendre un tel voyage30. Afin de remédier à cette inégalité et d’offrir les mêmes opportunités de carrière aux femmes diplômées aux États-Unis, Ladd Franklin propose en 1888 de mettre en place un programme de bourses d’études supérieures afin de permettre aux femmes d’étudier à l’étranger. Un tel programme constitue, pour reprendre l’expression récurrente dans les discours des dirigeantes, un entering wedge (que l’on pourrait traduire par angle d’entrée) pour les femmes américaines qui espèrent mettre à profit leur expérience dans les universités étrangères pour développer leurs opportunités aux États-Unis. En intégrant les systèmes universitaires étrangers, les dirigeantes de l’ACA espèrent aussi contribuer à faciliter l’accès des femmes de ces pays à leurs propres universités31. Sur le modèle de l’ACA, des associations d’university women se mettent en place dans d’autres États américains, à l’instar de la Western Association of Collegiate Alumnae, fondée en 1883.
18De l’autre côté de l’Atlantique, les femmes britanniques s’organisent également. La British Federation of University Women (BFUW) voit le jour en 1907, un quart de siècle après la fondation de l’organisation américaine. Elle est fondée à l’initiative d’Ida Smedley Maclean, assistante de maître de conférences (assistant lectureship) en chimie à l’université de Manchester, qui réunit, en mars 1907, dix-sept femmes diplômées d’universités anglaises. Le but de la réunion est de discuter « des difficultés rencontrées [par les femmes] pour obtenir des financements de recherche et l’apparente impossibilité de promotion des femmes dans la vie académique32 ». Deux mois plus tard, le projet d’une fédération s’officialise, donnant naissance à la BFUW. L’organisation a pour objectif, selon sa constitution, « d’encourager la production, par des femmes, de travaux de recherche indépendants, de faciliter l’intercommunication et la coopération entre les femmes des différentes universités, et de stimuler les intérêts des femmes dans la vie municipale et publique33 ». La fédération britannique élargit rapidement son aire d’action : en 1909, ses bureaux, jusqu’alors installés à Manchester, sont déménagés à Londres. Ce déplacement témoigne, selon l’historienne Carole Dyhouse, du changement d’échelle de la BFUW qui, d’organisation locale, devient alors réellement nationale. Aux côtés d’Ida Smedley Maclean, la première présidente de la BFUW, on trouve d’autres figures féminines du monde universitaire britannique qui allaient occuper une place importante au sein de la FIFDU, à l’instar de Winifred Cullis, tout juste diplômée en médecine et amie intime de Smedley Maclean. Comme le montre leur exemple, les connexions personnelles et les amitiés formées sur les bancs des universités jouent un rôle non négligeable dans la constitution de tels réseaux.
19Tout comme leurs consœurs américaines, les membres de la BFUW soulèvent très tôt la question du manque de financements pour la recherche à disposition des étudiantes britanniques. En 1909, Winifred Cullis est chargée par la BFUW de mener une étude sur ces opportunités de financement, les résultats de l’enquête encourageant les fondatrices de la Fédération britannique à mettre en place un programme de bourses d’études supérieures. Ce programme est financé grâce aux contributions des membres de la BFUW mais aussi par des aides extérieures et il permet d’attribuer une première bourse, d’une valeur de 150 livres, aux femmes ayant des publications à leur actif et démontrant des capacités scientifiques34. L’utilité de ces bourses est rapidement démontrée : trois des cinq boursières récompensées entre 1912 et 1916 ont été par la suite promues au rang de professeure dans une université britannique, l’une d’entre elles n’étant autre que Caroline Spurgeon, fondatrice et première présidente de la FIFDU.
20Si les organisations américaine et anglaise posent les bases de la future FIFDU, la Première Guerre mondiale joue un rôle important dans l’internationalisation du mouvement des university women. Pour reprendre l’expression de Nicole Fouché, le conflit aurait servi de catalyseur d’initiatives et de rapprochements internationaux. Du fait de l’échec des revendications et des politiques nationales, des « solutions internationales35 » sont mises au jour, auxquelles les femmes souhaitent prendre part. Le caractère à la fois mondial et total du conflit mobilise pour la première fois l’ensemble de la population. En secondant les hommes qui combattent au front, les femmes participent à l’effort de guerre, saisissant l’opportunité de prendre part à la vie publique de leur pays. Aux États-Unis, les university women se mobilisent de manière conjointe aux grandes universités pour participer à l’effort national, dès 1917, avant que le pays n’entre en guerre. Cette contribution féminine dans les pays engagés dans le conflit constitue également un moyen de justifier le bien-fondé de l’éducation des femmes et de démontrer qu’elles sont à même de prendre part au processus décisionnel et d’agir en leaders au cours de périodes de crises sociales ou politiques36.
L’émergence d’un mouvement universitaire international au féminin
21Alors que l’existence d’organisations féminines à l’échelle internationale remonte bien avant la Première Guerre mondiale, l’impact du conflit se mesure aussi bien dans le changement d’objectif des organisations existantes que dans l’avènement de nouvelles organisations qui se réclament du mouvement internationaliste. La nouvelle aspiration des femmes, au terme du conflit, est de sauvegarder la paix et d’œuvrer pour le pacifisme, là où les hommes ont échoué et sont morts par centaines de milliers. Si Gabrielle Duchêne écrit dans la Charte internationale de la femme (1919) que « les femmes, par l’éloignement où elles ont été tenues des affaires publiques, demeurent irresponsables du passé37 », Christine Bard souligne l’influence insidieuse mais bien réelle de la culpabilité comme « une des sources les plus puissantes, bien que la moins avouable, du pacifisme qui se développe chez les féministes dans l’entre-deux-guerres38 ». Les blessures laissées par la guerre servent l’expansion, dans les années 1920, du modèle associatif américain et expliquent en partie la reprise et le développement des relations internationales féminines, autour d’un féminisme qui se veut « le symbole de la paix et de l’amitié entre les femmes du monde entier39 » ainsi que l’essor des associations pacifistes promouvant la paix et le droit. L’après-guerre fait ainsi surgir l’espérance d’un nouveau monde, un monde de paix et d’égalité, et notamment entre les sexes, que les femmes doivent participer à construire. De nouveaux objectifs apparaissent, dont la promotion, à l’échelle internationale, du droit de vote mais aussi du droit à l’éducation supérieure pour les femmes. Les university women trouvent dès lors pleinement leur place dans ce mouvement d’après-guerre, promouvant notamment la mise en place d’échanges d’étudiantes et de professeures afin d’élargir les opportunités des femmes, mais aussi de promouvoir un esprit international, maître-mot des années d’après-guerre.
22Le conflit mondial a par ailleurs entraîné la mise en place de nouvelles alliances. Alors qu’au tournant du xxe siècle les universités allemandes captaient une large part des flux estudiantins, en provenance notamment des États-Unis, la tendance s’inverse rapidement aux lendemains de 1918. Avec leur entrée dans la guerre, les États-Unis ont réorienté leurs échanges internationaux en direction de leurs alliés, la Grande-Bretagne et la France. En 1917, le Conseil national pour l’éducation américain encourage le gouvernement britannique à envoyer une délégation d’universitaires aux États-Unis, afin de fortifier la relation entre les deux pays. L’année suivante, le gouvernement britannique met en place une « mission éducative », composée d’éminents universitaires, parmi lesquels, on l’a vu, Caroline Spurgeon et Rose Sidgwick, lectrice en histoire à l’université de Birmingham. Les deux envoyées s’intéressent particulièrement à l’éducation supérieure des femmes aux États-Unis, la comparant avec la situation en Grande-Bretagne.
23Lors de leur périple, elles sont invitées par les membres de l’ACA à participer à la réunion annuelle de l’organisation, convoquée le 6 décembre 1918 au Radcliffe College de Boston. Durant la réunion sont abordées notamment différentes possibilités pour mettre en place des échanges entre les deux pays40. L’idée est chère à deux des membres du comité chargé des relations internationales de l’association américaine, Virginia Gildersleeve et Martha Carey Thomas, présidente du Bryn Mawr College. Quelques mois auparavant, elles avaient évoqué la possibilité de créer une fédération rassemblant les university women du monde entier41. Pour Virginia Gildersleeve, il s’agit de mettre sur pied un réseau de femmes, diplômées et cultivées, aptes à défendre l’intérêt de toutes. La construction de ce réseau doit passer par la mise en contact et la coopération intellectuelle de ces femmes diplômées et par la promotion de l’éducation supérieure des jeunes filles42. En mettant en place une élite intellectuelle féminine, les membres de ce qui deviendra la FIFDU espèrent investir les organes décisionnels et féminiser la classe politique. Selon leur logique, c’est en intégrant les groupes dirigeants, à l’échelle nationale mais aussi internationale, que les femmes diplômées seront le plus à même de promouvoir le droit des femmes et de faire aboutir leurs revendications. L’internationalisation est une conséquence de la guerre : afin d’éviter un nouveau conflit mondial, il s’agit de transcender les nationalismes et de promouvoir une amitié, un respect et une coopération qui outrepassent les frontières. Des logiques comparables se repèrent dans l’expansion d’organisations telles que les Conseils nationaux de femmes, coiffés par un Conseil international des femmes (CIF), ou encore la réunion des élites intellectuelles de différentes nationalités dans le cadre de la Commission internationale de coopération intellectuelle (CICI).
24À son retour en Angleterre, Caroline Spurgeon publie les résultats des observations faites avec sa consœur et souligne notamment le besoin urgent de mettre en place des systèmes d’échanges entre étudiantes américaines et britanniques. La toute première bourse permettant à ces dernières de se rendre aux États-Unis prend le nom de Rose Sidgwick, en l’honneur de la représentante britannique décédée de la fièvre espagnole avant son retour en Europe. Forte de sa connaissance du système universitaire américain, Spurgeon tente de convaincre le gouvernement britannique « d’exercer des pressions » sur les universités d’Oxford et de Cambridge afin qu’elles ouvrent leur cursus et accordent des diplômes aux femmes car, écrit-elle dans son rapport, « il s’agit désormais d’une question d’importance aussi bien internationale que nationale43 ».
25En 1919, les membres de la BFUW mettent en place un Comité des relations internationales et invitent leurs consœurs américaines à se rassembler au cours de l’été. Cette première réunion ne regroupe pas seulement les membres des associations déjà en relation ; les Canadiennes sont également encouragées à envoyer des déléguées. Les sessions tenues en Angleterre donnent dès lors naissance à l’International Federation of University Women, le 11 juillet 1919 et la date du premier congrès international est fixée pour l’année suivante. Le projet des fondatrices va plus loin que de regrouper les associations déjà existantes : il s’agit de susciter l’intérêt des femmes diplômées dans le monde entier et de promouvoir la création d’associations semblables dans les pays qui n’en disposent pas encore. Si l’histoire de la FIFDU débute officiellement avec la première conférence internationale qui se déroule à Londres en 1920, l’année qui précède est d’une importance primordiale, car elle pose les bases de ce que deviendra la FIFDU.
Réseaux de femmes
26Le processus d’internationalisation du mouvement des university women se prête tout particulièrement à une analyse des réseaux et permet de se plonger dans une histoire « connectée », à même de « briser les compartimentages » des histoires nationales et de faire émerger « les modes d’interaction entre le local, le régional et le supranational44 ». En dehors des pays anglo-saxons, l’internationalisation du mouvement repose sur la mobilisation de réseaux informels préexistants et la mise en place de nouvelles connexions. Les archives personnelles de Virginia Gildersleeve, conservées dans les collections de l’université de Columbia à New York, nous éclairent sur la manière dont les fondatrices de la FIFDU qui n’est encore, aux lendemains de la réunion de Londres en 1919, qu’à l’état embryonnaire, entreprennent de renforcer les liens existants et de créer de nouveaux contacts internationaux.
27Lorsque Gildersleeve retourne aux États-Unis après avoir passé l’été à Londres, elle rédige un rapport informel et l’envoie à Lois Rosenberry, alors présidente de l’ACA, afin de lui rendre compte des décisions prises lors des réunions avec les membres de la BFUW. Elle se réjouit, dans ce texte, de voir que les ambitions et les idéaux internationalistes sont partagés par les classes intellectuelles des deux côtés de l’Atlantique et insiste tout particulièrement sur le rôle qui incombe aux femmes universitaires dans la production de leaders incarnant ces valeurs d’après-guerre. Cette vision est celle que l’on retrouve dans la première version de la constitution de la FIFDU rédigée en 1919 :
« Elles [les membres des associations américaine et britannique] en sont convaincues : aujourd’hui, en ce moment plus que jamais auparavant dans le monde, c’est une heure pour les femmes, pour qu’un projet soit lancé en cette époque propice. En Europe, non seulement les femmes ont plus que jamais un avantage numérique, mais à cette heure les hommes sont, à un degré jamais vu jusqu’à ce jour, complètement absorbés dans des problèmes politiques et industriels. Une entente réelle entre groupes de femmes éduquées de différents pays, avec leurs larges sphères d’influence, peut réduire considérablement les risques de guerres futures45. »
28Des deux côtés de l’Atlantique, des mesures sont prises pour internationaliser le mouvement et rassembler les associations nationales. L’élection de Caroline Spurgeon à la tête de ce qui deviendra la FIFDU est perçue par Gildersleeve comme une preuve de cette volonté de rapprochement anglo-américain : l’Anglaise, qui a parcouru les États-Unis lors de son précédent voyage, incarne en effet ce projet d’internationalisation des university women46. Les Américaines, de leur côté, œuvrent pour la consolidation des liens entre les deux organisations. Au nom de l’ACA, les déléguées américaines à la réunion de 1919 à Londres invitent en retour la BFUW à envoyer des déléguées aux États-Unis, afin qu’elles complètent la mission entamée par Spurgeon et Sidgwick un an auparavant. Comme l’explique Gildersleeve, il s’agit d’inspirer et de mobiliser les university women sur l’ensemble du territoire américain autour du projet de la FIFDU, en leur donnant l’opportunité de rencontrer leurs consœurs d’un autre continent.
29Afin de rendre l’Association américaine réellement internationale, Gildersleeve propose d’en modifier le nom. Elle estime en effet que ce nom n’est plus adapté à ses ambitions internationalistes, le terme de Collegiate Alumnae n’ayant pas d’équivalent dans le système britannique et étant difficilement traduisible dans d’autres langues. Sous ce changement de nom, c’est aussi l’idée d’un rassemblement, sous une même bannière, des différents clubs d’anciennes élèves existant aux États-Unis, comme la Southern Association of College Women, qui se profile. C’est finalement le nom d’American Association of University Women (AAUW) qui est retenu en 1920.
30Entre 1919 et 1920, des représentantes des university women sont mandatées pour établir des contacts avec des femmes diplômées d’Europe susceptibles d’être intéressées par le projet de la FIFDU. Martha Carey Thomas obtient une année sabbatique afin de voyager à travers l’Espagne, la France et l’Italie ; par le biais de ces contacts, elle espère recruter de possibles dirigeantes à même de fonder des associations dans leur pays. L’analyse du rapport que rédige l’Américaine en 1920 permet de comprendre les enjeux et les stratégies élaborées pour promouvoir l’internationalisation du mouvement et de percevoir l’importance des relations interpersonnelles dans ce processus. Rendant compte de la manière dont elle a pris contact avec des personnes dans les différents pays dans lesquels elle s’est rendue, Martha Carey Thomas souligne l’importance de s’adresser aux personnes appropriées, à des interlocutrices fiables. Lors de son séjour à Paris, par exemple, l’Américaine prend contact avec des représentants de l’Alliance universitaire franco-américaine, tels le professeur Charles Petit-Dutaillis, directeur du comité chargé des relations entre la France et les universités étrangères, ou le professeur Charles E. Vibert, directeur de l’Union des Universités américaines en Europe. Tous deux lui recommandent de s’adresser à « Mademoiselle Anne Amieux », qui vient alors tout juste d’être nommée à la direction de l’École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres, « le poste universitaire le plus prestigieux jamais occupé par une femme47 ». Après s’être entretenue avec Amieux dans les jardins de Sèvres, Carey Thomas livre ses impressions sur la française :
« Elle me semble être la personne idéale pour ce que nous nous proposons, et possède le haut niveau universitaire approprié. Elle sera enchantée d’organiser la fédération française […]. Je pense qu’on peut lui faire confiance pour s’entourer des femmes qualifiées pour organiser une telle fédération de la bonne manière […]. De plus, sa position universitaire est telle que tout le monde comprendra pourquoi on lui a demandé d’être responsable de l’organisation et sera heureux de coopérer avec elle48. »
31Poursuivant son tour européen en Espagne, l’Américaine rencontre Maria de Maeztu, fondatrice et directrice de la Residencia de Señoritas et directrice de la Madrid School for Girls, fondée et financée par les États-Unis et notamment par les colleges pour femmes américains. Tout comme Amieux, Maria de Maeztu se montre, d’après le rapport de Carey Thomas, très enthousiaste concernant le projet d’une fédération internationale, voyant dans l’établissement de relations internationales, et plus particulièrement au vu des circonstances présentes, « une aide majeure en faveur de l’éducation supérieure des femmes49. »
32Pour Martha Carey Thomas, la réussite du projet d’une fédération internationale dépend en grande partie de ses dirigeantes nationales. Anne Amieux et Maria de Maeztu présentent des caractéristiques communes, qui, à ses yeux, font d’elles des interlocutrices idéales pour promouvoir le projet des university women. L’Américaine privilégie donc des interlocutrices qui se distinguent par leur position au sein du système universitaire de leur pays. La Française et l’Espagnole sont toutes deux « intelligentes » et, en tant que directrices d’institutions reconnues œuvrant pour l’éducation supérieure des femmes, « favorables à la cause défendant l’éducation des femmes50 ». Le respect et la reconnaissance que leur statut leur confère auprès des représentants du système universitaire et scientifique de leur pays en font également des interlocutrices légitimes.
33Amieux et de Maeztu ne sont pas seulement reconnues sur le plan national : elles jouissent également d’une expérience internationale. Amieux a été l’une des deux premières lauréates féminines à remporter, en 1905, une bourse « Autour du Monde » financée par le banquier et philanthrope français Albert Kahn, qui lui a permis de se rendre aux États-Unis. À son retour, elle prend la direction du nouveau lycée de jeunes filles Jules Ferry à Paris puis, en 1919, de l’École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres, dont l’Association des anciennes élèves allait s’affilier l’année suivante à la FIFDU51. Maria de Maeztu, en tant que directrice de la School for Girls de Madrid, joue un rôle d’ambassadrice entre son pays et les États-Unis. Au printemps 1919, elle a séjourné trois mois à l’université de Columbia à New York, où elle a été invitée à donner des cours de langue et de littérature espagnoles. L’intégration de ces femmes dans des réseaux internationaux et notamment leurs contacts antérieurs avec les États-Unis en font bien des interlocutrices de choix.
34Le rapport de Martha Carey Thomas laisse cependant transparaître de nombreux préjugés quant à la France et aux pays d’Europe du Sud, de culture catholique, et le sentiment d’une supériorité des femmes américaines, et protestantes. « La situation de l’éducation des femmes en France est loin d’être satisfaisante52 », note-t-elle ainsi, en attribuant ce retard à l’influence de l’Église catholique dans la question de l’éducation supérieure des Françaises. Quelle que soit la validité d’une telle représentation, elle présente l’intérêt d’aborder la question de l’influence du facteur religieux dans la mise en place de réseaux internationaux. Étudiant le rôle des connexions protestantes dans l’importation du mouvement des university women en France, Nicole Fouché démontre la manière dont le protestantisme fonctionne, dans ce pays, comme un vecteur d’influence pour le modèle américain53. Les fondatrices de la Société nationale féminine de rapprochement universitaire, qui devient l’Association française des femmes diplômées des universités (AFFDU) en 1923, sont issues de l’élite protestante française. Aux côtés d’Anne Amieux, on trouve Marguerite Mespoulet, première femme reçue à l’agrégation d’anglais en 1905. Lauréate elle aussi d’une bourse Albert Kahn, elle s’est rendue aux États-Unis, au Canada et au Japon et, en 1918, elle a rencontré Virginia Gildersleeve. De retour en France, elle contacte Marie Monod et Marie Bonnet, toutes deux issues, comme elle-même, de familles protestantes cultivées. Si la carte du monde concerné par la FIFDU donne à voir une prédominance des pays anglo-saxons et d’Europe du Nord, de culture protestante, le modèle des university women américain et britannique se diffuse rapidement, comme en témoigne la composition de l’assemblée réunie à Londres en 1920 pour la première conférence de ce qui devient alors officiellement la FIFDU54.
Londres, 1920 : le congrès de fondation de la FIFDU
35C’est le 14 juillet 1920 que débute le congrès inaugural de la FIFDU au Bedford College, situé dans les environs de Londres, sous l’égide des membres des associations américaine et britannique. Les contacts mis en place au cours de l’année précédente ont porté leurs fruits : des observatrices ou déléguées représentent pas moins de douze pays. On trouve en leur sein le Canada et les associations de pays ayant des liens historiques avec la Grande-Bretagne, comme l’Inde, l’Australie et l’Afrique du Sud. À leurs côtés, des représentantes de pays d’Europe de l’Ouest, France, Italie, Belgique, Pays-Bas, mais aussi des trois pays scandinaves – Norvège, Suède et Danemark – ou encore la Tchécoslovaquie sont également présentes. Si les représentantes des pays observateurs n’ont pas le droit de vote, elles ont tout de même la possibilité de participer aux débats et d’influencer les décisions finales55.
36La réunion des déléguées marque le début de ce rassemblement international. Elles ont pour objectif de définir les ambitions de la FIFDU, de la doter d’une « constitution56 » et de procéder à l’élection des membres du bureau. Les principes de la FIFDU sont retranscrits dans le procès-verbal de la conférence. Le premier article définit les objectifs et ambitions de l’organisation, qui sont de « promouvoir la compréhension et l’amitié entre les femmes diplômées des universités des nations du monde et d’ainsi favoriser leurs intérêts et développer entre leurs pays sympathie et obligeance mutuelle57 ».
37Ces principes fondateurs s’inscrivent pleinement dans l’idéologie féministe et internationaliste déployée aux lendemains de la Première Guerre mondiale58. Ce qui la distingue des autres organisations féminines internationales, cependant, est la définition stricte des conditions d’adhésion. Alors que les grandes organisations comme l’Alliance internationale des femmes ou le Conseil international des femmes étaient, tout du moins en théorie, ouvertes à toutes les femmes du monde, sans distinction « de race, de nationalité, ou de croyance59 », les conditions d’admission à la FIFDU sont bien plus restrictives. Elles sont définies par l’article II qui s’articule autour de deux sections. La première porte sur les conditions d’affiliation des branches nationales, la seconde concerne les membres individuels et spécifie ce que recouvre le terme d’university women. Selon cet article, seules des femmes organisées au sein d’associations nationales peuvent prétendre rejoindre la FIFDU. Les adhésions individuelles ne sont pas autorisées, sauf dans des cas très spécifiques. La candidature d’une association nationale doit être, au préalable, approuvée par le Conseil et il ne peut y avoir qu’une association par nation. Contemporaines d’une époque qui reste marquée par l’affirmation des nationalismes, les fondatrices de la FIFDU ont estimé nécessaire de préciser ce que recouvre à leurs yeux le terme de « fédérations nationales ». L’expression de la nationalité peut renvoyer en effet à des réalités diverses : celle d’un État défini par des frontières, ou bien celle d’un peuple culturellement et historiquement construit, imagined community au sens de Benedict Anderson60. C’est pourquoi une note complète la première section de l’article II :
« Le terme de “fédération nationale” ne doit cependant pas être interprété comme se référant à quelque société nationale fondée sur l’exclusivité raciale. Il est souhaité que toutes les femmes diplômées des universités vivant dans une même aire géographique soient à même de se rassembler dans une fédération représentant le pays dans lequel elles vivent. Les différentes communautés qui peuvent exister au sein d’un même pays doivent s’unir dans une fédération ou association si elles souhaitent former une branche de la Fédération Internationale61. »
38L’un des exemples les plus parlants est la constitution, en 1924, d’une branche irlandaise, unissant les femmes diplômées des universités d’Irlande aussi bien que d’Irlande du Nord, malgré les tensions très fortes entre les deux communautés.
39Dès les débuts de la FIFDU, les fondatrices ont eu conscience de la difficulté, pour un corps international, de s’assurer de l’application des principes dans des contextes nationaux parfois très différents. Lors de la réunion constitutive de 1920, elles se sont penchées sur le problème et ont tenté de définir ce que signifie réellement le terme d’internationalisme. En effet, si les premiers pays adhérant à la FIFDU sont plutôt homogènes, l’ambition de l’organisation est de s’étendre aux femmes des nations du monde entier. Il s’agit, pour la FIFDU, d’être truly international, que ce soit en principe ou en pratique62. La secrétaire générale note ainsi : « La question d’un internationalisme complet de la fédération a fait l’objet de discussions concernant l’adhésion future de fédérations qui pourraient être formées dans des pays comme ceux de l’Europe centrale63. » Elle ajoute qu’un « certain temps pourrait être nécessaire avant que les femmes diplômées des universités de toutes les nations soient capables de traduire les principes [internationalistes] dans la réalité ». Si tous les pays peuvent aspirer à intégrer la FIFDU, c’est ainsi seulement à condition de s’engager à respecter et à agir en conformité avec ces principes.
40Afin d’assurer une forme d’homogénéité au sein de la FIFDU, les fondatrices attachent une attention toute particulière à donner la définition la plus précise du terme university women et donc des conditions d’adhésion des membres individuels à leur fédération nationale. La traduction de ce terme anglais n’est pas aisée : l’expression ne possède pas nécessairement de corrélat dans les diverses langues ou ne peut être facilement transposable. Comment, dès lors, trouver un critère permettant de poser une définition commune des university women ? La première version de la Constitution de la FIFDU rédigée en 1919 donne une définition du terme : est une university ou college woman « toute personne qui a été étudiante régulière dans un college ou une université et qui a des intérêts universitaires précis64 ». La traduction française semble, au premier abord, plus explicite : les university women sont les femmes diplômées des universités. Mais de quel diplôme s’agit-il, et comment faire pour s’assurer que les diplômes sont équivalents alors que les traditions universitaires sont parfois très différentes d’un pays à l’autre ? Carey Thomas, à l’issue de son tour en Europe, mettait en garde contre le risque d’abaissement du niveau général que pourrait engendrer l’admission d’associations constituées dans des pays où l’éducation supérieure des femmes ne pouvait être comparée à celle que l’on trouvait aux États-Unis. Pleinement conscient de cette difficulté, le Conseil propose une première définition, soumise à la discussion :
« Le prérequis minimum pour l’adhésion à la Fédération internationale devrait être tout examen ou titre délivré au terme des études secondaires, comme le Baccalauréat dans les pays latins ou l’Arbiturium dans les pays germaniques, et suivi d’au moins deux années d’études effectuées dans une université en suivant les méthodes universitaires, ou une formation équivalente65. »
41À l’échelle nationale, ce sont les dirigeantes des associations de chaque pays qui sont chargées de déterminer les conditions d’adhésion et, selon le maître-mot de l’organisation internationale, de promouvoir ainsi « les plus hauts standards académiques66 ».
42Afin de contribuer à la compréhension entre les femmes des nations du monde, la FIFDU veille à ce que les termes utilisés aient une traduction ou une équivalence dans tous les pays, qu’ils soient membres ou pas encore. Un comité de standardisation est ainsi fondé dès 1920, dont la première mission est d’examiner les manières dont est interprétée l’expression university women dans les divers contextes nationaux67. Très vite, d’autres charges lui incombent, dont la mise en place d’une équivalence transnationale des termes universitaires. Dans cette optique, le Conseil demande, lors de sa réunion à Oslo en 1924, que le comité de standardisation fasse circuler un questionnaire auprès de toutes les associations nationales, afin d’obtenir des informations détaillées sur les institutions éducatives existantes et le fonctionnement des universités. Cette enquête est publiée en deux fois par Lilli Skonhoft, membre norvégienne chargée de réaliser la synthèse des réponses reçues : un premier article paraît en 1927 sous le titre de « The Academic Standards of the International Federation » ; il est suivi, en 1934, d’un petit fascicule présentant une comparaison internationale des formations universitaires68.
43Cette normalisation ne procède pas pour autant d’une volonté d’uniformisation. Le terme de « fédération » contenu dans le nom même de la FIFDU témoigne de l’ambition d’unir les forces autour d’un projet commun tout en respectant les différences régionales ou nationales. L’allocution prononcée par Virginia Gildersleeve lors de cette conférence constituante vise à prévenir les critiques qui pourraient être adressées à la jeune organisation, notamment celle de diffuser un modèle et une idéologie conformes à ceux du monde anglo-saxon :
« Un possible malentendu que je souhaiterais écarter est celui qui verrait dans la Fédération internationale des femmes diplômées des universités une forme d’organisation de propagande. Ne nous suspectez pas, je vous prie, d’essayer d’imposer à quelque nation que ce soit les idéaux féministes particuliers à une autre nation ou à un groupe de nations. Nous n’avons pas l’idée que toutes les university women dans le monde devraient être semblables, nous ne pensons pas que tous les nations devraient l’être non plus, nous nous réjouissons de leurs différences. Nous pensons qu’elles devraient apporter des notes diverses au chœur de la grande harmonie des nations à laquelle nous aspirons. Nous ne voulons pas imposer les idées des femmes du monde anglophone aux autres pays. Nous nous rendons compte que nous avons beaucoup à apprendre les unes des autres69. »
44Une telle propagande et son arrière-plan impérialiste, en quelque sorte, s’opposeraient à l’idéal scientifique que cherchent à véhiculer les university women.
Internationalisme, science et entre-soi féminin : les objectifs des university women
45Le terme d’university women, comme nous l’avons vu, est défini par les statuts et la constitution de la FIFDU. Caroline Spurgeon, lors du dernier discours qu’elle prononce en tant que présidente, en 1924 à Oslo, précise les ambitions et prérogatives spécifiques de ce corps social tout en prenant soin de le distinguer des mouvements internationaux existants :
« Nous ne sommes pas un corps d’éducateurs débattant de problèmes éducatifs ; pas plus un corps de femmes traitant de problèmes féministes ; ces corps existent déjà et font du bon travail, mais nous sommes avant toute chose un corps de personnes éduquées et réfléchies, de beaucoup de nationalités différentes, qui désirent aborder certains problèmes du point de vue – pour autant que la frêle nature humaine en soit capable – de l’humanité comme un tout, plutôt qu’en tant qu’individus, professions, sexe, classe ou même nations70. »
46L’objet de cette dernière partie est, à travers l’analyse des discours mais aussi celle des pratiques, de voir comment se construit et se justifie une identité collective au sein de la FIFDU. Il s’agit notamment d’étudier les relations qu’entretient la FIFDU avec les courants idéologiques et les organisations de son époque, afin de mieux saisir les contours de son identité.
L’engagement des university women pour la promotion d’un internationalisme culturel
47À travers les discours prononcés par les dirigeantes de la FIFDU et retranscrits dans les Bulletins et autres publications se déploie une rhétorique internationaliste, voire universaliste, caractéristique de la période de l’entre-deux-guerres. En cherchant à favoriser l’amitié et la collaboration intellectuelle entre les femmes du monde, les objectifs et valeurs de la FIFDU s’inscrivent pleinement dans l’idéologie internationaliste qu’incarne la SDN. En 1921, le conseil et l’assemblée de la SDN se prononcent en faveur de la constitution d’un organe international visant à promouvoir la collaboration intellectuelle, décision qui aboutit, l’année suivante, à la création de la Commission internationale de coopération intellectuelle (CICI) ayant pour mission de diffuser un « esprit internationaliste71 ». Cette commission est l’un des pôles faisant partie, avec l’Institut international de coopération intellectuelle (IICI) et l’Institut international du cinématographe éducatif (IICE), de l’Organisation de coopération intellectuelle (OCI).
48La politique visant à promouvoir la coopération intellectuelle aux lendemains de la Première Guerre mondiale peut être qualifiée, pour reprendre l’expression de l’historien Akira Iriye, « d’internationalisme culturel72 ». Selon sa définition, cette forme spécifique d’internationalisme correspond « aux activités menées pour lier les pays et les personnes par le biais d’échanges d’idées et de personnes, de coopération intellectuelle, ou encore par les efforts déployés pour faciliter l’entente transnationale73 ». L’idée centrale de cette politique culturelle, soutenue par les intellectuels de l’époque, postule que la paix mondiale ne peut advenir que d’un changement global d’attitudes. L’éducation internationale de la jeunesse et la coopération intellectuelle sont vues comme des vecteurs essentiels pour promouvoir cet internationalisme. Comme le remarque Daniel Laqua, la vision de l’éducation comme un « outil pour la paix74 » n’est pas spécifique à l’entre-deux-guerres mais s’inscrit dans la continuité du long xixe siècle. Dans la seconde moitié de ce siècle, déjà, les discours et discussions portant sur le contenu et la visée des programmes scolaires soulignaient le rôle des maîtres d’école et des enseignants dans la promotion d’un esprit de coopération ; cette idée est reprise par les intellectuels de l’après 1918. Dans son ouvrage portant sur l’histoire de l’internationalisme et des échanges intellectuels, Akira Iriye met en avant le rôle joué par les organisations internationales telles que la Société des Nations ou les Nations unies, mais aussi les programmes d’échanges internationaux d’étudiants et de professeurs ou encore les congrès internationaux, dans la mise en place de la coopération intellectuelle internationale75. Les universités, en tant que lieux de production et de transmission des savoirs scientifiques, deviennent des clés de voûte de cette politique internationaliste.
49Les principes de la FIFDU s’inscrivent dans cet idéal. Dès le congrès de Londres, les fondatrices soulignent le rôle de la FIFDU et des university women dans la promotion d’un esprit internationaliste. « En tout premier lieu », écrit Caroline Spurgeon, « nous voulons agir pour l’amitié internationale ; nous voulons ensuite participer à l’internationalisation des connaissances et des savoirs ; enfin, nous voulons participer au développement, à l’accroissement et à l’enrichissement du processus éducatif en général76 ». Winifred Cullis réaffirme l’engagement de la FIFDU dans le processus de paix par l’éducation, définissant l’organisation comme « un mouvement pour la paix, un mouvement pour substituer l’entente et la sympathie à cette ignorance et à ce manque de compréhension qui doivent, s’ils ne sont pas combattus, entraîner de nouvelles guerres77 ». L’amitié et l’entente entre les femmes éduquées du monde entier constituent ainsi, aux yeux des dirigeantes, « l’unique et véritable fondation pour la paix78 ».
50À de multiples reprises, les liens unissant ce groupe particulier – les femmes diplômées des universités – sont mis en avant pour démontrer leur rôle dans le processus d’universalisation. Dans un texte paru en 1925, Cullis insiste sur l’importance des échanges et de l’amitié entre individus qui, bien qu’étant originaires de différents pays, ont des intérêts en commun qui leur permettent de s’entendre et de se comprendre :
« Tout groupe de personnes partageant des expériences de grand intérêt et de grande importance est plus susceptible de pouvoir se comprendre et de créer des amitiés que ceux qui n’en ont pas. […] Plus nous réussirons à rassembler de tels groupes provenant de différentes nations et plus nous aiderons au développement d’une compréhension internationale. Les femmes diplômées des universités devraient avoir des opportunités exceptionnelles de participer à ce travail, car les universités offrent un champ particulièrement favorable au développement du type le plus prometteur de relations internationales. C’est la grande fonction des universités que de diffuser la connaissance et découvrir la vérité, et la connaissance et la vérité sont les grandes armes nécessaires pour détruire l’ignorance et la suspicion. Le rôle joué par les femmes dans la vie sociale et éducative de tous les pays civilisés rend particulièrement souhaitable que les étudiantes prennent une part importante dans le monde de l’apprentissage pour connaître et comprendre leurs camarades d’autres nationalités […]79. »
51Le fait que les invités d’honneur conviés aux congrès de la FIFDU sont, pour la plupart, des personnalités illustres et reconnues pour leur engagement dans le mouvement internationaliste contribue à l’inscription des university women dans l’effort internationaliste. Dans leurs discours prononcés lors des séances publiques, ils et elles soulignent le rôle des femmes diplômées des universités dans le processus d’entente internationale, à l’instar du Britannique Edward Grey of Fallodon, ancien ministre des Affaires étrangères de son pays, qui, dans son allocution au congrès de 1920, déclare :
« Le travail qui peut être fait par les universités et par des organismes comme la Fédération internationale des femmes diplômées des universités, pour influencer les générations qui vont produire les journalistes et les politiciens, s’avère, au regard de son résultat durable, le plus incalculable des acquis pour promouvoir une véritable entente internationale et la stabilité de la paix dans le monde80. »
52Lors du congrès organisé à Paris deux ans plus tard, c’est Mary Florence Wilson (1884-1977), qui est invitée à présenter le programme de travail de la toute récente Commission internationale de coopération intellectuelle. Cette bibliothécaire de l’université de Columbia est la fondatrice de la bibliothèque de la Société des Nations et la seule femme, au début des années 1920, à être directrice d’une bibliothèque en Europe. Elle souligne dans son discours l’importance du rôle que peut jouer la FIFDU en lien avec la CICI dans la promotion de la paix par la coopération intellectuelle. Tout comme de nombreux intellectuels et intellectuelles membres de la Commission de la SDN, elle considère que les universités constituent « les organes les plus importants pour la coopération intellectuelle, grâce à leur qualité de centres de recherche et de centres destinés à l’éducation81 ». Le progrès intellectuel et scientifique est en effet largement associé à la coopération internationale. Bien que la recherche scientifique puisse susciter des rivalités entre universités et entre nations, les intellectuels soulignent le rôle de cette rivalité dans l’émulation scientifique. Mary Florence Wilson termine son discours en réitérant l’importance de l’aide que peut apporter une organisation comme la FIFDU afin de soutenir les objectifs de la SDN. Du reste, certains membres de la FIFDU font également partie de la Commission, à l’instar de la Norvégienne Kristine Bonnevie. Cette double casquette reflète les liens qui unissent les deux organisations.
53En 1922, les university women mettent en place leur propre Commission de coopération intellectuelle, dans le but de travailler de concert avec la SDN. Sa mission est « d’étudier les questions soulevées par la CICI, et de lui soumettre d’autres sujets de discussions si nécessaire82 ». La française Marie-Louise Puech est désignée comme représentante de la FIFDU à la Commission de la SDN qui s’occupe des organisations internationales et est élue présidente de la Commission de coopération intellectuelle de la FIFDU. Les sujets abordés par les membres de cette commission concernent principalement les échanges universitaires, les droits d’auteur, notamment dans le cadre de l’application des découvertes au domaine industriel, et la circulation des ouvrages après leur traduction. Pour les university women, l’une des réussites de cette commission réside dans la mise au point, par chacune des branches, de listes de Livres de partout ; la FIFDU collecte et publie une liste générale annuelle et en recommande les titres à ses membres, aux bibliothèques et aux cercles de lecture du monde entier, contribuant ainsi au rêve, caractéristique dans ces années 1930, d’une république mondiale des lecteurs et des lectrices83.
Projets internationaux : clubhouses et bourses de recherche
54La FIFDU, rappelle Marie-Louise Puech en 1932, s’est constituée autour de deux buts : « celui de l’entr’aide, pratiquée surtout par les clubs, les bourses d’étude, les voyages, les échanges et un deuxième but, qui est plutôt un idéal, celui de la collaboration intellectuelle internationale, résultant des relations d’amitié et de reconnaissance établies par l’entraide84 ». Cette amitié internationale, pour Caroline Spurgeon, repose sur les « rapports personnels » entre femmes ; « Je crois », écrit-elle, « que chaque femme individuellement dans chaque pays peut réaliser des choses considérables, bien plus qu’elle ne le réalise, pour tisser les unes avec les autres ces fils individuels d’amitié, afin de former des liens indestructibles qui finiront par unir les gens du monde entier85 ». La professeure de littérature anglaise compare les membres de la FIFDU aux « Merchants of light », des personnages nés sous la plume de Francis Bacon dans sa nouvelle utopique intitulée The New Atlantis86 :
« Comme ces aventuriers imaginaires d’autrefois, nos aventuriers étudiants et universitaires d’aujourd’hui, aussi bien que chacun des membres de cette grande Fédération, peuvent aspirer à s’appeler du nom de “Marchands de Lumière”, car, comme eux, nous “entretenons un commerce, non pour l’or, l’argent ou les bijoux, ni pour les soies, ni les épices, ni pour aucune marchandise matérielle, mais seulement pour la première création de Dieu qui fut la Lumière : afin de répandre des lumières sur le progrès du monde entier”87. »
55Winifred Cullis inscrit l’organisation des échanges au programme de la FIFDU dès le second congrès, tenu à Paris en 1922. Pour elle, « l’échange est vraiment la clef à l’ensemble du problème de l’entente internationale. Aucune autre méthode de propagande ne pourrait être aussi efficace que celle faite par des femmes originaires d’un pays et vivant et travaillant avec succès dans un autre pays88 ».
56Les dirigeantes de la FIFDU mettent au point des stratégies et prennent des mesures concrètes visant à rendre leurs idéaux réalisables et effectifs. Afin de promouvoir un réseau féminin international, des voyages et rencontres culturelles sont organisés, des systèmes d’hospitalité imaginés et un programme de bourses au mérite est mis en place pour permettre aux femmes du monde entier de poursuivre leurs études à l’étranger. La création de ces Fellowships ou bourses au mérite s’impose comme une condition essentielle dès 1920, bien que le programme ne soit formellement lancé que quatre ans plus tard, lors de la troisième conférence internationale. Comme le rappelle le Conseil, la mise en place de ce programme est une des priorités de la FIFDU :
« Le besoin de telles bourses est urgent, afin d’encourager le savoir et promouvoir le statut des femmes diplômées des universités, répandre les connaissances, améliorer les méthodes et les idéaux éducatifs, et faire progresser activement l’amitié et la sympathie entre les nations par l’intermédiaire de ces représentantes choisies […]89. »
57Par le biais des boursières, la FIFDU espère répandre ses idéaux à travers le monde et donner une impulsion aux carrières féminines.
58D’autres actions sont lancées pour mettre en contact les femmes diplômées du monde entier, comme l’établissement de Clubhouses dans les grandes villes, des lieux « où les femmes universitaires de n’importe quelle nation puissent se rendre avec la certitude d’y être accueillies, d’être aidées et présentées au type de personnes qu’elles souhaiteront rencontrer90 ». Ces foyers internationaux fonctionnent, pour reprendre les mots de Christine von Oertzen, comme les intersections du réseau d’amitiés développé au sein de la FIFDU91. Au cours des années 1920, trois foyers sont mis en place, d’abord aux États-Unis sous l’impulsion de l’association américaine qui décide d’installer ses quartiers généraux dans la capitale politique, Washington D.C., puis à Paris et à Londres. Pour Christine Von Oertzen, le clubhouse américain est non seulement « l’expression symbolique de l’importance sociale et politique des femmes universitaires92 » aux États-Unis, mais fonctionne également comme une façade pour célébrer le travail de l’Association américaine et de la FIFDU. Fondé en 1919, il est le résultat d’une vaste campagne de financement à travers les États-Unis et sert de modèle pour la mise en place de centres similaires dans les capitales d’Europe, dont le Reid Hall à Paris, acquis en 192293.
59La même année, une campagne similaire à celle qu’ont menée les Américaines est lancée par les membres de la branche britannique pour établir les quartiers généraux de la British Federation of University Women et de la FIFDU dans une célèbre maison médiévale du centre-ville de Londres, Crosby Hall94. Acquis en 1926 par la branche britannique grâce à des dons nationaux et internationaux, le lieu est également conçu pour offrir un lieu d’accueil et de résidence aux femmes scientifiques du monde entier qui souhaitent séjourner à Londres pour poursuivre leurs recherches. L’inscription surmontant les portes de Crosby Hall rend compte de l’ambition de ce projet « utopique », tout en l’inscrivant dans la tradition savante anglaise, notamment par l’évocation de la figure de Thomas More :
« En l’année 1926, les femmes diplômées de Grande-Bretagne ont pu, avec l’aide généreuse de leurs amies dans ce pays et dans d’autres, acquérir l’ancien hall de Sir John Crosby et ériger sur le site de la maison de Sir Thomas More ce quadrangle dédié à l’encouragement de la connaissance et à la promotion de l’amitié entre les femmes de toutes les nations95. »
60Crosby Hall devient un lieu de brassage d’une population féminine diplômée et internationale : voyageuses de passage, étudiantes, chercheuses et boursières se côtoient dans ce club international, pour quelques jours ou pour une période plus longue. Certaines d’entre elles bénéficient d’une bourse, la Crosby Hall Residential Scholarship, octroyée par la BFUW et permettant de couvrir les frais de séjour des lauréates durant leur période de recherche. Ces foyers incarnent les principes de la FIFDU : stimuler l’entente et la coopération internationales en favorisant les rencontres entre femmes diplômées de différentes nations, mais aussi offrir une structure permettant aux étudiantes et chercheuses de séjourner à l’étranger96.
61
Fig. 2. – Le vieux hall, orné des drapeaux des associations nationales de la FIFDU, Crosby Hall, vers 1927.

Source : Archives AAUW.
La justification d’un entre-soi féminin
62Alors que les university women défendent la vision d’un modèle universel comme idéal, au sein duquel il n’y aurait plus aucune distinction de sexe, de classe ou de nationalité, la FIFDU n’en demeure pas moins une organisation exclusivement féminine. À plusieurs reprises au cours des premières années de son existence, les fondatrices et présidentes ont dû justifier leur choix de cet entre-soi féminin qui toutefois ne semble pas avoir toujours fait l’unanimité. S’il est difficile de trouver des sources mettant explicitement en cause l’existence d’une fédération dont les hommes sont exclus, le discours prononcé par Virginia Gildersleeve en 1926 lors de la quatrième conférence internationale à Amsterdam laisse entendre que des critiques ont pu être formulées :
« Plus d’une fois durant les derniers mois de préparation de cette conférence, des femmes, et même des femmes diplômées des universités, nous ont dit qu’elles ne voyaient pas l’utilité d’une organisation réservée aux femmes, qu’il n’existe pas une telle fédération chez les hommes, et que le temps pour une organisation spécifiquement féminine est révolu, que les hommes et les femmes doivent travailler ensemble97. »
63De fait, et ce dès la première conférence de 1920, Gildersleeve prenait soin de préciser : « Parce que nous formons une organisation de femmes diplômées des universités évidemment distincte des hommes universitaires, nous ne souhaitons pas que quiconque puisse penser que nos tendances sont séparatistes et ultra féministes98. » Dès lors, comment les dirigeantes ont-elles justifié la dimension strictement féminine de leur organisation et quels rapports entretiennent-elles avec les mouvements féministes et notamment avec les autres organisations internationales de femmes ?
64Les ambitions des fondatrices ne s’inscrivent pas dans une logique séparatiste visant à opposer les femmes et les hommes. De manière générale, comme le rappelle Gildersleeve, les membres de la FIFDU s’opposent à toute forme de différenciation opérée entre les sexes et particulièrement au niveau de l’éducation, car elles croient « qu’il n’existe pas de différences essentielles entre les besoins éducatifs des hommes et des femmes99 ». Si ce point est souligné, c’est que Gildersleeve redoute en particulier que l’influence des femmes américaines dans le projet de la FIFDU en vienne à créer des malentendus regrettables. En effet, l’existence des colleges féminins américains pourrait donner à penser que la FIFDU soutient un système universitaire fondé sur la ségrégation. Gildersleeve non seulement réfute cette conclusion hâtive, mais pointe également le fait que les femmes ne sont pas exclues des universités américaines.
65Les fondatrices ne manquent pas d’affirmer, tout au long de leur volonté de travailler main dans la main avec les hommes, et ce dès le début. Elles collaborent avec différents bureaux gouvernementaux et agences internationales, comme l’Institut international pour l’éducation de New York ou encore l’Union des universités américaines en Europe, mais aussi avec la SDN et la CICI, tous ayant pour caractéristique commune d’admettre les femmes dans leurs rangs. Le but de la FIFDU n’est pas de « jouer à part » ou de « dupliquer ou d’empiéter » sur le travail déjà accompli par diverses institutions, mais de « coopérer », « de donner une chance aux femmes de participer100 », pour reprendre les mots de Gildersleeve. En effet, comme le rappelle Estella C. Simons, présidente de l’Association Néerlandaise, lors du quatrième congrès international organisé à Amsterdam en 1926 :
« Nous vivons toujours dans un monde de fabrique masculine, et c’est dans ce monde que nous devons conquérir notre place et nos droits […] L’intérêt général est la somme des intérêts des hommes et des femmes, et il n’est réellement et véritablement général que lorsque les unes et les autres sont pris en compte à égalité101. »
66Tant que les femmes ne font pas partie intégrante des comités décisionnels, ajoute-elle, elles ne pourront pas bénéficier des mêmes opportunités que les hommes.
67La dimension exclusivement féminine de la FIFDU vise à déjouer les discriminations envers les femmes dans les milieux scientifiques et universitaires, mais constitue aussi un moyen efficace pour promouvoir la participation des femmes dans la sphère publique. Cet entre-soi-féminin est ainsi vu comme une étape essentielle pour atteindre la raison d’être de la FIFDU, c’est-à-dire l’égalité effective des sexes. Ce n’est qu’une fois que cette égalité sera acquise qu’une organisation limitée aux femmes deviendra inutile102.
68Cette justification d’un entre-soi féminin est semblable, dans les grandes lignes, à celle que mobilisent les autres mouvements féminins internationaux. Leila Rupp, dans son étude sur trois des grandes organisations féminines au début du xxe siècle, remarque que l’argument de l’entre-soi féminin repose sur une idéologie de la différence, déclinée sous plusieurs facettes et qui peut relever, selon les discours, de facteurs biologiques ou culturels103. Bien que certaines voix se soient élevées pour remettre en cause l’existence même d’une différence entre les sexes, ce n’est encore, au début du xxe siècle, que de manière marginale. L’idée que les femmes jouissent de qualités spécifiques – comme la promotion de la paix – ou celle qu’elles sont unies par des expériences communes, comme la maternité, la subordination par rapport aux hommes, voire la violence à laquelle elles sont exposées, demeurent les principaux arguments des mouvements séparatistes104.
69Au cours de la première décennie d’existence de la FIFDU, la rhétorique employée reflète les idéaux promus par la SDN et la CICI, tout en justifiant le rôle spécial des femmes dans le processus d’élaboration d’une paix mondiale. Les discours de plusieurs des membres de la FIFDU convoquent le thème de la différence des sexes. Pour M. J. Freie, représentante des femmes diplômées des Pays-Bas à la conférence de 1920, les femmes en tant que « mères des générations futures devraient être plus hostiles à tout pouvoir potentiellement destructif que les hommes105 ». Dans une veine similaire, Naima Sahlbom, chimiste et déléguée suédoise, souligne la responsabilité toute spéciale et le devoir des femmes diplômées qui est « de ne jamais utiliser leur éducation et leurs connaissances au service de la destruction, mais pour la reconstruction et pour le bien général de l’Homme106 ».
70Cette pratique séparatiste est cependant de plus en plus fréquemment critiquée, notamment, à partir des années 1920, par les jeunes générations de femmes qui ne partagent pas cette volonté séparatrice jugée dépassée. Dans certains contextes nationaux, par ailleurs, les femmes ne perçoivent pas la nécessité de conserver des organisations séparées107. Lorsque se pose la question de l’affiliation des Danoises et des Norvégiennes au mouvement des university women, les points de vue divergent. En Norvège, deux camps s’opposent : l’un est favorable à la création d’une association nationale ; l’autre s’y oppose, ne voyant pas l’utilité d’une telle association, puisqu’à ses yeux les femmes norvégiennes jouiraient d’une situation convenable. La réserve des Danoises s’explique de la même manière.
71Si les membres de la FIFDU prennent soin de se distancier de l’idéologie féministe, comme on l’a vu avec Virginia Gildersleeve, il existe des liens entre la FIFDU et les autres mouvements féminins internationaux. À plusieurs reprises, des associations féminines ont invité la FIFDU à se joindre à elles, comme le Conseil international des femmes ou l’Alliance internationale des femmes, mais ces invitations ont toujours été (poliment) déclinées. En 1922, par exemple, les représentantes de la FIFDU déclinent l’invitation de l’Alliance internationale d’envoyer des déléguées au congrès qu’elle organise à Rome, car, outre le manque de moyens financiers, « le travail de l’Alliance se concentre, pour la majeure partie, sur un domaine différent de celui de la FIFDU108 ». Les fondatrices veillent à distinguer en effet explicitement leur champ d’action de ceux des autres organisations féministes. Comme le révèle l’analyse des archives du comité chargé de l’organisation des conférences, les organisatrices sélectionnent des thèmes qui « mettent l’accent sur l’identité spécifique de la FIFDU, afin de ne pas empiéter sur le travail d’autres organisations féminines109 », restreignant leur choix à des sujets ayant un intérêt universitaire direct. En se distinguant des mouvements politiques, notamment, les university women réaffirment l’identité scientifique qui est la leur.
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72La FIFDU est née de la volonté, d’abord anglo-américaine, de rassembler et mobiliser les femmes diplômées des universités du monde entier. En générant une dynamique de groupe à même de transcender les frontières nationales, les fondatrices de la FIFDU poursuivent plusieurs objectifs. Il s’agit d’abord de renforcer la place des femmes au sein des universités et dans les différents mondes du travail, mais aussi, dans un second temps, de promouvoir l’éducation supérieure des femmes des générations à venir afin de conquérir une nouvelle place pour elles dans les sociétés de l’après-guerre. Ces objectifs se doublent d’un vrai engagement dans le mouvement internationaliste, qui se traduit notamment par la promotion de la coopération intellectuelle et les liens qu’entretient la FIFDU avec une institution comme la Société des Nations. Par le biais de la définition des statuts et principes fondateurs mais aussi des actions mises en place, le mouvement s’institutionnalise et trouve sa place sur l’échiquier international des années 1920. Indéniablement engagée dans la promotion des femmes, sans pour autant se réclamer du mouvement féministe, la FIFDU définit les modalités d’action et les champs d’investissement dans lesquels ses membres peuvent mettre à profit leur bagage universitaire et intellectuel.
Notes de bas de page
1Gildersleeve Virginia, Many a Good Crusade, New York, The Macmillan Company, 1954, p. 129 : « “We should have”, said Miss Spurgeon, “an international federation of university women, so that we at least shall have done all we can to prevent another such catastrophe”. Miss Sidgwick and I looked at each other: “Then I guess I must rally the Association of Collegiate Alumnae”, I said. Rose Sidgwick added, “and we must go back and talk with the British Federation of University Women”. »
2Rupp Leila, Worlds of Women, op. cit., p. 2-14.
3Tikhonov Sigrist Natalia, « Enseignement supérieur et mixité : la Suisse, une avant-garde ambigüe », in Rebecca Rogers (dir.), La mixité dans l’éducation. Enjeux passés et présents, Lyon, ENS Éditions, 2004, p. 35-52.
4Condette Jean-François, « “Les Cervelines” ou les femmes indésirables. Les étudiantes dans la France des années 1880-1914 », Carrefours de l’éducation, no 15, 2003/1, p. 38-52. Sous la Restauration, le conseil de l’université de la Sorbonne interdit aux femmes d’assister aux cours magistraux, bien que légalement il ne leur soit pas interdit de s’y inscrire. Voir Christen-Lécuyer Carole, « Les premières étudiantes de l’Université de Paris », Travail, genre et sociétés, no 4, 2002/2, p. 35-50.
5Tikhonov Sigrist Natalia, « Les femmes et l’université en France, 1860-1914. Pour une historiographie comparée », Histoire de l’éducation, no 122 : « L’enseignement supérieur », 2009, p. 53-70.
6À partir du xviiie siècle, des academies ou seminaries pour femmes voient le jour aux États-Unis, offrant une éducation secondaire aux filles des classes aisées. L’enseignement qui y est prodigué est cependant loin d’égaler la formation des jeunes hommes. Il s’agit d’éduquer les jeunes filles à bien se comporter en société (ladylike education). Souvent de petite taille et éphémères, les seminaries font l’objet de critiques à partir du milieu du xixe siècle.
7Rossiter W. Margaret, Women Scientists in America, op. cit., p. 4-5.
8Ibid., p. 9.
9L’université de Columbia s’engage à décerner des diplômes aux élèves ayant terminé leurs études au Barnard College. Le rattachement du Barnard College à Columbia permet de renforcer le prestige de ce college pour femmes de New York : si le comité de direction du college peut librement choisir la constitution du curriculum ainsi que les méthodes d’enseignement, l’institution bénéficie des ressources offertes par Columbia. Les élèves sont autorisées à suivre des cours dans cette université. Virginia Crocheron Gildersleeve Papers, box 3/28 : A Review of the Years, Written for the Twenty-Fifth Anniversary of the Installation of Virginia Crocheron Gildersleeve as Dean of Barnard College, février 1936, p. 5.
10Myers D. Christine, « “Qu’elles continuent de frapper à la porte !” L’admission des femmes dans les universités écossaises », in Rebecca Rogers (dir.), La mixité dans l’éducation : enjeux passés et présents, Lyon, ENS Éditions, 2004, p. 53-72.
11Dyhouse Carol, No distinction of Sex ? Women in British Universities 1870-1939, Londres, UCL Press, 1995, p. 469.
12Le processus de féminisation des universités néerlandaises a été étudié par Mineke Bosch, dans son ouvrage Het geslacht van de wetenschap: vrouwen en hoger onderwijs in Nederland, 1878-1948, Amsterdam, Sua, 1994.
13Cabanel Anna, Pionnières du Nord. Universitaires norvégiennes et réseaux féminins internationaux (1882-1940), master 2 d’histoire, dir. Wieviorka et Sylvie Chaperon, ENS Cachan, 2014.
14Blom Ida, « Changing Identities in an Industrializing Society: The Case of Norway c. 1870-c. 1914 », Gender & History, no 2, 1990/2, p. 131-147.
15Myers D. Christine, « “Qu’elles continuent de frapper à la porte !” », art. cité.
16Cabanel Anna, « Être, se représenter, se dire. Lettres d’étudiantes norvégiennes dans une nation en construction (fin xixe-première moitié du xxe siècle) », Genre & Histoire, 2016/18.
17Christen-Lécuyer Carole, « Les premières étudiantes de l’Université de Paris », art. cité, p. 9.
18Dyhouse Carol, « The British Federation of University Women and the Status of Women in Universities, 1907-1939 », Women’s History Review, no 4, 1995/4, p. 465-485.
19Tikhonov Sigrist Natalia, « Enseignement supérieur et mixité », art. cité, p. 52-54.
20Dyhouse Carol, « The British Federation of University Women », art. cité, p. 469-470.
21Christen-Lécuyer Carole, « Les premières étudiantes de l’Université de Paris », art. cité, p. 10.
22Ibid., p. 14. Sur la question des étudiantes étrangères en France, voir également Tikhonov Sigrist Natalia, « Les étudiantes étrangères dans les universités occidentales. Des discriminations à l’exil universitaire (1870-1914) », in Patrick Ferté et Caroline Barrera (dir.), Étudiants de l’exil. Migrations internationales et universités refuges (xvie-xxe s.), Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2009, p. 105-118.
23Ferté Patrick, « Introduction. Étudier ailleurs et malgré tout », in Patrick Ferté et Caroline Barrera (dir.), Étudiants de l’exil, op. cit., p. 7-8.
24Dyhouse Carol, « The British Federation of University Women », art. cité, p. 471.
25L’ouvrage de Theodore Stanton, The women question in Europe, paru en 1884, rassemble une série d’essais écrits par des féministes de divers pays qui mettent en avant la situation de l’accès des femmes à l’éducation dans leur pays. En 1902, Helen Lange et Gertrud Bäumer publient également un manuel du mouvement des femmes (Handbuch der Frauenbewegung) qui accorde une place importance aux questions de l’éducation des femmes. Voir Albisetti C. James, Goodman Joyce et Rogers Rebecca, « Girls’ Secondary Education in the Western World: A Historical Introduction », in id. (dir.), Girls’ Secondary Education in the Western World from the 18th to the 20th century, New York, Palgrave Macmillan, 2010.
26Talbot Marion et Rosenberry K. M. Lois, The History of the American Association of University Women 1881-1931, Boston/New York, The Riverside Press Cambridge, 1931.
27Rossiter Margaret, Women Scientists in America, op. cit., p. 39.
28Ibid.
29Spillman Scott, « Institutional Limits: Christine Ladd-Franklin, Fellowships, and American Women’s Academic Careers, 1880-1920 », History of Education Quarterly, no 2, 2012/52, p. 196-221.
30Singer L. Sandra, Adventures Abroad. North American Women at German-Speaking Universities, 1868-1915, Westport (CT)/Londres, Praeger, 2003.
31Rossiter Margaret, Women Scientists in America, op. cit., p. 39.
32Dyhouse Carol, « The British Federation of University Women », art. cité, p. 472.
33Ibid.
34Ibid., p. 473.
35Fouché Nicole, « Des Américaines protestantes à l’origine des “University Women” françaises », art. cité.
36Von Oertzen Christine, Science, Gender, and Internationalism, op. cit., p. 10-11.
37Cité par Bard Christine, Les filles de Marianne, op. cit., p. 129.
38Ibid.
39Ibid., p. 130.
40Von Oertzen Christine, Science, Gender, and Internationalism, op. cit., p. 17.
41Virginia Crocheron Gildersleeve papers, box 44 – International Federation of University Women and Association of Collegiate Alumnae, 1919-1928 : « Report of Conference on After War Problems, December 6, 1918. II. International Relations. »
42Batho Edith, A Lamp of Friendship, 1918-1968, A Short History of the International Federation of University Women, Londres, IFUW, 1968, p. 14.
43Papers of professor Caroline Spurgeon, PP7/6/1/3 – Supplementary report of the British Educational Mission to the United States, on women’s university education, 1918, p. 14 : « That pressure be put on the Universities of Oxford and Cambridge to open their degrees to women, as this has now become a matter of international as well as of national importance. »
44Douki Caroline et Minard Philippe, « Histoire globale, histoires connectées : un changement d’échelle historiographique ? », Revue d’histoire moderne et contemporaine, no 54, 2007/5, p. 7-21.
45Virginia Crocheron Gildersleeve papers, box 44 : Meeting, Londres, 1919 : « They believe that, now, at this moment more than ever before in the world, is a woman’s hour, making this a project to be initiated at this propitious time. In Europe not only are women in greater numerical proportions than ever before but at this time men are engrossed in industrial and political problems to an unheard of unprecedented degree. With real understanding between groups of educated women in different countries and their wide spheres of influence that chance of future wars is enormously lessened. »
46Ibid., lettre de V. Gildersleeve à Mme Rosenberry, 14 septembre 1919.
47Ibid., Carey Thomas report, février 1920.
48Ibid., « She seems to me exactly the right person for our purpose with just the proper high university standards. She will be delighted to organize the French Federation. […] I think that she can be trusted to surround herself with the proper women and to organize such a federation in the right way […] then too her academic position is such that everyone will see why she has been asked to act as organizer and will be glad to co-operate with her. »
49Ibid. : « such a federation with international relations at such a juncture as this will be of the greatest service in women’s higher education […] ».
50Ibid.
51« Anne Amieux », in Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, t. I, A-C, Paris, Les Éditions de Paris, 2015.
52Virginia Crocheron Gildersleeve papers, box 44 : M. Carey Thomas report, février 1920.
53Fouché Nicole, « Des américaines protestantes à l’origine des “University Women” françaises », art. cité. Dans son étude sur des organisations féminines internationales au début du xxe siècle, Leila Rupp souligne également l’influence de catégories telles que l’origine sociale, religieuse ou encore ethnique dans le processus de constitution des groupes féminins qui forment une élite composée de femmes blanches, chrétiennes, issue des classes sociales supérieures. Rupp Leila, Worlds of Women, op. cit., p. 51-81.
54Si l’initiative d’une fédération internationale revient aux Américaines et Britanniques, il faut noter l’existence d’associations de femmes diplômées dans certains pays comme la Suède ou la Suisse dès le début du xxe siècle.
55Archive IFUW, inv. no 109 : Minutes of conferences, Londres, 1920.
56Archive IFUW, inv. no 256 : IFUW complete set of Constitutions and By-laws since 1920.
57Ibid. « The purpose of this organization shall be to promote understanding and friendship between the university women of the nations of the world, and thereby to further their interests and develop between their countries sympathy and mutual helpfulness. »
58Bard Christine, Les filles de Marianne, op. cit., p. 130.
59Rupp J. Leila, Worlds of Women, op. cit., p. 51.
60Anderson Benedict, Imagined Communities. Reflections on the Origin and Spread of Nationalism, Londres, Verso, 1983.
61Archive IFUW, inv. no 256 : IFUW complete set of Constitutions and By-laws since 1920 : « The term “national federation” is not, however, to be taken to mean any exclusive national or racial society. It is hoped that all university women living in the same geographical area will be able to combine into one federation representing the country in which they live […] The various graduate societies which may exist in the same country must unite into one federation or association if they wish to form a branch of the International Federation. »
62Sandell Marie, « “Truly International”? The International Federation of University Women’s Quest for Expansion in the Interwar Period », History of Education Researcher, no 82, 2008, p. 74-83.
63Archive IFUW, inv. no 109 : Minutes of conferences, Londres, 1920 : « The question of the complete internationalism of the Federation was discussed with reference to the future inclusion of federations which might be formed in such countries as those of Central Europe. It was pointed out that the principle of full internationalism was implicit in the Constitution although a certain interval of time might be needed before the university women of all nations would be able to translate the principle into practice. »
64Virginia Crocheron Gildersleeve papers, box 44, « International Federation of University Women. A federation of organisation of college and university women », 1919 : « NB: By college women is understood anyone, who has been a student in good standing at a college or university and who has definite academic interests. »
65Archive IFUW, inv. no 67 : Bulletins (Bluebooks), 1st Conference, Londres, Grande-Bretagne, 1920. Report 1920-1921, p. 18 : « The minimum requirement for membership of the International Federation should be whatever examination or title is given at the close of the higher secondary course, such as the Baccalaureat in Latin countries or the Arbitrium in German countries, followed by at least two years of work done at the University under University methods, or the equivalent training. »
66Ibid., p. 17 : « the highest standards of scholarship ».
67Archive IFUW, inv. no 109 : Minutes of Conferences, Londres, 1920.
68Archive IFUW, inv. no 1077 : Occasional Papers, nos 2-6, 1923-1927 ; Skonhoft Lilli, « The Academic Standards of the International Federation », IFUW Occasional Papers, no 4, avril 1927, p. 18-20 ; id., Types of University Training, Oslo, Lie&Co, 1934.
69Archive IFUW, inv. no 67 : Bulletins (Bluebooks), 1st Conference, Londres, Grande-Bretagne, 1920, p. 16, Allocution de Virginia Gildersleeve : « The other possible misapprehension that I should like to remove is that the International Federation of University Women is in any way a propagandist organisation. Do not suspect us, please, of endeavouring to force upon any nation the particular feminist ideals of any other nation or group of nations. We have no idea that all university women of the world should be alike, we do not think that all nations should be alike, we rejoice in their being different. We think that they should contribute different notes to the chords of the great harmony of nations to which we look forward. We do not want to force the ideas of the women of the English speaking peoples on the other countries. We realise that we have much to learn from one another. »
70Archive IFUW, inv. no 69 : Bulletins (Bluebooks), 3rd Conference, Christiania, Norway, 1924, p. 29 : « We are not a body of educationalists discussing educational problems ; nor are we a body of women discussing feminist problems; these already exist and do fine work, but we are first and foremost a body of trained and thinking people of many different nationalities, who desire to approach certain problems from the point of view – so far as frail human nature can achieve this – of humanity as a whole, rather than that of individuals, professions, sex, class, or even nations. »
71Laqua Daniel, « Transnational intellectual cooperation, the League of nations, and the problem of order », Journal of Global History, no 2, 2011/6, p. 223-247.
72Iriye Akira, Cultural Internationalism and World Order, Baltimore/Londres, Johns Hopkins University Press, 1997.
73Ibid., p. 3.
74Laqua Daniel, « Transnational intellectual cooperation », art. cité.
75Iriye Akira, Cultural Internationalism, op. cit.
76Archive IFUW, inv. no 67 : Bulletins (Bluebooks), 1st Conference, Londres, 1920, p. 11 : « We want first of all the make for international friendship; secondly, we want to help toward internationalism in learning and in knowledge; and thirdly, we want to help to develop, to widen and enrich the processes of education generally […]. »
77Ibid., p. 20 : « a movement for peace, a movement to substitute understanding and sympathy for that ignorance and lack of comprehension which must, if not removed, bring about renewed wars ».
78Ibid., p. 6.
79Records of the BFUW, 5BFW/05/05 : Scrapbook. « A Movement Toward International Goodwill » by Dr. Winifred C. Cullis, 1925 : « Any group of people who have common experiences of great interest and importance are more likely to be able to understand one another and form such friendships than those who have not. […] The more we can bring together such groups from different nations the more we shall help to develop international understanding. University women should have exceptional opportunities of developing this work, since the universities offer a specially favourable field for the growth of the most promising kind of international intercourse. It is the great function of the universities to spread knowledge and discover truth, and knowledge and truth are the great weapons needed to destroy ignorance and suspicion. The part played by women in the social and educational life of all civilised countries makes it particularly desirable that women students should take a large share in the world of learning to know and understand their fellow students of other nationalities. »
80Archive IFUW, inv. no 67 : Bulletins (Bluebooks), 1st Conference, Londres, Grande-Bretagne, 1920, Address by Viscount Grey of Fallodon, « The value of Knowledge in International Relations », p. 34 : « The work which can be done by the universities and by bodies like the International Federation of University Women in affecting the generations who are going to make the journalists and the politicians, will, as regards its permanent result, be of most incalculable good in promoting real international understanding and the stability of peace in the world. »
81Archive IFUW, inv. no 68 : 2nd Conference, Paris, France, 1922. Miss Florence Wilson, « Methods of Promoting Peace », p. 76.
82Archive IFUW, inv. no 499 : Committee on Intellectual Co-operation, Minutes, 1925-1938.
83Archive IFUW, inv. no 1083 : Books from Many Lands – Livres de Partout, 1939.
84Archive IFUW, inv. no 77 : Bulletins (Bluebooks), 6th Conference, Édimbourg, Écosse, 1932 (version française).
85Archive IFUW, inv. no 67 : Bulletins (Bluebooks), 1st Conference, Londres, Grande-Bretagne, 1920, « Address by Professor Caroline Spurgeon », p. 12 : « I believe that each individual woman in each country can do an amazing amount, far more than she realises, towards weaving together these individual strands of friendship to form indestructible bonds which will eventually bind people together all the world over. »
86Bacon Francis, The New Atlantis, 1626.
87Archive IFUW, inv. no 69 : Bulletins (Bluebooks), 3rd Conference, Oslo, 1924, p. 30 : « Like those imagined adventurers of long ago, our student and scholar adventurers of today, as well as each members of this great Federation, may aspire to call themselves “Merchants of Light”, for, like them, we “maintain a trade, not for gold, silver or jewels, nor for silks, nor for spices: nor any commodity of matter, but only for God’s first creature which was Light: to have light of the growth of all parts of the world”. »
88Archive IFUW, inv. no 68 : Bulletins (Bluebooks), 2nd Conference, Paris, France, 1922, p. 58 : « Interchange was really the key to the whole problem of international understanding. No other method of propaganda could be so successful as that done by women from one country living and working successfully in another country. »
89Archive IFUW, inv. no 543 : International Fellowship Fund Appeal Committee, Minutes, 1924 : « Such Fellowships are urgently needed for encouraging scholarship and advancing the status of university women, for spreading knowledge, improving educational methods and ideals, and actively promoting friendship and sympathy between the nations through the medium of these chosen representatives […]. »
90Archive IFUW, inv. no 67 : Bulletins (Bluebooks), 1st Conference, Londres, Grande-Bretagne, 1920, p. 12 : « One method that we propose to take is to establish social club houses in all the great cities of the world, where university women of any nation may go to be sure of a welcome, and of help and introductions to the kind of people that they will like to meet. »
91Von Oertzen Christine, Science, Gender, and Internationalism, op. cit., p. 36.
92Ibid., p. 37.
93Fouché Nicole, « Reid Hall, l’Association française des femmes diplômées des universités et la Fédération internationale des femmes diplômées des universités, 1919-1993 », Diplômées, no 178, 1994, p. 190-200.
94Dyhouse Carol, « The British Federation of University women », art. cité.
95Sondheimer J. H., History of the British Federation of University Women 1907-1957, Londres, BFUW, 1957, p. 42 : « In the year one thousand nine hundred and twenty-six, the women graduates of Great Britain were able, with the generous help of their friends in this and other countries, to acquire the ancient hall of Sir Crosby and to erect on the site of the home of Sir Thomas More this quadrangle dedicated to the encouragement of learning and the promotion of friendship between the women of all nations. »
96Les foyers internationaux de la FIFDU ont fait l’objet d’une étude détaillée dans la thèse de Hunyadi Marie-Élise, Promouvoir l’accès des femmes aux études et aux titres universitaires : un défi transnational ?, op. cit. Voir tout particulièrement le chapitre iv : « Confort matériel, soutien moral et intellectuel : des clubs internationaux dans les grandes villes universitaires », p. 249-304.
97Archive IFUW, inv. no 135 : 4th IFUW Conference, Amsterdam, Pays-Bas, 1926 : Publication (Publishing-cy : De Spiegel, Amsterdam), p. 7-8 : « Many a time during the last months of preparation for this conference we have been told by women, by University Women even, that they did not see the use of an organisation of women only, that university men are not organised and that the time for a special organisation of women is past, that men and women ought to work together […]. »
98Archive IFUW, inv. no 67 : Bulletins (Bluebooks), 1st Conference, Londres, Grande-Bretagne, 1920, p. 19 : « Because we are forming an organisation of university women apparently apart from university men, we do not wish anyone to believe that we are separatists and ultra feminists in our tendency […]. »
99Ibid., p. 19 : « We believe that there is no essential difference between the needs of men and women in education. »
100Ibid., p. 20.
101Archive IFUW, inv. no 135 : 4th IFUW Conference, Amsterdam, Pays-Bas, 1926 : Publication (Publishing-cy : De Spiegel, Amsterdam), p. 6 et 8 : « We are still living in a “man-made world”, and in this world we must conquer our place and our right […]. The general interest is the sum of the interest of men and women and it is only then really and truly general when both are taken equally into account […]. »
102Archive IFUW, inv. no 135 : 4th IFUW Conference, Publication, p. 8 : « This struggle is the raison d’être of our federation. The better woman’s position the less will they feel for the organisation […]. »
103Rupp Leila, Worlds of Women, op. cit., p. 82-103. Le chapitre intitulé « International Bonds of Womanhood » traite de cette question.
104Ibid., p. 88-89.
105Archive IFUW, inv. no 67 : Bulletins (Bluebooks), Report 1920-1921, p. 26.
106Ibid., p. 5.
107Rupp Leila, Worlds of Women, op. cit., p. 102-103.
108Archive IFUW, inv. no 67 : Bulletins (Bluebooks), 2nd Conference, Paris, Report 1922-1923, p. 11-12.
109Archive IFUW, inv. no 218 : Minutes of the Conference Programme Committee, 1927 : « To stress the special identity of the IFUW, in order to not overlapping with the work of other women’s organization », ou « be restricted to [topics] of real university interest ».

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